Fiction: Les lettres d'Itachi

Cette histoire prend place après la révélation des véritables intentions d'Itachi. Tsunade reçoit un étrange message qui lui promet des informations sur Itachi. Sasuke est aussi convié au rendez vous. Lors de la rencontre, une jeune femme dissimulée derrière un masque d'ANBU remet un paquet de lettres à Sasuke, écrites par Itachi lui-même.
Classé: -16I | Action/Aventure | Mots: 168957 | Comments: 83 | Favs: 68
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Aller au
elane. (Masculin), le 21/01/2014
Un petit aperçu de la vie de Chance à Suna et l'arrivée de l'équipe de Gaï...



Chapitre 36: Le chat



Yoshiko en sortant du bureau du Kazekage affiche un air que Kakashi connaît bien. Elle a une petite idée derrière la tête et il n’allait pas devoir attendre bien longtemps avant de l’entendre. Il décide de suivre en silence ses pas rapides qui l’amènent se perdre dans le dédale des rues de Suna. Puis, sans prévenir, elle s’arrête et s’assoit sur un petit banc de bois noir, le regard perdu dans le vide.

Chance se penche légèrement en avant, le visage fermé. Kakashi prend place à ses côtés, silencieusement et attend. Sans s’en rendre compte, il pose sa main sur son bras qui tremble légèrement comme pour lui apporter son soutien tacite.

Yoshiko se tourne alors vers lui, émergeant doucement des remous de ses pensées troublées et lui adresse un petit sourire complice.

- Je n’ai pas l’intention d’attendre sagement un plan obscur pour un lieu étrange sans rien faire…

Le souvenir des petits mots étranges que Lune avait semé sur leur route avec Itachi ne la rend pas des plus confiantes…

- Je suppose que tu as sûrement des contacts utiles à Suna, dit Kakashi.

Le sourire qui s’épanouit sur le visage de Chance est une réponse des plus claires. Sous ses yeux, elle utilise sans un signe un jutsu de dissimulation. Sa tenue de junin disparaît pour faire place à un pantalon de toile noire et un haut sombre et ajusté. D’un geste, elle relève ses cheveux qu’elle tente d’emprisonner dans une pince qu’elle tire d’une de ses poches mais une mèche s’échappe déjà de son emprise. Kakashi ne peut s’empêcher de penser que c’est un combat perdu d’avance, ses longs cheveux blonds sont sûrement aussi indisciplinés qu’elle, et détaille avec un petit sourire sa longue silhouette qui apparaît si fragile, libérée de ses habits de junin.

A son tour, il effectue quelques signes pour prendre l’apparence d’un villageois et lui retourne son regard confiant.

- La procédure habituelle, Chef, dit Kakashi d’un ton amusé.

Les bas quartiers de Suna se présentent comme un imbroglio de rues et ruelles si petites et si engoncées entre les imposants immeubles de couleur ocre que même le soleil peine à s’y aventurer. Kakashi, à quelques mètres derrière Chance constate qu’elle se déplace avec une aisance toute naturelle au niveau de cette faune étrange de vendeurs à la sauvette, d’hommes aux regards louches, d’enfants aux habits rapiécés traînant leur ennui dans les ruelles les plus sombres.

- Nami !

Kakashi manque de sursauter en entendant le nom auquel Yoshiko répond. Nami Uchiha avait été son premier capitaine à Kuro, une personne qui avait laissé une empreinte dans la vie de Chance au moins aussi profonde qu’Obito ne l’avait fait pour lui. Il voit Yoshiko se retourner en souriant devant un jeune homme d’une petite vingtaine d’année à la peau hâlée par le soleil et au regard clair comme du cristal.

- Celn, incroyable c’est bien toi ?!
- Ça fait bien trois ou quatre ans…
- Dire que la dernière fois que je t’ai vu t’étais pas plus grand que ça, dit-elle en posant sa main à plat au dessous de son épaule avec un air moqueur.

Le jeune homme se renfrogne en affichant une mine que les traits de l’enfance n’ont pas encore complètement désertée.

- Apparemment toi t’as pas changée, dit-il d’un ton à la fois désabusé et amusé.

Nombre de questions se bousculent dans son regard d’azur, s’agitent et finalement meurent au profit d’une seule phrase où il laisse éclater ses craintes passées et son soulagement :
- J’ai longtemps crû que t’étais morte…

Mais il ne laisse pas le temps à Yoshiko de se lancer dans une quelconque réponse en ajoutant immédiatement :
- Je suppose que tu va au chat ?

Yoshiko acquiesce et le suit.

- Alors tu peux dire à la gravure de mode qui nous suit de ne pas rester quinze pas en arrière, ça me rend nerveux, lâche-t-il.

Une fois arrivé, Kakashi remarque que le chat qui fume porte particulièrement bien son nom. Du vieux bâtiment fatigué sort par chacun des nombreux interstices qui zèbrent sa façade une fumée volatile et entêtante qui le force une seconde à mettre sa main devant sa bouche. Il est presque surpris de ne pas trouver son masque sous ses doigts mais l’apparence d’un simple villageois ne lui permet pas de le garder, de même qu’il dissimule son sharingan sous l’apparence d’un regard noir. Il ne met pas longtemps à remarquer que les habits des plus classiques qu’il a choisis à la place de sa tenue de jonin sont des plus remarquables dans l’ambiance enfumée et feutrée des habitués de la taverne.

Yoshiko passe la porte battante dans un souffle suivie du jeune homme et s’accoude au comptoir avec une attitude des plus décontractées laissant les regards curieux glissés sur elle sans broncher. Celn et Kakashi prennent place à sa gauche et sur sa droite sans un mot lorsque le patron du bar, un homme à la stature aussi imposante que la voix apostrophe Yoshiko.

- Mais qui vois-je ?! Une revenante ! Quel bon vent t’amènes Nami!

Le rire qui ponctue sa phrase fait trembler tous les verres à l’aspect douteux qui sont entreposés derrière lui dans un tintement cristallin et attire tous les regards.

- C’est ton tord-boyau qui me manquait !

De nouveau une nouvelle salve éclate et le patron sort une bouteille poussiéreuse sans étiquette emplis d’un liquide rouge sombre et trois verres qu’il dépose en face des trois arrivants en les remplissant à raz bord. Kakashi remarque sans peine le regard affolé du jeune homme qui détaille le verre avec un air consterné. Réprimant difficilement un tremblement, il prend le verre et boit d’une traite le liquide avant d’être pris d’une quinte de toux irrépressible, plié en deux, les yeux larmoyants sous les rires à peine à peine contenus de l’assistance.
Ne se faisant pas prier et conscient qu’il s’agit d’une sorte de rite de passage au chat, Kakashi, à son tour avale à son tour son verre d’une seule et longue gorgée. Un feu puissant lui dévore le palais, lui brûle la langue avant de lui déchirer méthodiquement les entrailles et il peine à contenir les larmes qui lui montent aux yeux.

Puis il voit Yoshiko boire le sien sans trahir aucune émotion avant de le regarder avec un petit air de défi sournois.

Traitresse, pense Kakashi avec une pointe d’envie.

Il est le seul à avoir vu la discrète substitution qui avait transformé l’alcool sombre en un liquide moins « corrosif ». Pouvoir faire un jutsu sans un seul signe des mains peut décidément se montrer des plus efficaces dans des situations inattendues.

Le patron et toute l’assistance n’ont pas quitté Yoshiko des yeux et tous se mettent à rire d’un air entendu.

- J’ai encore jamais vu quelqu’un résister aussi bien à la spécialité maison ! Faut avouer que ton nouvel ami résiste presque aussi bien que ton ancien garde du corps gamine !

Kakashi est véritablement étonné quand il constate que les parois en verre de la bouteille résistent aussi bien à la chose qu’elle contient. Quant à l’ancien garde du corps de Nami… Serait-ce Itachi qui l’accompagnait dans ce bouge enfumé? Sans trop savoir pourquoi cette simple idée le met particulièrement mal à l’aise.

Le ninja au sharingan observe en silence Chance qui se tourne vers Celn, reprenant tout son sérieux et demande :
- Quoi de nouveau depuis la dernière fois ?
- Tout et rien, dit-il. Le Kazekage resserre la vis un peu plus chaque jour mais les restrictions ne changent finalement pas grand-chose, c’est toujours le règne des petites combines et le même combat quotidien entre les trois Familles. Certaines têtes sont tombées pour être aussitôt remplacées. Un éternel recommencement qui a lieu sous bonne garde.
- C’est toujours Œil de Verre qui dirige tout ce petit monde ?
- Non, plus maintenant, c’est son fils a pris le relais…

Le petit air de dégoût du jeune homme aussitôt repris par Chance lui fait comprendre que la nouvelle n’est pas des plus plaisantes.

- Comment cet imbécile a pu devancer son père ? Ca a du mettre un beau bordel…
- Encore plus que tu ne peux l’imaginer ! Mais je ne peux pas croire que tu sois là uniquement pour faire le tour des rumeurs et des ragots. Qu’est-ce que tu cherches ?
- Des renseignements…
- Je t’écoute.
- Je cherche des renseignements sur le clan Anima, tout ce que tu pourras trouver…
- Tu as décidé de ne pas te laisser ré-embarquer dans les pérégrinations de Lune…
- Décidément, on ne peut rien te cacher.
- J’ai pas attendu ton arrivée pour commencer à chercher mais pour l’instant c’est encore plus nébuleux que les pires des indications de Lune. T’aurais pas un truc pour moi, de quoi commencer ?

Chance plonge la main dans sa poche et lui tend une petite pièce d’argent. Il la dévisage, incrédule.

- Je ne peux pas accepter !
- J’ai besoin de toi, il est normal que je t’en donne les moyens. Le fils d’œil de Verre est peut-être un opportuniste fini, mais il honorera les dettes de son père.
- Si je comprends bien, tu me laisses l’honneur d’un tête-à-tête avec le fils prodigue du tyran…
- On peut décidément rien te cacher…
- On cherche un jeune homme de dix huit ans avec la marque des Anima dans le dos, dit Kakashi qui sort de sa réserve.
- Je vais voir ce que je peux faire et je vous tiens au courant, dit Celn.
- Au fait, comment s’est débrouillée ta petite sœur à l’examen ?
- Ana m’a surprise, dit-il avec un grand sourire fier. Presque autant que ta propre équipe, Chance, ajoute-t-il.

Alors qu’il s’apprête à sortir, il lâche une dernière phrase :
- Ah, j’allais oublier, il y a un énergumène en vert et sa miniature qui te cherchent avec une discrétion qui fait trembler toute la ville.


Yoshiko sort du chat et entraîne Kakashi en lui agrippant le bras. Elle le conduit dans une petite ruelle de Suna avant de grimper d’un bond sur les toits ocre des bas-quartiers. Elle ne lâche pas son bras et le force à s’asseoir en fixant l’horizon.

- Celn est une des rares personnes qui nous a aidées pendant notre mission avec Itachi. Il est d’ailleurs le seul à avoir tenu trois mois en tant qu’équipier de Lune, apparemment un véritable exploit. Et c’est ainsi qu’il a pris contact avec nous la première fois et compris que nos intérêts étaient communs. L’Akatsuki menait en bateau aussi bien le Sable que Konoha. Il a mis à notre disposition tous ses réseaux et a continué à nous aider, même après avoir arrêté de travailler avec Lune. Si quelqu’un a une chance de trouver un indice, n’importe quoi qui peut nous mettre sur une piste, c’est lui.

- La pièce, c’était quoi ?
- Œil-de-Verre me doit une faveur, dit Yoshiko d’un air sombre.

Kakashi a presque peur de lui en demander la raison. Il préfère lui laisser le bénéfice du doute et ne pas imaginer lequel de ces « n’importes quoi » en est la cause. Un instant, il souhaite en savoir plus sur « son garde du corps ».
Mais d’une certaine façon, il se surprend à penser que quelque soit sa réponse, elle ne lui plairait guère. Il regarde Yoshiko en proie à un tourbillon de sentiments si violents qui le bouleverse. Il avait envie de tout savoir sur ces cinq ans qu’elle avait passé loin de tout, loin de lui, connaître tout les détails, les gens qu’elle avait fréquentés… Et en même temps, il a peur de ce qu’il pourrait apprendre. Un sentiment de possessivité dont il ne se croyait pas capable l’envahit aussi brutalement qu’il se volatilise quand elle se tourne vers lui et sourit. Elle n’a toujours pas lâchée son bras et se rapproche de lui sans cesser de fixer le désert qui s’étend sous ses yeux.

- Je suis souvent venue me perdre sur les toits des bas-quartiers. Voir le soleil mourir sur les dunes dans cette ultime et désespérée débauche flamboyante qui s’éteint dans un souffle est la plus belle vue de tout Suna, dit-elle.

Mais Kakashi ne quitte pas Yoshiko du regard, la dévorant des yeux dans la lumière mordorée du crépuscule.

- La plus belle vue de Suna, répète-t-il pour lui-même…


Neji ne peut s’empêcher d’afficher un petit air soulagé lorsque le Kazekage en personne leur annonce que l’équipe de Chance et de Kakashi vont bien. Il ajoute même que les deux équipes ont passé avec brio la première étape de l’examen chunin. Rien de plus normal pour Naruto et Sasuke, la seule équipe à laquelle le Kazekage avait accordé l’autorisation de se présenter à l’examen à deux. Mais il ressent une grande fierté à l’idée de la réussite sa jeune cousine. Aigle. Il est sûrement le seul à savoir à quel point sa cousine s’est entraînée, encore et encore, au point de mériter le nom de génie.

Neji observe la foule d’émotions qui se bousculent sur le visage de son Maître. Soulagement, fierté, amusement et tant d’autres… Puis il le voit se perdre dans une de ces fameuses tirades que Lee écoute avec ferveur avant de se lancer dans un de ses défis tordus dont lui seul a le secret.

Après avoir vu son Maître mortellement sérieux et inquiet depuis deux jours, et peut-être bien pour la première fois de sa vie, il est ravi de le voir de nouveau débordant d’énergie. Un seul coup d’œil à Tenten lui permet de savoir qu’il n’est seul à penser ainsi.

- Lee, nous allons écumer toutes les rues et ruelles de cette ville et nous n’aurons de cesse d’arpenter les voies de Suna jusqu’à ce que nous retrouvions Chance et Kakashi !
- Nul ne saurait échapper à notre vigilance Maître! Comptez sur moi Maître Gaï pour…

Neji ne prête pas vraiment à la longue tirade enflammée de Lee, reprise en partie par Maître Gaï dont les yeux semblent littéralement lancer des étincelles.

- Allons-y, dit Tenten.

Ou comment briser brillamment en deux mots la succession des longues tirades qui auraient invariablement suivies pense Neji.

- Trêve de bavardages, ajoute-t-elle pour faire bonne mesure, en route !

Maître Gaï et Lee sont un temps sans voix devant Tenten, suivie de Neji qui prennent les devants en passant la porte du bureau du Kazekage.

A peine sortis de l’austère bâtiment, Maître Gaï et Lee emprunte la rue principale de Suna avant de se perdre dans les bas-quartiers, emplis d’échoppes, de coupe-gorges et d’hommes aux regards fuyants qui s’écartent bien vite devant l’énergie déployée par les deux tornades vertes.

Un instant, Neji regarde des plus perplexes Lee inspecter avec une attention toute particulière l’impressionnante rangée de vases entreposés dans un petit magasin ayant pignon sur rue.

- Lee ! Tu penses trouver quoi là ? demande Tenten avec un air désespéré.

L’idée de Kakashi ou même de Chance dissimulée dans l’une des amphores qu’il voit sous ses yeux et le spectacle de Lee en train de se dépêtrer tant bien que mal dans des explications de plus en plus farfelues allant même jusqu’à tenter de rentrer dans l’un des vases lui arrache un rare sourire qui n’échappe pas à Gaï.

Soudain, il manque de sursauter en entendant :
- Vert !

Kakashi, malgré son jutsu de dissimulation est des plus reconnaissables pour son byakugan alors que Yoshiko a seulement changer de vêtements et non d’apparence.

- Suivez-moi, dit-elle, je connais un endroit discret où passer la nuit au calme, Sakura doit déjà nous y attendre.

En une phrase, elle a empêché Gaï de se répandre dans une logorrhée inépuisable et Tenten aussi bien que Neji lui lancent un remerciement silencieux des plus éloquents. La nuit, tombée aussi brusquement que la température surprend les shinobis de Konoha qui suivent le pas rapide de Chance avant d’arriver à un grand bâtiment aux murs fatigués. Avant de frapper à l’impressionnante porte de bois, Chance leur lance un regard que tous comprennent sans un mot. Troquant leurs habits de ninja pour ceux de simples civils, Neji soupire en voyant l’accoutrement à dominance verte qu’ont adopté Lee et son Maître. Cela avait beau être un simple pantalon de toile verte et un haut assorti, il y avait quelque chose de particulièrement étrange et décalé qui s’en dégageait. Il surprend le même regard désabusé chez Tenten qui a adopté une tenue simple aux teintes rouge sombre, sobre et élégante à son image.

Les deux lourds battants de bois noir s’ouvrent dans un grincement peu engageant et un visage entouré de cheveux blanc s’orne sur la porte. Un homme d’une trentaine d’années jette un œil aux visiteurs et s’attarde une seconde incrédule devant Lee et son Maître avant de fixer son regard noir dans les yeux de Chance.

- Nami, alors comme ça t’es de retour et accompagnée à ce que je vois… Entrez, je vous attendais plus tôt, votre amie est déjà là.
- Toujours aussi bien informé à ce que je vois ?
- Passer au chat, c’est pas des plus discrets. Je vous ai préparé de quoi passer la nuit.

Chance hoche la tête en guise de remerciement et tous passent la porte pour pénétrer dans une petite cour intérieure à ciel ouvert avant de prendre possession de leur chambre.

Puis tous se réunissent dans la petite cour au regard des étoiles :
- Je suis soulagé de voir que ton équipe est arrivée à temps Kakashi, dit Gaï.
- Nous ne sommes arrivés que pour le final, dit le ninja au sharingan, Chance s’était déjà occupé du traitre et des ninjas de Kiri.
- Je n’étais pas seule, dit Chance. Il y avait un ANBU de l’équipe qui nous suivait qui a survécu à l’attaque du traître et mon équipe a su se montrer utile. Tous ont bien joué leur rôle.
Kakashi et Gaï échangent un regard de connivence en pensant qu’il n’y a pas si longtemps, ils en faisaient partis de « son équipe ».
- Je vais vous faire un rapide résumé de la situation, dit Chance. Le pays de Sable a subi quatre attaques de l’Akatsuki prenant pour cibles les quatre villages fondés par les gardiens d’un clan autrefois tout puissant dans Suna, le clan Anima. L’Akatsuki visait deux choses dans ces attaques. La première, qu’ils ont déjà en leur possession, l’amulette des possibles. Un objet capable de montrer le futur ou du moins ce qu’il pourrait être, un objet qu’ils ont déjà en leur possession. Le deuxième est le souffle du sable qui est capable de ramener à la vie une personne quelle qu’elle soit et de la replacer dans l’histoire sans que personne ne se rende compte de rien. Mais le souffle du sable n’est pas comme nous le pensions un objet mais une personne, un jeune homme de dix-huit ans qui porte la marque du clan dans le dos. Il a été enlevé à sa famille dès la naissance et n’a certainement aucune idée de sa réelle importance. Notre but est de le retrouver avant l’Akatsuki et de le ramener sous bonne garde au Kazekage.
- On commence par quoi ? demande Gaï.

Chance prend un air contrarié et répond prudemment :
- J’ai fait savoir à tout le monde que j’étais de nouveau de retour à Suna, dit-elle…

Kakashi grimace en repensant à son passage au chat…

- Et j’ai réactivé mon meilleur contact. Mais pour l’instant, notre seule piste est Lune. Elle possède le don des Anima et nous allons devoir suivre ses indications, dit Chance.
- Lune, ses indications, reprend Gaï avec curiosité.

Chance se met alors à expliquer en quelques mots simples sa mission au pays du Sable avec Itachi, leur chemin tortueux suivant les petites phrases sibyllines de Lune. A chacun de ses mots, l’équipe de Gaï tombe dans un mutisme des plus profonds.

L’ancien Chef de leur Maître avait fait équipe avec Itachi Uchiha. La récente réhabilitation du ninja déserteur ne les avait pas encore habitués à l’imaginer comme un allié et le fait que Chance avait fait équipe avec lui pendant ces cinq ans est des plus déroutants. Par contre, ils imaginent sans peine les réticences de Chance à se fier uniquement aux paroles de Lune…

Puis l’équipe de Gaï se retire laissant seuls Chance, Kakashi et Sakura dont l’attitude anxieuse n’avait échappé à personne.

- Sakura, tu as pris ta décision ? demande Kakashi d’un ton neutre.

Sakura en proie au doute hésite avant de répondre :
- Je n’ai aucune envie de quitter l’équipe sept, mais je veux aussi évoluer. J’accepte de passer l’examen junin, dit-elle d’une voix claire et posée.

Cette décision n’avait pas été simple à prendre mais les regards que lui lancent Kakashi et Chance prouvent qu’elle avait bien choisie.


Depuis dix bonnes minutes Nyah a perdu le fil de sa lecture et contemple avec fascination la jeune femme qui est totalement absorbée par la lecture du récit de son ancêtre. Un gardien. Ce simple mot lui donne des frissons. Que ne donnerait-elle pas pour pouvoir contempler à loisir son visage derrière le masque, lui poser toutes les questions qui fourmillent dans sa tête? Lorsque Lune relève la tête, elle se replonge maladroitement dans sa lecture mais l’ANBU ne lui prête guère attention :
- Je crois que je commence à démêler tout ça… Mais c’est encore loin d’être limpide.

Elle s’arrête, surprise de voir que la nuit est déjà tombée.

- Comment cette histoire finit-elle, demande-t-elle, n’osant se plonger plus loin dans la lecture.
- Votre ancêtre a fini par le retrouver, dit-elle, et…
- Et ?
- Il a mis fin à ses jours.

Lune n’est pas vraiment surprise. Laissant un instant ses sombres pensées de côté, en grande partie parce qu’elle ne supporte pas l’inquiétude qu’elle perçoit dans le regard de la femme qui lui fait face, elle dit d’une voix neutre :
- La lune s’est levée et les ombres rodent, nous devons passer la nuit en lieu sûr.

Lune est surprise de voir Nyah s’empresser d’acquiescer et la suivre sans broncher.

En progressant silencieusement dans les rues de Suna, Lune repense aux paroles de la femme du professeur. Le suicide était-il la seule réponse à l’isolement et la folie ? Elle-même y avait pensé plus d’une fois… Se plonger dans les méandres d’un esprit semblable au sien l’avait effrayé. Apparaissait-elle aussi étrange et incompréhensible aux yeux du Monde ? Le désespoir noir qui se dégageait de chacune de ses pages l’avait frappé avec une violence rare.

Cet homme, ce gardien, avait passé sa vie aux portes des gouffres de la folie et de la solitude dans lesquels il avait fini par sombrer.

Cet homme était comme elle.

Exactement comme elle.







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