Fiction: Ma fenêtre... (terminée)

Il regarde à travers la vitre couverte de buée un monde qui n'est pas le sien.. Un monde étranger, un monde humain...
Classé: -12I | Drame | Mots: 1248 | Comments: 2 | Favs: 3
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Nejeri (Féminin), le 11/12/2011
Houlàlà. Je suis franchement désolée mais je suis GÉNÉTIQUEMENT incapable de faire un truc joyeux. Bon bah j'ai mis - de 12 pour qu'ils ne s'imaginent pas qu'il faut faire comme Gaara, hein.... Parce que oui, le perso principal c'est Gaara ! Et ce sera un one-shot. Un p'tit one-shot pour passer le temps...



Chapitre 1: One-shot



De ma fenêtre, je vois le monde. Un monde grand, immense, gigantesque même pour les yeux d'enfant que j'avais. Un monde fermé sur le point d'horizon par des dunes. Une ligne de sable.

Longtemps, quand j'étais petit, je me suis demandé ce qu'il y avait derrière ces dunes. La mer ? Le ciel ? La fin du monde ? Le vide ?

J'ai trouvé la réponse. La vérité, c'est qu'il n'y a rien. Rien du tout. Rien d’intéressant. Le monde réel ne fait que quelques kilomètres carrés. Tout le reste n'a pas d'importance.

De ma fenêtre, je vois le désert. Du sable, un sable d'or sous les reflets du soleil. Des dunes. Et encore du sable. A perte de vue.

De ma fenêtre, je vois le bâtiment du Kazekage. Ce Kazekage prétentieux. Il le sait, lui, qu'il n'est pas le maître ici. Qu'il n'est qu'un homme de paille.
Ici, à Suna, il n'y a qu'un maître. Le vent.

Le vent qui fait se soulever les grains de sable sous la forme d'une petite brise.
Le vent qui erre dans le désert et fait chanter les dunes.
Le vent qui souffle et amène du sable dans les rues de Suna.
Le vent qui dévaste tout. La tornade, l'ouragan, le cyclone, le vent qui sème la désolation. Et récolte la tempête. Une tempête dévastatrice.

De ma fenêtre, je vois le monde. Des dizaines de centaines de maisons, aux toits colorés. Bleu, rouge, au choix. Des palais foisonnants. Des bâtiments imposants.

De ma fenêtre, je vois les gens.

Des gens qui sortent, qui marchent, qui courent, des gens qui boivent, qui mangent, qui chantent, des gens qui s'entraînent, des gens qui combattent, des gens qui rient, des gens qui vient, des gens qui meurent. Trop de gens.

Ici, je suis seul. Quelques mètres carrés. Où jamais personne n'est entré à part moi. Mon sanctuaire, mon autel. Ici, je suis tranquille. Ici, je suis seul.

Ces gens, je les vois. Je les ai vus. Je sais qui ils sont. Ce que je vois a passé le filtre de mon cerveau. Et je vois l'humanité telle qu'elle est réellement.

Je vois de la colère. De la peur. De la haine. De la souffrance. Des pleurs. Je vois les hommes tels qu'ils sont. Je sais, moi. Qui sont les humains.

De ma fenêtre, je vois Suna. La ville du sable. Ma ville. Je la vois bien, ma ville, de ma maison en hauteur.

Je vois beaucoup de choses, de ma fenêtre. Depuis longtemps. Souvent, quand j'étais enfant, je restais des heures à contempler la course du ciel, et lorsque je repartais, je laissais derrière moi une ombre de buée imprimée sur le verre.

J'ai parfois eu envie d'y plonger, de cette fenêtre.

De ma fenêtre, je vois un homme roux. Il me regarde dans les yeux. Sa main droite glacée est appuyée sur la vitre. Il ne bouge pas. Il est immobile. Il me fixe intensément.
Dans ses yeux, je vois de la tristesse. Une tristesse infinie. Et de la haine. Une haine noire. Mais il ne pleure pas. Il reste là, à me regarder, ses yeux sont secs.

Cet homme, c'est moi. Mon reflet sur la fenêtre. Et je ne pleure pas.

Pleurer, c'est avoir des émotions. C'est être faible et vulnérable. C'est avoir une cause à défendre. C'est souffrir. Moi, je ne pleure pas.

Je n'aime pas l'eau. Ça dégouline de partout, ça mouille, c'est gluant. Il n'y a pas d'eau dans le désert. Il est sec et aride, il n'a pas besoin d'eau. Comme mon cœur.

L'eau, c'est sale. Quand c'est salé, c'est la mer. C'est immense, comme le désert, ça emprisonne, comme le désert, et on n'y trouve que d'une chose, comme le désert. Mais je préfère le désert. La mort y est plus douce.

Quand c'est salé, ça peut aussi être les larmes. Ça vous brûle les yeux, ça vous brouille la vue, ça fait mal. Horriblement mal.

Je crois que j'ai pleuré une fois. Une seule fois. C'est mon seul souvenir.

Oui, j'ai pu me débarrasser de mes émotions, de tous mes bons souvenirs. Mais les mauvais restent. Ils vous collent à la peau, ils ne vous lâchent pas. Je les vois presque, au fond du ciel, me darder de leur œil moqueur. Ils restent à vous parasiter, comme un insecte gênant qu'on n'arrive jamais entièrement à chasser.

De ma fenêtre, je ne vois rien. Le monde se réduit à ma chambre. Le seul lieu préservé des hommes. Le seul lieu où l'on peut être heureux. Purement. Cette fenêtre, c'est ma muraille de Chine, c'est mon mur d'Hadrien, elle est impénétrable. Elle ouvre la porte vers un autre monde. Une autre dimension.

Derrière, tout est différent. Il faut payer avec de l'argent. Respecter des règles. Être hypocrite. Ici, je suis tranquille. Je fais ce que je veux. Et je ne pleure pas.

De ma fenêtre, je vois les nuages. Blancs. Moutonneux. Et le ciel, derrière. Bleu. Moi, mes yeux sont verts. J'aurais voulu qu'ils soient jaunes, comme le sable. Ainsi, je serai totalement identique au désert.

Deux personnes ont essayé d'entrer dans mon cœur. De trouver le petit garçon. De l'amener au dehors, où il y a de la lumière. Elles sont restées, longtemps, à essayer de me sortir de là. L'une est morte, l'autre est partie. Et le petit garçon reste là, seul au milieu du noir.

Yashamaru. Tu ne m'aimais pas. Moi non plus. Tu es morte. Je ne te regrette pas.
Naruto. Tu as voulu me comprendre. Mais tu n'es pas comme moi. Tu es reparti sans avoir trouver ce que tu cherchais.

J'ai grandi trop vite. J'ai tout fait en accéléré. Enfance, adolescence, adulte et vieillesse. Je suis un vieillard coincé dans le corps d'un enfant de 12 ans. Qui ne grandit pas.

Et à chaque étape, j'ai laissé des morts derrière moi. Un nombre incalculable de morts. Mais je n'ai rien regretté. Je regarde les corps sans vie, et je ne cille pas. Je les regarde dans leurs yeux sans lumière.

J'ai parfois eu envie d'y plonger, de cette fenêtre.

Mon frère a des amis. Il est sauf. Il a réussi à sortir. Ma sœur a trouvé la sortie, et elle m'a invité à venir la rejoindre. Je n'ai pas pu. Alors elle est partie et je suis resté au fond de la tristesse, tandis qu'il goûtait les plaisirs de la vie.

A l'extérieur, des rires. A l'intérieur, des pleurs.

De ma fenêtre, je vois tout ça. Je connais le paysage par cœur. Et au fond, au bout du bout de la ligne d'horizon, il y a le véritable désert qui commence. Pas les petites dunes qui amènent un peu de sable. Non, les cachettes des djinns. Qui chantent, camouflés au milieu du sable. Et le vent porte leurs chants aux oreilles des humains. Et le sable agrippe ses proies, les dévore, et laisse leurs os sécher au soleil.

Il y a un dieu, là-haut, qui organise tout ça. Il rit, en voyant ses hommes s’entre-tuer et s'accrocher à la vie. Moi, la vie, je l'ai quittée le jour où je suis né. Je vis comme un fantôme, au milieu des rires.

Dans ma chambre, je suis seul. Personne ne me regarde d'un mauvais œil. Personne ne chuchote sur mon passage.

Cette vie, elle ne vaut rien. Elle me suffit. J'ai vécu trente fois plus que les autres, j'ai tout vu. Suffisamment pour ne rien regretter.

Quand tout sera fini.

Quand je sauterai.




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