Fiction: Les lettres d'Itachi

Version imprimable




Retour et conséquences

Défi

Les rayons du soleil commencent à décliner sur le terrain d’entraînement où s’escriment Tenten et Lee. Sous la supervision bienveillante de leur maître qui sourit d’aise à voir l’énergie débordante de ses protégés, Tenten a le plus grand mal à suivre le rythme imposé par Lee.
- Allez on recommence, dit Lee, encore une fois avant de…
- On recommence… Mais ça fait au moins vingt fois qu’on travaille ce mouvement, Lee ! Tu voudrais qu’on recommence avant de quoi… de tomber en syncope ! Je te préviens si …
Tenten ne finit pas sa phrase, une jeune femme aux cheveux blonds se matérialise en une seconde quelques mètres derrière Maître Gaï déversant une aura des plus envahissantes sur le terrain vague. Toute trace de fatigue s’évanouit instantanément des visages de Tenten et Lee qui sont déjà sur le qui-vive. Gaï se retourne doucement et écarquille les yeux, incrédule. Il est sans voix pendant une seconde avant de partir dans un grand éclat de rire et fait une accolade des plus démonstratives à la jeune femme qui se laisse faire en souriant :
- Chance ! C’est incroyable, tu es vivante !
- Plus pour longtemps si tu ne me laisses pas un peu respirer…
Gaï s’éloigne en s’excusant bruyamment sous les yeux totalement ahuris de ses élèves.
- Tu es vivante…
- Si tu savais comme je suis contente de te voir Vert, dit Yoshiko, ça fait tellement longtemps.
Vert ?! Tenten regarde son maître avant d’étouffer un petit rire.
- Chance ! Je te présente mon équipe, Tenten qui ne rate jamais une cible et Lee le plus endurant de tous les jeunes ninjas de sa génération…
Yoshiko apprécie la fierté qui se dégage de Vert lorsqu’il parle de son équipe. Elle s’incline pour saluer Tenten et se fige une seconde en détaillant la tenue de Lee en reconnaissant la tenue verte en miniature qu’affectionne tant Gaï.
- Lee, Tenten, je vous présente Chance mon ancien capitaine lorsque j’étais ANBU et accessoirement le plus grand capitaine d’ANBU de la section Kuro qui ait jamais existé.
- Toujours aussi flatteur, Vert. Et tu oublies de dire que si j’ai été un temps ton capitaine, tu as toi-même dirigé avec brio ta propre équipe au sein de Kuro. Mais nous ne sommes plus en mission, tu peux m’appeler Yoshiko.
- Uniquement si tu m’appelles Gaï.
Tenten et Lee sont encore sous le choc, ils ont sous les yeux l’ancien capitaine de leur maître. Ils ont déjà entendu parler de la division Kuro, une section de légende qui a accompli plus de missions improbables que toutes les autres divisions des ANBUS réunis de l’époque. Et imaginer leur maître sous les ordres de cette femme est des plus étranges.
- Gaï, je tenais à te dire de vive voix que je suis de retour avant que tu ne l’apprennes par Kakashi.
Lee et Tenten nagent en pleine confusion en tentant de coller bout à bout les brides d’informations qu’ils ont collectés.
- Vert, ça te tenterait un petit défi d’entraînement comme au bon vieux temps ! Lee et toi contre Tenten et moi.
Yoshiko a la surprise de voir les yeux de Vert et de son protégé s’enflammer dans la même seconde. Même Tenten se sent galvanisée par l’énergie qui déborde littéralement de son coéquipier et de son maître. Quel que soit le défi, elle est prête à le relever. Gaï est déjà parti dans une tirade sur la grandeur des défis et la puissance de la jeunesse que Lee acquiesce consciencieusement lorsque Tenten s’avance timidement vers Yoshiko qui l’encourage d’un petit signe :
- Viens, on va leur montrer ce qu’on sait faire à ces moulins à paroles.
- Et comment !

Chance a placé quatre bouts d’étoles blanches aux quatre coins du terrain et chaque personne de chaque équipe se trouve devant un des éléments du jeu avec interdiction d’y toucher. Le but de ce défi est simple, récupérer les deux étoles de l’équipe adverse en premier. Yoshiko s’approche de Tenten pour mettre au point une stratégie :
- Apparemment tu ne rates pas une cible, Tenten, je ne me trompe pas ?
- Même les yeux fermés !
- Bien et sur cette distance, demande Yoshiko en montrant la distance entre les deux coins les plus opposés ?
- Pas de problème, assure Tenten.
Yoshiko apprécie les talents de Tenten à leur juste valeur, rares sont les shinobis capables d’une telle précision de tir.
- Bien alors prépare tes armes partenaire, tu assureras la protection de nos bannières pendant que j’irais leur ravir les leurs en jouant sur la vitesse. Qu’est-ce que tu peux me dire sur ton ami ?
- Adepte du Taïjutsu, il est rapide et d’une force et d’une énergie quasiment inépuisables…
- Je parlais de Lee, pas de Vert… Merci pour le conseil Tenten.
Tenten sourit devant l’air complice de Yoshiko.
- Chance, je ne plaisantais pas, il est vraiment rapide.
Yoshiko prend un air étrangement détaché :
- Ne t’inquiètes pas partenaire, je n’ai rencontré que deux personnes aussi rapides que moi dans toute ma vie, le premier était mon frère, le deuxième, je l’ai tué de mes propres mains.
Le sourire de Tenten se fige en un rictus mi-effrayé, mi-incrédule devant le large sourire de Chance.

Gai et Lee tiennent à leur tour un petit conciliabule sur la meilleure façon d’agir puis chacun gagne son emplacement avec une lenteur toute mesurée sous l’œil de Kakashi qui observe de loin la scène. Il ne s’était pas trompé sur sa destination. C’est Chance qui a transmis un amour immodéré à Vert pour les défis. Quand Vert faisait partie de l’équipe, Chance aimait rendre les entraînements ludiques et Gaï se fait un devoir de faire perdurer cette tradition.
Mais contrairement à Chance, il n’a pas le même génie pour faire ressortir les qualités de chacun et rendre acharnés les moins motivés. Il peut encore observer « l’effet Chance » sur Tenten. Lorsque Yoshiko est arrivée sur le terrain d’entraînement, elle était à deux doigts d’abréger son entraînement et semblait au bord de l’épuisement. Et là, sous ses yeux, elle enchaîne ses tirs avec la précision des grands jours. De plus Chance, bien que ne connaissant qu’à peine sa partenaire est parvenue à exploiter au maximum les capacités de Tenten. Pendant que Gaï est accaparé par Chance dans une sorte de ballet improvisé presque invisible à l’œil nu, Lee tente d’accrocher sa cible. Mais les kunaï volent avec une précision froide l’empêchant d’approcher à une distance raisonnable. Et Tenten est capable à cette distance de protéger leurs deux bannières.
Il ne lui faut que peu de temps pour analyser la situation et comprendre que Vert et Lee n’ont aucune chance de réussite.

Lorsque le défi prend fin, Kakashi est surpris de voir que le soleil est si bas. Chance a donné les deux étoffes à Tenten qui les tient fièrement en houspillant Lee d’un air narquois.
- Devant une telle victoire, je vous invite tous devant un bon repas, dit Gai. Tous, même les spectateurs silencieux.
- Non, c’est moi qui offre pour vous remercier du spectacle, ajoute Kakashi.


Excuses et explications


Naruto progresse dans les rues de Konoha sans trop savoir où le mènent ses pas. Mettre un pied devant l’autre voilà tout ce qu’il est capable de faire pour ne pas laisser son esprit errer dans des réflexions trop tortueuses.
Tsunade a rétabli l’honneur d’Itachi Uchiha lors d’un court et pénible discours et Yoshiko satisfaite s’est de nouveau installée au Village. Kakashi lui a donné l’adresse et il ne met pas longtemps à comprendre que ses pas le mènent droit sur l’endroit indiqué sur le bout de papier qu’il a glissé dans sa poche.
Une fois arrivé devant la petite maison, il a la surprise d’y constater une activité des plus intenses. Maître Gaï secondé par Lee virevoltent littéralement entre le jardin, l’entrée et les différentes pièces chargés de planches de bois et d’outils les plus divers. Ils sont tellement concentrés sur les travaux de la maison qu’ils remarquent à peine Tenten et Yoshiko qui sirotent tranquillement un thé en les regardant s’affairer avec une énergie qui n’appartient qu’à eux.
- On ne devrait pas les aider, demande Tenten un peu gênée.
- Nooon, ils s’amusent tellement, ce serait un crime partenaire, dit Yoshiko d’un air complice.
Tenten jette un œil aux deux tornades vertes qui s’activent et décide d’un hochement de tête que sa « partenaire » doit avoir raison. Lorsqu’elle se tourne de nouveau vers Yoshiko, elle la voit se figer. Naruto a fait son apparition sur le pas de la porte et Yoshiko délaisse sa tasse pour aller à sa rencontre.
- Naruto, viens marcher un peu avec moi.

Ce n’est ni un ordre ni une demande… Mais d’une certaine façon il ne peut refuser. Yoshiko l’entraîne en silence jusqu’à l’endroit où il a subi le test des clochettes argentées de Kakashi, l’endroit où se trouve la pierre imposante où reposent les noms de tous ceux tombés au champ d’honneur. Yoshiko passe sa main sur la pierre froide avec une infinie tristesse.
- Je te dois des excuses et des explications Naruto.
- Des explications, des excuses ?
- Laisse-moi commencer par le début, c’est une longue histoire qui débute pendant la grande guerre. La guerre avait à peine commencé lorsque nous avions perdus nos parents. J’avais beau être déjà un soldat, je n’avais que sept ans et ce jour-là mon grand frère assuma le rôle de frère, de père, d’ami et de confident du haut de ses seize ans. Nous étions seuls au monde. Lorsque ton père s’est sacrifié pour battre cette monstruosité qu’il a scellée en toi, j’avais tout perdu. J’étais plus morte que vive, j’ai cru que la douleur allait me rendre folle. J’étais ANBU et on m’avait interdit de t’approcher. Et j’ai honte de l’avouer aujourd’hui, mais d’une certaine façon, cela me convenait…
Naruto se sent plus blessé qu’il ne l’aurait cru par cet aveu. Comme tous les autres, elle l’a haït. Il n’est que Kyubi, le démon aux neuf queues, celui qui lui a pris son frère. Sa propre tante, la sœur de son frère l’a haït autant si ce n’est plus que tous ceux qui l’avaient jadis rejetés. Un goût amer lui envahit la bouche, il avait espéré… espéré quoi au juste, il n’est pas sûr d’avoir le droit d’attendre autre chose. Après tout, il héberge réellement ce monstre en lui…
- Tu dois comprendre Naruto…
Oh, mais je comprends très bien, cette haine je la ressens depuis mon enfance, elle m’enveloppe d’un voile sombre depuis tant d’années, pense-t-il.
- Pendant la guerre, j’avais perdu mes parents, puis en tant que soldat, j’ai perdu un à un tous les gens avec qui je me suis jamais liée, j’ai fait parti de six équipes d’ANBU et de ces six équipes, je suis la seule à m’en être sortie vivante. J’ai vu tout le monde mourir autour de moi. J’avais perdu mon frère. Je me rendais responsable de la perte de mes parents, de mes coéquipiers, de mon frère. La douleur m’avait rendu désespérée et j’étais persuadée de n’apporter que la mort et la destruction autour de moi, à tous ceux qui m’étaient chers.
Naruto est abasourdi. Elle ne l’a pas haï comme tous les autres, au contraire.
- Tu cherchais d’une certaine façon à…
- Te protéger de moi. Du moins au début. Lorsque je suis devenue capitaine de ma propre équipe au sein de Kuro, j’ai été assez vite rejointe par Kakashi qui m’a aidé petit à petit à vaincre tous mes démons et nous avons monté ensemble la plus grande équipe qu’ai jamais connue la division Kuro. En reprenant confiance en moi, j’ai pris conscience de ma folie égoïste et surtout de la façon dont le village te traitait. J’ai eu tellement honte de mon attitude envers toi et de l’ingratitude que te manifestait Konoha que j’ai souhaité pouvoir m’occuper de toi de la même façon que mon grand frère s’était occupé de moi à la mort de nos parents. Mais j’ai eu beau insister et user de toutes les anciennes relations de mon frère, je n’ai jamais pu contrer l’avis du conseil et de Danzo. J’ai essayé de t’approcher plus d’une fois mais tu étais en permanence sous la surveillance d’ANBU à la solde de Danzo. Il m’était impossible de te parler sans risques pour ta sécurité. Alors lorsque j’ai été envoyé en mission d’infiltration au pays du sable, j’avais décidé de t’enlever et de t’amener avec moi. Je n’avais pas vraiment de plan très clair en tête, tout ce que je souhaitais c’était t’arracher à tout ça. Mais… Le jour du départ, je me suis rendue à l’endroit où tu avais l’habitude de t’entraîner et je t’ai vu avec Iruka. J’ai compris d’un seul coup d’œil le lien qui vous unissait et cela je n’avais aucun droit de te l’enlever. J’ai décidé de m’éclipser sans un bruit.
Yoshiko fixe son regard d’azur dans celui de Naruto :
- J’ai longtemps espéré avoir pris la bonne décision ce jour-là.
Naruto ne peut s’empêcher de lui sourire en repensant à Iruka, puis à Shikamaru, Choji, et Sakura, même Sasuke, tous ceux qui ont croisés son chemin et qui l’ont accompagné. Ce sourire est la plus éloquente des réponses pour Yoshiko.
- Je… J’aimerai bien voir la maison…
- Et si on ne veut pas la retrouver en pièces détachées, victime de je ne sais quel défi tordu de Vert et de son clone, on ferait mieux de presser le pas, dit Yoshiko en prenant Naruto par le bras.
Vert et de son clone… Naruto se laisse entraîner de bon cœur par sa tante. Elle ne l’a jamais haï, elle avait essayé de faire ce qu’elle croyait être le mieux pour lui. Pour la première fois, il ne se sent plus si désespérément seul et il sait qu’il ne lui faudrait pas longtemps pour l’apprécier. Cette simple pensée le remplit d’un sentiment étrange et agréable.
Une fois arrivés devant le porche de la petite maison, tous les travaux sont achevés. La toiture et les murs sont restaurés, les lattes abîmées du parquet remplacées et Gaï et son équipe ont déjà quittés les lieux. Yoshiko lui montre l’ancienne chambre de ses parents, sa propre chambre et la chambre d’amis qui avaient un temps servi de refuge à Kakashi et l’invite à prendre place dans le salon.
- Tu sais Naruto, si tu avais refusé de me parler et de mettre un pied dans cette maison, j’avais un plan B auquel tu n’aurais pu résister…
- Pourquoi aurais-je refusé de te parler ?
Yoshiko ne peut s’empêcher de fondre devant le fils de son frère qui n’a, comme Minato, aucune notion de ce que peut être la rancune.
- Quel plan B ?
- Je peux t’apprendre une nouvelle technique qui ferait pâlir d’envie n’importe quel shinobi, une technique familiale que mon frère m’a apprise et que je peux t’enseigner à mon tour.
- Une nouvelle technique ! Des étoiles sortent littéralement des yeux de Naruto, une technique familiale ?
- La technique de téléportation.
Yoshiko doit user de toute sa force de persuasion pour convaincre Naruto que commencer l’entraînement en pleine nuit n’était pas la meilleure des choses à faire. En le voyant partir après lui avoir fait promettre de commencer demain à la première heure, Yoshiko s’affale sur un fauteuil du salon, épuisée. Elle avait tellement redouté ce jour.
- Ton plan B était des plus déloyaux, Chance.
Kakashi se tient là dans l’antre de la porte. Il a fait de sérieux progrès car elle ne l’a pas repéré. Depuis combien de temps les observent-ils ? Depuis le début certainement.
- Toujours aussi silencieux, Neige…
- Toujours aussi manipulatrice, Chance…
Sur ces quelques mots, il s’éloigne.


La dernière mission d’Itachi

Dès les premières lueurs de l’aube, Yoshiko voit Naruto débarquer on ne peut plus prêt à en découdre avec cette nouvelle technique. Yoshiko ne peut s’empêcher de repenser à sa propre réaction lorsque son frère lui avait enfin permis d’apprendre cette technique, c’était la même, exactement la même.
Naruto a beau être silencieux et attendre ses ordres, son regard montre une impatience qu’il peut à peine contenir. D’un geste machinal elle se surprend à ébouriffer sa tignasse blonde, ce même geste que Minato lui avait si souvent adressé :
- Suis-moi !
Elle l’amène dans une petite clairière se trouvant juste à la sortie de Konoha.
- C’est ici que ton père m’a appris les deux techniques qu’il a lui-même développées, le Rasengan, dit-elle en faisant apparaître dans sa paume un orbe tourbillonnant de chakra bleutée, et la téléportation. Je sais que c’est ici qu’il aurait souhaité te transmettre son expérience… alors que dirais-tu de commencer par une petite démonstration ? ajoute Yoshiko pour dissiper la gêne qu’éprouve Naruto à la simple évocation de son père.
- Une démonstration !
L’enthousiasme et l’énergie qui se dégagent de Naruto sont les meilleures des réponses. Yoshiko envoie une dizaine de kunaï qui se plantent un à un profondément dans des arbres présents dans toutes les directions.
- Ouvre bien les yeux…
A peine le dernier kunaï s’est-il figé dans l’écorce brune d’un chêne des plus titanesques qu’elle disparaît dans un flash lumineux. Naruto n’en revient pas, elle se matérialise derrière chacun des kunaï en moins d’un battement de paupière et réapparaît devant lui en déposant les kunaï à ses pieds avec une désinvolture qui le sidère.
- C’est incroyable !
Ce mot lui parait bien faible devant une telle démonstration de puissance.
- C’est cette technique qui a rendu ton père si célèbre, c’est elle qui lui a permis de devenir Hokage et je sais que tu arriveras à la maîtriser comme tu maîtrises déjà le rasengan.
- Comment ?
- Il y a trois étapes à passer et chaque étape est dix fois plus dure que la précédente. Tu es prêt à écouter la première
Naruto se rappelle de l’entraînement que Jiraya lui avait donné pour apprendre le rasengan. Trois étapes… Il acquiesce vivement et Yoshiko lui présente la succession des sceaux nécessaires au jutsu. Curieux, il ne l’a pas vu faire le moindre signe lors de sa démonstration. Il les mémorise rapidement et les répète instantanément sous le regard attentif de Yoshiko. Puis elle écarte ses deux mains lentement et recommence de nouveau les signes. Mais cette fois ses deux mains accomplissent les signes telles les deux faces parfaites d’un miroir. Une bourrasque de vent s’élève suivie d’un flash lumineux aveuglant.
Naruto est hypnotisé par le ballet parfaitement synchronisé des deux mains désolidarisées de Yoshiko qui accomplissent les signes séparément. C’est donc cela la première étape menant à cette technique.
Naruto est déjà prêt à commencer lorsque Yoshiko lui donne une dernière consigne :
- Une dernière chose, tu dois réaliser la première étape les yeux fermés, et ce n’est pas qu’une métaphore.
Naruto la regarde s’éloigner et s’adosser à un arbre pour l’observer. Puis elle sort de sa poche un livre et se plonge dans la lecture. Un instant, il a l’impression de voir se superposer l’image de maître Kakashi et de Yoshiko. Il espère que les goûts en lecture de Yoshiko ne sont pas aussi tordus que ceux de son maître! Mais il ramène bien vite son attention sur ses deux mains et les signes compliqués qu’elles doivent accomplir seules.

Yoshiko lève les yeux de son livre un instant, il est là, présence discrète à peine détectable. Elle doit mettre toute son attention en éveil pour le percevoir :
- Neige, tu fais presque plus de bruit que toute l’équipe d’ANBU qui me suit à la trace depuis que j’ai fait un pas dans ce village.
Kakashi sort de l’ombre sans trahir aucune émotion. Chance n’a rien perdu de ses réflexes. Elle jette un œil à Naruto et voit avec étonnement qu’il a créé de nombreux clones qui s’entraînent chacun de leur côté à passer cette première étape. Intéressante technique pour apprendre plus vite, mais celle-ci demande une quantité de chakra énorme. Finalement une technique parfaitement adaptée à Naruto.
Yoshiko décide de s’éloigner et Neige la suit en silence. Yoshiko ressent l’intensité de son regard fixé sur elle. Il ne met pas longtemps à deviner l’endroit où elle le mène, cette pierre dressée chargée de noms vers laquelle tous ses pas semblent le porter.
Yoshiko n’a qu’à regarder l’œil unique de Kakashi pour deviner toutes les questions sans réponses qui tournent sans fin dans la tête de Neige. Par où commencer, comment expliquer son absence, son silence, la peur qui lui noue les entrailles à l’idée d’ouvrir la bouche. L’idée même d’avoir à parler de ces cinq années d’exil et de solitude, de les revivre lui est insupportable.
Mais si Kakashi attend des réponses à ses questions silencieuses il ne la pressera pas, il saura attendre qu’elle soit prête à tout lui raconter. Il la connaît mieux que quiconque et sait que les réponses viendront d’elles même.
- Je suppose que tu n’es pas là uniquement pour apprendre une ou deux techniques à Naruto ?
- Tu as raison. Je suis aussi là pour finir une mission, la dernière mission d’Itachi.
Celle pour laquelle il s’est sacrifié pour rien, je vais finir ce qu’il cherchait de toutes ses forces à accomplir…
- La dernière mission d’Itachi ?
- Ramener Sasuke à Konoha et tuer Madara Uchiha.
- Rien que ça… Et comment tu comptes accomplir ces deux petits miracles ?
- Premièrement les lettres que j’ai données à Sasuke, écrites de la main même d’Itachi devraient suffire à faire comprendre à Sasuke le véritable commanditaire du massacre du clan des Uchiha, Madara lui-même.
- Tu penses qu’il se retournera contre Madara après la lecture de ces lettres ?
- J’en suis sûre. Deuxièmement dans quinze jours exactement, Sasuke doit rencontrer Madara Uchiha lui-même au pont des murmures et je compte bien lui tendre un piège…
- Il est vrai que si Sasuke change de camp au dernier moment, un piège contre l’Uchiha pourrait avoir des chances de réussite.
- Et enfin j’ai déjà affronté Madara moi-même. Je ne m’en suis pas sorti indemne mais j’ai eu un aperçu des plus complets sur ses capacités.
- Tu cherches à constituer une équipe pour cette mission ?
- Oui. Une équipe du niveau de l’équipe sept.
- Tu sais que tu auras du mal à empêcher Naruto d’en faire partie.
- S’il maîtrise la technique de mon frère en moins de treize jours, je ne vois pas pourquoi je le refuserais dans l’équipe.
Il faut deux jours pour se rendre au pont des murmures pense Kakashi… Logique.
- Et tu es persuadée qu’il ne réussira pas, c’est ta façon de l’écarter sans lui dire non.
- J’ai mis moi-même un an à réussir la troisième étape et j’avais le meilleur des professeurs, tu le sais aussi bien que moi.
- Et tu n’avais que douze ans. Naruto pourrait bien te surprendre, il a maîtrisé le rasengan en quelques jours seulement.
Quelques jours… Mais la technique de téléportation est beaucoup plus difficile à maîtriser que celle du rasengan. Mais c’est tout de même impressionnant il faut bien l’avouer. Il est le digne fils de Minato, elle ne peut empêcher un petit sourire fier d’étirer ses lèvres.
- Il me faut aussi un stratège capable de concevoir le meilleur des plans avec tous les renseignements que j’ai accumulé au cours de ces dernières années sur Madara.
- Shikamaru Nara…
- Son combat contre Hidan n’est pas passé inaperçu.
- Un digne successeur du Doc.
Un silence empli de nostalgie les cloue littéralement sur place.
- Et si cette mission réussit, que comptes-tu faire ensuite ? Tu retournes définitivement sur Konoha ?
- Après…
Pour être tout à fait honnête, Chance n’a pas prévu « d’après » car lors de sa confrontation avec Madara, elle a compris deux choses : qu’elle ne ferait jamais le poids seule contre un tel adversaire et que la seule façon de le vaincre est de l’entraîner avec elle dans le dernier voyage.
Elle ne pense pas survivre au combat et d’une certaine façon elle accueille cette certitude avec une sérénité dont elle ne se croyait pas capable.
Kakashi n’est pas dupe et tenter de lui cacher quoi que ce soit avait toujours été impossible, même dissimulée derrière son masque d’ANBU, il avait toujours lu en elle comme dans un livre ouvert.
La colère irradie son œil visible aussi bien que celui dissimulé derrière son bandeau frontal et il lui prend sans ménagement sa main droite qui effleure d’un geste machinal la pierre froide :
- J’ai cru t’avoir perdue une première fois et maintenant que je t’ai enfin retrouvée je ne vais pas te laisser devenir un autre nom sur cette pierre désolée aussi facilement. Ne compte pas sur moi là-dessus.
Elle le regarde partir sans voix en tenant sa main droite qui porte encore les marques de la poigne de fer de Kakashi.




La deuxième mission d'Itachi au sein de Kuro...

Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: