Fiction: Les condamnés

La Bataille de Sekigahara d'octobre 1600 s'est terminé il y a des mois. Les fuyards attrapés par les forces Tokugawa sont ramenés dans la bourgade de Konoha, où les villageois se tiraillent la peine de ceux qui ont jeté la honte sur leurs noms. Les héritiers claniques sont sauvés, tandis que les deux malheureux, Uzumaki l'infortuné et Uchiha le damnés, attendent leur peine attachés au saule de la place.
Drame / Romance / Spirituel | Mots: 16662 | Comments: 8 | Favs: 4
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Abey (Féminin), le 20/05/2012
Le sermon du moine fou, ou le caractère exécrable de Lee. J'aime voir ce personnage qui adore voir les autres tournés en dérision.
Sur ce, j'aimerais vos avis (oui, même un "C'est nul à ch*er" m'ira x])




Chapitre 3: Le sermon du moine fou



« Mourir, certes, mais pas avec ce lâche-là ! », supplia Naruto qui n’avait plus aucune considération pour son vieil ami.

Lorsqu’Ino s’était présentée à eux, il avait fortement espéré voir arriver la jeune Haruno. La fille aux cheveux bruns et aux reflets de bois de cerisier. Celle pour qui il réservait toutes ses pensées tardives, avant de s’endormir. Peut-être l’aurait-elle sauvé de cette situation qui lui semblait fatale. Mais au lieu de cela, il avait laissé échapper sa seule chance de ressortir vivant de ce vieux trou qu’était Konoha, qu’il avait appris à tant détester.

Cela faisait une bonne heure maintenant que le silence était revenu. Leurs membres les faisaient souffrir.
_ Nous voilà maintenant de nouveaux seuls, soupira le brun. Je n’sais pas ce que tu comptes faire, mais moi, je n’croupirai pas ici !

Tout décidé, Sasuke se mit à s’agiter de toutes ses forces, si bien qu’une tempête de feuilles vertes se mit à tomber à terre.

_ En voilà une bien bonne ! Et que comptes-tu faire, les membres liés ? demanda Naruto.
_ Peut-être devriez-vous vous repentir !

Aucune de leurs lèvres n’avait bougé. Ils baissèrent les yeux, mais ne devinèrent une fois de plus qui venait encore les déranger dans leur tentative d’évasion.

_ Qui va là ? cria Naruto.
_ C’est moi ! Celui que vous traitiez d’étranger chaque fois que vous le pouviez ! Moi, l’homme qui vient de la cour de Chine. Vous vous souvenez, la fois où toi, Naruto, tu as voulu me défier ! Tu as été si impressionné – sans vouloir me vanter bien sûr ! – que tu as fais dogeza devant moi et la foule-même. Ce jour-là, les villageois avaient espéré que tu te sois enfin calmé…
_ Qui est ce vieux chnoque ? chuchota Sasuke alors que l’homme en bas continuait son monologue.
_ Je crois deviner…
_ Mais chasse-le donc !
_ Oh, tu n’te souviens pas de ce tordu ? lui chuchota Naruto. Il est impossible ! Même mort, sa tête s’agitera encore à parler du beau temps !
_ ...et quand la vieille tante d’Uchiha s’en était rendu compte, elle était venue me voir dans l’espoir de te corriger sans que tes parents n’en sachent rien ! Ah, le bon vieux temps !

Après un petit silence où le moine fit trois fois le tour de l’arbre, Naruto demanda :
_ Tu es bien Gros Sourcil ! Je n’te vois pas mais j’en suis sûr ! C’est toi, n’est-ce pas ? Viens donc là nous aider ! Je suis sûr que malgré ta réputation, tu es moins aliéné que ces villageois !
_ En effet mon cher : je tente chaque jour de m’éloigner de l’aliénation de la société ! La voie du Bouddha est celle de la vérité !
_ Pas encore ton sermon, Lee ! dit-il amicalement. Ce n’est pas un temps à la prière !
_ Au contraire, mon ami ! Vous deux devriez prier, et prier encore jusqu’à ce soir !
_ C’est injuste, ce que tu dis-là ! cria Sasuke, hors de lui.
_ La seule injustice, comme je l’ai dit à votre visiteur de tout à l’heure, c’est que les jeunes Nara, Inuzuka, Aburame et Akimichi ne soient pas attachés à vos côtés ! Ils ont commis les mêmes bêtises que vous, la première étant d’avoir cru bon de s’engager dans une guerre qui vous dépassait !

Voyant que les deux ne réagissaient pas, Lee continua :

_ Ino a été sotte de venir vous voir. Si elle s‘était fait prendre à bavarder avec vous, elle aurait pu finir à vos côtés !
_ C’est bien ce que j’ai affirmé ! s’enquit de dire Naruto.
_ Peu importe, rien ne lui est arrivé. Parfois elle réfléchit : voilà pourquoi elle s’en est allée.
_ Oh, crois-le où non, c’était contre sa volonté ! dit Sasuke. Si elle avait pu, elle serait restée longtemps ici à parler de ces problèmes qui n’en sont pas !
_ Que disais-je déjà ?

Le moine était assis sur une grosse pierre, située tout juste au pied de l’arbre. Il semblait perdu dans ses pensées et n’avait pas écouté un mot de ce que venait de dire Sasuke.

_ Ah oui, se reprit-il. Vous pouvez être sauvés, mes amis ! dit-il.

Et alors qu’un soupçon d’espoir se faisait sentir dans leurs yeux embués, Lee ajouta :

_ Vous pouvez sauver votre vie future : lorsque le cycle se mettra en place, vous ne pourrez retourner en arrière. Car chaque faute se paye, et il vaut mieux pour vous que vous les rachetiez avant que l’on ne vous coupe la tête !
_ ESPECE DE RELIGIEUX FÊLÉ ! DESAXÉ ! DETRAQUÉ MÊME ! s’emporta Naruto, hors de lui.
_ Vous êtes-là à débiter des sottises alors que vous méritez d’être traités comme des chiens, dit calmement l’homme.
_ Penses-tu donc que nous méritons notre peine ? demanda Sasuke calmement.
_ N’avez-vous pas été stupides ? lui demanda Lee. Moi qui ne suis pas adepte de vos pratiques barbares – je parle de votre Honneur sans limite qui prône et dirige toutes vos décisions -, j’aurais préféré apprendre votre mort au front ! Vous vous êtes sauvés, et avez fait espérer tant de monde pendant si longtemps ! Vous ne vous rendez pas compte de la haine qu’ont ces habitants contre les « regrettés » qui ont survécu et qui ont bafoué le si grand Honneur de Konoha. Vous avez forcé les barrières sans chercher la ruse, vous avez tué des hommes de main des Tokugawa, et avez accablé le village de vos fautes impardonnables ! Tant d’hommes sont restés morts là-bas, leurs corps dénudés par les pilleurs…

Cette fois-ci, les deux garçons gardèrent la tête basse. Voilà deux ans que leurs supérieurs leur parlaient comme des chiens, mais jamais ils ne s’étaient sentis aussi coupables. Le sermon de Lee leur avait ouvert les yeux : la haine des villageois était pour la première fois compréhensible.

_ Je n’peux que vous promettre une chose : tenter de rendre justice et condamner les autres.
_ Ne fais pas ça ! avertis Naruto. Même après tout ce que tu as dit, je reste convaincu que je n’mérite pas tout cela. On m’a traité comme un lépreux depuis mon enfance ! Cela arrange bien les villageois que je sois condamné à mourir !
_ Tu parles de toi comme si tu étais innocent de tout ce qu’ils t’accusent ! Depuis que tu es en âge de courir, tu n’as fait que leur porter soucis : tu as peint les devantures de la grande allée d’injures, tu as jeté nombre de rouleaux dans la rivière – ce qui, comprend-le, est impardonnable ! -, et bien d’autres choses encore.
_ Et moi ? demanda en souriant Sasuke. Laisse ! Je sais ce que tu vas dire : tu vas dire que je devrais avoir plus de considération pour mes ancêtres, que j’aurais dû ne jamais trahir mes compagnons d’arme, ne jamais fuir la guerre que j’avais choisi d’adopter.
_ C’est exact !
_ Eh bien j’aimerais t’y voir, toi, à la guerre ! Tu n’fais que te battre contre les malfaiteurs de cet immense village, mais tu n’connais pas l’horreur de la guerre !
_ Pour une fois, je suis d’accord ! tonna Naruto.
_ Vous êtes donc perdus ?

Le moine avait dit cela comme un lourd soupir. Et ce fut la dernière chose qu’il leur dit. Il s’en alla, traînant des pieds et manquant de trébucher sur sa toge orange, en psalmodiant des sutras à la gloire d’Amida et pour les prochains morts.

_ Quel affreux personnage ! dit Sasuke. Je n’me souvenais même pas de lui au début !
_ Il est honnête, peut-être trop.
_ Honnête ou pas, il ne m’a pas allégé l’esprit !

Il devait être l’heure du singe. Les rayons du soleil avaient baissé en intensité, et cessaient de marteler leurs têtes découvertes : pour autant, leur mal ne diminuait pas. A l’heure du coq, un groupe d’élèves vint leur rendre visite pour les narguer :

_ Je vois bien l’Uchiha !
_ Qu’ils sont crasseux !
_ Je n’aimerais pas être à leur place ! cria un autre.
_ DEGAGEZ, POURRITURES ! hurla Naruto.

Sa voix rauque les fit s’éloigner. Un dernier leur dit pourtant :

_ Vous avez de la chance, vous n’serez pas exécutés aujourd’hui : vous devez être patients.
_ Oui ! dit son ami. Tout le monde répugne à vous tuer – il paraît que vous êtes maudits depuis le berceau ! -, ainsi le bourreau tout droit venu du château d’Imeji viendra demain à l’aurore !

Et les enfants s’en allèrent en riant.

_ Quel malheur ! Je n’supporte plus d’être ici ! Et que j’ai faim…
_ Si seulement Sakura était au courant, dit Sasuke.

Lui aussi, ces quelques heures, il n’avait fait que penser à elle. Il ne connaissait pas une fille aussi détestable : elle répugnait les enfants, s’habillait comme un homme à l’école des clans, et n’était pas de bonne famille. Mais qu’elle était courageuse ! Elle avait été reçue à l’école grâce à la famille Inuzuka qui la prenait en charge. Ses cheveux anormaux la rendaient d’autant plus attirante. Elle n’était pas douce, mais sa voix forte la rendait moins niaise que toutes les autres filles de son âge. La dernière fois que Sasuke la vit, elle était aux portes du village, dans un somptueux kimono, aux adieux des hommes qui s’en allaient en guerre.

_Sakura…

Ils se mirent tous deux à délirer, en racontant leurs vieilles histoires de l’école, et leurs exploits de guerre. Au fond d’eux, ils étaient résignés. Les heures passèrent sous les moqueries des passants.

_ Personne ne viendra, conclut Naruto.

De nouveau, le silence s’installa. Le moine avait peut-être raison : ils se devaient de sauver leur vie prochaine, aussi peu religieux qu’ils fussent.




Prochain chapitre : La nouvelle.
Le point de vue changera totalement.




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