Fiction: Une putain de vie sentimentale. (terminée)

Sakura, un divan, un psy, une vie sentimentale étonnamment compliquée. Si Sakura va souvent avec Sasuke, elle est passée par Saï, par Itachi ou encore par Naruto. Et ouais, et verdict ? Pas un pour rattraper l'autre. C'est quand elle croit avoir trouvé le bon, qu'elle se rend compte qu'il n'est finalement qu'un con.
Classé: -16I | Drame / Romance | Mots: 115079 | Comments: 118 | Favs: 85
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Beverlyy (Féminin), le 15/08/2012
:D Une fic que je dédis totalement à Hanahi (ou encore l'amûr de ma vie, un chamallow rose trop génial qui voulait du rose, de l'amouuur, de la Love&life bref ! Une fic quoi 8D).

L'histoire est en partie tirée de mon expérience personnelle (oui j'ai été plaquée sur un post-it un jour, pour la petite histoire et plein d'autres petites anecdotes que vous découvrirez !) :D

Bonne lecture !




Chapitre 15: Le passé est loin d'être un présent.



Ses bras, son parfum, le contact de sa peau... Je vivais un rêve Docteur. J'avais l'impression que je n'étais pas encore réveillée lorsque je vis Sasuke, endormi, son visage paisible tourné vers moi. Il n'avait pas desserré son étreinte, pas même lorsque nous avions fini notre jeu d'amour. La scène avait duré encore, et encore, jusqu'à ce que je réalise où j'étais. J'étais dans la chambre de Sasuke... Dans le lit de Sasuke... Dans ses bras et, plus encore, dans son cœur. Cette pensée suffit à me transporter de bonheur tandis que j'émergeai d'une soirée plus que magique.

A notre retour, Mikoto m'avait sauté dans les bras pour m'étreindre et proclamer à qui voulait l'entendre que j'étais désormais sa fille à titre quasi officiel. Hinata avait lâché quelques larmes de joies et je m'étais empressée de la remercier pour ce cadeau unique. La fête avait durée jusqu'à une heure avancée de la nuit lorsque Sasuke me prit par la main pour m'emmener à l'écart de tout ce monde. Je n'eus même pas le temps de recevoir le clin d'œil que m'envoyait Hinata que je me retrouvais propulsée, en un quart de seconde, au pays des merveilles. Le décor avait changé, il n'y avait plus que lui... et moi. Il m'offrait son plus beau cadeau, le plus bel anniversaire que je pouvais espérer.

Son gémissement me sortit de mes pensées. Il ouvra doucement les yeux et, lorsqu'il put voir que j'étais réveillée, vint m'embrasser tendrement avec un sourire.

-Bonjour...

-Bien dormi ?

-Avec toi dans mes bras, je ne pouvais que faire de beaux rêves.

J'avais souri, à moitié amusée. Je n'aurais jamais cru entendre Sasuke me dire ça un jour, c'était une facette de lui que je n'aurais pas soupçonnée. Comme on dit, "il faut le voir pour le croire". Mais, si je voyais une chose, c'était combien cet instant m'emplissait de bonheur. Je ne voulais plus quitter le monde de douceur qui m'accueillait dès que j'entrais en contact avec sa peau. A chaque baiser, à chaque étreinte, je plongeais un peu plus dans un univers de rêves qui m'en faisait oublier le temps qui passe. C'était Sasuke, c'était toujours lui, mais je pouvais pleinement savourer le plaisir d'être à ses côtés. Je ne me mentais plus à moi même Docteur. En cet instant précis, j'aurais pu crier, hurler au monde à quel point je l'aimais, sans que rien ne me retienne. Je pouvais tout envoyer valser, j'étais comblée de bonheur, un bonheur insolent que j'assumais pleinement.

-Tu as cours aujourd'hui ?

-Non, mais je dois accompagner Itachi faire une course.

-Ah ?

-Oui, je crois que c'est pour Ino.

Ce nom m'arracha une moue méprisante et Sasuke le nota d'un sourire.

-Tu es plus jolie au naturel.

-C'est une phrase que j'ai entendue trop souvent.

-Mh.

-C'est le matin qui te rend si peu bavard ?

-Que voudrais-tu que je te dise ?

-Je ne sais pas, improvise !

Je continuais à le taquiner, amusée, lorsqu'il me prit le visage des deux mains pour y plonger son regard dans le mien. D'un seul coup, mon sourire avait disparu et mes joues s'étaient embrasées. Ces yeux... Cet air à la fois si sérieux, concentré, déterminé... Toutes mes pensées s'embrouillaient, toutes les fibres de mon corps s'engourdissaient et il n'y avait plus la moindre importance en dehors de lui... Lui seul comptait... Seulement lui...

-C'est l'heure de la clope.

-...Hein !?

Il m'avait plantée là pour rejoindre la fenêtre, fier comme un Pape de m'avoir piégée de la sorte. J'enrageais sur le matelas en lui criant dessus tandis qu'il riait comme un gamin. J'étais heureuse... Notre complicité était toujours là. L'amour se mariait avec notre amitié, notre duo continuait quoi qu'il arrive. Je ne voulais plus d'un amour aux allures de perfection comme m'avait offert Naruto, je ne voulais plus de toute cette tendresse à la fois merveilleuse et surréaliste. Je voulais que Sasuke reste lui même, qu'il continue à être ce mec désinvolte aux allures de voyou qui ne rechigne jamais à m'envoyer deux ou trois vannes bien placées, à la seule différence qu'il y plaçait entre-temps quelques mots d'amour. C'était tout ce qu'il me fallait, ni plus, ni moins.

Sasuke était parti après sa clope, un dernier baiser aux vapeurs de tabac qui n'en demeurait pas moins doux et un signe de main vers mon portable posé sur la table de nuit. Le temps que je l'attrape, il avait déjà déserté la chambre. Le voyant rouge me signalait que j'avais reçu un texto et un grand sourire s'étala sur mon visage lorsque les quelques mots apparurent sur l'écran.

"Je t'aime. - Sasuke".

Même écrit, je pouvais entendre sa voix me le déclamer. "Je t'aime", ces deux petits mots qui veulent tout dire, tout résumer et qui, une fois prononcés, ont le merveilleux pouvoir de vous emplir de joie. A cet instant, personne ne pouvait gâcher mon bonheur, non Docteur, personne.

J'étais sortie de la chambre, à peu près coiffée et vêtue d'un tee-shirt de Sasuke. A peine avais-je fermé la porte que Mikoto apparut devant moi pour venir me prendre les mains et m'offrir un sourire radieux.

-Ma chérie ! Comment vas-tu ce matin ? Oh tu as l'air fatigué, enfin, avec une soirée pareille, tu m'étonnes ! Allez suis-moi ! Je t'ai préparé un bon petit déjeuner ! J'avais prévu de te laisser le déguster avec Suke-chou mais cette espèce d'andouille tenait à accompagner Tachi-chou pour offrir un cadeau à cette peste ! Non mais vraiment ! Un cadeau ! Et puis quoi encore !? Mieux vaut lui offrir un cerveau, c'est ce qui lui manque le plus à cette greluche ! Allez hop ! Oh et il faut que je te prête des vêtements, tu ne vas pas reporter cette robe aujourd'hui ! Non non, aujourd'hui j'ai décidé de t'emmener faire un peu de lèche vitrine ! J'ai toujours rêvé d'une journée mère-fille et là, je vais pouvoir réaliser ce vieux rêve ! Oh et j'ai prévenue ton amie Hinata ! Elle m'avait dit qu'elle allait voir son cousin à l'hôpital, ce pauvre jeune homme blessé... Donc tu n'as pas d'objection dis-moi ?

-Je... Oh mais bien sûr que non Mikoto, je serais ravie de passer la journée avec vous, vous êtes vraiment trop gentille...

-Oh mais voyons ! Ne dis pas de sottises ! C'est moi qui suis ravie ma chérie ! Tu es tellement adorable, je suis si contente que Suke-chou soit tombé sur une vraie petite perle ! Allez, mange donc ! Je t'ai préparé des croissants, des tartines, une salade de fruits, un bon jus d'oranges pressées et un café bien chaud ! Il faut que tu sois en pleine forme aujourd'hui ! Nous allons écumer le centre commercial ! Bon, je vais te chercher de quoi t'habiller ! Je dois avoir une jolie robe à ta taille dans mon armoire !

Sur ce, elle avait quitté la cuisine d'un pas léger, un sourire éclatant aux lèvres. Elle m'avait préparé un festin de roi ! Le plateau débordait de toute part et je ne su même pas par où commencer tant tout me semblait délicieux. J'étais profondément touchée, en fait Docteur, je crois bien que Mikoto était la mère dont j'avais toujours rêvé. J'enviais Sasuke d'un côté, mais j'étai si heureuse qu'elle me considère comme sa fille. A vrai dire, je ressentais la même chose, un sentiment tellement fort et naturel que je ne voyais pas comment je pouvais considérer Mikoto autrement que ma propre mère. C'était la belle mère rêvée, n'en déplaise aux Ino et autres Tenten.

Elle me prêta un jean et un débardeur turquoise après que j'eus fini mon bol de café. Avec un cri enjoué, Mikoto découvrit avec bonheur que nous faisions la même pointure. Elle cherchait hâtivement une paire de ballerines et m'en prêta des blanches ornées d'un petit nœud. Tous ses vêtements étaient à son image : Mignons et tellement féminins. Pour tout dire Docteur, on avait exactement les mêmes goûts et notre virée shopping me le confirma de plus bel. Mikoto m'arrêtait dans toutes les boutiques pour me faire essayer tenues sur tenues. Quelques fois, elle essayait les mêmes et ne pouvait s'empêcher de nous prendre en photos comme si nous étions deux sœurs jumelles. Chaque fois qu'elle sortait son appareil, je ne pouvais m'empêcher de sourire à pleines dents tant cette complicité aurait pu faire baver d'envie les filles du monde entier. Les gens autour de nous devaient se poser des questions, peut-être trop habitués à voir une fille et sa mère se disputer pour un rien plutôt que passer des moments d'allégresse comme les nôtres. Et plus la journée avançait, plus Mikoto continuait à s'amuser comme une folle, trop heureuse d'avoir à sa disposition une fille avec qui discuter, une petite poupée à habiller ou encore une sorte d'amie avec qui rire pleinement.

Notre virée s'acheva avec une bonne dizaine de sacs chacune, un bon verre de glace pilée aux fruits et l'immense sourire de Mikoto qui n'avait fait que s'étirer de plus bel au fil des heures que l'on avait passées ensemble.

-Ma chérie, j'ai passé l'une des plus belles journées de ma vie ! Je comprends pourquoi j'ai toujours rêvé d'une fille ! J'ai toujours été jalouse de mes amies qui avaient des filles alors que je n'ai eu que des garçons mais maintenant, je pourrais me vanter d'avoir la meilleure fille (ou belle fille) du monde !

-Oh... Mikoto, vous êtes une mère géniale vous savez et pour tout vous dire, je suis presque jalouse de la chance qu'a Sasuke de vous avoir... Vraiment.

-Ma petite puce ! Oh ne me dis pas ça, je suis émue... Tu es adorable ! Je suis tellement heureuse que mon fils ait trouvé une fille aussi formidable ! J'espère qu'il sera à la hauteur !

-Je suis sûre qu'il le sera !

-Il y a intérêt ! Sinon je ne lui pardonnerai pas !

Prenant son air faussement fâché, Mikoto se mit à rire de bon cœur et je l'imitai. Tandis que nous finissions notre glace en discutant du beau vendeur de Chiffons & compagnie, un homme s'approcha de notre table sans que nous l'ayons spécialement remarqué.

-Mikoto... C'est bien toi ?!

-Shi... Shikaku !

-Mince alors ! Mikoto... Ca fait si longtemps !

Shikaku était un homme grand, plutôt pas mal pour son âge, je lui aurais donné la quarantaine bien tassée. Il avait les traits durs et des cicatrices atypiques sur le visage. Cela n'enlevait rien à son charme ceci dit. Mikoto était resté interdite et j'observais d'un air inquiet la scène dont l'atmosphère avait soudainement changé. La tension était palpable et je comprenais pourquoi. Cet homme était le mari de Yoshino, l'amie de Mikoto avec laquelle Fugaku l'avait trompée. Cette histoire remontait à plusieurs années d'après ce que m'avait dit Mikoto, mais je me doutais que la plaie n'était pas totalement cicatrisée. A vrai dire, je doutais qu'on puisse guérir une blessure de cette ampleur même à l'aide de toute une vie et le visage pétrifié de Mikoto me le confirma.

-Oh... Bonjour mademoiselle. Shikaku Nara, enchanté.

Il m'avait tendu la main, me sortant aussitôt de mes pensées. Je la lui serrai sans trop savoir comment me comporter en pareille situation et sans détourner le regard de Mikoto.

-Sakura, enchantée.

-Shikaku qu'est-ce que tu... Qu'est-ce que tu fais là ?

Mikoto avait la voix qui tremblait. Apparemment, revoir un fantôme du passé, d'un coup, comme ça, n'était pas chose facile. A vrai dire, elle devait être aussi troublée que lorsque Neji avait ressurgi ce soir là après de longues semaines sans nouvelles des protagonistes de mon malheur. Décidée à les laisser seuls, je m'étais levée pour céder ma place à Shikaku et m'approcha de Mikoto pour lui déposer un baiser sur la joue. Elle avait réagit avec un peu de retard, trop bouleversée pour me retenir et je quittai le centre commercial, à la fois inquiète et pensive. Mikoto était forte, oui, mais à quel point ?

J'étais retournée à l'appartement, la gorge serrée. Mikoto devait être en pleine discussion avec ce Shikaku et sans doute, le sujet Fugaku avait été remis sur le tapis. Je m'étais promis de passer voir Mikoto en soirée pour savoir ce qu'il s'était dit avant de m'affaler sur mon lit, passablement épuisée de ma journée. Au moment où je fermais les yeux pour me reposer, mon portable sonna, m'obligeant à me relever et à fouiller dans le bazar de mon sac. Au bout d'une minute à retourner mes affaires, je pus répondre et la voix d'Itachi au bout du fil me cloua sur place.

-Coucou Miss Sakura !

-Itachi...?!

-En personne, pour te servir princesse ! ... Oh Bro', je déconne avec ma belle sœur, j'ai le droit non ?

Savoir que Sasuke était avec lui me rassura et je me détendis. Je n'avais pas confiance en Itachi, un mauvais pressentiment m'en empêchait et l'admiration exacerbée de Sasuke y était sûrement pour beaucoup. Au bout d'une bonne minute de dispute fraternelle, Sasuke reprit le combiné et entendre sa voix me fit le plus grand bien.

-Désolé, il m'a piqué mon portable pour organiser une p'tite soirée au club. Ca te tente ?

-Ah... Oui, oui bien sûr. Il y aura qui ?

-Nous trois, Hinata... Ino... Et Neji, il peut sortir ce soir de l'hôpital mais Hinata ne veut pas le laisser seul dans son état.

-Oh... Mh je vois... Dans ce cas, je vous rejoindrai un peu plus tard, le temps de... de me préparer.

-Sakura ? Ca ne va pas ?

-Pou... Pourquoi tu dis ça ?

-Tu sais, si c'est Neji, tu n'es pas obligée de...

-Non ! Non non ce n'est pas ça mais... Oh ! Ca sonne ! Je dois y aller, je vous rejoins tout à l'heure au club ! Je t'aime !

J'avais raccroché immédiatement pour que Sasuke n'ait pas le temps de répondre. C'était en partie Neji qui m'effrayait, je l'avoue Docteur, mais j'avais surtout besoin de voir Mikoto, c'était le plus important. Je voulais m'assurer qu'elle avait pu rentrer chez elle et qu'elle n'était pas trop bousculée par les événements. Je m'étais habillée le plus vite possible d'une petite robe noire et simple, le genre passe-partout pour pouvoir rentrer en boîte sans problème plus tard. Le temps de chausser ma paire de talons, de m'attacher les cheveux et de prendre mon sac, je me trouvais au pied de mon immeuble, portable en main, à entendre la voix enjouée de Mikoto sur son répondeur. Perchée sur ma paire de Louboutins, je traversai les quatre longues avenues qui me séparaient de chez Sasuke en manquant par trois fois de me tordre la cheville. Arrivée devant la porte, je sonnai par trois fois pour être sûre que Mikoto réponde et lorsque la porte s'ouvrit, ce que je vis Docteur, je vous assure que je ne m'y attendais pas.

-Oh ! Ma chérie ! Entre donc !

-Mi... Mikoto ? Vous allez bien ?

-Mais pourquoi ça n'irait pas ? Viens t'installer, j'étais en train de finir une fournée de cookies ! Ils sont tous chauds !

Avant même de pouvoir protester, Mikoto s'était précipitée dans la cuisine, me laissant plantée là. Je l'entendais chantonner un genre de ballade romantique et une fois entrée dans la cuisine, elle ne se retourna même pas vers moi. Elle était totalement différente, tout sonnait faux chez cette Mikoto. Sa joie n'était pas celle qu'elle affichait d'habitude, son sourire était crispé, ses gestes maladroits. Par trois fois, elle faillit faire tomber un des cookies qu'elle mettait dans le plat par terre. Au moment de me servir une assiette, j'avais décidé de lui parler directement de Shikaku, sans prendre de pincettes, mais je n'eus même pas à démarrer les hostilités que le plat se brisa en mille morceaux.

-Oh... Oups... C'est... J'ai fait tomber... tomber le...

-Mikoto...

Elle s'était mise à pleurer, un débris de faïence en main et quelques gouttes de sang qui perlaient à son doigt. C'était la première fois que je voyais Mikoto pleurer et c'était comme si on me piétinait le cœur à grands coups de talons aiguille. Je m'étais accroupie, lui avait prit le morceau de l'assiette brisée des mains pour l'en débarrasser et lu avait enfermé son doigt blessé à l'intérieur de ma paume. Nous étions restées là, accroupie au milieu de la pièce, des cookies en miettes éparpillés tout autour de nous, en train de pleurer en cadence. Je ne sais plus combien de temps, je sais en revanche qu'après ça, Mikoto ne m'avait pas lâchée et continuait de m'étreindre comme si c'était moi qui avais eu un chagrin. Je n'avais jamais autant ressenti le plaisir d'avoir cette mère qu'en cet instant malgré ses larmes qui m'étaient insupportables.

Il restait assez de cookies pour qu'on puisse en grignoter quelques uns chacune et une bonne tasse de café après, Mikoto se décidait à tout me confier.

-Shikaku... Je ne l'ai pas vu depuis tellement de temps... Des années et des années...

-Depuis votre mari...

-Oui ma chérie... Depuis que Fugaku m'a trompée.

"Après que tu es partie ma chérie, Shikaku a commencé à évoquer nos souvenirs. J'étais vraiment mal à l'aise et il l'avait remarqué puisqu'il a vite écourté le côté nostalgique pour crever l'abcès.

-Mikoto... Je suis désolée.

-Pourquoi dis-tu...

-Pour Yoshino... Et Fugaku.

Entendre son nom... Après tout ce temps... C'était comme... Comme me plonger un pieu dans le cœur, comme me poignarder aussi fort et violemment que possible... J'avais songé à partir en l'instant, quitte à être grossière, mais il m'a attrapé le poignet et...

-Tout est de ma faute, je ne suis qu'un crétin. S'il te plait Mikoto... Laisse-moi tout t'expliquer...

-C'est du passé Shikaku... C'est du pa...

-Mikoto ! Non, ce n'est pas ce que tu crois. C'est ma faute... entièrement ma faute.

-Tu dis n'importe quoi ! C'est... C'est Fugaku qui a... Avec ta femme et tu... Et je ne t'ai rien dit, je me suis contentée de partir... Je suis désolée Shikaku mais je ne veux plus parler de...

-Je n'aimais plus Yoshino ! Depuis des années !

Je ne comprenais pas. Il semblait amoureux de sa femme... Je connaissais Yoshino depuis des années ma chérie, crois moi et je savais que Shikaku était le seul à pouvoir supporter son caractère bien trempé et qu'il l'aimait comme un fou. Je n'avais même pas voulu lui avouer que Fugaku avait fait un truc pareil, je m'étais dit que j'allais lui briser le cœur et je me suis contentée de partir sans rien dire. J'ai viré Fugaku, vendu notre appartement et je me suis installée autre part, sans rien dire.

-Shikaku, tu plaisantes... Ce n'est pas drôle tu sais...

-Ca n'a rien de drôle Mikoto. Je n'aimais plus Yoshino ! Plus rien n'avait de sens, elle ne m'aimait pas et j'aimais dans le vide ! Un beau jour, je me retrouvai avec Shikamaru devenu un ado de quatorze ans et j'apprenais que Yoshino s'envoyait en l'air avec Fugaku depuis des années ! Je ne savais même pas que vous étiez divorcé, je n'ai rien vu ! J'ai simplement cru que vous aviez déménagé et que Yoshino allait de temps à autre te voir mais rien de plus... Quand j'ai appris ça... Mikoto, je ne pouvais rien te dire... Je pensais que... Oh et puis merde ! Mikoto, je t'aime ! Je t'aime depuis des années ! Des années et des années où je te voyais avec Fugaku ! Et quand j'ai vu Yoshino dans ce lit, avec Fugaku... J'ai tout de suite compris ! J'ai compris pourquoi tu étais partie, pourquoi Yoshino s'absentait en prétextant aller te voir sans jamais m'inviter à venir comme à l'époque... J'ai été si con, si crétin ! J'ai voulu attendre, pour Shikamaru... Mais il est très intelligent ce gosse, même petit il m'épatait. Et il a tout vu, il savait tout avant tout le monde. Lorsqu'il me l'a avoué, tout a été clair dans mon esprit ! Il fallait que je te retrouve Mikoto, que je t'en parle, que je vide mon sac ! Mais je ne savais même pas où tu étais, je ne savais même pas où chercher... Je n'ai pas désespéré ! Durant cinq ans, je me suis mis en tête de te retrouver ! Et c'est Shikamaru qui a retrouvé la fac où ton fils Sasuke allait. Il a bien grandi, je l'ai aperçu il y a quelques temps à une terrasse avec la jeune fille aux cheveux roses qui vient de partir d'ailleurs. Mais je n'ai jamais osé venir chez toi, j'avais peur que tu réagisses mal, que tu me jettes dehors ou pire ! Oui, je plaisante mais... Crois-moi Mikoto... Je suis sérieux. Je t'aime depuis tellement longtemps que te le dire maintenant, comme ça, en t'ayant croisée par hasard dans ce centre commercial, me donne l'impression de m'ôter d'un énorme poids sur le cœur.

Après ça, je n'ai même pas pu dire le moindre mot. J'ai pris mon sac et je suis partie le plus vite possible avant que les larmes ne surviennent."

-Oh... Oh mon Dieu...

-C'est exactement la manière dont j'ai réagi ma chérie... Et je ne sais plus... Plus du tout où j'en suis...

-Mikoto...

-Pourquoi...? Pourquoi faut-il que...

-...Que le passé me rattrape ?

Mikoto m'observa quelques secondes avant de me faire un sourire triste. Nous étions toutes les deux dans le même bateau. Le passé... Quoi de plus étrange que le passé Docteur. On se dit que c'est fini, que la page est tournée, que le passé n'est qu'un recoin de notre esprit où on entasse les vieilleries, les souvenirs, les peines et les joies. C'est une sorte de grenier, de remise où on n’entre jamais... Seulement, lorsqu'il ressurgit, d'un coup, sans prévenir, alors vous découvrez à quel point les vieilleries, les souvenirs oubliés peuvent bouleverser votre présent. Docteur, je sais que vous savez exactement ce qu'est cet effet dans le domaine de la psychologie et je ne vous demanderai pas de jargon médical incompréhensible, tout ce que je peux vous dire, c'est que Mikoto méritait d'être heureuse après toutes ces épreuves et je le pensais plus que quiconque.

-Si Shikaku vous aime autant Mikoto, donnez-lui une chance, une seule.

-Mais il est... Yoshino... Et Fugaku...

-Oubliez Yoshino ! Fugaku encore plus ! Ils ne veulent rien dire, ne sont pas là à présent ! Mais Shikaku, lui, il est là. Il vous a cherché, il a vécu la trahison autant que vous et plus que tout, il vous aimait aussi lorsque vous étiez encore mariée à Fugaku.

-Oui mais... Ma chérie...

- De quoi avez-vous peur ? Soyez même simplement amis. Ca a dû être épouvantable de partir d'un coup, de ne plus voir votre entourage, de vous débrouiller avec Itachi et Sasuke... Mais malgré tout, vous êtes resté une femme merveilleuse, gentille, adorable et Dieu sait combien j'aurais aimé avoir une mère comme vous... Mikoto, vous avez le droit au bonheur et Shikaku peut vous l'apporter.

Elle s'était remise à pleurer et à m'enlacer, faisant échouer ses larmes sur mon épaule. J'avais entrepris de l'aider à aller jusqu'à sa chambre pour qu'elle se repose. Il lui fallait une bonne nuit de sommeil et ses cernes en témoignaient. Elle avait dû s'occuper l'esprit comme elle pouvait depuis qu'elle était rentrée pour ne pas se remettre à pleurer et je constatai que le parquet était tellement ciré qu'il m'aurait fallu des semelles antidérapantes pour ne pas risquer de tomber à la renverse. Une fois en pyjama, elle m'avait embrassée une dernière fois avant d'ouvrir la porte de sa chambre pour s'y enfermer. Avant qu'elle ne soit totalement close, un murmure se fit entendre et je m'étais retournée en l'instant pour faire face à une porte fermée.

"Je ne suis pas une bonne mère."

J'aurais juré avoir entendu ça avant que Mikoto ne ferme totalement sa porte. Mal à l'aise, je quittai l'appartement, passai le couloir et m'engouffrai dans la rue sombre jusqu'au club.

Il y avait une queue d'enfer et ça m'en dissuadait encore plus de rejoindre la petite troupe. Neji n'était pas forcément le problème majeur, mais le duo Itachi / Ino avait le don à lui seul de me faire appréhender la soirée. En somme, je n'y allais que pour Hinata et Sasuke, ça s'arrêtait là. J'hésitai à sortir mon portable pour leur dire que je ne venais pas lorsque le gros videur noir de la dernière fois me fit un signe de loin me disant d'approcher.

-Hey ! La miss !

-Moi ?

-Oui ! J'me rappelle de toi ! T'es une pote à Dei'Bro nan ?

-Dei'Bro... Ah oui, Deidara ?

-Ouais ! Vas y passe, t'es une V.I.P., on m'a prévenu de ton arrivée.

-Oh... Euh eh bien merci.

-Pas de quoi ! Hey, et si t'es intéressée, j'te file mon numéro.

-Haha... C'est gentil mais j'ai déjà un copain.

-Ouais j'm'en doutais, belle comme tu es ! Allez, fais-le pas attendre.

-Merci euhm... Votre prénom c'est ?

- Appelle-moi beau-gosse !

-Haha ! Ca marche, B-G.

Il avait au moins eu le don de me faire rire et, le cœur un peu plus léger, j'entrai dans le club, au milieu de la foule qui dansait à n'en plus pouvoir. Après avoir soufflé comme pour essayer de vider mon esprit, je m'engageai au milieu de la piste pour atteindre le bar tant bien que mal. A peine sortie du troupeau agglutiné au centre du club, j'atterris à deux mètres de la grande table ronde où se trouvaient Sasuke, Hinata, Neji assis dans un fauteuil roulant et le couple infernal. Itachi fut le premier à me voir et secoua énergiquement le bras dans ma direction.

-Ohé ! Miss Sakura !

-Oh Saku' ! Tu arrives à temps, Sasuke allait finir la bouteille de Vodka pomme ! Ta préférée !

-Hinata, cafteuse.

-Hihi ! Viens t'asseoir Saku, y'a une place à côté de Sasuke !

Neji n'osait pas trop me regarder et Ino, trop occupée à se prélasser dans les bras de son copain ne prit même pas la peine de me dire bonjour. La place en question ne m'arrangeait pas. J'étais à côté de Sasuke, certes, mais également à côté d'Itachi. Je m'étais assise de façon à être tournée vers Sasuke en permanence mais même ce subterfuge ne prit pas et Itachi me prit dans ses bras par derrière, me faisant un câlin digne d'un bisounours en folie. Ino, mise de côté, me fusillait du regard.

-Nyaaaw ! Les cheveux de Miss Saku sont les plus doux !

-Ita... Itachi.

-Bro, fais gaffe je te surveille !

-Ooooh boude pas petit Brother !

-Mais je ne boude pas !

-Alors tu ne vois pas d'objection à ce que je lui fasse un groooos câlin ?

-...

-MOI J'Y VOIS UNE OBJECTION ! A quoi tu joues chéri !?

- Ino, calme-toi, je plaisante ! Aucun sens de l'humour, c'est bien une blonde ça...

-JE NE TE PERMETS PAS ! Puisque tu l'aimes tant, tu n'as qu'à sortir avec !

-Mh... C'est une idée ! Mais Brother ne serait pas d'accord !

J'avais envie de me faire hara kiri sur place. Je suppliai Hinata du regard de me sortir de cet enfer et elle l'avait manifestement compris lorsqu'elle me demanda de l'accompagner aux toilettes. Itachi, voulant faire une blague de mauvais goût, insinua qu'il y ferait bien un petit tour lui aussi, histoire de m'aider à me "remaquiller", blague qu'Ino lui fit payer par des cris hystériques. Une fois devant la rangée de lavabos, Hinata me tapota l'épaule comme pour me donner du courage, courage dont j'allais vraiment avoir besoin.

-Il est insupportable...

-Disons qu'il est assez excentrique... Surtout quand tu es là.
-J'ai l'impression qu'il veut me pousser à bout ! Non mais t'as vu à quel point il exagère ? Devant Ino... On dirait qu'il n'en a strictement rien à foutre.

-Et si c'était le cas ?

-Il n'a qu’à la larguer !

-Mh... Peut-être qu'il se sert d'elle ! Un peu comme Ten...

-STOP ! Pas un mot de plus.

-Saku...

-Tu as ton rouge à lèvres ? J'ai oublié le mien.

Alors que je me remaquillais, le regard sévère d'Hinata me parvint dans le miroir. J'essayais d'y échapper, mais pas moyen. Lorsque je m'étais retournée pour lui rendre son tube, elle m'attrapa par les épaules pour me regarder droit dans les yeux.

-Saku' ! Il va falloir qu'on parle. J'ai eu une conversation avec Neji et... J'ai décidé de m'en mêler.

-De t'en mêler...?

-Pour Naruto ! Je veux découvrir ce qu'il s'est passé !

-Hinata...

-Saku', j'ai besoin de ton aide.

-Non Hina... Tu ne peux pas me demander ça...

-Je te demande ça parce-que tu es ma meilleure amie et que je sais que je peux compter sur toi ! Ecoute, je sais que c'est dur pour toi après tout ce qu'il s'est passé mais si tu prenais la peine d'écouter Neji alors peut-être que...

-NON !

J'avais hurlé, me libérant de l'emprise d'Hinata. Je ne voulais pas affronter mon passé, je m'étais dit que je n'allais pas replonger et ça n'allait pas changer. J'étais enfin heureuse, j'avais tout ce dont j'avais besoin ! Pourquoi aller chercher les ennuis là où il n'y avait pas lieu d'en avoir ? Pourquoi Hinata insistait-elle à ce point ? Je me sentais limite trahie, comme si elle voulait que je quitte cet état de bonheur dans lequel je me trouvais. Je savais bien qu'elle n'était pas capable d'un truc pareil, mais dans mon esprit, il n'était pas question que je mette à nouveau mon nez là dedans.

Hinata m'adressa un regard déçu et haussa les épaules comme pour signifier qu'elle comprenait. Je voyais parfaitement à quel point je l'avais blessée et lorsqu'elle quitta les toilettes sans même un mot, j'eus l'impression d'avoir réagi sous le coup de la rancœur. Je n'avais pas encore digéré la souffrance que Naruto m'avait infligé, qu'elle soit volontaire ou non, la douleur était la même. J'étais sortie, avec la ferme intention de quitter le club sans même retourner à la table. Je n'avais déjà à la base pas envie de passer une soirée en compagnie de tout le monde, alors si même Hinata n'était plus de mon côté, ce n'était pas la peine. J'avais même abandonné l'idée de me rendre à l'appart', je ne voulais pas me retrouver dans une pièce vide. Une fois dans la ruelle, j'avais entrepris d'appeler Tayuya pour lui demander si elle pouvait m'héberger cette nuit lorsque mon portable se mit à sonner. Le numéro de Mikoto s'afficha.

-Allô ?

-Ma chérie... En fait je... Oh ca me gêne de te demander ça mais...

-J'arrive tout de suite... J'ai aussi besoin de parler et... d'une super maman.

Je devinais un sourire lorsqu'elle me demanda de faire attention sur le chemin. J'avais enlevé mes talons qui me bousillaient les pieds et marchais ou plutôt courrais pieds nus jusque chez Mikoto. Une fois arrivée, elle m'expédia sous la douche, me sortit une de ses jolies robes qu'elle gardait précieusement pour chacune de mes visites et mit un film à l'eau de rose après avoir préparé un énorme plateau télé. J'en avais profité pour tout lui dire, lui raconter à quel point mon passé ne voulait pas me laisser en paix. J'avais énoncé l'épisode du club avec un pincement au codeur à l'idée d'avoir repoussée Hinata de la sorte et Mikoto continuait à m'écouter tout en me tenant contre elle. Lorsque j'eus fini mon récit, je sentis une larme tomber sur mes cheveux et, sans même prendre la peine de lever ma tête, mes propres larmes vinrent rouler sur mes joues.

-Je ne suis pas une super maman ma chérie... Mais j'ai reçu les conseils d'une superbe fille : "Vous avez le droit au bonheur". Tu y as droit aussi ma chérie et ce n'est pas parce-que tu aides ton amie que tu prends le risque de ne plus être heureuse. Il faut te débarrasser de ce passé qui te pèse et n'en garder que l'essentiel : Tes souvenirs heureux, ceux que tu ne veux pas oublier.

-... Je suis désolée de vous parler de ça alors que...

-Ma chérie. Je vais suivre tes conseils, alors suis-les toi aussi. Savoir la vérité n'a jamais rendu malheureux... Je ne suis pas malheureuse de savoir que Shikaku m'aime... Je suis plutôt malheureuse de ne pas l'avoir su avant.

-... Vous n'êtes pas une super maman... Vous êtes la mère la plus merveilleuse au monde.

Nous avions pleuré jusqu'à en trouver le sommeil, l'une contre l'autre. Elle avait raison Docteur... Peut-être que si j'avais su la vérité avant, j'aurais été encore heureuse avec Naruto... La vérité n'était pas ce qui faisait souffrir, mais l'ignorance si. Je souffrais encore de cette blessure que Naruto m'avait infligée et m'en débarrasser ne serait qu'une bonne chose. Avec cette idée en tête, j'avais passé quelques jours chez Mikoto, sans prendre contact avec personne. Mon portable était éteint et j'avais aidée Mikoto à organiser un rendez vous avec Shikaku. Coiffure, tenue, maquillage... Tout avait été minutieusement préparé pour le jour J. Quant à moi, j'avais contacté Hinata le jour même pour lui fixer un rendez vous avec Neji au Nelly's, sans noter ses questions incessantes du style "Tu es où ?" - "Pourquoi tu es partie comme ça sans rien dire !?". Les explications étaient pour plus tard et il fallait maintenant que je me concentre sur l'essentiel : La vérité. J'allais aider Hinata, le plus possible ! Et c'est avec cette résolution, et un dernier commentaire d'encouragement à Mikoto qui s'apprêtait à retrouver Shikaku au théâtre que je prenais la direction du bar.

Neji et Hinata avaient pris la première table près de la porte et lorsque j'entrai dans le bar, mon amie se précipita sur moi pour m'enlacer le plus fort possible. Avec un sourire serein, je lui rendais son étreinte et elle se mit face à moi, l'air furieux.

-Je me suis fait du souci tu sais ! Tu avais le droit de refuser je ne t'en aurais pas voulu !!

-Chut Hina ! On en parle plus, on a des choses bien plus importantes à dire ! Notre objectif c'est de savoir la vérité sur Naruto ! C'est ce qu'on veut toutes les deux pas vrai ?

-Ou... Oui...

-Alors au boulot !

Avec un grand sourire, je m'étais assise en face de Neji qui n'osait toujours pas m'adresser un seul regard. Je commandai un café latte et attendis qu'Hinata prenne place à côté de moi pour commencer notre discussion.

-Neji, s'il te plait, regarde-moi. Je ne t'en veux pas pour la dernière fois. J'ai été... Surprise, ça c'est sûr. Mais c'est oublié, d'accord ?

Il se tourna vers moi, timidement et acquiesça. Son visage était ravagé par le manque de sommeil et même plus que ça. Il avait incroyablement maigri, exhibant des joues creusées à l'extrême. Ses yeux étaient soulignés de grands cernes violacés et son œil au beurre noir guérissait tant bien que mal. D'après ce que j'avais appris d'Hinata, il avait eu une belle entorse lors de la bagarre avec les deux voyous et utilisait un fauteuil roulant pour aider à la guérison plus rapidement. Il avait été salement amoché en somme. Lorsqu'il fut sûr d'avoir notre attention, il inspira longuement comme pour se donner du courage et entama les festivités.

-Je suis désolé pour ce que j'ai pu te dire Sakura. Ce n'est pas de ta faute, en rien. Tu sais, moi aussi j'ai débarqué dans cette histoire sans savoir où je foutais les pieds. Je n'ai jamais su ce qu'il s'est réellement passé entre Tenten et Naruto, tout ce que je sais, c'est que quand j'ai connu Tenten à un club... "privé", elle était déjà avec Naruto.

-Un club privé ?

-... Un club noir. Une arrière salle d'un club comme celui que vous avez ici mais à la différence qu'on ne consomme pas que de l'alcool. De l'héro... Entre autres...

-La drogue...

-Oui. A la base, je ne consommai pas mais j'accompagnai seulement un pote qui était à fond dedans. Forcément, j'étais tenté mais je me disais que je ne pourrais plus jamais en ressortir si je commençais.

"Et alors j'ai vu cette fille pleurer dans le fond de la pièce, devant un mojito...

-Hey Neji, qu’est-ce tu mates ? Prends une raie de coc', ça va te détendre.

-Non merci Kidoumaru. J'reviens.

Je m'étais levé pour aller m'asseoir à côté d'elle. Elle était belle... vraiment très belle avec ses yeux en amande, son teint de porcelaine... Une vraie poupée chinoise.

-Mademoiselle ?

-Qu'est-ce que... qu'est-ce que vous voulez ?

-Discuter. Pourquoi est-ce que vous pleurez ?

-Pah. C'est sans... sans importance.

- Excusez-moi d'insister mais j'ai l'impression que ça a de l'importance pour vous.

-Pour... Pourquoi vous dites ça ?

-Parce-que dans votre verre il y a plus de larmes que d'alcool.

Elle avait ri nerveusement avant de pousser son verre. Elle m'avait regardé, les yeux remplis de larmes et je ne sais pas comment l'expliquer... Je crois bien que j'avais eu envie de pleurer à mon tour tant elle semblait désespérée.

-Ma vie ne rime à rien... Je veux... Je veux en finir.

-Pourquoi ?

-A quoi bon. La raison importe peu...

-Je pense qu'elle importe beaucoup au contraire.

-... Elle est... Partie.

-Qui ? Qui est partie ?

-Je veux mourir... Je veux en finir...

-Pourquoi être venue ici alors ?

-Je m'étais dit... Que peut-être... Avec ça...

Elle m'avait montré une seringue et une petite dose de poudre blanche. Sur le coup, j'ai essayé de l'en dissuader mais... Les larmes, l'alcool, l'atmosphère étrange tout autour de nous. Je ne saurais comment l'expliquer mais je n'ai même pas réfléchi. Elle voulait oublier et j'avais envie de l'aider, de l'aider à se lancer. Et nous avions partagé notre première dose... et un lit accessoirement. On avait couché ensemble, à moitié défoncés et quelques heures plus tard, la deuxième dose était déjà en marche. J'ai su qu'elle "sortait" avec Naruto, mais elle l'a largué quelques jours après. Ce n'est pas pour autant qu'il était parti. Elle l'avait à l'œil, le reprenait quelques fois sans que je ne puisse dire quoi que ce soit. Lorsqu'on achetait nos doses, elle planquait la mienne pour être sûre que je ne me casse pas avec. En même temps, je n'aurais jamais pensé faire une chose pareille, j'étais... Enfin... Je l'aimais... Je l'aime toujours d'ailleurs... Et ce soir là, quand j'ai appris qu'elle me quittait, qu'elle reprenait Naruto... J'ai pété les plombs.

-POURQUOI LUI !? NE SUIS-JE PAS CELUI QUI T'A AIDE A OUBLIER !?

-Neji, mon pauvre Neji, tu ne vois donc pas ?

-Quoi ?

-Je n'aime personne, je suis incapable d'aimer. J’oublie provisoirement, avec ou sans ton aide. Je ne t'aime pas, mets-toi ça dans le crâne.

Je le savais... Mais je n'aurais jamais douté que l'entendre de la sorte me ferait aussi mal. Je suis parti, j'ai erré pendant des jours en me procurant ma dose tant bien que mal. Ce soir là, je revenais de chez mon dealer lorsque ces deux voyous m'ont piqué ma dose. J'ai voulu me défendre mais j'étais tellement groggy que mes jambes aussi bien que le reste de mon corps était en coton. Si Sasuke et toi n'étiez pas arrivés, j'ose même pas imaginer ce qu'il se serait passé."

Je regardais Neji, incrédule. La vérité était dure à entendre, mais là, je n'en avais qu'une parcelle qui était totalement impossible à avaler. Neji était drogué, Tenten aussi... Etait-ce possible que Naruto...? Non, pas possible. J'avais vécu avec lui pendant tout ce temps... Sans rien voir ? Mon cerveau bouillonnait et je n'avais jamais eu cette impression d'étouffement aussi intense que maintenant. A mesure que Neji me racontait les détails de sa descente aux Enfers, l'image de Naruto venait aléatoirement dans mon esprit, comme pour essayer de me dire quelque chose. Je cherchais le moindre indice, le moindre geste, le moindre instant d'absence sans rien trouver. Il ne me restait plus que quelques pauvres souvenirs que j'avais gardés tant bien que mal et plus contre mon gré qu'autre chose. Il ne restait que des bribes d'images, de sons et parfois même, il ne restait rien, un trou noir, le néant.

Neji avait terminé son récit et avait décrété qu'il lui fallait rentrer dormir. Il avait une sale mine et j'en concluais qu'il n'avait pas eu sa dose comme il le disait. Il était parti avec Hinata tandis que je restais pour boire un dernier verre. Il me fallait un remontant, après tout ça, je n'avais même plus l'impression d'avoir toujours le sens des réalités. Alors que j'allais entamer mon whisky-coca, la porte s'ouvrit une nouvelle fois et une ombre flotta sur le mur pour se poser en face de moi. Levant les yeux, je me trouvais face à l'une des personnes dont la présence m'insupportait plus que tout et, avec l'air de celle qui vient de voir un fantôme, j'eus un mouvement de recul lorsqu'elle prit mon verre pour en boire une gorgée.

-J'arrive pas à croire que tu bois encore cette horreur.

-Ino ! Qu'est-ce que tu fais là ?

-J'ai attendu que t'aies fini de parler avec les deux extraterrestres là. J'ai tout entendu, j'étais à côté de la fenêtre, dehors, en train de m'en griller une.

-Je ne vois pas en quoi ça te concerne.

-Oh que si ! Tu te souviens de ma vengeance ? Et bien j'ai bien l'intention à la mettre à exécution.

La blonde secoua ses cheveux mais bizarrement, aucun sourire ne vint étirer son visage. Elle ne se délectait pas de prendre le dessus et je soupçonnais le coup foireux. Je repris mon verre pour le terminer et dès qu'elle eut toute mon attention, elle se lança.

-Tu veux savoir la vérité sur Naruto hein ?

-Ah et c'est toi qui va me la dire peut-être ?

-Oh que oui. Cette Tenten... Elle a une raison bien précise de s'acharner autant sur lui.

Je ne la défiais plus. Elle avait toujours cet air de pimbêche, mais son regard attristé trahissait ce qu'elle ressentait.

-Naruto a tué une fille qui s'appelle Rin. La sœur de Tenten.

Mon verre vide me glissa des mains pour tomber au sol, sans même que je ne puisse réagir, Ino se leva et posa une pièce pour payer elle même ma consommation. Je n'eus même pas le temps de me lever à mon tour que le barman vint avec un balai pour ramasser les débris. Ino était debout, de dos.

-Si tu veux des détails, va voir mon père Inoichi. Il travaille dans l'immobilier, dans l'agence du centre ville. Et sache une chose, si je te révèle ça, ce n'est pas pour t'aider. Naruto est mon cousin et je n'ai rien pu faire pour lui. Quant à toi...

Elle s'était retournée pour me regarder méchamment.

-Tu vas devoir faire un choix. Sasuke sait toute l'histoire mais s’il apprend que tu t'en es mêlée, attends-toi à être cernée. Après tout, il pourrait penser que tu aimes toujours Naruto. Prends garde, tu vas devoir marcher sur des œufs Sakura. Et crois-moi, la vérité fait beaucoup de mal à entendre.

Sur ces mots, elle avait passé la porte pour disparaître dans la nuit.




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