Fiction: Les lettres d'Itachi

Cette histoire prend place après la révélation des véritables intentions d'Itachi. Tsunade reçoit un étrange message qui lui promet des informations sur Itachi. Sasuke est aussi convié au rendez vous. Lors de la rencontre, une jeune femme dissimulée derrière un masque d'ANBU remet un paquet de lettres à Sasuke, écrites par Itachi lui-même.
Classé: -16I | Action/Aventure | Mots: 168957 | Comments: 83 | Favs: 68
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elane. (Masculin), le 04/11/2013
Le calme avant la tempête...



Chapitre 30: Une place pour chacun… … chacun à sa place



Les rayons déclinant du soleil froid parviennent à peine à éclairer leurs pas lorsque Kakashi se décide enfin à stopper leur progression pour la nuit. Lune s’arrête à contrecœur et regarde cette fameuse équipe sept avec ennui et contrariété. Depuis toujours elle travaille seule et n’a pas l’habitude ni de s’encombrer d’une équipe ni de s’expliquer sur quoi que ce soit envers qui que ce soit. Et l’idée même qu’on puisse lui demander de rendre des comptes, qu’elle doive tenter de trouver les mots pour justifier sa présence lui paraît aussi ridicule qu’à la limite du supportable.

Heureusement, le ninja au sharingan n’a pas l’air des plus loquaces. Ce qui n’a pas l’air d’être le cas des membres de son équipe qui lui jettent des regards en coin qu’ils auraient sûrement espéré discrets.
Elle aurait préféré ne pas se faire avoir aussi facilement et les suivre à distance. A vrai dire, c’est la première fois depuis bien que quelqu’un la repère aussi facilement. Le sharingan n’est décidément pas un élément à négliger. La dernière fois, c’était aussi à cause de ces yeux rougeoyants…

Un simple regard vers l’Uchiha qui ressemble tellement à son frère lui rappelle ce souvenir avec une acuité mordante. Et étrangement c’est lui qui l’observe le plus fréquemment. Ne supportant plus cette attention dont elle n’a pas l’habitude, elle se lève d’un bond, un peu brusquement et s’éloigne dans la nuit, préférant le silence et la solitude qu’elle a toujours connus aux regards chargés de questions muettes.

A chacun de ses pas qui l’éloignent du groupe, à chaque ombre dans laquelle elle se glisse, ses sens s’éveillent et son cœur s’apaise. La nuit froide et les pénombres sont devenues ses compagnes, son refuge depuis tant d’années qu’elle n’en connaît plus d’autres. Et toujours bienveillante comme une vieille amie la lune qui se noie dans une mer d’encre noire lui sourit.


Les nerfs à fleur de peau, je profite de mon masque blanc pour jeter un regard à la dérobée à Chance qui vient de dire quelques mots que je n’ai pas pu saisir aux parents d’Océan. Ma tenue est dans un sale état et j’ai reçu quelques coups sérieux pendant notre combat avec le traître. Nous nous sommes enfin arrêtés pour la nuit et tous sont soulagés de pouvoir détendre leurs muscles noués par la fatigue et la tension qui s’attachent à chacun de leur pas telle une lourde chape de plomb alourdissant le moindre de leur geste.

Je commence doucement à comprendre comment Chance est devenu un tel capitaine. Pendant toute leur marche, elle a distribué regards et demi-sourires encourageant aussi bien aux membres de son équipe qu’aux parents d’Océan. Elle a pris le temps de s’adresser à tous directement tentant de répondre le plus simplement à leurs craintes, apaisant leur panique de quelques mots, encourageant le professeur et sa femme à dépasser leur limite physique pour continuer à avancer, stimulant la vigilance des membres de sa jeune équipe par une attention constante. L’effroi face à la situation qui leur échappe a fait place à une lueur étrange dans le regard de l’équipe et du professeur et de sa femme ; dans leurs regards brillent une concentration et une volonté implacables. Elle a su en quelques heures créer un groupe soudé et prêt à mettre toute son énergie dans un seul but l’envie de se hisser à la hauteur de ses attentes.

Aux parents d’Océan, elle a expliqué en quelques mots rapides la situation. Elle a vite compris qu’une partie de leur peur vient du fait que les événements auxquels ils ont assisté leur échappaient complètement. Une fois informés du but de cette attaque, ils ont mis toute leur attention dans leur marche et même à bout de forces ils progressent sans la moindre plainte d’un pas égal.

Puis lorsqu’Eclat lui a tendu son katana, elle a mis délicatement une main sur le fourreau rouge en posant son regard clair dans ceux de son élève. Elle lui a souri d’un air complice en lui disant :

- Tu l’as senti n’est-ce pas ?

Visiblement Eclat était suffisamment perplexe pour ne pas trop savoir quoi répondre. Chance dégaina alors la Lame d’un geste machinal et l’acier se mit à luire d’un chatoiement irréel.

- Ce katana est forgé dans un métal qui réagit au chakra, il est particulièrement efficace pour les personnes ayant une affinité pour le vent comme toi et moi. Bien utilisé, il se révèle aussi léger qu’une plume, aussi résistant que le meilleur des alliages et plus tranchant que la plus affutée des lames.

La lueur de compréhension qui éclata dans le regard d’Eclat était des plus confondantes. Chance emprisonna de nouveau la lame dans son fourreau et lui rendit l’arme.

- Tu t’en es admirablement bien sorti pendant le combat alors je te la confie jusqu’à la fin de cette mission.

Elle n’avait pas besoin de dire qu’elle est fière de son attitude et des capacités qu’il a révélées pendant le combat de même qu’il n’était pas nécessaire à Eclat d’ajouter un mot pour montrer qu’il se sentait flatté par la confiance de son Maître et qu’il ferait tout pour continuer à la mériter.

Peu après elle s’était rapprochée de la jeune Hyuga. Il ne fallait pas être un fin psychologue pour voir que le combat à laquelle elle avait assisté l’avait secouée. Chance a marché longuement en silence à ses côtés. Puis elle s’est mise à parler, en quelques mots elle lui a fait revivre sa propre première mission en tant que genin. Les choses avaient aussi mal tournées et elle avait été totalement paralysée, incapable d’esquisser le moindre mouvement. Elle lui avait raconté comment son capitaine lui avait sauvé la vie, à elle et à toute son équipe, elle lui avait décrit la rage et la colère qui l’avaient submergée devant son inutilité et sa faiblesse… La même rage et la même colère qui logeaient dans le regard nacré d’Aigle.

- La seule chose qui compte réellement ce n’est pas ce qu’il s’est passé mais les leçons que tu vas en tirer, dit-elle.

Depuis, la résolution qu’affiche sa jeune élève montre que la colère a fait place à l’impatience de se retrouver dans le feu de l’action et de prouver qu’elle est capable de se rendre utile.

Le seul à qui elle n’a pas encore parlé est Océan qui affiche un air faussement calme. Chance lui a demandé de prendre le premier de tour de garde avec elle et son tour ne tardera pas. Mais avant, je m’approche d’elle et lui montre la manche de va veste poisseuse de sang. Elle a reçu quelques coups sévères au bras gauche et à la jambe droite.

A chaque fois qu’elle pose son pied droit à terre, elle affiche une légère gêne. Mon équipe m’a fourni un entraînement particulièrement efficace pour détecter ce genre de détails. L’espace d’une seconde la cruelle réalité me prend à la gorge. Mon équipe. Ils sont tous morts sous les coups du traître et sans l’intervention de Chance… Ma respiration s’accélère, les images de la mort de mes équipiers me frappent avec une force qui fait trembler son bras.

Chance pose sa main sur mon bras jusqu’à ce que mes frissons disparaissent et soutient mon regard voilé avec une attention hypnotisante. Si quelqu’un peut comprendre la lame lancinante qui se tourne et retourne dans mon cœur et mon esprit à cet instant, c’est elle. Je sens à son regard qu’elle ne me mentira pas en enchaînant des paroles apaisantes, les mots que j’aurais envie d’entendre, des mensonges.

- J’ai besoin de toi, tu auras tout loisir de les pleurer lorsque nous serons tous arrivés à Suna vivants, je suis claire.

Je n’ai droit ni au ton compatissant, ni aux encouragements qu’elle dispense sans compter aux membres de son équipe. Son ton est dur, froid. Mais curieusement, c’est exactement ce dont j’ai besoin, qu’on me dise quoi faire pour me concentrer sur autre chose que ces images qui tournent sans répit dans ma tête.

- Ton masque, ta tenue d’ANBU sont les seuls repères auxquels les parents d’Océan et les membres de mon équipe peuvent se raccrocher, lorsqu’ils cherchent quelque chose pouvant les rassurer sur les chances qu’ils ont de se sortir vivants de cette situation, ils se tournent d’abord vers toi.

Du coup le moindre signe de faiblesse venant de ma part serait du plus mauvais effet. Je comprends le message et bénis le fait d’avoir encore mon masque. Je doute cependant un peu de ses paroles mais j’ai déjà plus d’une fois observé l’effet que provoque l’uniforme ANBU sur les civils. Les quelques coup d’œil que j’ai surpris tournés vers moi dans la journée prennent tout d’un coup une nouvelle dimension.

J’acquiesce en silence de peur que ma voix ne me trahisse et je la force à rester tranquille le temps que j’examine ses blessures. Elle enlève sa veste de junin et je déchire les lambeaux de sa manche gauche pour nettoyer la plaie. Son tatouage d’ANBU est barré dans toute sa longueur par l’entaille profonde d’un kunaï. Je surprends les regards appuyés des équipiers de Chance qui ne semblent pas vraiment surpris par la présence de cette marque sur le haut de son bras. Heureusement la blessure n’est pas profonde par contre le coup qu’elle a reçu à la jambe est plus sérieux. Je ne peux pas faire beaucoup plus que soulager un peu sa douleur.

- Ne t’inquiète pas pour si peu, j’ai vu pire.

Je n’ose pas lui dire que je le sais bien pour avoir parcouru avec beaucoup d’intérêt tous les rapports de mission de son équipe sept. En repensant aux paroles de Chance, je goûte l’ironie de la situation. Placer ses espoirs en moi alors qu’ils ont l’un des plus grands capitaines ANBU sous leurs yeux. Ils n’ont décidément aucune idée de la véritable identité de leur Maître.

D’un regard, elle leur demande de prendre le plus de repos possible, un ordre auquel ils se plient bien volontiers excepté Océan qui doit assurer le premier tour de garde avec son Maître. Le deuxième tour sera pour moi alors je me cale contre un arbre non loin d’eux. Je devrai moi aussi faire mon possible pour trouver le sommeil. Mais je sais que ma curiosité l’emportera sur ma fatigue et je tiens à entendre les mots qu’elle a préparés pour son jeune élève.

Des mots qui ne tardent pas.

- Tu te demandes ce que tu apportes à l’équipe ?

Je n’ai pas besoin d’ouvrir les yeux pour le voir se recroqueviller un peu plus sur lui-même. Il est déçu d’être aussi transparent et surtout il a peur de déjà connaître la réponse. Le silence qui suit s’éternise dans la nuit noire et Chance ne presse pas sa réponse.

- Aigle possède une intelligence remarquable et son Byakugan lui donne un avantage certain, commence Océan, Eclat possède une réserve de chakra incroyable et une force impressionnante. Alors oui, franchement oui, je me demande quel est mon rôle auprès d’eux ?
- Tu sais quelle est la pièce la plus importante sur un échiquier ?
- Le roi, répond-il d’une voix un peu hésitante devant cette question auquel il ne s’attendait pas.
- C’est lui qui donne son sens et sa direction au jeu, acquiesce Chance. Pourtant c’est loin d’être la pièce la plus puissante. Mais sans lui, il n’y a pas de jeu et tant qu’il est encore debout il y a une chance de gagner.
- Vous voulez dire que j’ai ce rôle ? Je…
- Dis-moi vers qui s’est tourné Eclat quand il a fallu agir ? Même Aigle attendait que tu lui dises quoi faire. C’est toi qui as rassuré tes parents. Ton calme en toute circonstance les rassure. Tu as gagné leur respect et leur écoute. Tu es le cœur de cette équipe. C’est toi qui les oriente dans la bonne direction quand tout va bien et c’est vers toi qu’ils tournent leurs regards lorsque la situation leur échappe en attendant que tu leur dises quoi faire.
- Pourtant si j’ai l’air calme, intérieurement c’est l’ébullition. Un tourbillon de peurs, de questions et de panique qui ne demande qu’à sortir. Je ne comprends même pas qu’ils ne percent pas à jour ce masque si fin que je plaque sur mon visage.
- Tout simplement parce qu’ils veulent y croire et qu’ils ont besoin de quelqu’un de calme et posé qui leur dit quoi faire et d’apaiser leurs craintes et la terreur qui pourraient les envahir à tout moment.
- Maître…
- Oui ?
- Qui va les apaiser mes peurs à moi?
Je ne résiste pas et ouvre un œil et je la vois s’approcher d’Océan avec un grand sourire confiant.
- Ca c’est mon rôle, lui répond-elle.

Je referme les yeux et commence à sombrer lorsque j’entends à travers les brumes du sommeil qui m’enveloppent la dernière question d’Océan…

- Maître…
- Oui ?
- Qui les apaisent vos craintes à vous ?

… une question qui reste sans réponse dans la nuit noire.

Lorsque Chance me réveille pour mon tour de garde, je lève un œil encore engourdi de sommeil et avant qu’elle ne réveille Aigle, je ne peux retenir cette question qui me brûle les lèvres.

- Pourquoi vous ne le dites pas clairement qui vous êtes ?

Et là encore son petit sourire me surprend et je sens que sa réponse va être des plus intrigantes.

- Ils ne sont pas si naïfs que ça et ils m’ont déjà plutôt bien cerné.

Avant de se coucher sur le côté pour voler quelques courtes heures de sommeil aux restes de la nuit, je l’entends murmurer du bout des lèvres.

- Une ex-ANBU un peu excentrique et des plus allergiques à tout ce qui touche à la hiérarchie.

Je ne peux m’empêcher de repenser à ce qu’elle m’avait dit ce jour-là, avant de pénétrer dans le bureau de l’Hokage.

Garde tes compliments pour ceux qui le méritent vraiment, Petit.

Et là, je me rends compte qu’il n’y avait ni modestie, ni exagération dans cette simple phrase comme je l’avais d’abord cru. Cette définition qu’elle vient de faire d’elle-même, c’est exactement la façon dont elle se voit.

En réveillant doucement Aigle, je ne peux m’empêcher de penser que ces trois gamins ont une chance qu’ils ne pourront jamais vraiment apprécier de l’avoir pour chef. Et lorsque je surprends le petit regard que lance Aigle vers son chef, je révise mon jugement.

Ils en sont non seulement conscients mais comme Chance l’avait souligné, ils l’ont bien cernée, bien mieux que moi.


Lorsque les premiers rayons timides du soleil filtrent à travers le feuillage dense de la forêt, toute l’équipe sept et Lune sont déjà prêts à reprendre la route. Après quelques heures de marche, Lune se fige et tout le groupe s’arrête lui jetant des regards perplexes. Kakashi qui se trouve à sa hauteur est persuadé d’avoir vu l’espace d’un battement de cœur un flash lumineux, aussi bref qu’intense sous le masque de la jeune femme.

Puis il voit les traces, si discrètes qu’il se demande un temps comment elle a pu les distinguer à une telle allure.

- Voilà pourquoi elle n’a pas rebroussé chemin, dit Kakashi d’un ton presque neutre.
- Des mercenaires du Pays de la Pluie, deux équipes, ils s’attendaient à ce qu’ils rebroussent chemin jusqu’à ce qu’ils comprennent qu’elle allait poursuivre sa route, ajoute Lune visiblement secouée.

Elle crispe son poing rageusement et s’il ne peut voir son visage, Kakashi devine le rictus de colère qui se dessine sur son visage.

- J’aurais dû le voir avant !

Kakashi examine les minces indices qu’il a sous les yeux. Etre capable de déduire autant avec si peu… Il lance un regard soupçonneux à Lune qui est déjà loin. Il sait que l’heure n’est pas aux questions mais il sait déjà que lorsque le temps sera venu, il lui faudra arracher chaque bride de réponse.

L’ANBU voit Aigle activer son Byakugan pour scruter les ténèbres. Décidément ces pupilles sont aussi impressionnantes qu’utiles. Mais il n’a pas besoin de cet atout pour distinguer leur présence. Pour le moment, ils les observent, les hostilités n’ont pas commencé mais elles ne tarderont pas. D’un geste, il attrape son katana et manque de sursauter lorsqu’il entend la voix de Chance dans son dos :

- Ils sont déjà là.
- Et ils sont nombreux, sept non huit, ajoute Aigle.

Surpris par la détermination qu’il perçoit dans sa voix, Petit voit tous les membres de l’équipe de Chance se lever d’un bond, prêts à jouer leur rôle du mieux qu’ils peuvent dans cette partie qui s’annonce des plus serrées.






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