Fiction: Les lettres d'Itachi

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CONVOCATION

Kakashi fulmine. Il a la fâcheuse impression d’avoir fait un saut dans le temps en voyant avec quelle facilité il a perdu son sang froid légendaire. Chance possède toujours cette capacité terriblement effrayante à faire ressortir au grand jour toutes ses émotions, qu’elles quelles soient, tout ce qu’il prend toujours soin de ne jamais laisser transparaître. Cinq ans d’absence et une mort présumée n’ont pas changé la donne. Mais alors pas du tout.

Il préfère pour l’instant ne pas trop se pencher sur le maelström dévastateur de questions et d’émotions qui tournent dans sa tête sous peine de s’y laisser submerger avec une facilité un peu trop déconcertante à son goût.
Se concentrer sur ce qu’elle lui a dit, sur ses buts aussi peu réalistes soient-ils, voilà ce qu’il doit faire et surtout ne pas laisser ses pensées trop vagabonder dans cet océan noir qu’il héberge dans un coin de sa tête… Il remettrait tout ça à plus tard, du moins le temps qu’il arriverait à ne pas se laisser déborder. La présence constante de Chance ne lui rend pas les choses des plus simples…
Il doit ramener son esprit sur les raisons de sa présence, aussi insensées soient-elles. Ils avaient accompli tellement de missions considérées comme totalement improbables au sein de l’équipe sept… Peut-être n’est-ce pas aussi proche d’un acte désespéré que cela paraisse au premier abord.

A cette minute, il n’est sûr que de trois choses. Il sait qu’il fera parti de cette nouvelle équipe sept, qu’il fera tout ce qui est en son pouvoir pour ramener tous les membres de cette équipe vivants, tout, il ferait absolument tout. Et il est certain de savoir comment motiver Naruto dans son apprentissage, il allait surprendre Chance. Et cette simple idée suffit à lui rendre le sourire.
D’un pas plus calme, il s’approche de l’endroit où s’entraînent les nombreux clones de Naruto. Cette technique du Yondaime est une des rares techniques qui échappent à son sharingan tout simplement parce que la fameuse troisième étape la rend absolument impossible à copier. Et cette troisième étape nécessite deux éléments essentiels : une maîtrise quasi parfaite du chakra et une affinité innée pour le vent. Pour la deuxième condition, Naruto remplit parfaitement le critère. Rien n’est moins sûr pour le second. Alors il allait lui donner un petit coup de pouce aussi déloyal que le plan B de Chance…
Il fait signe au vrai Naruto qu’il repère assez facilement au milieu de ses clones. Celui-ci s’approche intrigué devant Kakashi :
- Naruto, ça progresse ?
- Ben… Ce n’est pas encore ça.
- Montre-moi.
Naruto s’exécute. Il sépare lentement ses deux mains et se concentre de toutes ses forces sur les mouvements de ses mains. Ses clones disparaissent un à un devant l’énergie qu’il déploie pour s’appliquer à l’enchaînement des gestes.
Kakashi n’a pas l’air satisfait pourtant il y met toute son énergie, toute son attention.
- Tu as déjà oublié le conseil de Chance ?
Kakashi écarte à son tour ses deux mains pour accomplir lui-même les gestes. De même que pour Chance un vent violent et bref, suivi d’une décharge lumineuse s’élève brusquement.
- Maître, pourquoi ne nous avez-vous jamais montré que vous maîtrisiez cette technique ?
Kakashi se renfrogne une seconde :
- Tout simplement parce que je ne la maîtrise pas. Même avec mon sharingan, je ne n’ai jamais pu franchir la troisième étape. Il faut une chose que je n’ai pas mais que toi tu as. Un contrôle inné du Vent. Mais là n’est pas la question… Te souviens-tu du conseil de Chance ?
- Du conseil ? Ce n’était pas vraiment un conseil… Elle m’a dit que je devais réaliser cette technique les yeux fermés.
- Exactement. Maintenant recommence.
Naruto ferme doucement les yeux et enchaîne de nouveau les mandrins des deux mains, plus lentement. Il comprend tout d’un coup, fermer les yeux lui permet de se concentrer sur ses mouvements, sur les flux de chakra qui courent le long de ses bras. Il peut ressentir l’énergie qui afflue dans ses bras et la modulation que ses signes lui apportent et qui lui permettent de sortir au niveau de ses mains.
- Bien, approuve Kakashi. Tu devrais maîtriser les deux premières étapes assez vite.
Naruto aurait pu sauter de joie si la fatigue n’avait pas chargé de plomb chacun de ses membres.
- Maître cette troisième étape, elle est si difficile que ça ?
- Oui, mais je suis sûr que tu réussiras. Et je vais même te promettre une chose.
- Quoi ?
- Si tu arrives à maîtriser cette technique en moins de treize jours, à compter d’aujourd’hui, je te paye non pas un jour mais une semaine complète de ramen chez Ichiraku.
Des étoiles, que dis-je des éclairs sortent du regard de Naruto ou toute trace de fatigue s’évanouit en moins de temps qu’il n’en faut pour prononcer le mot ramen.
- Une semaine entière de ramen !!!!!!!!
Bon, il y a de fortes chances que cela épuise toutes mes économies, songe Kakashi, mais ça en vaut la peine ! Moi aussi je sais utiliser des moyens radicaux Chance. Et j’ai déjà ma petite idée pour l’aider à passer la troisième étape.
Un petit sourire narquois se dessine sous son masque.


Yoshiko reprend sa place auprès de Naruto et voit d’un œil intrigué Neige disparaître à sa vue. Il avait parlé à Naruto et avait du lui donner une astuce ou deux des plus remarquables. Il progresse de façon étonnement rapide et n’est pas loin d’avoir déjà franchi la première étape. Il est vrai que Neige avait essayé un temps de maîtriser cette technique. Minato l’avait averti que sans une maîtrise innée du Vent, il ne pensait pas qu’il pourrait passer la troisième étape. Cela ne l’avait pas découragé pour autant et il l’avait harcelé pour qu’elle l’aide. Mais comme bien souvent, son frère avait eu raison et Neige n’avait jamais pu s’approprier cette technique comme tant d’autres.

Elle se cale de nouveau contre un arbre et ressort son livre, se replongeant dans la lecture et surveillant l’entraînement de Naruto d’un œil.
Soudain un mouvement lui fait lever les yeux de son livre. Un ANBU, un de ceux qui la suit depuis son retour au village apparait dans un nuage de poussière et s’avance. Yoshiko ne bouge pas d’un pouce :
- Enfin, je me demandais quand Tsunade allait se décider.
- Vous êtes convoqués immédiatement dans le bureau de l’Hokage, Chance.
Yoshiko considère l’ANBU d’un œil nouveau. Il a utilisé son surnom d’ANBU, son surnom de l’équipe sept. Elle peut deviner son regard inquisiteur.

Le jeune homme derrière le masque est impressionné. C’est Chance qu’il a en face de lui, rien de moins que le plus célèbre capitaine de toute l’histoire de Kuro, la plus secrète division des Anbus. Il avait risqué gros pour trouver les rapports de l’équipe sept, il s’était plongé avec une ferveur toujours plus grande dans les récits de toutes leurs missions, toutes plus incroyables les unes que les autres. Neige, Vert, le Doc et Flamme, il s’est tellement imprégné de leurs missions qu’il a l’impression de les connaître.

Elle le suit jusqu’à la porte du bureau de l’Hokage. Elle connaît bien cet endroit, il lui rappelle son frère avec une force qui la fait frissonner une seconde. Elle va devoir s’expliquer sur ses cinq ans d’absence devant Tsunade. Elle doit le faire mais elle aurait affronté n’importe quelle mission plus sereinement que cette convocation.
- C’était un honneur de rencontrer le plus grand capitaine de Kuro, dit l’ANBU en guise d’au revoir.
Chance le fixe une seconde et lâche :
- Garde tes compliments pour ceux qui le méritent vraiment, petit.
Je n’ai rien de grand en ce moment même, pense-t-elle. Je dois utiliser toute mon attention pour ne pas trembler de tous mes membres quand j’entends la voix de Tsunade qui m’invite à entrer.
Yoshiko pénètre dans le bureau et se fige en se rendant compte qu’elle n’est pas seule avec Tsunade. Neige et Vert ont eux aussi été convoqués par l’Hokage.
- Yoshiko, je sais que tu attendais ce rendez-vous plus tôt…
- Et de mon côté je pensais que je serais convoquée seule. Je n’ai pas besoin d’un auditoire pour ce que je m’apprête à vous dire, encore moins de mes anciens équipiers.
Vert et Neige tressaillent, Chance sait qu’ils n’ont fait qu’obéir aux ordres de Tsunade. Mais elle ne se sent pas prête à faire étalage de cette histoire devant eux, pas encore.
- Ils ont tout autant droit de savoir que moi, justement parce qu’ils étaient tes équipiers.
La voix de Tsunade est inhabituellement froide et lente. Elle martèle les mots en à un d’une voix d’un calme inhabituel. Yoshiko soutient son regard avec une détermination sans faille.
- Neige, Vert, sortez.
Elle n’a pas besoin d’hausser la voix. Kakashi et Gai comprennent que leur ancien capitaine ne souhaite pas les mettre de côté, mais qu’elle ne veut pas que son histoire leur soit livrée uniquement parce qu’elle n’a pas d’autre choix. Ils savent qu’elle leur parlera quand elle sera prête. Ils s’apprêtent à sortir du bureau quand Tsunade explose :
- Gaï, Kakashi, si vous passez cette porte vous allez sévèrement le regretter !
Les regards de Yoshiko et de Tsunade s’affrontent avec une violence dévastatrice. Neige et Vert sont figés par la tension qui règne dans la pièce, la main de Kakashi reste immobile sur la poignée de la porte.
D’un geste lent, Kakashi ouvre la porte ignorant les menaces de Tsunade. C’est cependant loin d’être une menace vide de sens, il le sait. Mais Chance ne souhaite pas leur présence. Même s’il doit avouer qu’il a désespérément envie de tout savoir sur ces cinq ans, sur son absence, il ne resterait pas une seconde de plus dans cette pièce. Gaï le suit, il n’a pas besoin de se retourner pour savoir qu’il est juste derrière lui.
- Restez…

Contre toute attente, Yoshiko décide de capituler et sa voix est à peine audible. Chance sent les têtes de Neige et de Vert se tourner à la même seconde vers elle dans une attitude qui mêle autant l’incrédulité que l’envie d’en apprendre plus. Après tout, il était plus que temps qu’ils apprennent la vérité sur cet exil.




Retour au récit d'Itachi dans le prochain chapitre...

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