Fiction: Les lettres d'Itachi

Cette histoire prend place après la révélation des véritables intentions d'Itachi. Tsunade reçoit un étrange message qui lui promet des informations sur Itachi. Sasuke est aussi convié au rendez vous. Lors de la rencontre, une jeune femme dissimulée derrière un masque d'ANBU remet un paquet de lettres à Sasuke, écrites par Itachi lui-même.
Classé: -16I | Action/Aventure | Mots: 168957 | Comments: 83 | Favs: 68
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elane. (Masculin), le 10/12/2013
Le début de la deuxième moité de cette deuxième partie...
Quelques explications et des renforts en route...
bonne lecture.




Chapitre 34: Etrange échange



Gaara perdu dans de sombres pensées manque de sursauter lorsque l’on frappe à la porte de son bureau.

- Entrez.

La porte s’ouvre sans un bruit et un ANBU fait son apparition. Le Kazekage lève un œil de la paperasse qui encombre son bureau depuis trop longtemps. Lune se tient devant lui, attendant avec une certaine anxiété la raison de sa convocation. Garaa prend une seconde pour l’examiner, curieux. C’est bien la première fois qu’il perçoit de la tension chez cette femme. Mais ce n’est pas la première fois qu’elle le surprend.

Lorsque le conseil s’était enfin décidé à le nommer Kazekage, tous l’avaient regardé comme une erreur avec peur et dégoût. Tous sauf elle. Lorsqu’elle s’était présentée la première fois pour faire son rapport sur sa dernière mission, elle lui avait parlé avec tout le respect qu’un Kage puisse attendre de ses subordonnés. Il n’y avait aucune trace de peur ou de haine ni dans sa voix claire ni dans ses explications aux tournures parfois étranges et qui s’étaient révélées des plus exactes. Ce jour-là, il aurait pu lui demander sa réelle identité, d’enlever son masque. Mais il ne l’avait pas fait. Il avait vite compris qu’elle ne souhaitait pas montrer son visage et étant donné qu’elle avait été la seule à lui témoigner du respect, il lui avait accordé son anonymat comme un retour de faveur.

Parfois, il se demande ce que cette femme dissimule derrière son masque. Elle doit avoir une vingtaine d’années, la peau hâlée et ses longs cheveux blonds semblent animés de leur vie propre.

Depuis lors, elle s’était révélée particulièrement efficace et obéissante. Il avait essayé une fois ou deux de lui coller un partenaire entre les pattes. Mais ils ne tenaient pas bien longtemps avant de se présenter dans son bureau pour le prier de les changer au plus vite d’affectation. Lorsqu’il l’avait convoqué pour lui demander des explications, elle s’était contentée d’hausser les épaules et de dire qu’elle n’avait pas l’habitude de s’encombrer.

Sa réponse l’avait intrigué et il avait fouillé dans les archives ANBUs pour en savoir un peu plus sur elle. Il n’avait pas découvert grand-chose sur elle à part qu’elle était devenue ANBU à quinze ans et que depuis lors, aucun de ses équipiers n’avaient tenus plus de quelques mois à ses côtés. Et c’est là où il avait mit à jour le rôle qu’elle avait joué dans l’enquête de Chance et d’Itachi. Elle les avait mené par une succession d’indications qui tenaient plus d’une quête initiatique que du rapport d’ANBU jusqu’aux preuves qui incriminaient Madara.

Alors lorsqu’il avait appris que Lune s’était rendue sans autorisation à Konoha et qu’elle était présente lors de la confrontation entre les shinobis de Konoha et l’Akatsuki. Que tout cela avait un rapport direct avec les dernières attaques qu’avait subies le pays du sable….

Elle allait devoir s’expliquer.

Et encore une fois, elle allait le surprendre.

Chance regarde les membres de son équipe la dévisager étrangement. Ils hésitent entre lui poser directement leurs questions et se taire. A son goût, ils en avaient appris un peu trop sur elle pendant cette mission mais si nombre de leurs questions avaient trouvées des réponses, ils en avaient aussi de nouvelles.

- Maître, commence d’un ton hésitant Océan.

Chance les regarde avec attention, attendant patiemment qu’il se décide. Une lueur étrange illumine ses yeux clairs lorqu’il lui sourit et dit :

- On voulait juste vous dire qu’on fera de notre mieux à l’examen.

Ils avaient finalement décidé de ne pas lui demander directement et de découvrir par eux-mêmes les réponses à leurs questions. Et visiblement, tous se rangent à l’avis d’Océan avec un petit air de défi qui amuse beaucoup leur Maître qui les gratifie d’un sourire et hoche la tête.

Avant qu’ils ne partent, elle les regarde et dit d’un ton faussement innocent :

- J’ai moi-même passé mon examen chunin à Suna, j’ai l’impression que ça vous portera chance…

Les voir tous tressauter à la même seconde arrache un large sourire à Yoshiko qui s’éloigne lentement.

Océan regarde ses équipiers avec un air mi-amusé mi-exaspéré.

- Je me demande si j’ai pas fait une erreur, dit-il.
- Naaaan, dit Éclat, elle va nous en faire baver mais t’as eu raison.
- D’autant plus qu’on a appris deux trois choses intéressantes pendant cette mission, dit Océan.
- Dont une chose qu’elle m’a dite elle-même, dit Aigle.

Éclat et Océan se tournent vers elle avec tant d’attention qu’elle hésite un instant à continuer. Il n’y a pas si longtemps, elle n’aurait pas supporté d’attirer ainsi leur regard, surtout après ce qu’ils avaient appris sur elle pendant cette mission. Et elle se serait tout simplement refermée et aurait recherché réconfort dans la solitude et l’isolement. Elle se surprend à apprécier la lueur de curiosité dans leur regard, leurs sourires à l’idée d’en apprendre un peu plus sur cette femme si étrange qui leur sert de Maître.

- Hé les gosses, en route !

Les trois jeunes genins relèvent la tête dans un même mouvement en entendant l’appel au ton tranchant de l’Uchiha. Ils se précipitent, la révélation d’Aigle attendrait et ils se préparent à se rendre à la première épreuve de l’examen chunin. Même pour Éclat, il est évident que la tension entre Sasuke et Naruto est des plus palpables. Seule Sakura affiche un petit sourire moqueur en regardant ses deux équipiers.

- Je suis sûre que tu te fais du souci pour rien, dit-elle à Naruto d’un ton qui n’a rien de rassurant.

Naruto se contente d’un vague grognement en baissant la tête un peu plus.

- Je te préviens Naruto, si on ne passe pas les premières épreuves parce que tu es incapable d’aligner deux chiffres correctement sur un bout de papier, je vais te le faire payer très cher ! s’exclame Sasuke.
- Vous voulez dire qu’on peut avoir une épreuve écrite !? s’inquiète Éclat.

Sakura ne se retient plus et éclate de rire en voyant Éclat prendre le même air embarrassé que Naruto en levant les yeux vers elle.


Chance réprime difficilement un sursaut en voyant le palais du Kazekage se dessiner devant ses yeux. La dernière fois, ce n’était pas en tant qu’invitée qu’elle s’était introduite dans ce grand bâtiment austère qui se dresse devant elle.

Elle se force à repousser rapidement les souvenirs qui affluent lorsqu’elle sent l’attitude anxieuse de Kakashi dans son dos. En passant le porche gardé par deux ANBU, Yoshiko croise les regards du frère et de la sœur de Gaara au détour d’un couloir qui la dévisagent nerveusement. De nouveau, Chance sent son malaise grandir et le souvenir de cette nuit se fait plus incisif. L’air un peu moqueur qu’affiche Kakashi devant son trouble l’énerve et elle presse le pas.

Une fois devant la porte de l’immense bureau, elle frappe d’un geste sec.

- Entrez.

Chance découvre que Lune et les parents d’Océan sont déjà présents. L’ANBU est comme tapie dans un des coins de la pièce alors que le professeur et sa femme font face calmement à Gaara.

De même que Kakashi, Yoshiko salut avec respect le Kazekage et attend les instructions. Se fondre sagement dans le rôle du ninja en mission lui permet de mettre ses pensées de côté, du moins pour le moment.

- Je crois qu’il serait plus juste que ce soit Lune qui vous explique elle-même la situation, dit Gaara d’une voix neutre.

Le mouvement de recul de l’ANBU prouve qu’elle ne s’attendait nullement à devoir prendre la parole. Chance n’a pas besoin de voir son visage derrière le masque pour imaginer la contrariété de Lune.

- Il existe un lieu, autrefois protégé par le clan Anima et perdu dans les mémoires où l’arbre des possibles s’ouvre dans sa totalité et où l’ombre s’écarte.

Laisser Lune expliquer la situation n’est pas la plus brillante des idées du Kazekage pense ironiquement Chance avant de remarquer la lueur qui brille dans les yeux de Nyah, la mère d’Océan. Elle comprend parfaitement les mots étranges de l’ANBU.

- Ce lieu ne s’offre pas à tous, dit Nyah. Celui qui se présentera devra porter la marque ou subir le châtiment de l’oubli. Le…
- Taisez-vous, dit Lune d’une voix faible.

Mais la jeune femme semble incapable d’arrêter sa litanie qu’elle récite d’un ton impérieux.

- … croissant de sang marque sa tempe et son regard pareil à celui du démon traversera la chair et le temps.
- Taisez-vous ! s’exclame Lune.

Nyah se tait mais s’approche de Lune et la fixe d’un regard si perçant qu’elle semble voir à travers le masque et c’est l’ANBU qui recule d’un pas devant la frêle jeune femme.

D’un geste un peu brusque, Lune repousse la jeune femme et tente de calmer les tremblements qui parcourent son bras :

- Pouvez-vous m’y mener ?
- Non, mais je sais où trouver la carte qui nous y mènera, dit Nyah qui ne peut détacher ses yeux des fentes si étirées du masque d’ANBU pour tenter d’apercevoir ses yeux.
- Vous venez avec moi. Alors nous n’avons pas une seconde à perdre. Nous devons trouver ce plan avant leur arrivée.

Nyah acquiesce, complètement fascinée par la femme qui se tient devant elle.

- Je vous ai tellement cherché. Vous êtes un membre du clan Anima et vous possédez le don héréditaire de votre clan, dit Nyah en tendant la main vers le masque de Lune.

Lune détourne la tête et ajoute d’un ton froid avant d’entraîner Nyah dans son sillage :

- C’est une malédiction, cela n’a rien d’un don.

Avant qu’elles ne passent la porte, Lune ajoute :

- Dès que nous avons la carte et que vos amis seront prêts, nous partirons.

Tous les regardent partir sans un mot, perdus dans une mer houleuse de questions sans réponses.

Neji jette un œil inquiet à Maître Gaï et se rend compte que tous le regardent avec le même sérieux. Même Lee a perdu de sa désinvolture. Lorsque Tsunade leur avait attribué leur mission et qu’elle leur avait expliqué la situation de l’équipe de Chance, Maître Gaï avait troqué son enthousiasme pour un air glaçant et comme en miroir, Lee avait tout de suite adopté une attitude fermée qui ne lui ressemble guère. Ils avaient pris la route pour Suna immédiatement et lorsqu’ils avaient découvert les vestiges des combats qui s’étaient déroulés, les corps calcinés, la terre brûlée à même le sol, les arbres couchés sur des centaines de mètres, Maître Gaï s’était enfermé dans un silence effrayant et avait de nouveau accéléré l’allure.

Lorsque le voile noir de la nuit les avaient empêchés de continuer à progresser, Tenten avait tenté une approche pour calmer Maître Gaï et Lee.

Neji la fixe avec reconnaissance car elle seule est capable d’un seul sourire de ramener l’énergie et l’insouciance sur les visages de son co-équipier et de leur Maître. Si quelqu’un lui avait dit un jour qu’il aurait plus que tout souhaité voir l’une des frasques de Maître Gaï, immédiatement imitée et amplifiée par Lee, il l’aurait traité de fou.

- Chance n’était pas votre capitaine pour rien, je suis sûre qu’elle s’en est sortie sans problème, dit-elle d’un ton rassurant.
- Ce n’est pas Chance qui m’inquiète, dit Maître Gaï, pas directement en tout cas. C’est pour son équipe que j’ai peur, s’il leur arrive la moindre chose, Chance ne pourra jamais se le pardonner…
- Je suis sûr que l’équipe de Kakashi a dû arriver à temps, renchérit Lee.

Je l’espère aussi, pense Gaï, car s’il arrive quelque chose à Chance, c’est Kakashi qui sombrera de nouveau dans la culpabilité.

Il se souvient avec une acuité terrifiante des mois qui ont suivis la prétendue mort de Yoshiko. Kakashi s’était enfermé un peu plus chaque jour sur lui-même, avait accompli des missions de plus en plus dangereuses comme si sa vie n’avait pas plus de valeur que celle qu’il en accordait à la vie de ses ennemis. Il avait tout tenté en vain pour essayer de l’atteindre, de le faire réagir et de le faire sortir de cette torpeur et cette indifférence qui allaient finir par le tuer. Jusqu’au jour où il l’avait défié, il avait choisis ses mots soigneusement, empruntant les expressions vaguement moqueuses de Chance. Ce jour-là, Kakashi avait bien faillis le tuer de rage, explosant en une longue tirade haineuse, contenant bien plus de mots qu’il n’en n’avait jamais entendu venant de sa part depuis qu’il le connaissait. Ces mots dont il avait oublié la teneur à peine prononcés l’avaient soulagé.

Car, même si c’était maladroit et blessant, Kakashi sortait enfin de l’univers de souffrance dans lequel il s’était enfermé. C’est ainsi qu’il était devenu son rival, son éternel rival au regard désabusé et aux cheveux en bataille et son ami.

- Nos amis ? s’interroge Chance.

Au même moment un ANBU arrive avec un message urgent en provenance de Konoha. Gaara en prend rapidement connaissance et affiche un petit sourire amusé.

- Il semblerait que Tsunade nous envoie du renfort pour cette mission, l’équipe de votre ami Gaï est en route.

Puis il se tourne vers le professeur Noguchi :

- Je suis sûr que vous êtes capable de nous apporter quelques réponses.
- Pas autant que ne le ferait ma femme, mais j’ai souvent parlé avec elle de ses travaux de recherche. Les Anima étaient un clan puissant, si ce n’est le clan le plus puissant qu’ait jamais vu Suna. Ils devaient leur puissance grâce à un pouvoir héréditaire terrifiant, celui de pouvoir distinguer les voies que peuvent emprunter le futur.
- Vous voulez dire qu’ils sont capables de prédire l’avenir ? demande Yoshiko.
- Pas exactement. L’avenir est sans cesse en mouvement, il n’y a pas qu’un chemin mais une multitude. Certains Animas naissent avec la capacité de parcourir par l’esprit les voies qui s’ouvrent au présent et de favoriser celles qui leur conviennent le mieux. Ils étaient considérés comme les gardiens du clan, autant respectés que craints, aussi utiles qu’isolés au sein de leur propre clan.
- Ce qui expliquerait pourquoi Lune a toujours eu une longueur d’avance sur tout le monde, dit Yoshiko.
- Si elle est capable de voir les différents futurs, pourquoi ne peut-elle pas savoir où se trouve le garçon que nous cherchons ? demande Gaara.
- Je pense que c’est justement la seule chose qu’elle est incapable de voir, dit Kakashi, je commence à comprendre ce qu’elle a dit sur ce lieu qu’elle cherche où « l’arbre des possibles s’ouvre dans sa totalité et où l’ombre s’écarte »…
- C’est exact, renchérit le professeur. De tout temps, le clan Anima a craint la réunion du gardien et de son pendant car une fois ensemble, ils sont capables d’accomplir des choses capables de bouleverser le monde tel que nous le connaissons. Et les gardiens ont toujours été fragiles, enclins à tomber dans la folie. Une épée à double tranchant aussi puissante que terrifiante.


Nyah ne peut détacher les yeux de la femme dont elle suit chaque mouvement. Elle se souvient encore avec émotion le jour où elle était tombée sur un vieux livre poussiéreux perdu dans la bibliothèque de l’Université du sable au titre étrange, à la croisée des chemins, itinéraire de la folie. A peine avait-elle posé son regard sur les premiers mots qu’elle s’était sentie comme perdue, effrayée et en même temps terriblement attirée par ce voyage à la fois étrange, intriguant et passionnant aux portes de la raison.

C’est à travers l’histoire de ce gardien qu’elle avait appris le nom du Clan des Anima et qu’elle avait commencé à collecter toutes les informations, tous les écrits, tout ce qu’elle avait pu rassembler sur eux. Elle avait fouillé dans les archives et avait plongé dans les fastes de ce clan puissant, revécu leur déchéance et leur extermination. Elle avait visité les quatre villages créés par ceux qui se faisaient scandaleusement appeler les gardiens sans en avoir les capacités.

Apprendre que ces quatre hommes n’avaient de gardien que le nom et qu’ils ne possédaient pas le don héréditaire de leur clan avait été un véritable déchirement. Comprendre que personne ne possédait plus le don héréditaire des Anima depuis des années l’avait cloué sur place.

Car de tout ce qu’elle avait jamais appris sur le clan Anima ne lui avait jamais procuré le frisson délicieux qu’elle avait eu en parcourant les tortueux écrits du gardien. Et c’est ce qui l’avait décidé, la mort dans l’âme à ne plus poursuivre ses recherches…

Et aujourd’hui, elle avait devant les yeux un gardien. Un véritable gardien. L’envie soudaine de lui ôter son masque pour pouvoir contempler à loisir cette marque qu’elle porte sur la tempe, pour affronter son regard qui traverse le temps et la chair la fait trembler. Elle retient difficilement son geste, consciente que tous les gardiens ont toujours porté cette marque comme le stigmate de leur différence, de leur folie latente et de leur solitude.
Elle s’était abîmé les yeux sur la prose étrange de ce petit livre et elle avait peu à peu compris que ce qu’elle avait d’abord pris pour une fantaisie aussi envoûtante que dérangeante était une vision étrange sans cesse mouvante de l’histoire telle qu’elle s’était déroulée, telle qu’elle aurait pu de dérouler…

Elle avait fait des recherches, recouper les faits et compris que tout était vrai ou aurait pu l’être, que l’avenir se présentait au gardien sous la forme de mots qui s’assemblaient en phrases décousues sous leurs yeux et que bien souvent elles ne leur paraissaient pas plus claires qu’au commun des mortels. Mais les mots s’imposaient à eux passant la barrière de leur esprit comme s’ils possédaient leur volonté propre d’exister.

- Cette carte, où est-elle ? demande Lune.

Nyah, perdue dans ses pensées met une seconde à répondre d’un ton hésitant :

- A la bibliothèque de l’Université.

Lune ne perd pas une seconde et la mène à vive allure devant le large portail d’entrée de l’Université de Sable en affichant un air contrarié devant l’attention constante que cette femme lui porte. Se fondre dans l’anonymat de l’ANBU camouflé derrière son masque avait été une bénédiction pour Lune. Mais lorsqu’elle la regarde pénétrer dans l’immense bibliothèque du campus, elle se sent étrangement soulagée et en même temps, pour la première fois depuis des années, elle ressent sa solitude comme une ombre attachée au moindre de ses pas. Pendant toute son enfance, Lune avait attiré l’attention, elle connaissait la haine, la colère, le dégoût que lui attirait son don, elle avait appris à fuir tous les regards, quels qu’ils soient. Mais c’est la première qu’on la regarde si différemment.

Lorsque Nyah sort de la bibliothèque, elle affiche un petit sourire satisfait et agrippe le bras de Lune désarmée par son enthousiasme pour l’entraîner dans à travers les différents bâtiments de l’université pour atteindre un petit bureau, perdu dans le coin réservé aux historiens. Elle entraîne Lune à toute vitesse à travers les nombreux couloirs et portes battantes de l’immense bâtiment aux murs clairs et aux allées étroites. Puis elle l’introduit dans la petite pièce qui semble disparaître sous une multitude de papiers, parchemins, articles en tout genre. Nyah débarrasse d’un geste les tonnes de papiers qui embarrassent le petit bureau de bois noir qui trône dans la pièce. Puis elle ferme à double tour la porte et tire deux chaises qu’elle approche du bureau. En prenant place face à Nyah, Lune a la désagréable impression d’être prise au piège.

Nyah dévoile sous ses yeux avec un air malicieux un vieux livre à la couverture abîmée, au titre presque effacé par les années.

- C’est un livre de la section A, dit Nyah avec une fierté presque enfantine.

Lune comprend mieux pourquoi la femme du professeur affiche un air espiègle. La section A est réservée aux livres trop précieux pour pouvoir quitter la bibliothèque. Elle avait dû le dérober sous les yeux pas toujours des plus vigilants du bibliothécaire.

- Ce sont les mémoires d’un gardien, reprend Nyah, qui a vécu il y a deux siècles au sein du clan Anima, un gardien qui a découvert « un lieu où l’arbre des possibles s’ouvre dans sa totalité et où l’ombre s’écarte ».
- Alors je suppose qu’il n’y a pas vraiment de carte précise, dit Lune.

Le sourire éclatant de Nyah rend Lune nerveuse. Elles vont devoir démêler les indications alambiquées noyées dans les pensées changeantes de son ancêtre. Une tâche qu’elles sont les seules à pouvoir accomplir, une tâche pour laquelle elles allaient devoir travailler ensemble.






La première épreuve de l'examen chunin dans le chapitre suivant..






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