Fiction: Les lettres d'Itachi

Cette histoire prend place après la révélation des véritables intentions d'Itachi. Tsunade reçoit un étrange message qui lui promet des informations sur Itachi. Sasuke est aussi convié au rendez vous. Lors de la rencontre, une jeune femme dissimulée derrière un masque d'ANBU remet un paquet de lettres à Sasuke, écrites par Itachi lui-même.
Classé: -16I | Action/Aventure | Mots: 168957 | Comments: 83 | Favs: 68
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elane. (Masculin), le 12/04/2014
Le plan de Shikamaru.
La nuit commence et elle sera longue.




Chapitre 42: Le piège



- Aigle !

Océan dévisage son équipière avec stupeur et effroi. La jeune Hyuga, une goutte de sueur s’écoulant sur la tempe, fixe incrédule son reflet dans la glace, effleurant du doigt la surface lisse et froide de la psyché qui lui fait face.

- Ça va, dit-elle.

Ses yeux hagards trahissant sa voix neutre, elle se tourne vers Océan rapidement rejoint par Eclat alertés par son cri de pure épouvante. Ils étouffent un mouvement de recul en plongeant leurs yeux dans le byakugan de la jeune fille qu’elle avait déclenché dans un réflexe.

Puis son regard se perd dans les détails du mur blanc qui lui fait face et de nouveau Aigle recule, le souffle court lorsque les trois examinateurs de l’épreuve pénètrent à leur tour dans la pièce.

Dans les ombres de la porte, du couloir, ils sont là et ils sont nombreux ces regards luisants, électriques et prédateurs. Et tous convergent vers un seul et même point, attirés comme des papillons par la flamme d’une lumière vive, fascinés et quémandeurs, attendant patiemment leur heure.

Aigle tend une main accusatrice vers l’ANBU d’un geste vif.

- Qui êtes-vous ?

Sur ces mots, elle s’effondre sans un bruit. Eclat se précipite, la rattrapant avant qu’elle ne touche le sol et la dévisage sans voix. La nacre de son regard blanc fait place à un vert de jade des plus mats et elle se relève le visage fermé, la voix faible mais des plus autoritaires :

- Je dois vous transmettre un message urgent de la part de votre Maître, dit-elle.
- Gorgo ! s’exclamèrent Eclat et Océan d’une même voix.



Deidara prend une poignée de sable entre ses mains, laissant s’écouler lentement les grains entre ses doigts, d’un air pensif

- Cette ville ne m’inspire aucune confiance, dit-il.
- Pour une fois, je suis d’accord avec toi, dit Kisame, mais la piste semble enfin prometteuse.

La nuit tombée brusquement engloutit la ville abandonnée de son manteau sombre et froid lorsque le vent se mit à siffler lugubrement dans les ruelles étroites du centre qui s’effondre un peu plus à chaque seconde sous la vindicte du sable et du temps. Un éclair foudroya le ciel d’encre dans un déluge électrique éclairant la scène d’une aura glaçante.

- Ne traînons pas, ajoute Deidara. On récupère la fille et on met les voiles.



Shikamaru a tout à fait compris les lignes les plus importantes du message même s’il n’en a certainement pas saisi toutes les subtilités.

Ils sont en danger, en grand danger.

Les renforts n’arriveraient pas avant l’aube.

Ils devraient tenir toute la nuit.

Ils allaient devoir affronter une menace dont il avait peine à comprendre la réelle nature. La créature qui avait pris contact par l’intermédiaire de l’élève de Yoshiko leur avait assuré que Sun pourrait seule réactiver une antique protection qui leur assurait une chance de combattre ces choses et de leur gagner un temps précieux pour s’organiser, trouver un plan, aussi simple soit-il.

Que sont réellement ces monstres que seule Aigle semble pouvoir voir ? La question est intéressante mais loin d’être des plus urgentes. Gorgo leur avait dit que les Djinns n’étaient pas encore assez puissants pour les attaquer. Et que lorsque la protection des Anima serait mise de nouveau en place, ils ne pourraient faire un pas dans la cité que sous une apparence humaine. Et ce n’est que sous cette forme qu’ils deviennent vulnérables. Il fallait réactiver l’antique protection la cité au plus vite.

Il déroule une carte usée par le temps avec attention et commence à réfléchir furieusement à un plan. Les frontières de la ville sont délimitées par quatre arches ouvrant sur les points cardinaux. Puis un dédale de ruelles se perd dans d’’innombrables méandres pour déboucher sur le centre. Du doigt, il trace le contour des limites du cœur de la cité. Plus facile à protéger il est bâti comme une forteresse et seules deux portes à peine assez larges pour laisser le passage à deux hommes de fronts et surmontées de meurtrières et d’un poste de sentinelle permettent d’y pénétrer. Une idée commence à naître dans son esprit. Une idée simple et efficace, suffisamment du moins pour leur permettre de gagner du temps jusqu’à l’arrivée des renforts mais des plus dangereuses.

Levant la tête, il voit Temari le fixer avec effroi devant son calme.

- J’ai un plan.

A peine quelques minutes plus tard ils sont tous réunis autour de la carte de la ville que Shikamaru a étalé sur une table de bois fatiguée. Il lève les yeux pour observer tous les visages qui se penchent avec empressement sur le plan. Sun sur sa droite est totalement prostrée par ce qu’elle vient d’apprendre. La jeune équipe de Chance est tendue mais prête à agir au plus vite. Ce qu’ils avaient vécu lors de leur voyage pour Suna les avaient déjà confrontés à de telles situations et ils faisaient preuve d’un calme impressionnant pour des genins. Ils ont été rejoints assez vite par la jeune sœur de Celn qui attend patiemment son plan. Puis le jeune Nara observe les regards plein d’espoir de Naruto, Sasuke qui attendent dans un silence pesant qu’il prenne la parole. Sentir la confiance indéfectible qu’ils lui accordent le rend nerveux. Le plan qu’il allait leur proposer est suicidaire et c’est le seul qu’il puisse mettre en place en si peu de temps.

- La première chose à faire, dit-il, est de réactiver le sort de protection de la cité. Mais nous devons le faire qu’au bon moment, commence-t-il.

Tous se sont tournés vers lui alors qu’il plonge son regard sur les lignes sinueuses qui entourent la cité sur la carte :

- Nous devons dans un premier temps nous réfugier dans le cœur de la cité et en activer la protection. Ainsi les Djinns ne pourront passer les portes du cœur de la ville que sous une forme humaine, la seule que l’on peut combattre. Par contre la protection des murs extérieurs de la cité n’est pas faite pour empêcher les Djinns d’entrer dans la cité comme je l’ai d’abord cru. Il a pour but de les prendre au piège en attendant les renforts.
- Je comprends, dit Sasuke. Si les renforts arrivaient alors que les Djinns sont encore dans le désert et tout puissant, ils se feraient massacrer avant de mettre un pied dans la ville.
- On doit donc s’assurer qu’ils soient entrés dans la ville, avant de faire qui que ce soit, ajoute Temari, ils seront coincés entre les barrières qui ouvrent sur le désert et celles qui bordent le cœur de la cité.
- Il y a quatre arches qui ouvrent sur le désert, continue Shikamaru, nous allons devoir former quatre groupes qui s’assureront de ne les fermer qu’au moment opportun.
- Quatre groupes qui seront dans une position difficilement tenable, dit Temari, entre le désert et les Djinns.

Seul le silence fait écho à cette réflexion que tous se sont fait en silence.

- Que sait-on de ces Djinns ? demande Naruto.
- D’après Gorgo, ils gagnent en puissance de minute en minute et seuls les Anima ont trouvé une façon de les combattre sous leur vraie forme. Par contre, lorsqu’on les contraint à prendre forme humaine, ils possèdent une force impressionnante et une résistance qui va bien au-delà de celle d’un Homme, mais ils ont aussi une faiblesse. A la base du cou, ils ont une marque qui les rend vulnérables, dit Shikamaru.
- Combien sont-ils ? demande Temari.
- Gorgo n’a pas été vraiment précise, dit Shikamaru en précisant. Nombreux. En tout cas, suffisamment pour qu’elle estime que nous soyons en grand danger.

Il examine de nouveau la carte qui s’ouvre sous ses yeux.

- La porte Sud est surmontée d’une tour qui domine la ville. Nous avons besoin du byakugan car Aigle est la seule à pouvoir voir les Djinns avant qu’ils ne prennent une forme humaine, elle pourra nous donner une idée précise du nombre de ces choses. Le premier groupe sera donc formé d’Aigle et de Sun pour la porte Sud.

Shikamaru grimace à l’idée d’envoyer une jeune genin dans cette folie. Mais le byakugan est un atout dont ils ne peuvent se passer. L’associer à un ANBU chevronné est la seule chose censée à faire pour lui permettre d’espérer qu’elle s’en sorte. Et la tour est l’endroit le plus pratique pour la suite de son plan. Il pose cinq oreillettes sur la table, cinq micros sous la forme de rubans à noirs et fins ainsi que cinq petites fioles vides.

- Nous serons tous en contact et dès qu’Aigle sera sûre que tous les Djinns auront pénétré dans la ville, nous refermerons le piège. Il suffit pour cela de verser le sang d’un Anima, dit-il en fixant Sun.

La jeune ANBU pose son masque et soutient un instant son regard. Elle prend un kunai de sa main gauche, s’entaillant la paume droite dans un déchirement crissant puis réparti quelques gouttes du liquide sombre et épais qui s’écoule de la plaie dans les quatre récipients de verre.

- Naruto, tu t’occuperas de la porte Ouest, Sasuke, de l’Est et j’irai moi-même au Nord. Temari, tu gagneras le cœur de la ville et tu t’occuperas d’organiser les défenses avec les genins.
- Mauvaise idée, rétorque immédiatement Temari. J’irai à la porte Nord moi-même. Je te laisse l’organisation.

Le ton de Temari ne souffre aucune réplique.

- Bien, une dernière chose cruciale. A trois cent mètres de la tour de l’arche Sud, j’ai découvert l’entrée d’un passage souterrain qui mène au cœur de la cité, dit-il en plaçant son doigt sur un point précis de la carte. Il vous permettra de nous rejoindre après avoir clos les portes de la cité. Vous devrez les détruire derrière vous.

Tous acquiescent en prenant d’une main une oreillette, le micro et une des petites fioles, prêts à accomplir de leur mieux le plan du jeune Nara.



Quelques minutes plus tard, Sun presse le pas sur le sable qui envahit tout. A deux pas derrière elle, la jeune Hyuga la suit comme son ombre et contemple la scène qui s’offre à elle. Le spectacle de cette ville qui s’enfonce un peu plus dans le sable meuble, cette vision de naufrage sous les assauts du ciel colérique, du temps et du cataclysme qui s’annonce avec tonnerre et fracas la rend étrangement plus consciente de chaque seconde qui s’écoule, de chacun de ses pas sur le sable tassé, de chaque inspiration qui passe ses lèvres, des battements de son cœur qui s’affole, de l’adrénaline qui coule pure dans ses veines et de sa vue dans la nuit noire qui devient plus précise à chaque instant.

La nuit est glacée, le vent violent s’engouffre dans les ruelles étroites, rendant chaque pas difficile et dans un tonnerre fracassant, un éclair déchire le ciel d’encre avant de marteler le sol avide dans un souffle froid. Peu habituée à un tel déchaînement en plein désert, Sun observe la tempête se lever en frissonnant.

Depuis toujours, Sun connait son appartenance à cet ancien clan, les Anima mais jamais elle n’avait pris conscience de son importance en son sein. Ses propres parents l’avaient abandonné à la naissance et elle avait été recueillie par un couple du clan qui s’était installé à Suna quelques jours après sa naissance. Elle avait grandi dans un foyer glacial où ses parents adoptifs n’avaient jamais vu autre chose en elle qu’un fardeau, un poids mort dont ils n’avaient que faire. A la naissance de leur fils, ils l’avaient non seulement délaissé plus qu’ils ne l’avaient jamais fait mais ils avaient montré plus d’amour et de dévouement envers leur fils qu’elle n’aurait cru pouvoir en voir de la part de personnes si cruelles envers elle. Ils lui avaient même interdit de lui parler ou même de l’approcher.

Devenir shinobi avait été la seule façon de fuir cette maison aux murs froids où elle avait grandi. Son attitude réservée et distante ne lui avait pas réellement permis de nouer des liens avec les autres genins, mais n’en avait cure. Elle était forte, intelligente et d’une endurance exceptionnelle et avait gagné sa place très jeune parmi les ANBUs.

Avec les années, la vie d’ANBU, l’anonymat qu’elle lui procurait, l’enchaînement des missions, les multiples dangers qu’elle avait jamais eu à affronter lui avait permis d’oublier ses parents, son clan et toutes ces histoires ridicules qu’on lui avait raconté pour l’effrayer enfant mettant en scène la guerre séculaire entre ces démons des sables et son clan, les Anima, le rôle du gardien et le secret du Souffle du Sable…

Mais elle n’a pas le temps de pousser plus loin ses réflexions lorsqu’elle entend des pas s’approcher. Rapidement, elle empoigne Aigle et se glisse contre le mur. Son sang se glace dans ses veines quand elle aperçoit deux silhouettes se dessiner dans la ruelle, avançant d’un pas égal vers elles. La vue de leurs capes sombres parsemées de nuages rouges la fait trembler. Sans s’en rendre compte, elle effleure le micro dans son cou. Mais les deux membres de l’Akatsuki sont trop proches pour qu’elle ose murmurer le moindre mot.

Ils l’ont suivi. Ils sont là pour le Souffle du Sable

Ils sont là pour elle.

Cette simple pensée est presque plus effrayante que leur présence.

Elle attire la jeune fille à elle qui la fixe de ses grands yeux cotonneux. Sun montre du doigt la fiole contenant son sang qu’elle porte dans sa poche. Aigle comprend aussitôt qu’elle lui demande de continuer seule. La Tour se dresse sur sa droite à moins de cinq cent mètres. Elle allait créer une diversion pour la laisser rejoindre la porte Sud.

Mais Aigle sait déjà que tout cela serait inutile.

L’Akatsuki n’est pas la seule à courir après Sun. Elle n’a pas osé leur dire car elle est la seule à les voir. Mais ils la suivent, se glissant dans chacun de ses pas, se faufilant dans son ombre, l’observant sans relâche de leurs yeux avides et prédateurs.

A vrai dire, de ces choses, elle n’en perçoit que les contours, leurs mouvements furtifs et vaporeux. Mais ils sont là et à chaque instant leurs silhouettes se précisent un peu plus et ils gagnent en force et en puissance.

Mais Sun n’a pas le temps de tenter quoi que ce soit, qu’une série de petits insectes aux corps blancs se précipitent sur elles. L’ANBU pousse Aigle sans ménagement juste avant que le mur sur lequel elles s’étaient appuyées n’explose dans un fracas assourdissant. Elle tente de fuir dans la rue qui mène à la tour mais Kisame les attend, un sourire insolant sur les lèvres.

Que faire ? Sun examine une à une ses maigres possibilités. Les murs et tous les bâtiments qui bordent la rue sont truffés de ces insectes mortels prêts à exploser à tout instant. Dans son dos Deidara s’avance d’un pas lent et devant, Kisame barre la route en empoignant une épée monstrueuse. Sun ne voit qu’une solution, elle est coincée. La Tour qui se dresse devant ses yeux est si proche…

Aigle doit attendre la Tour, elle est la seule à voir ces créatures et à le pouvoir faire déclencher le sort au bon moment.

- Tu vas nous suivre sans discuter, dit Kisame en faisant pivoter d’une main sa lame effroyable.

Sun empoigne un kunaï et leur lance :

- Je vous suis si vous laissez la gamine partir.

Le vent se rue derrière elle, portant ses paroles dans toute la ville. Les éclats de rire de Deidara lui parviennent dans un souffle.

- Tu te crois vraiment en mesure de négocier quoi que ce soit! Tu vas nous suivre et on va garder la jeune protégée de Chance avec nous. Elle pourra toujours nous servir plus tard…

Sun se tourne alors vers lui, le regard froid :

- Je crois que c’est vous qui n’avez pas bien compris, dit-elle en glissant le tranchant de son kunaï contre sa propre gorge. Mon cadavre ne vous sera d’aucune utilité…

Kisame et Deidara ont une seconde d’hésitation, ils ne s’étaient pas attendu à ce qu’elle en vienne à de telles extrémités.

- Laissez-la passer, dit Sun.

Aigle la fixe avec stupeur. Jamais encore quelqu’un n’avait risqué ainsi sa vie pour elle, encore moins quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Quand soudain, trop rapidement pour qu’elle puisse réellement le voir, Kisame se matérialise dans le dos de Sun près à l’assommer. Mais au moment où il frappe, la silhouette de Sun s’effondre pour ne laisser qu’un amas de sable informe. Elle surgit alors dans son dos, à son tour pour frapper. Kisame encaisse le coup assez facilement mais laisse une ouverture vers la porte dans laquelle Aigle s’engouffre courant à perdre haleine vers la Tour.

Mais après avoir fait quelques pas, elle s’arrête brusquement, incapable de faire un pas de plus.

- Aigle !

Ils étaient trop nombreux et avec stupeur elle se rend compte qu’ils deviennent de plus en plus visibles, de plus en plus puissants. Et ils ne sont pas seulement entre la Tour et elle, mais ils se rapprochent aussi doucement, lentement de façon presque sinueuse et rampante vers Sun qui plonge pour esquiver les projections de Deidara qui illuminent la nuit sombre. Elle se retourne à son tour pour voir la large épée de Kisame se diriger vers elle complètement paralysée par la présence de ces yeux électriques qui se pressent devant son regard.

A mesure qu’elle les distingue avec de plus en plus de précision, elle voit se dessiner les contours d’une main sur la lame de Kisame et son coup est stoppé net avec une force phénoménale. Surpris et contrarié, il dégage son épée d’un geste sec et se met sur ses gardes. De son côté, Deidara voit ses propres créations flotter dans les airs, complètement immobile puis se retourner contre lui avec une féroce vélocité des plus étonnantes. A peine plonge-t-il sur le côté qu’à nouveau ses propres créations le suivent à la trace et les bâtiments qu’il avait truffé d’explosifs se mettent à s’embraser un à un dans une fureur destructrice.

D’un seul coup d’œil, Deidara constate la même surprise dans le regard de l’ANBU dont le masque a volé en éclat dans le souffle des explosions. Mais le regard appuyé d’Aigle ne laisse aucun doute, quelque ce soit leurs attaquants, elles les voyaient et les craignaient.

Une fois encore, l’Akatsuki à la mèche blonde se dit qu’il avait eu raison. Et une fois n’est pas coutume, il se dit qu’il aurait préféré avoir tort.

Aigle se précipite vers Sun qui tente de se relever. Son bras droit est touché et sa tunique ensanglanté laisse présager du pire. Aigle n’ose l’aider et la regarde se mettre debout en grimaçant. Soudain, elle voit une lueur d’effroi traverser le regard de Sun et sent avec stupeur l’acier tranchant d’un kunaï se glisser dans son cou. Deidara se colle à son oreille et lui demande :

- Tu les vois, n’est-ce pas ?
- Oui…

Soudain, un plan commence à naître dans son esprit. Elle répète sans réellement s’en rendre compte, mot pour mot les paroles de Gorgo en les fixant, le souffle court :

- Des profondeurs de la nuit et de l’oubli, ils se sont éveillés. Puissants, nombreux et affamés, ils viendront à vous dans un seul but, vous détruire, tous, jusqu’au dernier.
- Les Djinns, dit Kisame.
- Ils vont attaquer la cité et tenter de détruire tous ceux qui s’y trouvent, tous, dit Sun.
- Charmant programme, ironise Deidara et une raison de plus pour ne pas traîner.
- Je peux vous mener à la sortie en les évitant, dit Aigle en pointant de sa main la Tour Sud qui se dresse devant elle.

Aigle réfléchit furieusement. Elle tourne furtivement le bouton de son micro. Son objectif est simple, atteindre la Tour avant eux.

- Bien, conduis-nous. Kisame, tu t’occupes de la fille. Je suppose qu’on ne prend pas la voie directe.

Au même instant Naruto, Sasuke, Temari et Shikamaru se figent en entendant la voix directe de Deidara.

- Non, ils sont trop nombreux. Il faut prendre les ruelles, s’écarter à tout prix de toutes les voies principales.

Aigle espère que sa voix est suffisamment calme pour leur faire comprendre qu’elle sait ce qu’elle a à faire et qu’ils écoutent son conseil. Premièrement l’Akatsuki veut Sun vivante. D’une certaine façon la laisser entre leur main est peut-être la seule façon de lui laisser une chance de s’en sortir. Mais pour cela, elle doit s’assurer de fermer les portes de la cité rapidement. Deuxièmement, elle a remarqué que si les Djinns sont attirés par Sun, ils ne l’attaque pas. Pour quelle raison ? Elle n’en a aucune idée, mais ils avaient presque pris sa défense contre Deidara en arrêtant son attaque et en la retournant contre lui. Et enfin, elle seule peut les voir. Et même s’ils étaient moins nombreux dans les ruelles, les éviter serait plus difficile.

Heureusement, elle ne cherche pas à les éviter…

Elle en repère un et le fixe en réprimant recul et frissons quand elle plonge dans ce regard animal et avance. Le Djinn, surpris par cette confrontation directe, esquisse un sourire satisfait. Aigle est obligé de forcer chacun de ses pas pour ne pas s’enfuir devant la terreur qui se rue dans chaque parcelle de son esprit. Lorsqu’elle se tient à quelques centimètres de la créature, elle soutient toujours son regard sans broncher lorsqu’il se prépare à frapper avec force. A la dernière seconde, elle plonge sur le côté et c’est Deidara qui se tient juste derrière elle qui prend le coup de plein fouet et s’effondre sous la violence d’un choc auquel il ne s’attendait pas.

Libérée de son emprise et pouvant aisément éviter ses adversaires, Aigle se faufile dans la ruelle sombre et cours de toutes ses force en direction de la Tour. Elle tente désespérément de ne pas jeter un regard en arrière, effrayée par sa lâcheté d’avoir laissé Sun entre leurs mains sans rien tenter… Mais elle se retourne et vois les deux Akatsuki et Sun déjà au prise avec plusieurs Djinns, tenter de riposter à l’aveugle.

Elle croise le regard de l’ANBU :

- Cours !

Aigle ne met pas longtemps à voir la haute porte de l’entrée Sud s’élever devant ses yeux. L’entrée de la Tour est depuis longtemps ensevelie sous le sable mais c’est tout de même l’édifice le plus haut et le plus impressionnant qu’elle n’ait jamais vu. Elle distingue sans peine une ouverture sur le côté et pénètre dans la Tour pour découvrir un escalier en colimaçon, étroit et empli de sable qui recouvre les premières marches qu’elle grimpe quatre à quatre sans prendre le temps de se poser la moindre question. Une fois arrivée tout en haut de la Tour, l’escalier débouche sur une plateforme battue par les vents qui offre une vue imprenable sur la ville et sa frontière.

La pierre d’activation de la protection des Anima se trouve bien devant elle, sur le chemin de ronde de la Tour, comme leur avait annoncé Gorgo.

- Je suis en place, dit-elle.

Son oreillette reste muette pendant quelques secondes puis tous répondent l’un après l’autre. D’abord Temari, puis Naruto et Sasuke. Aigle se penche alors sur le petit muret qui la sépare du vide en direction de la cité. Elle voit avec autant de soulagement que de frayeur que Sun et ses deux ravisseurs ont réussis à se sortir de la ruelle et se dirige vers la Tour, vers elle.

- Combien sont-ils ? demande Naruto.

Aigle se tourne vers le désert. La pluie a redoublé d’intensité et un éclair illumine la scène monstrueuse qui se déroule devant ses yeux. Des centaines, des milliers de ces créatures se pressent devant les quatre portes de la cité, se déversant dans ses rues et ruelles avec une férocité et un empressement glaçant.

Il ne faudrait que peu de temps pour que toutes ces choses entrent dans la Ville.

De même qu’elle l’avait déjà fait, Aigle, reprend le mot de Gorgo d’une voix blanche :

- Nombreux…







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