Fiction: Les condamnés

La Bataille de Sekigahara d'octobre 1600 s'est terminé il y a des mois. Les fuyards attrapés par les forces Tokugawa sont ramenés dans la bourgade de Konoha, où les villageois se tiraillent la peine de ceux qui ont jeté la honte sur leurs noms. Les héritiers claniques sont sauvés, tandis que les deux malheureux, Uzumaki l'infortuné et Uchiha le damnés, attendent leur peine attachés au saule de la place.
Drame / Romance / Spirituel | Mots: 16662 | Comments: 8 | Favs: 4
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Abey (Féminin), le 31/07/2012
Hum...Un peu fouillis ce chapitre!
Bientôt un peu d'action! =)




Chapitre 5: La colère de Sakura



La colère de Sakura

« Quelle bâtisse de grande valeur, s’étonna-t-elle. C’est ici que le vieux Hiruzen accueillait les hommes importants : c’est apaisant et à la fois oppressant. Voilà pourquoi nul ne cherchait querelle à Konoha : la ville est fortifiée, les habitants sont soudés, les denrées protégées, mais surtout le Hokage était plein de malice. »

Perdue dans ses pensées, elle en oublia presque la raison de sa venue. Alors, lorsque la porte coulissait dans un grincement inquiétant, Sakura sursauta. Elle se leva précipitamment, croyant voir arriver un garde, mais fut en partie soulagée : ce n’était certes pas un soldat, mais ce fut Hyuuga Neji qui se présenta à elle.

_Reste assise, ce n’sera pas long.
Soudainement bien moins expressive que tout à l’heure, Sakura s’assit en seiza, les mains sur les genoux, face à l’homme. Vêtu d’un simple kimono de chambre, Hyuuga Neji n’en semblait pas moins impérieux.
« Il reste noble malgré les circonstances. Quel être hautain », pensa-t-elle.
_Nous avons tiré à la courte-paille ; aussi, ça n’m’enchante pas de venir t’expliquer nos raisons. Mais sache d’abord que Kiba est sans doute celui qui a plus souffert de cette Bataille de Sekigahara, et de ces années de vadrouille, de guerre et de violence.
Son discours semblait tout préparé, comme s’il l’avait répété à ses camarades et que tous, Inuzuka en premier, l’avaient approuvé.

_Il a vécu bien plus longtemps en clandestinité que nous ; il n’est plus vraiment habitué à notre dialecte, à notre savoir-vivre ; alors ne soit pas affecté par son geste, il n’a plus touché d’hommes et de femmes de si près depuis un moment déjà.
Bouche-bée, Sakura s’y était attendue. Bien entendu, il avait été stupide de le prendre dans ses bras ainsi. « Au fond, se dit-elle, je suis toujours aussi puérile que lorsqu’ils nous ont quittés. »

_Et… N’allez-vous donc rien faire pour tenter de sauver-
_Toi-même tu n’es pas sûre de tes mots. « Tenter » de les sauver ? Cette idée même est absurde ! Toi qui n’es pas tenue à l’écart de la vie politique de Konoha et du pays, tu sais toi-même qu’il faut toujours des coupables. Et ces coupables sont ceux qui ont trahi et malmené la vie du village ; Uzumaki ne l’a certes pas mérité, mais si ses actes passé auraient été effacé, il serait sain et sauf à l’heure qui l’est. Quant à Uchiwa, tu peux faire toi-même la part de justice dans cette affaire.

Sakura ne trouvait plus ses mots. La clarté du jeune homme, son franc parlé la coupa dans son élan : désormais, elle réfléchissait avec plus de répartie.
_Peut-être as-tu raison alors. Les condamnés ont toujours été exécutés sans exception à Konoha : pourquoi ces deux là y feraient exception ?
La mine basse, Sakura n’osait plus même hausser le ton. Neji vit qu’il avait eut raison d’elle, et, satisfait, se leva déjà.
_Si tu veux leur donner un espoir illusoire, ne te fais pas prier. Mais réfléchis-bien : tu es sous la tutelle des Inuzuka, et rendre visite à ces condamnés pourrait leur porter préjudice. Réfléchis à chacun de tes actes, Sakura. Nous avons certes été sauvés, cela ne nous prive pas de nous accabler de honte jusqu’à la fin de nos vies. Nos existences ne seront plus jamais aussi insouciantes désormais : aie bien cela en tête.
Sur ces mots, Sakura ne se fit pas prier et s’en alla. Elle n’avait pas même dit au revoir à Hyuuga.
« Quel idiot ! Il dit cela mais il ne sait pas encore qu’il est devenu l’héritier du clan Hyuuga ! La vie sera bien belle pour lui ! »

Haruno Sakura était connu pour son aversion des enfants, mais tout l’monde savait qu’au-delà des enfants, les héritiers claniques, hommes d’affaires aux comportements ostentatoires et privilégiés de quelque sorte qu’il soit étaient bien pire à ses yeux. Ainsi, dès le départ, elle avait toujours détesté le cousin de Hinata. Pourtant, il n’en avait jamais été ainsi de Sasuke. Elle avait souvent fait équipe avec lui et Uzumaki, et avait appris à l’apprécier, malgré son caractère hautain et suffisant.

Arrivée au pont de la rivière Kamo, elle éprouva le besoin de parler. Elle savait que ses quelques connaissances ne l’écouteraient pas, pas même la jeune Inoue, férue défenseuse des droits humains, et se dirigea tout naturellement vers le temple Shitsudera surplombant la pleine, fervente croyante qu’elle était.
S’apprêtant à entrer dans la salle circulaire, elle aperçut un jeune homme assis au bord du parquet de bois à quelques mètres du sol, balançant ses pieds nu au grès du vent. Elle le reconnut de dos, tant sa coupe et son accoutrement étaient si peu habituels.

_Lee-san ?
Le jeune homme se retourna, affichant un grand sourire. Sakura s’excusa : il tenait un chapelet entre ses doigts, et semblait prier.

_Non, vous pouvez rester : la compagnie n’a jamais fais de mal à un jeune homme comme moi. Qu’est-ce qui vous amène ici ? Ne préférez-vous pas prier au Domyogi ? Le sanctuaire n’est-il pas plus proche du domaine Inuzuka ?
_Je cherche Inoue. Peut-être ne m’écoutera-t-elle pas, mais…J’ai bien besoin de parler.
_Et j’en devine la raison ! Soupira Lee. Ah, mais que les femmes sont distraites ! Le mois dernier, personne n’avait fait d’histoires lorsque des prisonniers venant de Mino avaient été exécutés ! Et là, lorsque l’on touche à la Grande Konoha, il y a toujours des histoires !
_Je sais que cela t’agace ! Mais si tu savais, Lee, ô combien c’est injuste !
_C’est pareil en Chine, ajouta-t-il sans prêter aucune attention à Sakura. Un fonctionnaire part avec le ventre lourd, et chaque matin, sa famille lui fait ses adieux ; lorsqu’il revient le soir, qu’il est heureux ! Et encore cela recommence le lendemain. Les gens ne vivent qu’au jour le jour dans les grandes villes, et je croyais cela différent en venant ici, sur cet archipel perdu, aux îlots nombreux et à la vie rurale.
_Je n’te parle pas de tout ça, mais de deux jeunes gens qui vont mourir d’ici demain ! s’écria Sakura, soudainement agacée par les paroles du moine.
_Eh bien Inoue n’est pas là ! A l’entente de ce raffut, elle s’est précipitée avec les villageois au Domyogi : je l’ai perdue dans la foule.
_Elle aussi était de ceux qui les lynchaient ? S’inquiéta Sakura, horrifiée. Mais quelle idiote !
_Pardon ? demanda Lee. Je n’ai pas dis-
_Si je la vois, je la jette aux ordures ! N’y a-t-il donc personne de censé dans ce village ? J’ai bien fais de planifier mon départ cette semaine !
_Votre départ ? Vous partez Haruno-san ?
_Où sont-ils ? demanda Sakura.
_Qui ça ?
_Uzumaki et Uchiwa bon dieu ! Où les a-t-on amenés ? En dehors du village ? Dans la prison ?
_Vous êtes hors de vous : aussi, dans cet état, je vous rends un bien grand service que de ne pas vous divulguer où ont été amené ces deux âmes. Rentrez donc ramoner votre linge jeune fille.

Lee se leva de toute sa hauteur, et bien que n’arrivant qu’aux yeux de la femme qu’il avait devant elle, il n’en paraissait pas moins menaçant. La jeune fille s’en alla sans saluer encore une fois. Désormais assise dans un silence cérémonieux, les mains jointes, elle priait les dieux -autant les Bouddhas que les kamis-, de sauver ses amis délaissés.

« Où sont donc les Hommes censés de ce village ? La mort du Vieux les a donc tous rendu fou ? Même Inoue devient comme cette foule excitée ! Mon dieu, il faut qu’ils vivent ! Je n’ai plus qu’eux ici ! Même Kiba semble avoir oublié à quel point nous étions proches ! Sauvez-les, sauvez-les ! », se martelait-elle.

Bien que dans une colère folle, la jeune fille avait appris à passer outre les difficultés. Depuis petite elle était moquée des servantes des maisonnées par sa maladresse apparente et sa basse condition, mais avec le temps elle s’était endurcie et tout le monde la considérait avec respect. Elle savait la chance qu’elle avait d’avoir été acceptée par cette noble famille de guerriers. Ses parents l’avaient vendu lorsqu’elle était encore toute petite, et elle avait par chance accédé à l’école du clan ; elle savait donc lire et écrire, mais aussi se défendre. Bien qu’indépendante et bien mature pour une fille de son âge, la jeune Haruno Sakura n’avait jamais aspiré à des idéaux impossibles : elle ne rêvait que de trouver un amant, qu’elle espérait depuis petite être l’un de ses camarades. Sa force, disait-on, était impressionnante. Si bien qu’elle chassait parfois les voyageurs turbulents et les rônins inexpérimentés. Elle ne maniait aucune arme, mais possédait une grande hache, car elle était chargée d’aller chercher du bois, en hiver, avec quelques gardes de la famille.
Bien que crainte de certaines filles du village, elle n’en restait pas moins une adolescente au cœur tranché : elle était désormais sûre d’elle, son avenir n’était pas à Konoha.

En rentrant au domaine, elle demanda un entretien avec le chef de clan. Après quelques minutes, Tsume devina la raison de cette visite si soudaine :
_Je connais tes projets depuis quelques mois déjà, et je sais que tu désires t’émanciper. Sache que tu seras toujours la bienvenue dans ce village, et quelques soient les querelles internes, les Inuzuka t’accueilleront toujours à bras ouvert.
_Merci madame, dit-elle en s’inclinant. Vous avez été bonne pour moi. Mais aujourd’hui je n’peux rester dans cet enclos où mes camarades seront prisonniers et où d’autres seront trucidés : je m’en vais dès ce soir.
_Bien sûr. Je ne m’attendais pas à ce que cela soit aussi brutal ; trouver une suivante aussi confirmée que toi sera bien dur. Mais ne t’inquiète pas pour nous.
_Merci madame. Je vous en serai toujours reconnaissante.
Elle se leva, salua pour la dernière fois son maître, et alla dans ses appartements préparer le reste de ses affaires.
Décidée comme jamais, elle pria : « Quand je rentrerai à Konoha, je ferai tout changer, se dit-elle, les larmes aux yeux. Il n’y aura plus de morts inutiles. »




Prochain chapitre: La femme de l'Ombre.
Je préviens d'avance, la métonymie sera à l'honneur dans le prochain chap'! =D




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