Fiction: J'ai faim ! (terminée)

Il ne faut pas avoir trop faim pour bien manger, car, dès qu'on se met à table, on n'a plus faim. De même il ne faut pas se sentir trop passionné quand on veut écrire... One-shot - Choji.                        
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Harlequin (Masculin), le 04/11/2011
... Un commentaire, pourquoi faire ? J’ai juste faim !



Chapitre 1: J'ai faim !



Une minute à peine, et j’ai déjà englouti la dernière pomme qui restait au frigo. J’ai encore faim. Sa peau est flasque, molle, j’espérais un goût acidulé, mais c’est comme si toutes les odeurs de ranci croupissant dans le frigo vide s’étaient emparées d’elle. Elle y est restée trop longtemps, c’est ça ! Qu’elle n’ait pas pourri au point de grouiller de vers, c’est déjà bien. Pour peler cette peau ridée et ramollie, il faut trois fois plus de temps que pour croquer le fruit. Et la faim est toujours là. À quoi bon tout conserver au réfrigérateur ? C’est comme garder un trésor ? Quelle bêtise ces odeurs de renfermé ! Finalement, c’est une bêtise qui a du bon, car sinon j’aurais mangé toute la pomme jusqu’aux pépins. Quoi qu’il en soit, j’ai encore faim.

Comment faire ? J’ai tellement faim.

Je devrais descendre au distributeur retirer tout l’argent possible de mon compte en banque, je trouverai peut-être encore une centaine de Nerutos, les avoir serait finalement mieux que rien, avec une si petite somme on peut s’acheter deux sachets de chips, de quoi faire une ou deux tasses de thé ou de café, voilà le déjeuner et le dîner réglés d’un coup, et plus de soucis pour les repas suivants. Dans l’appartement, il reste quelques sachets de thé et il y a de quoi faire deux tasses de café soluble. J’essaie toutes mes cartes de crédit, mais partout, la réponse est la même, les distributeurs automatiques me répondent : « Retrait interdit. Consultation du compte uniquement. » C’est bien gentil, mais c’est une mauvaise blague ! En additionnant l’argent de tous mes comptes, j’ai peut-être trois cents Nerutos, et je n’ai même pas pu obtenir un seul centime, pour chaque compte je ne peux demander qu’une somme inférieure au montant minimum autorisé. Ce n’est même pas la peine de fouiller dans mon porte-monnaie, au mieux il n’y aura pas plus de trois Nerutos six sous. C’est clair et net. Avoir ou ne pas avoir : c’est toujours la même chose, et ça ne sert à rien de faire le compte exact des pièces, je risque de me faire encore plus mal.

Et j’ai encore faim. C’est pour ça que je n’ai pas pu m’empêcher de manger cette pomme pourrie. Entre manger et ne pas manger, la différence ne paraît pas grande. J’ai toujours faim. La pomme était trop petite. Plus petite que la paume de ma main.

Malheur ! Je commence à calculer combien de jours je peux encore tenir. J’ai deux boîtes de légumes, du poisson en conserve, deux tranches de viande fumée, un petit paquet de gâteaux pas cher, un demi sachet de nouilles desséchées, un demi sachet de macaronis, quelques œufs, ah, il y a aussi pas mal de corn-flakes ou d’autres céréales, mais manque de pot, il ne reste apparemment qu’un demi carton de lait. Bon. Tentons de tenir le coup. Ça pourrait être pire, je peux au moins compter sur ces provisions pour éviter d’aller emprunter des sous avant une semaine. De toutes façons, au début du mois prochain, j’aurai une rentrée d’argent. Zut ! Jusqu’au premier du mois prochain, jusqu’au moment où mon compte sera réapprovisionné, il y a encore au moins dix jours à tenir. Dix jours ? Mon Dieu !

Bon. Je n’ai qu’à attendre là bien sagement dans ce petit appartement sans en sortir, et tout ira bien.

Mais j’ai faim !

Tu m’as écoutée jusque-là, et peut-être tu vas craquer ; tu réprimes un grand cri incontrôlable, et tu demandes :
- T’as faim ? Et ben, va manger, il te reste pas quelques conserves, à quoi ça rime d’aller acheter des chips ? Les boîtes, des fois, ça se laisse manger.
- Encore là à pleurnicher ? Sais-tu depuis combien de temps je mange les mêmes choses, moi ? Depuis un an ! Le matin, deux parts de gâteau ou bien des œufs ou bien des corn-flakes avec du lait ; le soir, des boîtes de conserve, de la viande fumée, des nouilles, des macaronis, une pomme, histoire de varier les mélanges. Toujours des produits bon marché, les promotions du magasin. Dans un sens ou dans l’autre, chaque jour c’est à peu près pareil. Mon plus grand plaisir, sais-tu ce que c’est ? C’est d’acheter le moins cher possible des paquets de chips ou des tablettes de chocolat ! Vois-tu, ces produits-là peuvent à peu près satisfaire mon envie de changement, en plus ils sont pleins de calories, ce qui permet d’éviter d’avoir faim, si bien qu’indirectement ils réduisent un peu les dépenses alimentaires.

De toutes façons, ce n’est pas la première fois que je ressens la faim. On dirait que c’est toujours la même chose, j’endure, mais la faim ne me tue pas. Je ne suis pas prêt de crever, mais la faim, elle, est bien là.

Lorsque le ciel du crépuscule vire au noir et que le vent se refroidit, je sors dans la rue. À cause de la faim, mon corps est prêt à tout. On dirait que je suis devenu la Gourmandise incarnée, attirée par les sucres.

Que faire ? J’ai faim, et ces choses qui restent et que j’ai déjà mangées des centaines de fois me donnent envie de vomir rien qu’à les voir. Mais comment faire ? Le fait est là : je n’ai pas d’argent. Il ne me reste plus qu’à attendre.

Membre de la famille Akimichi, je travaille en son nom, ce n’est qu’un petit boulot que je fais, en guise d’échange : je travaille pour ma famille, et eux, naturellement, me nourrissent, mais toujours à contre cœur, si bien qu’ils me font vivre éternellement insatisfait, quasiment mort de faim sans jamais l’être. Je voudrais continuer mes études à l'académie, combattre, devenir un ninja de légende et défendre l'honneur de mon village, c’est mon plus grand rêve. Mais tout le monde dans ma famille se rit de mes rêves, ils disent les héros ça n’existe plus, laisse tomber, il vaut mieux, alors que tu es encore jeune, te trouver un emploi moins risqué sans mettre ta vie en jeu. Je ne les crois pas, je m’en suis tenu à ma volonté et me voilà à Konoha, pour y apprendre les arts ninjas, pour y faire grandir mon rêve si cher de devenir un légendaire. Mais je ne peux me nourrir, je ne veux pas travailler à plein temps au sein du clan comme ils l’espèrent, mais je ne peux pas non plus mendier auprès d’eux, il ne me reste plus qu’à compter sur moi-même pour faire des petits boulots, au moins je gagne mon argent plutôt honorablement.

Il est bien triste cependant de penser que mon grand rêve va peut-être bien me faire mourir de faim.

J’ai vraiment très faim. Et voilà que je tente de prendre mon rêve pour gagne-pain. Je me mets à cogiter, au minimum donnons-nous une année à l’essai. Pour tout le monde l’explication officielle c’est “je suis parti faire mes études à l'académie”, ce n’est dire que la moitié des choses, je dissimule l’autre moitié.

L’étrange, c’est que, quelle que soit la quantité que j’avale, beaucoup ou peu, j’ai faim. J’ai faim, je mange, j’ai encore plus faim, je mange encore plus, et au final, bien sûr, ça ressort par tous les bouts, sans même avoir le temps de digérer, si bien qu’il ne reste plus rien, déjections pures et claires, sans exception. Finalement j’ai encore faim.

Tellement faim !

Ce matin j’ai encore reçu une lettre envoyée par l'académie : nous sommes désolés, mais vous n'avez pas été promu pour cette mission pour diverses raisons. Ils ne veulent pas de moi.

Je n’ai plus la force de parler, j’ai trop faim. Si je cherche à réaliser mon rêve, je ne gagnerai même pas un centime. Ah, ah, ah ! Je crains bien de vraiment finir par crever de faim.

Tu ne peux t’empêcher de me parler à nouveau :
- Tu meurs de faim ? Trêve d’exagération, de nos jours mourir de faim n’est pas si facile ! As-tu seulement songé à ces réfugiés sans foyer, à ces pauvres types sur les routes ? Puisque tu travailles à mi-temps au sein de ton clan, passe-leur donc un coup de fil et demande-leur de l’argent !

Leur passer un coup de fil ? Mais n’est-ce pas exactement ce qu’ils attendent ? Ils diront :
- Tu veux de l’argent ? Reviens donc “faire des choses sérieuses” et tu n’auras plus peur de manquer d’argent, non ? Nous ne te brimons pas, mais un jeune garçon comme toi ne peut ignorer la complexité du monde ninja, comment peux-tu forger des rêves aussi fous ? Tes espoirs étaient démesurés, ne vas-tu pas maintenant apprendre à être obéissant ?

Je sais bien sûr qu’ils le font exprès, ils m’envoient de l’argent selon leur bon vouloir, cela me force à rentrer dans le rang. Malgré la faim, je me force à tenir le coup, comment oserais-je aller les harceler ?

- Obéis carrément et rentre bien gentiment. Quelle tête de mule ! Du matin au soir tu hurles de faim, comment peux-tu être aussi difficile, perdue dans tes rêves au point de ne plus distinguer le bien du mal ? C’est toi qui le dis. Mourir de faim serait nettement mieux pour toi.

J’ai vraiment très faim, je n’ai même plus la force de te répondre.
Comme d’habitude j’ai tout bonnement faim.

En ouvrant la boîte de poisson, j’ai beau éviter de renifler, je suis dégoûté, mais pour calmer ma faim, il faut encore me faire violence. Des gouttes d’huile dégoulinent du coin de la bouche, suspendues au menton, froides et visqueuses, je ne puis retenir un frisson qui parcourt tout mon corps, on dirait de l’eau sortant d’un cadavre. Je commence vraiment à me demander si je ne suis pas déjà mort de faim.

Que dois-je faire ? Vivre affamé ou simplement mourir de faim ?
Mais en fait, ça revient au même. ! J’ai faim !



- FAIM



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