Fiction: Les lettres d'Itachi

Cette histoire prend place après la révélation des véritables intentions d'Itachi. Tsunade reçoit un étrange message qui lui promet des informations sur Itachi. Sasuke est aussi convié au rendez vous. Lors de la rencontre, une jeune femme dissimulée derrière un masque d'ANBU remet un paquet de lettres à Sasuke, écrites par Itachi lui-même.
Classé: -16I | Action/Aventure | Mots: 168957 | Comments: 83 | Favs: 68
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elane. (Masculin), le 01/02/2014
Petite entracte entre les deux premières épreuves de l'examen chunin.



Chapitre 37: Plus de temps qu'il n'en faut...



Océan se réveille en sursaut, engoncé sous de lourdes couvertures, une goutte de sueur froide perlant sur sa tempe. Il n’a qu’à fermer les yeux pour sentir la vague d’ondes mordantes qui l’avait envahit puis submergé au point de tomber à terre, se mordant les lèvres jusqu’au sang pour ne pas crier. Mais plus que la douleur, c’est la honte qui le fait trembler.

Il avait dû afficher un spectacle tellement pathétique qu’Éclat et Aigle l’avaient délivré de l’emprise de cet anneau bien trop tôt, bien avant les quatre minutes. Et force est de constater qu’il n’avait fait que l’empêcher de l’enlever lui-même ce maudit bracelet, ce qui l’aurait enfoncé un peu plus dans un désespoir des plus profonds.
Il avait fait un bien piètre chef d’équipe. Ils avaient du perdre toute confiance en lui et il ne peut les en blâmer. Il repense avec amertume à tout ce que lui avait dit son Maître. Il allait avoir du mal à soutenir son regard après un tel échec.

Il sursaute quand il entend que l’on toque doucement à la porte. Un instant, il est tenté de ne pas répondre et de s’enfouir un peu plus sous les couvertures. Mais il décide de ne pas ajouter la lâcheté à son comportement, il allait devoir les affronter tôt ou tard.

Il se relève au prix d’un effort qui le fait trembler de tous ses membres. Il sent encore les vestiges de l’onde d’un froid glacial le parcourir et l’envahir jusqu’à la moelle. Il a honte de se sentir si faible et lance un « entrez » qu’il aurait souhaité moins craintif.

Aigle et Éclat s’avancent sans un bruit tandis que leur équipier rassemble tout son courage pour leur parler.

- Océan ! s’exclame Éclat. Tu…

Mais Océan lève un bras pour le faire taire et parle à son tour :
- Ce que j’ai à vous dire n’est déjà pas facile alors j’aimerai que vous ne m’interrompiez pas.

Éclat ouvre la bouche mais les mots semblent mourir sur ses lèvres devant le sérieux d’Océan.

- Aigle, Océan, j’avoue qu’au départ, j’étais en colère contre vous. Mais c’était totalement injuste de ma part. C’est moi qui n’ai pas réussi à…
- Océan, dit Aigle…

Mais encore une fois, il poursuit sans l’écouter :
- La vérité c’est que tout est de ma…
- OCÉAN ! s’enflamme Eclat. On a passé la première épreuve !

Ses yeux bleus s’étirent et il scrute ses co-équipiers comme si soudainement ils se mettaient à parler dans une langue qui lui était totalement inconnue.

- Que… Quoi…Comment !?
- Le véritable test était pour nous, pas pour toi, dit Aigle.
- Et Aigle l’a passé avec une petite pointe mélodramatique des plus charmantes, dit Eclat tout sourire.
- ECLAT !

Océan se demande dans quelle dimension parallèle il s’est glissé pour qu’Eclat réussisse à déclencher les foudres d’Aigle aussi facilement et qu’il réussisse une épreuve sans qu’il en comprenne la raison. Il sourit en voyant ses deux équipiers s’invectiver joyeusement, il a l’espace d’un instant l’impression de se retrouver au milieu d’une des querelles incessantes qui éclatent avec la régularité d’un métronome entre ses deux petits frères. Pour vérifier ses soupçons, il s’apprête à tenter la technique imparable qui dissipe toujours en un rien de temps la tension entre Kan’ et Mo’. Il s’approche et plante son regard dans les yeux d’Eclat, affiche un petit sourire et se met à parler doucement.

- Expliquez-moi, je veux tout savoir.

Le silence léger, brisé uniquement par les explications calmes de ses deux partenaires confirment ses craintes… Il a définitivement basculé dans un monde bien étrange.


Une fois sorti de la chambre d’Océan, Éclat s’affale sur le lit que les examinateurs lui avaient attribué et pose son regard sur son équipière d’un air inquisiteur. Sans lui prêter attention, elle s’assoit calmement sur une chaise dans un silence inconfortable.

- Alors c’était ça que Maître Yoshiko t’avait dit cette fois-là. Avec Océan, on s’est longtemps demandé ce qu’elle avait bien pu trouver pour te faire changer d’attitude… Que tu nous ferais échouer dès les premières épreuves ?
- Entre autre choses, répond-elle en posant son regard cotonneux sur lui.
- Comment te sens-tu? demande-t-il.
- Je vais bien, répond-elle d’un ton prudent.

Eclat se lève d’un bond. Il s’approche, pose sa main sur l’épaule d’Aigle, retenant son sursaut et plante son regard dans ses yeux clairs avec un air qui rend la jeune Hyuga des plus nerveuses.

- J’ai beau savoir que tu mens, je ne vois rien. Ni dans ton regard, ni dans tes gestes…

Aigle se libère brusquement de son emprise, détournant le regard en tremblant de colère devant l’effronterie de son équipier. Lui dire qu’elle ment… Même si c’était vrai, il n’en a aucun droit.

- Pour Océan, continue Éclat, je n’ai eu aucun mal à savoir qu’il allait s’effondrer, peut-être même avant qu’il ne le sache lui-même. Mais toi, tu étais à deux doigts de mourir, sous mes yeux et je n’ai rien vu. En ce moment même, il est impossible que tu aies déjà récupéré de tes blessures. Et encore une fois, je ne vois rien, aucune différence entre le moment où tu étais mourante et celui où tu nous regardais de haut avant que tu ne fasses réellement partie de cette équipe.

Aigle le fixe et si elle paraissait en général des plus impassibles à son équipier, il n’a aucun mal à lire la colère dans tout son être.

- Je vais être franc, Océan est mal en point et je ne pense pas qu’il sera complètement remis pour la deuxième épreuve. Mais cela ne m’inquiète pas trop car je n’ai pas besoin qu’il ouvre la bouche pour savoir s’il a besoin d’aide ou non. Mais toi… Je dois savoir si je peux compter sur toi. De même que tu dois savoir que mon soutien, tu l’auras toujours, si tu le demandes.

Dissimuler sa douleur à sa sœur, à son père, elle l’avait fait toujours fait. Elle avait depuis aussi longtemps qu’elle se souvienne réussi à ne rien montrer, à tel point que ces ondes mordantes qu’elle ressent encore et qui lui transpercent l’abdomen en partant du sceau sanglant que la kunoïchi aux cheveux roses lui avait apposé lui semblent presque naturelles. Avec les années, elle s’était presque habituée et avait su garder un visage de marbre en toute circonstance. Elle avait appris à enfouir ces lames tranchantes qui la déchirait pour ne pas inquiéter son père, pour éviter que sa sœur en soit aussi victime, pour ne pas montrer à cet homme qu’il avait gagné une quelconque emprise sur elle. Depuis tant d’années, elle s’était cachée derrière ce masque car elle ne pouvait faire confiance qu’à elle-même.

La jeune fille se tourne alors vers Eclat, surprise par son air serein. Pour la première fois, elle peut se permettre de laisser glisser un peu le masque. Peut-être…

D’un geste lent qui la surprend elle-même, elle remonte légèrement son haut pour lui montrer le sceau carmin qui s’étale sur son ventre et les nombreuses cicatrices qu’elle est encore incapable de dissimuler.

- Tant que sceau n’aura pas disparu, je suis incapable de me servir normalement de mon chakra… Je n’ai même pas la force de les camoufler, murmure-t-elle en replaçant doucement sa tunique.

Eclat pose sa main sur la sienne :
- Alors tu peux compter sur moi, vous pouvez comptez tous les deux sur moi. On la passera cette deuxième épreuve !
- Faudrait mieux, parce que je n’ai pas envie de savoir ce que Maître Yoshiko pourrait inventer pour nous torturer si on échouait dès la deuxième épreuve, dit Aigle.
- Peut-être un nouveau surnom…
- Je commence à peine à m’habituer à celui-ci, dit-elle.

Ils rigolent doucement en pensant au même instant qu’ils avaient bien plus que « commencer à s’y habituer ».

- Aigle, tu y crois toi à ce que l’on a lu sur la carte ? Tu penses que c’est possible…
- A vrai dire, je n’en ai lu qu’une toute petite partie, dit Aigle perplexe.

Soudain des pas feutrés dans le couloir, au niveau de la chambre d’Océan se font entendre, coupant court à leur discussion. Ils se précipitent dans le couloir pour voir la jeune genin du Sable qui avait parlé à Océan pendant la première épreuve se glisser dans sa chambre. Sans vraiment réfléchir, ils se faufilent dans le couloir et tendent l’oreille.



Pensant que ses deux équipiers avaient oublié quelque chose, Océan s’apprête à prendre la parole le premier lorsqu’il voit avec surprise Ana s’avancer d’une démarche encore un peu hésitante.

- Je dois avouer que je suis impressionnée, je ne pensais pas que tu aurais pu tenir les quatre minutes…
Océan la dévisage, intrigué. Il n’avait pas tenu les quatre minutes, mais elle apparemment si. Il se relève en grimaçant ne sachant trop quoi répondre à ce compliment qu’il ne mérite pas. Mais était-ce réellement un compliment ?
- La prochaine épreuve est dans deux jours, le temps de récupérer. J’espère que tu seras remis sur pied d’ici là, ajoute Ana.
- Deux jours, plus de temps qu’il n’en faut, dit Océan en souriant.
- Exactement, dit lentement Ana.

Elle tourne son regard clair vers la porte et l’ouvre brusquement surprenant Aigle et Eclat qui tentent vaguement de reprendre une contenance.

- Écoutez au porte n’est pas très poli, lance Ana. Entrez !

Le regard baissé, ils avancent pendant qu’Ana trace un signe sur le sol qui s’évapore en une fumée blanche. Un petit truc que son frère lui avait appris pour éloigner les opportuns, particulièrement efficace.
Ana regarde un à un les membres de l’équipe huit ne sachant trop par où commencer.

- J’avoue que j’en attendais pas moins de l’équipe de Nami…
- Nami !? reprennent en cœur les trois équipiers.
- La grande blonde toute mince aux yeux bleus qui donne des surnoms à tout ce qui bouge, ajoute d’un ton tranchant Ana.
- Ah oui, c’est définitivement elle, dit Eclat d’un ton laconique, Nami…
- J’aimerai en savoir plus sur votre arrivée. Il y a beaucoup de rumeurs qui circulent mais je voudrais apprendre ce qu’il s’est réellement passé.
- Pourquoi ? demande Océan.
- Donnant donnant, répond Ana. Vous m’expliquez et je vous dis pourquoi…
- Dis-nous d’abord pourquoi tu appelles Maître Yoshiko Nami, dit Eclat. Après on commencera peut-être à négocier des « donnant donnant ».

Ana observe les trois membres de l’équipe huit comme si elle n’avait pas compris la question. Yoshiko, c’est donc ça son vrai nom.

- C’était son nom d’emprunt quand elle était en mission à Suna, dit-elle.

Visiblement son équipe n’est pas au courant de cette mission et veut manifestement en savoir plus. Magnanime elle décide de continuer un peu ses explications encouragée par leurs regards quémandeurs.

- Votre Maître était en mission d’infiltration à Suna pour démonter pièce après pièce un complot de l’Akatsuki. Mon frère n’a pas mis longtemps à comprendre que ce complot visait à manipuler Suna contre Konoha et que ni l’un ni l’autre n’en sortirait gagnant. Il a donc utilisé toutes ses ressources pour l’aider. Il était lui-même en mission d’espionnage dans l’une des Familles de Suna.
- Une des Familles ?
- Toutes les activités illégales de Suna sont contrôlées par les trois Familles et mon frère était dans la plus importante, celle d’Œil de Verre, soupire Ana devant leur ignorance.

Œil de Verre… A tous les coups c’était une nouvelle victime de la tendance de leur Maître à distribuer des surnoms à tout va, pense Eclat tout sourire à l’idée que son Maître donne des surnoms à tout le monde, qu’il soit patron de la pègre de Suna ou jeune genin sous ses ordres…

- Mon frère était chargé de la surveillance du fils du patron. A l’époque la guerre entre les trois Familles faisait rage et le fils d’Œil de Verre a été enlevé sous les yeux de mon frère impuissant. Pour motiver mon frère à retrouver son fils, Œil de Verre m’avait fait enlever, lui promettant que tout ce qui arriverait à son fils m’arriverait à moi aussi. Mon frère était coincé. Il ne pouvait pas faire appel à ses contacts ANBU sous peine de dévoiler sa couverture, il était seul. Alors il a fait appel à votre Maître qui lui accordé son aide sans réserve. Ils ont retrouvé le fils d’Œil de Verre et j’ai été libéré.

Ana se souvient comme si c’était hier de l’apparition de la jeune femme qui accompagnait son frère lorsqu’ils l’avaient sorti des griffes de ses geôliers. Yoshiko avait été blessé et son frère aussi mal en point qu’elle lui avait forcé la main pour qu’elle reste un temps chez eux, le temps qu’elle se remette. Les jours qui avaient suivi, elle les avaient passés avec son frère et la jeune femme. Et doucement, elle lui avait fait regagner sa confiance perdue. Elle l’avait aidé dans ses entraînements, montré qu’elle pouvait réussir là où elle avait toujours échoué, qu’elle pouvait devenir un vrai shinobi. Elle s’était prise à rêver qu’elle resterait et s’était découvert un but et l’envie de mériter ses attentions et le temps qu’elle lui avait accordé.

Et aujourd’hui, avec son retour, elle avait vu son frère s’agiter dans tous les sens, reprendre ses contacts… Il ne l’aurait fait pour personne d’autre qu’elle. Sa venue devait cacher autre chose que l’examen chunin. Son frère lui avait appris depuis toujours à laisser traîner ses oreilles et quand elle avait appris sa confrontation avec l’Akatsuki, cela avait confirmé ses soupçons.

Elle avait un moyen de lui rendre service à son tour, de lui montrer qu’elle était devenu un vrai shinobi, de la revoir… Elle n’aurait pas manqué cette chance pour rien au monde.

- Pour être totalement honnête, dit Aigle, j’ai l’impression que tu connais bien plus de choses que nous sur notre Maître.
- Mais on peut t’éclairer un peu sur la véritable raison de sa présence à Suna, dit Océan.

Sans être interrompu, il raconte le rôle de ses parents de cette histoire, le lien avec le clan Anima et les quatre attaques qu’avaient subies le Sable, la recherche du Souffle du Sable…

Ana enregistre toutes ses informations en silence et commence déjà à réfléchir à des pistes. Depuis toute petite, elle avait vu son frère agir et elle avait déjà sa petite idée sur la marche à suivre.

- Comme je le disais, la deuxième épreuve n’aura lieu que dans deux jours. Plus de temps qu’il n’en faut pour mener notre propre enquête, dit-elle un petit sourire en coin.

Elle n’a pas besoin de scruter le visage de l’équipe de Chance pour savoir qu’ils sont aussi avides qu’elle d’en apprendre plus sur toute cette histoire de même que sur leur Maître…


Sasuke fait disparaître d’un geste l’image qui s’affichait dans le miroir de leur chambre. Le petit dispositif qu’avait mis la jeune genin était efficace il est vrai, mais pas assez… Aucune des paroles qui avaient été échangées ne leur avaient échappées.

Naruto le regarde, un petit sourire en coin.

- On leur propose notre aide ?
- Non, je suis plutôt d’avis qu’on les suive à distance et qu’on assure leurs arrières.

Naruto acquiesce en silence d’un hochement de tête…


Éclat lève un sourcil en soupirant. Ce matin, lorsqu’Ana avait toqué discrètement à leur porte et qu’ils s’étaient faufilés dans le couloir comme des ombres, un frisson délicieux l’avait parcouru de part en part. Il allait se lancer dans l’inconnu, l’aventure avec un grand A. Une mission dont Maître Yoshiko ne devrait jamais entendre parler, une occasion d’en savoir plus sur toute cette histoire et sur leur Maître…

Et, même s’il n’avait que peu de certitudes en ce bas monde, l’Aventure ne ressemblait en rien à ça.

Sous prétexte d’en savoir plus sur les Anima, la jeune fille les avaient amené chez un vieil excentrique dont le passe-temps officiel est de collectionner les livres, tous les livres, sur tous les sujets. En détaillant la pièce, il n’aurait su dire s’il vivait au milieu des livres ou si c’étaient les livres qui toléraient sa présence. Apparemment cet homme au regard perdu derrière des verres impressionnants est un bon ami d’Ana. Il les avait accueilli à bras ouvert et les avaient même aidé à dégager des piles instables les livres qui paraissaient les plus prometteurs.

Océan est des plus à l’aise au milieu de tous ses livres, le fait d’avoir ses deux parents professeurs doit sûrement aider, pense Eclat. Aigle et Ana se sont perdues au milieu d’une forteresse de papiers alors qu’il a à peine réussi à dépasser les premières pages de l’énorme livre à couverture dorée qu’il tient dans ses mains.

« Le Clan Anima : Apogée et Déclin du clan du Soleil »

Passionnant, pense Éclat avec ironie…

Dans une ultime tentative d’échapper encore quelques instants à la lecture de ses lignes qui lui arrachent déjà des bâillements à répétition, il ne peut s’empêcher de remarquer qu’Ana et Aigle sont chacune adossées à un des coins de la pièce et tentent de s’ignorer superbement. Pour une raison qu’il n’arrive pas à comprendre, elles semblent s’être prises en grippe dès le premier échange de regard. Et il ne saurait trop expliquer pourquoi mais cette simple idée l’amuse énormément.

Prenant son courage à deux mains, il décide de se plonger de nouveau dans les pages poussiéreuses et découvre bien vite un passage prometteur.

Le pouvoir le plus puissant du Clan Anima n’est autre que le Souffle du Sable. Ce pouvoir est détenu par un membre du clan. Lorsque l’Enfant porteur de la marque paraît, il est retiré à la garde de ses parents pour être confié à une famille qui devra s’installer sous la surveillance du Kazekage à Suna.
Les raisons de cette séparation sont nombreuses. Premièrement, la montée en puissance du Clan Anima a toujours rendu prudent le pouvoir en place prudent. Deuxièmement, l’utilisation du Souffle du Sable nécessite le sacrifice de l’Enfant, ce qui explique la rupture de tout lien entre l’enfant et sa famille proche. Il est d’ailleurs de coutume de retirer l’enfant à sa mère avant qu’elle ne l’ait vu et de lui mentir sur son sexe. Cette mesure de précaution s’ajoute au fait que la marque que porte l’enfant sur son dos est protégée par un jutsu puissant qui la rend invisible à quiconque la cherche.

Tous se dévisagent en prenant conscience des implications de ces quelques lignes. Ana leur fait un signe et ils comprennent qu’il est préférable de ne rien dire pour le moment. Après avoir rapidement pris congé, Ana les perd dans le dédale des ruelles de Suna avant de les conduire dans une vieille échoppe aux murs fatigués. Une pancarte de bois fatigué se balance mollement au grès du vent chaud du désert et annonce la bienvenue aux passants.

Ana s’installe à une table sans aplomb et le gérant, perdu derrière une masse impressionnante de cheveux emmêlés lui adresse un petit sourire et leur sert à tous un bol fumant. Les jeunes ninjas de Konoha sont bien en peine de définir le moindre des ingrédients qui gravitent dans cette soupe épaisse, mais dès la première bouchée la surprise se peint sur leur visage.

- J’ai jamais vraiment réussi à identifier ce qu’il y met, dit Ana, mais…
- C’est le meilleur truc que j’ai jamais mangé, termine Eclat en entamant son deuxième bol. Faut peut-être mieux pas savoir…
- Si je résume ce que l’on vient d’apprendre, dit Aigle, on recherche un couple qui a emménagé il y a dix-huit ans à Suna, un couple qui venait d’un des quatre villages fondé par les Gardiens avec un enfant …
- Et certainement une fille, pas un garçon, ajoute Océan.
- Je sais où l’on peut trouver ces informations, dit Ana. Les archives de la Ville consignent toutes les entrées et sorties des gens qui ont vécu à Suna…


Les deux clients qui dégustent leur plat en silence à la petite table du coin manquent de s’étouffer en voyant l’air dépité d’Eclat qui relève la tête de son bol. Ils échangent un regard de connivence avant de se replonger dans leur repas curieusement délicieux.


Éclat s’imagine déjà attaqué de toute part par des tonnes de papiers et soupire en se replongeant dans son bol. La prochaine fois qu’on lui proposerait une telle aventure, il se promet d’y réfléchir à deux fois !
Mais se rendre dans les archives municipales discrètement n’est pas si simple qu’il ne l’aurait pensé. Passer les deux sentinelles qui discutent comme deux commères est beaucoup plus facile que de déjouer les nombreuses mesures de sécurité qui barrent l’accès à la salle des Archives. Mais l’équipe de Chance constate qu’Ana démontre une habilité diabolique, certainement née de l’expérience, à passer tous les pièges qui se dressent sur sa route.

Et lorsque la dernière barrière cède, Éclat détaille, l’air dépité les tonnes de rouleaux entreposés soigneusement rangés sur des rangées d’étagères serrées. Ana continue à les mener d’un air décidé au milieu des tranchées qui s’alignent sous leurs yeux et attribue à chacun un stock impressionnant de paperasse à compulser lorsqu’un bruit se fait entendre.

Tous réagissent au quart de tour en tentant de se dissimuler dans les allées plongées dans la pénombre. Est-ce que les deux gardiens ont décidés de faire un tour pour vérifier que tout allaient bien. Ana leur avait assuré que les tours de gardes étaient quasi inexistants. Avaient-ils fait du bruit ? Possible…

Soudain, une lueur tremblotante éclaire la pièce noire et Ana baisse la tête, livide. Un homme que reconnait immédiatement Océan s’avance en silence, l’homme qui lui avait fait passer l’épreuve, le grand frère d’Ana. Océan a eu le temps de tout replacer et de mettre en place un genjutsu puissant. Peut-être ne les remarquerait-il pas ? Mais l’air résigné et apeuré qu’affiche Ana ne lui donne que peu d’espoir. Il fait un geste unique de la main et Ana sort de sa cachette en regardant ses pieds.

Celn furieux fixe les ombres :

- Sortez…

L’équipe huit à son tour affronte la colère du grand frère d’Ana.

- … tous !

Cette fois, c’est au tour d’Ana et de l’équipe de Chance de tomber des nues en voyant Naruto et Sasuke s’avancer.

Dans un silence inconfortable, tous sortent du bâtiment, d’un pas lent, sous les yeux des deux gardiens éberlués qui regardent non pas un mais une file improbable de shinobis sortir de la salle des Archives. Ils ont cependant la présence d’esprit de s’écarter bien vite devant l’aura dévastatrice qui se dégage du grand frère d’Ana.

Une fois dehors, Océan constate que la nuit s’est déjà installée, la chaleur sèche à fait place à une fraîcheur glaçante. Sous le regard de la lune rousse qui trône dans le ciel d’encre, la colère de Celn éclate :

- Tu m’expliques ce que tu comptais faire ! Tu as une idée des enjeux ! T’as une petite idée de ce que Nami pourrait me faire s’il arrivait la moindre chose à son équipe ! Tu as agis comme une idiote !

Celn tend la main vers l’équipe de Chance d’un geste brusque. Ana sursaute en n’osant lever les yeux sur son frère.

T’as la moindre idée de ce qu’il pourrait t’arriver à toi, pense-t-il en se gardant d’exprimer ses craintes à haute voix. S’approchant de sa petite sœur, il l’attrape par le col et la force à relever la tête.
Tu voulais la revoir tant que ça, pense-t-il.

- Suivez-moi, dit-il d’un ton sans appel.

Lorsqu’Ana voit les deux lourds battants en bois, elle sait immédiatement où son frère les mène et se raidit un peu plus sous l’œil inquiet d’Océan. Il comprend bien vite lorsqu’ils tombent nez à nez avec leur Maître en grande discussion avec Kakashi et Sakura dans la cour à ciel ouvert du grand immeuble fatigué qui se tient devant eux.
Le regard incrédule que lui lance Yoshiko et le silence gêné de tous ceux qui les observent curieux est définitivement de trop pour Ana qui tourne les talons et s’enfuit presque sous leur yeux. Yoshiko à son tour lui emboîte le pas, non sans avoir lancé un regard sombre chargé de reproches à son équipe qui détourne nerveusement les yeux.

Ana s’enferme dans une des chambres en claquant la porte de rage. Elle avait rêvé de ce moment, de ses retrouvailles avec Nami. Mais rien de ce qu’elle avait imaginé ne ressemblait à ça. Si son plan s’était déroulé comme elle l’avait prévu, elle lui aurait présenté une piste, un indice, quelque chose qui se serait révélé utile, quoi que ce soit, n’importe quoi. Et Nami lui aurait sourit comme elle le faisait lorsqu’elle réussissait un mouvement qu’elle lui avait appris, un jutsu ou même un tour à son grand frère… Comme avant.
Perdue dans ses pensées, elle sursaute quand elle entend la porte s’ouvrir.

- Ana…

Blessée dans son orgueil, elle se recroqueville dans un coin de la pièce, ramenant un peu plus ses jambes contre elle. Nami se tient devant elle. Elle n’ose la regarder. Son frère avait raison, elle s’était conduite comme la dernière des imbéciles et avait mis en danger tous ceux qu’elle avait entraînés dans sa folie. Et comme une ultime humiliation, elle n’avait pas remarqué une seule seconde la présence des deux ninjas qui les suivaient depuis le début… Elle se sent si ridicule et pathétique qu’elle baisse encore plus la tête.

- Ana, tu te rends comptes que cette histoire est directement liée à l’Akatsuki et que cette organisation m’a enlevé un à un tous les gens auxquels j’ai jamais tenu. Je n’aurai pas supporté que l’histoire se répète à nouveau…

Ana tremble, elle avait mis en danger son équipe et Nami avait toutes les raisons de lui en vouloir.

- Mais comme j’avais déjà anticipé ta réaction, j’ai demandé à Naruto de garder un œil sur vous.
La jeune fille relève les yeux incrédules devant le petit sourire de Nami.



- Tu es peut-être capable de surprendre ton frère, mais tu as encore du boulot pour me prendre à défaut gamine !
- Nami ! s’exclame Ana avec une attitude mi offensée mi amusée.
- Ça fait si longtemps Ana ! Tu vas pouvoir me raconter en détail toutes les fois où tu as réussis à rendre fou ton grand frère !

Yoshiko, soulagée, observe le visage d’Ana reprendre vie tout en se perdant dans les détails des stratagèmes compliqués qu’elle avait mis en place pour surprendre Celn. Elle lui en avait fait voir des vertes et des pas mûres à son grand frère.

- Tu savais que tu l’avais aussi surpris pendant la première épreuve, dit Yoshiko.
- Je ne voulais pas échouer parce que je voulais montrer que je pouvais réussir par moi-même, que je pouvais être à la hauteur, devant lui, devant toi.


Celn, bien qu’il ne l’aurait jamais avoué était inquiet pour sa petite sœur et se rapproche sans un bruit de la chambre. Il est surpris d’entendre des éclats de rires étouffés passer la lourde porte de bois. Sans un bruit, il tend l’oreille vers la porte et écoute le récit enflammé d’Ana racontant avec force de détails toutes les petites tortures auxquelles elle l’avait soumis sous les encouragements de Yoshiko.

Avec un petit sourire, il s’apprête à partir lorsqu’il surprend un changement de ton de la part de sa petite sœur.

- Je peux te poser une question Yoshiko ?

Ana avait encore du mal à prononcer son véritable prénom et elle la dévisage avec hésitation. Yoshiko l’encourage d’un hochement de tête à continuer.

- Pourquoi tu ne m’as jamais donné de surnom comme tu le fais pour tout le monde ?

Chance elle-même ne s’était jamais vraiment posé la question et y réfléchis quelques instants. La réponse lui paraît soudain évidente.

- La première fois que j’ai vu ton frère, il était désespéré. Il devait faire face seul à l’enlèvement de sa petite sœur et ne pouvait attendre d’aide de personne. Nous avons suivi une première piste qui n’a rien donné et Œil de Verre est entré dans une colère noire devant notre échec. Il a dit qu’il n’avait plus besoin des services de ton frère. Celn pensait t’avoir perdu jusqu’à ce qu’Œil de Verre se ravise et il a passé toute la nuit à me parler de sa petite sœur, de toi… Du coup, j’avais l’impression de te connaître avant même de t’avoir vu, je n’avais que ton prénom en tête lorsque je t’ai vu la première fois.

Celn s’éloigne doucement de la porte et se dirige vers la cour où l’équipe de Chance attend avec une certaine anxiété le verdict de leur Maitre. Il voit Naruto forcer l’Uchiha prendre du repos et demander du regard à la jeune fille aux cheveux roses de s’occuper de lui. Sasuke proteste pour la forme avant de se faire entraîner dans une des chambres de la pension. Le ninja au sharingan l’observe avec une attention qui le rend des plus nerveux.
Chance se plante devant les trois jeunes ninjas, le visage fermé avant de les envoyer dans une chambre de l’auberge avec la promesse glacée d’un « on verra ça plus tard ».

Celn lève les yeux vers l’immense lune rousse qui illumine le ciel. Sans un mot, il se lève et sort de l’auberge. Il allait suivre son intuition et jusqu’à présent il n’avait jamais eu à s’en plaindre.

Une brise légère le fait frissonner et un étrange pressentiment lui noue les entrailles.

La nuit ne fait que commencer et elle allait être longue.







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