Fiction: Blessure du coeur (terminée)

Ploc, ploc, ploc. Comme les « tic tac » incessants d'une horloge, les gouttes d'eau tombaient une à une, venant s'écraser violemment contre la substance aqueuse. On entendait seulement le bruit de l'eau, comme les « tic tac », dans cette pièce silencieuse.
Drame / Romance | Mots: 1226 | Comments: 2 | Favs: 2
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tobi-fanna (Féminin), le 04/03/2012




Chapitre 1: Blessure du coeur



Ploc, ploc, ploc.
Comme les « tic tac » incessants d'une horloge, les gouttes d'eau tombaient une à une, venant s'écraser violemment contre la substance aqueuse. On entendait seulement le bruit de l'eau, comme les « tic tac », dans cette pièce silencieuse.
Elle paraissait si petite ici. Elle ne se sentait pas à sa place, elle n'avait qu'une envie : s'enfuir en courant, se sauver d'entre ces cloisons qui l'opprimaient. Elle avait envie de crier, d'appeler à l'aide, qu'on vienne l'aider. Sa conscience lui ordonnait de partir, mais son corps ne lui obéissait plus.
Elle enleva doucement ses vêtements avant de rentrer dans la baignoire blanche. Une vive douleur s'empara d'elle lorsque l'eau brûlante caressa sa peau pâle. Mais cette douleur n'était en rien comparable à ce qu'elle pouvait ressentir au fond d'elle, à ce sentiment qu'elle dissimulait bêtement au plus profond de son âme et qui la déchirait de l'intérieur, qui brisait la moindre partie de son corps, consumant peu à peu son cœur.

Comment en était-elle arrivée là ? Pourquoi faisait-elle cela ? Comme si ce sentiment étrange qu'elle ressentait lui faisait perdre la raison et la conduisait dans ce gouffre. Comme si tout ce qu'elle avait toujours voulu éviter s'était produit à cause d'un simple sentiment que tout le monde avait connu un jour. Elle cherchait encore désespérément cette main qui viendrait l'aider, la protéger. Cette main qui viendrait la tirer hors de cette prison dans laquelle elle s'était elle-même enfermée. D'entre ces barreaux de fer qui l'empêchaient de sortir, et seul lui détenait la clef qui pouvait la sauver, celui qui ne la protégerait jamais. Il n'avait sûrement pas l'air de le comprendre, mais c'était à cause de lui qu'elle en était là, à cause de ce stupide sentiment qu'il avait causé et qu'elle n'arrivait pas à ignorer et à contrôler.

Elle avait pensé que jamais ça ne lui arriverait, que jamais elle ne ressentirait quelque chose d'aussi fort. Elle s'était promise de ne pas craquer, de ne pas tomber dans ce piège, mais il avait été plus fort, elle devait l'admettre. Maintenant elle était faible, seule la brûlure au fond de son cœur lui prouvait qu'elle était toujours en vie. Elle qui se pensait plus forte que ça, plus intelligente, elle était maintenant aveugle et en avait pourtant bien conscience. Comment avait-elle pu se laisser faire à ce point ? Se laisser berner par un garçon pareil ? Comment avait-elle pu croire ce qu'il racontait ? Elle avait honte maintenant, de voir qu'elle l'avait cru, qu'elle avait cru en ses mensonges, et qu'elle pourrait encore y croire s'il les lui redisait maintenant. Parce qu'il l'avait eue, parce que maintenant il pouvait faire ce qu'il voulait, elle serait toujours là pour lui et elle se détestait pour cela.

Elle ferma doucement les yeux, se laissant emporter dans cet océan noir. Elle laissa lentement sa tête s'engouffrer dans le liquide brûlant, puis se détendit enfin. La douleur était vive, mais pas aussi forte que celle qu'elle avait ressentie tous les jours avant celui-ci, que celle qu'elle avait connue en le rencontrant. Il était l'objet de tous ses tourments, sans même qu'il ne le remarque. Par sa faute, elle était devenue une simple poupée, rien de plus qu'une vulgaire marionnette. Elle ne ressentait plus que cette souffrance qui lui transperçait le cœur dès qu'elle croisait son regard, dès qu'elle entendait le son de sa voix, dès qu'elle apercevait sa silhouette, dès qu'elle entendait son nom. Elle s'était transformée en objet et il la manipulait sans le savoir, chacun de ses faits et gestes la contrôlaient et la blessaient un peu plus. Sans lui, elle n'était plus rien.

Sa raison avait définitivement disparu, la laissant seule avec son cœur meurtri. À chaque battement, la souffrance était encore plus forte et la plaie plus grande. À chaque nouveau battement elle s'éloignait de la réalité et s'enfonçait un peu plus dans cette tristesse sans fin d'où elle ne pouvait pas ressortir. Depuis le début elle n'avait pas la force de se battre, elle se laissait emporter sans dire un mot, sans se sauver. Elle ne voulait plus que la fin, elle l'attendait, mais c'en était trop. Elle avait envie que tout cela cesse. Elle désirait en finir, ne plus avoir mal, qu'il ne la fasse plus souffrir comme ça.

Elle entrouvrit la bouche et des bulles d'air s'en échappèrent alors. De l'eau s'engouffra dans ses poumons, les brûlant. Elle ouvrit les yeux, dévoilant ses pupilles nacrées, puis agrippa brusquement les rebords de la baignoire, ses doigts blancs tenant fermement le marbre. Elle se releva, émergeant sa tête de l'eau. Sa respiration était forte, celle-ci couvrait le bruit répétitif, ce « ploc » inquiétant.
Les larmes roulaient lentement sur ses joues, ses cheveux noirs étaient plaqués contre son corps. Elle toussa violemment, recrachant de l'eau. La douleur lui comprimait le cœur alors que ses mains s'agrippèrent plus fermement contre le rebord en marbre.

Elle reprit lentement une respiration normale, cependant les larmes coulaient toujours sur ses joues et ses yeux brillaient toujours de cette tristesse. Elle empoigna la lame à côté d'elle. Sans même réfléchir, elle vint la poser contre sa peau blanchâtre, au-dessus d'une de ses veines bleues. Elle appuya doucement contre son avant-bras, appréciant le frisson qui parcourait son échine, appréciant la douleur qui traversait son corps tout entier. Elle continuait d'appuyer tandis que ses mains tremblaient. Du liquide rouge s'échappa de sa blessure et coula le long de sa peau. Ses yeux ne lâchèrent pas la goutte qui glissait lentement puis qui vint s'écraser sur l'eau. Elle fut vite rejointe par d'autres perles rouges.

Elle repensa à lui, elle revit son visage souriant et ses larmes redoublèrent d'intensité. C'était entièrement de sa faute si elle faisait ça, elle le faisait pour lui. Il avait causé sa souffrance sans s'en rendre compte, il se fichait bien d'elle et de ses sentiments. Celui qu'elle considérait comme sa raison de vivre se fichait éperdument d'elle, alors pourquoi continuer ? Dès qu'elle avait vu son visage, elle savait ce qui l'attendait, elle avait tant redouté ce moment pendant qu'elle apprenait à le connaître puis, quand elle le connaissait enfin, elle n'attendait que ça, que cette fin.
Ses mains tremblaient, elle l'aimait. Malgré ce qu'elle essayait de faire croire, elle ne pouvait se passer de lui. Elle ne pouvait pas accepter l'idée qu'il ne soit pas à elle, qu'il ressente quelque chose de moins fort à son égard que ce qu'elle éprouvait pour lui. Ce sentiment, elle ne l'avait jamais ressenti, et elle ne l'aurait pas tant attendu si elle avait su qu'il lui ferait aussi mal.

Elle laissa glisser la lame contre sa peau, traçant un long filet rouge. Les larmes coulaient toujours, mais un sourire se dessina sur son visage angélique. La lame métallique tomba lourdement dans l'eau puis plongea au fond de cet océan empourpré. Il ne restait que son corps inanimé qui souriait faiblement.

Le sang qui se déversait dans l'eau représentait tant pour elle. Son amour perdu, la pire de ses souffrances. Le sang qui avait coulé, la douleur qu'elle avait ressentie, tout ça c'était pour lui. Elle voulait qu'il voie ce qu'il avait fait, ce que sa stupidité avait causé. Elle avait commis cet acte pour lui, parce qu'elle l'aimait et qu'elle ne voulait plus souffrir comme ça.
Maintenant, elle ne souffrirait plus.



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