Fiction: Une putain de vie sentimentale. (terminée)

Sakura, un divan, un psy, une vie sentimentale étonnamment compliquée. Si Sakura va souvent avec Sasuke, elle est passée par Saï, par Itachi ou encore par Naruto. Et ouais, et verdict ? Pas un pour rattraper l'autre. C'est quand elle croit avoir trouvé le bon, qu'elle se rend compte qu'il n'est finalement qu'un con.
Classé: -16I | Drame / Romance | Mots: 115079 | Comments: 118 | Favs: 85
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Beverlyy (Féminin), le 15/08/2012
:D Une fic que je dédis totalement à Hanahi (ou encore l'amûr de ma vie, un chamallow rose trop génial qui voulait du rose, de l'amouuur, de la Love&life bref ! Une fic quoi 8D).

L'histoire est en partie tirée de mon expérience personnelle (oui j'ai été plaquée sur un post-it un jour, pour la petite histoire et plein d'autres petites anecdotes que vous découvrirez !) :D

Bonne lecture !




Chapitre 16: Secret dévoilé, sauvetage orchestré.



Docteur, si vous saviez à quel point j'avais l'impression de m'être trompée sur toute la ligne.

J'étais conne de ne pas avoir pris les mises en garde de Sasuke au sérieux. Toute cette histoire dépassait l'entendement. C'était insensé, complètement fou. A vrai dire, je me faisais l'effet d'être la pauvre poire qui n'avait rien pigé au scénario. J'étais même en train de me demander si tout ça n'était pas qu'un rêve et que j'allais me réveiller dans mon lit au petit matin en soufflant de soulagement. Mais non. A croire que la réalité peut être votre pire cauchemar. J'étais bien au Nelly's, avec un bon verre de whisky dans le pif et m'excusant tant bien que mal auprès du serveur pour les dégâts. Sans demander mon reste, je balançai un pourboire sur la table avant de sortir prendre l'air, chose dont j'avais cruellement besoin. J'étais dans l'impasse... Dans une putain d'impasse.

Naruto... Je n'avais rien vu venir. Naruto était un tueur ? Et Tenten le faisait chanter pour se venger ? Ca partait trop loin... Beaucoup trop loin. J'avais l'impression d'avoir plongé dans la mare aux crocodiles tête la première. En somme, j'étais sortie avec le tueur de la sœur de Tenten, laquelle n'avait pas hésité à le laisser libre quelques temps avant de le rappeler à l'ordre et de délaisser Neji, son complice d'héro'. C'était complètement surréaliste ! Je me donnais des petites baffes à moi même pour me réveiller mais rien... Absolument rien n'avait changé. La situation étai la même : Je m'étais foutue dans un sacré pétrin. Il fallait que je réfléchisse, à tout prix.

Soit je m'en mêlais d'avantage, quitte à ouvrir les placards pour y dénicher quelques cadavres, sans jeux de mots et c'est ça le pire, soit j'abandonnais toute cette histoire et tournai définitivement la page Naruto. Et Sasuke dans l'histoire ? Et Hinata ? Et Ino ? Tout le monde autour de moi me semblait totalement contradictoire. Il était hors de question que je perde Sasuke pour Naruto, c'était totalement impensable ! D'un autre côté, je ne pouvais pas laisser Hinata trimer toute seule tout ça parce qu’elle était la bonté réincarnée. Quant à Ino, je doutais un peu de sa bonne foi mais... Sachant qu'elle était la cousine de Naruto, peut-être que le lien familial expliquait sa révélation surprenante. Vraiment Docteur, j'imaginai à quel point on m'attendait au tournant. Il fallait que je me décide et que je choisisse au mieux, sinon, je ne donnais pas cher ni de Naruto, ni des autres, ni de moi-même.

Et la drogue... Je craignais que Naruto n'y ait plongé le nez à vrai dire. J'avais peine à croire que ça pouvait être le cas, du moins lorsqu'on était ensemble. Je n'avais jamais vu une seule trace de piqûre, il n'avait jamais été en manque et, à moins qu'il ait eu une dose chaque jour, il aurait dû montrer des petits signes de manque, des changements d'humeurs ou des trucs du genre. Mais qui peut savoir exactement ? Après tout, Tenten avait l'air d'une salope de première mais n'avait pas la tronche de la junkie, plutôt de la demoiselle prétentieuse qui vise de hautes études à vrai dire. Tout ça me laissait entrevoir le pire et je ne savais même pas à qui en parler. Je savais qu'il fallait mettre Hinata au courant, mais je ne voyais pas la meilleure façon de faire. Devais-je l'emmener voir Inoichi pour qu'elle entende tout de vive voix ? Ou devais-je lui rapporter les révélations du père d'Ino ? Et même au delà de toutes ces interrogations, le plus dur restait encore la décision fatidique : Allais-je me lancer à corps perdu dans ce bourbier, quitte à mettre Sasuke à l'écart ? Ca, c'était définitivement le plus gros de mes dilemmes.

J'étais rentrée tant bien que mal, le vent glacial de la nuit me fouettant le visage à mesure que je traversai les rues désertes. Le temps de sa convalescence, on avait convenus avec Hinata que Neji dormirait à l'appart avec elle et que j'irai chez Mikoto. Cette dernière était d'ailleurs ravie de cette situation, pouvant profiter de m'habiller à sa guise, de regarder tous les derniers drames à la mode et de m'apprendre à cuisiner comme un chef. Cet échange ne me déplaisait pas non plus et me permettait de voir Sasuke plus souvent et plutôt la nuit. Je pouvais me glisser sous la couette et espérer une bonne nuit passée dans ses bras. Le seul hic était bien sur Itachi. Qu'il vienne pour profiter de sa chambre et d'Ino par la même occasion ou qu'il passe pour m'embêter et me tripoter les cheveux en jouant les dragueurs imbéciles, j'avais de plus en plus de mal à garder mon self control. En général, Mikoto intervenait pour lui signaler que la présence d'Ino sous son toit était aussi plaisante qu'une invasion de blattes, ce qui écourtait la conversation instantanément.

Arrivée sur le pas de la porte, j'entendis la dernière musique du célèbre chanteur Jiraiyamour, vous devez le connaître Docteur, il écrivait des bouquins avant et puis, il s'est lancé dans la chanson... D'amour évidemment. Mikoto était folle de ce chanteur, je devinais donc qu'elle devait être de bonne humeur. Et franchement, c'était peu dire. La maison brillait de mille feux, tant et si bien que je pense qu'une paire de lunettes de soleil n'auraient pas été du luxe. Je sentais une délicieuse odeur de pain tout chaud, et dès que j'eus claqué la porte, Mikoto déboula de la cuisine, sa petite robe de rendez vous toujours sur le dos et un tablier par dessus. Elle avait l'air folle de joie et m'attrapa pour me câliner le plus fort possible.

-Ma petite chériiiiiiiiiiie !

-Mi... Mikoto !

-Viens vite t'installer ! J'ai plein plein PLEIN de choses à te raconter !

-Ah... Euh... Oui, j'arrive.

Un peu déboussolée, j'avais été traînée jusqu'à la cuisine pour faire face à un vrai festin. Tout à coup, mon estomac se réveilla et la faim commença à se faire sentir. Elle me servit copieusement d'un peu de tout, m'installa et mit le reste de côté pour Sasuke qui devait rentrer plus tard d'un de ses concerts caritatifs. J'eus tout juste le temps de prendre une bouchée de purée que Mikoto me fit face, trop impatiente de me raconter sa journée.

-C'était fantastiiiiiiique !

Je repoussais mon assiette, plus avide d'en savoir sur le fameux rendez vous. Rien que cette entrée en matière laissait présager de la suite. Et puis, mettre de côté l'affaire Naruto histoire de cogiter un peu et de me calmer l'esprit n'était pas une mauvaise chose, bien au contraire. Je me reposais donc sur mes deux coudes, invitant Mikoto à poursuivre.

-On a ri ! Si tu savais comme on s'est amusés ! J'ai eu l'impression de retrouver mes vingt ans c'était merveilleux ! Shikaku m'a emmené au théâtre et je n'ai même pas eu besoin de lui dire à quel point je trouvais cette pièce ennuyeuse pour qu'il me traîne dehors et qu'il m'emmène dans un parc d'attractions avant de m'avouer qu'il avait le vertige sur les montagnes russes ! Ce fut toute une bataille de l'amener à essayer d'y monter à nouveau, mais qu'est-ce que j'ai pu rire ! On a vraiment passé une journée excellente ! Et puis...

"... On a aussi pu parler à nouveau ce notre passé.

-Ces montagnes russes ont bien failli me tuer !

-Tu aurais vu ta tête sur cet engin ? J'ai bien cru que tu allais t'évanouir !

-Oh mais ce n’était pas loin. J'espère que tu sais au moins réanimer quelqu'un !

-Je te rassure, pas du tout !

Notre journée s'était finie à la sortie du parc, près du lac qui le longe. Le décor était vraiment magique. J'avais l'impression de me retrouver dans un de mes films, à admirer le soleil couchant se refléter sur la surface de l'eau...

-Je suis heureux de t'avoir retrouvé Mikoto.

-Shikaku...

-Si tu savais comme j'ai eu mal pour toi lorsque j'ai su la vérité. Tu aimais beaucoup Fugaku n'est-ce pas ?

-... Pas plus pour les enfants que pour moi.

-Nous sommes d'accord sur ce point. S’il n'y avait pas eu Shikamaru, je pense que Yoshino et moi n'aurions pas été aussi loin.

-Tu l'as aimé ?

Il s'était tourné vers moi, se dessinant un sourire triste.

-Je l'ai aimé le jour de mon mariage, le jour de la naissance de Shikamaru... Mais je n'ai pas aimé la femme qu'elle est devenue. Autoritaire, cupide, écœurante. Elle n'aimait pas notre fils, ou pas autant qu'il aurait fallu. Je ne voulais pas pour autant qu'il soit privé de sa mère, donc j'ai tenu le coup. Et puis... Je t'ai rencontré pour la première fois. Tu te rappelles ?

-Comment pourrais-je l'oublier ? Tu es venu chez nous avec Yoshino et au moment d'entrer, tu t'es pris les pieds dans le tapis et tu as fait un vol plané jusque dans le séjour !

-Haha... Oui, on fait mieux comme entrée.

-Au moins, c'était quelque chose d'inoubliable.

-Tout comme toi.

Je m'étais arrêtée de rire pour le regarder pleinement. Il avait l'air le plus sérieux du monde et son sourire s'était dissipé. J'étais vraiment mal à l'aise à ce moment là... A la fois gênée et flattée.

-Shikaku tu...

-Je suis sincère Mikoto. Lorsque nous nous sommes rencontrés, la première fois, j'ai tout de suite été jaloux de Fugaku. Tu étais... Tu étais tout ce que je souhaitais. Belle, douce, affectueuse... Tout l'inverse de Yoshino qui devenait de plus en plus froide et amère. Je sais que je n'avais pas le droit de penser ça mais... Ce jour là, dès ce premier jour... J'ai rêvé de prendre la place de Fugaku. Je m'étais dit que peut-être j'avais fait une erreur en épousant Yoshino, en ayant un enfant avec elle... Même si Shikamaru est toute ma vie et que je ne peux pas m'imaginer une seconde sans ce gosse. Il me manquait l'amour d'une femme, l'harmonie d'un foyer, tout ce que Yoshino s'abstenait de m'offrir. Toi Mikoto, il ne me manquait que toi.

Je n'avais même plus la force de le regarder en face tant mon cœur s'emballait. Il m'avait pris la main et la serra délicatement dans la sienne.

-Dans d'autres circonstances, j'aurais pu être le plus heureux des hommes. Mikoto... Je sais que tout ça est précipité, dur à avaler et peut-être complètement fou mais... Je t'aime. Je t'aime comme un fou. Ton départ m'avait d'ailleurs rendu fou et lorsque Yoshino a osé me montrer une bonne fois pour toute à quel point elle se fichait de nos vœux, je n'ai eu qu'une envie, te retrouver et te dire enfin ce que j'ai sur le cœur depuis toutes ces années. Je ne veux plus garder ça pour moi, je ne veux plus errer comme une âme en peine. Je veux te rendre heureuse Mikoto... Je veux ton bonheur, ton sourire qui illuminera ma vie chaque jour, ta présence à mes côtés... Je... Je veux simplement t'exprimer à quel point je suis amoureux de toi... Mikoto...

Ma main s'était crispée. J'avais levé les yeux et il plongea son regard dans le mien avant de m'embrasser tendrement, de la manière la plus douce qui soit. J'avais la sensation d'avoir obtenu un baiser que je réclamai inconsciemment depuis tant de temps... Fugaku n'avait jamais été tendre avec moi, il ne m'avait jamais aimé de la sorte... Jamais. Et l'instant que Shikaku m'offrait me faisait me sentir vivante... Je revivais."

Mikoto s'était interrompue, plongée dans ses pensées. Un sourire attendri étira mes lèvres et j'inspirai une bouffée de bonheur. Elle semblait tellement heureuse, tellement... Vivante. Oui, vivante, c'était exactement ça. Elle reprit ses esprits et m'adressa un visage radieux avant de me servir un grand verre de limonade maison. J'étais si heureuse Docteur... La joie de Mikoto se répercutait sur moi et je ne pouvais que me réjouir qu'elle trouve enfin l'amour qu'elle attendait. Ce Shikaku... Dire qu'il l'aimait depuis tout ce temps. Mikoto avait toujours rêvé d'un grand amour à la Roméo et Juliette lorsqu'elle était plus jeune et elle avait pensé le trouver avec Fugaku. Les premiers jours sont toujours les plus doux, les plus radieux... Mais ce ne sont que les prémisses d'un avenir plus sombre. Et d'après ce que j'avais compris, Fugaku, passé les affres du mariage et les débuts insouciants, était devenu un mari dur, exécrable. Il s'était bien trouvé avec Yoshino. "Qui se ressemble, s'assemble" n'est-ce pas Docteur ? L'inverse est aussi vrai ceci dis. En tout cas, tandis que nous dégustions le véritable festin qui s'étalait devant nous et que Mikoto m'exposait les détails de ce rendez vous et les autres à venir, j'oubliais provisoirement que j'avais une décision à prendre... Et rapidement.

Mikoto s'était endormie une heure après alors que je peinais à trouver le sommeil. Pour m'occuper, j'avais été me mettre un des nombreux films romantiques que Mikoto entreposait dans sa bibliothèque et faisait un effort considérable pour ne pas pleurer devant les malheurs de Jennifer trompée par Brandon et sa cousine Angelica. Il ne me manquait plus qu'un bon pot de glace et j'avais le cocktail parfait du cliché de la pauvre célibataire qui compense un manque affectif le jour de la Saint Valentin. Lorsque Sasuke rentra, il s'arrêta net devant le portrait qui s'offrait à lui, jeta un coup d'œil à la télé et ne perdit pas de temps pour se moquer de moi.

-On dirait ma mère.

-Je prends ça comme un compliment !

J'avais éteint pour venir l'embrasser. Il avait l'air fatigué et j'en profitai pour lui réchauffer son plat tandis qu'il était parti ranger sa guitare. A peu de choses près, on aurait pu croire que j'étais prête pour le rôle d'épouse. Moi qui était limite féministe, quelle ironie ! Alors que je m'attelais à mettre la table, un bruit de pas m'indiqua qu'il revenait et je me dépêchais de tout mettre en place. Je sortis le plat du micro-onde, vérifia qu'il était assez chaud et m'apprêta à le déposer sur la table quand...

-Miss Saku ! Waouh, une parfaite petite femme ! Ne t'en fais pas, ton mari chéri est là !

Itachi me faisait face, un grand sourire désarmant sur le visage et je fis des efforts commensurables pour ne pas faire tomber l'assiette à terre. Il s'installa confortablement, attendant que je vienne le servir mais mes jambes refusaient de bouger. Peut-être plus par envie de ne pas répondre à ses attentes plutôt que par principe étant que cette assiette était destinée à Sasuke. Lorsqu'il entra, Itachi se leva, le prit sous son bras et vint lui frotter la tête comme un père taquinerait son fils. Limite affligée par le comportement exubérant de son frère, je posai l'assiette sur la table, à qui serait le premier à la prendre. Une main vint me pincer la joue et j'eus un mouvement de recul accompagné d'un frisson. C'était vraiment le genre de choses que je ne supportai pas.

-Ma p'tite Sakura est trop craquante ! T'as bien de la chance Bro' !

-Ino n'est pas avec toi ?

-Non, j'sais pas où elle est. Et puis j'm'en fous un peu, on n’est pas mariés.

-C'est pas la question Bro'.

-T'inquiètes ! Elle a dû aller dormir chez une copine... Ou un copain.

La désinvolture d'Itachi me dégoûtait. D'autre part, je devinais à quel point Ino devait être imbuvable par moments. Je me demandais aussi si elle continuait son libertinage. Après tout, ça n'avait pas l'air d'intéresser Itachi, pour mon plus grand malheur d'ailleurs puisqu'on aurait dit qu'il s'acharnait à jouer au copain-copain ami-ami avec moi. Sasuke, quant à lui, avait l'air de ne pas se préoccuper du comportement de son frère et il aurait pu même dire amen à chacune de ses paroles. Je me demandais à quel point il pourrait réagir si jamais j'insinuais qu'Itachi me cassait les pieds à jouer les pots de colle bisounours mais je me contentais de me taire. Après tout, j'acceptais Sasuke comme il était et visiblement, l'accepter voulait aussi dire accepter son frère. Peu importe après tout. Si Tenten avait bien réussit, j'étais capable d'en faire autant.... Même si moi, je n'avais pas la drogue pour me détendre et éviter d'avoir des envies de meurtre quand l'aîné n'arrêtait pas de vouloir me tripoter les cheveux en évoquant le fait qu'ils ressemblaient à un gros chamallow tout doux.

J'avais quitté la pièce avant qu'ils n'aient fini de dîner pour aller dans la salle de bain. J'avais mis une petite nuisette et était directement allée dans la chambre de Sasuke pour être sûre qu'Itachi ne me grille pas dans cette tenue. Lorsque Sasuke entra, j'étais au bord du lit à éteindre mon portable, sans même l'avoir remarqué, avant qu'il ne se mette à siffloter d'admiration. Confuse, je m'étais tournée vers lui et il me lançait un regard faussement impressionné.

-Laisse moi deviner, dans ton film, l'héroïne porte exactement la même tenue pour exciter son mari.

-T'es vraiment bête... Mais si ça te déplait, j'ai qu'à mettre une combinaison de plongée !

-Hey, ça peut être sexy tu sais.

-T'en as d'autres des comme ça ?

-Tu me connais, je suis intarissable.

-Ah, alors tu as autre chose à me dire ?

-Oui.

Il s'était approché, m'avait tendu la main pour que je me lève. Une fois debout, il me prit le visage et m'embrassa langoureusement. Le contact de ses lèvres fit picoter les miennes et plus que du bonheur, un sentiment de soulagement s'emparait de moi chaque fois qu'il me faisait la démonstration de son amour. Je me fichais qu'il ne me le dise pas de vive voix, qu'il soit un peu asocial sur les bords et qu'il ne me couvre pas d'éloges ou de poèmes, je savais exactement à quel point ce qu'il ressentait était profond à chaque instant où je partageais un moment d'intimité avec lui, loin d'Itachi et de ce mal être qu'il me procurait ou même loin du reste du monde. Dans la chambre de Sasuke, je trouvais la sérénité qui me manquait lorsque tout allait mal et que les ennuis revenaient à la charge. C'était mon havre de paix, mon petit paradis et plus que tout parce qu’il le partageait avec moi.

Lorsque Sasuke s'endormit après notre démonstration d'amour, me tenant toujours dans ses bras, je contemplais le plafond, fatiguée mais incapable de m'abandonner au sommeil. Malgré sa présence, notre moment de bonheur à deux et cette envie de conserver ces instants sans me soucier du reste, je n'arrivais pas à me résoudre à abandonner. Naruto était ce qu'il était mais je ne voulais pas laisser ces secrets, ce jeu de manipulations et ces drames en suspens. Et même, au delà de ça, c'était Hinata qui comptait. Je savais à quel point elle voulait découvrir la vérité après ce que lui avait raconté Neji. Après tout, c'était normal et, la connaissant, son bon fond y était pour beaucoup. Je n'avais pas le droit de jouer les égoïstes tout simplement parce-que Sasuke pesait dans la balance. J'avais jeté un coup d'œil à son visage, endormi, paisible. Toutes les nuits depuis quelques temps, j'avais pris l'habitude de le contempler. Il semblait si innocent, si doux... En somme, tout ce qu'on ne soupçonnerait pas à le connaître simplement de l'extérieur. J'allais devoir le mettre à l'écart de toute cette histoire, l'heure n'était pas à l'hésitation et il fallait foncer. Une fois cette histoire réglée, je pourrais reprendre le court paisible de notre histoire, comme si rien ne s'était passé. Avec cette résolution en tête, je me calais un peu plus contre lui et sentis ses bras se resserrer autour de moi. Je pensais du plus profond de mon cœur : "Pourvu que tout se passe bien, que tout se termine enfin".

J'avais attendu la fin du week end pour donner rendez vous à Hinata au Nelly's. Sasuke était de toute façon trop occupé à suivre Itachi partout et, à défaut d'être un peu triste de ne pas le voir la journée, je refusais de supporter le grand frère et ses petites attentions trop prononcées. J'avais carrément l'impression, par moments, qu'il se foutait de ma gueule. Littéral Docteur, je pouvais presque l'entendre murmurer "petite conne, petite conne, hahahaha". Je sais, je me faisais des films, mais il me foutait tellement mal à l'aise qu'en sa présence, je crois bien que mon cerveau se déconnectait. Mikoto, quant à elle, passait le week end avec Shikaku et j'imaginais des retrouvailles romantiques, un grand lit aux pétales de roses et le sourire radieux de cette dernière. Cette pensée avait suffit à me donner du courage lorsque, le dimanche matin, avant d'appeler Hinata, je m'étais aperçu que Mikoto avait découché. Sasuke n'avait d'ailleurs pas compris les petites allusions que je lui lançai lorsque j'évoquais la possibilité que Mikoto se soit trouvé un petit ami et je m'étais amusée à le taquiner. C'est lorsque Lundi matin arriva que j'eus un mal fou à me décrocher un sourire. Sasuke était parti de bonne heure et au moment de me préparer à rejoindre Hina, une mauvaise surprise m'attendait.

-Hello Miss Saku !

-Itachi...

-En personne, pour te servir princesse !

Il se tenait devant la porte de la salle de bain, vêtu d'une simple serviette de bain et je détournai le regard pour lui faire comprendre à quel point il pouvait être exubérant à se balader quasi à poil devant la copine de son frère. Ca ne semblait pas le gêner car il resta devant moi, une main appuyée sur le mur, une position digne d'un clip de Kevin Loveur. Abandonnant l'idée de prendre une douche, je fis un geste pour retourner dans la chambre de Sasuke, chercher mon déo et des fringues propres, lorsqu'il me prit une mèche de cheveux pour l'observer minutieusement.

-Quel shampooing tu utilises ?

-... Hein ?!

-Oui, moi j'ai des fourches, ça me soule ! Un mec aux cheveux longs c'est vraiment quelque chose !

- Dis-moi Itachi... Tu ne serais pas... Gay ?

Je me tournai vers lui, l'air sceptique et il m'observa deux bonnes minutes avant de se mettre à rire aux éclats. Je devais vraiment avoir l'air con mais c'était la première chose qui m'était venue à l'esprit lorsqu'il m'avait demandé la marque de mon shampooing. Quand je vous disais que mon cerveau se déconnectait lorsqu'il était dans les parages, ce n'était pas des mots en l'air. Il s'arrêta de rire pour se tenir le ventre et reprendre sa respiration.

-Pffou, t'es meilleure qu'une salle de gym pour les abdos ! C'est pour ça que tu m'évites ?

-Pardon ?

-Oui, t'es p'tètre homophobe, ça arrive !

-Non, non, pas du tout ! Ma sœur est bien lesbienne...

-Ouais, pas logique ! Mais je comprends mieux pourquoi tu me fuis.

-Ah...?

-T'inquiètes princesse, j'mange pas de ce pain là ! Et puis Ino n’est pas franchement ce qu'on pourrait appeler un mec.

-Non... C'est vrai mais...

-T'sais, je t'aime bien.

Il avait sorti ça le plus naturellement du monde en tripotant toujours la mèche de mes cheveux qu'il tenait en main. D'un coup, il me semblait plus... humain. Moins déluré, plus lucide. Je ne saurais dire Docteur mais ça m'avait ôté d'un poids. Peut-être que je m'étais trompée sur son compte. Il avait l'air de jouer les imbéciles pour attirer ma sympathie... Mais je préférais grandement quand il jouait les mecs posés et matures. A vrai dire, je lui trouvais même un certain charme sur le coup ! Ou du moins, je comprenais pourquoi Ino le trouvais attirant. Il était plutôt... Cool si on enlevait ses agissements puérils lorsqu'il me voyait.

-Tu veux prendre un bain avec moi ?

Ou qu'on enlevait aussi ce genre de remarques déplacées accompagnées de clins d’oeil appuyés. Le gratifiant d'un regard exaspéré, je le remerciais avant d'aller me préparer. Lorsque j'allais fermer la porte de Sasuke, j'aurais juré qu'il avait sourit tendrement comme s'il taquinait une petite fille en bas âge. Décontenancée, je m'étais enfermée dans la chambre et avait appelé Hina pour l'annoncer que j'aurais un peu de retard.

J'étais arrivée au Nelly's tant bien que mal, profitant qu'Itachi soit dans sa chambre à écouter à fond je ne sais quel groupe de rock, je m'étais faufilée jusqu'à la porte et avait quitté l'appart' discrètement. Lorsqu'Hina me vit arriver, elle m'accueillit avec un énorme câlin avant de me passer le coca qu'elle avait commandé pour moi. Elle avait l'air fatiguée et j'imaginais à quel point s'occuper de Neji devait être épuisant. Après m'avoir fait un débriefing sur les quelques jours qu'elle avait passé de l'appart' à l'hôpital, elle m'annonça avec un sourire que ça irait mieux maintenant que Neji pouvait marcher, doucement certes, mais normalement et sans béquilles. Soulagée, je me réjouissais qu'Hina puisse prendre un peu de repos une fois que toute cette histoire serait derrière nous. Après lui avoir raconté comment j'arrivais à tenir le coup avec le duo de frères et comment Mikoto avait rencontré l'amour, je passais immédiatement à ce qui nous intéressait, le cas Ino. Lorsque j'eus fini de lui rapporter mots pour mots ce que la blonde m'avait révélé, Hina se rongea nerveusement l'ongle du pouce.

-Sa cousine...

-Oui, et visiblement, son père sait toute l'histoire.

-Pourquoi ne t'a t-elle pas tout raconté alors ?

-On parle d'Ino. Je pense qu'elle a voulu me faire la tactique du cheval et de la carotte. Elle devait savoir que je n'en parlerais pas à Sasuke et que j'irai secourir la veuve et l'orphelin.

-Saku... Tu sais, je comprendrais si jamais tu ne voulais pas...

-Hina ! On en a déjà parlé et j'irai jusqu'au bout, même si je dois rendre des comptes à Sasuke. J'aimerai que ce ne soit pas le cas et que toute cette histoire reste entre nous mais je ne te laisserai pas tomber sur ce coup. Nous sommes meilleures amies, pas vrai ?

-Ou... Oui... Tu as raison, Saku.

Motivées, nous avions fini notre verre rapidement et avions filé jusqu'au centre ville. Trouver la boutique d'Inoichi ne fut pas chose facile. A vrai dire, il y avait bien trois agences immobilières et le seul indice qui nous mis sur la piste fut lorsqu'Hina remarqua un homme avec des cheveux étonnamment longs et blonds. Avec ça, aucune chance de se tromper, c'était bien le père d'Ino, ça ne faisait aucun doute. Dès que la dernière cliente sortit de la boutique quelques minutes plus tard, un dossier rouge sous le bras, nous étions entrées pour nous retrouver seules avec Inoichi. Il nous regarda un bon instant avant de se dessiner un sourire aimable et de s'avancer vers nous, bombant le torse sous sa chemise impeccablement repassée.

-Mesdemoiselles ! Que puis-je faire pour vous ? Etudiantes ? Besoin d'un petit appart' ?

-Monsieur... Yamanaka ?

-Lui-même, pour vous servir !

-Bonjour, je m'appelle Sakura et voici Hinata. Nous... nous voudrions vous parler. Avez-vous deux minutes ?

-Bien sur ! Je suis à votre disposition ! Une demande de logement ? Une envie particulière ? J'ai un charmant petit loft dans le centre ville qui viens de se libé...

-Naruto. Nous voudrions vous parler de Naruto.

Inoichi se figea, son teint devint blême et il perdit son sourire d'entrepreneur pour nous regarder fixement. Je sentais Hinata mal à l'aise et je la comprenais. Le silence pesant qui s'était installé me persuadait presque de me sauver à toutes jambes sans demander mon reste. Mais ce n'était pas le moment. Lorsqu'on veut vraiment savoir, il faut affronter bien pire qu'une atmosphère étouffante.

-Je savais que ce jour viendrait...

-S'il vous plait monsieur Yamanaka... Nous avons besoin de savoir.

-Oui... Bien sur oui... Suivez-moi dans l'arrière boutique. Samui ! Occupe-toi de l'accueil s'il te plait !

Une jeune femme aussi blonde qu'Inoichi vint prendre la relève tandis qu'il nous conduisit à l'arrière de la boutique. Un genre de salon mondain ouvert sur l'extérieur nous coupa le souffle et Inoichi nous invita à nous asseoir dans l'un des canapés de cuir. Intimidée, Hinata se fit toute petite en contemplant le paysage et j'entrepris d'aider Inoichi à préparer du thé. Il agita une petite bouteille de whisky devant moi et me sourit d'un air triste.

-Il va m'en falloir.

Une fois installée, il avait bu d'une traite une bonne dose de son mélange et nous considéra un instant avant de souffler longuement. J'imaginais à quel point ce devait être dur pour lui de nous déballer une histoire pareille. Hinata croisa les mains devant elle, l'air inquiet et Inoichi lui avait souri.

-Allons jeune fille, ne faites pas cette tête. Le hasard est quelque chose qu'on ne maîtrise pas. Alors comme ça, vous voulez savoir ? J'imagine qu'Ino n'a pas abandonné l'idée d'aider son cousin même après toutes ces années. Il faut dire qu'ils étaient très proches à cette époque...

"Ino et Naruto n'avaient que neuf ans, je m'en rappelle comme si c'était hier.

-Naruto ! C'est toi le chat !

-Pfeeew... Pourquoi toujours moi ?

-Parce-que c'est la rèèèèèègleuh !

-Gnagnagnah...

-Allez ne boude pas ! Ou sinon, je dirais à Rin que tu es amoureux d'elle !

-Comment tu sais !?

-Hihi, tu as écrit son prénom avec pleins de petits cœurs dans ton cahier de français !

-...

-NARUTO A LES YEUX BLEUS, IL EST AMOUREUX ! OUH OUH !

-CHUUUUUUT !!! Si ça se trouve elle est...

-Coucou Naruto !

-AAAAAaaaah... Cou... Coucou Rin...

A l'époque, nous habitions dans un petit village. Tous les parents d'enfants se connaissaient. J'étais très amie avec mes voisins, les parents de Tenten et Rin. Tenten était une fille plutôt discrète, toujours dans l'ombre de sa grande sœur Rin. Elles se ressemblaient beaucoup mais, bien sur, Naruto connaissait mieux Rin qui était une fille de son âge.

-Naruto ? T'es tout rouge... T'as de la fièvre ?

-Non... Non... Je... C'est pas ce que... euh...

-Riiiiiin ! Naruto il est AMOUREUX !

-Ino !!

-Oooooh ! C'est vrai ? De quiiii ? De quiiiii Naruto ?

-Je... euh bah... euh...

-Moi je sais ! Moi je sais !

-Ino ! Chut !!

-Oh non, Ino dis moi ! Je garderai le secret !

-Hihihi... Il est amoureux de TOI !

-De... moi ?

-Ino !!!

-Hihihihi !

-Ne l'écoute pas elle... elle dit n'importe quoi...

-Naruto... Tu veux bien être mon amoureux ?

-Que... Keuwah !? Moi !? Je... Mais ! Oui ! Je veux !

-Hihi ! Alors à partir d'aujourd'hui, on est amoureux, d'accord ?

-Oui... Rin...

C'était attendrissant. Je me rappelle que le père de Naruto, Minato, disait qu'il parlait tout le temps de Rin. J'ai pu m'en rendre compte en fait. Il passait souvent de longues journées chez moi à jouer avec Ino. Il faut dire qu'on habitait qu'à quelques centaines de mètres alors bon... Tout ce que je sais c'est qu'un jour, Minato a dû s'absenter pour le boulot. Comme il s'occupait seul de Naruto depuis la mort de sa femme Kushina, il m'a demandé de m'en occuper. Bien sur, je n'y voyais pas d'inconvénient et puis Ino était toujours contente d'accueillir son cousin à la maison. Sauf qu'un soir, Ino et lui se sont trop éloignés du village. Il y avait une falaise pas très loin, une sorte de corniche qui surplombait un ravin. Il était interdit d'en approcher d'habitude mais ce soir là, trop occupé à organiser le barbecue avec les parents de Tenten et Rin, nous avions laissé les quatre sans surveillance durant une demi heure quand...

-PAPA ! PAPA !!

Ino était en larmes et courrait vers moi comme une folle. A ce moment précis, j'ai su qu'une catastrophe était arrivée...

-Ma chérie ! Qu'est-ce qu'il y a ?

-C'est... c'est... Naruto...

-Naruto !?

-Il a... il a poussé Rin... Rin elle est... elle est tombée...

Nous avions tous couru jusqu'au bord de la falaise et nous avions trouvé Naruto, à genoux, en état de choc, à quelques centimètres seulement du précipice. Tenten était en larmes, elle hurlait à n'en plus pouvoir. Je m'étais penché et une masse informe était empalée sur un rocher, comme complètement disloquée. C'était un spectacle atroce... Rin n'était plus qu'un pantin désarticulé, une chute mortelle avait suffit à la mettre en pièces...

Les parents de Rin étaient effondrés. La mère est morte de chagrin et d'une santé fragile et le père est devenu alcoolique. Tout ce que je sais, c'est qu'après que la police ait conclu à un homicide involontaire dû au jeune âge, à un tragique accident en somme, Minato a déménagé au plus vite. J'ai fait de même. Je ne supportais plus l'image de cette falaise, du corps de Rin en pièces, au fond du gouffre. D'après Ino, Naruto n'avait pas fait exprès. Rin s'était un peu trop approchée du bord malgré les recommandations des autres et Naruto qui avait voulu la ramener pour qu'elle ne tombe pas a fait un faux mouvement et le drame s'était produit. Mais allez faire comprendre ça aux parents... ou pire encore, à Tenten. Elle a assisté à la mort de sa sœur aînée, à cet âge là. Je n'ai plus de nouvelles d'elle, mais j'imagine qu'elle n'a toujours pas digéré ça."

Inoichi s'était interrompu, l'air grave. Je n'osais même plus ouvrir la bouche tant j'imaginais le calvaire qu'avait dû vivre Naruto... Et également Tenten. Tout s'expliquait, elle n'arrivait pas à pardonner, elle ne le pouvait pas. Elle s'était droguée pour oublier, avait eu raison de Neji pour avoir un soutien à ses côtés. Elle était démunie, elle avait tout perdu ce jour là et plus les événements s'étaient enchaînés, plus elle avait eu envie de se venger. Tout paraissait clair... horriblement clair. Hinata esquissa un geste qui capta notre attention et elle s'adressa sans ciller, sans bégayer, d'une voix forte que je ne lui connaissais que rarement à Inoichi.

-Monsieur, avez vous une idée d'où peut-être Naruto à l'heure actuelle ?

-Et bien... J'ai l'adresse de son appartement mais...

-Non, je veux dire, s’il venait à disparaître, où irait-il ?

-Je pense qu'il irait là où tout s'est déroulé.

-Au village n'est-ce pas ?

-Oui jeune fille, absolument.

- Pouvez-vous... nous indiquer la route ?

-Bien... Bien sur ! Je vais vous accompa...

-Non Monsieur Yamanaka. Vous avez une boutique à tenir et puis, même sans ça, vous nous avez déjà énormément aidé. Nous voulons aider Naruto à surmonter ça. Ce n'était qu'un accident, c'est injuste qu'il en souffre autant.

Inoichi resta muet pendant quelques instants avant de se lever pour prendre un morceau de papier et un stylo afin de gribouiller quelques mots. Lorsqu'il tendit le morceau de papier à Hinata, je m'étais levée, prête à me mettre en route. Inoichi ne lâcha pas Hinata du regard et lui fit un grand sourire.

-Vous êtes une jeune fille remarquable. Je le sens, vous êtes quelqu'un de bien mademoiselle.

-Merci beaucoup...

Nous avions quitté l'établissement. Une fois sur la chaussée, Hinata sortit l'adresse et commença à lire l'adresse à voix haute lorsqu'une moto passa à toute allure et la faucha de quelques centimètres. Si elle s'était avancée un peu plus, le crash aurait été inévitable. Le motard fou continua sa course sans même s'arrêter et j'hurlai des injures peu élégantes à l'homme casqué. Cette journée s'annonçait vraiment éprouvante et lorsque midi arriva, je ne pus me résoudre à avaler quoi que ce soit. Si Naruto se trouvait bien là bas, Tenten devait y être aussi. Le secret avait éclaté et, anxieuse, je me demandais jusqu'où Tenten pourrait aller.

Nous avions entrepris d'aller jusqu'à la gare et de prendre le premier train pour le village de Larmenpeine. A peine devant le bâtiment, une voiture grise s'arrêta à notre hauteur et la vitre teintée se baissa. Neji était au volant et nous fis signe de monter. Comme il gênait la circulation on eut d'autres choix que de prendre place avant de laisser exploser notre indignation.

-Neji ! Tu ne devrais pas prendre le volant dans ton état !

-Je sais ce que je fais Hinata. Vous savez où les trouver ?

-Comment tu sais que...

-Le barman du Nelly's est mon pote. Il vous a entendu.

-Neji, c'est de la folie ! Tu ne vas pas te réembarquer là dedans...

-Sakura, pense ce que tu veux de moi. Je suis un drogué, un putain de débile, mais j'ai ma part de responsabilité là dedans.

-... Tu l'aimes encore ?

-Au point de conduire à deux cents à l'heure avec une cheville fragilisée.

Hina et moi avions échangé un regard inquiet avant de nous résigner. Neji avait l'air plus déterminé que jamais et je n'aimais pas vraiment la tournure que prenait les choses. S’il s'en mêlait, Dieu seul sait comment Tenten pourrait réagir. Avait-il eu sa dose ? Serait-il capable de se maîtriser ? Autant de questions qui me mirent une boule au ventre tandis que la voiture avalait des kilomètres en direction du fameux village. En une heure, nous étions arrivés dans ce qui nous semblait être un amas de maisons désertées. Il n'y avait pas âme qui vive.

La voiture s'arrêta enfin, et sortir à l'air libre me fit le plus grand bien. Pour calmer son stress, Neji avait fumé clope sur clope tout au long du voyage et mes poumons semblaient s'être encrassés comme si je fumais moi même depuis des années. A peine avais-je foulé le pied que l'herbe sèche craqua, émettant un bruit sinistre qui semblait être celui d'un os que l'on broie. Ce village avait tout du village fantôme. Il y avait en tout et pour tout sept maisons, plus ou moins grandes, réunies aléatoirement au détour de chemins rocailleux. Les bosquets étaient devenus secs, plus aucune fleur ne poussait. Les herbes folles étaient tellement sèches qu'on aurait dit qu'un incendie avait ravagé la végétation. Le calme régnait, seul un piaillement ou le bruit d'un criquet se faisait entendre. J'avais vraiment la mauvaise sensation que ce village était maudit, hanté et que les anciens habitants étaient partis le plus vite possible pour une terre meilleure. Hinata partageait visiblement mon opinion tant son regard scrutait les alentours. Peu convaincue de mon propre courage, j'ouvris la marche et m'engageait à l'entrée du sentier, suivie par mes deux comparses.

Un film d'horreur. Vraiment Docteur, je jouais un rôle d'un mauvais film d'horreur et m'attendait à chaque instant à me faire attaquer par un violeur psychopathe ou une armée de zombies. Je crois bien que je n'étais pas la seule à avoir mes sens en alerte, je sentais Hinata et Neji aussi tendus que moi et ça me confirmait que les films que je me faisais n'étaient pas aussi surréalistes qu'on pouvait le croire. Nous avions passé la seconde maison aux murs constellés de touffes de mousse verte lorsqu'une ombre contourna la façade pour venir se coller devant nous. Nous avions tous les trois poussé un cri d'effroi avant d'avoir un mouvement de recul qui failli nous mettre à terre.

-Eh bien eh bien eh bien, que vois-je là ?

-Vous... vous...

-Qu'est-ce que vous avez à me regarder comme ça ? Je sais que je suis vieille mais tout de même pas laide à faire peur !

Une vieille dame nous faisait face, un panier en osier sous le bras. Elle avait les cheveux couleur ciment coiffés en un petit chignon qui ressemblait plutôt à un champignon qui lui poussait sur la tête. Avec un rire rauque, elle tapota son panier avant de reporter son attention sur nous. Son regard était perçant, désarmant, comme si elle était une jeune sorcière dans un corps de vieille femme desséchée. Le mythe de la reine dans Blanche Neige me vint tout de suite en tête.

-Qu'est-ce que vous faites là mes enfants ?

-Nous... Nous cherchons un garçon blond avec les cheveux en épis et une fille coiffée avec deux...

-Macarons. Quelle coupe ridicule d'ailleurs !

Elle pouvait parler avec la sienne.

-Oui, j'ai été surprise de les voir occuper la dernière maison ! Ca remonte à plusieurs semaines déjà. J'ai pensé à des squatteurs... Boah, de toute façon, plus personne ne vient ici. Moi j'y reste pour finir mes vieux jours tranquillement... Et aussi élever ma horde de lapins. Ils adorent les herbes du coin, pourtant vu leur tête, on pourrait penser qu’elles sont aussi bonne que des orties.

-Vous êtes la seule à habiter ici ?

-Plus maintenant j'imagine. Boarh, je ne suis plus qu'un vieux pruneau maintenant, la solitude ne me dérange pas. Et puis, j'ai la famille de Pinpin pour me tenir compagnie. Mais ces deux jeunes... Ils n’avaient pas l'air de jeunes fiancés si vous voyez ce que j'veux dire. En même temps, qui voudrait venir ici pour s'envoyer en l'air avec un excité des roubignoles ?

-Et vous... Vous savez ce qu'ils font de leurs journées ?

-Pwah ! J'vais pas fourrer mon nez là dedans. En tout cas, ils doivent y aller sec vu qu'ils ne sortent pratiquement jamais ! La dernière fois, j'ai vu la donzelle sortir pour aller jusqu'à la falaise et revenir ! Même pas un bonjour, quelle petite malpolie ! Si j'étais sa grand mère, il y a longtemps que je lui aurais foutue une rouste !

La vieille se tint le dos avec une expression de souffrance. Ses lombaires sans doute. Elle nous indiqua la maison la plus éloignée d'un de ses doigts fripés s'en alla en claudicant jusqu'à la barrière de la troisième demeure.

-Et après ça, disparaissez ! Ici, il y a des gens qui sont morts et qui aimeraient se reposer en paix. Bientôt, ce sera sûrement mon tour et je ne veux pas crever en entendant des jeunes libidineux organiser une orgie à l'autre bout du village.

J'avais regardé Neji et Hinata qui semblaient aussi choqués que moi avant de repartir de plus belle vers la dernière maison. Plus on avançait, plus les lieux semblaient abandonnés. Les gravats étaient carrément entre piqués de petites touffes d'herbes naissantes et les bâtissent étaient de plus en plus délabrées. Une fois arrivés, la façade nous laissait deviner des briques rouges sous les lierres qui cavalaient le long de la gouttière et une porte en bois massif qui avait prit l'humidité. Je considérais Neji un instant, comme pour le dissuader de défoncer la porte mais il ne prit même pas la peine de se tourner vers moi et fonça par deux fois contre le bois qui céda facilement, n'ayant même plus de jointures pour tenir en place. Une odeur de renfermé nous assaillit et j'eus une envie grandissante de vomir. Après une dernière bouffée d'air frais, nous étions entrés.

Le mobilier était couvert de poussière, les fauteuils étaient pourris, le sol était couvert de crasse et seule la cuisine semblait avoir été à peu près rangée et nettoyée. Les murs semblaient noirs tant la peinture s'était transformée en une sorte de pâte gluante mêlée à tout un tas de résidus en tous genres et l'escalier qui menait au premier étage semblait aussi solide que la corde d'un funambule amateur. Sans même avoir le temps de réfléchir, un bruit de chaise renversée se fit entendre à l'étage et nous grimpâmes les marches deux à deux pour nous retrouver face à ce qui semblait être la chambre principale. La porte était ouverte et laissait voir un bazar incommensurable entourant un vieux lit défait où Naruto était attaché. Son regard se tourna directement vers nous et ses yeux s'ouvrirent à un tel point que j'eus cru qu'ils sortiraient de leurs orbites. Mais notre attention était portée sur la jeune femme qui tenait une énorme seringue entre ses doigts, le bras levé, prête à donner un ultime coup d'aiguille. Je n'entendis même pas Neji hurler son prénom, Hinata crié à s'en époumoner qu'un craquement retentit derrière moi.

Deux secondes plus tard, je fus poussée à terre tandis que Tenten donnait le coup final.




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