Fiction: Les lettres d'Itachi

Cette histoire prend place après la révélation des véritables intentions d'Itachi. Tsunade reçoit un étrange message qui lui promet des informations sur Itachi. Sasuke est aussi convié au rendez vous. Lors de la rencontre, une jeune femme dissimulée derrière un masque d'ANBU remet un paquet de lettres à Sasuke, écrites par Itachi lui-même.
Classé: -16I | Action/Aventure | Mots: 168957 | Comments: 83 | Favs: 68
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elane. (Masculin), le 27/03/2014
Toute fausse modestie mise à part, j'ai adoré mettre un tel relief aux petites singularités et maladresses de Lune. J'espère que ça vous plaira!
La scène entre les membres de l'équipe sept n'était pas prévue et j'ai sûrement été aussi scotchée que Sakura par les derniers mots de Naruto :-)




Chapitre 38: Sous la lune rousse



Lune entraîne Nyah dans une succession de rues et ruelles des bas quartiers à une allure folle qu’elle a bien du mal à suivre. Puis elle stoppe brusquement pour s’arrêter devant un vieil immeuble aux murs effrités par l’usure du temps. Une pancarte en bois délavé se balance mollement dans le souffle du désert en souhaitant la bienvenue aux visiteurs. Lune effectue rapidement quelques gestes pour prendre l’apparence d’un simple habitant de Suna et invite Nyah à entrer. Celle-ci examine d’un œil soupçonneux l’endroit avant de passer la lourde porte de bois sombre et d’être accueillie avec enthousiasme par un homme à la stature impressionnante et à la chevelure des plus déroutantes. L’homme se fige un moment, la bouche entrouverte, en fixant Lune qui s’avance.

Lune était accompagnée… Le regard noir que lui lance la jeune femme le dissuade la mort dans l’âme d’attarder trop longtemps son inspection sur la femme aux longs cheveux blonds qui jettent des regards perdus dans son auberge. Il dépose rapidement deux bols fumants sur la table et repart non sans avoir tout de même jeter un coup d’œil furtif… Lui qui pensait avoir tout vu entre ces quatre murs… Lune accompagnée était placée très loin dans sa liste des improbabilités, quelque part entre voir s’abattre une pluie de grêlons en plein désert et le Kazekage en personne qui franchirait la porte de son établissement.

Nyah, perdue dans ses pensées, ne prête aucune attention envers le patron qui s’éloigne d’un pas lent. Elle n’ose lever la tête vers Lune qui se tient devant elle. Même si elle sait très bien que son apparence n’est qu’une illusion, elle n’a encore jamais affronté son regard sans la barrière du masque et elle se sent aussi vulnérable qu’assaillie par toutes les questions que la présence d’un gardien, assis à quelques centimètres d’elle peut soulever en elle. Un gardien… Elle a l’impression d’être un paléontologue qui se trouverait devant un dinosaure tout ce qu’il y a de plus vivant devant les yeux… Fasciné, il aurait avancé sans tenir compte du danger. Elle sait que la situation frise le ridicule mais c’est plus fort qu’elle.

Elle refrène difficilement toutes ses interrogations qui se perdent dans le tourbillon incessant de ses pensées pour se pencher sur son bol. Elle se rend compte alors avec étonnement que son estomac se tord dans tous les sens mais l’examen rapide de la bouillie épaisse qu’on vient de lui servir la fait grimacer. Nyah lève la tête et prend la parole sans vraiment avoir préparé ses mots.

- Je tiens à m’excuser, je n’ai cessé de me comporter comme une gamine impatiente et capricieuse envers vous. Je …

Lune lève un sourcil, intriguée. Elle n’a pas l’habitude que l’on puisse suffisamment s’intéresser sur elle pour qu’on lui adresse la parole, encore moins pour s’excuser de quoi que ce soit envers elle.

- Mangez, dit-elle brusquement pour couper court à ces mots dont elle ne sait que faire.

Nyah sursaute comme un enfant pris en faute et avale une première bouchée en retenant son souffle. La surprise qui se peint sur son visage arrache un demi-sourire à Lune qui ne tarde pas à commander deux autres bols. Tout en entamant avec appétit son deuxième bol, Nyah reprend la parole devant Lune qui affiche un air contrarié.

- J’aimerai vous poser une question, dit Nyah.

Lune pense que c’est manger en paix qu’elle aurait aimé. Mais la lueur qu’elle surprend dans le regard de la femme du professeur ne lui laisse que peu d’espoir.

- Vous pouvez toujours essayer, soupire-t-elle.

Nyah se rapproche et la fixe. Lune utilise toute sa volonté pour ne pas reculer devant ce regard inquisiteur.

- Je voudrais savoir ce que vous voyez lorsque vous posez votre regard sur quelqu’un, demande Nyah.

Lune fronce les sourcils ne sachant trop quoi répondre. Elle-même avait mis longtemps à se rendre compte que ce qu’elle voyait n’était pas naturel. Comment l’expliquer ? C’était un peu comme si un aveugle vous demandait à quoi ressemblaient les couleurs.

- Je vois les différents possibles, les choix auxquels il sera confronté, quels seront les évènements qui seront déterminants dans sa vie et dans la vie de ceux qui l’entourent.

En voyant l’air concentré de Nyah, Lune sait que pour la première fois de sa vie, elle se trouve face à quelqu’un capable de la comprendre. C’est une sensation aussi déroutante que nouvelle pour elle.

- Et qu’est-ce que vous voyez lorsque vous me regardez, moi ? demande Nyah, effrayée par sa propre audace.
- Il n’y a que deux voies dans vos pas. La première est celle qui vous ramène à la Feuille, aux votre, dans un monde qui n’a rien de fondamentalement différent à celui que nous connaissons aujourd’hui, un univers où la vie se joue entre la recherche d’un équilibre qui n’existe pas et le quotidien des choix qui n’ont d’importance que celle que nous leur accordons. La deuxième voie est celle du chaos et des larmes, le monde tel que nous le connaissons, l’équilibre fragile des forces qui reposent sur les Villages cachés sera brisé, mis à bas dans une guerre qui n’apportera que la mort et la destruction.

Nyah la dévisage, une foule d’émotion se bousculant dans ses deux yeux clairs qui s’obscurcissent jusqu’à devenir presque noirs. La peur, la fascination, le besoin de savoir… Lune se sermonne intérieurement, peut-être aurait-elle dû éviter les mots sombres qui s’imposent à elle lorsqu’elle regarde cette femme ? Peut-être aurait-elle dû tout simplement se taire ? D’un autre côté, elle a demandé et Lune n’a pas l’habitude de mentir. Mais c’est bien la première fois qu’elle se retrouve face à quelqu’un qui comprenne réellement le sens de ses paroles.

Devant son silence, elle se sent obligée de rajouter quelque chose pour la rassurer :

- Ne vous inquiétez-pas, cette voie ne pourra exister que si vous êtes capturée par l’Akatsuki. Je vous tuerai de mes propres mains plutôt que de laisser cette chose se réaliser…

Lune se maudit une seconde en voyant le regard effrayé que lui lance Nyah. Et dire qu’elle avait voulu la rassurer ! Elle allait ajouter quelque chose mais le petit rire nerveux de Nyah l’en dissuade. Elle n’aurait fait que s’enfoncer un peu plus.

- Si je suis si dangereuse pourquoi me laisser en vie ? demande-t-elle en mettant toute son attention dans sa voix pour qu’elle ne tremble pas.
- Ce serait totalement inutile, dit Lune calmement. Les voies sont multiples mais il n’y a que deux destinations finales. Si vous disparaissiez ce soir même, le destin emprunterait une nouvelle route, trouverait de nouveaux guides, mais la finalité, elle, resterait toujours identique.
- Vous voulez dire que l’Akatsuki trouverait une nouvelle piste ?

Lune y avait déjà furieusement pensé et il est fort probable que la nouvelle piste passe par elle. Un peu désappointée par le fait que cette femme la comprenne si bien, elle acquiesce d’un hochement de tête avant de laisser un billet sur la table et de quitter l’auberge sous le regard intrigué du patron. Une fois dans la rue, elle reprend bien vite son uniforme d’ANBU avec soulagement. Sentir de nouveau son katana dans son dos et son masque sur son visage la rend plus sereine.

En levant les yeux dans la nuit, l’ANBU voit lune rousse trôner dans la nuit claire. Malicieuse, la lune parée de tels atours a toujours influée sur ses pouvoirs de gardiens et après quelques pas, l’évidence la frappe de plein fouet. Lune s’arrête brusquement, le souffle court, la vision troublée. Nyah la regarde avec appréhension prendre appui sur le mur d’un vieux bâtiment fatigué sur le bord de leur route. Lune se mord les lèvres pour étouffer un gémissement lorsqu’une décharge glacée la transperce de part en part. L’espace d’une seconde, Nyah voit un flash lumineux traverser les fentes si fines qui dissimulent ses yeux. Lune s’adosse un peu plus contre le pan de mur que l’astre de la nuit éclaire de son aura rougeoyante.

L’arbre des possibles lui est à nouveau voilé mais ses sens sont en éveil comme jamais. Un frisson la traverse, elle sait. Un bruit, à peine perceptible la retient de s’engager dans la ruelle. Le souffle court, elle agrippe fortement Nyah et la plaque contre un mur. La ruelle est trop petite pour s’y camoufler et elle fait rapidement des signes pour faire apparaitre un genjutsu de dissimulation. Faisant face à Nyah qui la fixe de ses grands yeux complètement affolés, elle lui fait signe de se taire et de ne pas faire un geste.



Yoshiko regarde Celn disparaître sans un bruit de la cour, sans un mot. Elle connaît bien sa façon d’agir et n’est pas vraiment surprise. Il a toujours été du genre à suivre ses intuitions de manière brusque et jusqu’à présent celle-ci s’étaient toujours révélées des plus pertinentes. Elle sait aussi qu’il n’est pas du genre à demander de l’aide. Kakashi qui l’observe prend alors la parole :

- Je le suis ?

Chance ne peut s’empêcher un petit sourire en coin. Suivre Celn …

- Je ne te donne pas deux minutes avant qu’il ne te repère, dit-elle avec un ton que Kakashi connaît bien.

Avec un petit air de défi, il part dans les traces de Celn sous le regard amusé de Chance qui le regarde se faufiler dans les ombres. Gaï qui a assisté à l’échange se dit que les choses n’ont pas changées. Neige n’avait jamais vraiment écouté les ordres de leur ancien capitaine qui était devenu maître dans l’art de lui faire faire ce qu’elle voulait sans jamais le lui ordonner.



Dans une des petites chambres qu’ils ont investie, Sakura examine avec stupeur Sasuke dont les flux de chakra sont tellement irréguliers qu’elle n’arrive pas à en croire ses yeux lorsqu’elle constate qu’il n’a aucune blessure physique. Elle est si surprise qu’elle soulève un peu brusquement le haut de son équipier et examine chaque parcelle de sa peau pour constater de visu qu’il n’a effectivement reçu aucun coup

Mais qu’est-ce qu’on a bien pu leur faire subir lors de la première épreuve, se demande-t-elle !

Puis elle prend conscience que son attitude, ses regards insistants devaient avoir quelque chose de déroutant et replace à la hâte le t-shirt de Sasuke. Elle se remet au travail en concentrant son chakra dans ses mains. Naruto, dans un coin de la pièce les surveille d’un œil. Il avait dû forcer Sasuke à rester tranquille et obliger un Uchiha se faire examiner et à prendre du repos n’est pas une tâche facile, loin de là. Après de longues minutes, Sakura le libère de ses soins.

- Merci, dit calmement Sasuke.
- Arrête ! dit Sakura, visiblement énervée.

Naruto et Sasuke se tournent vers elle dans un même mouvement, étonnés par sa réplique sèche.

- Nous sommes équipiers, tu n’as pas à me remercier pour ça. Depuis que tu es revenu, je ne te reconnais plus. Avant tu étais peut-être arrogant, insupportable, parfois même cruel… mais c’était toi. Depuis que tu fais de nouveau parti de notre équipe sept, tu te caches derrière une politesse si froide que je ne sais plus à qui j’ai à faire. A vrai dire, il n’y a qu’avec Naruto que tu te comportes comme avant, comme toi-même… J’avoue que j’en suis un peu jalouse.

Cet aveu la fait grimacer. Mais aujourd’hui, elle se rend bien compte que son hostilité envers Sasuke depuis son retour était en grande partie due au fait qu’elle avait enviée l’ancienne complicité réapparue si simplement entre ses deux partenaires. Elle s’était sentie exclue, mise à l’écart, de trop ? Avoir énoncé ce simple fait lui enlève un poids qu’elle n’aurait jamais cru si grand.

- Ne me remercie que si tu as une bonne raison de le faire et non pour te cacher un peu plus derrière ce voile glacé qui ne te ressemble pas ! Tu peux même me passer un savon pour l’attitude atroce que j’ai eu envers toi depuis ton retour, j’avoue l’avoir sûrement mérité…

Sasuke soutient son regard et pour la première fois Sakura y décèle de la surprise mélangée à un autre sentiment qu’elle a bien du mal à identifier. Elle décide de ne pas trop s’attarder au cas où l’Uchiha aurait décidé d’opter pour le deuxième choix et d’échapper à une série de reproches des plus justifiés. Au moment de passer la porte, Sasuke l’arrête d’un mot.

- Attends !

Sakura se retourne, déjà prête à essuyer une tempête de reproches lorsqu’elle reste un temps pétrifiée devant le sourire de Sasuke.

- Merci.

C’est le plus beau sourire qu’elle ait jamais vu, un véritable sourire accompagné d’un merci sincère… Sakura s’éloigne en esquissant un petit geste de la main et en marmonnant un « de rien » inaudible avant de disparaître en essayant de ne pas avoir l’air trop empressée.

Maudit Sasuke !

Pourquoi était-il si beau ?

Elle avait cru se défaire de son attirance pour lui, petit à petit. Elle avait même réussi à l’examiner sans penser une seule fois à sa peau blanche si douce, à ses muscles fins, à…

Il vaut mieux s’arrêter là dans l’énumération, pense-t-elle en se sermonnant une nouvelle fois.

Et en un seul sourire, un seul regard, il avait abattu avec une désinvolture révoltante toutes ses barrières qu’elle avait érigées avec tant d’application et de patience.

Elle se mit à le détester de la forcer à se sentir à nouveau perdue dans ce rôle qu’elle pouvait plus supporter.

Ce sourire.

Il suffit qu’elle y repense pour afficher cet air si stupide dont elle a honte et elle se hait avec plus de force encore. Quelle petite idiote de retomber aussi facilement dans ce piège grossier !

Prenant sa tête entre ses mains, elle s’effondre sur le sol, contre le mur froid de sa chambre, écœurée par sa faiblesse. Soudain, elle entend la porte s’ouvrir doucement. Elle n’ose relever la tête de peur de se trouver nez à nez avec Sasuke. Elle est soulagée lorsqu’elle se rend compte que c’est Naruto qui prend place à ses côtés en silence. Tentant de reprendre ses esprits, elle plaque un petit sourire sur son visage et dit d’un ton presque enjoué :

- J’ai cru qu’il allait m’engueuler…
- Tu ressens encore quelque chose pour lui ?

Sakura est sans voix devant la question franche de Naruto qui n’est pas dupe une seule seconde de sa petite tentative pour détourner la conversation.

- Je… Non ! Enfin, je ne peux pas nier que je suis encore attirée par lui mais… Je…
- Je comprends, si j’étais une fille, je crois que je craquerai sûrement ! Il est beau, fort, intelligent…
- Egoïste, taciturne, hautain…

…et capable de me briser en quelques mots, pense-t-elle sans oser prononcer ces paroles.

- Tout ce qui fait son charme, pouffe Naruto tout sourire.
- A quoi tu joues Naruto ?! On dirait que tu cherches à me le vendre !
- Peut-être bien, répond-il en reprenant son sérieux. Il tient à toi, c’est évident.
- Tu me voles ma réplique, répond Sakura. Tu es le seul qui existe encore à ses yeux, moi je n’ai jamais été plus qu’un poids dans cette équipe pour lui.
- Tu te trompes. Tu aurais dû voir comment il t’a regardé quand tu t’es occupé de la jeune Huyga, dit Naruto. Comment il a pris soin de toi alors que tu étais encore inconsciente ? Tu…
- Et tu m’expliques depuis quand tu es devenu un expert en décryptage de « comportement Uchiha » ? Sérieusement, tu fais la différence entre son regard exaspéré genre « quels boulets mes équipiers », dit-elle en adoptant une attitude la plus inexpressive possible, et son regard « je tiens à toi », ajoute-t-elle en gardant exactement le même regard que précédemment.
- Tu exagères, dit Naruto en étouffant un petit rire. Il est plus transparent qu’il ne le croit. Et crois-moi quand je te dis qu’il tient à toi plus qu’il ne se l’avoue lui-même.
- Que ce soit vrai ou non, la question n’aura bientôt plus beaucoup d’intérêt…
- Qu’est-ce que tu veux dire ? demande Naruto en laissant éclater son inquiétude dans ses grands yeux bleus.
- J’ai accepté de passer l’examen junin, dit d’une voix faible Sakura.
- C’est génial ! s’exclame Naruto. Tu vas réussir sans problème j’en suis certain… Mais je ne comprends pas que ça change…
- Si je réussi, dit-elle en espérant ne pas se montrer trop sûre d’elle en faisant cette hypothèse, j’aurais une équipe à moi, une nouvelle équipe…
- Tu veux dire que tu ne feras plus partie de notre équipe ?!
- Uniquement si je réussi, lui rappelle-t-elle.
- Dis pas de bêtises, bien sûr que tu vas réussir !

Sakura est plus touchée qu’elle ne l’aurait cru par le mélange de confiance et de peine qui s’exprime dans le regard de son équipier. Mais la réaction qu’elle avait eue envers Sasuke lui prouve que sa décision est la bonne. Elle refuse de tomber dans les erreurs du passé.

Cependant, elle frissonne lorsqu’elle entend clairement les mots de Naruto.

- Alors tu préfères fuir…



Nyah fixe les ombres de la rue comme si sa vie en dépendait… Ah bien y réfléchir, c’est surement le cas. Mais elle ne voit ni un passant, ni un mouvement, rien, absolument rien. Seul le souffle oppressé de l’ANBU lui parvient au creux de l’oreille et elle détaille incrédule deux silhouettes qui se détachent de la ruelle. Elle les observe avec un calme qui l’étonne elle-même en détaillant les lourdes capes noires parsemées de motifs rouge et leur démarche lente. Elle reconnait sans peine l’homme aux cheveux blonds et celui à la peau bleue. Puis la réalité de la situation explose devant ses yeux et Nyah se met à trembler. Lune renforce son étreinte et la maintient fermement contre le mur froid contre lequel elles se sont dissimulées. L’ANBU est si proche d’elle que Nyah sent les battements affolés de son cœur et elle devine l’effroi sans peine sous le masque.

- C’est la quatrième planque qu’on fouille et rien, encore ! s’exclame l’homme à la mèche blonde. Elle nous a encore glissé entre les mains et on a rien à se mettre sous la dent. Même pas un tout petit indice. Dans aucune de ses planques, pas un objet personnel, une photo, une piste, rien que des murs et de quoi survivre. C’est pas un être humain cette femme, c’est un…
- … gardien, termine le ninja reptilien. Je suppose que ça fait d’elle une catégorie à part entière.

Le cœur de Nyah manque un battement quand les deux ninjas s’arrêtent brusquement et se tournent vers elles. Leurs regards froids scrutent les ténèbres, passant et repassant à l’aveugle sur leur position. Lune se rapproche encore plus d’elle en passant son bras droit autour de sa taille. D’un geste, elle lui fait comprendre qu’elle doit s’accrocher, ce qu’elle fait du mieux qu’elle peut en essayant de la gêner le moins possible. Puis Nyah étouffe un sursaut lorsqu’elle se rend compte qu’elles sont en train de monter à l’horizontale le mur contre lequel elles se tenaient il y a une minute. Dans un réflexe, elle plonge son visage dans le cou de Lune et essaye de placer ses jambes du mieux qu’elle peut pour ne pas gêner sa progression. Elle a l’impression d’être un enfant qui se pelotonne dans les bras d’un de ses parents. A travers le voile des cheveux de l’ANBU, Nyah voit les deux membres de l’Akatsuki lever la tête et croiser son regard.

Un souffle froid lui dévore l’esprit, lui glace le cœur qui semble s’arrêter une seconde.

Lune accélère soudainement l’allure et bien vite, elles se retrouvent au sommet de l’immeuble. L’ANBU libère la jeune femme pour effectuer une série de signes à une vitesse folle. Sous ses yeux, une bonne dizaine de clones prenant tour à tour son apparence et celle de Lune apparaissent. Puis un épais voile de fumée miroitante s’élève, Lune empoigne Nyah sans ménagement et elle saute d’immeuble en immeuble avec une facilité déconcertante. Mais Nyah voit sans peine que cela n’a en rien dérouté leurs poursuivants qui se sont élancés à leur poursuite avec la même vélocité.

Le vent qui souffle sur son visage à chacun des sauts de l’ANBU, la clarté étonnante dispensée par l’astre aux teintes rousses qui semble les regarder de haut, la férocité du regard de leurs assaillants, la respiration saccadée de Lune qui dépasse de loin ses limites physiques dans cette fuite éperdue… Nyah observe toute la scène avec un curieux détachement, bien consciente que la personne qui la tient si fermement préfèrerait la voir morte que vivante dans les griffes de l’Akatsuki.

Puis elle voit de nombreux petits insectes au corps blancs se précipiter sur elles, s’accrochant à ses habits, les poursuivre et même les devancer sur le prochain toit sur lequel Lune prend appui. L’ANBU se débarrasse d’un geste agacé de ceux qui se sont agrippés à son bras en étouffant un juron bien senti. Nyah voit avec stupeur les créations de Deidara exploser dans une étincelle aveuglante des plus étonnantes au vue de leur petite taille. Déstabilisée, Lune tombe dans le vide, se réceptionnant sans heurt dans une petite ruelle aux allures de cul de sac.

Les deux membres de l’Akatsuki sont déjà là et s’avancent. Mais Nyah remarque que Lune affiche curieusement une attitude des plus sereines. Elle se penche vers elle et dit dans un souffle avant de dégainer son katana :

- Ce ne sont que des clones, lache-t-elle. Ils sont relativement puissants pour n’être que de simples clones, mais je dois pouvoir les immobiliser suffisamment longtemps pour qu’on puisse fuir.

Lune prend une grande inspiration et fixe Nyah d’un air contrarié. Ce qu’elle s’apprête à faire, elle ne l’a encore jamais fait devant personne d’autre que ceux qui ont subi cette attaque. Et elle n’avait jamais laissé personne en vie suffisamment longtemps pour le voir une seconde fois. Elle se maudit d’être obligée de le faire devant témoin, qui plus est, un témoin aussi curieux….



Kakashi enrage. Encore une fois Chance avait eu raison et il n’avait pas fallu longtemps au ninja de Suna pour le repérer. Du coup, il s’est placé à ses côtés et continue à progresser en silence et apparemment sans but dans les ruelles des bas quartiers de Suna. En observant Celn, Kakashi se rend compte avec surprise que son esprit fourmille de questions. Peu habitué à ressentir une telle curiosité envers qui que ce soit, il se rend bien compte que si l’on excepte la première question évidente, à savoir quel est le but de cette randonnée nocturne, toutes les autres n’ont qu’un et qu’un seul véritable sujet…

Quel est le lien entre Celn et Yoshiko ?

La pointe de jalousie qu’il éprouve en se disant que Celn avait été présent pour Yoshiko pendant ces cinq ans où il l’avait crû morte lui semble à la limite du supportable. Il le détaille une seconde. Ses yeux clairs, ses cheveux noirs et son teint hâlé lui donne un visage agréable, il doit avoir entre vingt et vingt-cinq ans. Il…

Coupant court à ses réflexions, une série d’explosions explosent dans la nuit. Kakashi est surpris de voir que Celn s’y attendait, c’est comme s’il était parti en quête de ce signe pour savoir où il allait.

- Lune !



La jeune femme d’un geste rapide dévoile son visage dans la nuit claire. Nyah, malgré la situation ne peut s’empêcher de dévorer du regard, stupéfaite, le visage de l’ANBU. Elle détaille la lune rouge en croissant, stylisée et discrète qui s’affiche sur sa tempe. Mais ce qui la cloue sur place, ce sont les yeux de la jeune femme qui semblent s’illuminer dans la nuit, deux perles d’améthyste veinée d’or qui observent avec une attitude glaciale les deux hommes qui s’avancent. Nyah retient à grand peine un mouvement de recul.

Toutes les légendes Suniennes, celles que l’on conte aux enfants du désert les nuits de pleine-lune, légendes qui ont bercées son enfance sont peuplées de Djinns, ces démons des sables qui prennent une apparence humaine pour tromper leurs victimes. Mais à chaque fois, leur nature monstrueuse est toujours révélée par une beauté irréelle et un regard d’un bleu-violacé pareil à celui de Lune. Cette peur irrationnelle ancrée depuis l’enfance qu’elle-même a bien du mal à contenir lui fait comprendre pourquoi l’ANBU préférait de loin dissimuler son regard derrière un masque.

Lune se baisse et pose une main à terre en fixant ses adversaires. Soudain une décharge d’électricité bleutée se déchaîne dans sa main et court en direction du ninja blond qui esquive d’un saut vers la gauche. Mais déjà plusieurs décharges l’assaillent de toute part, anticipant chacun de ses mouvements dans un déluge de feu qui semble lire tous ses gestes. Puis Nyah comprend. Elle anticipe réellement toutes ces réactions, voilà pourquoi elle a libéré son regard, elle utilise son don de gardien. Elle sait exactement où il allait poser son pied et quel riposte il prépare. Mais si cette technique semble imparable, il n’est pas totalement infaillible contre deux adversaires. Elle voit avec horreur le ninja à la lourde épée surgir dans son dos pour lui asséner un coup qu’elle évite de justesse.

Lune se relève difficilement, avait-elle réellement évité l’attaque? Le ninja à la peau bleue lui envoie un coup tellement violent que Nyah voit avec stupeur le corps de Lune se faire projeter contre un pan de mur qui s’effondre et exploser ! Puis elle réapparait comme par magie dans son dos et l’assomme une seconde avant que le souffle d’une explosion ne la projette en avant contre le mur qui s’écroule sous la violence du choc. Cette fois Lune semble réellement mal en point et lorsqu’elle se dégage des décombres, sa tunique d’ANBU est si déchiquetée et ensanglantée que Nyah se demande comment elle peut se tenir encore debout devant elle. Nyah se force à ne pas détourner les yeux devant ce regard qui réveille en elle toutes les terreurs enfantines que ne demande qu’à ressurgir.

Mais déjà le ninja reptilien fait tourner l’épée gigantesque qu’il tient entre ses mains et Lune s’interpose entre l’arme et Nyah. Pliée en deux par la douleur, elle ne perd cependant pas son temps et enchaîne les mandrins en faisant apparaître une boule de feu qui dévaste la scène. A bout de souffle, elle sait qu’elle ne tiendra pas beaucoup plus de temps et qu’elle allait devoir abandonner son plan initial.

Le son crissant du chidori crépite dans la ruelle et le clone de Kisame se fait transpercer de part en part par le ninja au sharingan. Puis c’est au tour de Celn de faire son apparition dans l’ombre du ninja blond et de faire disparaître le ninja à la mèche blonde d’un coup de kunaï.

Lune les fixe estomaquée. Kakashi affiche à peine un air surpris lorsqu’il croise les yeux étincelants de l’ANBU mais Celn parvient à peine à contenir son étonnement.

- Bandes d’idiots ! s’exclame Lune. Je cherchais à les immobiliser pas à les détruire. Maintenant ils connaissent notre position !

C’est au tour de Celn de s’emporter. Il retient difficilement ses mots qui finalement explosent dans sa bouche.

- Lune, c’est la première fois que je t’entends faire une phrase dont je comprends non seulement tous les mots mais aussi toute la signification et tu nous engueules pour avoir voulu t’aider ! Non mais dites-moi que je rêve !

Le mouvement de recul qu’il avait eu en voyant son visage s’efface bien vite au profit de la colère et pour la première fois depuis des années, quelqu’un affronte le regard du gardien sans une once de peur ou de dégoût. Lune se calme aussi vite qu’elle s’était mise en colère devant cette situation si incongrue.

Tout en marchant et en tentant de ne pas montrer à quel point sa jambe droite la fait souffrir, Lune sait qu’il lui faudra deux choses : partir cette nuit avec toute l’équipe alors qu’elle est encore loin d’avoir déchiffrée la carte alambiquée que lui avait laissé son ancêtre et un nouveau masque. Rapidement.








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