Fiction: Les lettres d'Itachi

Cette histoire prend place après la révélation des véritables intentions d'Itachi. Tsunade reçoit un étrange message qui lui promet des informations sur Itachi. Sasuke est aussi convié au rendez vous. Lors de la rencontre, une jeune femme dissimulée derrière un masque d'ANBU remet un paquet de lettres à Sasuke, écrites par Itachi lui-même.
Classé: -16I | Action/Aventure | Mots: 168957 | Comments: 83 | Favs: 68
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elane. (Masculin), le 01/05/2014
La suite de cette looongue nuit....




Chapitre 45: Le sort brisé



Désert, environ 2h de marche de la cité

02h 07

Lune lève un œil étonné vers Gaï en tête qui continue à imposer une allure des plus soutenues tout en portant Nyah qui tente de se maintenir du mieux sans l’entraver. Mais à bien y réfléchir, Lune se demande bien ce qui pourrait ralentir cet homme perdu dans son accoutrement vert. A cette vitesse, ils seraient sur place bien avant l’aube.

Soudain un frisson la parcourt de part en part.

- Couchez-vous ! hurle Gorgo.

Mais Lune est déjà arrêtée depuis longtemps, à quelques centimètres du sol, l’œil aux aguets, deux kunaïs tirés de sa poche dans les mains. D’un geste, elle les lance dans deux directions opposées. Les deux kunaïs fendent l’air et se figent dans le vide exactement au même moment avant de tomber brutalement sur le sable.

- Plus que trois, dit Lune.

Le Djinn qui avait pris forme humaine pour les suivre la fixe, une lueur de surprise et de pure démence déformant ses traits. Son regard doré se mue en une parfaite copie de celui de Lune, azur miroitant contre bleu violacé changeant et le silence se charge d’une aura électrique dans leur confrontation. Le temps d’un battement de cœur la rivalité ancestrale entre ennemis héréditaires, Djinn et Gardien, explose dans la nuit avec une violence aussi brève qu’intense.

- Je m’en occupe, dit Gorgo.
- Bien.

Puis Lune se tourne vers le groupe sans prendre le temps de s’expliquer. L’urgence et la précipitation émanent de tous ses pores. Elle trace sous les yeux du groupe un large cercle, se place en son centre et prend la parole d’une voix sévère

- Posez une main à terre et quoi qu’il arrive ne bougez pas.

Tous se disent qu’il vaut mieux obéir devant ces mots qui claquent comme des ordres pressants dans la nuit. Un genou au sol, une main dans le sable, ils observent Lune, le regard perdu dans le vide, qui enchaînent les signes à toute vitesse en prononçant des mots incompréhensibles aux sonorités si dissonantes qu’ils semblent provenir d’un langage depuis trop longtemps oublié. Puis une aura bleutée s’élève des contours du cercle, révélant le combat rapide de Gorgo aux prises avec la dernière des créatures. L’acier de son épée qui reflète les éclats de la lune brille dans la nuit avant de s’enfoncer d’un trait vif et précis dans la gorge de son dernier adversaire qui s’affaisse lourdement sur le sable. Les corps, encore invisibles il y a une seconde, jonchent le sable de toute part.

Puis, de la main de Lune partent des signes d’argent qui courent dans toutes les directions. Les glyphes aux formes arrondies et élégantes se pressent sur le sable, ondulant lentement sous la lumière de l’astre lunaire pour se diriger vers chacun des membres du groupe. Tous répriment difficilement un mouvement de recul lorsque les inscriptions se glissent contre leur peau, enserrant d’une étreinte glacée leur poignet.

Lune relève la tête, son regard plus flamboyant que jamais et vérifie d’un rapide coup d’œil que tous ont bien gardé une main au sol.

- Un des Djinns a échappé au piège de Shikamaru, dit Lune.
- Un seul ? demande Sakura en détaillant les cinq corps étendus sur le sol.
- Ce ne sont pas des Djinns, rétorque Gorgo, mais des shabtis, serviteurs invoqués qui naissent et grandissent dans votre ombre. Ils sont incroyablement résistants et tirent subsistance de vos sentiments les plus profonds et les plus sombres.
- Et ils ne tardent jamais à en informer leur Maître, dit Lune. C’est ce qui rend les Djinns si puissants. Ils se nourrissent de tout ce que votre âme peut regorger de noirs souvenirs pour s’en servir contre vous. Affronter un Djinn, c’est se retrouver confronté à ses propres démons.
- Et ces shabtis ne sont contrôlés que par un seul Djinn, dit Kakashi.

Gorgo plante son regard de fauve dans celui du ninja au sharingan et acquiesce d’un hochement de tête.

- Tout ce dont je suis sûre, dit Lune, c’est qu’il y en aura d’autres, beaucoup d’autres, et que tant que cette protection entoure votre poignet, vous pourrez non seulement les voir mais ils seront incapables de sonder votre esprit pour tirer vos points faibles et vos pensées les plus sombres, dit Lune. Mais je ne pourrais maintenir cette protection toute la nuit.

Elle se tourne vers le lointain où les nuages noirs s’amoncèlent et grondent d’éclairs déchirant le ciel avec une violence rare.

- Nous devons nous hâter d’atteindre la cité, dit Lune.



Tour centrale

02h23

Crrrrrrrrrrrr

Alors que Shikamaru s’apprête à répéter une nouvelle fois son message, les crissements s’arrêtent pour laisser place au bruit d’une respiration haletante et de coups étouffés.

- Message……… reçu.

La voix faible semble parvenir de loin, très loin. Mais elle est définitivement reconnaissable.

- Sasuke ! Naruto est avec toi ?!

La réponse se fait attendre et Shikamaru élève la voix :

- SASUKE !
- On arrive.

Toujours aussi bavard, l’Uchiha ! Shikamaru se relâche une seconde. Enfin une bonne nouvelle. Puis il se tourne vers les trois élèves de Chance. Au premier regard, il sait qu’ils ont, comme lui, compris le but de cette attaque. L’atmosphère qui se dégage de la pièce qui s’étend sous ses yeux est des plus oppressantes. Les murs sont couverts d’inscriptions d’une langue qu’il ne reconnait pas et la pièce est vide à l’exception d’un siège qui trône au milieu de la pièce, solidement ancré dans le sol et entouré de cette onde bleutée qui semble résonner sur les quatre murs.

- C’est pour cette raison que les Djinns ne se sont jamais attaqués directement à Sun, dit Aigle.
- C’est exactement comme dans le livre, dit faiblement Eclat.
- C’est à cet endroit où doit avoir lieu le sacrifice pour libérer le pouvoir du Souffle du Sable, dit Océan.

Shikamaru dévisage les élèves de Chance avec stupeur. Comment pouvaient-ils être au courant ? Il décide de mettre cette question de côté pour le moment et demande :

- Aigle, peux-tu me dire ce que tu voies?

La jeune Huyga acquiesce en activant son byakugan et recule avec effroi.

- Tous les murs, la moindre parcelle de cette pièce est parcourue d’une énergie d’une puissance que je n’ai jamais vue. Une seule étincelle entre ces quatre murs et c’est toute la ville qui part en fumée !

Shikamaru se permet un petit sourire avant de poser un parchemin explosif qu’il dissimule dans un des murs. Il vient de gagner un ultime atout aussi précieux que dangereux dans son jeu.



Point Nord-Est

02h58

Temari tombe sur le sol, épuisée, la pluie et la sueur s’écoulant sur son regard clair, les cheveux détrempés collés aux épaules, des spasmes nerveux agitant tous ses membres. Et comme un affront à l’énergie dont elle use et abuse sans compter pour les repousser, ces choses sont de nouveau prêtes à un nouvel assaut. Le souffle court, elle prend appui sur son arme, les muscles noués par l’adrénaline et la tension, le regard trouble et l’épuisement s’attachant à chacun de ses muscles telle une chape de plomb rendant chacun de ses gestes lents et pénibles.

Elle ne tiendra plus longtemps et se résout, la mort dans l’âme à en avertir Shikamaru en effleurant de la main son micro. Tentant de reprendre le contrôle de sa respiration saccadée, elle s’apprête à prendre la parole.

- Shikamaru...

Elle se rend compte qu’elle avait présumé de ses forces et ce simple nom sort avec grand peine de sa gorge nouée.

- Combien de temps ? demande le jeune Nara qui a tout de suite compris la situation.
- Quelques minutes, je…
- Pars avant de tomber d’épuisement, dit-il, j’ai aucune envie de venir te chercher.

Temari n’a pas la force de sourire devant l’air faussement moqueur du jeune homme qui tente de camoufler avec maladresse son inquiétude.



Est des remparts

03h10

Arriver au pied des remparts n’avait pas été une mince affaire. Tracer leur route en essayant d’éviter leurs adversaires aux regards vides et à la force monstrueuse avait été peine perdue. Ils sont tellement nombreux que chaque pas leur avait coûté. Mais en arrivant au côté Est des murailles, ils ne s’attendaient pas à ça.

Naruto balaye des yeux la scène incrédule. Sous le rideau dense de la pluie qui tombe du ciel, elles sont là. Deux créatures, un homme et une femme à la peau luisante sous les lueurs de la lune et de l’eau qui ruisselle. Assises autour d’un cercle, se faisant face, elles enchaînent signes et une litanie lente, hypnotique et irréelle. De leurs mains jointes, une source de jade brut se déverse et coule en leur centre, ouvrant un passage aussi désolé qu’une porte sur les enfers d’où se déversent ces monstres en nombre incroyable dans leur réalité.

Sasuke remarque que les deux créatures partagent tous des traits similaires, un visage d’une harmonie parfaite, inhumaine, de longs cheveux d’or si lisses que la pluie elle-même semble réticente à les effleurer et des yeux violacés qui étincellent d’une telle intensité dans la nuit qu’il tremble autant d’effroi et d’envie à la seule idée de les croiser. Il décèle dans ce regard cette lueur qu’il avait déjà observée, cet instinct de prédateur farouche qu’il avait pu croiser dans les yeux de Gorgo.

Ainsi ces choses qui prennent d’assaut la cité ne sont pas des Djinns.

Leurs véritables ennemis se trouvent là, sous leurs yeux. Et tant qu’il officierait cet étrange rituel, le nombre de ces monstres au regard blanc et à la résistance à toute épreuve ne cesserait d’augmenter à chaque instant.

Que faire ? Sasuke se tourne vers Naruto qui n’a pas quitté des yeux l’étrange cérémonie qui se déroule sous ses yeux. L’Uchiha approche le micro de ses lèvres. La première chose à faire est d’avertir Shikamaru, il aura sûrement une idée sur la meilleure façon de tirer parti de cette information.

Mais les mots meurent sur ses lèvres lorsque la femme tourne la tête et plonge son regard perçant dans les siens. Elle se lève doucement et adresse quelques mots d’une voix glacée à son pendant.

- Je m’en occupe, ça ne devrait pas prendre trop de temps.

La femme avance d’un pas lent vers eux. Sous les yeux écarquillés de Naruto et Sasuke, sa silhouette s’étire dans la nuit avant de prendre l’apparence d’un jeune homme au regard noir, aux cheveux de jais d’une quinzaine d’années. Naruto voit son ami trembler devant son vis-à-vis, sharingan contre sharingan, Uchiha contre Uchiha.



Désert

A moins de 30 min de marche de la Cité

03h13

Lune observe avec stupeur la jeune femme et son co-équipier au byakugan. A peine leur avait-elle décrit le point faible des créatures qui croisaient leur chemin en nombre que la fille aux chignons avait sorti avec un petit sourire en coin deux énormes parchemins en faisant apparaître tout un arsenal presque aussi impressionnant que sa précision au tir et les encouragements démonstratifs de son partenaire qui semble aussi énergique que son Maître. Aidée par le Huyga qui lui indiquait avec une précision froide la position de leurs ennemis, chacun de ses coups fait mouche. Et si un de leurs assaillants a le malheur de s’approcher un peu trop prêt, la kunoïchi aux cheveux roses a des poings et se fait un devoir de montrer qu’elle sait s’en servir. En fixant Gaï qui continue à mener la marche à grand train, Lune et Celn se disent que cette équipe de Konoha n’a rien d’ordinaire.

Et ces obstacles qui auraient dû grandement les ralentir n’ont en rien ralenti leur progression.

Mais Lune sait que l’heure de la confrontation avec le Djinn approche et à l’idée de se retrouver face à cette créature la fait trembler de nervosité. Tout ce qu’elle connaît des Djinns sort de ces sombres cauchemars et cruelles légendes qu’on lui a raconté avec force de détails toute son enfance.

Sans prévenir, Gaï stoppe net sa progression, fixant du regard un homme qui se dresse sur sa route, lui barrant le chemin. Les nerfs à fleur de peau, Lune s’interpose rapidement en fixant les deux billes d’améthystes calmement.

- Je vous rejoindrais quand j’en aurai fini avec lui.

La créature affiche un rictus insolent en la dévisageant tout en laissant passer les ninjas de Konoha sans leur accorder un regard. Lune constate avec surprise que Celn reste à ses côtés, bien décidé à ne pas l’abandonner à son sort.

- J’ai toujours rêvé de voir les véritables pouvoirs d’un gardien, dit-il en lui empêchant de sortir une réplique cinglante, de voir ce dont tu es réellement capable.



Est des remparts

03h14

Naruto regarde avec effroi Sasuke reculer maladroitement devant le Djinn qui s’avance un mélange de colère, de stupeur et d’incrédulité dans les yeux. Lui-même a bien du mal à rester calme devant cette chose qui a pris l’apparence d’Itachi Uchiha et s’avance d’un pas égal vers Sasuke. Il doit avoir quinze ou seize ans, porte la tenue d’ANBU de Konoha et son regard porte le sceau flamboyant du mangekyo sharingan avec une arrogance toute Uchiha.

- Sasuke ! Reprends-toi !

Mais, perdu dans ses souvenirs, l’Uchiha se laisse totalement submerger par cette vision cauchemardesque tirée de son passé. Son grand frère se tient devant lui. Il est exactement comme cette nuit-là, la même lueur de folle puissance et de colère illumine ses yeux, son katana encore imprégné du sang des siens dans le dos. Et il ne peut détourner la tête de cette apparition, incapable d’esquisser le moindre mouvement.

- SASUKE !

Au prix d’un effort considérable, l’Uchiha se tourne lentement vers Naruto mais il est trop perdu dans ses souvenirs pour pouvoir réagir ou même contrôler les tremblements qui agitent sa main. La scène se joue encore et encore dans un coin de sa tête et à chaque pas de cette copie parfaite de son grand frère, l’emprise des rêves noirs qui l’envahissent prend une ampleur grandissante.

- Grand Frère, murmure-t-il du bout des lèvres.

Sous la pluie battante, il a de nouveau dix ans et affronte les yeux de haine d’Itachi sans comprendre, perdu dans la douleur d’avoir tout perdu cette nuit-là.

Naruto fait apparaître un rasengan dans sa paume et fonce tête baissée pour s’interposer entre cette apparition et Sasuke. Mais le Djinn détourne l’attaque d’un seul geste et l’envoie à terre avec une facilité déconcertante et continue sa lente progression.

Naruto se relève aussitôt faisant apparaître une dizaine de clones qui s’élancent de nouveau vers le Djinn lorsqu’une déflagration assourdissante fait trembler la terre jusque dans ses entrailles.

La lueur bleutée qui recouvrait les murailles entourant le cœur de la cité se perd dans la nuit et la lune elle-même se voilent dans une mer d’encre.

La protection des Anima vient de tomber.

Profitant de la confusion, Naruto se téléporte devant Sasuke, l’empoigne d’une main et réapparait dans un souffle quelques mètres plus loin, le visage en sueur. Pouvant à peine tenir sur ses jambes, il est surpris par la violence du contrecoup qu’il ressent après avoir utilisé la technique de son père pour transporter Sasuke. Il s’effondre par terre et reprend difficilement ses esprits.



Désert

03h15

Lune et Celn

Lune n’a pas besoin de tourner son regard vers Celn pour savoir qu’il ne changera pas d’avis et qu’il est inutile de se perdre en vaines paroles. Elle fixe toute son attention sur son adversaire et se prépare à agir. Chaque minute est comptée et elle doit faire vite.
Pour la première fois de sa vie, elle se sent presque reconnaissante envers ceux qui l’avaient recueilli enfant et qui lui avait raconté toutes ces histoires de combats contre les Djinns.

Les gardiens avaient conçu une technique qui avait maintes fois fait ses preuves contre les Djinns et Lune n’avait encore jamais eu loisir de la tester. Elle s’apprête à peine à enchaîner les signes lorsque le Djinn apparaît devant elle, lui saisissant la main gauche avec une force phénoménale. Il la lâche aussitôt car Celn se précipite et le transperce d’un kunaï.

Lune observe sa main ensanglantée, les os brisés, curieusement détachée de la douleur qui l’envahit. Puis elle se tourne vers Celn qui a pris place à ses côtés, énervée de voir l’inquiétude se peindre sur son visage.

- La marque sur la nuque ! Pourquoi n’as-tu pas visé la marque ! Idiot !
- Pas vraiment eu le temps.

Le calme de Celn qui parle du bout des lèvres et fixe leur adversaire froidement la surprend. Mais elle reconnait bien là son ancien équipier, toujours enclin à distribuer ses petites réflexions moqueuses en temps normal et mortellement sérieux et efficace quand la situation l’exigeait. Elle doit se reprendre et vite. Sa main inerte l’empêche de faire le moindre signe et encore moins de tenter cette technique. Le Djinn retire d’un geste désinvolte la lame plantée dans son épaule et souillée de son propre sang sans sourciller.

- Tu n’es pas le premier Anima que je croise sur ma route, dit le Djinn. Si tu croyais m’avoir aussi facilement, tu te trompes lourdement!

Ses sens de gardien s’éveillent, rendant sa vision de la nuit des plus perçantes. Le Djinn est déjà prêt. Sous ses yeux, elle perçoit son coup une fraction de seconde avant qu’il ne l’atteigne. Elle plonge sur la gauche mais le Djinn est déjà là. Ils partagent le même don, celui de prévoir avec un temps d’avance chaque coup et réplique. La technique des gardiens pour contrer les Djinns est aussi simple qu’efficace. En créant un clone possédant le don du gardien et en coordonnant leurs attaques, un gardien pouvait facilement venir à bout d’un Djinn isolé.

Celn observe sans vraiment comprendre le combat qui se déroule sous ses yeux où chaque mouvement des deux adversaires est anticipé avant même d’être lancé et où chaque esquive est prise pour cible à une vitesse si grande qu’il parvient à peine à suivre ce combat. La seule certitude qu’il a à ce moment même est qu’il serait plus une gêne qu’autre chose dans cet étrange et mortel ballet.

Puis Lune réussit à repousser la créature et titube un instant. Sans réfléchir, il se précipite vers elle. Sa tunique lacérée, le sang qui coule abondamment de chacune de ses plaies et sa main inerte lui font craindre le pire. Lune s’agrippe avec une telle force qu’il se tourne vers elle, étonné par son regard sans faille et sa détermination.

Elle a un plan.

Elle fait mine de s’effondrer et Celn ne peut s’empêcher de penser que sa mise en scène est un peu trop crédible à son goût. Elle plonge sa tête dans son cou en murmurant :

- Il peut prédire mes mouvements mais il ne peut pas entendre ce que j’ai à te dire.

Tournant le dos au Djinn, elle prend sans trahir un seul mouvement sa main droite et trace un signe sanglant dans sa paume. Il frémit en sentant Lune se tendre dans ses bras, sa respiration s’accélérer et sa peau se déchire tel un voile de soie. La douleur le transperce comme une lame effilée lorsque la jeune femme murmure quelques mots aux accents anciens et dissonants en plaquant sa paume meurtrie contre la sienne.

A son contact, une vague d’énergie brute le submerge allant jusqu’à lui fait perdre la notion du temps.

- Tant que mon sang sera en contact avec le tien, tes yeux verront comme les miens.

Celn relève la tête et la nuit se colore dans les teintes rousses de l’astre lunaire qui trône dans le ciel. Étourdi par la puissance qui se rue dans chaque parcelle de son être, il observe le Djinn et tout lui paraît clair.

Le temps se cristallise autour des mouvements qu’il s’apprête à faire. Il va se lancer sur la droite de Lune qui esquivera bien vite sur le côté. Il laissera son flanc droit et sa nuque à découverts. Au moment où son ennemi s’élance, il sait exactement où frapper.

Pour la première fois de sa vie, il distingue la roue du temps qui tourne dans les ombres de la nuit et la lune bienveillante lui sourit

La lame de son katana trouve son chemin, simplement.

Et le Djinn tombe.

Enivré par son geste, il cherche Lune des yeux, impatient de lui faire part la foule de sensations nouvelles qui le submerge avec une telle force qu’il peine à contenir ses tremblements.

Son cœur s’arrête à l’instant même où il la voit allongée sur le sol, inanimée.



Est des remparts

03h31

Le regard tourné vers le sol, Naruto a compris depuis le début que son adversaire n’était pas qu’une pâle copie d’Itachi Uchiha. Il n’a pas uniquement pris sa force, ses techniques et son mangekyo sharingan dans lequel il a emprisonné Sasuke. Il semble deviner chacune de ses attaques, le moindre de ses mouvements sans le moindre effort. Et sous ce déluge, les flammes noires dévorent avec une avidité étonnante chaque grain de sable sur lequel son regard se pose, il constate avec effroi que le second Djinn n’a pas encore fait le moindre geste. Il se contente d’observer tranquillement sa défaite annoncée.

Les yeux baissés, les membres tremblants, de nombreuses blessures encore ouvertes, il se tourne vers le Djinn.

- Vous n’avez pas de chance, dit Naruto.

Le Djinn fronce les yeux, surpris de voir son adversaire ainsi acculé le défier avec autant de véhémence.

- Je n’ai jamais su abandonner !

Il s’élance pour une nouvelle attaque désespérée lorsqu’il est un instant aveuglé par un éclair déchirant la nuit et la pluie. Stoppant net son élan, il est empoigné par Chance qui l’éloigne d’un saut tandis que Kakashi prend Sasuke sous le bras.

Kakashi dégage son bandeau frontal, dévoilant son propre sharingan. Chance, Vert et Neige sont un temps fascinés par cette parfaite copie de leur ancien équipier, en tenue d’ANBU. Le deuxième Djinn qui n’avait jusque-là affiché aucune intention de prendre part au combat fait quelque pas vers eux en dévisageant Kakashi et Gaï avec intérêt.

- Ils ne sont plus protégés par le gardien, dit-il.

D’un seul coup d’œil, ils constatent avec stupeur que la marque apposée par Lune sur leur poignet a totalement disparue.

- Tu t’occupes de lui, dit-il en désignant Kakashi. Son ombre est pleine de sombres recoins dans lesquels tu pourras aisément le perdre. Celui-ci, par contre, ajoute-t-il en se tournant vers Gaï, m’intrigue.



Cœur de la citée

03h 41

Shikamaru tente de maîtriser ses nerfs devant la situation qui lui échappe. La protection de la cité vient de tomber et l’assaut vient d’être lancé. Chaque étage de la tour est truffé de pièges en tout genre et il a envoyé les équipes de genins en renfort de celles qui sont dispersées dans les ruelles du centre de la Ville avec pour consigne de se replier au moindre imprévu. Il a gardé l’équipe de Chance et Sun avec lui. Il ne doit pas la quitter des yeux. Se doute-t-elle de sa réelle importance dans toute cette histoire ? Doit-il lui dire ?

Il laisse de côté toutes ces questions devant l’urgence de la situation. Depuis que le sort des Anima a été brisé, il n’a aucune nouvelle des deux Akatsukis ni de Temari. Pas le moindre mot de la part de Sasuke ou de Naruto non plus. Son esprit tourne dans le vide encore et encore envisageant fébrilement un à un les pires scénarios.

Les regards tournés vers lui des membres de l’équipe de Chance le force à refouler le mouvement de panique qui menace de l’envahir à tout moment. Il a besoin de temps, de réfléchir avec calme à la situation. Mais chaque minute joue contre lui.

Son instinct le pousse à vouloir rejoindre les premières lignes mais il sait qu’il est le seul à avoir une vision d’ensemble de la situation et à quel point l’enchaînement des événements pourraient avoir des conséquences tragiques.

Soudain, son micro crépite et il tend l’oreille, avide d’apprendre une nouvelle quelle qu’elle soit, désespérément prêt à tout entendre, le pire comme le meilleur.

- Tu peux me faire un rapide résumé de la situation, petit génie.








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