Fiction: Les lettres d'Itachi

Cette histoire prend place après la révélation des véritables intentions d'Itachi. Tsunade reçoit un étrange message qui lui promet des informations sur Itachi. Sasuke est aussi convié au rendez vous. Lors de la rencontre, une jeune femme dissimulée derrière un masque d'ANBU remet un paquet de lettres à Sasuke, écrites par Itachi lui-même.
Classé: -16I | Action/Aventure | Mots: 168957 | Comments: 83 | Favs: 68
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elane. (Masculin), le 06/05/2014
La fin de cette looongue nuit...
J'espère que le titre va vous faire trembler un peu :-)




Chapitre 46: Sacrifice



Désert
03h47

Celn, penché sur le corps inerte de Lune retient à grand peine la panique qui tente de le submerger. Elle est encore vivante mais son pouls est si faible qu’il inspecte fiévreusement son corps meurtri. Et tout ce qu’il peut faire, c’est appuyer de toute ses forces contre l’ouverture béante qui lui barre d’une ligne sanglante l’abdomen. Quand avait-elle pris un coup pouvant provoquer une telle blessure ? Comment avait-elle pu continuer à se battre sans qu’il n’en perçoive rien ?

Au fur et à mesure qu’il plaque fébrilement ses paumes contre les flots carmin qui menacent de s’épancher un peu plus sur le sol, la nuit s’ouvre à lui.

Maintenant, il sait et attend.

Une silhouette se dessine dans les ombres, elle progresse à grandes enjambées sur le sable. Il ne se détourne pas de sa tâche car il sait déjà qui s’avance.

Sa présence est déjà inscrite dans le sable.

Nyah se met à courir aussi vite qu’elle le peut lorsqu’elle distingue Lune allongée par terre, inconsciente. L’équipe de Konoha l’avait dissimulée derrière un genjutsu puissant pour la protéger avant de pénétrer dans la cité. Mais quand elle avait vu les créatures qui rodaient dans l’immensité du désert disparaître soudainement et constater avec effroi que la marque sur son poignet avait disparu, elle n’avait pas hésité. Elle s’était lancée dans une course folle en direction de Lune et Celn, sans chercher à comprendre l’urgence qui la faisait se presser un peu plus à chaque seconde et le souffle glacé qui lui nouait les entrailles.

Hors d’haleine, elle se penche sans même tourner la tête vers Celn. Inspectant rapidement les blessures de Lune, Nyah sait exactement ce qu’elle doit faire. Elle repasse dans sa tête tout ce qu’elle a jamais lu sur les gardiens et le clan du Soleil. Quand Celn se penche vers elle avec une attitude où se mêlent espoir et angoisse, elle prie pour que toutes ses connaissances qui ne sont tirées que d’écrits séculaires qui prennent la poussière dans la grande bibliothèque de Suna se révèlent juste.

- Il faut d’abord l’immobiliser, dit Nyah.

Celn acquiesce. Il se souvient du hérissement électrique qu’il avait aperçu et qui avait refermé unes à unes ses plaies. Lune avait difficilement pu dissimuler sa douleur pour une blessure impressionnante mais bénigne à la jambe. Ce traitement allait être suffisamment violent pour lui faire reprendre conscience et il est trop occupé à presser ses mains sur sa plaie pour contenir ses soubresauts.

- Comment ?

- Le croissant pourpre qui se dessine sur la tempe des gardiens n’est pas qu’une simple marque, dit Nyah.

Elle dégage d’un geste délicat les cheveux blonds qui s’éparpillent sur le front brûlant de Lune.

- Vous ne devez jamais rompre le contact, dit Nyah, quoi qu’il arrive.

Celn prend une longue respiration, prêt à endurer tout ce qu’il pourra lui arriver si cela pouvait lui permettre de subir de nouveau une des petites réflexions acerbes de son ancienne partenaire. Il sursaute en écoutant les sonorités dissonantes que prononce Nyah en réactivant l’ancien jutsu des Anima qui assurait au clan un contrôle total sur la plus puissante de leurs armes.

Il les comprend sans les reconnaître, ces mots qui s’assemblent dans son esprit et leur sens s’impose à lui avec une violence froide. Il ressent jusque dans sa chair la haine, le dégoût et la colère contenus dans ses syllabes qui s’animent sur la peau de Lune et l’entravent avec une puissance inouïe.

Complètement immobile, Lune s’éveille sous les assauts de la douleur qui la transpercent de part en part en ouvrant de grands yeux affolés. Clouée au sol par les mots de Nyah qui expriment la peur et la haine de tout un peuple envers son arme la plus puissante et la plus terrible, elle est incapable d’esquisser un geste ou même d’articuler le moindre mot.

Avec une lenteur insoutenable, la peau de Lune semble se froisser et une souffrance déchirante explose sur son visage à mesure que les chairs se referment. Celn se crispe lorsque l’onde bleutée passe sur ses mains qui se pressent contre la blessure. Il se mord les lèvres pour tenter de contrôler sans trembler cette sensation d’aiguilles de feu qui s’enfoncent sous sa peau. La douleur absolument insupportable lui arrache un cri et son instinct le pousse à reculer lorsqu’il sent dans son dos, les mains de Nyah qui le retiennent fermement.



Point est des remparts
03h52


Chance tourne la tête vers Kakashi sur sa droite qui est déjà prêt à affronter son adversaire et vers Gaï qui fait quelque pas vers le second Djinn, bien décidé à l’affronter seul. La pluie qui martèle le sol semble avoir redoublée d’ardeur et la lune se pare de noirs atours donnant aux remparts qui entourent la cité une apparence aussi désolée que glaçante.

A ses côtés, l’impatience et la fureur émanent de Gorgo lorsqu’elle fixe les deux Djinns. Chance ne connaît pas la raison de cette haine qui explose dans les yeux de Gorgo mais Djinn ou non, elle sait reconnaître l’envie de se retrouver face à un adversaire, le besoin impérieux de se venger.

- Gorgo, tu restes. Nous devons rejoindre Shikamaru au plus vite avec l’équipe de Gaï et Sakura.

Gorgo se retourne vers Chance et pour la première fois depuis leur rencontre, Chance décèle les traces de la reconnaissance sur son visage.

- Bien Maître.

- Neige ! dit Chance en envoyant son katana qui se plante dans le sable devant lui.

Kakashi prend la lame d’une main sure et libère l’acier qui étincelle d’une lumière brute dans la nuit noire. Il n’est pas dupe, il sait que les inscriptions sur la garde permettront à Chance d’apparaître à ses côtés en un éclair dès que la situation le lui permettrait.

- C’est un souvenir de mon frère, dit Chance, je compte sur toi pour me le rendre au plus vite !

Kakashi acquiesce d’un mouvement de la tête et Chance fait signe au groupe. Ils entrent par la grande porte dans le cœur de la cité. Comme le lui avait expliqué le jeune Nara, trois voies mènent à la tour centrale et celle dans laquelle est engagée Ana est celle du centre. Perdue dans ses pensées, elle est étonnée de voir l’inquiétude assombrir les visages des équipiers de Gaï.

- Lee, Tenten, Neji, écoutez-moi bien car je ne le répèterai pas et je nierai vous l’avoir jamais avoué.

Ils se rapprochent et elle les fixe, satisfaite d’avoir fait naître la curiosité dans leurs regards troublés.

- Le plus grand capitaine qu’ait jamais connu Kuro, dit-elle sur le ton de la confidence, n’est autre que votre Maître.

Un petit sourire fier illumine les lèvres des membres de l’équipe de Gaï.

- Neji et Tenten, vous prenez la gauche. Sakura et Lee, la droite. Je me charge de celle-ci, dit Chance.

Se sentant libérée d’un poids immense depuis que Shikamaru lui a affirmé que son équipe est saine et sauve, elle brûle d’impatience de s’élancer contre ces choses qu’elle distingue dans la pénombre et de consumer dans le combat qui s’annonce l’adrénaline qui coule à flot dans ses veines.

- Le premier arrivé à la Tour ! leur lance-t-elle comme un défi.

Elle est exactement comme Maître Gaï, pensent au même instant les trois membres de l’équipe de Chance.

Et si Tenten et Neji affichent un air désabusé et un léger recul, Lee tente déjà de motiver Sakura de se lancer dans la cohue. D’un geste, elle donne le signal du départ.

A peine a-t-elle baissé le bras qu’elle disparaît dans un éclair aveuglant. Les yeux écarquillés, ils observent les corps de dizaines de ces monstres tomber à une vitesse si grande qu’ils peinent à suivre ses mouvements.

- Totalement, commence Tenten du bout des lèvres.

- Déloyal, termine Neji.

Tenten pose deux parchemins d’un geste rapide avec un air décidé.

- Je ne vais pas me laisser distancer aussi facilement !

- Comptes sur moi Tenten, dit Neji en voyant Sakura et Lee déjà engagés dans leur propre combat avec beaucoup d’application.


A 500 mètres de la tour centrale
04h12


Aki tremble de tous ses membres, épuisé par la tension qui court dans ses muscles et aveuglé par la sueur et la pluie qui plaque ses cheveux noirs sur son visage.

- Il faut reculer, lui lance son équipier.

Le jeune homme ne peut qu’acquiescer hochant la tête à contre cœur. Le flux incessant de leurs ennemis ne cesse de se déverser sous leurs yeux et ils n’ont jamais trouvé l’équipe à laquelle ils devaient apporter leur aide. La résistance de ces monstres ne leur donne que peu d’espoir sur leur chance de les retrouver. Tous les bâtiments qui se trouvent sur les bords de la ruelle sont éventrés par le souffle des explosions qui ont fait trembler la nuit noire avec la régularité d’un métronome.

Les trois genins s’apprêtent à battre en retraite lorsqu’ils se rendent compte que les Shabtis les ont pris en tenaille. Encerclés et à bout de nerfs, ils affrontent la tête haute les regards vides de ces créatures qui sont totalement inconscientes de cet ultime sursaut de fierté de la jeune équipe qui est prête à défendre chèrement sa peau.

Soudain, dans un souffle, tous leurs adversaires s’effondrent dans la même seconde. Aki, incrédule détaille une jeune femme qui brandit les kunaïs plus vite qu’il ne peut les voir et un shinobi aux yeux cotonneux lui donner calmement des indications précises. Aki a déjà entendu parler du byakugan mais il ne l’avait encore jamais vu en action.

Incapable de tenir plus longtemps sur ses jambes, il s’effondre avant d’être rattrapé de justesse par la kunoïchi de Konoha qui passe un bras sous ses épaules avec un grand sourire. Il est tellement soulagé qu’il pense un instant que ses oreilles le trompe lorsqu’il l’entend prononcer ses mots.

- Neji, faut accélérer, j’ai aucune envie d’arriver après Chance….

Le jeune homme aux longs cheveux noirs se débarrasse d’un seul coup de poing d’un adversaire qui a eu l’audace de s’approcher un peu trop prêt et se tourne vers sa partenaire, un petit sourire en coin.

- Moi, j’ai surtout aucune envie d’arriver après Lee et Sakura.

A cette simple idée, Tenten fait une grimace des plus démonstratives en envoyant un impressionnant shuriken avec une force incroyable. Aki regarde avec étonnement la lame qui coupe et tranche dans le vif un nombre impressionnant de leurs ennemis en libérant un passage des plus surs vers la tour centrale qu’ils venaient de quitter.

C’est sûr, pense-t-il. Pourquoi s’embêter à chercher à toucher une marque aussi difficile à atteindre alors que les couper proprement en deux a l’air si efficace…


Point est des remparts
04h14

Kakashi et Naruto

Kakashi se penche vers Naruto et Sasuke encore inconscient sans pour autant quitter des yeux le Djinn qui s’avance et dégage d’un geste son sharingan.

- Naruto, prend Sasuke avec toi et fonce à la sortie Nord. Vous devez protéger une civile que nous avons laissée aux portes de la cité.

Naruto acquiesce et voit le même phénomène qu’il avait observé lorsque le Djinn qui les avait attaqués avait pris l’apparence d’Itachi Uchiha se produire à nouveau. Hypnotisé par le spectacle, il n’arrive pas à se détourner de la forme qui prend vie sous ses yeux. Un jeune garçon aux cheveux et aux yeux noirs sort de la nuit et Naruto fixe avec stupeur un tableau étrangement familier. Le garçon ouvre un œil unique et rougeoyant qui détaille son Maître.

Il se tourne vers son Maître qui reste figé sur place.

- Maître !

Le Djinn s’avance lentement et Kakashi est toujours pétrifié devant cet enfant. Sans réfléchir, Naruto s’interpose entre son Maître et cette chose qui s’avance.

- MAITRE !

- Kakashi, dit le Djinn d’une voix enfantine.

Il voit son Maître trembler au son de cette voix comme s’il avait reçu une décharge.

- Naruto, disparaît.

- Je partirais quand vous arrêterez de trembler comme une feuille morte face à un enfant, Maître.

Kakashi essaye de se reprendre en constatant avec stupeur que Naruto a raison. Tentant de contrôler sa respiration qui s’emballe, il ose affronter en face cette vision tirée de ses plus sombres souvenirs.

- Obito…

- Kakashi, où est Rinn ? Kakashi… Tu avais promis de la protéger, Kakashi.

Naruto voit son Maître baisser les yeux, immobile. Il ne l’a encore jamais vu refuser de se battre et se laisser dominer aussi facilement par qui ou quoi que ce soit.

Ce n’est qu’un enfant… Pourquoi? Il décide de ne pas se poser plus de questions devant l’urgence de la situation et sort un kunaï. Mais à peine a-t-il fait un pas que Kakashi retient son geste, brutalement.

- Naruto, disparaît !

Naruto voit avec stupeur Kakashi recouvrir son sharingan et le repousser violemment. Les mots de son Maître s’enchaînent comme une lente et pénible litanie.

- Rinn est morte, dit lentement Kakashi, Maître Minakaze est mort, mon meilleur ami est mort...

Kakashi repousse de nouveau son bandeau frontal sur son front et fixe de ses deux yeux le Djinn avec la douloureuse impression de se réveiller d’un terrifiant cauchemar.

- Faire affront à sa mémoire en prenant son apparence est une très mauvaise idée, Djinn.

Les trois flammes de son sharingan s’assemblent pour former un shuriken perdu dans le rougeoient de sa colère et Naruto soupire de soulagement. Il est enfin prêt à se battre.

Un rire cristallin presque chaleureux s’élève dans la nuit, traversant la pluie et le vent. De nouveau l’illusion prend place sous leurs yeux et le garçon disparait. Naruto détaille l’apparition sans en croire ses yeux quand un regard d’azur croise le sien.

- Je savais bien que tu n’étais pas aussi facilement impressionnable, Kakashi.

Dans un éclair, le Djinn apparait devant Naruto qui fixe encore le Quatrième, prêt à frapper. Mais Kakashi repousse Naruto sans une hésitation en stoppant la lame du kunaï avec l’acier du katana de Chance.

- J’ai appris il y a peu qu’il existe une et une seule technique plus rapide que celle de mon Maître, dit Kakashi. Et cette technique, je la maîtrise parfaitement !

Il apparaît dans le dos du Djinn qui plonge sur le côté. La lame du katana s’agite dans le vide mais Kakashi se ressaisit immédiatement et saute sur les remparts à sa poursuite. Dans un éclair jaune, son adversaire, un kunaï à la main s’évanouit dans la nuit. Kakashi se retourne dans un souffle en tenant fermement son arme.

L’espace d’un instant sous les yeux du ninja au sharingan l’illusion prend vie et le choc de l’acier illumine le visage du quatrième qui fixe d’un regard sévère son ancien disciple.

Troublé par cette vision, il se laisse surprendre par un des clones du Djinn qui lui agrippe le bras. Immobilisé une seconde de trop, il voit la pointe du kunaï fondre sur son sharingan. Dans un sursaut, il se débarrasse du clone et plaque sa main gauche contre son œil. Le tranchant de l’arme se plante jusque dans sa paume et la douleur le ramène brutalement à la réalité.

Cette créature n’a rien à voir avec son Maître.

Empoignant avec une énergie nouvelle le katana de Chance, cette lame que son Maître avait offerte à sa petite sœur le jour où elle était passée junin, il est enfin prêt à mettre toutes ses forces pour détruire ce Djinn.

A l’écart, Naruto observe ce combat en équilibre sur les hautes murailles qui s’offre à lui. Et même s’il sait que ce n’est qu’une illusion, il voit pour la première fois le quatrième, sous ses yeux. Son père…

Naruto secoue vivement la tête pour reprendre ses esprits. Cette chose n’est pas son père. Mais quand il le voit foncer rasengan au poing, créer un nombre impressionnant de clones qui s’élancent contre Kakashi, un frisson désagréable le parcourt de part en part.

Maintenant, il comprend pourquoi Yoshiko s’était figée plus d’une fois face à lui pendant leurs entraînements. Etait-ce l’unique raison pour laquelle l’ermite pervers l’avait pris sous son aile avec autant de facilité ? Cette simple constatation le paralyse.

Il ressemble comme deux gouttes d’eau à son père.

Et il est grand temps qu’il se ressaisisse car il voit son Maître donner des signes de faiblesse et le Djinn reprendre lentement mais sûrement le dessus. Le sharingan est peut-être plus rapide comme le lui avait expliqué Yoshiko mais il demande beaucoup plus de chakra que la technique de son père. Si le combat s’éternise, le Djinn prendra rapidement l’avantage.

Faisant apparaître plusieurs clones et un rasengan dans sa main droite, il se matérialise dans le dos du Djinn. Kakashi qui a deviné son geste laisse l’acier du kunai du Djinn transpercer son épaule au lieu de parer le coup comme le Djinn s’y attendait. Pendant un court instant, son adversaire se laisse surprendre et Kakashi en profite pour lui saisir le bras et le tenir immobile suffisamment longtemps pour que l’orbe tourbillonnant de Naruto le transperce de part en part.

En tombant à terre du haut des remparts, le Djinn reprend l’apparence d’une jeune femme aux traits un peu trop parfaits, ouvre la bouche dans un dernier cri silencieux et ses yeux se ternissent jusqu’à devenir plus noirs que la nuit.

Kakashi, l’épaule et la main en sang arrache d’un geste rapide le kunaï qui lui transperce l’épaule en serrant des dents et pose un regard reconnaissant sur Naruto. S’il avait obéit à son ordre, c’est lui qui se serait retrouvé à terre, sans vie.

Malgré la douleur et l’épuisement qui le guettent comme une proie facile, il se permet un rare sourire en se disant que désobéir aux ordres est définitivement un trait familial propre aux Namikaze.

- Il faut rejoindre Shikamaru au plus vite !



Gaï et Gorgo



De son côté, Gaï tient aux côtés de Gorgo. Le Djinn le dévisage avec intérêt et Vert se tient sur ses gardes.

- J’ai combattu plus d’adversaires que je ne serais en compter et jusqu’à ce soir, les seuls que j’ai jamais affronté sous ma vraie forme sont les gardiens et ce pour la seule raison qu’ils étaient protégés par ce pouvoir qu’ils nous ont volé. Mais vous, vous êtes différent.

- Différent ?

- Votre passé est plein de sombres recoins, de noirs souvenirs et de regrets. Pas plus, pas moins que votre ami qui se bat à vos côtés. Mais vous êtes capables de les affronter sans sourciller, vous pouvez vous confronter à vos pires erreurs, à vos plus grands regrets sans trembler. Vous êtes vraiment unique.

- Laissez-moi vous montrez à quel point, dit Gaï avec un air satisfait.

En un éclair, Gaï s’évanouit dans les airs, prêt à faire jouer ses poings et prendre par surprise son adversaire grâce à sa vitesse. Mais à peine est-il arrivé devant le Djinn que celui-ci n’est déjà plus là. Une goutte de sueur perle sur sa tempe quand il comprend que non seulement il a anticipé sa première attaque mais qu’il est déjà prêt à riposter. Il est trop tard pour parer quoi que ce soit, il s’apprête mentalement à encaisser un coup…

Le choc qui lui parvient et qui résonne d’une violence sourde le fait frémir. Surpris de ne pas avoir été touché, il se retourne aussi vite qu’il le peut pour voir Gorgo qui tient dans sa main le bras du Djinn.

La tension entre les deux créatures qui se dévisagent est si intense que la pluie elle-même répugne à se glisser entre leurs regards irisés qui s’affrontent dans la nuit noire.

- Je ne pensais que tu en serais réduit à faire appel au Shabtis au premier signe d’un Anima dans les anciens territoires. Ton avidité n’a d’égal que ton aveuglement, Tyre.

- Et moi, je ne pensais pas que tu étais encore en vie, Gorgo.

De rage, Gorgo lâche son emprise sur le bras de Tyre et son visage se tord en un rictus de pur dégoût.

- Tais-toi ! C’est toi et toi seul dans ton entêtement qui a mené notre peuple à cette déchéance. Ta puissance a masqué à tous ta folie. Tu nous as menés dans une escalade qui ne pouvait mener qu’à notre perte à tous! Et lorsque je me suis dressée contre toi, personne n’a voulu briser l’illusion dans laquelle tu nous avais plongés. Tous m’ont trahi.

Un picotement parcourt le bras de Gaï qui distingue une marque sur son bras. La voix de Gorgo murmure à ses oreilles quelques mots d’une voix claire et étrange.

Si vous m’entendez faîtes-moi un signe discret.

Il se tourne vers elle et acquiesce d’un léger mouvement de la tête.

Bien, je cherche à gagner du temps. Seul face à lui, vous comme moi n’avons aucune chance. Alors écoutez-moi attentivement.

Gai se tourne vers les deux Djinns, attendant les instructions avec impatience.

- Toi, dit Tyre, qui as rampé et baissé la tête au point de te soumettre pour survivre, toi qui as vendu ton âme et ta fierté à un Maître, comment oses-tu me parler ainsi ! Tu t’es fait domestiquée comme un animal sauvage à qui on aurait mis des fers, tu n’es plus rien!

Gorgo contient difficilement sa rage en écoutant les insultes du Djinn. Mais elle serre les dents et continue à respecter son plan et si sa voix lui parvient plus dure et ses mots saccadés, elle n’a en rien perdu de vue son but. De nouveau, elle s’adresse à Vert.

Je sais que vous connaissez tout du taijutsu de Chance, ses points forts et surtout ses points faibles. Votre technique est bien meilleure que la sienne et son seul avantage pour se maintenir à votre niveau est sa rapidité. Je vais mimer son style de combat, tous ses mouvements, reproduisant toutes ces faiblesses que vous connaissez mieux que quiconque. Mon adversaire les atteindra sans peine. Et vous chercherez à le toucher lorsqu’il me prendra pour cible. C’est notre seule chance d’arriver à le toucher.

Vert ne peut s’empêcher de penser qu’il ne mérite pas de tels compliments mais attend qu’elle donne le feu vert, prêt à en découdre au plus vite avec cette arrogante créature qui se tient devant Gorgo.

- Tu n’as jamais compris, dit Gorgo. Etre et rester fidèle à ce qui fait de nous ce que nous sommes sans céder aux illusions de grandeurs qui ont poussé notre peuple à fin, voilà ce que c’est d’être un Djinn.

- Tu n’as pas changée, Gorgo. Tu ne vois donc pas la situation ! La venue de cette Anima, ici, est un signe ! Nous devons mettre tout en œuvre pour utiliser ce pouvoir qui nous tend les bras !

- Et que comptes-tu faire dans cet acte insensé et assoiffé de pouvoir et de revanche ! Je ne te laisserai pas détruire le peu qu’il reste du souvenir de notre peuple dans cette folie !

- Ton ombre a bien grandie si tu crois pouvoir te mesurer à moi Gorgo !

Les deux adversaires reculent, prudents, Gorgo tend son bras et sa peau s’éveille à la nuit dans des teintes changeantes avant de se déchirer dans un froissement de soie donnant naissance à une lame aux reflets sombres et dansants. Elle la prend d’une main et s’apprête à s’élancer. Gaï est déjà prêt à agir. Gorgo se matérialise dans un souffle dans le dos de son adversaire qui évite tous ses coups avec une facilité plus que déconcertante. La lame siffle au-dessus de la tête de Tyre qui s’est baissé si vite, qu’il a eu le temps de la frapper d’un coup droit dans l’estomac. Propulsée à toute vitesse par la violence du choc, Gorgo est projetée contre les murailles qui entourent la cité. Gaï était prêt à s’élancer pour amortir le choc qui laisse une trace sanglante sur la pierre mais d’un mot, son alliée l’en a empêché.

Tyre ne perd pas son temps et frappe de toutes ses forces l’endroit où se tenait encore Gorgo il y a une seconde. Son poing ne rencontre que le mur qui se perce d’un trou impressionnant et Gorgo surgit à son tour sur le côté. Cette fois, Tyre est si rapide qu’il encercle de ses deux mains l’acier qui tente de le toucher et brise d’un coup sec la lame.

Déséquilibrée et blessée, Gorgo recule en lâchant la garde de son arme et Gaï constate avec effroi qu’elle n’avait pas réussis à le toucher une seule fois. C’est comme s’il sentait venir chaque attaque avant même qu’elle n’arrive. Il observe avec encore plus d’attention Gorgo lancer une nouvelle attaque. Il reconnait sans peine ce mouvement qu’il a vu plus de fois qu’il n’aurait su le dire. Il en connait déjà le point faible. Pendant un temps trop court, elle se retrouvera sans défense face à un coup sur la droite. Si son adversaire est vraiment aussi rapide, il sait où frapper conscient que le moment d’agir est aussi proche que court.

Maintenant !

Sans réfléchir, il se précipite sur le côté et constate que le Djinn vise déjà le flanc droit laissé à découvert lorsque Gorgo lève son bras pour frapper. Libérant son chakra dans ses poings, il y met toutes ses forces, se doutant bien que la surprise ne jouerait plus dans son camp la prochaine fois.

Surpris, Tyre s’effondre quelques mètres plus loin sous la violence du choc et Gorgo tente d’en profiter. Mais leur adversaire se relève bien trop vite. Après un tel coup, sa résistance est tout simplement exceptionnelle.

Gorgo se recule vivement, hors d’haleine et regarde Gaï avec étonnement. Elle n’avait pas cru qu’il réussirait du premier coup.

Vous êtes vraiment unique, pense-t-elle. Vous êtes la personne la plus dangereuse que j’ai jamais vu, bien plus que mon Maître, bien plus que n’importe qui.

- Pourquoi ne s’est-il pas méfié de moi ? demande Gaï.

- Il hait les Hommes avec une violence telle qu’il lui était incapable de concevoir qu’un Djinn et un Homme puissent se battre ensemble.

Gaï se tourne vers elle le pouce levé et un sourire contenant plus de dents qu’il est humainement possible d’en aligner en disant :

- Montrons-lui ce qu’est un vrai travail d’équipe !

Un bref instant Gorgo observe Gaï, décontenancée mais se reprend vite lorsque Tyre se relève difficilement. Puis Vert reprend son sérieux et ajoute :

- Je suppose que vous connaissez aussi bien mes propres techniques que celles de Chance. Je peux moi aussi l’attaquer de front pendant que vous viserez mes points faibles.

- Exact et nous ne devons pas perdre une minute, dit Gorgo.

Gaï se concentre sur son adversaire et ouvre une à une les six premières portes célestes et une aura de pure énergie souffle sur tout son être, les veines de son cou palpitent avec une force peu commune contre sa peau tandis que tout son corps semble s’être animé d’une puissance furieuse. Gorgo admire cette technique qu’elle n’avait pu apprécier que dans les souvenirs de son Maître. Dans un synchronisme parfait, ils décident d’attaquer en même temps leur adversaire. Gaï virevolte en enchaînant les tornades de Konoha et les coups de poing dévastateurs en pressant de toute part Tyre qui ne fait qu’éviter de justesse chaque coup et dans chaque esquive, elle tente de l’atteindre. Comme elle s’y attendait, l’invocation des Shabtis lui avait demandé beaucoup d’énergie et Tyre commence déjà à donner des signes de faiblesse.

Soudain, elle tombe comme si elle avait reçu une lame acérée plantée en plein cœur. Toute son attention se porte sur cette douleur qui lui déchire la poitrine. Le Djinn qui accompagnait Tyre vient de tomber et son dernier cri envahit son esprit emportant tout sur son passage. Effondrée par ce hurlement de désespoir et de terreur qui résonne dans sa tête, elle perd la notion du temps et lève les yeux vers Tyre qui s’est lui aussi laissé prendre au piège.

Mais Gaï, insensible à ce tourbillon d’émotions noires n’a pas hésité une seconde et frappe sans attendre Tyre en lui infligeant une volée de coup de poings si puissants que le Djinn tombe à terre, sans vie.


Tour Centrale

04h18

Chance a pris sous sa protection les deux équipes de genins qu’elle a croisé sur sa route. Ils sont épuisés et n’auraient pu tenir bien longtemps. A ses côtés, Ana est blessée mais vivante et en la voyant suivre avec difficulté sa progression dans la ruelle qui mène à la tour centrale, Yoshiko a dû retenir à grand peine son envie de l’aider à avancer, un geste que sa fierté aurait eu du mal à accepter.

Lorsqu’elle voit la Tour centrale se dresser au bout de la ruelle, Chance a hâte de rejoindre Shikamaru et son équipe. Elle presse le pas sans pour autant quitter des yeux les genins et lorsqu’elle porte son regard devant elle son sang ne fait qu’un tour.

Shikamaru et son équipe sont bien là, à quelques mètres devant elle. Mais ils ne sont pas seuls. L’adrénaline pulse dans ses veines et elle se matérialise devant le jeune Nara qu’elle pousse sur le côté puis Océan sur sa droite mais elle est bien vite stoppée.

Elle évite de justesse Samehada qui surgit sur sa droite et une multitude d’explosions sur sa gauche. Agrippant Océan qui aurait pris un coup à sa place, elle saute sur le mur de la Tour en fuyant les attaques combinées des deux Akatsukis qui la prennent pour cible. Kisame la poursuit en faisant tournoyer son immense épée sur le mur pendant que Deidara lance une de ses créations ailées sur laquelle il grimpe.

Sur les hauteurs de la Tour, Chance dépose Océan à l’écart et empoigne un kunaï pour stopper la lame gigantesque qui s’abat sur elle. Les attaques combinées des deux Akatsukis l’ont totalement prise au dépourvu et elle ne fait que réagir. Tenant difficilement Kisame à distance, elle doit esquiver à chaque seconde les insectes de Deidara. Jusqu’à présent sa vitesse lui a permis d’esquiver chaque coup, chaque kunaï, chaque créature de Deidara. Mais il fallait qu’elle trouve un moyen de non seulement de contre-attaquer mais aussi de mettre à l’abri les genins et Shikamaru.

Puis en plongeant dans le vide pour éviter les insectes blancs qui se lancent sur elle, elle voit Kisame se déplacer dans la trajectoire de sa chute. Trop tard pour esquiver quoi que ce soit, elle attend un coup qui ne vient pas. Surprise, elle voit trois rangées de kunaïs surgirent et qui forcent Kisame à reculer. A peine a-t-elle atterri sur le sol que Neji et Sakura l’aident à se relever et Lee a sauté sur la créature pour harceler Deidara de ses poings frénétiques.

Yoshiko se remet debout bien vite. L’équipe de Gaï allait lui permettre de gagner un temps précieux pour réfléchir à un plan.

- Sakura tu t’occupes des blessés les plus sérieux.

A contre cœur, la jeune fille s’éloigne et se dirige vers Shikamaru. Elle sait qu’en tant que medic-nin, son rôle est avant tout de s’occuper des autres mais elle enrage de laisser ses amis seuls face à de tels adversaires.

Chance manque de sursauter quand son micro crépite :

- Vous ne devez pas vous éloigner de la Tour, dit Shikamaru. C’est votre unique avantage. Elle doit rester intacte pour que le pouvoir des Anima puisse se libérer.

- Bien. Trouve-moi rapidement un plan, j’en ai besoin !

- J’y travaille.

Soudain, elle voit Deidara faire un clone qui se dirige vers Shikamaru et son équipe. Elle se précipite pour s’interposer et Kisame profite de son empressement pour frapper. Elle plonge sur le côté mais son épée attirée par son chakra se met à s’hérisser et la frappe de plein fouet. Elle tombe de la tour en se réceptionnant difficilement, blessée au flanc droit. Haletante, elle crie à Tenten :

- Détruis-le !

L’élève de Gaï n’a pas le temps de prendre en main la moindre arme que Deidara lui envoie un salve de ses créatures qui s’agitent avec frénésie en fonçant sur elle. Instinctivement, Tenten ferme les yeux un quart de seconde avant de constater avec surprise qu’elle est indemne.

Devant elle, Neji vient de repousser toutes les créatures et Lee maintient l’Akatsuki à bonne distance non sans lui avoir jeté un regard protecteur trahissant son soulagement. Tenten se concentre à nouveau sur sa cible et tremble de stupeur quand elle voit le clone de Deidara se glisser derrière Eclat et Aigle. Impuissante, elle le regarde les empoigner brutalement par le cou et les soulever de terre les deux élèves de Chance. Le souffle coupé, la peur dansant dans leurs regards se posent sur leur Maître. Le véritable Deidara s’avance et se tourne vers Shikamaru :

- Bien maintenant, je pense que nous pouvons reprendre un peu plus tranquillement nos transactions. Je répète ma question. Où est la femme?

Une fureur dévastatrice émane de tous les pores de Chance qui fait un pas vers Eclat et Aigle.

- Reposez-les immédiatement !

- Donnez-nous la femme.

Sun, résignée, s’avance, refusant de voir jusqu’où pouvait aller la résolution de l’Akatsuki pour l’obtenir elle et elle seule. Mais Shikamaru s’interpose, la mort dans l’âme.

- Je ne peux pas vous laisser faire une telle chose. Si l’Akatsuki met la main sur vous, non seulement ils vous tueront mais ils vont utiliser votre pouvoir. Et vous savez très bien ce qu’ils cherchent à atteindre !

Mais Chance refuse d’entendre les arguments froids et logiques de Shikamaru, prête à livrer elle-même l’ANBU à l’Akatsuki pour libérer Aigle et Eclat. Elle fait un pas vers Sun avant de se retrouver paralysée. Elle fixe incrédule son ombre et comprends.

- Shikamaru, tu me sous-estimes grandement si tu crois que tu peux m’arrêter avec cette technique.

- Je le sais bien, dit faiblement Shikamaru. Mais tu connais aussi bien que moi les enjeux. La vie de Sun est plus importante que nous tous. Tu…

- Shikamaru ! s’exclame Yoshiko d’une voix glaciale. Aigle et Eclat ne sont pas des pièces de shogi que tu peux sacrifier aussi facilement !

Shikamaru détourne le regard, encaissant difficilement les mots de Chance.

Elle a raison.

Elle a tort.

Il n’y a aucun choix dans cette situation impossible. Tournant et retournant ce dilemme cornélien dans son esprit, il ne relâche cependant pas son emprise sur l’ombre de Chance.

Deidara, observant l’échange s’impatiente et fait un signe aussi bref que funeste de la main sur son propre cou. Le clone qui tient toujours les deux enfants sous son emprise presse un kunaï sur la gorge d’Eclat dont les yeux s’agrandissent de terreur. Tous se retournent dans la même seconde avec un sentiment d’horreur et de haine envers le clone qui égorge d’Eclat d’un seul geste.

A mesure que le sang se mêle au sable et que sa vie s’échappe, Eclat fixe son Maître qui tremble de rage sans le quitter des yeux. En le voyant s’effondrer sur le sol, inerte, le regard voilé, elle lève la tête vers Deidara, prête à quelque action insensée quand elle voit les larmes silencieuses d’Aigle, les yeux fixés sur son partenaire.

Se mordant les lèvres au sang, elle réprime difficilement les mots et la folie qui se bousculent dans son esprit. Les larmes lui montent aux yeux et elle concentre toutes ses pensées sur la seule chose censée à faire.

Aigle

Elle devait se concentrer sur elle, oublier l’espace d’un instant l’inconcevable qui vient de se produire pour sauver son autre élève. D’un coup d’œil, elle voit Shikamaru effondré et sait qu’elle ne pouvait pas compter sur lui.

Elle contient avec peine un bref et terrifiant sursaut de haine envers Deidara et s’apprête à amener elle-même Sun à l’Akatsuki. Dans un flash lumineux, elle se libère de l’emprise de Shikamaru sur son ombre et apparaît, kunaï en main dans le dos de Sun.

- Relâcher Aigle immédiatement !

- Faisons l’échange devant la chambre des Anima, rétorque Kisame.

- Bien, acquiesce froidement Chance.

Le jeune Nara, livide, les conduit à travers les sept étages de la tour, déjouant adroitement tous les pièges posés sur le trajet jusqu’à la porte qui mène à la pièce où doit avoir lieu le sacrifice.

Le clone de Deidara disparait dans un claquement bref au moment même où Kisame met la main sur Sun et Shikamaru passe la porte avec eux qui se referme brutalement et toute la pièce se trouve entourée d’une lumière bleue intense.

Yoshiko se précipite pour rattraper Aigle qui tient à peine sur ses jambes, les cheveux noirs plaqués sur son visage et des larmes coulant abondamment sur son visage. L’équipe de Gaï qui venait d’assister à l’échange sursaute devant les mots froids de Chance.

- Ne pleure pas.

La jeune Hyuga dégage la mèche qui lui tombe sur le visage et explose.

- Vous me demandez de faire comme si rien ne s’était passé !

- Non, je te demande de faire en sorte que ton équipier ne soit pas mort pour rien.

Aigle baisse la tête, comme frappée par cette évidence et le sang-froid de son Maître qui avait ravalé sa colère, ses pleurs et son envie de vengeance sur Deidara dans le seul but de la sauver elle. La douleur qui enserre son cœur d’une poigne de fer ne s’apaise peut-être pas mais elle se promet de tout faire pour que son ami ne soit pas mort sans but.

Les larmes cessent sur ses yeux rougis de chagrin et elle commence à réfléchir avec autant de calme et de logique à la situation qu’elle est capable d’en fournir dans ces circonstances. Puis elle se souvient d’une chose…

Shikamaru n’avait pas encore joué son dernier atout.

Et elle préférait mourir ici et maintenant que de se dire que la mort d’Eclat ait été vaine.


Chambre secrète des Anima

4h31

A peine Sun fait-elle un pas dans la salle que les inscriptions s’animent dans un tourbillon aveuglant qui plonge la pièce dans un puits de lumière criard. En une fraction de seconde, les murs s’évanouissent pour faire place à un vide absolu et l’ANBU se trouve poussée violemment vers le centre de la pièce par une force incroyable qui la contraint à prendre place que le trône de pierre qui s’ancre solidement dans le sol au centre de la pièce.

Une fois posée telle une offrande aux Dieux vindicatifs sur le siège sacrificiel, des liens de pierre noire encerclent ses poignets, son cou et ses chevilles, la plaquant contre la pierre froide qui prend vie sous le déversement de lumière qui se déverse avec fureur sur Sun qui observe le sort se libérer avec un curieux détachement.

Les voies s’ouvrent à elle. Elle sait déjà comment toutes se terminent.

Au prix d’un effort, elle observe Shikamaru qui dévoile d’un geste le parchemin explosif qu’il avait dissimulé avec l’équipe de Chance.

- Arrêtez immédiatement ou je fais tout sauter !

- La moindre étincelle ferait exploser toute la ville, dit Kisame, et vous emporterez avec vous toute vie sur un rayon de plusieurs kilomètres. Je ne vous crois pas assez fou pour…

- Vous vous trompez, dit calmement Shikamaru. Au moment même où Sun a mis un pied dans la pièce, elle s’est isolée du temps et de l’espace. L’explosion ne détruira rien d’autre que ce qui est ici même !

- Vous n’en savez rien rétorque Kisame et je ne vous crois pas être du genre à prendre de tels risques !

- C’est vrai je n’en suis pas sûr, mais comme je l’ai déjà dit à Chance. La vie de Sun et vous empêcher d’accomplir cette aberration est plus important que notre vie à tous ! Je suis prêt à courir le risque…

Kisame et Deidara s’interrogent du regard, se demandant mutuellement la marche à suivre. Puis c’est Kisame qui le premier se décide à abandonner n’ayant nulle envie de partir en fumée dans une explosion apocalyptique. Le jeune Nara n’avait pas hésité à s’interposer quand Chance avait voulu faire l’échange. Chance n’avait pu se glisser dans l’ombre de Sun que lorsqu’il avait été suffisamment ébranlé par la mort du jeune genin et avait relâché son emprise sur l’ombre de Yoshiko ! Nul doute qu’il n’aurait pas laissé le deuxième échange se faire s’il l’avait pu… Ce n’était pas du bluff.

Voyant Deidara hésiter, il hausse les épaules et s’apprête à sortir.

- Deidara ! le rappelle-t-il à l’ordre.

Émergeant de son rêve éveillé aux reflets d’explosion cataclysmique qui dévasterait tout sur son passage, un vestige de sourire béat encore éclatant sur les lèvres, le ninja à la mèche blonde se tourne vers son équipier et lui emboîte le pas à reculons.

Shikamaru soupire de soulagement en voyant les deux Akatsukis disparaître de sa vue et tombe sur le sol, les membres presque tétanisés par la tension. Puis il se remet debout rapidement et se dirige vers Sun qui est toujours solidement liée sur ce trône de pierre qui se pare d’inscriptions étranges.

Quand il croise le regard de l’ANBU, il frissonne devant ces yeux qui ont pris une teinte irisée aussi lumineuse que celle de la pièce. Elle tend sa main vers le vide qui entoure la pièce et Shikamaru voit Chance et Aigle entrer par la porte qui se matérialise à nouveau. Sun dévisage Yoshiko et prend la parole d’une voix si détachée qu’elle paraissait presque inhumaine.

- Je peux vous proposer un marché, dit-elle, dans cette pièce je contrôle le plus grand pouvoir des Animas et je peux vous donner le choix.

- Le choix, demande Yoshiko ? Quel choix.

- C’est un choix que vous devrez faire à deux, dit Sun. Un choix auquel vous et votre élève seront confrontés.

- Mon élève, vous voulez dire Eclat ?

- Eclat vient de tomber dans l’ombre mais les pouvoirs de mon clan me permettent de le voir et de lui parler. Ce choix auquel je vais vous soumettre, vous devrez y répondre tous les deux.

- Eclat ! Vous le voyez, vous pouvez lui parler ! s’exclame Aigle sans plus retenir ses larmes.

Sun tourne sa tête vers la droite de façon presque mécanique. Il est là. Le jeune genin regarde avec tristesse les larmes de son équipières tomber sur le sol et le visage de son Maître pâlir un peu plus.

- Quel choix ? demande Yoshiko d’une voix blanche.

- Votre vie contre la sienne.

Shikamaru et Aigle se retournent avec stupeur sur Chance qui se mord les lèvres. Les regards de tous ses anciens équipiers qui ont donné leur vie pour elle, de tous ceux qu’elle a vu tomber sous ses yeux, les derniers instants d’Eclat se ruent dans son esprit avec une acuité mordante. Puis le visage de Kakashi, de Naruto, des jumeaux, de Gaï s’imposent à elle et lui arrachent un tremblement car sa décision est déjà prise depuis longtemps.

- J’accepte, dit-elle d’une voix faible mais claire.

Shikamaru et Aigle fixent avec stupeur Yoshiko qui affiche un air calme et résolu.

- Bien, dit Sun d’une voix ne trahissant aucune émotion. Et toi ? dit-elle en se tournant vers l’apparition d’Eclat qui se trouve aux côtés de son Maître.

Un silence pesant s’installe et Sun se tourne vers Yoshiko :

- Il me demande de vous rapporter ses paroles pour que vous compreniez pourquoi lui refuse.

- Eclat ! Accepte ! C’est un ordre ! s’exclame Yoshiko.

- Ecoutez ses paroles, reprend d’une voix ferme Sun.

Maître, je ne peux pas accepter. Vous vous avez une famille, des gens qui comptent sur vous. Moi je n’ai rien ni personne. Je ne suis rien. Je suis seul et je me suis toujours senti seul jusqu’à ce que je fasse parti de votre équipe. J’ai toujours cru que personne ne me pleurerait si quelque chose devait m’arriver, ni même qu’on puisse mettre sa vie en péril pour moi. Aigle, tes larmes sont un bien trop grand honneur pour un si mauvais équipier, arrêtes, je t’en prie. Maître, continuez à vivre et à protéger ceux qui vous sont chers, ne gaspillez pas votre vie pour un élève qui refuse d’obéir à votre dernier ordre.

- Eclat…

La voix de Yoshiko se brise sur son nom et elle s’effondre sur le sol à côté d’Aigle qui se place à ses côtés qui tente de refouler les larmes qui inondent ses joues. Sun se tourne alors vers Shikamaru qui a compris depuis le début que tout ceci n’était qu’un test. Le pouvoir des Anima allait être libéré au moment même où Sun avait mis un pied dans cette salle.

Cette mise en scène devait assurer à Sun qu’elle n’utilisait pas son pouvoir pour quelqu’un qui ne le méritait pas. Il ne devait pas non plus être employé pour une personne qui était morte depuis trop longtemps car il était replacé dans la ligne du temps et tous les évènements qui en découlaient changeraient le présent. Sun maintenait grâce à son pouvoir un semblant de vie dans le corps du jeune genin et allait offrir sa propre vie contre celle d’Eclat.

Elle voulait juste savoir jusqu’où pouvait aller Chance pour le sauver et si Eclat était capable de refuser le choix de son Maître.



Devant la tour centrale

4h43

Sakura, penchée sur le corps d’Eclat constate sans comprendre que, si tout porte à croire que le jeune genin est mort, une énergie étrange le parcourt et maintient encore un soupçon de vie en lui. Bien qu’elle sache pertinemment qu’elle n’y est pour rien, elle n’ose abandonner le jeune garçon de peur que ce semblant de vie qui l’habite encore ne se dissipe aussi facilement qu’il est apparu. Dans son dos, Tenten tremble de tous ses membres. Elle n’avait pas réussi à détruire le clone de Deidara comme le lui avait demandé Chance. Et ce clone qui venait de tuer un de ses élèves, ce clone qui tenait encore Aigle et qui avait forcé Chance à livrer Sun à l’Akatsuki.

Ce clone qu’elle n’avait pas pu atteindre.

Son échec cuisant lui donne envie de hurler et de pleurer. Elle lève les yeux vers Lee et Neji qui se tournent vers elle avec appréhension et tentent de la rassurer. Nerveusement, elle détourne la tête, refusant de les laisser prononcer des paroles réconfortantes qu’elle n’est pas encore prête à entendre. Sakura met toute son énergie à tenter l’impossible. Elle a autant envie de lui dire d’arrêter de s’acharner pour rien que de continuer dans l’espoir d’un miracle.

Tous sursautent lorsqu’Eclat ouvre les yeux, paniqué et s’agite avec une telle énergie que Lee et Neji ont bien du mal à le retenir de se lever d’un bond :

- MAITRE !

Sakura et Tenten, encore sous le choc devant le jeune genin qui semble littéralement revenu d’entre les morts se reprennent lentement :

- Calmes-toi !

- Non ! Ce n’est pas possible ! Je…

Ces mots meurent sur ses lèvres quand il voit Aigle, suivie de Yoshiko sortir de la Tour avec Shikamaru qui tient le corps inerte de Sun dans ses bras. Chance se sent envahie d’un tel soulagement que son cœur exploser dans sa poitrine. Elle accourt et se penche sur Eclat en le prenant dans ses bras. Entouré par la chaleur protectrice de son Maître, Eclat laisse toute la tension, la peur, et l’horreur qu’il avait ressenties s’exprimer dans ses larmes silencieuses et les sanglots qu’ils laissent librement s’exprimer.

Yoshiko resserre un peu plus son étreinte et murmure à son oreille :

- Tu n’es plus seul.

Aigle voit Naruto soutenir Sasuke et le ninja au sharingan dans un piteux état mais vivant qui s’avancent. Puis c’est au tour de Gaï et de cette femme étrange qui sert son Maître Le cœur léger, elle s’amuse du soulagement criant qui s’exprime exactement sous des formes très différentes au même moment chez les quatre personnes qui s’avancent.

Gaï, bien qu’épuisé et mal en point fait de grands gestes vers son équipe qu’il apostrophe bruyamment qui laissent aisément deviner à quel point il est fier et ravi de les revoir. Naruto échange un regard complice avec Sakura qui se presse de voir l’état de l’Uchiha alors que Gorgo et Kakashi ne détachent pas leurs yeux de Yoshiko qui tient encore fermement Eclat dans ses bras.

Chance se tourne alors vers eux :

- Où sont Celn et Lune ?



Désert

4h47

Ne pouvant plus lutter contre cette sensation de lame d’acier chauffées à blanc qui s’enfoncent sous sa peau, déchirant les chairs et s’insinuant jusque dans son crâne, Celn s’effondre sur le sable. Totalement mort de fatigue, il peine à ouvrir les yeux mais voit avec soulagement que Lune a cessé de crier de douleur et que les plaies se sont toutes refermées, une à une. Trop meurtri pour se relever, il se tourne une dernière fois vers la nuit et cette vision flamboyante lui ravit le cœur avec une force insoupçonnée.

Le sort qui entravait Lune se dissipe et elle se relève en grimaçant, aidée par Nyah qui hésite un instant avant de la prendre dans ses bras. Lune est surprise de sentir des gouttes perler le long de son cou et de ses épaules avant de se rendre compte que Nyah pleure de soulagement, le visage perdu dans ses cheveux.

Soudain, une longue silhouette se dessine sur le sable sous la pâle clarté de la lune. Dans le lointain, Lune voit une femme s’avancer en effleurant le sable et venir à elle. Au fond de son cœur, elle sait déjà que cette apparition n’a rien de naturel. La jeune femme aux longs cheveux blonds et aux yeux d’azur s’approche sans un bruit et s’assoit près d’elle. Ni Nyah, ni même Celn ne peuvent la voir et le cœur de Nyah se serre avec une violence telle qu’elle se laisse emporter par cette sensation qui lui emplit l’âme d’une amertume sans fin et du vide terrifiant qui s’empare de son esprit.



Sa soeur approche sa main de sa joue et remonte sur sa tempe en soulignant les traits de la lune tatouée sur sa peau, lui sourit et disparaît avec les premiers rayons du soleil.








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