Fiction: Cette nuit-là (terminée)

Toujours un Gaara/Tayuya mais un peu plus long... Bonne lecture !
Romance | Mots: 4128 | Comments: 1 | Favs: 1
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ryuzakinara (Féminin), le 08/04/2012
Je n'ai pas grand chose à dire... Mis-à-part bonne lecture !



Chapitre 1: Cette nuit-là




Seule dans sa chambre, un soir de printemps, Tayuya Morino, enfouie sous sa couette comme pour se protéger du monde extérieur, repensa à cette fin de soirée qu'elle avait passée dans les bras de Gaara No Sabaku. La plus grosse bêtise de sa vie. Elle se remémorait les mots doux, les caresses, la chaleur et cette sensation de bien être qu'elle avait ressenti lorsqu'ils s'étaient enlacés. Mais cela n'avait duré qu'une nuit. Le lendemain, Tayuya avait du déménager, son père étant muté. Du haut de ses dix-sept ans, elle considérait ce moment, bien qu'étant sans aucun doute la plus grosse bêtise de sa vie, le meilleur moment qu'elle avait passé avec un homme.
Malheureusement pour elle, c'est deux semaines plus tard qu'elle apprit que son amour pour Gaara avait laissé des traces après cette nuit-là. Elle était enceinte, à dix-sept ans, seule. Son rêve d'étudier venait de s'évanouir.
Elle se souvenait de ces moments-là comme si elle les revivait. Combien de nuits avait-elle passé à s'en vouloir, jusqu'à ce qu'elle comprenne que rien n'y ferait, qu'elle ne pouvait pas nier la réalité ? Elle n'avait rien dit à personne, ni à ses anciens amis, ni à Gaara, ni à son meilleur ami Shikamaru. Seul son père était au courant. Il ne l'avait pas réprimandé. Il savait que sa fille en était déjà assez punie, même trop. Il s'en voulait cruellement d'avoir été muté, s'ils étaient restés là-bas, il y aurait eu une chance pour que ce Gaara reste auprès de sa fille. Il espérait encore qu'elle retourne le voir. Pour lui, c'était la solution de ses problèmes. Seulement, Tayuya était contre : depuis son départ, elle n'avait eu aucune nouvelle de lui. Ni lettre, ni message, ni appel.

C'est ce soir de printemps, alors que sa fille Aïko, le prénom préféré du No Sabaku, venait d'avoir deux ans, qu'elle ne cessait de penser au passé. Sa fille n'avait pas de père, mais n'étant pas encore scolarisée, elle ne pouvait pas savoir qu'une famille était composée d'un père et d'une mère. Pourtant, Tayuya lui avait apprit le mot « papa ». Aïko aimait beaucoup ce mot, mais le prononçait rarement. Elle ne savait pas ce que ça signifiait. Pas encore... Mais quand elles allaient faire leurs courses au magasin, la petite fille regardait les couples qui marchaient main dans la main. La Morino se souvenait qu'une fois, sa fille lui avait demandé : « Pouquoi y tiennent la main ? ». Elle avait répondu : « Parce qu'ils s'aiment. », ce qui avait intrigué la petite. « Y s'aiment comme nous ? ». « Pas tout à fait », avait dit la mère.

Le matin, Tayuya avait reçu un appel de Shikamaru. Hinata, une amie à eux, était dans un coma partiel. Son cœur avait loupé un battement. Elle avait promis à Shikamaru de lui rendre visite, le plus tôt possible. Revenir dans cette ville et recroiser d'anciens amis voulait dire revoir Gaara. Elle avait peur de cette idée, mais l'écarta de son esprit. Hinata lui manquait, les autres aussi. Elle voulait être là pour son réveil. L'inconvénient d'un coma partiel, c'est qu'on sait que la personne va se réveiller... Mais on ne sait pas quand. Elle avait prévu de partir le lendemain en début de matinée. Aïko dormait paisiblement dans son lit. Elle se leva du sien et prépara ses valises, ainsi que celles d'Aïko. Elle téléphona à son patron, le prévenant qu'elle prenait quelques jours de congés. Il ne refusa pas : il avait suffisamment de personnel et pouvait se passer d'elle quelques jours, voir quelques semaines. Elle le remercia, raccrocha, et envoya un message à Shikamaru l'informant qu'elle arriverait le lendemain aux alentours de midi. Il avait accepté de l'héberger, au moins au départ.
Vite, la jeune Morino sentit la fatigue l'envahir et se coucha.

Le lendemain, après s'être douchée et habillée, Tayuya alla réveiller sa fille. Aïko dormait encore comme un petit ange. Elle sourit : elle était sa fierté. Elle la prit doucement dans ses bras, la laissant somnoler encore un peu, tout en se dirigeant vers la cuisine. Elle attendit quelques minutes que sa fille soit entièrement éveillée pour la poser sur une chaise.

« Tu veux un bibi ou un petit déjeuner ? demanda la mère.
-Un pitit déjeuner, répondit Aïko fatiguée. »

Tayuya sortit du lait qu'elle versa dans un bol, puis le mis au micro-ondes. Elle se fit un thé. Le lait chaud, elle y versa du cacao et tendit de la brioche à sa fille.

« Merci. Maman, quand c'est qu'on part ?
-Tout à l'heure, après ton déjeuné, ma puce.
-Pouquoi on part ?
-Pour voir des amis à maman.
-C'est où qu'on va faire dodo ?
-Chez un ami, sourit-elle. Tu vas voir, il est très gentil »

Tout en renseignant sa fille, Tayuya se rappelait que personne là-bas n'était au courant pour Aïko, pas même Shikamaru. Elle s'en voulut d'avoir gardé ça pour elle, et appela son ami.

« Allo ? répondit-il.
-Shika, c'est Tayuya.
-T'es pas encore partie ?
-Non, je pars bientôt. Je voulais te dire... Je ne serai pas seule.
-Un petit ami ? s'intrigua-t-il.
-Non... En fait... Le prend pas mal, s'il-te-plait, j'ai mes raisons de te l'avoir caché...
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Je viens avec ma fille...
-Ta... Ta fille ? T'as une fille ?! Et depuis quand ?
-Elle a deux ans. Tu verras, elle est adorable. Enfin, quand elle veut, sourit Tayuya.
-Et c'est qui le père ?
-On en reparlera si tu veux, là j'ai pas le temps...
-Ok... Bon, on t'attend avec impatiente, nous !
-On ?
-Tu n'es pas la seule à avoir tes petits secrets figures-toi, rit-il. Ça va faire un mois que je vis avec Temari.
-Je ne m'attendais pas à ça ! Félicitations, ex-libertin ! Je suis fière de toi !
-Merci ! Bon, à tout à l'heure alors, tu m'appelles si y a un problème.
-Ok. À tout à l'heure. »

Sur la route, Aïko s'était endormie. Sa mère alluma le lecteur CD et chantonna ses refrains préférés.
Au bout de quatre heures de trajet, elles arrivèrent enfin devant la maison du Nara. Aïko ne dormait plus, elle semblait émerveillée par la campagne. La Morino sortit de la voiture et prit sa fille dans ses bras.

« Tu vas rencontrer Shikamaru, c'est l'ami de maman chez qui on va faire dodo.
-Shimaru !
-Non, ShiKAmaru.
-Shikaru !
-Shikamaru, ma puce.
-Shimaru, sourit-elle.
-Ok, Shimaru... »

Elle s'avança de la porte tout en souriant, sa fille voulait toujours le dernier mot. Elle n'eut même pas le temps de toquer qu'une jeune femme aux cheveux dorés lui ouvrit la porte.

« Tayuya, s'exclama-t-elle, ça fait si longtemps !
-Temari ! Comme tu as changé ! Je ne t'avais même pas reconnue ! Où sont passées tes couettes ?
-Shika les préfère détachés... Et toi, petite cachotière, tu ne nous avais pas dit pour cette mignonne petite fille que tu tiens dans tes bras !
-Elle s'appelle Aïko. Dis bonjour, ma puce.
-Bonjour... T'es qui ?
-Heu... Temari, une amie à ta maman, dit-elle en lui faisant un clin d'œil.
-Temali ?
-Non, Temari. Mais c'est pas grave, tu peux m'appeler Temali. »

Temari les invita à entrer ; Shikamaru était dans la cuisine, à discuter avec les frères de sa copine. Autrement dit, Kankurô et... Gaara. Tayuya se figea quand elle l'aperçu, il était dos à elle. Le Nara, en face, fit un grand sourire en voyant sa meilleure amie. Il se jeta pratiquement sur elle. « Waaah, comment elle ressemble à sa maman, s'exclama-t-il en regardant Aïko. Et tu as quel âge ?
-Deux ans, hésita la petite fille.
-Comme tu es grande ! T'es bientôt une grande fifille ! »

Pendant que Shikamaru faisait la connaissance de sa fille, Tayuya salua brièvement Kankurô qu'elle avait peu connu. Quant à Gaara, ils se fixaient, ne pouvant détourner les yeux. Aucun des deux n'osait saluer l'autre le premier. Ils se remémoraient ces moments qu'ils avaient passé ensemble. Pas seulement leur nuit, aussi les fois où ils se prétendaient amis. C'est Temari qui les fit revenir sur Terre : « Vous ne vous reconnaissez plus ? rit-elle.
-Si... hésita Tayuya. Ça faisait juste longtemps... »

Gaara ne dit rien, et se contenta de continuer à la fixer, tandis qu'elle détournait le visage pour regarder sa fille. Leur fille. Et il n'en savait rien. Aïko ne savait pas que son père était là. Son père ne savait pas qu'il avait une fille. Tout ça à cause du mutisme de la mère. Elle s'en voulut énormément, et se promit de leur dire à tous les deux. Mais pas maintenant...

Pendant qu'ils mangeaient, Tayuya racontait quelques anecdotes à propos de sa fille, la première fois où elle avait marché, son premier mot, etc. Puis Temari et Shikamaru parlèrent de leurs amis, ce qu'ils étaient devenus. Gaara resta muet tout le long. Et Kankurô essayait de faire connaissance avec les Morino .
Depuis le début du repas, Aïko fixait le No Sabaku, car il dévisageait sa mère. Elle vint même se poser sur ses genoux et lui murmurer : « T'es amoureux de ma maman ? Je dirai rien, promis ». Gaara n'en crut pas ses oreilles. Il fixait désormais la petite fille, les yeux ronds. Il voulait lui répondre, mais sentait qu'il ne ferait que se trahir, alors il ne dit rien. Il lui sourit même, en signe d'affirmation et de remerciement pour garder le « secret ». Tayuya avait regardé la scène ; elle s'était étonnée que sa fille ne soit plus sur ses genoux. Cette dernière rit, et murmura encore à l'oreille de Gaara : « C'est un secret ? ». Il hocha la tête : oui, ç'en était un. La petite fille mit son doigt devant la bouche et dit « chuuuut », puis elle descendit et retourna sur les genoux de sa mère.

Le repas fut assez vite finit, et pendant que Shikamaru aidait sa copine à débarrasser, Kankurô s'exclama : « Il faut que j'aille pisser. », ce qui fit rire Tayuya. « Discret, dis donc », pensa-t-elle.
Shikamaru retourna dans le salon et conseilla à son amie d'aller chercher ses affaires, Gaara l'aiderait.
Rien qu'à l'idée d'être seule avec Gaara, Tayuya en frissonna. Elle ne savait pas comment se comporter avec lui. Elle ne s'attendait pas à le revoir de sitôt.
Aïko rejoint Temari et la regarda faire la vaisselle, pendant que sa mère et Gaara sortaient de la maison.

Il commençait à faire bon, l'été étant proche. Tayuya voulut ouvrir le coffre de sa voiture, mais Gaara se posta devant. Ils se fixèrent, puis au bout de quelques minutes, il dit : « On va s'ignorer encore longtemps ? ». Sa voix paraissait faible, comme s'il avait dit cela à bout de force. Tayuya baissa la tête, gênée : « Pardon...
-Pourquoi tu n'as donné aucune nouvelle ?
-Tu n'en as pas donné non plus...
-J'ai attendu trois ans... tous les jours j'espérais que tu m'appelles, ou que je reçoive une de tes lettres... »

Tayuya releva aussitôt la tête. Alors lui aussi, il avait espéré ? C'est bête, c'est complètement idiot, absurde... Quels imbéciles ! Chacun de leur côté à attendre, sans jamais penser que l'autre était dans la même situation... pensa-t-elle.

« Je...
-J'ai compris... En trois ans, j'ai eu le temps de comprendre. J'ai tourné la page, maintenant. »

Il l'avait oubliée, alors. C'était fini. Fini... Tayuya ne dit rien, et le poussa doucement sur le côté pour ouvrir son coffre et en sortir une valise. Elle rentra à l'intérieur, sans plus lui prêter d'attention. Gaara sentit qu'il allait exploser. Il n'en pouvait plus, il l'avait attendue trois ans, trois ans en espérant, en priant qu'elle pense encore à lui, trois ans en regrettant tous les jours de ne pas l'appeler, pensant qu'elle ne voudrait plus lui parler. Trois ans que toutes les nuits elle hantait ses rêves, tous les soirs et matins détruisaient son moral. Et le jour où il la retrouve enfin, elle file sans un mot, sans une explication... Il voulait s'énerver, mais était à la fois à bout de force. Il se contenta de prendre les deux dernières valises, d'avoir une apparence impassible, et entra dans la maison. Il monta à l'étage, sachant où elle dormirait. Il ouvrit la porte et alla poser les valises au pied du lit. Elle était là, debout devant la fenêtre, dos à lui. Il referma doucement la porte, et s'approcha d'elle : « Je ne sais pas quoi te dire... Je ne veux pas oublier cette nuit... Pour rien au monde. Tu m'as tellement manqué... ». Il passa ses bras autour de sa taille, la rapprochant de lui, puis posa son front sur son épaule. « Dis quelque chose... Me laisse pas m'enterrer comme ça.
-Je ne veux pas oublier non plus. Mais tu as tourné la page... »

Sa phrase, brève, sèche, l'avait poignardé. Elle se dégagea de son emprise et sortit de la pièce. Tayuya eu du mal à se contenir, elle ne revenait pas de ce qu'elle avait fait. Le remord l'envahit, elle s'en voulut cruellement. Tout en retenant ses larmes, elle alla rejoindre sa fille et ses amis dans la cuisine. Ils avaient fini de nettoyer. Shikamaru lui proposa d'aller voir Hinata. Elle accepta, se rappelant certains souvenirs d'elle. Elle prit Aïko dans ses bras et ils partirent en voiture.
Sur le chemin, Shikamaru demanda à son amie : « Alors, c'est qui le père ? Si tu ne veux pas me le dire, je ne te forcerai pas, tu sais ? ça doit pas être fa...
-C'est Gaara, le coupa-t-elle. »
Le Nara n'y crut pas au début, pensa que c'était une blague. Puis il arrêta le moteur de la voiture, et la fixa droit dans les yeux : « Tu rigoles ?
-Non...
-Gaara ? Et, il est au courant ?
-Non... Je n'ai pas osé lui dire...
-La merde... Je ne savais même pas que vous étiez si proches... Enfin, quand j'y pense, si... il était plus proche de toi que des autres. Mais quand est-ce que vous ?...
-La veille de mon départ, répondit-elle en baissant la tête.
-C'est pour ça que vous ne parliez pas tout à l'heure ?
-Oui...
-Et Aïko, elle le sait ?
-Non plus. Seuls toi et mon père le savez.
-Quand est-ce que tu comptes lui dire ?
-Je ne sais pas. Mais ne dis rien pour l'instant, s'il-te-plait ! A personne. C'est à moi de leur dire...
-Ne t'en fais pas... Puis, ne te presse pas, ça fait trois ans, tu peux bien attendre quelques jours si tu ne t'en sens pas capable.
-Merci, Shikamaru... »

Il redémarra la voiture, et traça jusqu'à l'hôpital.
Hinata n'avait pas changé, même dans le coma, elle lui rappelait cette jeune fille, non, femme, qu'elle avait connu trois ans auparavant. Elle lui présenta Aïko, lui dit que quand elle se réveillerait, elle lui raconterait des tas de choses qu'il fallait qu'elle sache. Sa fille regarda la Hyuga étonnée : « Elle fait dodo ? demanda-t-elle à sa mère.
-On peut dire ça, répondit-elle. »

Une heure plus tard, les Morino et le Nara étaient rentrés. Temari informa Tayuya que Kankurô resterait quelques jours avec eux, car il habitait loin, et que Gaara passerait la nuit ici.
Après le dîner, Tayuya sortit dans le jardin, laissant Shikamaru coucher sa fille. Elle prit une grande bouffée d'air, qu'elle recracha en soupirant. Elle avait du mal à digérer cette journée. Elle s'assit au sol, et repensa à ses années dans cette ville. Quand elle avait rencontré ses amis, quand elle s'était rapprochée de Shikamaru – ce qui avait rendu Temari jalouse – puis de Gaara ; quand ils séchaient les cours juste pour rester ensemble, passer du temps à discuter de n'importe quoi, parfois même à garder le silence. Ces journées d'hiver où pour la réchauffer il la prenait dans ses bras, la serrait. Ces fois où elle craquait, où elle ne tenait plus le coup de ne plus voir sa mère, où il la réconfortait du mieux qu'il pouvait, tentait de lui faire oublier ses mauvais souvenirs. Cette fois où il l'a embrassée, prétextant qu'il était tombé et qu'il n'avait pas fait exprès, alors qu'ils étaient assis contre un mur. Une autre fois encore, où il lui murmurait « je t'aime », la serrant dans ses bras et l'embrassant plus amoureusement que jamais. Les meilleurs souvenirs qu'elle gardait de cet endroit étaient partagés avec Gaara. Avant qu'ils ne se rapprochent, Tayuya se souvenait qu'elle en était folle amoureuse, au moins deux ans avant, et que plusieurs fois elle avait tenté de l'oublier, plusieurs fois où elle retombait sans cesse. Depuis qu'elle le connaissait, elle n'avait cessé de l'aimer. Et combien de fois ça l'a fait souffrir ?
Des pas la sortirent de ses pensées. Kankurô s'installa auprès d'elle, et fixa le ciel. Il cherchait ses mots. Il se tourna vers elle, et lui dit : « Tu me plait bien ». Tayuya écarquilla les yeux. Elle ne s'attendait pas à ça. Il soupira : « Je ne te plais pas ?
-Kankurô... t'es pas sérieux ?
-T'as déjà quelqu'un, c'est ça ?
-Non, enfin...
-C'est qui le père d'Aïko ?
-Ça ne te regarde pas...
-Tu ne peux pas le cacher éternellement. Enfin... Je sais que vous avez été proches avec Gaara.
-Pourquoi tu me dis ça, alors ?
-Tu l'aimes toujours ? »

Elle ne répondit pas, et contempla le ciel. Kankurô sourit : « C'est tout ce que je voulais savoir, dit-il en se levant. Désolé de t'avoir menti, je n'aime vraiment pas faire ça. J'ai déjà une copine, d'ailleurs, elle m'aurait trucidé si elle m'avait entendu. Si t'aimes encore mon frère, va le voir, dis-lui. J'ai comme la vague impression que vous êtes deux idiots incapables de vous dire la vérité. Puis, tu sais, je suis peut-être le seul à l'avoir remarqué, mais Aïko a le visage de son père... »

Il se leva, et partit. Ce n'était pas dur de deviner, la ressemblance était frappante. Sa fille ressemblait plus à Gaara qu'à elle. Tayuya se leva et rentra. Elle alla dans sa chambre, où sa fille dormait déjà. Elle ouvrit la fenêtre du balcon, puis la referma après être sortie, pour ne pas faire de courant d'air. Gaara était là, sur le balcon d'à côté. Il fumait. Depuis quand ? Il se retourna quand il entendit le bruit de la fenêtre. Il écrasa tout de suite sa cigarette et recracha la fumée. « Depuis quand tu fumes ? demanda Tayuya.
-Ça t'intéresse ?
-Tu ne fumais pas il y a trois ans.
-Je fume rarement.
-Tu as changé...
-Je n'ai plus dix-sept ans. Qu'est-ce que tu me veux ?
-Kankurô est venu me parler... Lui seul semble avoir compris...
-Compris quoi ?
-À propos de Aïko...
-Quoi, Aïko ?
-Son père.
-... Je ne veux pas savoir.
-Ah ?...
-Ca me dégoûte ! Que j'ai espéré jusqu'à aujourd'hui te ravoir dans mes bras, et que toi, tu t'es tapé un bouffon même pas capable d'assumer sa paternité !
-... Ce n'est pas un bouffon...
-Je m'en fous, je ne veux pas le savoir.
-Je n'ai eu personne d'autre que toi... »

Tayuya ne voulu pas voir sa réaction, elle rentra dans sa chambre. Elle savait que Gaara ne pourrait pas fermer l'œil de la nuit. Elle non plus.

La nuit fut longue, très longue. Le lendemain, Tayuya se réveilla tard dans la matinée. Sa fille était déjà levée. Elle descendit les escaliers, et rejoignit le petit couple dans la cuisine. Aïko prenait son petit déjeuner. Quand elle vit sa mère, elle lui sauta au cou. Elle l'aida à faire du thé. Temari sourit en regardant la petite fille. « Tu ne veux toujours pas nous dire qui est le père de cette merveille ? demanda-t-elle enjouée. ». Tayuya se tourna lentement, la fixa et sembla réfléchir. « C'est Gaara », dit-elle simplement, se retournant vers sa tasse. Temari écarquilla les yeux. Elle s'attendait à tout, sauf à ça. Son frère était le père d'Aïko. Elle était tata. Gaara, papa... Tayuya et Gaara, ensembles ? Elle avait du mal à y croire, et pourtant...

« Pourquoi tu ne le dis que maintenant ?
-Parce qu'il ne le savait pas. Je lui ai dit hier soir...
-Pourquoi tu n'as rien dis plus tôt ?
-... Je ne sais pas...
-Et Aïko ? Elle sait ?
-Non.
-Je sais pas quoi maman ? demanda la petite fille.
-Rien, t'en fais pas ma puce. Tu le sauras bientôt.
-Je ne savais même pas que vous étiez ensemble... »

Temari réfléchit, tentant de se remémorer les moments qui auraient pu lui prouver. Elle se rendit compte au final qu'ils passaient leur temps ensemble, mais jamais elle n'avait rien soupçonné. Le silence se fit : Gaara venait de se réveiller à son tour. Il entra lentement dans la cuisine, redoutant ce moment. Il fixa Temari et Shikamaru, comme pour leur demander de les laisser seuls. Ce qu'ils firent. Tayuya ne se retourna pas.

« Bonjour, Gaara, sourit Aïko.
-Salut...
-J'ai fait un gros dodo, et j'ai rêvé ! Y avait des papillons, et tout, et tout !
-Vraiment ? sourit-il à son tour. Ça devait être un très joli rêve alors.
-Oui ! Même que le soleil y chantait !
-Le soleil chantait ? répéta-t-il. T'as du vraiment bien dormir !
-Oui. Et toi ?
-J'ai fait un petit dodo, moi.
-T'as fait des cauch'mars ?
-Non, aucun. »

Il lui sourit, et lui demanda d'aller raconter son rêve à Shikamaru. Elle s'empressa de le faire. Tayuya tourna la tête : « Tu ferais un bon père...
-Si seulement tu me l'avais dit plus tôt...
-Ça aurait changé quoi ?
-Ta fille... Notre fille n'aurait pas vécu trois ans sans père, et tu n'aurais pas eu à galérer à t'occuper d'un bébé toute seule !
-C'est fait, maintenant... Si on pouvait retourner en arrière, crois-moi, j'aurais changé bien des choses...
-J'me sens si impuissant... Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, Tayuya...
-T'as réfléchis ?
-À quoi ? Aïko ?
-Mh...
-J'ai surtout pensé à toi... Et j'ai beau tout essayer, je n'arrive pas à t'oublier. Tu me manques terriblement.
-Tu dis ça parce que tu sais qu'elle est aussi ta fille ?
-Je dis ça parce que ça fait trois ans que tu ne cesses de me hanter !
-J'ai l'impression d'être une sorcière, là...
-Oui, et tu m'as jeté un sal sort ! Comment je fais, maintenant, si tu ne veux plus de moi ? Maintenant que tu es là, devant moi, et que je n'arrive pas à te dire ce que je ressens ?
-... Pardon... »

Tayuya ne pu retenir quelques larmes, et se jeta dans les bras de Gaara. « Pardon », répétait-elle, en le serrant de plus en plus fort. Il resserra son étreinte et lui murmure : « Je t'aime ». A ces mots, la jeune Morino s'agrippa plus fort à son tee-shirt, et enfouis sa tête dans son cou.
Aïko entra dans la cuisine à ce moment-là. Elle sourit à Gaara qui la regardait. Elle leva le pouce et lui fit un clin d'œil, comme pour dire « t'as réussi ». Puis, elle se précipita à leurs jambes, et les enlaça, heureuse. Après quelques minutes, Tayuya desserra leur étreinte, et regarda sa fille. Leur fille. « Maman, ça veut dire que maintenant, Gaara c'est mon papa ? demanda-t-elle.
-Oui... Il l'a toujours été, ma puce. »

Aïko sauta de joie et grimpa sur celui qu'elle appellerait dorénavant « papa ». Elle le serra fort contre lui, en répétant ce mot. Puis, elle partit dans le salon crier, toute contente : « J'ai un papa-euh, Gaara est mon papa-euh, j'ai un papa-euh ! », pendant que Gaara riait aux éclats. Il contempla la femme qui se trouvait devant lui, la prit par la taille, et sans même qu'elle n'ai le temps de dire quoi que ce soit, l'embrassa. Aussi amoureusement que trois ans auparavant. Il ne voulait plus la quitter. Pour rien au monde. Le souvenir de cette nuit-là, où ils s'étaient donné l'un à l'autre pour la première fois, leur première fois à eux deux, les envahit d'une douce chaleur. Ils y repensaient, revivant chaque instant avec plaisir, car c'était leur dernier souvenir ensemble, et de loin le meilleur. Il aurait aimé qu'à son réveil elle soit encore là, pour la serrer contre lui, lui dire à quel point il l'aimait. Mais maintenant qu'ils s'étaient retrouvés, vraiment, il aurait tout le temps de vivre ces moments qui l'avaient tant fait rêver.



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