Fiction: Une putain de vie sentimentale. (terminée)

Sakura, un divan, un psy, une vie sentimentale étonnamment compliquée. Si Sakura va souvent avec Sasuke, elle est passée par Saï, par Itachi ou encore par Naruto. Et ouais, et verdict ? Pas un pour rattraper l'autre. C'est quand elle croit avoir trouvé le bon, qu'elle se rend compte qu'il n'est finalement qu'un con.
Classé: -16I | Drame / Romance | Mots: 115079 | Comments: 118 | Favs: 85
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Beverlyy (Féminin), le 15/08/2012
:D Une fic que je dédis totalement à Hanahi (ou encore l'amûr de ma vie, un chamallow rose trop génial qui voulait du rose, de l'amouuur, de la Love&life bref ! Une fic quoi 8D).

L'histoire est en partie tirée de mon expérience personnelle (oui j'ai été plaquée sur un post-it un jour, pour la petite histoire et plein d'autres petites anecdotes que vous découvrirez !) :D

Bonne lecture !




Chapitre 19: Une nouvelle page à tourner.



J'avais peur Docteur, vraiment peur.

Toute la scène m'avait paru durer une éternité tant l'atmosphère même était devenue glaciale. J'étais là, à quelques centimètres d'Itachi, mon bras figé dans les airs et ma main écarlate. Une sensation de froid avait engourdi mon corps et seul mon esprit tournait à vive allure comme pour me certifier que tout ça n’était pas un rêve. Ino ne bougeait plus non plus, les lèvres entrouvertes, le teint livide. Itachi n'osait plus respirer, le monde reprenait son souffle. Le seul acteur encore vivant sur scène était Sasuke, dont je sentais le souffle reprendre en dépit du bon mètre qui nous séparait. Il regardait aléatoirement Itachi, puis moi, puis Ino, pour se reconcentrer sur Itachi et la marque imprimée sur sa joue. Je m'attendais à ce qu'il explose à tout moment, comme une bombe à retardement dont on ignore le compte à rebours. Tic, tac... Dans ma tête, les tic tac résonnaient, sans que je ne puisse dire le moindre mot. En cet instant même, les prunelles de Sasuke me faisaient connaître la peur. La vraie peur Docteur, la peur de l'inconnu, peur de sa réaction, la peur à son état pur.

Des fourmillements firent trembloter mon bras avant qu'il ne s'abaisse tout seul, épuisé de rester en l'air. Ce geste fit reculer Itachi qui se tenait la joue en la caressant doucement, souriant de la manière la plus douce qui soit. Mes yeux se décrochèrent de Sasuke pour se poser sur son frère, il n'avait vraiment pas volé sa baffe et ma main s'en souvenait. La douleur chauffait ma paume encore rouge et seuls les picotements qui me lançaient arrivaient à me faire prendre conscience de la réalité alentour. Itachi me regardait, amusé de ce retournement de situation et, lorsqu'il se tourna vers Sasuke en gardant cet air effroyablement serein sur le visage, je sus que j'étais dans le pétrin. Vraiment dans le pétrin.

-Tiens Bro' ! Tu arrives à temps ! Je tentais de maîtriser Sakura qui voulait absolument se jeter sur Ino ! En fait, je viens de comprendre pourquoi elle la hait tellement, elle est amoureuse de moi ! Tu y crois toi ?

-Mais... Mais qu'est-ce que tu racontes Ita...!?

-Ne sois pas timide Miss Saku ! Je sais que tu es blessée que j'aie refusé ta proposition, mais de là à me gifler ! Surtout que tu sors déjà avec mon frère !

-Mais je n'ai jamais...!

-Allons, allons ! Je suis prêt à oublier tout ça ! Et toi aussi Ino, n'est ce pas que tu pardonnes à ton amie ?

Avec un sourire calculé, il s'était tourné vers la blonde, encore tétanisée du spectacle qui se déroulait devant elle. Pendant une seconde, elle m'avait regardé, comme pour essayer de comprendre ce que mes yeux cherchaient à lui hurler sans pouvoir le faire, puis avait détourné le regard. Elle était impuissante face à ça, je le sentais. Ce fut la première fois de ma vie que je voyais Ino baisser les bras et, à peine avais-je baissé la tête qu'elle était partie en courant, abandonnant son sac à terre. J'avais deviné un sanglot, puis la porte de l'immeuble claqua, le bruit résonnant dans toute la cage d'escalier. Je me retrouvais seule, sans aucun moyen de m'en sortir. J'étais prise au piège Docteur, comme une vulgaire souris qui se serait approchée d'un peu trop près d'un morceau d'emmental. Itachi était toujours face à moi, me coupant dans toutes mes explications et Sasuke n'avait pas bougé, enregistrant les informations qui venaient à lui, dans le silence le plus total. Lorsqu'Itachi fut à court de mensonges, j'avais saisi ma chance et m'étais avancée précautionneusement vers Sasuke pour tenter de lui fournir ma version des faits.

-Sasuke ! Il ment ! Je ne l'aime pas et c'est lui qui a essayé de...

-La ferme.

Son ton avait été sec et cassant et dans ma tête, le peu d'espoir que j'avais mis dans mes explications s'était envolé. Il me regardait profondément, le regard rempli de rage. En cet instant, je crois bien qu'il n'avait plus rien d'humain à mes yeux. Il était devenu plus froid qu'un cadavre, plus effrayant qu'un démon... J'avais cette impression horrible que s'il avait pu me cracher des vipères au visage, il l'aurait fait sans hésiter. Je recherchais le peu d'éclat qui restait dans ses yeux, la moindre petite lueur qui aurait indiqué qu'il n'avait pas définitivement supprimé l'amour qu'il me portait mais je m'étais bien vite rendue compte qu'il n'y avait rien, plus rien.

-Ne sois pas trop dur avec ta copine Brother !

-Bro', reste en dehors de ça s'il te plait. Sakura...

-...

-Je ne veux plus te revoir. Dégage, et ne reviens plus jamais.

"Dégage, et ne reviens plus jamais", cette phrase avait eu l'effet d'une bombe dans mon esprit. Je ne sais pas combien de minutes j'étais restée paralysée, à le passer devant moi sans même un regard pour aller s'enfermer dans sa chambre où se trouvait encore une bonne partie de mes affaires. Tout ce que je sais, c'est qu'Itachi était passé près de moi, l'air amplement satisfait d'avoir accompli un tel forfait et s'était approché pour me susurrer quelques mots dont ils se délectaient.

-Tu as bien du courage Sakura, mais je gagne toujours.

Il avait gagné, j'avais perdu. C'était incontestable. Sasuke me haïssait. Un seul regard avait suffit à m'en convaincre. Je n'avais pas réalisé sur le coup, à quel point mon univers s'était écroulé. J'avais pris mon sac, mes clés et avait laissé le reste de mes affaires par terre. Plus rien n'avait d'importance et tandis que je descendais les marches une à une, j'avais la sensation d'entendre mon cœur émettre un tintement de verre brisé qui était secoué dans tous les sens. Une fois dehors, les éclats se traduisirent en sanglots, puis mes larmes ne tardèrent pas à affluer pour finir sur le béton.

"Je t'aime Sakura... Je t'aime à en mourir..."

Il me l'avait répété il y a quelques jours lorsqu'il avait eu une baisse de moral. J'avais été là, c'était normal après tout, je me devais d'être là pour celui que j'aime. D'après ce que j'avais compris, c'était une période de souvenirs douloureux pour lui. Il ne m'en avait pas parlé plus que ça, mais je sentais, au plus profond de moi même, à quel point il en était affecté. Sa phrase, ses quelques mots, son baiser si doux au goût salé des larmes qu'il venait de verser, tout ça avait contribué à ce que mon amour pour lui soit définitivement sans bornes. Je l'aimais à en crever, même s'il fallait en crever de chagrin sur ce trottoir, à genoux, à verser tous les pleurs que mon corps était capable de produire, à en assécher mes yeux, à m'en couper le souffle, à m'en épuiser... J'étais prête à tout... A tout, sauf à ça...

"Dégage, et ne reviens plus jamais."

Je n'avais même pas pu me relever après quelques mètres. J'étais au bout de la rue et au bout du rouleau. Comment Docteur... Comment tout ça avait pu se produire ? Comment j'avais pu laisser Itachi libre de préparer son coup foireux ? Je le savais... Je le savais Docteur... Toutes les fibres de mon corps me criaient que ce mec était le pire des enfoirés au monde, que je ne devais pas relâcher ma vigilance mais... Comme pour Saï, l'amour m'avait aveuglé...

"Je t'aime... Je veux que tu aies confiance en moi."

J'avais confiance en Sasuke, j'avais confiance en lui... Et j'ai commencé à faire confiance à Itachi, naïvement, en pensant que même si il l'idolâtrait, il n'y aurait aucuns problèmes tant que je l'éviterais. Je voulais vivre mon histoire avec Sasuke sans être à longueur de temps sur le qui-vive, surveiller qu'Itachi ne vienne pas me faire chier ou me suive à la trace comme il avait pu le faire pour l'histoire Naruto. Je voulais simplement être heureuse, l'aimer comme je l'entendais. Vous entendez Docteur ? Je voulais simplement ma part de bonheur en partageant ses sourires, en trouvant refuge dans ses bras, en oubliant mes peines tout contre lui, en m'abandonnant à chaque baiser qu'il me donnait, à chaque frisson qu'il me procurait. Je voulais... Putain, je voulais que notre histoire dure... Dure aussi longtemps que mon cœur battrait la chamade chaque soir avant de m'endormir tout près de lui...

Mes larmes coulaient sans que je fasse l'effort de les retenir. Après tout, à quoi bon ? J'étais à terre, même plus bas que terre, le cœur en morceaux, le maquillage éparpillé sur le visage, les cheveux défaits... J'étais misérable, absolument pitoyable. Je me retrouvais exactement comme lors de nos débuts, lorsque Naruto m'avait laissé m'écrouler dans la ruelle du club. J'étais dans le même état, si ce n'est pire. Sasuke... Il avait été mon sauveur, tout comme Naruto autrefois et l'histoire ne faisait que se répéter... J'étais conne bon sang, conne... Docteur, je voulais mourir. Là, sur ce trottoir... Si j'avais pu avoir de quoi mettre fin à mes jours, je pense que je l'aurais fait.

A quoi bon ? Sans Sasuke... Rien n'avait de sens. Je n'aurais plus ses sarcasmes, l'amitié qu'on a noué, nos délires et nos provocations mutuelles. Sans ses baisers, sa chaleur, sa douceur et ses sourires... Je n'étais plus moi. On venait de m'arracher une partie de moi même pour la broyer sauvagement. On venait de m'extirper les larmes les plus douloureuses qu'il m'était donné de verser. Je n'en pouvais plus... Je n'en pouvais plus de tout ça. Je pensais être enfin heureuse, oublier le goût si amer des pleurs, les nuits à ne plus pouvoir dormir, l'esprit qui se barre ailleurs et l'impression qu'on vous écrase les derniers copeaux de votre cœur déjà brisé. Mais je repartais de plus belle, à chialer comme une crétine, au plus bas, à hurler la sensation qu'on vous déchire entrailles, qu'on vous tord la poitrine, qu'on vous prive d'oxygène. J'étais seule, j'étais de nouveau seule et cette fois ci, pas d'échappatoire. Je n'espérais pas... je n'espérais plus qu'une main se tende vers moi, vienne à mon secours... Je n'avais plus aucun espoir et j'étais restée là, malheureuse, une pauvresse, une Cendrillon à la rue, pleurant le prince charmant que j'avais perdu.

J'étais restée sur le bitume pendant une bonne heure. Il faisait totalement nuit et plus personne ne passait dans cette avenue résidentielle. Je me faisais l'effet d'être une clodo... Après tout, j'avais pris mes appartements chez Sasuke et je ne pouvais certainement pas m'imposer chez ce qui était maintenant l'appart' d'Hinata et Naruto... Je n'avais pas le droit de débarquer comme ça, à l'improviste. D'un autre côté, je ne pouvais pas retourner chez Sasuke. Je ne pouvais pas l'affronter dans l'état où je me trouvais et quand bien même j'aurais eu encore un peu d'espoir, Itachi m'aurait écrasé et empêché de me justifier. Il avait tout calculé, il avait très bien prévu son coup et je me retrouvai à me demander si je n'allais pas dormir sous les ponts. Je me fis l'effet d'être une cruche, une putain de conne à qui il ne restait plus que ses yeux pour pleurer.

Au moment où j'avais abandonné toute volonté de me relever, une voix s'éleva au dessus de ma tête. J'en eus un frisson tant elle m'était familière. Non, ce n'était pas possible... Il ne pouvait pas être là. Et pourtant, c'était bien sa voix...

-Sakura !?

-Gaa... Gaa...

-Mais qu'est-ce que tu fais dans la rue à cette heure ci !? Relève-toi ! Hey !

-Je... C'est un... Ce n'est pas...

Ce n'était pas possible. J'étais en train de rêver. Gaara était parti lui aussi, il était loin, dans un pays que je ne connaissais même pas. Mais pourtant, c'était bien sa voix, son visage, ses yeux cerclés de noir et son look punk indémodable. Il était là, devant moi, accroupi, à quelques centimètres, l'air inquiet comme si j'étais en phase terminale. C'était un rêve... C'était forcément un rêve. Mais en cet instant, je voulais y croire, je voulais une épaule sur laquelle pleurer, je ne voulais pas de cette solitude qui me rappelait cruellement que Sasuke n'était plus mon petit ami, que j'étais complètement démunie, sans aucun moyen de faire marche arrière. J'avais approché ma tête, comme en plein mirage, et avait lâché toute ma tristesse sur la veste froide de mon ami qui m'avait tant manqué. Après ça, le monde autour de moi avait arrêté sa course effrénée, plus aucun son, plus aucune image, juste cette sensation de s'endormir, le visage posé sur du linge humide.

Je me suis réveillée une demi-heure plus tard et pourtant Docteur, j'avais eu l'impression d'avoir sombré dans le coma durant plusieurs jours. Pourtant, mes joues encore trempées me confirmaient que je n'avais pas dormi très longtemps. J'étais allongée, couverte d'un petit édredon et, ce plafond si particulier qui était autrefois celui que je contemplais en y comptant les petites fissures pour faire passer le temps me fit l'effet d'une décharge électrique. Je n'eus même pas le temps de réagir que des bras virent m'étreindre le plus fort possible et que deux visages en arrière plan, encore flous, m'observaient en criant mon nom. Etait-ce encore un rêve ? Seul le visage Hinata à quelques centimètres du mien m'en dissuada.

-SAKU ! J'ai eu si peur ! Oh, est-ce que tu vas bien !?

-Oui... Oui je crois... Mais j'ai... Comment vous m'avez trouvée ? Je n'ai pas...

Je m'étais interrompue lorsque ma vision fut parfaitement nette. Naruto me fit un sourire amical, content de voir que j'allais bien, mais ce qui me stupéfia, fut le visage de Gaara, passablement soulagé. Ce n'était pas un rêve Docteur, Gaara était bien là, devant moi. D'un seul coup, mon cœur que je pensais éteint se mit à battre fortement, comme pour me signifier que tout ça était bien réel. Je n'avais pas vu Gaara depuis son départ précipité et, l'avoir en face de moi, comme ça, d'un seul coup, me donna envie de sourire, de crier et de pleurer à la fois. J'étais totalement bouleversée... Incapable de réagir.

-Tu nous as fait peur Sakura !

-Na... Naruto...

-Ma Saku ! Qu'est-ce qu'il s'est passé !? Gaara t'a trouvé dans la rue, complètement effondrée !

-Je...

-Hinata, ne la brusque pas...

-Naruto ! Je veux savoir pourquoi ma meilleure amie ne va pas bien ! Ce n'est pas normal ! Et puis même, que faisait Sasuke alors qu'elle était à la rue !?

Le prénom de Sasuke me fit monter les larmes aux yeux et mes pleurs reprirent de plus belle. Avec l'impression d'avoir fait une bourde, Hinata me serra à nouveau dans ses bras, me caressa le dos et me suppliait de lui expliquer ce qu'il se passait. Ma gorge était nouée et je ne sais même pas comment j'avais pu trouver le courage de tout raconter. Entre deux hoquets, mon cœur se serrait un peu plus et je faisais des efforts incommensurables pour ne pas prononcer le nom de Sasuke. Rien que son nom... Rien que ça, m'était insupportable. Je voyais Hinata de plus en plus atterrée au fil de mon récit, Naruto se mordre la lèvre et Gaara hocher la tête comme s'il s'en indignait. Je n'arrivais pas à croire que tous ces événements s'étaient passés il y a à peine une heure. Pour moi, tout ça paraissait s'être ancré dans un passé lointain où j'arrivais à peine à croire que Sasuke pouvait m'avoir aimé. Tout s'était brisé, en moins d'une minute de scénario. J'avais été brisée... En moins d'une minute.

Hinata était restée bouche bée, complètement abasourdie par ce qu'elle venait d'entendre. Naruto était venu s'asseoir sur le bord du lit et Gaara n'avait pas bougé. J'avais envie de me lever, de m'en aller, de ne pas prolonger cette situation qui devait être embarrassante pour eux, pour Hina comme Gaara ou Naruto, mais mes jambes refusèrent de bouger. Si on m'avait dit que j'en serais arrivée là, je vous promets Docteur que je ne l'aurais pas cru. J'avais la sensation d'être complètement à l'ouest, coincée, sans savoir quoi faire. Dans ma tête, même si Hinata injuriait copieusement, ou tout du moins le plus méchamment possible Sasuke, un tas de questions restaient en suspens, me rendant sourde à tout le reste. Et maintenant ? Sans Sasuke, où est-ce que je vais ? Où est-ce que je recommence ? Où est mon nouveau départ ? Est-ce que je vais... rester seule ? Et Mikoto... Ma maman... Ou du moins celle qui s'en rapproche le plus... Devais-je lui dire au revoir ? Tous ces moments, devais-je les effacer ? Pour de bon...?

Naruto avait posé une main sur ma jambe couverte et j'avais capté son regard. J'avais l'impression qu'il s'en voulait lui même de me voir dans cet état, peut-être parce-que j'étais déjà passée par là en partie par sa faute. Cette attention me toucha mais alors que j'allais répliquer, lui dire que je n'avais pas besoin qu'il fasse cette tête, Gaara coupa court.

-Ca ne m'étonne pas venant de Sasuke.

Hinata avait arrêté sa crise pour se tourner vers son ex, oubliant totalement la gêne qui aurait pu s'installer vis à vis de Naruto. Je sentais que j'allais être le sujet principal de la soirée pour meubler et éviter la scène de ménage. La tension était telle que je n'osai même pas me plaindre et restai là, à écouter Gaara donner son avis quant à la réaction de Sasuke.

-Itachi a toujours été la personne la plus importante pour lui.

"Lorsque Sasuke sortait avec Tenten, j'ai surpris Itachi avec elle dans la chambre. Je pensais que c'était Sasuke sous les draps, donc je suis passé en vitesse pour quitter l'appart'. Seulement, non. Il y avait des cheveux longs sur l'oreiller et cette voix n'était certainement pas celle de Sasuke. C'est à ce moment là que j'ai su que Tenten la trompait.

Je ne savais pas trop quoi faire et puis...

"Parle-lui ! Frangin, crois moi, je pense qu'à sa place, tu serais plus heureux de l'apprendre que de le découvrir après coup en sachant qu'il le savait et qu'il n'a rien dit."

Temari avait raison. J'étais son ami, je me devais de lui dire la vérité. Seulement, j'avais oublié une petite chose : C'était d'Itachi dont on parlait. Et à ce sujet là, Sasuke avait été catégorique.

-Sasuke. Je... Enfin voilà, j'ai surpris Tenten avec Itachi dans ton pieu. J'suis désolé mec.

-T'es pas sérieux là ?

-Bah si malheureusement... J'comprends que ça te fasse un choc...

-Arrête de me raconter des conneries ! Mon frère est incapable de faire un truc pareil.

-Ecoute Sasu', j'comprends que tu sois choqué mais j'suis ton ami je te dis la vérité.

-Ta gueule Gaara. Ne t'avise plus jamais de parler de mon frère comme ça !

-Mais Sasu'...

-La ferme ! LA FERME compris !?

Je n'ai plus jamais reparlé de ça. Il n'a jamais su qu'Itachi avait couché avec Tenten, même après qu'elle l'ait quitté. Je sais juste une chose, c'est que Sasuke n'était plus le même. Il était devenu... comme une sorte de démon. Lorsqu'il m'avait dit de la fermer, je n'oublierai jamais ce regard. C'était... De la rage. De la rage pure. Pas la petite haine gentillette, non, vraiment le sentiment brut qui vous pétrifie. Je crois que je n'avais jamais vu Sasuke dans un tel état auparavant. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre lui et Itachi, mais une chose est sure, parler d'Itachi, c'est comme manier un bidon d'essence près d'un paquet d'allumettes ; un geste de travers, et tout explose".

J'avais écouté Gaara en silence. C'était ça. J'avais renversé l'essence et foutu le feu à l'instant même où j'étais tombée dans le piège d'Itachi. Il avait été l'allumette et la petite étincelle avait tout fait sauter. Mon cœur avait éclaté dès que l'incendie avait ravagé notre histoire. Sasuke et Sakura, notre amour avait été réduit en cendres.

Naruto approuvait visiblement les paroles de Gaara, bien qu'il le regardait avec une certaine méfiance. Il devait bien se douter que sa venue n'était pas désintéressée et la tension montait au fur et à mesure que le silence s'installait. Hinata n'osait même plus se tourner vers eux et au moment même où j'allais essayer de me lever pour faire de sorte de m'extirper d'ici le plus vite possible, Gaara avait sorti son portable et avait composé un numéro. A sa façon de taper, à son regard concentré, je savais qui est-ce qu'il appelait. Non. Je ne le voulais pas ! Je ne voulais pas qu'il défende ma cause... Je ne voulais pas qu'il parle de moi, de l'état où j'étais... Je ne voulais pas être faible, Docteur, je ne voulais pas être faible...

Il nous avait fait un signe signifiant de ne faire aucun bruit et avait mis le haut-parleur. A chaque tonalité, mon cœur se recroquevillait sur lui même, un peu plus. Je priais pour qu'il ne décroche pas, qu'il ignore... Et lorsque sa voix numérisée s'éleva dans la pièce, je dû refouler de nouveaux sanglots.

-Gaara ?! Mec', comment ça se fait que tu puisses m'appeler ?

-Sympa l'accueil Sas' ! Non, j'suis revenu pour un p'tit séjour ! J'pensais passer te voir d'ailleurs ! Comment tu vas mec ?

-On fait aller.

-Et comment va Sakura ?

Sasuke laissa un temps de silence qui me parut durer une petite éternité. Lorsqu'il reprit, son ton était plus cassant.

-Pourquoi tu m'parles d'elle ?

-Hinata m'a apprit que vous étiez ensemble finalement ! Et puis, t'avais tellement attendu qu'elle soit libre.

Il m'avait attendu... C'est vrai qu'il avait attendu que mon idylle avec Naruto s'effondre... Tant et si bien qu'il avait lâché le morceau et était tombé amoureux de Tayuya entre temps... Mes yeux ne purent supporter une marée de larmes qui s'écoula silencieusement.

-Oublie mec.

-Vous avez cassé ?

-On va dire ça. Mon frère m'a ouvert les yeux.

-Itachi ? Qu'est-ce qu'il vient faire là dedans ?

-Laisse j'te dis. Une chose est claire dans ma tête : Entre mon frère et cette fille, il n'y a pas photo, mon choix est fait.

"Cette fille". Cette fille ne faisait pas le poids face à son frère. C'était évident depuis le début. Je marchais sur des œufs... C'était ça que me signifiait Ino. Depuis le début elle avait pu apprendre à sonder la relation entre les deux frères et savait que s’il arrivait un seul problème qui implique Itachi, j'allais être éjectée directement. Encore une mise en garde que je n'avais pas pu deviner, et je me retrouvai comme une conne, à jouer le rôle de la méchante face à Dieu tout puissant. Sasuke n'avait qu'Itachi en tête, il était la personne la plus importante de sa vie, n'en déplaise à toutes les autres qui essayaient de gagner son affection. Je l'avais compris... Mais je ne pouvais pas m'y résoudre... C'était impossible.

Lorsque Gaara raccrocha quelques minutes après, j'avais attrapé mon portable et composais le numéro de Sasuke. Il fallait que j'essaye encore, que je ne m'avoue pas vaincue. Hinata essaya de m'en empêcher, mais Naruto la retint, lui faisant comprendre que c'était inutile. Je n'étais rien face à Itachi, mais j'avais quand même été quelque chose pour lui ! Je l'aimais à un tel point que j'étais prête à crever sur place, mais certainement pas à vivre avec le poids de sa haine sur les épaules. Je n'étais pas coupable ! Docteur, je n'avais rien fait pour mériter ça ! Je devais le lui dire, me justifier, essayer... Encore une fois.

Ca sonnait et mes mains tremblaient tant l'attente m'était insupportable. Jusqu'au tout dernier moment où je me disais qu'il ne répondrait finalement pas, je l'entendis décrocher sans pour autant énoncer un seul mot. J'avais essayé de retrouver une voix aussi forte que possible pour être sûre qu'il entendrait distinctement ce que j'avais à lui dire.

-Sa... Sasuke... Je...

-Efface mon numéro.

-Attends ! Je veux...

Trois "bip" à intervalle régulière. Bip... Bip... Bip... Il avait raccroché. Mon portable retomba sur la couette en émettant un bruit étouffé et mon dernier souffle d'espoir, ma dernière lueur de courage, mon ultime chance, tout venait de s'envoler.

Je n'avais plus de larmes. C'était inutile que je me force à chialer, mes yeux n'en pouvaient plus et je sentais des picotements douloureux sous mes paupières. C'était terminé, je le savais. Les larmes n'étaient plus utiles, il ne servait plus à rien de laisser déferler ma tristesse. Après tout, de notre histoire, il ne restait plus rien. "Efface mon numéro" pour "efface-moi de ta vie, de ton cœur, de ton esprit". Le visage de Sasuke m'apparaissait plus clairement que jamais et je ne voulais pas lui dire adieu, je ne voulais pas le laisser partir... Mais c'était trop tard. Je n'avais plus aucune arme pour me battre et j'étais blessée jusqu'au plus profond de mon âme, à un tel point que j'avais l'impression que si je pleurais à nouveau, des larmes de sang viendraient rougir mes joues déjà écarlates.

Hinata se défit de l'emprise de Naruto et s'approcha à nouveau de moi, l'air grave. J'avais posé ma main sur la sienne et nous nous étions regardé longuement, comme pour partager ce fardeau. Un semblant de sourire avait étiré mon visage et ce fut au tour d'Hina de laisser échapper quelques larmes d'inquiétude qui lui avaient tant pesé. J'étais impardonnable. J'avais tout fait foiré. Je me sentais nulle Docteur... Je venais de perdre Sasuke et je faisais endurer mon malheur à ma meilleure amie. J'avais envie de mourir, de me faire oublier, de me défaire de la culpabilité de voir Hina pleurer devant moi, pleurer pour moi, pleurer avec moi... Et ce fut Gaara qui me sauva, encore une fois.

-Saku', j'ai reprit l'appart' de Temari provisoirement. C'est un studio mais y'a deux matelas. Pendant que tu étais endormie, Hinata m'a expliqué que tu lui avais donné ton appart' pour vivre chez Sasuke. Si tu n'y vois pas d'inconvénients, je peux t'héberger.

-Gaara ! Elle peut très bien rester avec nous...

-Hinata, je pense qu'elle ne veut pas vous déranger et ça peut se comprendre.

-Sakura ne nous dérange jamais ! N'est ce pas Naru...

-Hina... Ca va aller. Merci Gaara, j'accepte.

-Saku'...

-J'ai besoin de m'en remettre Hina... J'ai besoin de m'y résoudre.

Hinata avait voulu répliquer, puis s'était résignée. J'étais désolée de refuser son aide, mais en cet instant là, ce dont j'avais besoin, c'était de ne plus voir ses larmes qui me semblaient encore plus douloureuses que les miennes. J'adressai un regard d'excuse à Naruto qui le déclina en m'offrant un sourire compatissant. Je savais que je pouvais compter sur eux deux pour me soutenir et m'épauler... Mais je savais aussi que j'avais besoin de me faire une raison. Sasuke n'était plus l'homme de ma vie, il avait démissionné et je restais là, avec mon amour sur les bras, beaucoup trop lourd à porter. J'avais suivi Gaara, promettant à Hina que cette situation ne serait que temporaire. Il fallait que je sois forte, aussi bien pour moi que pour elle. Et puis, du même coup, j'éloignais Gaara pour que son retour ne créé par la déferlante qui ferait s'écrouler le couple. Hina avait tellement lutté, elle avait tellement pris sur elle même pour oublier tout l'amour qu'elle éprouvait pour Gaara et passer à autre chose qu'il aurait été totalement injuste que tout soit chamboulé.

Le studio de Gaara était très bien aménagé. A vrai dire, on reconnaissait un peu le style de Temari. Tout était impeccable et fonctionnel. Les quelques meubles étaient tous blancs ou noir et l'atmosphère faisait plus penser à un grand bureau de PDG qu'à un appart' d'étudiante. Quoi qu'il en soit, vous vous en doutez Docteur, j'étais loin de me préoccuper de la déco. Je m'étais assise sur le canapé, regardant Gaara s'atteler à préparer deux tasses de café, de quoi tenir une nuit sans fermer l'œil. Même sans ça, je n'étais pas sûre de trouver le sommeil, pas après une soirée pareille. L'horloge indiquait déjà minuit et je m'en contrefoutais. Le temps pouvait bien arrêter sa course que ça m'aurait été égal. Pour moi, les heures, les minutes, les secondes n'avaient plus la même durée en sachant que je n'en passerai pas une de plus avec Sasuke. Cette simple pensée suffit à me donner envie d'hurler mais ma gorge était définitivement trop serrée pour ça. Ce ne fut que lorsque Gaara vint s'asseoir près de moi, m'offrant un mug rempli de liquide sombre que ma langue se délia.

-Merci...

Il avait répondu d'un sourire triste avant de prendre une gorgée de remontant. Je ne pouvais pas me résoudre à le quitter du regard. J'avais bien cru que je ne le reverrai jamais. Le jour de son départ, je m'étais résolue à dire adieu à Gaara et voilà qu'il était là, devant moi, à partager mon moment de détresse. Je ne savais même plus si cette situation tendait plus à me réjouir qu'à me combler de désespoir. Avant même que je ne puisse m'exprimer, il avait dit tout haut ce que je pensais tout bas.

-Je suis content d'être revenu... Je suis content de te revoir Saku...

-Moi aussi Gaara... Tu nous as tellement manqué...

Il s'était tourné vers moi et son visage fut subitement ravagé par le chagrin. J'avais posé mon mug sur la table basse et m'étais approchée pour le serrer dans mes bras. Il pleurait. C'était la première fois que je voyais Gaara pleurer, laisser échapper autant de larmes, se laisser aller de la sorte. Comme lorsque Sasuke avait craqué, j'eus l'impression que mon cœur me remontait le long de la gorge. Rien que de penser à Sasuke, les larmes affluaient encore une fois et je fis un effort surhumain pour les contenir. Gaara pleurait pour nous deux et, entre deux sanglots, je pouvais l'entendre se livrer à moi, comme jamais il ne l'avait fait.

-Je l'aime tellement...

"Lorsque je suis parti ce jour là, que l'avion a décollé, j'aurais tellement voulu avoir le pouvoir de tout arrêter, de faire marche arrière, de retourner auprès d'elle. Je lui avais dit que quoi qu'il arrive, nos cœurs étaient liés... Seulement, la distance me brisait le mien. Et je n'étais pas le seul, Temari aussi, partageait ce sentiment. Nous étions deux âmes en peine, condamnés à devoir dire adieu à des gens qu'on aimait infiniment. Même lorsque nous avions de rares nouvelles de la part d'Hinata, ce n'était pas la même chose. Sa voix n'était pas aussi chaleureuse au téléphone et je ne pouvais pas pleinement l'admirer... J'en devenais fou...

-Gaara ! Concentre-toi ! Tu as des tas de formalités à remplir !

-Oui Maman.

-Tu dois faire honneur à ton père ! Sois digne de lui ! Entendu !?

-Oui Maman.

-Alors arrête d'être aussi paresseux et mets toi au boulot !

Des paperasses, des banquets, des réunions avec de hauts dignitaires. Je n'étais pas fait pour ça. Et plus le temps passait, plus Hinata me manquait, son absence me rongeait de l'intérieur. J'avais perdu une partie de moi même, une partie de ma vie. J'avais perdu mon tout, celle qui me comprenait, celle qui m'acceptait avec mon look de punk, ma désinvolture... Elle était la seule à accepter que je sois pleinement celui que j'étais. Alors que dans mon pays, tout le monde me demandait de changer. On me demandait d'être un chef, d'avoir une carrure, une stature... D'égaler mon père. J'en avais marre de tout ça, marre de ne pouvoir pas simplement être Gaara, moi... Et voyant que j'allais de mal en pis, Temari est venue me voir pour me proposer quelque chose.

-Gaara, retourne là bas.

-Quoi !? Temari tu... T'es pas sérieuse ?

-Si ! Je peux m'occuper de ton poste toute seule et puis, je veux m'en aller moi aussi, je voulais dire à Izumo combien je regrettais d'avoir hésité, de ne pas lui avoir dit que je l'aimais...

-Alors viens avec moi ! Après tout, je n'ai rien à perdre ici ! J'ai déjà assez perdu en devant les quitter !

-Non Gaara, il faut bien que l'un de nous deux reste.

-Je refuse que ce soit toi Temari !

-Tu n'as pas le choix.

-On a toujours le choix !

-Pas ici.

Elle avait insisté jusqu'à la dernière seconde et... J'avais accepté. Je me faisais l'effet d'être un lâche mais je voulais retrouver mon bonheur, je voulais retrouver ma joie de vivre... Je voulais retrouver Hinata, coûte que coûte. Et avant de m'en aller, Temari m'avait promis une chose...

-Je te rejoindrais, je te le promets. Je vais trouver une solution, mais je veux que tu sois heureux... Petit frère.

Elle avait été aussi loin pour moi Saku'... Pour que je retrouve Hinata et... Lorsque je t'ai trouvé dans la rue alors même que je m'étais dit que j'allais directement aller voir la femme qui fait battre mon cœur, j'ai compris que c'était un signe, un mauvais présage. C'est Naruto qui m'a ouvert, alors que tu étais inconsciente. Quand j'ai vu ça, quand je l'ai vu, j'ai voulu me réveiller... De ce cauchemar. Je l'ai perdu... J'ai perdu mon ange... Je suis parti et elle a trouvé quelqu'un d'autre pour panser ses plaies. Je me dégoûte Sakura... Je n'aurais jamais dû partir... Jamais..."

J'avais mal. Entendre Gaara pleurer Hinata me fit l'effet d'un poignard planté dans le corps. Ils s'aimaient tellement, ils étaient si fusionnels... Je savais à quel point Hinata avait dû prendre sur elle, jusqu'à en oublier que Gaara aussi souffrait de son côté. Je ne pouvais pas le voir de mes yeux donc je ne me doutais pas à quel point il était malheureux. J'imagine à quel point il avait dû se retenir d'exploser lorsque Naruto lui avait ouvert la porte. Après tout, il avait parcouru la moitié du globe pour retrouver Hinata, lui dire à quel point il l'aimait, ne plus jamais la quitter. Mais il était arrivé trop tard, il avait loupé le coche. Hinata s'était reformée avec un autre et était heureuse à nouveau. Connaissant Gaara, il ne voulait pas gâcher son bonheur, mais retenir ses sentiments lorsqu'on aime à mourir n'est pas chose facile. J'en savais quelque chose Docteur... Il fallait que je tire un trait sur Sasuke, sans pour autant le vouloir ou en être capable. Gaara, en cet instant, était le seul à pouvoir me comprendre.

-Je suis là Gaara... Je suis là...

-Sakura...

Nous avions passé une partie de la nuit enlacés, à pleurer comme deux malheureux. Notre amitié était plus forte que je ne l'aurais jamais imaginé. Nous savions exactement ce que ressentait l'autre, notre cœur était en miettes. Gaara était comme un frère et je comprenais à moitié la sensation d'avoir une force masculine à vos côtés sans qu'il n'y ait rien de romantique ni de sexuel. Il était mon roc sur lequel je m'accrochais désespérément pour ne pas m'écrouler. Durant deux jours, je n'avais pas eu le courage de quitter le studio et j'avais vécu, renfermée, avec Gaara pour m'épauler. Nos larmes, nos sourires, nos souvenirs évoqués... On avait partagé plus de choses durant cette courte période que durant les longs mois avant son départ. J'avais pu épuiser le sujet Sasuke, ne plus me retenir d'exprimer mon amour si douloureux car je savais au fond que Gaara saurait prendre la mesure de la souffrance lancinante qui m'empoignait le cœur.

Gaara était sorti pour faire quelques courses. Après deux jours reclus, le frigo commençait à crier famine et il avait bien fallu le remplir. Il avait proposé d'écumer le supermarché, tandis que je lisais un bouquin à l'eau de rose complètement futile qui ne faisait que m'enfoncer un peu plus dans ma déprime. Je voulais me reprendre, me motiver, enfiler un jean et sortir, mais la simple idée de voir un couple ou la moindre petite chose me rappelant Sasuke me démotivait. Je n'avais pas envie de recevoir toute une flopée de souvenirs en pleine gueule et je me sentais en sécurité dans ce studio, à l'abri des restes de notre histoire d'amour.

Lorsque mon portable sonna, j'avais presque renoncé à aller décrocher, ne voulant parler à personne. Pourtant, l'écran illuminé me donna à lire un prénom qui eut le don de me choquer. Je ne savais pas si c'était une bonne ou une mauvaise nouvelle, mais tout ce que je sais, c'est que mon instinct m'avait dit de prendre le temps d'écouter ce que cette personne avait à me dire. Ce fut la seule raison qui me poussa à m'habiller, à laisser un mot à Gaara et à prendre le chemin du Nelly's. J'avais baissé les bras mais j'avais encore soif de vérité, et, dans cette histoire, je ne savais pas tout. Quelques personnes gardaient encore de lourds secrets en elles et celle que je m'apprêtais à affronter était un mystère complet depuis le début. Je voulais savoir, je voulais comprendre. Comme pour Tenten et Naruto, comme pour Mikoto, comme pour le reste, je ne voulais pas m'en aller avant que toutes les cartes ne soient retournées. C'est dans cette optique que j'avais accepté une ultime fois de revoir la personne que je pensais être mon ennemie jurée, celle qui avait trompé ma confiance sur toute la ligne... Ino.

J'étais arrivée cinq minutes en retard, sapée n'importe comment avec une tête de déterrée. A côté de ça, Ino était revenue à son style vestimentaire provoquant, avec si peu de tissu qu'on se demandait comment on pouvait payer ça les yeux de la tête vu ce qu'il fallait pour confectionner une tenue pareille. Lorsqu'elle me vit arriver, elle n'eut même pas son air de pimbêche hautaine qui juge les gens du premier coup d'œil, comme si elle se doutait de l'état dans lequel je devais me trouver avant même que j'arrive. Elle m'avait commandé un double whisky, histoire de me donner un coup de fouet. Quoi qu'on en dise Docteur, amie ou pas, elle avait eu le temps de me connaître après quatre ans de "relation".

-T'as une sale gueule.

-Toi aussi, sous ton maquillage.

Elle avait sourit tristement et je voyais bien que l'heure n'était pas au règlement de compte. Ino était là pour déballer son sac, un peu comme je le fais en ce moment avec vous Docteur. Mais vous savez, même si une couche de fond de teint peut cacher vos imperfections, aucun fard, aussi mat soit-il ne peut camoufler un visage rongé par le chagrin. Je ne comprenais plus Ino. Depuis l'épisode Itachi, je n'avais pas pu la cerner. Diablesse ? Pas tant que ça en réalité. C'était comme si elle avait joué un double jeu, faisant semblant de m'adorer, puis de me détester. Elle était fausse depuis le début et à force de me poser autant de questions sur son sujet, j'avais fini par abandonner et laisser place à la rancœur éprouvée lors de ma séance de vomi dans cette ruelle sombre sur le blouson de Saï. Et là encore, je me retrouvais devant une Ino que je ne connaissais pas vraiment, une nouvelle Ino.

-J'en ai assez de tout ça Sakura.

-Ino...

-Je suis une salope, je le conçois. Mais être une salope fait moins souffrir que d'être une fille sincère qui aime profondément quelqu'un, je pensais connaître la leçon.

Elle avait raison. Après tout, si j'en étais là, c'était en partie parce-que j'avais été assez faible pour aimer au point d'en chialer toutes les larmes de mon corps. Si je n'avais pas donné mon cœur aussi facilement, si je n'avais pas cédé à un je t'aime, à de douces caresses, à de belles paroles, à un regard qui semblait sincère, alors peut-être que je n'aurais pas autant souffert.

-Mais j'ai rencontré Itachi...

"Il était dans cette boîte, je l'avais remarqué. Moi, j'étais avec Saï et lorsqu'il était parti s'amuser à draguer la serveuse, je m'étais retrouvée seule à la table. Il était venu me parler et son air de dragueur n'avait pas prit. J'étais là pour une chose : Un mec qui me fasse oublier que l'amour n'existe que dans les films, dans les romans ou encore dans les rêves de petites filles simplettes. J'étais à la recherche d'une nuit d'amour passionnel qui n'avait que l'apparence de l'amour. Le sexe ne sert qu'à oublier, et je voulais oublier tous les soirs, avec un homme différent.

-Je ne suis pas ce genre d'homme.

-Alors tu n'es pas un homme sincère. Les hommes ne sont intéressés que par une chose.

-Tes jolis yeux ?

-Faux cul.

Je l'avais envoyé chier. Je ne voulais pas d'un Don Juan qui se cache derrière de jolies phrases pour mieux te foutre dans son pieu. Je voulais un mec cash, qui crache directement ce qu'il voulait. Je l'ai planté là et j'ai été voir ailleurs. Mais j'avais senti son regard sur moi durant toute la soirée. Je m'étais retournée lorsque je dansais sur la piste, que je buvais un verre au bar, que je discutais avec un mec... J'avais l'impression qu'il m'épiait, qu'il me suivait. Je me faisais des idées, je devenais quasi parano et j'avais décidé de ne pas y prêter attention. Je m'étais saoulée à n'en plus marcher droit et une espèce de connard m'avait poussé jusque dans la remise du club avant de s'attaquer à mon soutien-gorge. Je n'avais même pas pu voir son visage, ni ses yeux couverts d'une paire de lunettes de soleils qui lui donnait l'air d'une mouche. J'avais l'impression d'avoir un monstre qui me déshabillait. Toutes les lignes étaient floues, tout autour de moi bougeait sans que je ne puisse arrêter ce tourbillon infernal et lorsqu'il s'attaqua à mon string, j'eus peur pour la première fois de ma vie.

-AU SECOURS ! AU SECOURS !

-Ta gueule pouffiasse !

Il m'avait giflé. J'avais ravalé mon cri et un goût de larmes m'était monté en pleine gorge. J'allais me faire violer, comme ça, dans la remise d'un club. Tel était le destin des allumeuses de service dont j'avais décidé de faire partie. Mais ce n'était pas ce que je voulais, ce n'était pas comme ça que je voulais oublier. Je m'entêtais à vouloir sombrer dans l'ivresse d'un orgasme tout ça pour me rassurer, me dire que j'étais attirante, que je menais la danse... Mais en vérité, j'étais passive, je ne contrôlais rien. Et lorsque j'allais me laisser aller à souffrir, à hurler, à subir une agression dans cette espèce de cave poussiéreuse, comme une vulgaire pute. J'avais fermé les yeux, incapable de me débattre et au moment même où une paire de mains glacées m'avait agrippé les hanches d'un coup sec, une voix que j'avais entendu une heure auparavant me fit l'effet d'une bouée de sauvetage en plein océan.

-Quelle honte d'abuser d'une femme.

-T'es qui toi !? Va te faire voir connard !

-Ouh, mais c'est qu'il ne plaisante pas le p'tit violeur. Bon, deux solutions, ou tu te rhabilles et je te casse la gueule en préservant un peu ta dignité, ou je te fous à terre avec le pantalon baissé et tu passes pour une fiotte impuissante. Ton choix ?

-TU VEUX JOUER AVEC MOI ENCULE !? VIENS LA, JE T'ATTENDS !

J'avais entendu des bruits, des cris étouffés, des coups de poings et des essoufflements. J'étais incapable d'ouvrir les yeux, trop groggy pour réagir. Lorsque le silence revint, mon corps entier se souleva et je me retrouvai dans les bras de mon sauveur. Pour la première fois de ma vie, je m'étais surprise à rêver d'être une princesse. Je comprenais ces filles qui souhaitent un prince charmant, qui sont heureuses lorsqu'elles trouvent l'amour dans les bras d'un homme. Itachi a été l'élément déclencheur de mon changement. J'ai voulu tout arrêter, arrêter d'ouvrir mon lit, mes jambes, à d'autres hommes. Je ne voulais plus qu'Itachi, je voulais qu'il me voit autrement qu'une fille facile qui ne veut rien d'autre qu'un coup de bite. C'était la première fois que j'étais amoureuse. Et pour la première fois de ma vie, je me suis mise à être jalouse de toi Sakura... Parce-qu'avant moi, tu as connu ce sentiment, même si c'était avec un enfoiré de la trempe de Saï."

Elle s'était interrompue pour boire une gorgée et me regarda profondément. Ses yeux exprimaient comme du regret mêlé à de l'envie. Depuis longtemps, j'avais pensé qu'Ino n'accordait que peu d'importance aux autres, aux relations humaines et encore moins aux hommes. Mais je me trompais. En fait, elle y accordait tellement d'importance qu'elle était obligée de camoufler ça avec des relations purement charnelles qui n'aboutissaient à rien. Un élan de tristesse menaça de me faire monter les larmes aux yeux et, sur le coup, j'avais dû faire un effort considérable pour ne pas laisser échapper quelques perles translucides.

-Mais Itachi n'a jamais oublié qui j'étais réellement.

"J'étais toujours la pétasse que j'étais au début, peu importe à quel point j'essayais de changer. J'étais toujours une faible femme qui ne résiste pas à l'appel d'un homme. Il n'y avait pas de différence et même lorsque je croyais qu'il m'aimait, qu'il voulait passer à autre chose, qu'il voulait voir en moi celle que j'étais vraiment, il me brisait mes espoirs en me rappelant que je n'étais qu'une catin.

-Tu sais Ino, je ne t'oblige pas à coucher uniquement avec moi, je sais que tu apprécies la diversité.

Cette petite phrase avait brisé toute ma volonté d'être autre. Je n'avais même plus envie de fournir des efforts inutiles pour changer mon image et j'ai hésité des milliers de fois à revenir à celle que j'étais à l'époque, celle qui ne souffrait pas de cette addiction débile qu'est l'amour. Mais à chaque fois que j'avais cette résolution en tête, la scène de la remise, du viol, d'Itachi me prenant dans ses bras me revenait en tête. Je ne voulais pas revivre ce cauchemar, me retrouver à nouveau dans cette situation sans savoir quoi faire. Alors, j'ai continué à vivre au crochet d'Itachi pendant tout ce temps, à espérer qu'il puisse m'aimer ne serait-ce qu'un peu. Même si il me voyait encore comme une Marie-couche-toi-là, tant que j'avais un semblant de son affection, j'étais heureuse. Simplement, cet homme n'aime personne, pas même sa propre mère.

-Elle m'insupporte. Toutes les femmes sont les mêmes, faibles, si faibles.

Mikoto, quant à elle, ne me supportait pas parce-qu'elle pensait que je n'étais qu'une pute refoulée. Elle n'avait pas tort, mais elle n'a pas encore tout dit. Et lorsque j'ai su que tu sortais avec Sasuke, j'ai été confrontée à un dilemme. Je voulais te mettre en garde Sakura. Itachi n'a de considération que pour une personne : Sasuke. Ce mec là idolâtre son frère au point de se foutre complètement du reste si c'est possible. Dès qu'une personne entre dans la vie de Sasuke, il faut qu'elle se frotte à Itachi. Si jamais elle montre de la résistance, Itachi l'élimine. Si elle est docile, si elle représente le genre de femmes qui ferme sa gueule, qui constitue l'idée qu'Itachi se fait d'une femme, alors il la laisse tranquille. Si tu avais embrassé Itachi ce soir là Sakura, tu serais encore avec Sasuke, enfermée dans un engrenage infernal à te demander comment tu en es arrivé, par amour, à être à la botte du "Dieu tout puissant". D'un sens comme d'un autre, tu aurais été malheureuse et je n'ai pas su comment t'aider, je ne pouvais pas savoir ce que tu aurais préféré. Pour ma part, j'ai abandonné et toi Sakura ?"

L'air grave, elle n'avait pas détourné le regard. Je comprenais mieux maintenant tout le manège d'Itachi. Ce mec aimait avoir le contrôle, matait les femmes comme on dresse un chien à donner la patte et à obéir docilement. Si pour garder Sasuke il avait fallu que je m'abaisse à ça, qui sait ce que j'aurais pu faire ? D'un autre côté, même après cette révélation, je ne savais pas comment j'aurais réagi en sachant ça plus tôt. Amour ? Ou indépendance ? Le choix était injuste. J'avais toujours pensé qu'aimer était un acte libre et choisi, mais il est clair que dans certains cas, c'était tout autre chose.

Ino vida son verre et le poussa sur le côté. Elle attrapa son sac et je devinai que la conversation était terminée. Au moment où elle esquissa un geste pour se lever, les mots qui me brûlaient la langue sortirent sans que je puisse réfléchir.

-Je suis désolée Ino... de t'avoir haïs... sans savoir tout ça.

La jeune femme était restée interdite quelques instants avant de se fendre un petit sourire et de se lever. Ses yeux bleus brillaient comme jamais et j'eus l'impression de voir passer, pendant un quart de seconde, un voile brumeux sur ses iris.

-Tu es une fille bien Sakura. Nous n'avons juste pas la même philosophie toi et moi. Je pensais n'aimer que moi, mais j'avais tord. Quand à toi, tu as tord de ne pas t'aimer assez et de faire passer les autres en priorité. Oublie Sasuke, c'est ce que tu as de mieux à faire. Ce mec n'aime qu'Itachi et ça, tu ne pourras rien y changer.

Ses dernières paroles sonnaient comme un ultime conseil avant qu'elle ne franchisse la porte. Elle avait raison, je le savais. Et même si mon cœur s'obstinait à vouloir croire qu'un miracle était possible, ma raison effaçait progressivement le visage de Sasuke de ma mémoire. Je devais tourner une nouvelle page Docteur, le dernier volet de mon histoire.

Je n'avais même pas fait attention au nouveau client qui s'avança jusqu'à ma table.




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