Fiction: Plus tous seuls. (terminée)

Une même inadaptation en ce qui concerne leur milieu social, une même envie de fuir, un même sentiment de solitude... Ils ont plusieurs choses en commun et lorqsu'ils se rencontrent à ce mariage, un truc se passe. Un petit quelque chose, une attirance psychologique, physique...appelez ça comme vous voulez. Elle qui fait tout pour fuir le système et lui qui ne sait pas encore réellement quoi faire pour améliorer sa situation. Hinata Hyuuga et Sasuke Uchiwa vont se rencontrer et pour une fois,
Romance | Mots: 9314 | Comments: 1 | Favs: 2
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Temaa-971 (Féminin), le 04/02/2012




Chapitre 1: Plus tous seuls.



Ses longs cheveux d’ébène bleuté volants au vent, elle s’engouffra dans le grand couloir de l’entrée ayant au préalable vérifié qu’elle se trouvait bien à la bonne adresse. Ses joues étaient légèrement rosées et ses grands yeux blancs parfaitement maquillés. Une certaine innocence planait sur son doux visage.
- Mademoiselle ! l’interpella une voix. Excusez-moi, où allez-vous ?
Elle sursauta malgré elle, s’étant cru seule dans le couloir dans lequel elle se trouvait. A quelques mètres d’elle, une belle jeune femme aux cours cheveux bruns la fixait d’un air suspicieux.
- Désolée, s’excusa-t-elle immédiatement. Je ne vous avais pas vu. Je crois que je me suis perdue. Pourriez-vous m’indiquer dans quelle salle se situe exactement le mariage de monsieur Uzumaki et de mademoiselle Haruno ?
L’air de la jeune femme se radoucit.
- C’est par là, dit-elle en l’incitant à la suivre. Vous devez être la chanteuse, Hinata Saïno n’est-ce pas ?
Elle hocha silencieusement la tête, étonnée de sa petite notoriété.
- Les musiciens sont déjà là, expliqua l’inconnue. Je suis l’organisatrice de ce mariage, Shizune Tomoko.
- Enchantée, sourit timidement Hinata.
- Bon, souffla Shizune en s’arrêtant devant une porte. C’est ici que nos chemins se séparent. Les musiciens sont là, vous pourrez répéter. Moi j’ai encore pas mal de travail et mademoiselle Haruno est une jeune mariée extrêmement stressée alors je préfère ne pas me mettre en retard, dit-elle dans un clin d’œil.
L’organisatrice sortit alors d’on-ne-savait-où un portable qui venait à peine de sonner et répondit, laissant ainsi hors plan la jeune chanteuse. Cette dernière soupira avant de pousser les deux grandes portes battantes de la salle. Ce soir, elle allait faire ce qu’elle faisait de mieux : chanter.










Une serviette nouée autour de la taille et le torse encore ruisselant de la douche qu’il venait tout juste de prendre, il fouilla dans ses affaires, cherchant une chemise à mettre.
Après quelques courtes minutes de réflexions, il opta pour une chemise blanche et simple. Il se retourna alors vers son lit, dessus étaient étendu le pantalon qu’il comptait porter – un bas de costume d’un bleu tellement sombre qu’il semblait presque noir – ainsi que le reste de ses vêtements.
- Alors tu vas y aller hein.
Le jeune homme sursauta malgré lui, surpris. Puis, reconnaissant la voix qui venait de se faire entendre, il ne daigna même pas se retourner pour faire face à son interlocuteur, préférant de loin soupirer d’agacement.
- Itachi, pesta-t-il, la prochaine fois frappe avant d’entrer, s’il te plaît.
Le concerné pouffa doucement, appuyé contre l’embrasure de la porte d’entrée de la chambre de son petit frère. Il observait ce dernier depuis un moment déjà. Il était d’ailleurs très fier de l’avoir fait sursauter.
Il s’engouffra sans en demander la permission dans la chambre et partit s’asseoir sur un long canapé en velours rouge, continuant d’observer silencieusement son frère dans sa préparation. Ses yeux et ses cheveux étaient d’un noir sombre et profond. Ses traits étaient fins, délicats, harmonieux. Son visage au teint d’asphalte était encadré par deux longues mèches de cheveux, qui avaient échappé à la queue basse qu’il s’était faîte dans le dos. Itachi était séduisant et les deux cernes noirs qui soulignaient ses yeux n’entachaient en rien à son charme. Au contraire, elles ne faisaient que l’accentuer, le rendant encore plus attirant.



Exaspéré par le regard de son frère qu’il sentait plus que pesant dans son dos, le jeune homme occupé à se préparer se retourna d’un coup.
- Qu’est-ce que tu veux ? demanda-t-il.
Il ne possédait pas les deux séduisantes marques que son frère portait sous ses yeux et ses cheveux, plus courts, étaient coiffés en bataille vers l’arrière de son crâne. Hormis ces deux détails, il était le portrait craché de son frère. Il était aussi beau que lui, sinon plus. En effet, on pourrait ajouter sur la liste de leurs différences, qu’il régnait sur son visage un air d’homme intouchable. Ce qui le rendait d’autant plus désirable.
Itachi esquissa un sourire, fort content de l’agacement qu’il provoquait chez son petit frère.
- Alors tu vas y aller ? répéta-t-il. Hein Sasuke ?
Rageusement, ledit Sasuke entreprit d’enfiler un caleçon, sa serviette toujours nouée autour de la taille.
- Oui, répondit-il seulement.
- Père ne sera pas content, sourit l’aîné après un moment de silence.
- Tant pis. Naruto et Sakura sont des amis d’enfance proches. Et si je ne vais pas à leur mariage je m’en voudrais au moins autant qu’eux.
Itachi soupira. Etre issus de l’illustre clan Uchiwa n’était pas toujours une partie de plaisir. En effet, leur père – et accessoirement patriarche du clan – tenait énormément aux valeurs anciennes. Autant dire que se rendre au mariage de vieux amis non-issus de riches familles ne faisait pas partie de ces valeurs. Et aller à l’encontre des valeurs familiales était sévèrement puni par le clan, en la personne du patriarche. S’il allait à ce mariage et que leur père l’apprenait, Sasuke risquait l’exil familial étant donné qu’il avait déjà de nombreuses fois été contre les valeurs du clan.
- Sasuke, soupira-t-il. Tu vas aggraver ton cas avec p…
- Je m’en contrefous, le coupa-t-il. Itachi tu n’as plus besoin d’être le grand frère protecteur, je suis grand maintenant.
- Grand sans doute, mais pas assez pour te débrouiller seul.
Entendant les remontrances d’Itachi, Sasuke leva les yeux au ciel, agacé, réaction qui ne passa pas inaperçu à son grand frère.
- Je suis sérieux Sasuke. Père a bien failli te déshériter il y a peu à cause de ta réaction.
- Il n’avait qu’à le faire ! répondit le plus jeune du tac au tac. Ma réaction était tout à fait justifiée, il a tenté de me marier.
- J’ai moi aussi été marié et tout va pour le mieux pour moi tu sais…
- Ayame est une jeune femme belle, gentille cultivée et drôle. Et tu l’aimes, ajouta-t-il fatalement.
Cette réplique arracha un sourire benêt à l’aîné. Sourire qu’il s’empressa d’effacer, fierté Uchiwienne oblige.
- Peut-être que si tu avais laissé un peu de temps à Karin elle…
- Elle m’a sauté dessus en me criant qu’elle m’aimait plus que tout depuis le collège, ironisa Sasuke. Et cette fille ne m’a vu qu’en photo ou bien à de rares occasions durant les meetings familiaux. Non, jamais je n’aurais pu m’attacher à cette fille.
Le grand frère esquissa un sourire. Sur ce point, Sasuke n’avait pas tort du tout. Karin était collante dans son genre…très collante.
- Itachi. Il s’agit du mariage de Naruto et Sakura, mes meilleurs amis. Je ne peux pas ne pas y aller. Et si père n’est pas d’accord…et bien tant pis.
L’aîné abdiqua. Que pouvait-il faire de toute façon ? Sasuke était une tête brûlée qui ne faisait que s’attirer les foudres de son père.
- Bien, soupira-t-il en se relevant. Dans ce cas je pense que je vais prévenir père que tu ne seras pas là cet après-midi et ce soir parce que tu fais des recherches à la bibliothèque.
Sasuke esquissa un sourire et regarda son frère prendre la sortie.
- Merci, lui murmura-t-il avant qu’il ne sorte.










Elle allait bientôt monter sur scène. La marche nuptiale avait eu lieu, le sermon du prêtre aussi, ne restait plus que les vœux. Ensuite, tous les invités se dirigeraient vers la salle du banquet et elle serait appelée à monter sur scène pour faire ce pour quoi elle était payée.
Elle devait avouer que la mariée était splendide. Ses beaux cheveux roses étaient magnifiquement coiffés et sa robe lui allait à merveille. Quant au marié, même s’il semblait incroyablement mal à l’aise, il avait l’air réellement amoureux de sa future femme. De là où elle était, elle pouvait lire dans ses grands yeux bleus tout l’amour qu’il lui portait. Elle soupira en détournant le regard. Elle avait quitté sa famille à cause d’un mariage arrangé avec lequel elle n’était pas d’accord. Un membre d’un clan riche. De quoi augmenter le patrimoine familial en somme. Pas d’amour, ni même de sentiments. Juste un mariage arrangé et intéressé. Son propre clan avait failli gâcher sa vie, dans le seul but d’augmenter une richesse et une puissance qu’il possédait déjà en abondance. Elle ne regrettait pas de les avoir quittés. Pas le moins du monde…
Elle soupira. C’était difficile de se persuader en fait, plus difficile qu’elle ne l’aurait cru.
Pour se changer les idées, Hinata jeta un regard à la salle : plusieurs petites tables rondes regroupant au maximum huit personnes. C’était…harmonieux.
Les vœux étaient terminés, les anneaux échangés. Ils étaient enfin mariés. Une douce mélodie emporta la salle alors que les jeunes gens s’embrassaient amoureusement.
Une vive adrénaline envahit son corps. Dans moins de dix minutes, le temps que les invités s’installent, elle devrait chanter devant tout ce monde.






- Depuis combien de temps connaissez-vous les mariés ? demanda tout sourire une belle blonde.
Elle tenait fortement la main d’un jeune homme brun aux longues traces rouges sur chacune de ses joues. Un beau couple.
Sakura et Naruto avaient enfin été déclarés mari et femme. Ils s’occupaient encore de la figuration dans peu de temps ils viendraient le rejoindre sur la petite table à laquelle il était installé. Il tourna un peu la tête. En plus de ce jeune couple, une femme blonde à forte poitrine et un homme aux longs cheveux blancs étaient assis.
Depuis combien de temps il connaissait Naruto et Sakura ?
Depuis le primaire sans doute. Après l’école, il avait réussi à obtenir de sa gouvernante qu’elle l’emmène dans un parc pour enfants populaires avant qu’il ne rentre chez lui. Ainsi chaque soir, en sortant de son école pour enfants pourris-gâtés, il se rendait dans ce parc de jeux. Et il jouait, chahutait, trébuchait, salissait… Et c’était là qu’il avait fait la connaissance de ses deux amis. En grandissant, ils avaient gardé contact, malgré l’énorme frontière sociale qu’il y avait entre eux. Cette amitié avait été vue d’un mauvais œil par son père. Il avait donc fini par la lui cacher. Une relation difficile, mais qui avait quand même tenu le coup.
- Depuis le primaire, répondit-il évasivement.
La blonde allait répondre quelque chose lorsqu’une voix imposa le silence à toute la salle.
- Excusez-moi, s’il vous plaît !
Toutes les têtes se tournèrent vers la jeune mariée Sakura, debout sur la scène, un micro dans les mains.






Hinata n’écouta pas le discours de remerciement que fit la jeune mariée. Elle préféra se concentrer sur ses chants à venir, sur son répertoire. C’était plutôt court et elle connaissait parfaitement tous les chants mais elle ne voulait sous aucun prétexte se tromper. Non. Aujourd’hui était le plus beau jour de la vie des deux jeunes mariés…alors elle ferait de son mieux pour que tout soit parfait.
Le discours se termina sous un tonnerre de joyeux applaudissements de la part de toute la salle. Et enfin, après que Sakura Haruno ne l’ait présentée, Hinata s’avança timidement sur la scène.
L’attention que tout le monde lui portait la mettait diablement mal à l’aise. Elle n’aimait pas que tous les regards soient tournés vers elle…alors pourquoi avait-elle choisit de chanter ? Elle soupira. Hinata était et resterait à vie contradictoire. Coincée entre l’envie que personne ne fasse trop attention à elle, et celle que tout le monde reconnaisse son talent. C’était comme ça.
Elle soupira. Allez ma fille. De toute façon, les gens ne l’observeraient que pour son premier chant. Ensuite, ils discuteraient, mangeraient, rigoleraient. Elle, n’était là que pour égayer un peu le repas, ensuite, elle disparaîtrait. Et c’était bien comme ça.






Lorsqu’il aperçut sur la scène la jeune chanteuse, Sasuke fronça les sourcils. Ce visage, ces yeux, il les reconnaissait. Cet air perdu, candide et doux, il l’avait déjà vu. Mais…était-ce possible ?
Lorsqu’il vit la jeune brune attraper le micro de ses mains frêles et saluer toute l’assemblée de sa douce voix timide, il n’eut plus aucun doute. Hinata Hyuuga. Cette jeune femme avait été dans sa classe. Il s’était rendu compte seulement en première qu’elle y était depuis le début du collège. Il ne l’avait jamais vraiment remarquée en fait. Elle était discrète, effacée.
Oui, il se rappelait d’elle, si discrète et gentille. Le genre de fille qui n’avait pas d’amis, non pas parce qu’elle était exécrable ou bien étrange. Non, juste parce qu’elle était bien trop discrète et effacée pour que l’on remarque sa présence, vivant dans l’ombre de son cousin Neji et de sa petite sœur Hanabi. Elle était seule au lycée. Et certainement au collège aussi. Et d’ailleurs, ça n’était pas plus mal pour elle. Dans ce lycée pour riche, les gens n’étaient amis que d’apparences. Le but était de se faire le plus de relations possibles, pour la suite des évènements, pour après le lycée, quand on reprendrait les rennes de l’entreprise familiale. Hinata était sans doute l’élève de leur lycée la plus riche derrière lui. La firme Hyuuga, grande concurrente de celle des Uchiwa. Et elle était la grande héritière, et pourtant la jeune femme n’avait rien des grands requins vicieux et amateurs de coups bas qui constituaient la crème des grandes entreprise nationales. Au contraire, elle était profondément gentille. Il ne la connaissait pas plus que ça. Il n’avait jamais été son ami. Il n’avait jamais eu d’amis à l’école à vrai dire. Rapidement, il avait compris que son potentiel d’attirance venait plus de sa fortune qu’autre chose…quoi que sans doute aussi de son physique. Quoi qu’il en soit, il ne connaissait pas Hinata. Et il n’aurait jamais remarqué sa présence s’il ne l’avait pas croisée durant l’un des meetings Uchiwa dans lesquels bons nombre des concurrents étaient conviés.
Mais bon, toutes ces histoires n’étaient plus d’actualité. Le fait était qu’il y avait trois ans de cela, Hinata Hyuuga avait disparu. Il avait appris, par quelques employés un peu trop friands de commérages, que la demoiselle Hyuuga avait fuguée. Il n’y avait pas vraiment cru. Hinata était fragile, faible, elle ne s’était pas enfuie, on l’avait certainement chassée dehors. Il en était sûr.






Hinata s’avança jusqu’au piano qui l’attendait sur scène, pris place sur le petit siège prévu à cet effet et jeta un discret regard aux violonistes et violoncellistes derrière elle.
Elle ferma les yeux et prit une longue inspiration. C’était le moment de se prouver encore à elle-même qu’elle valait mieux qu’un simple nom, qu’elle pouvait réussir seule et sans l’étiquette « Hyuuga » collée sur son front. Elle était quelqu’un, ça elle le savait. Maintenant, il fallait que les autres le sachent.
Elle rouvrit les yeux et hocha la tête à l’attention des musiciens. La demi-seconde qui suivit, ses mains jouaient les premiers accords d’une chanson douce et vibrante. Les instruments à cordes se joignirent rapidement à elle et bientôt la douce mélodie put envahir la salle entière.






Sasuke avait froncé les sourcils en reconnaissant l’ex-héritière du clan Hyuuga. Il les avait encore plus froncés quand il avait entendu le nom d’emprunt qu’elle avait choisi. Mais lorsqu’il avait vu la jeune femme s’installer devant le piano, lorsqu’il avait enfin pris conscience qu’Hinata la discrète allait chanter devant tout le monde, il avait fait les gros yeux.
Les Hyuuga excellaient dans l’art musical, au même titre que les Uchiwa dans ceux du combat. Encore en primaire, Neji Hyuuga faisait la fierté de son clan en jouant quelques symphonies de Beethoven au violoncelle. La petite Hanabi lui fit rapidement de l’ombre à son tour, en maîtrisant le violon à, à peine, six ans. Finalement, les deux cousins avaient fini par donner quelques concerts, en guise d’ouverture des grands meetings organisés par les Hyuuga, histoire de montrer encore le génie de la relève familiale.
Hinata n’avait jamais fait partie de ces concerts. Il avait attendu longtemps d’ailleurs, avant d’entendre quelques mauvaises langues se moquer de la jeune héritière car elle n’égalait en rien son cousin et sa petite sœur.
Hinata donc, n’était pas assez douée pour représenter le clan. Et pourtant, aujourd’hui, la jeune femme jouait devant tout le monde. Il ne s’y connaissait pas assez en musique pour savoir si la belle mélodie qui était jouée rendait aussi bien seulement grâce à l’ex-Hyuuga ou aussi aux instruments à corde. Quoi qu’il en soit, Hinata jouait, bien.
Sasuke ne mit pas longtemps à reconnaître les premiers accords d’une des chansons préférées de son amie Sakura. Pour l’avoir entendu la chantonner tant de fois, le brun aurait pu la reconnaître rien qu’aux premières notes. Cette musique était, d’après la jeune mariée, enivrante, relaxante, paisible. Naruto lui, préférait des titres un peu plus énergiques, mais lorsqu’il était question de sa femme, le blond ne montrait jamais la moindre opposition. Il esquissa un sourire, discret. Sakura avait son caractère bien trempé…


Il en était là dans ses pensées quand la voix de la chanteuse le rappela à l’ordre. L’Uchiwa se fit violence pour ne pas écarquiller à nouveau les yeux. La voix frêle, peu assurée et aigüe qu’il connaissait avait laissé place à un tout autre timbre. Hinata chantait avec passion, dextérité et talent. Il ne quitta pas des yeux la jeune chanteuse. Elle semblait si pleine d’assurance… Lui qui avait toujours considéré la jeune femme comme une incapable trop faible pour son milieu, il tombait des nues en lui reconnaissant cette voix de chanteuse affirmée et mûre.
- Eh elle chante bien hein !
Il grimaça, agressé par le coup de coude en pleines côtes de son meilleur ami. Naruto le fixait de son regard rieur et satisfait. Il acquiesça silencieusement et jeta un coup d’œil à Sakura, assise aux côtés de son mari. La jeune rose avait l’air complètement captivée par les musiciens. Il esquissa un sourire, puis reporta son attention sur la jeune femme.
Quel était son nom d’emprunt déjà ? Saïno ? Il eut un rictus, à la fois surpris et amusé par l’audace de la jeune femme. En japonais, Saïno signifiait « Talent ». Ça pour sûr, Hinata n’avait pas mal choisi son nouveau nom, mais il restait tout de même étonné par le culot de la douce.






Le premier morceau était passé, les gens l’avaient applaudie, elle en avait conclu qu’ils avaient apprécié. A présent, les invités mangeaient et discutaient gaiement, et de temps à autre, lorsqu’elle relevait la tête de son piano, elle pouvait voir quelques têtes tournées vers elle qui l’observait jouer et chanter. Hinata était enchantée. Laissant ses doigts se déplacer sur son instrument tout en chantant, la jeune femme ferma les yeux et se laissa aller à penser à des souvenirs de son enfance.
Elle avait commencé les cours de piano à quatre ans. Elle était une bonne élève, assidue. Et ça pour sûr, elle était douée et en avance sur les autres enfants de son âge. Le problème ? Entre être doué dans une famille normale et être doué chez les Hyuuga, il y avait un gouffre. Un gouffre qu’elle n’avait pas réussi à franchir du haut de ses à peine cinq ans. Son père lui avait fait comprendre, sans le moindre tact, qu’elle était ridicule en comparaison à son cousin qui, à seulement un an de plus qu’elle, enchaînait les symphonies avec succès. Elle aurait pu abandonner. Elle ne l’avait pas fait. Au contraire, elle s’était accrochée, avait doublé d’efforts, avait progressé encore plus vite que quiconque. Mais encore une fois, ses efforts avaient été vains, et sa progression pas assez suffisance. Rien n’était jamais assez suffisant pour les Hyuuga. Elle avait alors abandonné l’idée de pouvoir satisfaire son père par le biais de la musique, mais elle avait continué de jouer pour elle, pour son plaisir propre. Elle s’était rapidement découvert un talent insoupçonné en ce qui concernait la musique et plus particulièrement le chant et n’avait cessé de s’exercer seule, dans sa chambre. Elle avait du talent, mais aucun Hyuuga ne l’avait jamais su.


Elle aurait pu rester dans son clan, elle aurait pu continuer à n’être que la pauvre et incapable Hinata, n’être que l’ombre des véritables génies des Hyuuga, Neji et Hanabi. Elle aurait pu accepter ce que lui avait demandé son père : épouser un homme riche pour assurer le maintien du patrimoine familial et abandonner sa place d’héritière au profit d’Hanabi, histoire « de se rendre utile au clan pour une fois et de ne pas interférer bêtement dans des histoires qu’elle ne comprenait même pas », c’était les mots exacts qu’avait utilisé Hiashi Hyuuga. Charmant.
Ça avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. Elle qui avait toujours tenté de s’adapter à ce milieu qui ne lui avait à aucun moment de sa vie convenu, elle avait décidé de lâcher l’affaire. Ou plutôt, elle avait décidé de se prendre en main, de quitter ce clan qui ne l’acceptait pas et de faire sa vie. Sa propre vie. A la demande de son père, elle avait répondu : « Je vais y réfléchir ». Puis, elle était retournée dans sa chambre, avait ses valises avec le nécessaire. Avait fouillé dans son bureau pour en tirer une lettre manuscrite par ses soins, depuis plusieurs semaines déjà. Un message destiné à son père dans lequel elle expliquait à quel point la vie dans ce clan l’avait détruite à petits feux et que par conséquent, elle n’avait plus d’autre choix que de disparaître. Oui, même si elle avait été plutôt impulsive dans sa décision, elle réfléchissait à cette éventualité depuis des mois déjà. Et le mariage arrangé organisé par son père n’avait été que l’élément précurseur de sa disparition.
Elle avait quitté les Hyuuga, comme ça, à vingt-trois ans. Elle s’était installée chez une jeune peintre rencontrée par hasard, Tenten, dans un petit bled paumé bien éloigné de Konoha, à l’autre bout du Pays du Feu et avait arrêté les études pour commencer l’enchainement d’une multitude de petits boulots. Continuer les études ? Même si elle l’avait voulu, elle n’aurait pas pu. Son père, après avoir gelé son compte en banque, l’avait désinscrite de l’université dans laquelle elle prenait ses cours. Son but ? Certainement qu’elle revienne en pleurant demander de l’aide à Papa… Hiashi Hyuuga ne s’avouait jamais vaincu.
Et bien malheureusement pour lui, elle avait tenu. Un sourire satisfait habilla ses lèvres.






A présent, les convives mangeaient, discutaient, riaient, mais Sasuke ne quittait pas des yeux la jeune chanteuse, encore choqué de l’apercevoir ici après tant d’années.
- C’est son dernier chant, murmura Sakura, déçue.
- Vous devriez l’inviter, elle est vraiment sublime.
Surpris, Sasuke arqua un sourcil à la jeune femme blonde – Ino, il croyait – qui lui souriait, comme si de rien n’était. Alors que Naruto pouffait bêtement et que sa femme esquissait un sourire exaspéré, lui resta interdit et interloqué.
- Depuis qu’elle est montée sur scène vous ne l’avez pas quitté des yeux, expliqua la blonde un sourire en coin. Je pense que…
- Ino ! la coupa le brun à côté d’elle, gêné. C’est pas tes affaires bon sang ! Désolé, c’est les hormones, ajouta-t-il.
- Kiba !
La dénommée Ino jeta un regard vexé à son compagnon et Sasuke en profita pour observer discrètement le ventre de cette dernière. Légèrement rebondi. Il esquissa un sourire. Et tandis que le couple se lançait dans une mini-dispute sans grande envergure, il reporta son attention sur Hinata. Malheureusement, l’Uchiwa fut à nouveau sorti de sa contemplation par son ami blond qui lui enfonça encore une fois son coude dans les côtes, d’un air enfantin. Agacé Sasuke se tourna vers lui, silencieusement.
- Qu’est-ce qu’il y a Naruto ? demanda-t-il platement.
Le blond afficha un large sourire moqueur sur ses lèvres avant de répondre.
- Mince alors, t’es tombé amoureux ou quoi ?
- Crétin, persifla l’Uchiwa en détournant le regard.
L’Uzumaki éclata de rire – plus pour mettre mal à l’aise son ami qu’à cause de la situation – mais fut rapidement rappelé à l’ordre par sa femme qui, en lui enfonçant le talon de son escarpin dans le pied, réussit à le faire taire. Sasuke remercia la rose d’un simple regard.
- Naruto, soupira-t-elle. Des fois je me demande ce que je te trouve…
- Très drôle, ironisa le blondinet.
- Tu connais cette fille, n’est-ce pas Sasuke ?



L’interpellé ne fut même pas surpris que Sakura ait deviné si vite, depuis le temps qu’ils se connaissaient, il était habitué au talent de déduction de la jeune femme. Il hocha simplement la tête.
- C’est une Hyuuga.
Tout le monde à la table ronde fit les yeux ronds. Au-delà du fait que la jeune femme semble trop candide pour faire partie d’un clan si impérialiste que celui des Hyuuga, jusqu’à preuve du contraire, aucun Hyuuga n’était chanteur. Le monde des Hyuuga, c’était le monde des affaires, pas celui de l’art.
- Hyuuga, comme la multinationale ? s’écria presqu’immédiatement Ino, sur un ton de conspiratrice.
- Exact.
- Oh-la-vache ! Ma puce, une Hyuuga a chanté à notre mariage !!
Sakura rit de bon cœur devant la tête d’hurluberlu de son mari, mais se calma presqu’aussitôt. Puis, elle prit un temps de réflexion.
- Elle s’est fait appeler « Saïno », murmura la rose après un moment.
- Bah oui, c’est un truc de riche ça ! rétorqua presqu’immédiatement Ino d’un air confiant. On prend des faux noms par-ci par-là, pour ne pas être emmerdé par les médias !
Sasuke jeta un regard dubitatif à la blonde enceinte. Savait-elle seulement de quoi elle parlait ?
- Peut-être, admit Sakura en haussant les épaules. Quoi qu’il en soit, je pense qu’elle ne veut pas qu’on sache qui elle est vraiment. Alors ça reste entre nous.
- Pas de soucis !
- D’accord, accepta Kiba.
- Hn.
- C’est compris, Ino ? insista la rose.
Devant les regards que les quatre autres lui jetaient, la blonde leva les yeux au ciel.
- Vous êtes chiant ! siffla-t-elle. C’est un scoop ça, faut le répéter !
- Ino, murmura son compagnon, d’un air menaçant.
Elle eut un court moment d’hésitation, mais devant le regard noir que lui jeta Sasuke, elle leva les bras au ciel en signe d’abdication.
- Ok, soupira-t-elle. C’est la plus grosse connerie que vous m’ayez jamais demandé de faire, mais j’accepte.
Légèrement soulagé, Sasuke se leva de sa chaise.
- Eh mec tu vas où ? s’écria presqu’aussitôt Naruto.
- Me servir à manger.
Dans le fond de la salle, avait été placée une longue table sur laquelle avaient été disposés plusieurs entrées, plats de résistances et amuse-gueules. Ça n’égalait pas la mise en forme des Uchiwa, mais ça restait agréable à l’œil, et pratique. Sasuke attrapa une assiette sur le rebord de la table et commença à se servir.
Au même moment, la jeune mariée invitait la chanteuse à se servir à manger avant de retourner chez elle, juste après l’avoir encore une fois félicité pour son fabuleux concert.






Hinata, encore touchée par les compliments des nouveaux mariés, tournait rêveusement autour de la grande table du buffet, piquant de temps à autre dans les grands plats et tenant fermement dans sa main un petit bijoux en pierre d’asphalte. Elle allait tendre le bras pour se servir une portion de riz, quand sa main toucha celle d’une autre personne, sans faire exprès.
- Désolée, murmura-t-elle gênée en retirant presqu’immédiatement sa main.
Elle releva le regard pour faire face à son vis-à-vis et…sursauta tellement qu’elle en laissa tomber l’objet qu’elle tenait dans sa main.


Arquant un sourcil, Sasuke s’abaissa pour ramasser ce qui semblait être un précieux bijou et le lui tendit. Il ne s’était pas attendu à voir Hinata aujourd’hui, et encore moins à la croiser.


- Uchiwa Sasuke, murmura doucement Hinata, les yeux exorbités par la stupeur.
Elle cligna des yeux quelques secondes, interloquée ; et sursauta encore plus quand elle réalisa que depuis tout ce temps, son interlocuteur lui tendait son précieux bijoux de famille.
- M…merci ! bredouilla-t-elle en reprenant l’objet.
Elle le fourra rapidement dans l’une des poches de sa veste et prit une longue inspiration. Ce bijou était un cadeau de sa mère. Sans doute n’avait-il pas une grande valeur monétaire, mais ça pour sûr, il avait une grande valeur sentimentale pour la jeune femme. Elle serra les dents. Elle qui depuis trois ans s’efforçait d’échapper à la poigne de son père, voilà qu’elle tombait sur le fils d’un de ses plus proches associé ou concurrent…elle n’avait jamais vraiment compris la nature des relations entre les Hyuuga et les Uchiwa. Quoi qu’il en soit, c’était pas de chance…vraiment pas de chance.
- Que fais-tu là ? demanda-t-elle un peu brusquement. Pardon, ça ne me regarde pas, s’empressa-t-elle d’ajouter en détournant le regard, incroyablement gênée.
Sasuke eut un rictus, amusé par la maladresse et le manque de confiance de son interlocutrice.
- Je ne m’attendais pas à te voir ici, avoua finalement la demoiselle.
- Moi non plus, répondit-il platement.
Il y eut un blanc, intriguant et gênant. Incroyablement gênant. Déposant son assiette sur la table, Hinata commença à reprendre les bonnes vieilles et mauvaises habitudes en se triturant nerveusement les doigts.
- Ne dis rien à ma famille…s’il te plaît.
Cette demande sonnait plus comme une supplication qu’autre chose aux oreilles du brun. Cependant, il ne s’en formalisa pas. Ce que faisait et devenait l’ex-Hyuuga ne le regardait pas. Et il n’avait aucun intérêt à aller trouver le patriarche familial pour lui annoncer qu’il avait retrouvé sa fille.
- Bien, accepta-t-il.
- Merci.


Sasuke eut envie de s’en aller. Puis il repensa à Hinata, en train de chanter et de jouer du piano devant toute la salle. Il repensa à sa très bonne prestation et à la politesse que le clan Uchiwa lui avait inculquée.
- C’était une bonne prestation, lâcha-t-il avec indifférence.
Hinata sentit ses joues la bruler tellement la gêne s’emparait d’elle.
- Merci, bredouilla-t-elle. Père ne voulait pas que je joue, alors j’ai trouvé un autre moyen, ajouta-t-elle un sourire gêné aux lèvres.
Elle se détesta presqu’aussitôt d’avoir lâché ces mots sans réfléchir un peu plus. Critiquer la perfection imposée du clan Hyuuga devant un futur chef Uchiwa, c’était comme insulter un homme à main armés qui nous menaçait. C’était stupide. Incroyablement stupide.
Cependant, à sa grande surprise, Sasuke eut un rictus amusé, rapidement remplacé par cet air d’indifférence qui prônait habituellement sur son visage. Hinata ne sut pas comment interpréter cette réaction. Et gênée par ce silence, elle se sentit obligée de réengager la discussion.
- Tu dois penser que j’ai fait une bêtise en quittant mon clan, déclara-t-elle tout bas.
- Je comprends.
Elle écarquilla les yeux, surprise, puis plongea son regard neigeux dans celui onyx du brun, cherchant une explication, une justification à ce qu’il venait de dire. Rien. Les Uchiwa étaient réputés pour être de parfait bluffeur, sachant parfaitement cacher leurs émotions à quiconque tentait de lire en eux. Pratique en temps de négociations… Bref. Histoire de ne pas passer un peu plus pour une cruche, l’ex Hyuuga hocha dignement la tête et s’apprêta à s’éloigner.
- Pourquoi t’es-tu enfuie ?


Sasuke n’avait pu se retenir de poser cette question. Le fait était qu’il ne supportait plus les façons de faire du clan Uchiwa. Il ne les avait certainement jamais vraiment supportées en fait. Il s’était juste persuadé du contraire pendant un moment. Hinata non plus ne supportait pas la vie dans un clan possesseur d’une multinationale, à la seule différence qu’elle avait pris sa vie en main, elle ; qu’elle avait quitté sa famille, trois ans plus tôt. Lui, ne faisait que supporter les décisions de plus en plus pressantes et embarrassantes de son père. Lui qui avait toujours pris Hinata pour une faible, il voyait à présent les rôles inversés. Hinata était forte, lui pas.
- Je ne pouvais pas supporter la vie dans le clan Hyuuga, répondit enfin la jeune femme. Je suppose que je suis trop faible pour ça.
Il hocha la tête silencieusement.
- La faiblesse aurait été de rester, lâcha-t-il finalement en s’éloignant.
La jeune chanteuse le regarder s’éloigner, légèrement surprise. A vrai dire, elle n’était pas totalement d’accord avec l’Uchiwa. Partir, quitter le clan, c’était s’enfuir. La véritable force, c’aurait été de rester, de se battre pour améliorer sa propre situation et l’opinion qu’on avait d’elle. Et pourtant…l’avis de Sasuke la réconfortait un peu.
Elle soupira longuement et regarda son assiette sur la table du buffet, puis s’éloigna de la grande table. Après tout ça, elle n’avait plus tellement faim. Juste le temps de faire ses adieux à ses clients nouvellement mariés et elle pourrait rentrer chez elle.










Sasuke avait quitté la grande salle de fêtes, après avoir présenté ses félicitations à ses amis, fraichement mariés. A vrai dire, l’Uchiwa n’avait jamais vraiment apprécié les fêtes des clans « supérieurs » du pays du Feu, et encore moins celles des autres. La musique, les danses, et tout ce qui allait avec…il n’avait jamais été à l’aise avec ça. C’était trop émotif, joyeux et sentimental pour lui. Il venait donc de fermer derrière lui le portail de la grande salle.
Le brun esquissa un sourire en entendant au loin et quelque peu camouflé par la musique, le rire communicatif de son meilleur ami. Il commença alors à marcher dans la rue sombre et vide longeant la salle. Après avoir fait quelques pas, il remarqua cependant une jeune femme en plein milieu du trottoir, tournant la tête à droite à gauche. Il soupira…encore une paumée. Il allait précautionneusement faire un détour, histoire d’éviter le moindre début de discussion, quand il croisa le regard de la perdue. Hinata Hyuuga. Il soupira et s’avança finalement alors que la jeune femme lui souriait.
- Où vas-tu ? demanda-t-il poliment.
- L’hôtel Takami, répondit-elle. Je ne sais plus exactement par où c’est…est-ce que tu…
- Suis-moi, coupa-t-il en reprenant la marche.
- Merci, murmura la jeune femme en s’exécutant.
L’hôtel Takami se trouvait un peu plus loin que la demeure Uchiwa. Il aurait pu, bien entendu, laisser la jeune femme se débrouiller avec de vagues explications, mais le jeune homme préférait de loin passer du temps avec cette jeune femme si courageuse, plutôt qu’avec sa famille, toujours autant étriquée d’esprit. Et puis il faisait nuit. Inutile de préciser qu’une jeune femme marchant seule dans les rues de Konoha en pleine nuit risquait gros.






Cela faisait maintenant un peu plus de cinq minutes qu’il lui avait intimé l’ordre de le suivre et il n’y avait toujours eu aucune discussion. Hinata se sentait plutôt mal vis-à-vis de son ancien camarade de classe. Sasuke n’avait jamais été un ami, ils ne s’étaient jamais adressé la parole, sauf peut-être par obligation. La raison était simple : lui était accepté, elle non. Elle avait quitté son clan, lui non. Et aujourd’hui encore, elle se montrait faible et encombrante en l’obligeant à lui montrer son chemin.
- Donc à présent tu es chanteuse ?
Elle arqua un sourcil. Dans la question de son interlocuteur, elle ne percevait pas la moindre condescendance. Non, juste de la curiosité.
- A chanter comme ça dans les mariages, tu vas rapidement te faire retrouver par ton père. Surtout si tu restes à Konoha.
Elle esquissa un sourire.
- Je ne suis que de passage à Konoha, répondit-elle évasivement. Et Père ne met pas les pieds n’importe où.
Il haussa les épaules. Ça n’était pas faux. Il soupira, elle aussi.
- Tu n’es pas faible, lâcha-t-il après un moment.
Hinata fronça les sourcils et chercha du regard le jeune brun. Il n’ajouta rien. Elle esquissa alors un vague sourire.
- Tu connaissais les mariés, fit-elle pour relancer la conversation jusqu’ici inexistante.
- Ce sont des amis d’enfance.
Hinata fronça les sourcils, interloquée. Les noms de ses clients étaient Uzumaki et Haruno. S’ils avaient fait partie du cercle d’amis des Uchiwa, ils auraient aussi fait partie de ceux des Hyuuga, et la jeune femme ne se rappelait ni de ces noms, ni de leur tête.
- Je ne savais pas que les Uchiwa avaient le droit d’entretenir des relations avec les prolétaires, fit-elle légèrement surprise.
Le jeune homme jeta un léger regard à la jeune femme.
- Il s’agissait d’une relation secrète, rétorqua-t-il.
Elle esquissa un sourire, étonnée par l’effronterie du jeune homme.










L’hôtel Takami était au bout de la rue, à seulement quelques mètres des jeunes gens. Ils avaient discutés, beaucoup. Hinata avait même rit, Sasuke avait même franchement sourit. Des regards de connivence avaient été échangés. Bref, il y avait un truc. Quelque chose qui les rapprochaient, un peu. Sasuke avait vaguement fait comprendre à la jeune femme qu’elle avait bien fait de quitter son clan, il avait même laissé entendre qu’il n’aimait pas la vie chez les Uchiwa.
Hinata devait avouer que malgré son mutisme assez dérangeant au début de leur marche, Sasuke se trouvait être un jeune homme charmant. Et la jeune femme appréciait sa compagnie. Il fallait avouer qu’en plus d’être de bonne discussion, le jeune homme était séduisant…extrêmement séduisant.
Arrivés à l’entrée du bâtiment, les deux jeunes gens esquissèrent un vague sourire. Le genre de sourire qu’on lance quand on ne sait ni quoi dire, ni quoi faire.
- Hum, merci de m’avoir raccompagnée Sasuke, murmura-t-elle.
- De rien.
Elle soupira. Durant tout le voyage, Sasuke avait de temps à autre montré un peu de bonne volonté en discutant et maintenant que la marche était terminée, l’Uchiwa se renfermait à nouveau dans son mutisme. Sans doute était-elle un peu…déçue, de devoir se séparer de son ancien camarade de classe de cette façon. Sur ce visage fermé et traduisant son indifférence face à elle.
- Tu veux boire un verre ? lâcha-t-elle.
Et merde. Elle faillit se bâillonner elle-même la bouche. Depuis quand se montrait-elle si entreprenante et impulsive ? Elle plongea son regard dans celui du jeune homme en face d’elle, attendant nerveusement sa réponse.
- Il y a un bar en haut, se sentit-elle obligée de préciser.
- D’accord.
Au-delà du fait que la tradition voulait que l’on invite à boire la personne qui nous rendait un service et que refuser déshonorerait considérablement la jeune femme, Sasuke devait avouer qu’Hinata…le fascinait de par son courage trop bien camouflé.
- D’accord, sourit la jeune femme.










Installés directement sur le comptoir du bar, les deux bruns continuaient de discuter. Les professeurs du collège et du lycée, les études de Sasuke, les différents voyages d’Hinata…tout y était passé. Tout ce qu’on pouvait qualifier de banal en fait. Sasuke devait avouer que cette discussion, même si elle était échangée avec la douce Hinata, ne l’enchantait pas plus que ça. Lui, ce dont il voulait parler c’était de la fugue d’Hinata. De ses raisons, de comment elle s’en était sortie, de ses sentiments à ce propos…bref, il voulait tout savoir de cette décision. Il éprouvait une certainement…admiration à l’égard de la jeune femme. Parce qu’elle avait fait ce que lui n’avait pas pu.
L’Uchiwa cessa de fixer son verre presque vide et releva son regard vers la jeune femme. Elle aussi était silencieuse, fixant un point invisible.
- Tu es partie, lâcha-t-il.


Hinata sursauta, arrachée de ses pensées, et croisa le regard onyx de Sasuke. Elle fronça les sourcils, ne comprenant pas vraiment la question.
- Comme ça, reprit l’Uchiwa. Tu as tout quitté, sur…un coup de tête ?
Elle rabaissa son regard vers son verre encore à moitié plein. Un coup de tête ? Non pas vraiment. Depuis le collège, elle pensait à s’évader…tout en sachant cependant que jamais elle ne mettrait ses plans à exécution. Elle ? Petite, fragile, douce Hinata ? Quitter toute sa famille pour s’isoler ? Non, bien sûr que non. Même si elle savait au fond d’elle que c’était le meilleur choix, jamais elle n’aurait pu accepter cette idée…c’était bien trop effrayant. L’inconnu, la solitude… Non, Hinata préférait de loin rester avec sa famille, aussi exécrable et impitoyable fut-elle. Parce que le clan Hyuuga, c’était un terrain connu, c’était quelque chose de sûr…et pas un truc inexploité et totalement terrifiant.
Seulement voilà. A force de ruminer des idées de fugue, on arrivait à croire que c’était possible. On s’imaginait déjà des plans pour survivre sans personne…et on se plaisait même dans cette idée. Finalement, l’inconnu ça ne faisait plus tellement peur, c’était même plutôt attirant en fait.
Elle soupira, arrêta de penser et rassembla ses idées pour répondre à Sasuke.
- Pas sûr un coup de tête, fit-elle. J’y pensais depuis un moment en fait. Il y a juste eu une goutte d’eau qui a fait déborder le vase.


Sasuke hocha la tête sans arrêt, même si l’ex Hyuuga ne le regarda pas, et il continua d’observer son verre.
- Pourquoi me demandes-tu ça ? lâcha Hinata.
Il haussa les épaules. Pourquoi ? Il détestait les Uchiwa. Il détestait leurs façons de faire, il détestait la manière dont ils méprisaient toute personne ne suivant pas parfaitement les règles d’or familiales, il détestait son père et son air arrogant, il détestait les serviteurs légèrement gradés qui se croyaient au-dessus de tout, il détestait toute personne qui laissait entendre qu’il n’égalerait jamais son frère. Il détestait l’esprit de compétition qui planait sans arrêt sur son clan. Il détestait le système même s’il y était totalement adapté. Et à vrai dire, il était même allé jusqu’à détester cette pauvre Hinata qui faisait de son mieux pour s’adapter à ce dégoutant système alors que lui faisait tout pour en sortir. Seulement voilà, avait-il réellement tout fait pour dégager ? La triste vérité, c’était qu’aujourd’hui, dans ce bar, Hinata n’était plus une Hyuuga mais une Saïno. Et lui ? (Il eut un rictus, amusé par sa propre faiblesse) Lui, il était toujours un Uchiwa.
Il se tourna vers son interlocutrice.
- Les façons de faire des Uchiwa et des Hyuuga sont identiques je présume, dit-il.


Hinata hocha la tête, légèrement surprise.
- Je suppose, répondit-elle en haussant les épaules.
- Moi non plus je ne supporte plus la vie avec les Uchiwa. Depuis longtemps, ajouta-t-il.
Elle écarquilla les sourcils, surprise. Sasuke Uchiwa, le grand le fort, l’élève modèle de sa classe, n’aimait pas la vie avec Uchiwa ? Elle qui avait toujours cru être née au mauvais endroit, elle qui s’était toujours sentie seule, voilà que l’ancien meilleur élève de sa classe, celui qui semblait marcher sur les traces de son frère aîné, celui qui donnait l’image du prochain modèle du clan Uchiwa, voilà que Sasuke lui avouait qu’il n’aimait pas non plus ce système auquel il s’était parfaitement adapté ? Il y avait de quoi se poser des questions. Elle qui avait toujours cru qu’elle était faible… Etait-ce vraiment ça ? Parce qu’une Hinata Hyuuga faible, ça passait, mais un Sasuke Uchiwa faible…non ça, ça semblait bien trop improbable.
Elle soupira.
- J’ai toujours cru que j’étais faible parce que je n’allais pas avec le système Hyuuga, avoua-t-elle. Mais en fait c’est faux.
Elle marqua un temps d’arrêt, prenant une gorgée de sa boisson et faisant froncer les sourcils de son interlocuteur.
- On n’est juste, pas adaptés, expliqua-t-elle. Le système de notre famille est rigide, extrêmement rigide. Et si on ne rentre pas dans le moule, et ben on dégage. C’est comme ça. Ce n’est pas de notre faute, ni même de celle du système. On n’est juste…pas adaptés.


Sasuke voulut répondre quelque chose, mais finalement s’avisa. Que pouvait-il ajouter ? Hinata avait raison, totalement. A quoi est-ce que ça servait de jeter toute sa haine sur sa famille ? Après tout, son père trouvait bien son bonheur dans les façons de faire des Uchiwa. A lui de trouver le sien, de bonheur, non ? Et si cela signifiait qu’il devait s’en aller, et bien tant pis. Sasuke devait trouver sa place.
- Qu’est-ce que tu as fait après être partie ?


Hinata esquissa un sourire, agréablement surprise que Sasuke veuille en savoir un peu plus sur elle.
- J’avais écrit une lettre destinée à mon père, depuis un bout de temps, et lorsque j’ai eu mon déclic je l’ai glissé sous la porte de son bureau avant de m’en aller. Je n’avais rien, et il faisait nuit alors je suis allée dans un bar et je suis tombée sur une jeune artiste, une peintre. On a parlé un peu, je l’ai mise au courant de ma situation et elle m’a accueillie chez elle.
Le jeune homme ne la regardait pas, mais elle devinait qu’il ne manquait rien de ce qu’elle disait.
- J’ai enchaîné les petits boulots pendant un moment, et puis je me suis rappelé que la musique me manquait. J’ai économisé pour m’acheter un petit synthétiseur. Et une chose en amenant une autre, je me suis retrouvée à chanter dans les bars, puis à partir en petite tournée sans grande envergure.
- Tu pourrais faire une grande carrière…si tu le désirais.
Elle rougit, réellement touchée par ce compliment à peine camouflé. Une carrière ? Peut-être un jour. Mais pour l’instant, elle aimait mieux rester inconnue et profiter de cette liberté dont elle disposait depuis seulement trois années.
- Peut-être, répondit-elle évasivement.
- Je suppose que tu ne veux en aucun cas reprendre contact avec ta famille.
Exact. Se séparer de sa famille avait été un choix compliqué… Malgré les apparences, elle s’entendait bien avec Hanabi et Neji. Elle aimait beaucoup sa mère aussi, malgré ce problème qui résidait avec son père. Elle avait voulu quitter son clan, mais pas sa famille. Mais le problème c’était que l’un entraînait l’autre. Elle avait dû choisir entre sa liberté, sa vie, son bonheur, et sa famille. Et elle avait choisi. Sans doute était-ce le mauvais choix, sans doute allait-elle regretter, mais elle avait choisi. C’était pour son bien…elle le savait.
- Oui, répondit-elle finalement.


Sasuke réfléchit quelques secondes et se demanda s’il serait capable de dire adieu à Itachi. Sa mère étant morte dans son enfance, et son père conservant des relations conflictuelles avec lui, il ne lui restait plus qu’Itachi chez les Uchiwa. C’était très honnêtement, la seule personne qui pourrait l’empêcher de partir.
Il soupira, agacé par ce casse-tête, puis il observa la belle Hinata vider son verre d’une seule traite, et l’imita à son tour.
Les deux bruns se jetèrent un regard, et tous deux comprirent qu’il était temps de s’en aller. L’ex-Hyuuga rassembla ses quelques affaires et l’Uchiwa fouilla dans son porte-monnaie pour payer l’addition.
- Oh mais…
- Je paye, la coupa-t-il.
Hinata accepta silencieusement. Non seulement, il s ‘agissait là d’une preuve de galanterie familiale, mais en plus Sasuke ne semblait pas être un homme à qui on disait non.





L’Uchiwa paya. Ils sortirent du petit bar, et se dirigèrent silencieusement vers l’ascenseur.
Hinata devrait descendre au seconde étage, et Sasuke au rez-de-chaussée. Toujours sans dire le moindre mot, Sasuke appela l’ascenseur. Lorsque la cage s’ouvrit, ils s’engouffrèrent dedans et commencèrent à descendre. L’hôtel faisait près de trente étages et le bar se trouvait tout en haut de la tour. La descente s’annonçait donc lente et longue.
Ce "quelque chose" était toujours présent entre les deux bruns. Pour la première fois, ils se sentaient…entouré. Parce que le plus dur, quand on n’était pas adapté à son milieu, c’était de se sentir seul, incompris. Que ça soit dans son propre clan ou avec ses amis, ce sentiment de solitude prenait aux tripes et ne lâchait jamais prise. Parce qu’être seul avec son clan, c’était quelque chose d’indéniable pour les deux. Mais même lorsqu’ils étaient avec leurs amis « prolétaires », même lorsqu’ils se retrouvaient avec ce monde qui justement leur convenait le mieux, ils restaient isolés. Parce que justement, ils n’étaient pas issus de ce monde de prolétaire à la base, ils en faisaient partie seulement parce qu’ils avaient été rejetés du leur. C’était complexe, et ça les rendait malade. La solitude était quelque chose d’horrible…
Chacun de leur côté, les deux bruns cherchaient comment faire leurs adieux, de quelle façon se quitter ; sans pour autant en avoir envie. Au-delà de l’attirance physique, il résidait entre les deux membres de la haute société une attirance intellectuelle. Quelque chose qu’ils avaient tous les deux en communs : leur inadaptation à leur milieu d’origine.
Le « ding » annonçant que l’ascenseur était arrivé à destination sonna. Hinata s’avança vers la sortie. Et sans réellement comprendre ni pourquoi, ni comment, Sasuke se laissa complètement aller à la sortie de l’ascenseur et laissa les portes de ce dernier se fermer derrière lui. Restant là, pantois, devant une Hinata visiblement surprise, il se sentit…incroyablement con.
- Je te raccompagne, lâcha-t-il d’un ton se voulant indifférent.
- Merci, répondit-elle.
Elle se mit en route, il la suivit. Alors qu’il voyait les portes défiler, il sentit une boule d’angoisse se former au creux de son ventre. Ils allaient se quitter, il le savait, et il ne le voulait pas. Hinata était…beaucoup trop… Elle était ce qu’il n’était pas. Elle avait fait ce qu’il voulait faire. Il n’avait pas honte de le dire, ou plutôt de le penser, il éprouvait une certaine admiration à son égard. Il voulait plus que cette petite discussion, plus que ce simple échange. Il voulait savoir…tout.
Ils arrivèrent enfin à la porte de la chambre. Hinata l’ouvrit et se retourna vers son accompagnateur. Elle se retourna alors, et n’ayant toujours pas trouvé de façon convenable pour dire adieux à son ancien camarade de classe, elle voulut murmurer un banale « au revoir ». Sasuke lui aussi lui lancer ce si pathétique « au revoir ». Au lieu de ça, il se pencha pour embrasser la jeune femme.


Hinata fut légèrement surprise…non, hautement surprise. C’était quoi ça ? Bon d’accord, depuis cette petite marche improvisée dans les rues de Konoha, elle devait avouer qu’il y avait un truc. Mais…s’était-elle attendue à ce que ce truc mène à…à ça ? Non, pas vraiment.
Et pourtant, miss Saïno laissa les mains du jeune homme agripper ses hanches. Elle en fut même presqu’étourdie quand elle sentit l’un des murs de sa chambre contre son dos. Et elle arrêta de penser, que Sasuke était incroyablement sexy, elle arrêta de se demander ce qu’il faisait avec elle, elle arrêta de se projeter dans ce qui allait se passer ensuite. Elle se laissa simplement aller aux caresses et baisers du bel Uchiwa.










Dans un dernier soupir rauque et après un dernier baiser brulant, Sasuke se laissa tomber allongé aux côtés de son amante. Hinata, le souffle encore court, ferma les yeux et savoura ses dernières secondes d’apothéose. Puis, ayant enfin repris un rythme à peu près normal, elle écouta silencieusement la respiration encore légèrement saccadée de son amant. Une histoire, sans grande envergure. Elle soupira.
- C’est le genre de truc qui doit t’arriver souvent, n’est-ce pas ? lâcha-t-elle.
Sasuke fronça les sourcils, puis se tourna vers la jeune femme, lui lançant un regard interrogatif.
- Le sexe avec une fille rencontrée le soir même, expliqua-t-elle.
Il esquissa un sourire, fixant son regard au plafond. Effectivement, depuis l’adolescence, il avait pris l’habitude de profiter de son physique, de son nom et de sa position sociale. Et…ça fonctionnait. Mais bizarrement, avec Hinata c’était différent. Il n’était pas amoureux, non, loin de là. Mais l’ex Hyuuga le fascinait. C’était quelque chose de…d’exceptionnel.
Ne recevant pas de réponse, Hinata se tourna vers le jeune homme. Elle l’observa silencieusement.
- Ça n’était pas un reproche, ajouta-t-elle.
- …
- …
- Je sais.
Il se tourna à son tour sur le côté et plongea son regard dans celui de la jeune femme. Cette dernière détourna presqu’immédiatement le sien, légèrement gênée.
- Tu n’es pas faible.
- Ça tu l’as déjà dit, sourit-elle.
- Le plus faible de nous deux c’est moi.
Elle fronça les sourcils.
- Mon père ne voit que par Itachi, continua-t-il. Moi, à ses yeux, je ne suis pas comme lui, je ne suis pas parfait.
Il marqua un temps de pause, durant lequel Hinata ne le lâcha pas du regard.
- Mais l’homme parfait existe-t-il réellement ?
La brune ne chercha même pas à répondre à cette question rhétorique. Elle soupira.
- Désolé, murmura-t-il.
- C’est rien, répondit-elle.


Un nouveau silence. Les deux bruns restaient plongés dans leurs pensées.
- J’y pense moi aussi, lâcha finalement Sasuke.
- Quitter ton clan ?
- Hn.
Elle soupira. Ce genre de décision ne devait certainement pas être pris à la légère. En quittant les Uchiwa, Sasuke devrait dire adieu à tout ce qu’il avait connu, à tout ce petit monde… Elle voulut le faire changer d’avis, mais se ravisa. Après tout, elle, elle ne connaissait rien d’autre que la richesse des Hyuuga avant, et elle s’en était bien sortie. Alors Sasuke, qui avait apparemment des amis « prolétaires », et qui était dix-mille fois plus débrouillard qu’elle, il devrait bien s’en sortir.
- Ne te précipite pas dans ton choix, l’avertit-elle tout de même.
- Je vaux quelque chose.
Elle se mordit la lèvre inférieure. Cette dernière phrase sentait la rancœur à plein nez. Inutile d’être devin pour comprendre que Sasuke vouait déjà une haine sans pareil à son père.
- Je sais, répondit-elle.
- Ma décision est prise.
Sans ajouter quoi que ce soit, il se redressa puis se leva de son lit, sous les yeux écarquillés d’Hinata. Oui, Sasuke Uchiwa avait décidé d’enfin se prendre en main. Il voulait prouver à son père que sans son mode de fonctionnement, il pourrait réussir. Il voulait se prouver à lui-même qu’il pouvait exister sans tout ce monde qu’il détestait.
- Je quitte le clan.


A l’annonce de la nouvelle, Hinata ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Lentement, elle se redressa et le regarda se rhabiller, heureuse qu’il ait en quelques sortes enfin trouvé sa voie. Elle eut cependant un léger pincement au cœur quand elle réalisa qu’une fois qu’il passerait la porte, elle ne le rêverait certainement plus. Dire qu’elle était amoureuse aurait été très exagéré. Mais miss Saïno était comme ça. Même lorsqu’elle se lançait dans une histoire sans lendemain, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir mélancolique lorsqu’il était temps de se dire au revoir.
Un sourire peiné aux lèvres, elle se laissa murmurer un vague : « Encore une fois, tu es un passe-temps ».
Sasuke était à présent habillé, il allait alors s’en aller, mais il se retourna au dernier moment vers elle.
- Je peux…passer la nuit ici ?
Surprise elle ouvrit la bouche, puis la referma et hocha simplement la tête.

Sasuke resta là, interdit quelques secondes, avant d’enfin dire ce qu’il voulait.
- Tu n’as pas été qu’un passe-temps.
Elle sursauta malgré elle, surprise et honteuse qu’il ait pu l’entendre se lamenter. Puis elle releva son regard vers lui, et réalisant qu’il ne cessait pas de la fixer, elle le détourna. Elle était incroyablement gênée. Maintenant, elle en était sûre, ses joues devaient être rouges écarlates.
L’Uchiwa lui, continua de la fixer sans rien dire. Pour la première fois depuis bien longtemps, il avait envie de continuer avec sa conquête. L’envie de lui demander ce qu’il en pensait était forte aussi, mais il ne pouvait pas se résigner à passer pour un abruti en lui posant stupidement la question.

Hinata esquissa un sourire malgré elle. Dans le fond, son ancien camarade de classe ressemblait beaucoup à son cousin. Ce même problème en ce qui concernait les relations humaines autres que professionnelles. Pour avoir été proche de Neji pendant plusieurs années, Hinata savait lire entre les lignes.
- Les petits déjeuners dans cet hôtel ne sont pas très bons, sourit-elle timidement. Mais il y a un bon restaurant pas très loin, on pourra toujours y aller demain matin, ensemble.

Comprenant le message secret, Sasuke releva la commissure de ses lèvres dans un très léger sourire, puis il acquiesça silencieusement. Il voulut s’en aller, mais se sentit obliger de rester encore une seconde, de faire quelque chose pour rassurer la jeune femme.
Lentement, il se pencha sur le lit, et l’embrassa, encore. C’était plus doux, moins sauvage que quelques heures plus tôt. Après ce léger échange, les deux bruns plongèrent leur regard dans celui de l’autre. Une certaine appréhension y régnait, mais ils n’y firent pas attention, trop attirés par cette certaine complicité qui ressortait.
- On est plus tous seuls, hein, soupira Hinata.
- On ne l’est plus, affirma-t-il avant de la réembrasser.



Quelques minutes plus tard, Sasuke avait quitté la chambre d’hôtel, parti faire ce qu’il avait à faire depuis tellement de temps. Hinata était seule dans son appartement, et pourtant elle se sentait incroyablement bien. Sans doute que cette histoire ne mènerait à rien, sans doute qu’ils tomberaient follement amoureux et finiraient par se marier… Peu importait en fait. Le plus important dans tout ça, c’était que pour une fois, elle n’était plus seule. C’était tout ce qui comptait… Ne plus être seule.
Un sourire apaisé habilla ses lèvres.





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