Fiction: Le chien et le chat

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-Gabriell ! Attends !

La jeune femme se retourne et lui tire la langue, rieuse, avant de repartir au pas de course. Le maître chien soupire devant le comportement purement enfantin de sa meilleure amie. Néanmoins, il s'élance à sa suite, n'ayant pas la moindre envie de se faire distancer. Au bout d'un certain temps, il bifurque à gauche, dans une petite rue où seulement quelques personnes passent, avant de se vautrer lamentablement, face contre terre.

-Je le savais ! S'indigne une voix furieuse

Il lorgne la personne responsable de sa chute, puis repose son front par terre, sentant les ennuis arriver.

-J'arrive pas à croire que tu triches Kiba ! On a tracé le parcours ! T'as pas le droit de tricher comme çà ! S'exclame-t-elle

Il profite de sa tirade pour s’asseoir, puis la détaille un court instant. Ses longs cheveux châtains descendent en une cascade de boucles dans son dos, jusqu'à ses reins. Ses grands yeux couleur jade lancent à cet instant, sous l'effet de la colère, des éclairs verts. Elle porte son bandeau de ninja autour de son cou. Son tee-shirt court sans manches dessine parfaitement sa poitrine, laquelle il ne peut s'empêcher de la fixer plus qu'il ne faut. Elle le ramène sur terre en pointant un doigt vers lui, puis sur elle-même, en direction de son visage, en lui disant :

-Je suis là !

Il termine quand même son analyse par le short et les chaussures montantes aux genoux de la jeune femme. Puis il se lève.

-Ne t’énerves pas Gaby, sourit-il
-Pardon ? T'as triché je te fais remarquer !
-Je voulais te rattraper, se défend-il
-Mais t'as triché !

Il soupire. A dix-sept ans, Gabriell peut se montrer encore plus entêtée qu'une enfant de cinq ans. Mais c'est comme ça qu'il l'aime... Et il ne compte pas s'en plaindre. Il s'approche de la jeune femme et pose son front contre le sien.

-J'admets... J'ai triché
-Donc j'ai gagné ! S'exclame-t-elle, victorieuse

Elle retourne dans la rue principale puis se tourne vers lui

-Tu viens ?
-Tu es une véritable gamine, dit-il une fois à côté d'elle

Elle se renfrogne, parfaitement consciente de cette face de sa personnalité. Elle qui s'était jurée d'être plus adulte... Elle lève un sourcil en croisant le sourire de son meilleur ami. Il passe un bras autour de sa taille et lui murmure :

-Je t'aime comme ça moi.

L'on pourrait croire, en les croisant seulement comme ça dans la rue, et penser qu'ils font un mignon petit couple. Pourtant, et malgré l'amour qu'ils se portent, ils ne sont pas ensemble. N'osant pas se l'avouer mutuellement, ni à eux même ni à l'autre, ils optent pour l'implicite, en aillant peur que l'autre ne comprenne, ou ne voit pas, ou rejette tout simplement. Alors ils ne disent rien et tentent de se faire comprendre de l'autre. Les derniers mots de Kiba interrompent la jeune femme dans ses réflexions sur une façon simple et directe de se déclarer. Elle s'immobilise en plein milieu de la rue et se tourne vers son compagnon.

-Ecoute Kiba... Je...

Au moment où elle trouve le courage, une voix l'empêche de continuer.

-Gabriell !!! Kiba !!!

Ils se tournent tous deux vers celui qui les appelle et voient, courant vers eux depuis le bout de la rue, un Naruto Uzumaki aussi souriant que d'habitude, peut-être même plus.

- Vous ne devinerez jamais ! S'exclame-t-il. Hinata et moi on est ensemble !!!!

Ils sourient au blond, heureux pour eux, surtout pour Hinata, depuis le temps qu'elle l'aimait...

-Au fait Gabriell, Tsunade-baa-san veut te voir
-Ah bon ?
-Ouais, elle a dit que c'était urgent et qu'il fallait que tu ailles dans son bureau très vite.
-OK ! Ben j'y vais.

Elle pose une main sur l'épaule de Naruto, "félicitations pour vous deux", embrasse Kiba sur la joue et pars.

-Tu devrais lui dire, entame le blond alors qu'ils la regardent disparaître au coin de la rue
-De quoi je me mêle ? S'indigne le brun
-Allons ! Continue Naruto comme s'il n'avait pas entendu son ami. Cela fait combien de temps que vous vous connaissez ? Dix ans ?
-Seize, rectifie distraitement Kiba
-Raison de plus ! Arrêtez de tourner autour du pot !
-Et c'est lui qui dit ça... Pense le brun

Il lève les yeux au ciel, puis considère le blond, un demi-sourire aux lèvres. Celui-ci le fixe avec l'air de dire : "N'empêche que j'ai raison !". L'Inuzuka ne répond pas, tourne les talons et part, plantant au beau milieu de la rue un blond à l'air subitement bête quand il se rend compte qu'il vient de se prendre un vent. Après quelques minutes, Kiba pousse un portail et pénètre dans une grande cour pavée. Il laisse son regard dériver brièvement sur le grand jardin qui entoure la demeure familiale des Inuzuka. Puis il tourne ses yeux vers le muret qui sépare sa maison de celle des voisins, y remarquant un attroupement de chiens. Les aboiements, plus bruyants et menaçants les uns que les autres, ne semblaient pas déranger le chat allongé paresseusement en haut du petit mur. Kiba s'approche, les chiens se tournent vers lui avec un gémissement mécontent. Le chat tourne vers lui un regard ambré intéressé.

-Kiba, miaule-t-il. Gabriell voudrait te voir, demain matin aux Grandes Portes.

Sans lui laisser le temps de répondre, le félin bondit de l'autre côté du muret. Fronçant les sourcils, le jeune homme tourne les talons et rentre chez lui. D'habitude elle débarquait sans prévenir et le traînait dans le village. Baillant longuement, il traîne les pieds dans l'escalier puis rentre dans sa chambre. Se change rapidement et se laisse tomber sur son lit. Il ferme les yeux et laisse le sommeil le gagner.
Devant lui une petite fille, accroupie par terre, sanglote doucement. Alors qu'il s'approche, un autre enfant apparaît soudainement. Brun, ébouriffé, il se reconnaît immédiatement. Il reconnait Gabriell lorsque qu'une conversation muette s'engage entre les deux enfants, et qu'il voit son double relevé la tête de la petite fille afin de lui sécher les larmes. Soudain, les deux enfants se lèvent d'un bond, et tournent des yeux effrayés vers Kiba. Alors qu'il esquisse un geste pour les rassurer, ils s'enfuient un courant. Un murmure se fait entendre. Kiba tourne la tête et vois Gabriell, telle qu'elle est maintenant. Elle se tient de profil par rapport à lui, et semble prise dans la musique qu'elle chantonne. Il l'appelle, aucun son ne sort de sa bouche et pourtant, Gabriell tourne vers lui un regard vitreux. La musique s'arrête, un cercle se forme aux pieds de la jeune femme. Celle-ci semble soudainement reprendre conscience. Les yeux remplis de larmes elle tend la main vers Kiba dans un cri muet. Il devine qu'elle prononce son nom. Avant qu'il n’ait pu l'effleurer, elle se fait aspirer par le trou dans un hurlement déchirant qui résonne bien après que le cercle se soit effacé. Paralysé... Son corps ne réagit plus. Il voudrait hurler. Il essaye. Mais aucun son ne sort de sa bouche. Quelque-chose lui agrippe le pantalon. Il baisse les yeux, tout pourrait lui arriver, il s'en fiche. Son regard rencontre celui, larmoyant, de deux grands yeux jades. La petite Gabriell est de retour. Elle ouvre la bouche et prononce :

-Kiba-kun !! Il faut que tu te réveille maintenant ! Allez ! Ouvres les yeux !

Puis elle tape brutalement sur son ventre, alors qu'elle l'atteint à peine.
Se redressant brutalement, le souffle court et en sueur, Kiba réalise qu'il se trouve dans sa chambre. Et que le poids sur son ventre est dû à un chat mécontent.

-Un rêve, c'était un rêve, répète-t-il, pour se rassurer.
-Ben un mauvais rêve, grommelle le chat. Je n’ai jamais vu un humain faire autant de bruit !
-Qu'est-ce que tu fais là toi ?

Kiba fronce les sourcils. Le tigré qui lui fait face ne lui ai pas inconnu.

-Gabriell savait que tu dormirais encore, alors elle m'a envoyé te réveiller.
-Gaby ? Elle va bien ?

Le chat, qui faisait sa toilette, lève les yeux vers lui.

-Je ne sais pas de quoi tu as rêvé, mais je peux t'assurer que Gabriell t'en voudra si tu la mets en retard...

Kiba ne répond. Il se prépare en vitesse et se retrouve, une demi-heure plus tard, devant les Grandes Portes. Adossée à un arbre, Gabriell l'attend. En la voyant, Kiba se précipite sur elle et la serre dans ses bras aussi fort qu'il le peut.

-Hé ! Tu me fais mal à serrer comme ça !

Il la relâche.

-Eh bien, sourit-elle. Moi qui était partie pour te crier dessus, comment veux tu que je fasse après ça ?
-Pourquoi tu me fais venir ici aussi tôt ?
-En fait je pars en mission là, et Tsunade-sama m'a dit qu'elle serait surement dangereuse alors... Je voudrai terminer de te dire ce que j'ai commencé quand Naruto m'a interrompu...

Ecoute Kiba... Je.... Il s'en souvient maintenant.

-Qu'est-ce qu'il y a ?
-En fait je voudrai... Je voudrai plutôt te montrer ! Mais je ne voudrai pas que tu m'en veuilles...
-Pour quoi est-ce que je t'en voudrais ? Demande-t-il avec un sourire
-Pour ça.

Elle s'approche de lui et effleure ses lèvres des siennes. Kiba les fait se rencontrer franchement, laissant la jeune femme quelque peu décontenancée. Ils se séparent et se fixent dans les yeux.

-Il faut que j'y aille maintenant, dit-elle
- Attends-tu...

Elle le fait taire d'un baiser, puis tourne les talons et part. Sa mission a commencée.

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