Fiction: Pour tout l'or du monde (terminée)

L'été, c'est agréable, c'est chaud, ça donne envie d'aller à la rivière ; la rivière c'est rafraîchissant, c'est doux et agréable ; et l'amour c'est fort, si fort qu'on ne peut pas résister...
Romance | Mots: 10778 | Comments: 5 | Favs: 6
Version imprimable
Aller au
Nejeri (Féminin), le 11/12/2011
Troisième chapitre sur quatre ou cinq ;)



Chapitre 3: Pluie



Je reste là, immobile, à la fixer de mes yeux noirs ; elle me contemple, ses mèches blondes alourdies par la pluie, ses yeux verts brillant. Alors, lentement, je me lève. Mouvement après mouvement. Comme on approche un animal sauvage ; doucement, pour ne pas le faire fuir.
Et elle aussi s'avance lentement.
Chacun de nos mouvement est décomposé à l'extrême, nous progressons lentement mais sûrement. Je sors de chez Ichiraku et m'expose à la pluie.
Elle est spéciale, cette pluie, étrange, comme irréelle, elle me mouille et dégouline le long de mes mèches, mais elle ne me touche pas. Je suis comme transparent. Je ne ressens pas le froid, ni la pluie. Je suis juste là, à marcher sur le sol, mes yeux perdus au milieu des siens.

Sa main. Elle m'effleure la main. Nous ne sommes plus très loin, maintenant. A distance tactile. Elle m’agrippe les doigts. Sa peau est douce, douce comme la soie, c'est un contact si agréable...

- Temari, murmuré-je...
Je la regarde au milieu de ses yeux céladon. Je n'arrive plus à articuler une syllabe. Si. Il le faut.
- Je m'appelle Shikamaru.
- Ravie de faire ta connaissance. On s'est vu... à la rivière ?
- Oui. Tu es... charmante.
- Tu étais avec Ino ?
- Et toi, avec Sasuke Uchiwa.
- Il faisait chaud...
- Mais nous étions aussi mouillés...

Nous continuons notre jeu, chacun répondant à l'autre, et au fil des minutes, un sourire vient naître sur nos lèvres respectives.

- Je suis fiancée, dit finalement Temari.
- Moi aussi.
- Alors... adieu ?
- Non, attends !
Mon premier réflexe a été de l’attraper par le bras. Elle me jette un regard meurtrier.
- Lâche-moi, Shikamaru !
- Non, attends ! Reste ! On ne se connaît presque pas...
- Je suis fille et soeur du Kazekage, fiancée à l'héritier des Uchiwa ! Je ne peux pas !
- Je t'en supplie !
Il y a une sorte d'intonation supplicatrice dans ma voix. Il faut qu'elle reste !
- Je n'ai pas le droit...
- Temari, s'il te plaît, ne me laisse pas !
Elle me frappe le bras et se retourne. Elle s'apprête à partir lorsque je lui lance :
- TEMARI !
Elle se retourne, hésite un instant, puis me saute dans les bras et m'embrasse. Sur les lèvres.

Je suis incapable de réfléchir. Vraiment. J'ai le cerveau qui tourne au ralenti ; un coin de mon cortex savoure intensément le goût corsé de ses lèvres, mais c'est tout ; je ne peux que rester impuissant, tout mon corps paralysé par l'adrénaline.

Alors elle s'éloigne de moi et me regarde en reprenant son souffle, le coeur battant. Dans ses yeux, il y a une sorte d'incrédulité naïve ; la commissure de sa bouche tremble ; elle me jette un regard impuissant, tourne les talons et part en courant.

Je ne réfléchis pas ; mes pieds se mettent marche tout seuls. Et je m'élance à sa poursuite, mes chaussures glissant sur le sol mouillé.
Mes bras s’agrippent à tout ce qu'ils trouvent, je dérape à chaque mouvement, mais je m'accroche, je ne lâche pas ; si je la laisse partir, je ne la reverrai plus jamais.
Ses cheveux blonds tourbillonnent à chaque virage, elle ondule comme une anguille à travers les petites rues de Konoha, je la suis de mon pas le plus rapide. Mais elle va bien plus vite que moi. En un saut, elle se retrouve en haut et continue la course sur les toits. Je n'ai pas le choix... GO ! Et je m'élance jambes tendues.

La réception est douloureuse, mais je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur mon sort : ma proie est en train de disparaître. Je continue donc en soupirant ma traque, risquant la chute à chaque pas, mais Temari est très agile, et elle gagne rapidement plusieurs mètres sur moi. Dans un dernier effort pour la rattraper, mon pied se tord et je m'effondre sur les tuiles, regardant ma belle disparaître au loin.
C'est néanmoins avec surprise que je m'aperçois que j'ai, pour la première fois de ma vie, couru sciemment plus de cent mètres.

Ino me frictionne énergiquement, ses mains brûlantes couvrant mon corps glacé ; j'ai sacrément froid ! Mais bon, au moins, le bobard que j'ai servi à Ino a eu l'air de la convaincre. Je ne sais plus où j'ai lu qu'à partir du moment où on se ment dans un couple, tout est fini. Mais là, je ne peux pas faire autrement ; cette fille m'a plus que troublé. C'est idiot de se le cacher. Je dois à tout prix la revoir. Pour qu'on s'explique.
- C'était bien, le shopping avec Sakura ?
- Ouais, on y a passé des heures, c'était vraiment génial, mais on a acheté des tonnes de trucs. Tu veux voir ?
Pas vraiment ! Mais son regard malicieux m'indique qu'elle plaisante, et dans un cri de guerre, elle me saute dessus.


Je rouvre les yeux vers deux heures du matin. Ino dort profondément, malgré la lumière argentée qui filtre derrière les rideaux. Une sorte d'instinct me pousse à sortir et à aller retrouver une certaine fille. Qui a fait une certaine chose. Sous la pluie.

J'ai besoin de comprendre ; mon cerveau équipé ne peux pas rester longtemps sans une réponse. Cette réponse, c'est la fille du Kazekage qui me la donnera. J'en suis sûr.

Je saute par la fenêtre et me réceptionne à grand peine ; malgré tout, une sorte d'énergie nouvelle pousse chacun de mes pas, et je ne peux pas m'empêcher de sourire. Je vais revoir ma blonde.

- Hey, toi !

Je me retourne. Rien. La lumière de la lune se contente de se refléter sur les fenêtres, pas d'homme à l'horizon. Ni de ninja. Je continue ma course.
- Fais pas l'innocent !
Cette fois, j'ai clairement entendu une voix.C'est pas possible, ça !
- Ouais, toi, bouge pas !
Un homme apparaît brusquement, foulard sur le visage, kunaï dans chaque main.
- Amène le fric !
Et il se jette sur moi.
Je n'ai pas de problème à le repousser en quelques secondes, jusqu'à ce que deux de ses copains arrivent. Puis trois. Puis cinq. Puis sept. Autant que je n'arrive plus à suivre. Tellement que je me prends, après un combat plus qu'acharné, un coup de poing juste derrière la nuque. Je m'effondre, la tête en feu.

Vous savez quoi ? Ça fait mal.


- Une bonne prime... rançon...
- Radin... argent... scandale...
- Rumeur... famille... riche...
Ce ne sont que des bribes de mots qui parviennent à mes pauvres oreilles. Des mots qui ne donnent pas vraiment l'impression d'être accueillants. Ils croient quoi ? Que ma famille va donner une rançon ? Si mon père essaie, ma mère l'enverra rejoindre le clan Uchiwa...

Je me relève difficilement (poings et pieds liés, sinon c'est pas drôle) dans une position plus confortable. J'ai un mal de crâne pas possible.

BREF, je me retrouve les mains attachées et les pieds emprisonnés dans un... C'est vrai ça, où suis-je ? Il fait noir, sûrement, mais ça va pas plus loin. La lumière vient de la pièce d'à-côté, c'est forcément là que j'y trouverais mes ravisseurs...

En me contorsionnant BEAUCOUP, je parviens finalement à me redresser sur mes pauvres pieds. Bah ouais, deux courses dans la journée quand on a pas l'habitude... pas DU TOUT l'habitude....

A pas de loup, je me dirige vers la porte. Les bandits ont le visage masqué par un large bandeau, et je ne connais pas leurs voix. Attaché, sans pouvoir faire de mudras ni lancer des armes, je ne vois vraiment pas ce que je peux faire. Il y a forcément une solution.. réfléchis, réfléchis... Mon mal de crâne me rappelle à l'ordre, et je tombe à genoux, enserrant virtuellement ma tête brûlante.

Soudain, un bruit retentit dans la pièce. Quelqu'un vient d'entrer. Vu la mine décomposée des bandits, ce n'est pas un des leurs.

Je reconnais cette fantasque chevelure blonde... Ino ?

*
**

C'est lui ? Oui, c'est vraiment lui ? Lui qui me regarde, l'air incrédule, au-dessus de son bol de soupe ?
Je n'ose plus avancer. Je suis complètement paralysée. La pluie m'a rouillée à mort. Attirance physique. Sentiment très intense. Oui, c'est exactement ça.

C'est lui qui fait le premier pas, qui se lève lentement de sa chaise pour se diriger vers moi. Je ne peux pas rester immobile. Je me mets en marche.

La pluie glisse le long de sa chevelure brune ; elle forme sur son visage des longues traînées d'eau qui ressemblent à des larmes...

Lorsqu'il est assez près, je tends un tout petit peu mon bras et caresse son poignet. Sa peau est douce, fraîche, tendre. Il murmure mon nom, puis semble regretter ses paroles. D'une petite voix, il articule :
- Je m'appelle Shikamaru.
Je bredouille une phrase de politesse absolument cucu. Je suis vraiment pitoyable.
- Oui. Tu es... charmante.
C'est vrai ? Mais moi, je ne peux pas lui dire qu'il est beau comme un dieu grec... Autant dire une banalité navrante.

Auquel il répond, cet abruti, par une autre banalité navrante. De qui me suis-je encore entichée ?

Continuons. A banalité navrante, banalité navrante et demi. Tac ! Bien trouvée, celle-là. Et il continue. J'embraye. Il renchérit. Et il sourit.
Quand il sourit, sa fossette se relève un petit peu et creuse sa joue. C'est... trop beau !
Non, gardons les pieds sur terre.
- Je suis fiancée, avouai-je.
- Moi aussi.
Non ! Dans quoi je m'embarque, là ! Pas question de jouer à ce jeu. Autant briser les liens maintenant.
- Alors... adieu ?
- Non, attends !
Il me serre le bras brutalement. Pour qui il se prend ? Je ne veux pas de ses excuses pathétiques ! Je n'aime pas les lâches !
- Je suis fille et soeur du Kazekage, fiancée à l'héritier des Uchiwa ! Je ne peux pas !
- Je t'en supplie !

Sa voix est déchirante. Mais je ne peux pas... Je me dégage brutalement et tourne les talons.

- TEMARI !

Il est horrible. Je le hais. Pourquoi est-ce qu'il faut que je l'aime autant ? Est-ce que je l'aime ? Il y a un moyen très simple de le savoir. Je me tourne brusquement et lui colle un baiser sur la bouche.
Ses yeux d'ébène s'ouvrent sous la surprise ; je ferme les miens. Je savoure à fond le parfum de ses lèvres, je goûte au maximum la texture agréable de sa bouche ; en un mot, je profite. De ce que je ne referais sans doute jamais.

Je m'éloigne brusquement, presque horrifiée par ce que je viens de faire ; mon cerveau ployant sous les contradictions, je pars en courant.
Il me poursuit, bien sûr. S'il croit me rattraper. J'ai passé mon enfance à parcourir les toits de Suna. C'est pas un peu de pluie qui va m'arrêter. Très vite, j'élargis la distance. C'est fini. Tout est fini.

Je sens quelque chose de salé me brûler les joues et ma vue se brouiller ; je m'arrête presque sous le choc. Cet abruti, ce type lent et pataud, il est en train de me faire verser les rares larmes de ma vie ?

J'entends un choc mat derrière moi. Il est tombé. J'ai presque envie de m'arrêter pour vérifier qu'il n'a rien, mais je ne lui ferai pas ce plaisir. Je continue ma course, longuement, longtemps, jusqu'à ce que je m'effondre, la poitrine en feu, devant la maison de Sasuke. Lorsqu'il ouvre la porte, j'ai à peine le temps de me relever et de faire bonne impression.

Le dîner traîne en longueur, les aiguilles semblent ralenties par je ne sais quelle magie provocatrice, je tapote sur la table avec mes doigts jusqu'à ce qu'enfin, je puisse le laisser faire la vaisselle et aller m'enfermer dans ma chambre.

Une vision noire obscurcit mon esprit et l'accapare avec violence : celle de Shikamaru effondré sur le toit, la poitrine en sang, le crâne brisé, murmurant mon nom dans ses derniers instants...
Voilà ! Je suis maligne, moi ! Maintenant c'est foutu le sommeil ! Autant aller traîner mon insomnie dans les petites rues de Konoha.
Tiens, un cri dans la petite ruelle, là. Je suis d'humeur à jouer les justicières. Je me traîne à travers les obstacles pour assister à la scène.
SHIKAMARUUUUUUU ! En train de se faire agresser ! Je me lance en avant lorsque je me rappelle un détail. J'ai oublié mon éventail.

Demi-tour ! Direction ma maison, où sur la pointe des pieds, je traverse le couloir. J'atteins la poignée de ma chambre, la tourne dans le plus grand silence...
- Temari-antoinette ?
NOOOONNNNN ! PAS LUIIII !
Et si. Kankurô s'est réveillé. Et il me regarde. Ne pas lui laisser le temps de...
- Temari-moulinette ! Temari...
Je ne lui laisse pas le loisir de terminer sa phrase. C'est là que Gaara se réveille.

Catastrophe ! Si,si, je vous assure.

Parce que quand un enfant petit et instable comme lui se réveille en pleine nuit et qu'il voit en ouvrant les yeux une blonde à quatre couettes en train de taper en criant sur un type avec un bonnet aux oreilles de chat aux peintures violettes sur la tête, avec un éventail géant qui plus est, et bien, même quand on est un peu habitué,...

Ça donne un quartier réveillé par les hurlements de notre petit frère.

Avant que ça chauffe trop, je me glisse hors de la maison et attend rapidement que le quartier se rendorme, ce qui ne prend pas beaucoup de temps, la main serrée sur mon arme fétiche. Prête à combattre, je me faufile jusqu'à la rue de l'agression. Personne, évidemment. Les bandits (quels mufles !) ne m'ont pas attendue. Bon, comment je fais ?

Je pose un instant mon éventail par terre, sort en soupirant un rouleau barré d'étranges inscriptions de ma poche et étale mon pouce ensanglanté sur la largeur du parchemin. Mon furet préféré apparaît.
- Écoute, chuchoté-je. Tu vas chercher une odeur. L'odeur de...
C'est là que je me rappelle que je n'ai rien de Shikamaru. Rien à faire renifler à mon gentil furet. Rien, sauf...

Je tends à mon animal mes doigts, mes doigts emplis du parfum suave de Shikamaru. L'invocation renifle, hésite un instant et court vers la droite.
J'ai beaucoup de mal à la suivre, mais je parviens tout de même à tenir la cadence ; les petits pas de mon furet sautent par bonds rythmés à travers la nuit, et son pelage noir se fond facilement avec le sol nocturne.
Soudain, elle s'arrête. Son petit nez se retrousse, ses yeux perçants fixent les alentours avec précision, et brutalement elle reprend sa course.

Deux ou trois fois, elle recommence son petit manège, tournant et retournant à travers des ruelles de plus en plus étroites.
Le petit animal stoppe net sa course folle devant ce qui est sûrement la plus petite maison de Konoha. Dix mètres carrés. Si délabrés, cachés derrière des planches pourries et de la tôle branlante qu'on ne les voit même pas. Moi-même, il faut que je m'arrête et que je regarde mon invocation définitivement immobile pour que je m'aperçoive de la présence de la baraque.

Je fais tourner mon arme entre mes mains et, dans un cri de guerre des plus convaincants, défonce la porte de la maison qui me sépare de mon bien-aimé.



Désolée, désolée, désolée ! Ça tourne vraiment au grand n'importe quoi ! Ne vous inquiétez pas, c'est bientôt fini.



Chapitres: 1 2 [ 3 ] 4 5 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: