Fiction: Comprends moi... (terminée)

La mort d'un être, le deuil, le chagrin. Personne ne peut comprendre ce que c'est, à moins de le vivre. Et peu importe l'amour, le soutien, la solitude prend le dessus. Elle est la seule personne qui le comprendra, il est le seul à la comprendre. Comment faire autrement que de comprendre qu'ils s'aiment ? (One shot, TsunadexNaruto)
Classé: -16D | Drame / Romance | Mots: 6736 | Comments: 4 | Favs: 2
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Beverlyy (Féminin), le 26/03/2012
A la suite d'un défi proposé sur Fanfic, avec le thème d'un couple improbable formé par Tsunade & Naruto, je me décide à écrire ce petit one-shot.

Vraiment un défi au sens propre du terme car je n'ai vraiment pas l'habitude de faire une fic avec le personnage de Naruto. J'espère tout de même que cet O-S vous plaira :)




Chapitre 1: Comprends moi...



-Tu es devenu chiant Naruto ! Depuis la mort de Jiraya, tu n'es plus le même, tu ne me touches plus, tu ne fais même plus attention à moi ! Je suis quoi pour toi ? Une merde ? Une vieille chaussette ? Non, je suis ton petit ami bordel ! Alors tu devrais me traiter comme telle !

Cela devait bien faire la cinquantième fois en une semaine que Sakura s'emportait de la sorte. Hélas pour elle, ses efforts furent vains. Naruto resta muet, à la fixer d'un air las, droit, les bras ballants.

-Tu sais quoi ? Je ne veux plus te revoir ! Je ne veux même plus entendre parler de toi ! C'est terminé Naruto, fini !

Il s'en foutait. Après tout, elle rompait, revenait en le suppliant, puis repartait... Depuis le début de leur relation, les deux amants n'avaient eu de cesse de se disputer. Que ce soit au sujet de Sasuke, l'ex de Sakura ou encore Hinata, la nouvelle équipière de Naruto, la jalousie était omniprésente et bouffait leur quotidien de couple. Mais il était aussi le ciment de leur union, ce besoin irrémédiable de l'autre, de ces chamailleries, de ces ruptures et de ces réconciliations. Un rythme s'était instauré et leur amour avait su s'en accommoder, voire même, en faire son leitmotiv.

Cependant, cette fois ci, il s'en foutait vraiment. Qu'elle revienne n'avait même plus d'importance. Plus rien n'avait d'importance. Il avait perdu son maître, son modèle, son mentor. Il avait perdu le soutien indéfectible d'une sorte de père. Il avait l'impression d'avoir été dépossédé d'une partie de lui-même, partie que ni Sakura, ni même une autre personne ne pouvait rapporter. Il était anéanti.

Depuis l'annonce de la mort de Jiraya, Naruto avait perdu tout sourire, toute énergie. Lui d'habitude si enjoué et espiègle était devenu froid et triste à pleurer. Il faisait son deuil après tout, mais on s'était attendu, venant de sa part, à une réaction moins désespérée. Un courage, une envie de vengeance, une tristesse dissimulée sous de faux éclats de rire. Il n'en était rien. Son cœur ne lui dictait plus de s'ouvrir aux autres, d'amuser la galerie, d'être tendre avec celle qui partage sa vie. A vrai dire, il ne lui dictait plus rien.

L'appartement une fois vide, Sakura ayant repris ses affaires et étant partie comme une furie, Naruto en fit le tour, tant et si bien qu'il ne put se résoudre à rester une minute de plus enfermé. Il lui fallait de l'air, du calme, un peu de paix. Il ne demandait pas grand chose : Ne penser à rien. Mais lorsqu'on est Naruto, il est difficilement concevable pour les autres qu'il ne participe à aucun débat, aucune dispute ou même aucune mission. Et, lorsqu'il mit un pied dehors, il n'échappa pas à la règle.

-Naruto !

L'intéressé tourna la tête vers la jeune femme blonde qui venait de l'appeler. En cet instant, il aurait bien aimé savoir se téléporter pour éviter d'avoir à faire à la fille la plus bavarde de tout Konoha. Ino était bien-sûr connue pour sa beauté et sa vanité, mais également pour sa langue bien pendue. Il s'attendait donc à des heures de logorrhée interminable mais il n'en fut rien. Voyant l'air sombre de son interlocuteur, Ino décida de ne pas aller par quatre chemins.

-Godaime... Elle te convoque.
-Ah. Merci. Répondit Naruto d'une petite voix avant de s'éloigner.

Il baissa la tête tout au long du chemin, de telle sorte que personne n'ait l'idée de venir lui taper un brin de causette. Il ignora Chôji qui lui cria de venir manger un bon bol de ramen en sa compagnie, ne s'arrêta pas devant une Sakura peinant à monter sa valise jusque dans son appartement et ne prit pas la peine de saluer Gai et Kakashi qui entreprenait un énième défi du Janken. Il n'avait qu'une idée en tête : En finir vite avec la vieille pour pouvoir s'isoler pour quelques temps.

Il frappa, ce qui était inhabituel venant de lui et attendit qu'on lui autorise d'entrer. Une fois dans le bureau, il fit face à une Tsunade comme il ne l'avait jamais vue. Elle n'avait pas pris la peine de se coiffer, ni même de se maquiller. Ses yeux étaient rougis, certainement à force de larmes et de nuits blanches, elle avait le teint pâle, on devinait qu'elle n'avait même pas mis de soutien-gorge, tant sa poitrine tombait en dessous de sa chemise. Elle d'habitude coquette et soignée en raison de son complexe d'âge, elle avait à présent l'air d'une vieille qui se laisse aller, au bord de la dépression voire du suicide.
Lorsqu'elle vit Naruto entrer, elle esquissa un petit sourire triste et compatissant et l'invita à s'approcher. Elle avait fait installer une chaise et, une fois qu'il fut assis, elle se tourna vers son assistante.

-Shizune, sors s'il te plaît.
-Mais ! Tsunade-sama ! Vous...
-Ne m'oblige pas à crier Shizune. Sors.

Shizune lança un regard mauvais à Naruto avant de sortir de la pièce. D'abord Sakura, maintenant Shizune. La tristesse faisait vraiment écho à la haine, c'est du moins ce que le blond était tenté de croire. Il reporta son attention sur Tsunade, laquelle soupira longuement devant l'attitude de sa subordonnée. En croisant son regard, Naruto avait vraiment la sensation de se retrouver devant une parfaite inconnue. Cette flamme, ce regard intense, cette détermination et ce peps dont faisait habituellement preuve l'Hokage avaient laissé place à une mélancolie sans borne, un regard vide et terne, deux billes pâles voilées des effluves de larmes. Il ne restait en face de lui qu'une coquille vide, une Tsunade qui n'en était pas vraiment une. Il eut l'impression soudaine de se voir dans un miroir, de voir son propre regard éteint, ses traits inexpressifs, ce visage fermé et ces restants de peine et d'insomnie.

-Naruto. J'ai une mission à te proposer.

Même sa voix n'était plus la même. Pas de ton combatif, pas d'engouement, rien qu'un ton plat et un son enroué. Une mauvaise annonce de supermarché en somme.

-Vous savez je ne crois pas que je sois d'humeur à...
-Je le sais.

Elle l'avait coupé d'un ton calme et serein. Pas même un décibel plus haut que l'autre. Il était inconcevable que Tsunade, réputée pour être intransigeante et facilement irritable, fut devenu posée et compatissante. Mais tout cela prenait un sens, après tout, elle était l'une des personnes qui aimait le plus Jiraya. Elle était amoureuse de lui, ou du moins c'était le bruit qui courait depuis des années. Jiraya était du genre voyageur, pervers et bon vivant. Certainement pas l'homme de maison qui s'installerait avec une femme, fonderait une famille ou même s'engagerait dans une relation durable. Pas assez sérieux au goût de Tsunade. Mais l'amour a ses raisons que la raison ignore et on aimait à dire que Jiraya, le parfait opposé de Tsunade, l'attirait encore plus justement parce qu’il ne lui ressemblait en rien. Sauf peut-être en ce qui concernait la boisson. En tous cas, une chose était certaine, Tsunade pleurait plus qu'il n'en faut la mort de son ancien équipier et le cœur avait sa part de responsabilité dans tout cela.

-Je le sais. Répéta-t-elle avant de poursuive. Ce n'est pas une mission ordinaire que je te propose. J'aimerai que tu m'accompagnes au village d'Ame. J'aimerai... Essayer de récupérer le corps de Jiraya.
-V...Vous êtes sérieuse ? Vraiment ? Vraiment !?

Naruto, sans même s'en rendre compte, avait crié d'étonnement et de joie mêlés. Son énergie était subitement revenue et une bouffée de bonheur avait dissipé la majeure partie de son état de mélancolie. En cet instant, il voyait Tsunade sous un nouveau jour. Habituellement, il ne voyait en elle que l'Hokage sévère, lui assignant des missions ingrates, intransigeante, à la fois compréhensive mais droite et entretenant avec lui des rapports purement conventionnels. Or, il avait désormais l'impression qu'elle était la seule personne pouvant parfaitement le comprendre en ce moment même. Elle partageait avec lui la même tristesse, la même amertume de ne rien avoir pu faire pour sauver un homme qui lui était cher. Et, alors même qu'il avait l'impression que la mort de Jiraya passait au second plan pour la plupart des gens à Konoha, Tsunade lui accordait toute l'importance qui lui était due. L'importance même que lui portait Naruto.

Le plan fut rapidement exposé. Tsunade convint d'un chemin rapide pour atteindre le village d'Ame en une journée et il fut convenu qu'ils partiraient dès le lendemain matin.

-Mais... Qui va occuper le poste d'Hokage durant votre absence ?
-Et bien... Je pense que Shizune fera l'affaire. Elle me couvrira, enfin j'espère. Elle est d'humeur massacrante depuis quelques temps.

Naruto en eut un bon aperçu une fois qu'il eut quitté le bureau pour se préparer au périple qui l'attendait. A peine dans le couloir, la porte se referma violemment et, l'annonce faite à Shizune, cette dernière hurla un reproche acéré sur la conduite inqualifiable de sa patronne. D'un seul coup, la poitrine serrée, Naruto se rendit compte à quel point Tsunade se mettait en fâcheuse posture. Il se sentit coupable. Après tout, il était égoïste. Il n'arrivait pas à envisager sa vie sans une personne qui le comprenne. Et qui mieux que Jiraya avait compris son mal-être ? Sa condition de paria lorsqu'il était plus jeune ? Le fait qu'il soit bête, obstiné, fonceur et... Tellement seul. Ni Sakura, ni même aucun autre de ses amis n'avaient pu comprendre cela.

Il avait fait le chemin jusque chez lui sans même s'en rendre compte. Une fois dans sa chambre, il s'empressa de rassembler en un sac à dos, le nécessaire à une mission de cette envergure. Quelques armes, quelques rations, un tee-shirt et une paire de sous-vêtements, sans oublier, une photo de feu son maître. Un sourire tendre étira ses lèvres lorsqu'il contempla la scène figée sur papier glacé. Jiraya fixait l'objectif avec un regard si profond qu'on aurait pu croire qu'il vous fixait en l'instant même. Seuls son sourire espiègle et sa main posée sur l'épaule de Naruto trahissaient l'imaginaire. Il en était réduit à être prisonnier d'une image fixe, sans possibilité de parole, de contact, tout juste la possibilité de poser encore une fois son regard sur les prouesses de son élève. Une larme de plus vint humidifier le papier.

Shizune braillait. C’était monnaie courante, mais là, ce fut avec beaucoup plus d’énergie, d’indignation et de décibels au-dessus de la moyenne. Tsunade n’y prêtait guère attention, elle n’avait de cesse de penser à Naruto, à la peine qu’il ressentait. Pourquoi fallait-il que cela se passe comme ça ? Pourquoi Jiraya entachait son quotidien de son absence ? Elle ne pouvait pas vivre sans lui, elle le savait pertinemment. Peu importe l’entourage, l’amour ou le soutien, personne ne pouvait égaler la relation privilégiée qu’ils avaient entretenue. C’était comme une sorte d’amour décalé, charnel et conflictuel, sans aucune once de romantisme. Mais, Tsunade ne demandait pas une relation comme au temps de Dan. Elle ne voulait plus d’un concubinage, encore moi de cet amour tendre et tellement doux qu’une fois Dan dans l’autre monde avait emporté. Son cœur était devenu une terre aride, Jiraya en avait foulé le sol. Il avait été son précieux soutien, son meilleur ami, son compagnon de nuits solitaires. Il avait été une sorte de personnage aux multiples facettes, jouant tous les rôles à la fois.

Cette mission… C’était un peu comme lui renvoyer l’ascenseur. Elle savait que jamais Jiraya n’aurait laissé sa dépouille à l’ennemi. Jamais il ne l’aurait abandonné, quand bien même il aurait fallu pour ça, faire face à une horde déchaînée. Tsunade, elle, faisait face à son assistante et essayait au mieux de ne pas perdre son sang-froid. Elle ne se sentait pas le courage de crier, d’hurler, même si, elle en aurait eu besoin pour se libérer un peu de la tristesse qui enserrait son cœur.

Au fur et à mesure que le ton montait, les reproches de Shizune parvinrent plus distinctement à ses oreilles, tant et si bien qu’elle ne put en écouter d’avantage sans dire un mot.

-Vous êtes irresponsable ! Dès qu’il s’agit de Naruto, vous vous comportez comme tout sauf l’Hokage que vous êtes ! Il faut toujours que vous ignoriez les conseils, mes conseils ! Et voilà que maintenant, vous voulez partir en mission, tel un explorateur qui se jette dans l’antre de l’ennemi sans même une arme dans ses bagages ! En plus avec Naruto ! Tout ça pour quoi ? Pour…
-Pour Jiraya !

Elle avait haussé le ton et Shizune en réprima un spasme d’étonnement. Elle sentait qu’elle allait trop loin, mais elle ne pouvait se résoudre à laisser Tsunade partir. Et surtout pas avec Naruto. En son for intérieur, elle savait ce qui se passait, il avait suffi d’un regard vers sa patronne pour qu’elle s’en rende compte. La seule personne qui pouvait apaiser sa peine était Naruto, personne d’autre, même pas la femme qui l’aimait le plus au monde, ne pourrait accomplir un tel exploit.

-Vous vous raccrochez à Naruto coûte que coûte n’est-ce pas ? Murmura Shizune.
-Naruto… Est le seul qui puisse encore me comprendre.

-Mais je fais des efforts pour vous comprendre Tsunade ! Je vous suis la plus dévouée, la plus à même d’être à vos côtés ! Je vous aime plus que ma vie ! En fait, ma vie se raccroche totalement à la vôtre ! Et voilà que je ne serais plus digne de panser votre cœur tout simplement parce que Naruto est plus approprié pour effectuer cette tâche ?! Que faites-vous de mes sentiments ? Je sais, je sais ! Vous allez me remettre sur le tapis que vous m’aimez comme une élève, une petite sœur ! Je ne suis pas idiote ! Je l’ai bien compris ! Mais c’est plus fort que moi Tsunade, vous êtes mon modèle, celle que j’aime et que je suivrai jusqu’à ma mort s’il le faut ! Mais vous… Vous me laissez de côté tout ça pour Naruto, Naruto et encore Naruto ! Je le hais ! Je le hais vous m’entendez ? Je hais ce gamin qui vole la seule personne qui compte réellement pour moi !

Tsunade ne put dire quoi que ce soit. La jalousie de Shizune n’avait de cesse de lui ronger le cœur. Elle avait refusé ses avances, mais avait conservé ses sentiments précieusement, comme l’on garde un souvenir d’un proche. Il n’y avait rien de plus, dans le cœur de Tsunade, qu’un élan de sympathie fraternel envers son assistante. Ca s’arrêtait là. Elle ne pouvait faire autrement. Et, à l’heure actuelle, Shizune, avec toute l’affection possible, ne pouvait mettre le doigt sur l’objet de son mal-être et mettre fin à ses tourments. Elle ne pouvait pas comprendre, voyant en Tsunade l’objet de son désir le plus profond, elle en oubliait peut-être le principal : Ce que Jiraya représentait pour elle. Et combien elle voyait en Naruto le reflet de son amour passé.

Laissant Shizune seule dans le bureau, Tsunade retourna à ses appartements. Elle avait pensé, à l’époque, que jamais elle ne pleurerait autant qu’à la mort de Nawaki ou de Dan. Elle avait eu tort, elle le savait désormais. Les larmes n’avaient de cesse de se bousculer sur ses joues encore humides des crises de la veille et cela, sans cesse, jusqu’à l’aube.

Naruto avait convenu avec Tsunade que le départ se ferait avant que les gardes ne reviennent de leur permutation matinale. Les portes étaient encore ouvertes, les premiers rayons du soleil s’infiltraient dans tout le village, éclairant les pavés d’une lumière douce. Au-delà, la forêt alentour bloquait la moindre lueur qui tentait d’y pénétrer. Le village d’Ame n’était qu’à une journée de marche, le plus gros du problème serait, une fois sur place, de retrouver la dépouille noyée. Mais qu’à cela ne tienne, ils étaient tous deux décidés à ne pas abandonner avant de l’avoir retrouvé.

Naruto fut surpris de la vitesse à laquelle Tsunade se déplaçait. Il avait toujours pensé, qu’étant tout de même une vieille femme et malgré son apparence de jeune femme âgée d’une vingtaine d’année, elle subissait le poids des années de combats menés en tant que Kunoichi. Il n’en était rien. Ses mouvements étaient rapides, précis. Aucun saut, aucun pas, aucune action n’était faite au hasard et, le regard fixé à l’horizon, elle semblait n’avoir devant les yeux que son envie de retrouver le corps de son ancien compagnon.

Un sourire s’étala sur son visage. Il se sentait un peu plus heureux et semblait retrouver quelque peu de son ardeur habituelle. La mission serait un succès et tout ira pour le mieux par la suite. Il retrouverait son envie d’action, son espièglerie et peut-être même… Sakura. Il ne se faisait pas d'idées quant aux retrouvailles avec la jeune femme, mais, en étant bien franc avec lui même, il n'avait plus envie de recommencer une nouvelle histoire qui se terminerait le lendemain pour recommencer trois jours plus tard. Il était fatigué des allers et venues de sa copine, lassé de devoir s'excuser ou de devoir excuser, il avait envie de mettre fin une bonne fois pour toute à ce cinéma qui n'avait déjà que trop duré. Cependant, il était clair que ce ne serait pas gagné d'avance, pas si Sakura se mettait à pleurer ou à le supplier.

Tsunade n'avait pas tourné une seule fois la tête depuis leur départ. Elle n'était plus aussi sûre de ce qu'elle ferait si elle ne retrouvait pas la dépouille de Jiraya. Elle serait déçue, mais au delà de ça, le supporterait-elle ? Aurait-elle la force de renoncer si le plus petit espoir de le retrouver s'envolait ? Avec Naruto, c'était impossible. Avec Naruto, il y aurait toujours une once d'espoir, d'acharnement, même lorsque tout est perdu d'avance. Elle le savait, et le fait de s'en souvenir suffisait à balayer ses doutes, ses angoisses les plus profondes. Peu importe de quelles manières elle retournait le problème, il ne faisait aucun doute que la réponse à toutes ses inquiétudes tenait en un seul nom : Naruto. Elle ne put s'empêcher plus longtemps de regarder devant elle, de ne pas croiser le regard déterminé de celui qui n'avait pas peur d'aller au devant de grands dangers pour sauver ceux qu'il aimait. Elle tourna furtivement la tête, vit le profil d'un homme, un homme qui n'avait plus entre seize et dix-sept ans mais un vrai homme, que la maturité n'avait pas épargné. Il ne faisait aucun doute qu'en cet instant, le visage bercé de la pénombre ambiante, les yeux rivés au loin, la tête haute, les cheveux en bataille, tout en Naruto était viril et attirant.

Mais à quoi je pense putain ? Tsunade reprends-toi ! Il n'a même pas passé la barre des dix-huit ans ! Tu n'es pas une couguar, ni même une pauvre vieille à la recherche d'un bras musclé et d'une épaule sur laquelle pleurer !

Ce n'était pas totalement vrai. Elle le savait et ne pouvait se mentir à elle-même. Elle avait besoin de bras réconfortant, d'un sourire chaleureux, d'une épaule sur laquelle relâcher toute la pression, d'étreintes sans pareilles, d'amour comme on en fait l'éloge dans les plus beaux poèmes. Elle n'avait rien eut de tout ça, Jiraya n'était pas l'homme qui rivalisait d'idées pour être romantique et attentionné. De lui, il ne lui restait que des nuits d'amour charnel, des étreintes certes, des bras puissants et musclés, des épaules bâties sur lesquelles elle pouvait aisément s’appuyer, mais aucuns baisers, aucunes déclarations d'amour, aucuns compromis, aucunes promesses... Peut-être la seule qui n'ait jamais faite, celle de revenir en vie. Il ne l'avait pas tenue.

Et tu crois quoi ? Que tu vas retrouver tout ça en Naruto ? Réveille-toi bon sang ! Il a déjà une copine jeune et fraîche, t'es bien placée pour le savoir ! Il n'est pas fait pour toi ! Depuis quand es-tu tombée aussi bas ?

Elle se maudissait elle même d'avoir de telles pensées. Pourquoi fallait-il qu'en somme, Naruto ressemble à Jiraya sans pour autant être une copie conforme ? Jiraya savait abandonner, ne savait pas comprendre la tristesse des gens. Ironie du sort, c'est pour lui que l'on pleurait. Mais ça, il ne l'aurait jamais compris. Tsunade en était persuadée. Et, hélas, elle n'était pas la seule à verser des larmes. Elle pensait l'être, ça oui, mais elle s'était trompée. A partir de là, elle ne saurait plus comment résister.

Elle sortit de ses réflexions et eut une mauvaise impression. Celle de n'être pas loin d'un ennemi. Cherchant du regard son compagnon, elle s'aperçut que Naruto n'avait rien remarqué. C'était peut-être mieux comme ça.

-On va faire une pause, on doit être environ à mi-chemin. Dit-elle en s'arrêtant et en descendant de l'arbre où elle était perchée.
-Déjà ? On ne peut pas perdre de temps !

Elle ne fut pas étonnée. Il était toujours aussi impatient. Un sourire mi-amusé mi-attendri se dessina sur le visage de l'Hokage et, défaisant son sac, elle en sortit deux Cup-men* (*Des nouilles instantanées, semblables aux rations de survie des militaires.).

-Mieux vaut ne pas affronter l'océan avec le ventre vide.
-Oh génial ! Tsunade vous êtes vraiment la meilleure ! Fit Naruto au comble de l'excitation.

Le rouge s'empara des joues de l'intéressée qui fit un effort surhumain pour le dissimuler. Elle se tourna, fit bouillir de l'eau à l'aide d'un feu de fortune et servit les deux boîtes de nouilles. Marmonnant un "bon appétit", elle prit une paire de baguette et entama son repas. Elle avait la gorge nouée, stressée à l'idée de manger devant Naruto, sans trop savoir pourquoi cela la gênait autant. Néanmoins, en le voyant engloutir ses nouilles les unes après les autres à un rythme effréné, sa gêne se dissipa quelque peu.

-Tsunade...

La bouche toujours pleine, il fallut un effort surhumain pour qu'elle puisse avaler sans s'étouffer. La voix de Naruto était toute autre, calme, sérieuse, sans aucune once d'excitation ou d'impatience. Il l'avait appelée sans qu'elle s'y attende, un peu comme le faisait Dan à l'époque. Elle ne put se résoudre à s'intéresser plus longtemps à sa paire de baguette qu'elle laissa tomber à terre. Levant les yeux, croisant le regard déterminé, d'un bleu profond qui lui faisait face, elle en oublia presque le temps, l'endroit, l'instant même.

-...Merci. Conclut-il simplement.

Ce n'était qu'un simple mot qui suffit à faire s'emballer le cœur de l'Hokage. Un remerciement tout ce qu'il y a de naturel... Sauf qu'il s'agissait du sien.

-Je... Je ne vois pas pourquoi tu me remercies. Je n'ai rien fait de...
-Tsunade. La coupa t-il. Je sais très bien que vous prenez des risques pour cette mission. Je sais que je suis bête mais je ne suis pas encore totalement idiot. Votre rôle d'Hokage vous ordonne de ne jamais quitter le village sauf en cas de force majeure. La mort de Jiraya n'est pas, selon le protocole, un cas de force majeure. Vous le faites... Pour moi n'est-ce pas ? Pour lui et pour moi.

Il le savait. Ce n'était pas dur à deviner mais, l'entendre de la bouche de Naruto, lui fit un effet tout autre. Bien-sûr qu'elle prenait des risques, bien plus qu'il était possible d'imaginer. Au mieux, le pot aux roses serait découvert et puis quoi ? Elle ne serait plus Hokage, serait bannie du village ? Elle était une Sannin, elle avait toujours vécue jusque là en écumant pays après pays, en pariant ce qu'elle avait à parier, en perdant toujours ses gains... Elle était habituée à ne pas avoir un endroit où résider au quotidien. Mais quelques mots avaient suffit à rendre risibles les risques encouru. Les règles, les obligations passaient au second plan désormais. Il n'y avait plus que Jiraya... Et Naruto.

Elle ne put finir ses nouilles et les offrit à Naruto qui s'empressa de les dévorer. Son appétit amusa Tsunade qui, ne l'ayant pas vu manger depuis longtemps, se remémora les dizaines de bols de ramen que son estomac pouvait, en une soirée et à lui seul, contenir. Un vrai glouton. Comme Nawaki d'ailleurs...

C'était ça. Lorsqu'ils se remirent en route, discutant de sujets aussi banals les uns que les autres, Tsunade avait mis le doigt dessus. Sur cette attirance inexplicable, le fait que Naruto soit cet espoir auquel elle voulait à nouveau croire. Il était la combinaison parfaite de Nawaki, Dan... Et Jiraya. Elle n'avait pu sauver les trois hommes de sa vie, n'avait pu leur donner tout l'amour qu'elle aurait souhaité donner et, aujourd'hui, en regardant derrière elle, elle aurait voulu effacer certains de ses actes. Elle avait laissé Nawaki partir seul en mission, Dan pareillement, ainsi que Jiraya... Tous trois n'étaient jamais revenus. Etait-ce pour ça qu'elle voulait être là pour Naruto ? Qu'elle n'aurait jamais consentit l'envoyer au loin avec un autre partenaire qu'elle ? Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que de telles bouffées d'émotions reviennent ainsi ? Et au fur et à mesure qu'ils progressaient vers le village d'Ame, en discutant, en se chamaillant par intermittences, Tsunade ne savait plus comment regarder l'homme qui occupait ses pensées.

Naruto avait hâte d'arriver, comme il avait hâte de repartir. Il avait le sentiment qu'une fois rentré au village, il pourrait enfin mettre un peu d'ordre dans sa vie. Mais il avait aussi peur de faire le ménage dans son cœur. Il ne le faisait déjà pas dans l'appartement, craignant de remuer assez de poussière pour finir asphyxié, il n'allait certainement pas le faire en lui même, de peur que ses sentiments n'aient raison de sa conscience. Plus il parlait avec Tsunade, plus Sakura lui semblait loin, fade, comme une mauvaise image du passé. Il voyait une femme devant lui, une femme de vingt ans, se fichant de quel âge elle avait réellement. Il voyait la femme qui savait exactement ce qu'il ressentait en l'instant précis. Lorsqu'il était d'accord sur un sujet ou un autre, lorsqu'il pensait à feu son maître ou même tous ceux qui l'avaient quitté trop tôt, lorsqu'il était enjoué, prêt à sourire à qui se posterait en face de lui, lorsqu'il était empli de volonté, de courage... Tsunade le sentait et éprouvait la même chose. Il sentait ce lien invisible qu'il n'avait jamais senti auparavant, le faisant basculer dans des souvenirs reculés : Ceux de sa rencontre avec celle qui est devenue Hokage, leur première chamaillerie, la pichenette qu'il avait reçu, le baiser qui l'avait remplacée, puis, par la suite, ses attentions envers lui, ses encouragements, ses missions à la fois déplaisantes mais aussi celles qui avaient rapport avec Sasuke. Elle avait tout su, elle savait tout, mieux, elle comprenait tout ce que jamais personne n'avait compris réellement. Tsunade lui apparaissait sous un jour nouveau, qu'il ne voulait plus voir autrement.

Une poignée d'heures plus tard, la lisière du bois se dessina progressivement, jusqu'à ouvrir une fenêtre sur le village tant recherché d'Ame. Avant leur départ, ils s'étaient mis d'accord pour ne pas traverser le village, de peur d'être repéré. Ils le contourneraient, cherchant à rejoindre l'océan qui le bordait. Leur objectif était le corps, l'ennemi attendrait. Par chance, le soleil commençait à décliner et, les quelques villageois sortis en forêt ou en mer rentraient chez eux avant l'arrivée de la nuit. Ils patientèrent une heure, guettant l'entrée du village et, lorsque la porte fut close, ils en profitèrent pour la longer et poursuivre par la droite.

Ils marchaient en silence, la boue argileuse absorbant le bruit de leurs pas. Si quelqu'un les suivait, il serait difficile de s'en rendre compte à moins d'être pourvu d'un Byakugan. Cette éventualité était encore moins rassurante et, sentant la tension de Tsunade et ayant pris note de son toc de mâchouiller sa lèvre inférieure en cas lorsqu'elle était stressée, Naruto se décida à briser le silence.

-L'océan n'est plus très loin, on va le trouver, faites-nous confiance.

Naruto avait parlé d'une voix faible mais ferme. Tsunade souligna à quel point il pouvait être digne de confiance en cet instant. Il l'avait prise en considération, ne fonçant pas tête baissée comme à son habitude, ayant la volonté de faire réellement équipe avec elle.

-Tu as raison.

Elle reçut un sourire éclatant qui fit fondre son codeur. Un sourire à la fois doux comme celui de Dan, à la fois espiègle comme celui de Nawaki, et à la fois réconfortant comme celui de Jiraya. Il fallait qu'elle lui dise, qu'elle lui avoue que son regard n'était pas innocent, n'était pas celui d'une personne qui le considérait comme son enfant ou son disciple. Non, c'était... Bien plus que ça.

Tsunade se mordillait à nouveau la lèvre, mais celle fois ci, la cause de son angoisse n'était plus l'ennemi, mais bien elle même. Elle se maudissait encore et encore, s'interdisant ce droit obscène d'être attiré par lui. Elle ne le pouvait pas, elle ne devait pas s'autoriser un cœur qui bat plus vite qu'il ne devrait, des pensées et des rêves aussi fous dont il était le protagoniste. Elle devait se l'interdire, encore et encore, pour ne pas être fautive d'un désir mal orienté.

Ils arrivèrent en bordure de l'océan, ou plutôt de ce qu'il en était. Il s'agissait plutôt d'un immense lac, à l'eau sombre tant il devait être profond. La nappe s'étendait jusqu'à l'horizon, laissant supposer des heures de recherche. Il fallait se préparer à garder tout le chakra possible dans ses pieds pour garder prise sur l'eau. Il s'agissait d'un travail de longue haleine puisqu'il fallait aussi envoyer une dose de chakra dans chaque périmètre pour éclairer les profondeurs. Considérant le travail qui les attendait, ils se mirent tout de suite en condition. Ils abandonnèrent leur sac sur la rive, enlevèrent leur veste et gardèrent le moins d'accessoires, de vêtements possibles d'être une charge supplémentaire pour eux. Une fois prêts, Naruto prit l'initiative, posa un pied, puis l'autre et fut happé par les abysses.

La prise n'avait pas tenue. Tsunade, qui avait déjà esquissé le geste d'y mettre son second pied, perça la surface, gagna en profondeur et attrapa le poignet de Naruto. La pression de l'eau était épouvantable, attirant le moindre corps vers le fond tel un rocher de cinq tonnes. Si le corps de Jiraya se trouvait ici, il devait être au fond depuis longtemps. Rien ne laissait supposer qu'il puisse se sortir de cet enfer, et quand bien même il aurait eu un chakra énorme, il n'aurait pas pu regarder la rive tout seul.

Après quelques longues minutes d'effort, l'aire liquide se troua de nouveau, libérant Naruto et Tsunade. Une fois au sec, Naruto expulsa une longue gorgée d'eau en un hoquet étouffé et prit quelques instants pour retrouver sa respiration. Tsunade, passablement épuisée, s'était allongée sur l'étendue caillouteuse. Les quelques vêtements qu'elle portait étaient trempés et laissait voir toute la forme de son corps artificiellement ferme et sculpté. Sa poitrine généreuse laissait échapper les quelques gouttelettes qui s'étaient accrochées à sa peau et sa faible respiration la faisait se mouvoir doucement. L'air était frais et un frisson parcourut le corps de l'Hokage.

Naruto déglutit. La vision de Tsunade avait suffit à allumer en lui un désir totalement nouveau, celui qu'il avait désespérément perdu lorsqu'il s'agissait de Sakura. Sa copine était jolie, certes, mais elle n'avait jamais eu cette présence d'esprit, cette âme dont disposait Tsunade. Sakura n'était qu'une coquille vide, un intérêt limité, un amour charnel qui perdait toute sa saveur. Il n'y avait plus ce magnétisme, cette attraction sans bornes qu'il retrouvait en cet instant précis. Il n'arrivait plus à penser correctement, tout se brouillait, il savait qu'il lui était défendu de faire ce dont il avait terriblement envie et pourtant, il ne put résister plus longtemps.

Il s'était approché sans un bruit, le cœur battant à tout rompre. Tsunade émergeait de sa plongée soudaine, relevant son buste, la respiration quelque peu saccadée. Mais en un instant, sa respiration se bloqua. Sa bouche ne trouva plus le contact de l'air et ses lèvres se consumèrent en l'instant qu’elles avaient rencontré celle de Naruto. Toutes ses sensations s'envolèrent, il ne resta plus que la vitesse de son pouls et la chaleur de ce baiser.

Non !

Tsunade repoussa à contrecœur Naruto et s'éloigna de quelques centimètres. Mais qu'est-ce qu'elle était en train de faire ? Elle en avait envie mais... Elle ne pouvait pas, elle ne devait pas faire ça...

-Tsunade...
-Naruto... Non, c'est mal, nous ne devons pas... Je suis trop vieille, tu es l'élève de Jiraya ! Je ne peux pas me le permettre...
-Ce n'est pas vous qui choisissez qui je désire. Et c'est vous que je désire. Vous êtes celle qui me comprend le mieux, celle qui me donne le plus envie d'aimer. Répondit Naruto avec force.
-Mais... Sakura ! Je ne peux pas faire ça à Sakura. C'est mon élève et c'est aussi ta... Oh non, non, ce n'est pas possible !

Naruto s'avança et Tsunade ne put s'éloigner d'avantage qu'elle fut prisonnière de ses bras. Ces bras puissants et musclés dont les étreintes peuvent vous faire oublier toute la peine et la misère du monde. Ces bras dont elle rêvait lorsqu'elle rencontrait ceux de Dan ou de Jiraya. Ces bras... Qui lui donnait envie de ne plus jamais les quitter.

-Naruto...
-Je vous aime. Je sais que c'est mal, je sais que je n'ai pas le droit, je sais tout cela mais je n'y peux rien. C'est plus fort que moi, plus fort que tout. Je désire tout de vous, votre corps, votre esprit. Je désire vos lèvres, le contact de votre peau, tout ce que j'ai oublié depuis que je connais Sakura. Je désire rire avec vous, parler de tout et de rien, car je sais que vous comprendrez. Vous êtes la seule avec qui j'ai retrouvé le courage de retrouver Jiraya, peu importe la mélancolie dans laquelle je me trouvais, mon envie d'être seul, vous avez mis tout ça entre parenthèses.
-Ne dis pas ça ! Je t'en supplie arrête ! Répondit Tsunade dont le cœur ne s'était qu'emballé de plus belle.
-Et pourquoi je me tairais ? Pourquoi je n'exprimerais pas les sentiment que j'ai pour vous ?!
-Je suis vieille Naruto ! Je me cache derrière ma jeunesse, derrière des souvenirs ! Je me cache derrière la jeune femme que j'étais, celle qui n'avait pas cette poitrine et qui rêvait de la posséder pour avoir le réconfort d'un homme ! Aujourd'hui, si je n'avais pas cette technique interdite, je serais cette vieille femme pitoyable qui ne fait plus envie à personne. Je n'ai rien à t'offrir Naruto, rien ! Tu es jeune, tu as encore tant de choses à accomplir, à connaître, tant de femmes à aimer, et tu voudrais aimer une vieille !? Une vieille conne qui n'a jamais su sauver les gens qu'elle aime ?
-Savoir et pouvoir, sont deux choses très différentes. Et si aimer une personne que je désire, qui me comprenne, qui soit une femme aussi merveilleuse que vous, peu importe son âge, son état, ses fautes, alors je ne désire pas aimer toutes les autres.

Le temps était suspendu au fil des paroles que Naruto débitait, la voix pleine d'émotions. Tsunade ne pouvait en entendre d'avantage, elle n'avait pas le droit et pourtant, toutes ses résistances avaient disparues. Elle n'avait plus aucune arme pour repousser l'homme qui la tenait fermement et elle s'abandonna à pleurer sur son épaule. Naruto resserra son étreinte, humant le parfum de ses cheveux, caressant doucement son dos, ses doigts pris d'un léger tremblement au contact de sa peau humide. Grelottante quelques minutes auparavant, Tsunade ressentait toute la chaleur du corps de Naruto contre le sien et quittant le refuge de ses larmes, cherchant les lèvres que désiraient les siennes, elle s'abandonna totalement à un baiser fougueux qui la transporta dans un tout autre univers, brûlant et intense.

L'instant parut durer une éternité. Une éternité interrompue.

-JE LE SAVAIS ! Hurla une voix féminine derrière eux.

Les amants renoncèrent à leur étreinte et se tournèrent rapidement vers la nouvelle venue. L'expression meurtrière, la rage déformant ses traits, les cheveux en épis et les pieds couverts de boue, elle fusilla du regard le couple qui se présentait à elle menaçant à tout instant de se jeter sur eux.

-S...Sakura ! Bredouilla Naruto.
-Alors ? Je vois que tout va bien ! Je te quitte une journée et qu'est-ce qu'il se passe ? Je te retrouve dans les bras de... de... de cette vieille peau !
-Sakura, je t'interdis de...
-Non, Naruto, elle a raison. Sakura je... Je suis désolée. Je n'aurais jamais dû, je ne sais pas ce qui m'a pris... S'excusa Tsunade.
-Ah ! Oui et bien je n'en ai rien à foutre ! Une vieille salope ! Voilà ce que vous êtes ! Elle est belle la confiance que j'avais en mon maître ! Voilà que je la retrouve à allumer mon copain ! Tout ça parce que vous avez cette poitrine énorme qui ferait bander n'importe quel pauvre mec en manque ! Je comprends mieux maintenant les inquiétudes de Shizune ! D'habitude, vous ne rechigniez jamais à aller dans son lit pour satisfaire votre libido, sauf que là, il vous faut plus. Un pénis peut-être ? Et le premier à portée de main si possible ? Vous n'avez pas honte ? Une vieille putain, c'est tout ce que vous êtes ! Une vieille pu...

Un main fendit l'air et claqua la joue de Sakura. Tsunade en resta figée, incapable de dire quoi que ce soit. Un silence de quelques secondes s'installa et, la voix de Naruto, déformée par la rage, s'éleva avec la violence d'une bourrasque.

-Ne dis plus jamais ça de la femme que j'aime, il n'y a qu'une salope ici, et c'est toi.

Le visage de Sakura était dénué de toute expression, la rage avait complètement disparue, au profit de l'étonnement. Une plaque rouge se forma là où la main de Naruto avait assénée une gifle d'une violence colossale. Sakura porta sa main sur la trace de l'impact et, esquissa un sourire mauvais.

-Je vois, c'est elle que tu aimes ? Alors regarde bien Naruto, regarde bien...
-Qu'est-ce que...?

Il n'eut même pas le temps de finir ses mots qu'un nuage de fumée avait pris place là où se tenait Sakura une seconde auparavant. Un mouvement furtif se fit entendre derrière lui et il ne put réagir que quelques secondes trop tard.

Un clone !

Un bruit d'éclaboussure qui ne donna même pas le temps à Tsunade de pousser un cri d'effroi. Son visage fut submergé par l'océan d'ombres et sa main persistait à l'air libre cherchant à capturer l'air dans sa paume. Sakura se tenait là où Tsunade se trouvait un instant auparavant, les mains tendues et l'air décontenancé comme si elle venait tout juste de réaliser le geste qu'elle avait accompli.

Lorsque la main fut totalement engloutie pas la nappe de ténèbres, Naruto sortit de sa stupeur et plongea directement sans même prendre la peine d'adresser un regard à Sakura. Cette dernière fixa l'eau une seconde de plus, comme si elle ne comprenait plus ce qui se passait autour d'elle et attendit qu'un clapotis rompe le silence. L'océan redevint lisse, muet et plus aucun mouvement ne se fit voir en surface.

Naruto s'enfonçait dans les profondeurs, sans même voir où il allait. Une main attrapa la sienne, et même sans voir le visage de la personne qu'il touchait, il connaissait la douceur de cette peau, la chaleur de cette paume. Il ne l'abandonnerait pas, n'abandonnerait pas son maître, ni la femme qu'il aimait. Les autres pouvaient bien pleurer, son cœur lui dictait de ne plus remonter, de rester ici bas. Ses yeux s'accoutumèrent à l'obscurité, y prirent goût. Il devinait un peu plus bas le visage qu'il avait embrassé il y a quelques minutes et peut être un peu plus bas encore, un autre visage qui ravivait le sien : Celui de son maître. Plus aucun son ne parvenait à ses oreilles, plus aucune sensation, simplement des souvenirs en vrac qu'il tria en un instant. Il n'eut souvenir que de celui qui lui avait tant appris et de celle qui lui avait réappris à aimer.

Il ne lâcha plus cette main et se demanda quand est-ce qu'il atteindrait le fond. Quand est-ce qu'enfin, il retrouverait le bonheur du temps passé avec son maître et le désir d'être le plus amoureux des hommes.

La descente fut encore longue, mais il ne remontrait jamais, il le savait.




One-shot un peu long, j'en suis consciente mais je me voyais mal découper l'intrigue plus qu'il n'en faut :)

Voilà que dire ? Le concept des défis sur Fanfic me plait pas mal, je m'y réessaierai bientôt :D
Merci de votre lecture !




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