Fiction: Entre haine et amour...

La vengeance est un plat qui se mange froid. L'évidence même pour Sasuke. Mais quand la soif de destruction vous entraîne dans ses chemins les plus tortueux, la prise de conscience vient souvent trop tard et le retour en arrière n'est plus possible. UR, Sasu/Naru.
Drame / Romance | Mots: 16706 | Comments: 6 | Favs: 7
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Lenne26 (Féminin), le 31/03/2012
Et voici le chapitre 2 ! Bonne lecture !



Chapitre 2: Chapitre 2



Chapitre 2

Bien du temps a passé depuis ma désertion de Konoha. Combien de temps exactement ? Je ne sais pas, un peu moins d'un an je pense… Après mon départ du village, je suis allé au seul endroit où je me sentais un minimum en sécurité. C'est-à-dire à Suna. Gaara a été plus qu'étonné de me voir débarquer et encore plus quand je lui ai demandé si je pouvais me mettre à son service pour une durée indéterminée. Il est resté un long moment silencieux, se contentant de planter son regard dans le mien. C'était fou, mais j'avais vraiment l'impression que ses yeux voyaient au plus profond de mon âme. C'en était troublant. Il avait finalement accepté, sans me poser plus de questions. Je lui en ai été plus que reconnaissant, je ne le sentais pas de tout lui déballer sur le moment. Et puis, il se doutait bien que je finirai par lui en parler, il voulait sans doute attendre que je fasse le premier pas au lieu de me brusquer.

Quelques jours après mon arrivée à Suna, des ninjas de Konoha portant un message de l'Hokage à l'attention du Kazekage étaient arrivés. Gaara me l'avait montré le soir même. Rien de bien surprenant, Tsunade-baachan demandait s'il ne m'avait pas vu et s'il n'avait pas des nouvelles de moi. Mais j'ai été légèrement surpris de constater que je n'avais pas été déclaré nukenin mais simplement absent. L'Hokage m'avait soit disant envoyé en mission solo de longue durée. Etrange… Gaara m'a dit avoir répondu qu'il n'avait eu aucune nouvelle de moi, me demandant ensuite si c'était bien ce que je voulais. Je l'avais alors remercié avec le sourire, mais je suis persuadé qu'il a tout de suite détecté la tristesse qui se cachait derrière… Décidément, il est vraiment trop perspicace, c'est chiant parfois !

Depuis ce moment, je suis resté à Suna, effectuant des missions sous les ordres de Gaara et continuant mon entraînement. D'ailleurs, je dois avouer que de ce côté-là, venir à Suna a été plus que bénéfique. Gaara avait un jour émis l'idée qu'il serait bon que j'essaye de coopérer avec Kyuubi, au lieu de toujours me battre contre lui. Je l'avais regardé avec des grands yeux, me demandant un instant ce qu'il avait pris pour le faire délirer comme ça, mais je m'étais vite rendu compte qu'il était plus que sérieux. Selon lui, c'était une perte de temps et d'efficacité que nous ne cessions de nous battre l'un contre l'autre, nous n'avions rien à gagner à agir de la sorte. J'avais alors réfléchi plus intensément (si si, je vous assure, ça m'arrive à moi aussi !) aux arguments plus que pertinents qu'il avançait, et il m'avait alors dit avec un sourire en coin qu'il m'aiderait lors de mon entraînement. Après tout, il avait déjà réussi plus ou moins à entrer en contact avec Shukaku, alors cela devait être possible pour moi de faire la même chose avec Kyuubi.

Ça a été dur, je ne vous le cache pas. Pour parvenir à entrer en communication avec Kyuubi, il fallait que je fasse le vide dans mon esprit. Ne plus rien ressentir, être en paix avec moi-même, pour ensuite pouvoir entrer dans une sorte de transe qui me permettrait de discuter avec mon démon. Moi qui peine à me concentrer plus de 10 secondes ne serait-ce que pour écouter le but d'une mission, un tel niveau de concentration, c'était mission impossible pour moi ! Peut-être pas impossible finalement, puisque j'ai finalement réussi à entamer les négociations avec mon renard préféré. Et c'était pas facile ! C'est qu'il est dur en affaire celui-là ! Au début, j'ai vraiment cru que j'allais me faire bouffer, heureusement qu'il y avait des barreaux entre lui et moi ! Mais je ne me suis pas découragé et j'ai finalement réussi à le faire m'écouter. Il n'avait rien à perdre dans ce que je lui proposais, et tout à y gagner ! Nous sommes ainsi arrivés à un compromis, après moult discussions. Quoi comme compromis ? C'est un secret, je ne vais pas tout vous dévoiler non plus, je perdrais de mon charme…

« - Ton charme ? Parce que t'en as peut-être ? Désolé, j'étais pas au courant.

- Ah bah tiens, ça faisait longtemps, ça m'a vraiment manqué de t'entendre, tu peux pas savoir !

- Excuse mais quand j'entends des énormités pareilles, j'ai du mal à rester de marbre.

- Laisse-moi finir au moins Kyuukyuu, si tu t'en mêles, on s'en sortira jamais !

- M'appelle pas comme ça !

- Tu préfères Bibi ? »

J'ignore les grognements de mécontentement de mon renard qui, apparemment, n'aime pas des masses ses nouveaux surnoms (j'comprends pas, ils sont trop classes pourtant !). Qu'est-ce que je disais déjà ? Ah oui, mon entraînement. Après avoir fait ami-ami avec Kyuubi, on a appris à mieux se connaître et à combattre ensemble, lui m'aidant à perfectionner mes techniques et m'en apprenant de nouvelles, et moi ajoutant ma touche personnelle dans ce qu'il m'apprenait. Le résultat ? Et bah, plus que satisfaisant ! Un an plus tard, je me sens beaucoup plus serein et accompli dans ma vie de shinobi, et cela se ressent également en mission. Dans ma vie privée ? Ce n'est peut-être pas encore tout à fait ça, mais ça progresse !

« - T'en es sûr de ça ?

- Quoi, qu'est-ce que t'insinues ?

- Rien, juste qu'il serait temps que t'arrêtes de te voiler la face.

- Je ne me voile rien du tout, fiche-moi la paix avec ça !

- S'il n'y avait rien, tu ne t'énerverais pas comme ça. »

Sa dernière phrase me perturbe un instant, avant que je ne me souvienne de ce que je devais faire. C'est vrai, Gaara m'a convoqué, il faudrait peut-être que j'arrête de trainer en chemin d'ailleurs… Aussitôt dit, aussitôt fait, et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me retrouve devant la porte de son bureau. Quelques coups frappés, un « entrez » répondu, et me voilà devant lui.

- Kazekage-sama, vous vouliez me voir ? demande-je tout en m'inclinant légèrement.

- Allons Naruto, ne sois pas aussi formel avec moi, ça ne te va pas ! me répond-t-il avec un sourire en coin.

Je me redresse, et mes yeux croisent alors les siens, tandis qu'un sourire naît inconsciemment sur mes lèvres.

- T'as raison, excuse moi, l'habitude !

Il ne dit rien mais acquiesce légèrement, signe qu'il comprend ce que je veux dire.

- Alors, de quoi voulais-tu me parler ?

- Naruto, est-ce que tu es bien ici ? me demande-t-il après un instant de silence.

Sa question me laisse stupéfait : mais qu'est-ce qu'il veut dire par là ?

- Euh, oui, pourquoi ? réponds-je, hésitant.

- Est-ce qu'il ne te manque rien ? interroge-t-il de nouveau, ignorant ma question.

- Oui, tout va bien, déclare-je tandis qu'un léger sentiment de malaise que je ne m'explique pas m'envahit progressivement.

- Peux-tu me le redire en me regardant dans les yeux ?

Sa demande m'étonne, n'ayant moi-même pas eu conscience que je les avais détournés. Plantant mon regard dans le sien, je réitère les mots qu'il veut entendre. Il me scrute alors un instant, avec toujours cette désagréable sensation qu'il parvient à lire au plus profond de mon âme. Mais je soutiens son regard, jusqu'à ce qu'il lâche un discret soupir.

- Je le savais, tu te leurres, énonce-t-il finalement.

- Je me leurre sur quoi ? demande-je, légèrement agacé par ses manigances et ne comprenant toujours pas où il veut en venir.

- Naruto, pourquoi as-tu quitté Konoha ? interroge-t-il, éludant de nouveau totalement ma question. Que cherches-tu à fuir en venant ici ?

- Rien. Je ne fuis absolument rien.

- Tu détournes de nouveau les yeux… constate-t-il avec amusement.

- Mais rien, merde ! Qu'est-ce que t'as aujourd'hui ? lui réponds-je en plantant mes yeux dans les siens, la colère commençant peu à peu à me gagner.

- Alors pourquoi tu t'énerves ? me demande-t-il, toujours aussi calme et posé.

- On croirait entendre Kyuubi, marmonne-je après un bref éclat de rire.

- Il est d'accord avec moi alors ?

Face au silence qui accompagne cette question qui n'en est pas vraiment une, je sens le regard de Gaara posé sur moi tandis que je m'efforce obstinément à détourner le mien. Je l'entends de nouveau pousser un léger soupir.

- Tu sais Naruto, je m'inquiète pour toi. Tu es le premier ami que je n'ai jamais eu. Tu m'as sorti de mon monde de ténèbres. Tu m'as beaucoup donné sans rien demander en échange.

- C'est normal, c'est ça les amis, réplique-je en maintenant mon regard planté sur le mur à ma gauche.

Je me sens rougir, ses paroles me faisant énormément plaisir je dois l'avouer. Après tout, lui aussi m'a beaucoup offert sans rien demander en retour, surtout cette dernière année, même s'il n'en a pas conscience.

- Mais aujourd'hui, c'est à moi de faire quelque chose.

Mon regard se plante immédiatement dans le sien, légèrement anxieux sur ce qui va suivre.

- J'espère que tu ne m'en voudras pas, mais je ne vois pas d'autre solution.

Attends un peu, mais qu'est-ce qu'il veut faire au juste là ?

- Ça fait un moment que j'y pense, et plus tard, je suis sûr que tu comprendras mon choix.

L'appréhension me gagne de plus en plus lorsque j'entends quelques coups frappés à la porte. Gaara fixe un instant ses yeux dans les miens avant d'autoriser la personne à entrer. Mon attention se tourne vers l'entrée, et je vois alors avec la plus grande stupeur qui se trouvait derrière la porte. Ebahi, je vois entrer Kakashi, Sakura et… Sasuke. Ils ont l'air aussi surpris que moi de cette rencontre. Enfin… Kakashi et Sakura ont l'air surpris, alors que toi, tu as toujours un air aussi indéchiffrable. Je me gifle mentalement. C'est de l'histoire ancienne tout ça, je n'ai plus aucune raison de dire toi, c'est lui maintenant !

La surprise passée, je vois Sakura s'approcher de moi, et avant même que j'ai eu le temps de m'y préparer, elle m'envoie un coup de poing monstrueux qui me fait atterrir avec force dans le mur d'en face. Me redressant péniblement, je reçois soudainement un poids dans les bras.

- Me refais plus jamais ça, baka ! me crie Sakura, après s'être jetée à mon cou.

Je la sens trembler légèrement, tandis que je devine les larmes coulant sur ses joues. C'est la première fois que je la vois dans un tel état de faiblesse, je n'ai aucune idée de comment je dois réagir…

- T'as une idée de ce que j'ai ressenti quand on m'a appris que t'étais parti ? Que toi aussi tu m'avais abandonnée ? Putain, mais ça vous amuse ou quoi de me faire ça ?

Ses mots mettent un moment avant de prendre leur pleine portée… c'est vrai, ce n'était pas la première fois qu'elle assistait au départ d'un être cher. Me voir partir après avoir une fois subi la désertion de Sasuke, ça n'a pas dû être facile pour elle. Je n'y avais pas réfléchi…

« - Et même si tu y avais réfléchi, ce qui, en soit, est quelque chose de hautement improbable et qui me donne des frissons rien que d'y penser, est-ce que ça t'aurait arrêté ?

- Merci pour la haute opinion que tu as de moi, y a pas à dire, ça me touche Kyuukyuu !

- De rien, c'est gratuit, et arrête avec ce surnom débile !

- C'est toi qui as commencé… Mais non, pour répondre à ta question, je ne pense pas que ça m'aurait arrêté. »

Je me reconnecte de nouveau avec la réalité, Sakura dans mes bras qui continue à déverser toute la colère qu'elle a retenue cette dernière année, depuis mon départ. Je la laisse faire, me sentant coupable de l'avoir trahie de la sorte.

- Ah vous les mecs, sérieusement, Dame Nature ne vous a pas gâtés, c'est vraiment dommage qu'elle ait oublié de vous donner un cerveau… Non mais avec quoi vous réfléchissez pour prendre des décisions aussi débiles ! s'exclame Sakura, toujours en colère même si je la sens se décontracter de plus en plus.

- Nous aussi, on a un cerveau, il est juste situé plus bas que vous, à ce qu'il paraît, lui réponds-je, la coupant ainsi dans son flot de paroles.

Elle s'arrête instantanément, en même temps qu'elle s'écarte légèrement de moi pour me regarder dans les yeux. Elle reste silencieuse un moment, avant d'éclater de rire en voyant le sourire pervers que je lui offre.

- Ha ha, oui c'est vrai, j'avais oublié, que vous les mecs, vous réfléchissez avec une certaine partie de votre anatomie, ce n'est pas la peine d'essayer de trouver un quelconque neurone dans cette partie-là, réplique-t-elle en me donnant une pichenette sur le front, tout en me rendant mon sourire pervers.

Bon Dieu, ça fait du bien de la voir comme ça. De la revoir comme ça. Mine de rien, sa présence à mes côtés et tout ce qui fait d'elle ce qu'elle est, ça m'avait manqué. Et je n'en prends pleinement conscience que maintenant.

- Dites tout de suite si on vous dérange… vous voulez pas une chambre non plus ? demande Gaara, un sourire en coin trônant sur ses lèvres.

Je sursaute au son de sa voix. J'avais totalement oublié qu'ils étaient là dis donc… Et un instant plus tard, je rougis en constatant la position dans laquelle Sakura et moi sommes : moi assis au sol et adossé contre le mur, elle à califourchon sur moi. Prenez la même position avec les vêtements en moins… bref, vous avez compris ! Si je suis assez gêné de la situation, surtout en entendant Kyuubi se poiler à n'en plus finir, totalement hilare de me voir comme un adolescent pris en faute, ça n'a pas du tout l'air de déranger Sakura qui se relève comme si de rien n'était. Gaara me regarde en souriant. Visiblement, Kyuubi n'est pas le seul à trouver la situation à son goût… D'ailleurs, il me doit quelques petites explications sur le beau merdier dans lequel il m'a foutu !

- Bon, maintenant que tout le monde est là, j'imagine que je n'ai plus besoin de m'expliquer sur la raison qui m'a poussée à vous demander à Suna ?

- Non, en effet, ça me paraît plus qu'évident, répond Kakashi tout en me regardant.

Un bref silence plutôt tendu suit ces paroles. Je ne sais pas ce qu'ils attendent. Que je leur explique la raison de mon départ ? Bien-sûr, quelle bonne idée ! De toute façon, il y en a un qui doit très bien la connaître cette raison…

- Sakura, Sasuke, attendez-nous dehors, déclare Kakashi, tandis que Gaara et lui se regardent fixement.

- Bien sensei, dit Sakura en acquiesçant alors que Sasuke s'est contenté de hocher la tête.

La porte se referme derrière eux, et nous voilà tous les trois seuls. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que la discussion ne va pas me plaire des masses…

- Naruto, tu rentres avec nous à Konoha. Nous repartirons demain matin à l'aube, ordonne Kakashi sans même me regarder.

Et voilà, qu'est-ce que je disais ! J'adore ma vie, y a pas à dire !

« - Et bah gamin, t'es pas rendu ! J'aimerais pas être à ta place…

- Ah… Je m'y attendais…

- Tu t'attendais à devoir rentrer à Konoha ?

- Non, je m'attendais à ce que tu fourres ton gros nez poilu là dedans !

- Bah il faut bien, pour une fois que je trouve le fait d'être enfermé dans le corps d'un débile plus plaisant que de vivre ce que tu vis…

- T'en loupes pas une ?

- Non !

- Tu vois une solution pour me sortir de là ?

- Pas la moindre ! »

Je pousse un discret soupir devant la jubilation de mon démon qui se satisfait pleinement de me voir dans la merde la plus totale.

- Kazekage-sama, Naruto était ici durant tout ce temps ? enchaîne Kakashi.

- Oui.

- Alors pourquoi ne nous avoir prévenus que maintenant ?

- J'ai mes raisons, répond Gaara après une légère hésitation. Mais je pense qu'il est temps pour Naruto de regagner son village. Même s'il a bien aidé Suna, je pense que sa place est à Konoha.

- Et moi, personne ne me demande mon avis ? questionne-je, un peu agacé qu'ils parlent devant moi comme si je n'étais pas là.

- Naruto, pourquoi es-tu parti de Konoha ? interroge Kakashi en tournant son regard vers moi.

- Moi aussi j'avais mes raisons.

- Et aujourd'hui, vas-tu rentrer avec nous ?

- Tu me laisses le choix ? Pourtant je ne pense pas l'avoir.

- En effet, tu ne l'as pas, même si j'aurais préféré te le laisser, répond Kakashi, une once de tristesse transparaissant dans sa voix.

- Alors il n'y a plus à discuter, conclus-je en me tournant vers Gaara.

Celui-ci nous regarde tous les deux successivement avant de demander à Kakashi de sortir. Nous nous fixons ensuite un long moment, en silence, comme si les mots étaient inutiles pour se faire comprendre de l'autre. C'est moi qui finalement finis par craquer.

- Il est temps que j'arrête de fuir, n'est-ce-pas ?

- Je crois que ce serait mieux, en effet.

Je soupire, avant de m'incliner légèrement en sa direction.

- Merci Gaara, pour tout ce que tu as fait, dis-je avant de me redresser. Tu n'en as sans doute pas conscience, mais tu as fait beaucoup pour moi, sans rien demander en échange toi non plus. Tu es l'un de mes amis les plus précieux.

Je le vois sourire, et je sais qu'il a été touché par ce que j'ai dit.

- Ce sont des adieux alors ?

- Des au revoir plutôt, réplique-je en souriant. C'est moins déprimant !

Il se lève de son siège, fait quelques pas et se retrouve devant moi. Je le vois tendre la main, que je m'empresse de serrer, avant de le tirer vers moi et de l'enlacer. Je le sens légèrement surpris par mon geste, mais il ne me dit rien et ne me rejette pas non plus.

- Naruto…

- Tu vas me manquer, le coupe-je.

- Toi aussi, me répond-t-il, alors que je devine le sourire qui vient d'apparaître sur ses lèvres.

Je resserre mon étreinte, avant de reculer. Il faut bien que je le laisse respirer un peu, et puis il n'a pas franchement l'habitude de telles démonstrations d'affection ! Un autre que moi aurait déjà goûté à son tombeau du désert…

- Merci encore.

Je le salue avant de prendre congé et de retrouver mon équipe, en train de m'attendre devant la porte. De nouveau, un silence pesant s'installe entre nous, avant que Sakura prenne les choses en main et décide que ce serait sympa d'aller prendre un peu de bon temps ensemble autour d'un verre, histoire de rattraper le temps perdu. Et bah, heureusement que les femmes sont là pour mener la danse, car nous, et malgré le fait qu'on soit trois, nous étions tous plantés comme des idiots à se regarder en chiens de faïence !

Et la soirée a ainsi commencé, nous quatre assis autour d'une table, découvrant l'ambiance d'un des nombreux bars de la ville. Si pour moi, cela n'a rien d'extraordinaire, je doute que les autres aient vraiment pu expérimenter ce genre d'endroits à Suna. La conversation se teinte d'une note joyeuse, chacun savourant le fait de se retrouver après autant de temps. Sauf Sasuke bien-sûr. Après avoir fini son verre et sans avoir prononcé le moindre mot, malgré la discussion enflammée qui nous anime tous les trois, il déclare qu'il rentre à l'hôtel pour se reposer. Il décline l'offre de Sakura qui lui propose de rester plus longtemps avec nous, prétextant qu'il a besoin de repos. De mon côté, je m'en fous. Je ne peux pas croire qu'il a changé, et je n'ai aucunement besoin de renouer une quelconque relation avec lui. Je préfère de loin la compagnie de Sakura. Plus tard dans la soirée, c'est Kakashi qui nous quitte, nous recommandant de ne pas nous coucher trop tard car la route qui nous attend le lendemain est longue. J'ai ainsi savouré le reste de la soirée en compagnie de Sakura, appréciant son humour, sa joie de vivre, et toutes les taquineries qui nous adorions nous faire. Personne n'aurait pu dire que cela fait un an que nous ne nous sommes pas vus, notre complicité n'en a pas du tout souffert. A la fin de la soirée, juste avant de nous quitter, elle me prend dans ses bras, me chuchotant dans le creux de l'oreille « Tu m'as manquée. » Sa chaleur, le contact de son corps contre le mien, toute la tendresse qu'elle me transmet… cela m'émeut presque jusqu'aux larmes, et je me rends compte maintenant qu'il m'est totalement impossible de vivre sans elle. Je lui rends son étreinte, lui murmurant « Toi aussi tu m'as manqué. » Nous restons comme ça quelques minutes, avant qu'elle s'éloigne de moi, m'embrassant sur la joue avant de me souhaiter bonne nuit. Je la regarde s'éloigner, un sourire aux lèvres, avant de moi-même regagner ma chambre.

Le voyage du retour s'est déroulé sans incident, Sakura monopolisant tout mon temps et moi tout le sien pour notre plus grand plaisir. Retrouver la complicité que j'avais avec elle avant de partir m'a fait un bien fou, tellement de bien que je n'ai pas un instant songé à tous les problèmes auxquels j'allais devoir faire face en revenant à Konoha. Et l'un de ces principaux problèmes voyageait juste à côté de nous. Et maintenant que je suis devant les portes de mon village, je ne sais plus que penser. Bien-sûr, j'appréhende le moment où je me retrouverai devant Tsunade-baachan, elle qui m'a tant fait confiance, elle qui compte aussi tant pour moi… Je sais qu'elle sera déçue, mais je ne veux pas le voir dans ses yeux. Mais ce problème mis à part, c'est plutôt le comportement de Sasuke qui m'intrigue plus que tout. Durant tout le voyage, il ne m'a pas adressé la parole, n'a pas non plus cherché à se retrouver seul avec moi. Que cherche-t-il ? A-t-il compris que cela ne servait plus à rien d'essayer de me dominer ? Que sa vengeance sur moi serait désormais inutile ? Je l'espère, mais je suis loin d'en être persuadé, bien au contraire.

Me voici devant la porte de l'Hokage, et je suis stressé à mort. Encore plus par le fait que Tsunade-baachan veut me voir seul. J'entre avec appréhension, et à peine la porte refermée, je me reçois un coup de poing magistral qui me fait atterrir contre le mur. Décidément, c'est la mode en ce moment ! On ne se demande pas d'où Sakura tient ça ! Je me relève péniblement, et mes yeux croisent ceux de Tsunade-baachan, debout à quelques mètres de moi. Et contrairement à ce que j'avais pensé, je n'y lis pas de la déception mais plutôt de l'inquiétude et de la joie de me revoir. Je souris chaleureusement, et elle me prend aussitôt dans ses bras. Elle aussi m'a manqué, et dans ses bras, j'ai comme la sensation d'enfin connaître l'amour d'une mère. Et sans que je puisse l'empêcher, je sens des larmes couler le long de mes joues. Je suis persuadé que Tsunade-baachan l'a remarqué elle aussi, mais elle ne dit rien, et je lui en suis reconnaissant.

- Pourquoi as-tu quitté le village ? me demande-t-elle tout doucement, avec tendresse.

- Je ne sais plus, lui réponds-je.

Elle ne me demande rien de plus, sachant que je ne dirai rien d'autre. Mais honnêtement, c'est vrai. Quand je vois ce qui m'attend ici, les êtres chers qui m'offrent leur tendresse et leur amour, je me demande bien pour quelle raison stupide j'ai quitté le village. J'ai tout ce qu'il me faut à Konoha.

Elle s'écarte de moi, me caresse tendrement la joue, et m'ouvre la main pour y déposer quelque chose. Je baisse les yeux pour découvrir ladite chose : une clé.

- La clé de ton appartement, tout est resté tel que tu l'as laissé, dit-elle en retournant s'asseoir à son bureau.

Je reste debout en face d'elle, me doutant bien que ce qui va suivre sera nettement moins plaisant.

- Tu dois certainement déjà être au courant grâce au Kazekage, mais j'ai fait en sorte que tu ne sois pas déclaré nukenin mais simplement absent pour mission de longue durée directement sous mes ordres.

Elle s'arrête un instant, et mon manque de réaction face à cette nouvelle lui confirme ce qu'elle soupçonnait.

- Les vieux du conseil ont quelques doutes, mais ça s'arrangera bientôt. Tu vas réintégrer l'équipe 7, et vous fonctionnerez de la même façon qu'avant ton départ. Mais je te préviens Naruto… menace-t-elle en pointant un index dans ma direction.

Ouah, et bah je comprends maintenant pourquoi elle est une kunoichi tant redoutée… ses yeux sont tellement effrayants que des frissons commencent à me remonter du bas du dos. Peu importe ce qu'elle me dit, je n'ai pas la moindre envie de refuser là !

- S'il te prend l'envie stupide de recommencer un coup comme celui-là, tu peux être sûr que je viens moi-même te chercher par la peau du cul pour te ramener, et je m'assurerai personnellement que tu ne puisses plus quitter le village, compris ?

Oui, madame, tout ce que vous voulez madame ! J'acquiesce silencieusement tout en déglutissant, avant que son regard ne redevienne rieur. Elle esquisse un sourire malin, visiblement très satisfaite de son petit effet.

« -Et bah ma parole, tu t'es fait avoir comme un bleu là !

- Tu sais quoi ? Je me disais exactement la même chose… »

Je soupire, souriant après le petit jeu de ma supérieure, avant que quelque chose ne me revienne en mémoire.

- Tsunade-baachan, pourquoi ne pas m'avoir déclaré nukenin ? interroge-je, me posant cette question depuis un long moment maintenant.

- Un futur Hokage déclaré nukenin, ça ne le fait pas trop, tu ne crois pas ? me répond-t-elle avec un sourire en coin.

Je reste stupéfait par sa réponse un instant, avant de lui rendre son sourire et de la saluer. Arrivé devant la porte, je m'arrête sans me retourner.

- Merci, murmure-je juste avant d'ouvrir la porte et de disparaître.

Je ne la vois pas mais je sais qu'elle m'a entendu, et je l'imagine un sourire aux lèvres, ses yeux fixés sur la porte qui vient de se refermer derrière moi.

Une fois dans la rue, j'erre au gré de mes envies, heureux de retrouver le village de mon enfance, le village qui m'a tant manqué. Je n'en reviens pas d'ailleurs, jamais je n'aurais cru qu'autant de choses me manqueraient après avoir choisi de commencer une nouvelle vie. Je pensais naïvement que Suna remplacerait ce que Konoha avait gardé pour elle. J'étais loin de la vérité. Après tout, même si j'ai beaucoup souffert ici, c'est dans ce même lieu que les plus intenses joies de ma vie se sont déroulées. C'est ici que se trouvent les gens que j'aime le plus au monde.

Un sourire aux lèvres et la tête dans les nuages, je me rends à peine compte que je viens d'arriver au pied de mon appartement, mes pieds m'y ayant conduit inconsciemment. J'entends Kyuubi grogner au fond de moi, et en levant la tête, je comprends pourquoi. Adossé nonchalamment contre la rambarde, Sasuke est là, m'attendant vraisemblablement. Me voyant, il tourne la tête vers moi avant de sourire chaleureusement. Quel acteur ! Je sais très bien qu'il m'a vu bien avant que je ne le voie moi-même, mais il fait tout de même semblant de n'avoir aperçu ma présence que maintenant. Mon visage s'assombrit tandis que je monte les marches menant au perron de mon appartement.

- Qu'est-ce que tu veux ? demande-je d'une voix glaciale, ne daignant même pas le regarder, tout en glissant la clé dans la serrure.

- Te parler.

- Je n'ai rien à te dire.

- Tu me fuis ? demande-t-il avec arrogance.

- Tsss…

Qu'est-ce qu'il peut m'énerver, c'est à peine croyable ! Je laisse la porte ouverte, dépose mes chaussures dans l'entrée et me dirige vers le salon. Il fait de même, et assis sur le canapé, je le vois me rejoindre.

- Alors de quoi veux-tu parler ? questionne-je avec un sourire mauvais sur le visage.

Tu as peut-être bien joué, mais c'est terminé maintenant ! Il hésite un instant, se demandant sans doute par où commencer. Je vois ensuite un sourire malsain éclairer son visage, tandis que ses yeux se teintent d'une lueur sombre. Sans le vouloir, je commence légèrement à paniquer, cette scène ne me rappelant que douloureusement de vieux souvenirs.

- Mais je veux parler de ton départ Naruto. De ta fuite face à moi.

Il me regarde droit dans les yeux, guettant la moindre de mes expressions. Même si j'ai tiqué face au mot fuite, je ne lui donnerai pas le plaisir de me laisser déstabiliser.

- Je l'avoue, ça ne faisait pas partie de mes plans. Ça m'a grandement contrarié tu sais, dit-il en soupirant, la main gauche sur la joue comme une mère qui s'exaspère des bêtises de son fils.

Il le fait exprès et ça m'énerve, même si je sais qu'il cherche délibérément à me faire sortir de mes gonds.

- J'ai dû attendre un an avant de te retrouver, et je me suis dit que peut-être, tout ne se déroulerait pas comme prévu. Mais j'ai eu le bonheur de constater que si… continue-t-il, un sourire de psychopathe se dessinant sur ses lèvres.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? demande-je en fronçant les sourcils.

J'ai peur de comprendre ce qu'il insinue, et la panique me gagne de plus en plus. Mais il ne faut pas, je ne dois rien lui montrer… sinon ça recommencera.

- Mais que tu es toujours sous mon emprise Naruto.

- Pfff, n'importe quoi… tu n'as pas changé, hein ? Toujours aussi imbu de toi-même.

J'essaye de le blesser, mais mes mots n'ont pas le même effet que les siens : les siens déchirent un peu plus le fragile contrôle que je m'efforce de maintenir, alors que les miens glissent sans heurt sur sa carapace. On dirait que rien ne peut l'atteindre.

- Alors pourquoi me fuis-tu depuis nos retrouvailles ? Si je n'avais pas raison, tu n'aurais pas évité par tous les moyens de te retrouver seul avec moi.

- Je ne t'ai pas évité, c'est toi qui n'as pas cherché à m'appr…

- Oh si, j'ai essayé de te parler seul à seul. Pour voir si quelque chose avait changé avec le temps. Mais les quelques fois où j'ai essayé, tu trouvais toujours un prétexte pour te retrouver collé à Sakura, même si tu n'en avais pas clairement conscience.

Je reste sans voix, n'en revenant pas. Alors non seulement il a toujours la même influence sur moi, mais en plus il l'a deviné dès les premiers instants ?

- Si je n'avais plus la moindre influence sur toi, tu aurais plutôt recherché la confrontation au lieu de la fuir, me prouvant ainsi que cela ne servait à rien de m'acharner dans un combat perdu d'avance, tu ne crois pas ?

Et de nouveau, ses mots me blessent, tel un couteau qu'il enfonce un peu plus profondément à chaque fois, pour goûter à la lente agonie qui en découle.

- Mais si tu veux, je peux te le prouver… susurre-t-il tout en s'approchant de moi.

Les derniers remparts de ma raison s'écroulent et la panique submerge tout mon esprit. Revivre tout ça ? Jamais ! Aussi rapidement que mon expérience de shinobi me le permet, je m'empare d'un kunai de ma main droite, que je pose sur mon poignet gauche.

- Tu as peut-être raison, peut-être que je ne suis pas aussi maître de moi-même que je le prétends. Mais je préfère encore mourir plutôt que de te voir gagner !

Il avance encore d'un pas, alors que je lui hurle ces mots au visage :

- Ne t'approche pas plus ou je le fais ! Tu ne m'en crois peut-être pas capable ?

Il s'arrête un instant, m'observant d'un air indéchiffrable. Puis, il sourit, et avance de nouveau. Sans une once d'hésitation, la lame court sur ma peau, dessinant une profonde coupure où le sang commence à couler. Je n'entends pas les protestations de Kyuubi, qui ne doit pas se réjouir de mourir de la sorte, mais je m'en moque. Mes yeux sont fixés dans les siens, et je jubile face à cette victoire. Il est surpris. Choqué même. Pensait-il que je n'étais pas capable de le faire ? Je souris encore devant l'air désemparé qu'il affiche, sourire que je perds instantanément quand je vois ses lèvres s'étirer.

- Tu y as cru ? me demande-t-il, sournoisement.

Je ne comprends pas, que veut-il dire par là ? Il s'avance vers moi, me prend le kunaï des mains, profitant de mon étonnement, et place sa main droite au-dessus de mon poignet. J'écarquille les yeux quand je vois du chakra vert sortir de sa main. En un instant, ma blessure se referme, sans la moindre cicatrice.

- Alors, surpris ? questionne-t-il, un sourire mauvais accroché sur ses lèvres.

Je n'en reviens toujours pas, mes yeux hébétés regardant l'endroit où, il y a un instant, le sang s'écoulait à flots. Je sens Sasuke me pousser contre le mur, bloquant mon corps contre le sien.

- Tu es ma marionnette Naruto, me susurre-t-il à l'oreille, tandis que je sens sa main passer sous mon t-shirt.




J'espère que vous avez aimé ce chapitre, mais je précise une chose : interdiction de tuer Sasuke, j'en ai encore besoin pour la suite ! XD
N'hésitez pas à me laisser un commentaire, et à la prochaine !




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