Fiction: Les lettres d'Itachi

Cette histoire prend place après la révélation des véritables intentions d'Itachi. Tsunade reçoit un étrange message qui lui promet des informations sur Itachi. Sasuke est aussi convié au rendez vous. Lors de la rencontre, une jeune femme dissimulée derrière un masque d'ANBU remet un paquet de lettres à Sasuke, écrites par Itachi lui-même.
Classé: -16I | Action/Aventure | Mots: 168957 | Comments: 83 | Favs: 68
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elane. (Masculin), le 04/04/2014
Une petite explication sur le clan Anima, ses débuts, le gardien et le souffle du sable...



Chapitre 39: Frontières



Naruto sort dans la petite cour de l’auberge profitant de l’étrange clarté de cette lune rousse qui illumine le ciel de son aura trouble. Il croise le regard de Chance qui discute avec le patron de l’établissement, cet homme imposant au sourire en coin qui l’appelle Nami.

Chance, Yoshiko, Nami… Un instant il se demande qui se cache réellement derrière cette succession de noms ? Mais ses réflexions s’arrêtent brusquement lorsque l’on frappe à la porte de la cour. Le propriétaire interrompt sa discussion avec Nami et ouvre rapidement le judas de la porte. Soudain, il tremble en se tournant vers eux, le visage exsangue.

- Démon…

Ce mot, il ne l’a que murmuré mais Naruto l’a entendu aussi bien que s’il l’avait crié. Un mot qu’on lui avait trop adressé, à peine audible dans les murmures de ces adultes aux visages emplis de haine qui l’avaient dévisagé toute son enfance, dans ces regards de colère et de frayeur qui l’avaient transpercés depuis toujours.

- Si tu n’ouvres pas cette porte immédiatement je la défonce !

Le gérant se reprend aussi vite qu’il le peut, le regard encore empli de ce voile de terreur qu’il tente de dissimuler maladroitement.

- Lune…

Lune tremble encore de colère devant la stupidité de ses deux « sauveurs ». Rageusement, elle plante ses yeux dans ceux de l’homme qui tente de ne pas baisser la tête. Il l’a connait depuis longtemps mais il n’avait jamais imaginé que le masque dissimulait ça !

Les yeux du démon

Bien sûr, il se rend compte que sa réaction est disproportionnée. Mais toutes ses frayeurs enfantines, ancrées depuis toujours ressurgissent avec une intensité terrifiante quand il croise ces deux billes d’améthyste qui brillent dans la pénombre. Cette sensation aurait pu se dissiper d’elle-même s’il n’avait pas eu l’horrible impression que ce regard lui passait à travers, scrutant ses pensées, son âme… Il détourne les yeux.

Lune observe sa réaction, un peu déçue mais pas réellement surprise. Depuis toujours son regard avait provoqué ce genre de réaction… Même si cet homme la connait depuis des années, il n’est pas différent des autres. Puis elle voit Chance et Naruto, tout d’un coup sa colère s’essouffle. Chance la regarde avec surprise et une pointe de curiosité, aucune trace de peur, de dégoût ou de rejet dans ses grands yeux bleus. Et comme en miroir, le regard de Naruto est absolument identique… Elle en perçoit même des reflets rougeoyants qui l’attirent et les voies qu’elle perçoit dans son ombre sont si nombreuses qu’elle pourrait s’y perdre. Car si elles sont nombreuses, elles ont toutes une particularité des plus étonnantes… Elles étaient toutes…

- LUNE !

Celn apparemment n’est pas d’accord avec elle sur le fait que leur « petite discussion » est close.

- Tu m’expliques ce que tu comptais faire exactement ! Et regarde-moi quand je te parle ! s’exclame Celn.


Lune refuse de se retourner pour affronter de nouveau son regard. Elle sait que tôt ou tard, il aura le même mouvement de recul qu’elle venait d’observer chez leur hôte. Naruto et Chance observent la scène, incrédules en jetant un œil à Kakashi qui prend place silencieusement à leurs côtés accompagné de Nyah qui les rejoint en baissant la tête, embarrassée.

- Sérieusement, tu pensais que ton petit feu d’artifice allait passer inaperçu ! continue-t-il.

Cette fois, c’en est trop pour Lune qui se retourne. La colère irradie de tous ses pores et elle est surprise de voir que Celn n’affiche aucune peur ni recul. Bien au contraire son exaspération devant son attitude et sa rage ont décuplées. Sans calculer ses gestes Lune agrippe par le col de sa chemise son ancien équipier et pose son regard sur le sien.

- Tu n’as aucune idée de ce que je peux ou ne peux faire !
- Alors dis-moi ce que tu aurais pu faire dans ton état, je suis vraiment curieux de l’entendre ! réplique Celn nullement impressionné.
- Ecoutes-moi bien, je ne me répéterai pas. Si je veux faire passer ce feu d’artifice inaperçu, je peux ; si je veux te faire oublier jusqu’au prénom de ta petite sœur, je peux !

La colère de Celn s’évanouit et pour la première fois, il pose son regard sur le visage de Lune qui est déroutée par son attitude où elle ne décèle rien d’autre qu’une lueur d’intérêt dans les yeux de son ancien équipier. Elle desserre son emprise bien vite et tente de se dégager. Mais il l’en empêche.

- Parce que tu es un gardien, dit-il d’une voix calme.
- Lâche-moi !

Un petit sourire insolent apparaît sur le visage de Celn devant la situation qui s’est inversée et surtout devant le regard affolé de Lune.

- On part immédiatement, dit sèchement Lune.

Lune tente de reprendre le contrôle de cette situation qui lui échappe. Elle n’avait jamais rencontré quelqu’un qui ose la dévisager ainsi !

- Dans une heure, il faut vérifier tes blessures d’abord.

Le ton ne souffre aucune réplique et il traîne une Lune récalcitrante par le bras qui ne sait trop comment l’arrêter.

Celn investit une des chambres de l’auberge et installe sans ménagement Lune sur une chaise qu’il tire bruyamment au centre de la pièce. D’un geste brusque, il fait taire Lune qui s’apprête à protester et remonte la jambe de son pantalon pour examiner sa blessure. Incrédule, il observe un frissonnement bleu électrique d’ondes violacées encercler la blessure et refermer une à une les chairs lacérées. Puis il relève la tête vers Lune qui détourne les yeux en serrant des dents.

L’étrange pouvoir qui illumine son regard est en train de soigner une à une ses blessures. Celn constate que c’est rapide, redoutablement efficace et terriblement douloureux pour qu’elle ne parvienne pas à dissimuler ses traits déformés par les ondes bleutées qui faisaient leur office dans un crissement hérissant.

Celn s’écarte et lorsque les éclairs qui parcourent la peau de Lune s’évanouissent, elle prend la parole et sa voix n’est que murmure :

- Je t’avais dit que c’était inutile. Que connais-tu des Anima ? Que connais-tu des gardiens ? Rien ou presque, dit Lune.

Celn est sans voix devant Lune qui détourne les yeux et se met à parler d’une voix qui lui paraît presque étrangère.

- Les Anima étaient de puissants guerriers, vivant dans le désert dont la mission était de contenir les assauts des démons primaires du désert, les Djinns. Dernier rempart entre ces monstres des sables et la civilisation, ils étaient aussi fiers que redoutables. La guerre entre les Djinns et les Anima semblait aussi immuable que le vent chaud qui souffle dans les dunes et le soleil qui trône en roi dans le ciel du désert lorsqu’un jour, un Djinn décida de se rapprocher de ses guerriers, de les comprendre.

Il suivit et observa pendant des jours et des semaines et des mois une des plus puissantes guerrières du clan qui n’était autre que la fille ainée du Chef du clan. Il se glissait dans chacun de ses pas, observait chacun de ses gestes, et plus les jours passaient, plus son obsession pour elle grandissait. Il réussit à l’attirer dans un piège, prenant l’apparence d’un de ses amis et l’enleva au cœur du royaume des Djinns. Il lui construisit un palais de sable et de courants d’air et l’enferma pour pouvoir continuer à la contempler, la garder pour lui seul. Il commença à s’approprier chacun de ses souvenirs, de ses pensées, de ses sentiments sans même les comprendre. Il ne savourait que leur intensité, leur couleur et pour lui c’était un festin sans fin. Même la haine et la peur qu’il inspirait à sa prisonnière dans sa prison aux murs mouvants étaient un délice sans pareil aux sens du Démon.

Enivré par cette profusion, il en vint à chercher à connaître par lui-même ses sensations, il voulait les ressentir, les goûter. Et tous les jours, il vint à elle, sous l’apparence d’un homme et lui qui voulait tant éprouver un sentiment tomba amoureux de sa captive. Et avec ce sentiment vinrent les affres de la déception, de la douleur, de l’obsession et de la haine devant le refus de la jeune femme de n’éprouver autre chose que de la haine et de la peur envers son bourreau.

Perdu dans un tourbillon de sentiments dont il avait sous-estimé les capacités destructrices, le Démon ne put contenir son envie, son amour et sa haine et la prit de force, une nuit qu’il était venu à elle, une nuit qu’elle l’avait encore repoussé.

Libéré de son obsession, il ne put se résoudre à la tuer et la libéra. La jeune femme brisée fut trouvée errante dans le désert, délirante. Ramenée au clan, elle se terra dans le silence et bien vite, elle découvrit qu’elle était enceinte. Effondrée, elle tenta de mettre fin à ses jours mais son père inquiété par son mutisme l’a faisait étroitement surveiller.

Mais lorsqu’elle accoucha de jumeaux, l’un au regard bleu, l’autre portant les yeux du démon, tous comprirent l’abomination qu’ils avaient sous les yeux. La jeune mère se laissa dépérir de chagrin et de dégoût mais contre toute attente, le chef du clan décida d’élever les deux enfants et de les marquer, du soleil pour l’enfant aux yeux bleus et de la lune pour l’enfant au regard monstrueux.

Très vite, les capacités des deux enfants se révélèrent, attirant la peur et la convoitise de tous. Les rivalités sous-jacentes s’accentuèrent, une première puis une deuxième guerre éclatèrent. Les capacités de prédictions du gardien furent un atout précieux pour le clan qui se tira de toutes les situations.
Et à chaque génération, deux enfants porteurs de ces pouvoirs apparaissaient.
Et à chaque génération, les deux enfants étaient isolés, enlevés à leur famille et utilisés comme de simples outils par le clan.

Jusqu’à la venue du premier Kazekage. Effrayé par la puissance du clan des Anima il les força à mettre à sa disposition à Suna, les deux plus grandes armes du Clan, le gardien et le souffle du sable. Privé de leur plus précieux atout dans leur guerre contre les Djinns, les Anima reculèrent petit à petit puis abandonnèrent leur surveillance des villages qui bordaient la frontière du territoire des Djinns.

Ces Démons avaient gagné. Et par une ironie comme seuls les Dieux savent en créer, ils avaient aussi perdu.
C’était leur combat constant contre leurs ennemis héréditaires qui les rendaient si puissants. Avec la fin de cette guerre ancestrale, ils se mirent peu à peu à perdre leurs pouvoirs, ne devenant plus que souvenirs puis les monstres des légendes que l’on raconte le soir aux enfants pour les faire frissonner. Privé de leur emprise sur le monde, de la crainte et de la terreur qu’ils inspiraient aux Hommes qui avaient désertés leurs villages, ils se confondirent peu à peu avec les murmures du vent dans les dunes, vestige d’un passé révolu, d’une histoire qui s’efface peu à peu sous les outrages du temps.

Lune pousse sans ménagement Celn qui la regarde s’éloigner sans un mot.

- Les dernières preuves tangibles de leur existence ne sont autres que le gardien et son pendant, ajoute-t-elle, des êtres pathétiques perdus à la frontière entre deux mondes et n’appartenant à aucun, utilisés et sacrifiables pour les uns, rejetés et haïs par les autres.



Dans le couloir, Kakashi et Nyah n’avaient pas perdu un mot des paroles de Lune. Kakashi détaille avec surprise les yeux clairs de Nyah s’obscurcir jusqu’à devenir noirs et s’interpose lorsqu’elle tente d’entrer dans la chambre. Il la retient difficilement et étouffe un sursaut lorsque la porte manque de sortir de ses gonds pour laisser passer Lune. Le ninja au sharingan s’écarte bien vite en prenant soin de tirer Nyah vers lui.


Il ne peut s’empêcher de penser que ce qu’il venait d’entendre est des plus intéressants. Les Djinns ? Des démons primaires qui se rassasient des sentiments des Hommes ? Il jette un coup d’œil discret en direction de Chance. Cette définition le fait singulièrement penser à Gorgo.




Lune sort dans la cour, tremblante d’une colère qu’elle a bien du mal à contenir ou même à expliquer. Pourquoi s’était-elle autant emportée ? Pourquoi s’était-elle mise à raconter toute cette histoire ? Elle ne se reconnaissait plus.

- Lune…

Surprise, elle leva les yeux sur le propriétaire des lieux qui s’avance d’un air timide, baissant les yeux.

- Quoi !

L’homme relève la tête, affrontant ce regard qui l’avait effrayé et dit clairement :

- Je m’excuse pour mon comportement, c’était ridicule et infantile. Par contre…

Lune lève la tête, ne sachant trop que dire, se contentant de répéter ses derniers mots :

- Par contre…
- T’aurai jamais pu défoncer la porte, gamine ! C’est pas de la camelote cette porte, tu …

Lune dévisage le patron de l’auberge se perdre dans les détails de la description sur l’épaisseur de la porte et sur le fait qu’elle avait fait ses preuves et qu’elle n’aurait jamais eu ses chances. Et pour la première fois depuis longtemps, peut-être depuis toujours, elle se surprend à esquisser un timide sourire devant la logorrhée de cet homme à l’allure imposante et à l’air un peu bourru qui ose l’appeler gamine…

LE LENDEMAIN


Gaara plante son regard dans celui de sa sœur, visiblement énervé, ce qui était à peine perceptible pour un non initié mais des plus flagrants pour Temari :

- Je suis pas sûr d’avoir bien compris…
- Celn est introuvable et c’est lui qui devait organiser la seconde épreuve de l’examen chunin. De plus Chance et toute son équipe ont déserté le Village dans la nuit, dit Temari.
- Et on ne peut pas se passer de Celn pour cette épreuve ?
- Impossible, rétorque l’ANBU au masque de faucon qui se trouve sur sa droite. Mais j’ai une solution de rechange, si vous le souhaitez.
- Je vous écoute Sun.

La jeune femme aux cheveux courts aussi noirs que raides déplie une carte du désert qui n’a pas l’air des plus récentes.

- Je peux les amener dans ce village abandonné qui se trouve à deux jours de marche dans le désert. La marche à vive allure peut passer pour une épreuve d’endurance des plus appréciables… Surtout si on parcourt les deux jours de trajet en un seul. Et on peut leur faire une petite épreuve de combat rapproché et de camouflage dans les bâtiments désertés. C’est un formidablement terrain d’entraînement.
- Les points d’eau ? demande Temari d’un air intéressé.

Sun montre deux endroits du doigt.

- Il sont encore intacts.
- Bien, je vous confie l’épreuve à vous trois, dit Gaara en dévisageant Shikamaru qui n’a pas encore prononcé un mot.

Le jeune Nara a un bien étrange pressentiment sur cette deuxième épreuve. Les villes abandonnées ne sont pas rares dans le désert, il le sait. Mais dans tous les cas, un village n’est abandonné que pour une seule et unique raison. L’assèchement des sources approvisionnant les habitants.

Ce village possédait non pas une mais deux sources d’eau.

Et ce village avait été abandonné…








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