Fiction: Les lettres d'Itachi

Cette histoire prend place après la révélation des véritables intentions d'Itachi. Tsunade reçoit un étrange message qui lui promet des informations sur Itachi. Sasuke est aussi convié au rendez vous. Lors de la rencontre, une jeune femme dissimulée derrière un masque d'ANBU remet un paquet de lettres à Sasuke, écrites par Itachi lui-même.
Classé: -16I | Action/Aventure | Mots: 168957 | Comments: 83 | Favs: 68
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elane. (Masculin), le 15/02/2012
La deuxième mission d'Itachi.
Bonne lecture.




Chapitre 6: Deuxième mission



DEUXIÈME MISSION

De retour à Konoha, l’équipe sept est mise à l’écart le temps que tous se remettent de leurs blessures. Le chef en a profité pour demander à Chance de mettre un peu d’ordre dans sa paperasse et d’occuper un temps sa place pendant son absence.
Où le chef est-il parti, c’est un mystère sur lequel Chance fait nombre d’hypothèses. Et plus la pile de dossiers en souffrance s’agrandit, plus ses suppositions gagnent en emphase devenant particulièrement farfelues! Plus d’une fois j’ai surpris le Doc rodant dans les couloirs pour tendre l’oreille et rire sous cape des expressions particulièrement imagées qui filtrent à travers la porte du bureau du chef. Je découvre bien vite que l’amour de Chance pour les rapports est aussi grand que celui qu’elle éprouve pour la hiérarchie… proche du zéro absolu. Elle attribue les missions et s’occupe des entretiens journaliers avec l’Hokage avec une certaine mauvaise volonté des plus comiques. Cependant, un jour, c’est moi qu’elle convoque et moi seul. Je me présente dans le bureau du chef et avant même de frapper j’entends Chance qui m’invite à entrer.
En entrant dans le bureau, je découvre Chance qui me tourne le dos, le regard perdu dans le vide :
- Itachi, prends place…
Je dois bien avouer que je n’ai pas réagi tout de suite à l’écoute de mon prénom que j’entends pour la première fois dans la bouche de Chance. Cette soudaine considération ne présage rien de bon, et je n’ai pas idée à quel point.
Chance ne s’est toujours pas tournée vers moi en proie à un dialogue intérieur des plus tourmentés.
- Itachi, je dois te poser une question des plus indiscrètes et j’avoue que c’est une chose dont je me serais volontiers passé. Je comprendrais que tu ne veuilles pas y répondre. Je ne sais même pas comment…
- Quelle question ?
Chance se tourne enfin vers moi et constate que je lui fais face. D’un geste, elle attrape son masque et l’enlève. Je reste une seconde pétrifié devant ce regard d’un bleu si clair qui exprime un profond dégoût devant ce qu’elle s’apprête à me demander. Il lui est impossible de me demander une telle chose sans me regarder dans les yeux :
- De nombreux rapports commencent à s’accumuler sur des activités suspectes venant du clan Uchiha et je suis chargée de te demander si tu n’aurais pas récemment observé des choses suspectes au sein de ton clan…
Chaque mot qui sort de sa bouche lui écorche un peu plus la langue. Je me raidis. Des choses suspectes… La colère et la rancoeur qui s’infiltrent un peu plus chaque jour dans les esprits, les regards des plus méprisants que l’on me jettent tous les jours parce que je fais parti des ANBUs, la haine que je sens s’infiltrer dans l’attitude tous les jours plus distante de Shisui, le seul ami que j’ai jamais eu. Cette ombre grandissante qui rend chaque minute l’atmosphère un peu plus étouffante et malsaine dans le clan Uchiha…
- Non.
- Je vois.
Chance à l’air satisfaite et soulagée de ma réponse.
- On m’a donné la mission d’aller espionner une de vos réunions de clans qui se multiplie de façon assez peu naturelle dernièrement. Il y a une certaine Uchiha Yoko qui est en ce moment immobilisée à l’hôpital. On m’a chargé de prendre sa place et de rendre compte de ce qu’il se passe lors de ses réunions. Je suis censée te demander de m’accompagner, mais c’est au dessus de mes forces. J’aimerai juste que tu m’expliques un peu comment ce genre de réunion fonctionne pour que je n’ai pas l’air d’être complètement à côté de la plaque et je mettrais dans mon rapport que tu as suivi les ordres. Je…
- Je vous accompagnerai.
Chance me fixe les yeux dans les yeux et je lis l’incompréhension sur son visage. Pour la première fois je peux poser mon regard sur son visage. Elle a un teint pâle et un visage fin et harmonieux qui fait ressortir ses yeux d’azur. Je dois avouer qu’elle est d’une beauté peu commune. Elle doit avoir dix-huit ou dix-neuf ans mais son regard triste a vu plus d’horreurs qu’une jeune femme de son âge aurait du en voir, un regard difficile à soutenir qui plonge au plus profond de mon esprit.
- Bien.
Elle accepte ma décision, elle comprend qu’elle ne m’avait en rien forcé la main.
- Nous partons immédiatement.
En moins d’une seconde, elle se métamorphose en Yoko Uchiha. Je ne l’ai même pas vu accomplir les signes de la transformation. En détaillant ses longs cheveux noirs et ses yeux d’obsidienne si typique des Uchiha, je prends conscience à l’instant que je l’ai déjà rencontré une fois ou deux.

Lorsque l’entrée du clan se dessine devant mes yeux, je me rends compte que nous avons fait le chemin côte à côte sans un mot. La démarche de Chance est un peu hésitante, sa jambe doit la faire encore souffrir. Sans m’en rendre compte, j’ai accéléré l’allure et Chance suit mon pas sans broncher.
- Je te laisse ouvrir la voie.
Je réprime difficilement un sursaut en entendant la voix de Yoko parfaitement reproduite. J’ai l’impression de retenir ma respiration en passant le porche d’entrée du clan. Cette oppressante impression me cloue sur place et de nouveau, je sens les regards hostiles me dévisager, m’accuser… mais de quoi ? Ces regards, seul, ils me paraissaient déjà difficilement supportables, mais la présence de Chance les rend encore plus violents. Chance de son côté affiche une attitude impassible et légèrement hautaine qui, il faut bien l’avouer, lui permet à merveille de passer pour une Uchiha. Est-ce cela faire parti du clan Uchiha, afficher cet air supérieur et cette touche de dédain des plus détestables ?
Mais mes sombres pensées s’éloignent bien vite quand je reconnais les pas de mon petit frère qui m’attend avec impatience, dissimulé derrière un arbre. J’imagine sans peine les plans extravagants qu’il a en tête pour me surprendre s’évanouir à la vue de Chance. Du coup, il sort timidement de sa cachette en jetant des regards intrigués vers Chance.
- Grand frère, tu m’avais promis que tu m’aiderais pour mon entraînement…
Mais il a déjà compris que cette fois encore, je n’aurais pas le temps…
- Désolé Sasuke, je…
- Tu t’entraînes à quoi, petit ?
Sasuke a dû sursauter autant que moi devant l’attitude souriante de Chance. Elle n’a pas pu tenir l’air froid des Uchiha bien longtemps ! Si la voix est celle de Yoko, les intonations et l’intérêt sont définitivement ceux de Chance.
- Le lancer de shuriken…
La voix de Sasuke s’enhardit et l’espoir est déjà en train de briller dans ses yeux…
- Itachi, la réunion n’est pas pour tout de suite, tu as tout le temps d’aller honorer ta promesse à ton petit frère.
Le sourire éclatant qu’elle me lance ne laisse aucun doute, c’est un ordre, pas une suggestion. Sasuke fixe Chance de ses grands yeux :
- Tu viens avec nous, dis…
Il ne la connaît que depuis trente secondes et il m’a déjà oublié… Chance lui offre un sourire franc en ébouriffant ses cheveux d’un geste si naturel qu’on dirait de vieilles connaissances.
- Une prochaine fois, petit. Itachi, on se rejoint ici dans une heure.
Je la regarde partir encore un peu sous le choc en supposant qu’elle profite de cette heure pour faire une petite reconnaissance.
- Grand frère, c’est qui au juste…
- Si seulement je le savais.

Sasuke met toute son énergie pour me démontrer son habileté à manier les shuriken. L’heure a fuit bien vite en présence de mon petit frère et je prends le chemin de la réunion comme un condamné qui s’avance vers l’échafaud et Chance reprend place à mes côtés.
L’hémicycle qui accueille les réunions du clan est immense et la guerre a clairsemé les rang du clan Uchiha avec une efficacité des plus meurtrières. A peine ai-je mis un pied dans la salle que tous les regards se tournent vers moi.
- Itachi, tu as enfin décidé de te mêler aux communs des mortels ?
La voix suintante de condescendance de Shisui est plus meurtrissante que bien des coups que j’ai reçus.
- J’ai promis à mon père de venir.
Le regard de Shisui détaille Chance, il cherche à mettre un nom sur son visage.
- Yoko, répond Chance d’une attitude très Uchiha.
Elle a vite repris son rôle et s’éloigne en l’ignorant superbement pour prendre place à ma gauche. La réunion commence et c’est mon père qui se lève pour parler. Les mots qui sortent de la bouche de mon père expriment une haine des plus violentes pour Konoha. Comment avais-je pu être aussi aveugle pour ne pas voir cette pièce soudain devenue trop petite pour contenir cet océan de colère et de rancune qui se répand en plein cœur du clan Uchiha.
La honte fait trembler mon bras, je ne peux rester une seconde de plus devant cet étalage insensé d’horreurs proférés par mon père. Mais Chance m’attrape le bras avec force et m’oblige à rester.
- Trop longtemps Konoha nous as dupé, utilisé et sous-estimé. La situation ne peut plus durer, il nous faut agir !
Des poings se lèvent, des acclamations fleurissent de toute part et j’ai le plus grand mal à garder une attitude impassible.
- Il nous faut agir ! Le clan Uchiha doit retrouver sa puissance ! Nous devons agir !
J’en ai trop entendu et cette fois Chance ne m’empêchera pas de sortir.
Je sais depuis mon entrée chez les ANBU que la situation s’est progressivement dégradée, que la rancœur et la colère ont grandies au sein du clan Uchiha. Mais jusqu’à aujourd’hui j’ai été assez lâche pour me voiler la face sur l’ampleur de cette déferlante.
Chance, spectateur silencieux de cette sombre pantomime, me suit quelques pas en arrière. Nous sortons du clan et Chance reprend son apparence dans un sifflement discret. Je n’ose lui faire face de peur que mon regard ne trahisse la colère et la honte qui m’envahissent.
- La situation est pire que tout ce que j’avais pu imaginer.
- Je dois faire un rapport à l’Hokage en urgence.
- Je comprends…
Elle a déjà disparu lorsque je sens une présence surgir derrière mon dos. Instinctivement, je prends le chemin qui mène au terrain d’entraînement bien décidé à démasquer celui qui me suit en émettant une telle aura meurtrière. Lorsque j’atteins les arbres massifs que je connais si bien et qui semblent saluer avec déférence la lune rouge qui s’étire dans la nuit, je reste immobile en attendant que mon adversaire se montre. Je me fige en entendant la voix de Shisui :
- Je savais bien que ta présence cachait quelque chose.
La voix froide de Shisui me cloue littéralement sur place. Je le regarde s’avancer vers moi sans esquisser le moindre geste.
- Shisui…
- Cette Yoko, c’était un de tes équipiers venu faire un rapport sur nous… Je ne m’inquiète pas trop, elle n’arrivera pas bien loin, on s’en occupe.
- On, nous…
Le sharingan enflamme le regard de haine de celui qui avait été mon meilleur ami, mon seul ami.
- Tu as choisi ton camp, Itachi. Si tu n’es pas avec nous, tu es contre nous…
- Je n’ai aucune intention de me battre contre toi.
J’ai à peine le temps de finir ma phrase que le sifflement des kunaï me force à reculer. Je suis tellement surpris par ce geste qu’une de ses lames affûtées m’écorche le bras. Je touche le liquide poisseux qui s’échappe de mon bras comme pour m’imprégner de la réalité de la situation.
- Tu ferais mieux de te défendre, Itachi, je n’aimerai pas que tu me rendes les choses trop faciles.
En esquivant les coups et les flammes de Shisui, je ne peux me résoudre à attaquer à mon tour. Mais si je continue à esquiver sans rien faire, il va vraiment finir par me tuer.
- Shisui, pourquoi ? Pourquoi cette colère envers Konoha ? Pourquoi ?
Shishui s’arrête et l’espace d’une seconde sous le masque de la haine, je retrouve mon ami.
- Es-tu aussi aveugle que tu veux nous le faire croire ? Tu n’as pas vu les rangs vides dans l’hémicycle, toutes ces pertes que nous avons subi lors de la dernière guerre, tous ces morts. Konoha nous as utilisés comme des pions et nous as demandé plus de sacrifices que tous les autres clans…
Soudain je comprends les raisons de sa colère. La guerre avait épargné ma mère, mon père. Sasuke était né juste après que le Yondaïme ait mis fin à ce conflit meurtrier. Mais il n’en avait pas été de même pour Shisui qui avait perdu tous ses parents proches, de même que beaucoup d’autres Uchiha.
- Le clan Uchiha est exsangue et pour quoi ? Aucune reconnaissance de la part de Konoha, on nous a utilisé et oublié !
- Tous ceux qui sont morts pour Konoha étaient des ninjas et les shinobis ne sont que des outils, tu le sais aussi bien que moi.
- Un ninja formé et expérimenté peut-être… Mais Konoha a aussi envoyé nombre d’enfants sur le front et bien peu sont revenus.
- Tous les enfants qui étaient envoyés au front étaient ceux qui étaient aussi capables que des adultes.
- C’est là où tu te trompes, Itachi.
Il s’approche de moi en me fixant droit dans les yeux sharingan contre sharingan.
- Tu as toujours été spécial, Itachi, plus fort plus puissant que les autres, un vrai génie. Tu as gagné très tôt ta place dans le monde des adultes car tu en avais les capacités. Mais pendant la guerre, posséder un sharingan suffisait à se faire admettre dans les équipes d’ANBU, c’était un avantage tactique suffisant pour justifier une perte possible. Demande donc à tes nouveaux chefs combien d’enfants Uchiha ont-ils vu mourir pendant la guerre !
Je repense à ce que m’a confié le Doc sur Chance qui avait perdu tant d’équipiers et je me demande combien d’Uchiha en faisaient partis. Je pense à mon frère ne pouvant imaginer à quel point sa perte pourrait m’atteindre.
- Réfléchis à la réaction de ton père quand il a su que tu allais intégrer les ANBUs ! Pourquoi connaît-il aussi bien celui qui dirige Kuro ! Demande donc à tes chefs combien de sang d’Uchiha ont-ils sur les mains !
- Mais cette guerre, ces sacrifices étaient faits uniquement pour protéger le village et nous faisons partis du village !
- Et c’est une chose qui va bientôt changer.
- Et que comptez-vous faire exactement, prendre le pouvoir par les armes ! Si vous lancez un coup d’état, le village sera déchiré et en ruine. Les vainqueurs d’un combat aussi inutile, quels qu’ils soient n’auront plus que leurs yeux pour assister au partage des restes détruits par les autres pays qui seront attirés comme des charognards par une proie aussi facile ! Le pays du vent et de la terre n’attendent qu’un signe de faiblesse de notre part pour nous attaquer de nouveau, la paix ne tient qu’à un fil. Vous n’allez faire que répandre le chaos et la mort par cet acte insensé !
Shisui affiche un sourire mauvais en lançant une attaque. La trêve est finie et je dois me battre.
- C’est pour cela que je dois te tuer, Itachi…

Les coups et les jutsus s’enchaînent comme dans un cauchemar. Je connais toutes ses attaques, il connaît toutes les miennes. Nous nous sommes entraînés tellement souvent ensemble. Mais cette fois chaque coup, chaque technique n’a qu’un but : détruire.
Combien de temps dura ce combat ? Je ne saurai le dire. Mais assez vite, nous épuisons nos réserves de chakra et Shisui dévoile son katana au ciel noir qui gronde. Un éclair illumine la silhouette de mon cousin avant que le ciel ne se déchire dans un rideau d’eau des plus denses.
La pluie balaye le sang qui goutte sur mon visage et colle mes vêtements sur mes blessures ouvertes. Je suis épuisé et Shisui qui me fait face n’est pas en meilleur état. Mais son regard comme le mien est sans faille. Je sors mon katana à mon tour. Ce combat va prendre fin sur cette dernière attaque, nous n’avons ni l’un ni l’autre la force de continuer plus longtemps.
Et comme dans un mauvais rêve, je vois les coups s’enchaîner avec une lenteur froide. Je repère une faille dans la garde de Shisui et sans hésitation plonge la lame froide jusqu’à la garde dans son cœur.
Il s’effondre, le silence pour seul linceul. Perdu dans la douleur d’avoir accompli ce geste irréversible je tombe à mon tour sur le corps inanimé de Shisui. Une décharge me foudroie littéralement la tête et ma vision se teinte d’un rouge sang. Sous cette pluie battante, je tremble en détaillant sous ce filtre sanglant le corps sans vie de Shisui. Je n’ai plus la force, je me sens prêt à sombrer dans le gouffre noir de la folie.

- Itachi !

Dans un dernier effort, j’ouvre un œil. C’est Chance, elle est blessée mais Neige qui se trouve à ses côtés la soutient. Celui-ci se précipite vers moi. Une onde mordante me transperce littéralement la tête et il me regarde avec une expression presque terrifiante. La pluie plaque ses cheveux sur son visage détrempé et je vois sous un voile rouge son unique sharingan palpiter au centre d’une cicatrice qui lui barre l’œil gauche.
Je l’entends à peine murmurer avant de perdre connaissance.

- Mangekyo sharingan…



Ma tête est dans un brouillard sanglant et les cahots que je perçois me font comprendre que Neige me porte sur son dos. Chance doit se débrouiller seule pour avancer. Leurs paroles me parviennent comme assourdies par le nuage de douleur qui m’assaille de toute part.
- On ne peut pas l’amener à l’hôpital. Il faut trouver un endroit où se poser et s’occuper des corps, dit Neige.
- On peut aller chez moi.
- Chez toi ? Tu veux dire… Je croyais que tu n’y avais pas été depuis…
- C’est justement pour ça qu’ils n’y penseront pas tout de suite, coupe Chance un peu sèchement. Il faut prévenir le Doc au plus vite, il va en avoir besoin. Tu me le ramènes tout de suite, je m’occupe d’Itachi.
- Tu tiens à peine debout, Chance. Je ne vais pas te laisser t’esquinter un peu plus en le portant. Je l’amène chez toi et après je vais chercher le Doc. Il pourra s’occuper de toi par la même occasion, tu fais peine à voir.
- Tu sais que je suis ton capitaine et que tu es censé parfois obéir Neige !
- Tu ferais mieux de réserver ton énergie pour avancer plutôt que pour dire n’importe quoi.
Un silence gêné s’éternise que Chance rompt d’une voix blanche.
- Tout est de ma faute. Je n’aurai jamais dû accepter qu’il m’accompagne. J’aurai du l’en empêcher.
- Et ça c’était pas les ordres peut-être, il devait t’accompagner.
- Je sais bien, mais c’est tout de même à cause de moi que…
- Je ne crois pas, dit-il de façon abrupte. Cela à peut-être accéléré le cours des évènements, mais ce n’est certainement pas de ta faute.
- Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Je…
Même à travers la brume qui obscurcit mes sens, j’entends un craquement d’os des plus crispants et Neige lancer un juron qui couvre le cri étouffé de Chance.
- Chance ne me dit pas que tu as combattu ces deux Uchiha avec la jambe encore en vrac ! Non mais je rêve…
Chaque pas lui arrache un grimacement de douleur.
- Ça ira…
- Je vois ça.
- Je crois que je peux marcher, dis-je d’une voix qui ne me ressemble pas.
A peine ai-je prononcé ces mots, à peine ai-je le temps de me rendre compte à quel point ma phrase n’a aucun sens. Le simple fait d’ouvrir la bouche m’a épuisé.
- Tu déteins beaucoup trop sur tes équipiers Chance. Regarde-le, il est à moitié inconscient et il assène des n’importe quoi avec presque autant d’aplomb que toi ! Nous sommes assez éloignés maintenant et je ne ressens aucune présence hostile. Je vous pose cinq minutes et je vais chercher le Doc. Ne bougez pas, je fais au plus vite.
…de toute manière, je ne vois pas comment vous pourriez faire un pas devant l’autre. Ces mots, il ne les a pas prononcés mais ils sont dans le regard qu’il nous lance avant de disparaître dans un nuage de fumée.

Je n’ai pas trop de souvenirs de ce qu’il s’est passé juste après. Je suis dans un état de semi conscience où les sons, les voix, les flashs lumineux me traversent la tête dans un tourbillon criard et meurtrissant. Chance s’approche de moi en me parlant doucement.
- Ça va aller Itachi. On va te remettre sur pieds en un rien de temps, dit-elle.

Mais les paroles de Chance ne m’atteignent pas, seule l’horreur de ce que j’ai vu, de ce que j’ai entendu et de ce que j’ai fait cette nuit-là tourne et tourne dans un mouvement sans fin dans mon esprit qui sombre un peu plus à chaque seconde.
Shisui
Le souvenir de cette nuit qui me harcèle à chaque fois que je ferme les yeux me force à les garder ouverts. Neige accompagné du Doc ne tarde pas. Je vois les yeux du Doc s’écarquiller en nous détaillant. Nous devons afficher un bien piètre tableau car il nous épargne les commentaires sarcastiques habituels. Le Doc me prend sur son dos et Neige empoigne d’un geste assez rude Chance par le bras qui n’ose même pas protester.
J’ai dû m’évanouir une fois ou deux sur le trajet car lorsque je reprends conscience, je me trouve allongé sur un lit couvert de bandages, le Doc à mes côtés. Je n’ai pas la force d’ouvrir les yeux ni même d’esquisser un mouvement et le Doc s’éloigne. Je sens la présence discrète de Neige et de Chance. Ils sont loin de penser que j’ai retrouvé un semi état de conscience. Je les entends à peine parler tout bas.
- Je n’aurai jamais du te laisser m’accompagner, dit doucement Chance en s’approchant.
Je sens sa main effleurer doucement mon bras puis s’éloigner.
- Tu n’y es pour rien, Chance. Cette nuit, Itachi a éveillé le mangekyo; sharingan. Et c’est certainement ce que cherchait à obtenir son adversaire. Car il n’existe qu’une seule façon de l’éveiller, dit Neige. Je pense que son adversaire le savait et que c’est pour cela qu’il l’a attaqué, lui et personne d’autre.
- Le mangekyo sharingan ?
- La forme ultime du Sharingan, une version à côté de laquelle mon propre Sharingan fait pâle figure, une arme d’une puissance tellement formidable que le dernier à posséder ce mangekyo sharingan n’était autre que Madara Uchiha.
- Le Madara Uchiha ? Et comment Itachi a-t-il pu développer une telle chose en un seul combat?
- Il n’y a qu’un seul moyen d’éveiller le mangekyo; sharingan, répète Neige, un seul…
- Quel moyen ?
- Il faut tuer de ses mains une personne à qui l’on tient plus que sa vie. Je pense que ce Shisui cherchait à développer son propre mangekyo; sharingan en s’en prenant à son meilleur ami. Mais les choses ne se sont pas passées comme il l’avait prévu…
Je tremble de tous mes membres et ouvre les yeux qui pulsent à nouveau douloureusement teintant de rouge sang les regards que me jettent Chance et Neige. Je sens cette arme de rouge et de noir prendre contrôle de mon regard et irradier d’une puissance effrayante toute la pièce.

- Sortez…

Neige et Chance persuadés que j’étais inconscient étouffent un sursaut…

- SORTEZ !

Je ne veux rien entendre, je ne veux plus voir personne. Le moindre son m’est odieux, je veux tomber dans l’inconscience, je veux fermer les yeux pour ne plus les ouvrir. Mais à chaque fois que je ferme mes lourdes paupières, je revois tous les détails de cette nuit. Le souffle court, je tremble et pour la première fois depuis longtemps les larmes coulent librement en silence sur mes joues.





J'espère que ça vous a plu :-)
Le prochain chapitre sera de nouveau au présent et vous éclairera sur le retour de Chance...







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