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Fiction: La Passion d'Elle (terminée)

Il y a 12 ans de ça, leurs vies basculaient. 12 ans après, ils se trouvèrent, déchirés par leur passé. Pour une alliance, 6 elfes sont envoyés à Konoha. Parmi eux, Zelda princesse de Shitenshi tourmentée. Conflits politiques dans un Konoha ravagé par le grand banditisme.. La violence de la nuit fait ressortir les démons de chacun, pourvu qu'ils soient sombres et cruels.
Classé: -12D | Spoil | Action/Aventure | Mots: 74075 | Comments: 6 | Favs: 3
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KuroiDoresu (Féminin), le 14/05/2012
Hey, les WoNiens !
Ma première fiction, j'espère qu'elle vous plaira !




Chapitre 8: Le Camélia Blanc-Who's Gonna Save my Soul Now ?



Nikko

Les gens se retournaient sur mon passage. Je marchai dans les rues de Konoha, mon "gigantesque" bouquet à la main. Plutôt aux 2 mains. "J'espère qu'il va lui plaire", me disais-je en maugréant. Je m'imaginais toutes les réactions qu’elle pourrait avoir, le dédain ou l'étonnement. Le mépris ou la gêne. J'avais hâte de voir son visage de poupée rosir, ou peur de voir ses sourcils arqués se froncer. Je pressai parfois le pas, dans l'éventualité d'un baiser, ou le ralentissait, par crainte d'un haussement d'épaules. Je rentrai dans l'appartement, alors que l'orage lourd et terrible se fracassait derrière moi, et s'abattait sur la ville dans un grondement de bête affamée.

"-Nikko, c'est toi ?
Je reconnus la voix flûtée de Will et je pénétrai dans le salon, où elle était avec Mariko et Zelda.

-Ooh ce cher Nikko ! Et pour qui sont ces jolies fleurs ?, dit Mariko, un sourire malicieux sur son visage encadré de cheveux bleus.

-Elles sont pour Zelda-hime.-Je lui tendis le bouquet- On a tous eu peur pour toi, repris-je, moi le premier. Plus jamais je ne te laisserai, je m'excuse.

Mariko et Will quittèrent rapidement le salon, même si je les soupçonnais d'écouter derrière la porte de la cuisine. Je guettai un signe de la part de Zelda, qui avait pris le bouquet et gardait obstinément les yeux baissés. Elle huma le parfum, un léger sourire aux lèvres. Zelda se leva et s'inclina humblement devant moi, et parla avant que je ne puisse protester.

-Je te remercie, Nikko. Du fond du cœur, et j'insiste. Tu es un véritable ami, ces fleurs sont superbes...

-Pas aussi superbes que toi !

-Ne dis pas de bêtises, tu veux bien ? Et puis, tu n'as pas à t'inquiéter pour moi, et à surtout pas à me protéger ! J'ai dix-huit ans, je suis majeure depuis deux ans déjà. Je maîtrise totalement ce que je fais, je suis encore en vie tu vois ?

-...

-Bon, ça c'est dit. Alors, quand est-ce que vous allez faire un tour au Camélia Blanc ?"

Elle avait mis le bouquet dans un grand vase en faïence bleu, qu'elle avait sorti de sa Materialis. Les deux autres filles revinrent dans le salon, en pouffant comme des gamines.
Je lui expliquai rapidement les détails de la "sortie" de la soirée. J'en profitai pour demander aux filles si elles connaissaient quelque chose à propos de "HoeTow". A ma grande surprise, ce fut Will qui me renseigna, et je sentais dans sa voix toute sa crainte de l'endroit en question...

-Tu veux venir avec nous ce soir Zelda ?, lui demandai-je, même si je connaissais déjà sa réponse.

-Bien sûr, vous allez pas vous amuser sans moi En plus, vous finirez par vous re-tabasser, il faudra quelqu'un pou vous surveiller...

-Le petit Nikko-fleuri fait les gros durs dans les rues ?, dit Will, et elles rigolèrent, mon cœur se creva quand je vis Zelda sourire…

-Il l'avait cherché ce bâtard, je...

-Ne le traite pas de "bâtard", tu ne sais pas ce que tu dis !
Elle paraissait fâchée.

-Ce n'est pas un. C'est quelqu'un de bien, j'ai plus confiance en lui qu'en cette minable de Sakura ou ce froussard de Kiba...

-Sakura est pire que minable, c'est une sal...

-Du calme Will !

-...ope !
Mariko partit d'un grand rire communicatif, et quitta encore une fois le salon, pour préparer le repas, à ce qu'elle disait. Will qui sentait l'orage gronder dans la pièce, la suivit en chuchotant des injures envers Sakura.

-Il passe son temps à me provoquer..., c'est ridicule de chercher à lui trouver des excuses ! Il était tout fier que tu l'aies nommé chef de mission dans la forêt, et maintenant il...

-C'est de la jalousie maladive, pure et simple, je n'ai rien d'autre à ajouter. Vous avez exactement le même caractère froid et belliqueux, mais il frappe encore plus facilement que toi, c'est tout. Fais un effort, s'il-te-plaît."

Là, je l'avais mal pris. Qu'elle me réprimande, et par deux fois, ça passait encore. Mais qu'elle soit du côté de cet enfoiré de première, je pouvais pas le supporter. Je canalisai ma rage, et allai m'enfermer dans la salle de bains, pendant qu'elle me suivait du regard. Elle avait du ouvrir la porte de la cuisine, car une odeur caressante de nourriture embauma l'air et j'entendais Will et Mariko glousser. Je me retins d'aller les remettre à leur place. Ça ne servait à rien que je me brouille avec Will, alors qu'elle était déjà fâchée avec Kazumi. Je me doutais bien que ça avait à voir avec les humaines qu'il fréquentait, mais je ne voulais pas me mêler de leurs affaires de "couple". Ou alors, ça attendrait le lendemain, pour l'instant Sasuke Uchiwa était ma première préoccupation. J'avais intérêt de lui montrer qui dirigeait avant qu'il ne s'approche trop de Zelda. Il ne la méritait pas, c'était s'offrir de l'or, bien qu'il mérite du charbon...

"-Nikko ! Kazumi est rentré !!"


Camélia Blanc-Fumée Noire

Je jetai un œil à la grosse pendule accrochée par mes soins sur le mur du salon. Une heure du mat'. Uchiwa arriverait bientôt.
Zelda se préparait depuis une bonne heure dans sa chambre, je voyais la lumière filtrer sous sa porte. Au douzième coup de la pendule, elle sortit. Elle était comme d'habitude habillée en noir. Un jean moulant lui couvrait les jambes, qu'elle avait extrêmement fines et musclées, et qui se finissaient par une paire de baskets montantes. Sa taille étroite était serrée dans un corset. Je n'avais jamais su comment elle faisait pour respirer.

"-Tu penses que je passerai inaperçu dans cette tenue ?, me demanda-t-elle,

-Si l'endroit est crasseux et plein de clochards, je ne pense pas...

-On en sait rien. Sasuke ne t'a rien dit pas rapport à ça ? Vous ne vous exprimez pas que avec vos poings, si ?

-Je supporte pas ce type OK ? J'allais pas me mettre à parler chiffons !"

Elle haussa les épaules d'un air entendu. Son épaisse frange la rendait encore plus sombre et mystérieuse, je voulais la rembarrer et n'arrivais pas à m'y résoudre. Pour peu qu'on soit réceptif à ses atouts hypnotisants, cette fille empoisonnait délicieusement l'esprit, au point qu'on puisse ne plus penser qu'à elle, nuit et jour.
Nous entendîmes des coups saccadés à la porte, et je lui signai de me suivre. J'ouvris la porte, et aperçus Sasuke dans la pénombre, une cigarette à la bouche, des lunettes noires sur les yeux. Il s'inclina devant Zelda, qui lui rendit poliment son salut. Il m'ignora royalement, je fis de même.

"-Sasuke, est-ce que nous devrions aussi mettre des lunettes ?, lui demanda Zelda.

-Ce n'est pas obligatoire. Mais arrangez-vous pour qu'on ne voie pas vos oreilles.

-Nikko, tu veux que je te prête une de mes perruques ?

-Ouais, la brune si tu l'as.

Je voyais l'air dubitatif de Sasuke. Zelda m'aida à percer la perruque longue sur ma tête et nous partîmes. Zelda avait toujours un grand nombre de postiches en tout genre sur elle, au cas où elle devait se faire passer pour quelqu'un d'autre.
Je remarquais les coups d'œil incessants que l'humain jetait la princesse. Mon sang ne fit qu'un tour.

-C'est quoi en fait le Camélia Blanc, Sasuke ? Un trou pour les ivrognes de HoeTow ?

-Non, c'est une fumerie de crack. Il y a des toxicos, mais pas d'ivrognes. On est obligé de consommer pour rester, j'ai pris de l'argent...

-Donc ce soir, on va se droguer c'est ça ?

-Hé Nikko ! Fais pas ton offensé, c'est pas comme si t'en avais jamais touché !

-Vous ne serez pas obligés de fumer, dit calmement Sasuke, pour ma part, je n'y toucherai pas."

Cette réflexion me fit réagir, j'attaquai.

"-Pourquoi ? Le grand Sasuke Uchiwa aurait un trouble passé de camé ?

-Oui, c'est le cas."

Sa réponse m'atteignit comme un coup de poing. Je m'attendais à une insulte, ou à une menace de représailles, mais pas à des aveux. Il ne semblait pas réellement perturbé, son regard avait juste l'air plus grave. Je devinai que Zelda m'en voulait d'avoir posé cette question, son corps s'était raidi brusquement. J'allais bientôt subir sa colère.

"-Tu n'aurais pas dû répondre Sasuke, cela ne nous regardait pas. Quant à toi Nikko, tu me déçois beaucoup...

-Ce n'est rien Zelda-san, si je ne vous ai pas menti, c'est que ça ne me posait aucun problème.

-Sans doute...- Vous ne trouvez pas que l'ambiance des rues a changé ?", dit-elle plusieurs longues minutes après.

Je fis mine d'ignorer sa remarque, en me concentrant cependant sur notre route. La forme des bâtiments avaient complètement évolué, les maisons en bois colorées étant remplacées peu à peu par les larges immeubles en pierres claires noircies par l'humidité et la saleté de l'air. Cette saleté s'était ressentie dans l'air, plus chaud et poisseux de la sueur de ceux qui vivaient-là. Il y avait certains moments où j'aurais donné très cher pour remettre mon visage dans le bouquet d'iris.

Des femmes patientaient contre les murs blanchâtres certaines fumant d'autres remettant leur coiffure extravagante en place. Je vis Zelda, plus fière et superbe que jamais, leur adresser un regard plein de mépris et de dégoût. Je ne savais qu'en penser, ne me résolvant pas à les juger, certaines paraissaient si tristes. Les lumières criardes des enseignes des boutiques classées X, éclairaient leurs visages chamarrées, on aurait dit des marionnettes pour adultes, sans vie. Cette pensée m'arracha un sourire.
Des hurlements éclatèrent derrière nous, une bagarre sans doute. Je ne pris pas le temps de regarder, Sasuke venait de nous faire bifurquer dans une ruelle et nous indiquait que nous étions arrivés.

"-Il nous faut un plan avant d'entrer, dit-il tout bas.

-J'en ai un, dit Zelda, j'y ai réfléchi pendant que vous étiez partis chez la fleuriste, il est parfait, et devrait épargner ton porte-monnaie Sasuke."


FLASHBACK TIME



Il faisait nuit depuis peu de temps, et la famille était tranquillement assise dans le salon. La femme s'exerçait à la calligraphie d'idéogrammes mystérieux, et son mari jouait à un jeu avec l'enfant. Le petit sursautait au moindre mouvement inquiet de sa mère, il sentait que quelque chose n'allait pas. Depuis plusieurs moi maintenant, la peur, telle un souffle angoissant, se propageait dans la petite maison du milieu de la clairière.
Soudain la jeune femme bondit de sa chaise et courut vers la fenêtre entourées de rideaux brodés. Elle revint vers son mari et son fils, le visage figé d'effroi.

"-Des hommes, ils arrivent Ryosuke, il y en quatre, armés comme des samouraïs. Il faut le cacher."

Le cœur de Sasuke battait à tout rompre, et il sentait des sueurs froides lui couler dans la nuque, il frissonnait. Il n'avait jamais vu sa mère ainsi, et voyait le piège mortel se refermer autour d'eux.
La mère attrapa son fils par la main et se précipita dans sa chambre, après avoir embrassé son mari, des larmes gonflant ses paupières diaphanes. Au même moment, quelqu'un frappa à la porte. L'homme saisit son katana et se mit en position de défense, prêt à mourir pour défendre sa famille.
Les étrangers défoncèrent la porte d'un coup.

"-Que faites-vous ici ? Vous n'aurez donc aucun répit, jamais ?!! Allez-vous-en !

-Tu crois pouvoir nous donner des ordres Ryosuke Uchiwa ? Malheureusement pour toi, ta vie s'arrête ici, nous allons vous tuer, toi et ta femme, cette chienne d'elfe à qui tu as fait un enfant !

-Ne touchez pas à mon fils, il n'a rien à voir avec ça !

-Tu vas rire, les ordres sont de le laisser courir... Un jour ou l'autre, il saura, et il mourra et la terre sera débarrassée de pourritures comme vous !

-Taisez-vous !!!"

Lorsqu'elle arriva dans sa chambre, la jeune mère ferma la porte à double tour, et essuya rapidement deux larmes qui roulaient sur ses joues. La femme indiqua à son fils de se mettre sous le lit, et lui interdit d'en sortir, sous aucun prétexte, avant que les hommes soient partis. Elle l'embrassa longuement et lui chuchota à l'oreille, des sanglots dans la voix :

"-Tes parents t'aiment mon fils, j'aurais aimé que cela se finisse autrement. Quand tout sera silencieux ici, cours vers Konoha, et demande de l'aide à l'Hokage, puis fais-toi discret. Un jour tu comprendras ce qui s'est passé, tes origines, et tu nous vengeras. Ces hommes n'ont pas fait souffrir que toi mon enfant, et ils feront encore du mal. Je t'aime, ne l'oublie jamais."

Des pas se rapprochèrent vite de la chambre. La mère serra son fils une dernière fois dans ses bras et le cacha sous le lit. L'enfant regardait sa mère avec des yeux hagards, pressentant qu'il ne la verrait plus. Il remarqua qu'elle lui avait glissé dans la main un médaillon où il y avait une photo d'eux, heureux. Il la regardait, sans même la voir, tenant de se concentrer sur quelque chose.
La porte éclata en mille morceaux et Mayura cria. Dans l'encadrement trois hommes apparurent. Le plus laid, qui avait le visage couvert de cicatrices et de bandages s'assit sur le fauteuil, pendant que les autres transportaient le corps de Ryosuke.

"-Vous êtes des monstres, hurla-t-elle, des lâches cruels ! Je vous hais, soyez maudits ! Je vous hais !
Elle s'effondra, démolie par la mort de son mari aimé...

-Nous aussi Mayura, c'est pour cela que l'on m'a demandé d'être ici, ce soir, pour vous tuer, toi et ton faible de mari.

-Un jour, vous le regretterez..."

L'un des hommes de main l'attrapa et la projeta sur le lit. Elle ne tentait même pas de se défendre, elle se savait finie. Il arma son sabre. L'enfant retenait son souffle et sentait le lit ployer sous le poids pourtant si léger de sa mère. "Haaaaaaaa...".
Sasuke plaqua ses mains sur sa bouche pour ne pas hurler. Une longue lame transperça le matelas pour venir se ficher à un centimètre de son oreille dans un léger chuintement. Elle se retira aussi vite. Peu à peu, le matelas se couvrit de gouttes carmin qui éclaboussaient le visage de l'enfant, pour finir par une pluie de rubis qui lui brouilla la vue.
Il entendit les voix reprendre.

"-Bon, une bonne chose de faite, cette elfe aurait mieux fait de rester dans sa forêt, ricana une voix nasillarde - sûrement celle de l'homme qui avait tué sa mère.

-Je ne vois pas le gamin, cette folle a dû le faire fuir dans la forêt,

-Ouais, nous le trouverons peut-être en partant, ou il sera déchiqueté par les loups et tout le monde s'en moquera. Pour le moment, nous devons brûler cette bicoque, tu m'aides Kyûro ?"

Quelques minutes après, la maison qui avait accueilli pendant huit années, une famille heureuse et unie se consumait petit à petit dans les flammes. Les meurtriers s'éloignèrent, sans regarder derrière eux, comme si il n'y avait plus rien à voir, ni à regretter. Ryosuke Uchiwa et sa femme elfe Mayura Nekketsu étaient morts, et l'enfant né de leur union honteuse perdu dans les bois.
Mais ils se trompaient.

Un jeune garçon, le visage couvert du sang maternel observait en cachette sa maison brûler... Il pensait à ses parents adorés morts et deux longues larmes amères coulèrent et se mêlèrent au rouge poisseux de son visage. Il les essuya. Il s'agenouilla, et s'inclina.

"-Moi Sasuke Uchiwa, je jure solennellement de me venger des ses hommes, qui on tué mes parents, Ryosuke et Mayura je le jure sur mon sang, mon âme et mon cœur."

Puis il partit en direction de Konoha. Il avait toujours la même apparence, mais il avait changé. Quelque chose en lui s'était brisé. Et la haine remplissait peut à peu se vide laissé par la perte de son enfance.

END OF FLASHBACKTIME



Sato Kenji

Les chiffres étaient bons. Très bons. Ça promettait d'être une riche année. Je souriais d'un air benêt, pendant que les comptables me montraient les bénéfices de l'établissement. A la fin de cette petite réunion, j'ouvris quatre bouteilles de saké et leur en offris. Ma fumerie était prospère et je pouvais encore vivre un comme un prince pour plusieurs longs mois. Contrairement au patron du bar, où le fils du boss Tanaka avait pris sa dose fatale, mes affaires marchaient bien. Lui mangeait les pissenlits par la racine. Je haussai les épaules, dédaigneux. Moi j'étais vivant, et les poches pleines.
Que demander de plus à la vie ?

Je riais grassement en repensant à la face de mon père lorsqu'il avait appris mon rattachement au boss Tanaka. "Si ce vieux rat me voyait", murmurai-je, en triant les liasses de billet.
Il n'y avait pas un commerce qui rapportait mieux que celui de la misère humaine. Toxicos, filles publiques, truands, accros aux jeux... nous les accueillions à bras ouverts, pourvu qu'ils nous enrichissent. Ils étaient devenus comme une famille, envers qui j'avais tous les droits et qui me devait tout.

Je descendais souvent dans les différentes salles du bâtiment ; lui et moi ne faisions qu'un. Il était ma fierté, et je lui insufflais la vie chaque soir. La fumerie, la plus grande de toutes les pièces, était somptueusement décorée. Le luxe était dans chaque coin, à gauche, à droite, même au plafond, que j'avais fait peindre de fresques épiques. Les murs croulaient sous les tentures de fourrures épaisses. Elles gardaient les odeurs envoûtantes des soirées, cette fragrance de luxure et d'opulence qui me plaisait tant.
Mes pieds me portaient ensuite vers le salon du Lotus, ma salle préférée, à l'étage. Mes filles s'y relayaient toute la nuit pour le plaisir de nos clients. Je m'occupais moi-même des recrutements, qui étaient très fréquents.
Cette soirée, il était plein à craquer, nous avions même une liste d'attente.

Je me distrayais avec deux filles dans mon bureau, des nouvelles qui ne connaissaient pas encore le métier. Elles perdaient la tête, enivrées par les vapeurs de fumée qui montaient jusqu'à nous. Je passais un moment délicieux quand un des mes hommes frappa à la porte.

"-Euh... Chef ?

-Oui oui oui, qu'est-ce qu'il y a ? Vous voyez pas que je suis occupé là ?

-Si si chef, euh boss, enfin patron ya-..ya-

-Quoi ! Qu'est-ce que "ya" ?!! Réponds à la fin ou je te vire d'ici à coup de trique !

-Une femme demande à vous voir Sato-sama, c'est urgent qu'elle dit..

-Fais-la attendre dans le couloir, j'arrive ! Et va-t-en avant que je m'énerve bourrique, abruti !

A la vue de ma colère, les filles prirent peur. Je leur fis signe de déguerpir, je savais que j'aurais pu en baffer une ! J'allumai une cigarette pour me détendre, et en tirai une grosse bouffée. Je sentais mon cœur battre moins vite, et mon souffle se rasséréner. C'était sympathique d'inspirer la crainte aux gens, même aux plus forts d'entre eux. L'argent, ce cher vieil ami !

On retoqua. "Entrez", criai-je. La porte s'ouvrit tout doucement et je vis un pied apparaître tout d'abord dans l'encadrement. Il attira toute mon attention, par sa finesse et sa blancheur. Les pieds d'une femme étaient assurément la plus belle et la plus élégante partie de son corps. On pouvait tout savoir d'elle à la manière dont elle les entretenait, et dont elle était chaussée. L'habit de ce pied diaphane me captiva énormément. Un magnifique escarpin noir verni, dont le talon culminait à au moins douze centimètres au-dessus du sol. La fascination que cette chaussure provoquait en moi me donnait envie de me damner pour sa propriétaire.

"Konban wa, Sato-sama, j'espère ne pas vous déranger.

Je regardai encore tout perturbé la femme qui venait de parler. Toute aussi blanche que son pied, son visage reflétait une douceur trompeuse. La flamme dans ses yeux prédisait une personnalité de feu, et je frémis à cette pensée. Elle portait une minuscule robe noire en cuir, et ses cheveux étaient lâchés en bataille sur ses épaules. Ils étaient très longs, et lui tombaient dans le bas des reins comme une cascade de plumes noir corbeau. Elle semblait très embarrassée, je me pressai de lui demander, sans me méfier un seul instant, la raison de sa visite.

"Je voulais vous demander un service Sato-sama... Je ferais tout ce que vous voudrez si vous m'aidez !

-Dites-moi ce qui vous perturbe ma chère enfant, je vous écoute.
Je refermai la porte derrière elle et la guida vers un de mes fauteuils, plaçant ma main dans la cambrure de dos. Elle tressaillit.

-Eh bien...voilà, j'ai appris il y a quelques jours que mon fiancé avait eu un... rendez-vous, avec une femme. Une autre femme, et il me trompe avec cette garce, j'en suis sûre !

-Quelle affreuse personne, qui ose faire du mal à l'ange que vous êtes, lui dis-je, avec une voix que je faisais suave et mielleuse,

-Ce rendez-vous, il a eu lieu ici, au Camélia Blanc. Je voulais savoir si vous aviez des caméras, pour voir la femme avec qui mon fiancé a... a des relations.

-Oh... mon petit je comprends votre peine, mais voyez, nous n'avons pas de caméra ici, nous... enfin je..., balbutiai-je, consciemment.
Il y avait des caméras dans l'établissement, mais je tenais à ce que leur utilisation soit secrète. Il allait falloir que cette femme me propose plus que sa reconnaissance pour que je me plie à ses souhaits. Elle l'avait compris.

-Je ferais tout ce que vous voudrez, TOUT !, s'exclama-t-elle en bondissant du fauteuil. Je n'ai pas de travail en ce moment, je pourrais travailler gratuitement pour vous, je pourrais...

- Oui, oui, je l'ai bien compris. Je vais vous montrer la vidéo que vous souhaitez, et après vous me donnerez ce que vous me devrez. C'est d'accord euh... Quel est votre nom ?

-Niya, Sato-san. Je vous remercie, du fond du cœur, monsieur, si vous saviez comme vous m'aidiez !
Elle semblait comblée, sa figure pâle brillant d'un éclat incomparable. Elle faillit se mettre à genoux et je la relevai. "Elle le fera plus tard", pensai-je, en la regardant remettre sa robe correctement. Une semaine de travail gratuit sous mes ordres, c'était une offre que l'on ne refusait pas.

-Suivez-moi, la salle des caméras est au fond de ce couloir... Oui, c'est bien ça, la pièce d'où on voit une lumière verte.

J'ouvris la porte et fit sortir l'homme qui y travaillait, un bon à rien qui passait sa nuit à dormir, et ses journées à manger. Je le menaçai de mon point et il s'échappa en rampant. Tout fier de cette démonstration de pouvoir, je poussai la mince créature dans la salle, plein de confiance.
C'est le dernier souvenir qu'il me restait de cette soirée.




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