Fiction: A la vie, à la mort

Il est heureux, sa vie est calme et tranquille. Un jour, un froid mystérieux l'envoie à l'hôpital. Il devra se battre contre tous, sa famille et ses amis, pour survivre. Le début d'une lutte sans merci contre la mort...
Classé: -12D | Drame / Suspens | Mots: 21913 | Comments: 5 | Favs: 8
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Nejeri (Féminin), le 02/12/2011
SONDAGE ULTRA IMPORTANT ! Les gens, vous voulez que Kimimaro il survive ou il meure à la fin ? Réponse vite please !

Je sais, mes noms de chapitres sont fulgurants. Bon bah c'est pas tout ça faut y aller...

Pour le nombre de chapitres, je suis passée de trois à dix puis maintenant à quinze.. J'en sais rien en fait. Ceci dit, ils seront normalement tous aussi long que "Choix" le dernier chapitre, parce qu'on ne peut rien faire passer en 1500 mots.




Chapitre 6: Erreurs



26 novembre
Je ne sais pas trop quoi écrire. Les soins se sont un peu calmés, Tsunade m'a dit que je devrais faire une opération dans pas longtemps.Tant pis.
Et puis il faut toujours que j'en parle à Ino. J'ai pas envie... Mais je lui ai promis.

Je referme le cahier rouge d'un coup sec et le repose sous le matelas. Je suis seul jusqu'à midi environ, puisque Gaara est en soins et Ino partie avec un vieil homme aux cheveux blonds. Comme j'ai un gros coup de barre, je descends à toute vitesse les escaliers pour aller paresser un peu dans l'herbe, à l'abri de ce grand arbre par exemple... Tiens, il y a déjà quelqu'un.
- Salut Kimimaro !
- Eh, Ino ! Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je prends l'air, comme toi je suppose... Mon père m'a laissé sortir un peu en avance...
Elle laisse flotter son regard sur les nuages, et un reflet blanc apparaît pendant un instant au milieu de ses yeux bleus... Et elle a une guitare à la main.
- Tu joues de la guitare ?
- Oui, bien sûr.
- Tu me joues un morceau ?
- Qu'est-ce que tu veux ?
Une chanson d'amour, évidemment, est-ce si dur à deviner ?
- Comme tu veux...

Mon amie ferme les yeux un instant, puis les rouvre, prend sa guitare entre les mains et pose ses doigts...
- La la la lalalalalala la la la la la la lala la la la...
Oh, je connais cette chanson. Je fredonne entre mes lèvres cet air que j'adore tant...

Ino esquisse un sourire en coin et commence :
- Today is gonna be the day that they gonna throw it back to you...
Sans lui demander, je prends ma respiration et murmure :
- By now, you shou've somehow realize what you gonna do
Et en coeur , de toute la force de nos poumons :
- I don't believe that anybody feel the way I do about you know !
Tantôt sa voix entraînante reprend les paroles, tantôt je chante sans grand succès certes mais de tout mon coeur... Et la chanson défile au rythme de nos voix enlacées...

- And all the roads we have to walk are winding

- And all the lights who lead us there are blinding

Je m'adosse à l'arbre, ferme mes paupières et concentre toute mon énergie dans ma voix :
- There are many things that I want to say to you but I don't know how...

- Cause maybe, you gonna be the one that save me
And after all...

La fin de la chanson, déjà ? Je prends mon souffle, gonfle mes poumons d'air et termine :
- You're my wonderwall !

Les doigts d'Ino bricolent quelques notes pour finir et s'immobilisent, une corde vibrant sur le bois.
- Tu chantes très bien, dit-elle en me regardant.
Je voudrais lui répondre qu'elle aussi, que c'est un délice de la regarder jouer mais je ne peux même pas parler.
- Dis, Kimimaro...
- OUI ? hurlé-je sans faire exprès, tellement mes nerfs sont tendus à craquer.
- Je peux t'appeler Kimi ?

Des images de chaton rose, de fourrure et d'ourson mignon me viennent à l'esprit.
Non, c'est kawaï ça, tu confonds.... Peu importe.
- Je préfère pas.
- Kim, alors ?
J'ai adoré le livre de Kipling, alors pourquoi pas ? J'aime bien l'idée d'avoir un surnom...
- D'accord. Et moi, je peux t'appeler...
- Nono ? dit Ino, et elle rit. Quand elle rit, elle penche la tête en avant, retrousse ses lèvres et ferme les yeux. C'est beau...
- Je préfère... Nino ?
- Oui, pourquoi pas ?
- Bon, si on traîne encore, on va se faire décapiter par Shizune.
Quand on parle du loup ! Ma docteure préférée est en pleine discussion animée avec deux hommes en costard ; lorsqu'elle nous voit apparaître à travers la porte vitrée, elle nous désigne du doigt et nous amène de force vers ses interlocuteurs.
- Kimimaro, Ino, je vous présente les hommes de l'Education Nationale : ils sont ici pour vérifier que vous continuez votre scolarité malgré vos... problèmes de santé. Kimimaro, tu vas avec M.Hatake, Ino avec M. Sarutobi.
- Suivez-moi, monsieur Kaguya, m'indique le dénommé Hatake en m'entraînant vers une des salles de classe vide de l'hôpital, où Mme. Kurenai et M. Umino dispensent habituellement leurs cours.
Il a une drôle de tête : des cheveux blonds argentés dressés en crête, un masque sur la tête et un œil rouge, qui contrastent humoristiquement avec son costume tiré à quatre épingles.
- J'enseigne les mathématiques en lycée, Kaguya, et je vais vérifier vos connaissances. On n'est jamais trop prudent, n'est-ce pas ?
Je ne sais pas trop ce qu'il faut répondre. Je murmure un « oui, oui » assez neutre.
- Bien. Allez au tableau et suivez mes consignes.
Je m’exécute. Le personnage possède une sorte de présence charismatique mais inquiétante, et on n'a pas vraiment envie de discuter ses ordres.
- Vous allez tracer un triangle ABC rectangle en A. Vous me calculerez le cosinus de l'angle A, la longueur de l'hypothénuse BC, la tangente de B, vous me prouverez que MN et BC sont parallèles, vous me démontrerez que BC et SH sont perpendiculaires, vous calculerez la longueur du rayon du cercle inscrit et circonscrit, vous me trouverez l'angle adjacent à C et D et la couleur de la craie que vous utiliserez. Vous avez dix minutes.
Je ne réponds pas. Je me contente d'avaler douloureusement ma salive et d’attraper une craie bleue (déjà une réponse).


Quand Ino sort de sa salle, elle a le visage déconfit. Nous échangeons nos remarques acerbes sur les deux examinateurs, jusqu'à que Shizune arrive et vienne nous annoncer que nous recevrons trois autres visites chacun : une en français pour moi, une en maths pour Ino, une en langues pour les deux et la dernière en sciences. Merci pour le cadeau de Noël !
Elle nous distribue un petit calendrier avec les dates de contrôle ; 5 décembre, 12 décembre et 19 décembre ! Que des lundis ! Déjà qu'ils sont tous maudis à cause de... à cause de, ça va pas arranger ma vision de ces jours horribles ! Visiblement, Nino partage la même impression. Elle m'encourage donc à remonter en haut pour entamer nos révisions. Nous remontons les escaliers en silence, la gorge nouée ; c'est pas vraiment qu'on aime pas les contrôles, c'est surtout qu'on les déteste. On va donc désormais passer nos journées à réviser des trucs inutiles pour faire plaisir à Shizune ! Bon, c'est pas complètement idiot, je commençais juste un peu à trouver le temps long. Nous nous plongeons donc en cœur dans ces braves cahiers qui prenaient un tout petit peu la poussière.

Notre vie commence en comptes à rebours : chaque jour, nous regardons sur notre calendrier combien de temps il nous reste, et vu les notes pathétiques que nous avons reçu en maths et français, on a intérêt à remonter ma moyenne. Oui, Hatake et Sarutobi ont corrigé nos interros et donné les réponses : pas brillant. Cette petite appréciation assortie d'un 9 pour moi et d'un 10 pour Ino. Pourtant, on est plutôt travailleur... Mais les deux Men in Black sont sadiques, et franchement ils demandent une maturité de terminale. Ce que ni l'un ni l'autre n’avons.
- On est samedi... soupire Ino. Après-demain, on saura.
- C'est jour des sorties, non ?
Ino comprend vite. Elle me regarde avec des yeux écarquillés.
- T'es fou, Kim ! On a pas le temps !
- Juste un petit cinéma ! Il y a Sheinan l'Archer qui est sorti aujourd'hui !
- Bon, mais alors rapide, d'accord ? Peut-être avec... une petite sortie à la piscine ?
- OK. Je vais demander à Shizune.
Je sors de la chambre et vais toquer à la porte de Shizune. Ses yeux sont mouillés et sa lèvre inférieure tremble. Lorsque j'entre, elle pousse un petit cri.
- KIMIMARO ! C'est toi ? Entre, achève-t-elle dans un petit reniflement.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Rien du tout, rien *sanglot*
- Qu'est-ce qui se passe ? Répondez-moi.
- Non, il ne se passe rien... sa voix se brise sur ces derniers mots.
- SHIZUNE, QUE SE PASSE-T-IL ?
- Kimimaro ! Tes... tes parents... ils sont...



Je reste immobile un moment. Je me sens bizarre. Vide. Complètement vide. Mes membres ne m'obéissent plus.
Je voix Shizune qui tremble en pleurs sur son bureau. Je la fixe de mon œil sans expression. Lentement, mouvement après mouvement, je fais demi-tour et sort de la pièce.

L'esprit toujours vide, je traverse le troisième étage ; puis je descend les escaliers ; je passe la porte vitrée ; je sors à travers le jardin ; et enfin je me retrouve dans la rue, les yeux dans le vague, à contempler le point d'horizon au loin.
Un instant, une pensée fugace me traverse : et si Shizune voulait dire autre chose ? et si elle voulait dire qu'ils étaient... partis, malades, divorcés ? mais non, Shizune a une centaine d'adolescents à sa charge, elle ne peut pas se payer le luxe de pleurer au moindre rhume.

Il ne pleut pas. Il y a juste une petite brise légère, qui me refroidit le visage. Putain. Mes parents. Plus jamais.

Je sais même pas pourquoi. Je crois que je m'en fous. Ecrasés par un camion ? Assassinés ? Brûlés vifs ? Noyés ? Ou juste un truc pas frais, ou alors quelque chose d'autre... C'est bizarre à accepter. C'est comme un rêve, ou un cauchemar.

Les absents ont toujours tort. Tort de rien m'avoir dit. Tort de m'avoir menti. Tort d'être absents. Tort de m'avoir élevé trop bien. Tort.
- Je fais quoi, maintenant, hein ? Je suis tout seul ! J'ai toujours été seul ! Et vous me laissez tomber ?
Je crie. Rien à faire que des gens me voie. J'ai quelque chose à dire et je dois le dire.
- Vous vous foutez de moi ! Vous avez jamais fait attention à moi ! Tout à vos petits secrets ! Et maintenant ? Je vais devoir me débrouiller seul ! Je fais comment ?

Je me laisse tomber à genoux. Je crois vaguement que j'ai froid. Est-ce la pluie ou les larmes qui mouillent mon visage ? Sûrement pas la pluie, le sol est sec...

Relève-toi ! Tu te crois unique ? Tu crois que t'es le plus malheureux ? J'ai plus d'yeux, moi ! Plus d'yeux pour vivre, plus d'yeux pour voir et pour aimer ! Relève-toi, fais pas ton pleurnichard !
J'ai pas rêvé ? C'est la voix de Neji qui m'a parlé ?
Bien sûr que si que tu rêve ! Encore heureux que t'as quelques voix dans ta tête pour te remonter !
Neji a raison,reprend une voix hautaine, que j'ai déjà entendue sortir de la bouche de Sasuke.T'as déjà entendu parler de la salmonellose ? Je vomis du sang, j'ai de la fièvre toute la journée, des nausées, des maux de têtes, des moments où je ne vois plus rien ! Tout ça à cause de mon putain de serpent de compagnie qui m'a mordu ! Je sais ce que c'est la souffrance, je sais ce que c'est que de se sentir abandonné ! Mes parents sont morts, mon frère a disparu, te crois pas au centre du monde !

Neji... Sasuke...
RELÈVE-TOI ! reprennent-ils en cœur. Il y a eu trop de morts ! Tu dois rester vivant ! Tu dois rester avec nous ! TU DOIS VIVRE !
Et les voix qui bourdonnent dans ma tête cessent immédiatement, et repartent comme elles étaient venues.
Je me fais pitié. Ils ont raison. Je vais crier, je vais évacuer toute ma rage et je vais rentrer. Heureux, joyeux de vivre. Je n'ai pas le droit ni le temps de me morfondre sur mon sort. Je vais crier tout mon souffle et je vais rentrer, retrouver Ino, Sasuke, Neji, Gaara et les autres. Il ne me reste que quinze ans à vivre, je vais en profiter un maximum. J'inspire longuement, jusqu'à sentir mes poumons ployer sous la surface d'air. Encore un peu...

Ce jour-là, tout le quartier entendit un hurlement de rage déchirer l'air et se briser, comme il avait commencé, sur un petit sanglot.


Je reprends mon souffle lentement, le souffle court, la main sur le torse. Je me relève en faisant craquer mes articulations et opère un demi-tour en direction de l'hôpital Hokusai.



- Bonne chance, Ino.
- Bonne chance, Kim.
- Bonne chance, Ino.
- Bonne chance, Kim.
- Estressada, guapa ?
- Claró que si, tonto !
- Good luck, Ino.
- Good luck, Kim.
Nous continuons notre manège, stressés comme pas deux, attendant le terrible examen de langues. C'est aujourd'hui, c'est aujourd'hui ! J'ai réussi à obtenir un petit 16 en français, et Ino un 16,5. Faut pas chercher, sous ses airs de bimbo sans cervelle, elle cache une intelligence redoutablement développée...

- Monsieur Kaguya, mademoiselle Yamanaka ?
- Ou-oui ?
- Veuillez me suivre, s'il vous plaît. Vous passez l'examen en même temps. Je suis madame Yuhi Kurenaï. Allons, ne faites pas cette tête, je ne vais pas vous manger !
Nous nous consultons du regard un instant et entrons à la suite de la femme dans la poussiéreuse salle de classe.




Il pleut. Beaucoup. Il pleure dans mon cœur, comme il pleut sous la ville...Oui, c'est un peu ça. Je me sens triste, nostalgique, bizarre. Je me réveille à 3h du matin ou à 11h du matin, je ne dors plus bien, je ne rêve plus... La douleur de la perte de mes parents semble partie, mais lorsque j'y pense un peu trop fort, elle revient, pèse sur mon cœur et m'enlève toute joie de vivre...
Shizune m'a apporté les résultats des évaluations. J'ai consulté d'un air attentif les chiffres inscrits sur la feuille.

KIMIMARO KAGUYA
Français : 16
Mathématiques : 9
Sciences (j'ai passé la science physique, ma deuxième matière préférée, avec Mlle. Mitarashi, et malgré son sadisme apparent, elle n'a pas réussi à me mettre une mauvaise note ni à me coincer) : 17
Anglais et espagnol : 19 (et oui, je suis un crack en langues).

Aujourd'hui, je me suis réveillé à 9h. Ino dormait encore, ses longs cheveux éparpillés sur son oreiller, et Gaara aussi. Mais avec lui, je ne me fie plus à rien. Il a réussi à me faire douter de mes sens...

Balayant ma table de nuit du regard à la recherche de mes élastiques, j'aperçois quelque chose posé sur le bois. Une lettre. Huit lettres tracés à l'encre noire d'une écriture sûre et large : celle de mes parents. Huit lettres : KIMIMARO. Immédiatement, je sens mes yeux s'embuer et mon corps se parcourir d'un énorme frisson. Non, c'est impossible...

Rien au dos de la lettre. Ah, si : quelques mots de la main de Shizune : Pardonne-leur. C'est vraiment le moment de jouer aux devinettes ?

Je résiste difficilement à l'envie de l'ouvrir. Quelque chose me dit qu'il faut que je l'attende. Alors je noue mes mèches de devant et me lève, direction le self pour un bon petit-déjeuner.

- Hey, Kim !
Je me retourne à l'apostrophe de mon nom. Ah, c'est eux !
- Neji, Sasuke ! Je peux venir vous rejoindre ?
- Oui oui, vas-y.
- Kim, je te présente Sakura et Tenten, nos coéquipières au poker, et accessoirement dans l'équipe d'endurance de l'hôpital. Tenten court avec Neji, à l'aide d'une petite corde autour du poignet...
Les deux concernés sourient. Leurs joues s'empourprent d'un délicat rouge pourpre...

Quelques minutes plus tard, quinze adolescents de plus sont venus se tasser sur notre petite table, dont Ino qui irradie comme un petit soleil. Elle me représente tout ce petit monde, comme avant, à la différence près que cette fois, j'écoute ; chacun d'eux est comme une chance de plus pour moi de sortir de ma solitude et je ne vais pas la laisser passer. Je n'essaie pas pour autant de retenir chaque nom, et me contente d'une petite poignée : Sakura, Ino, Neji, Tenten, Sasuke, Shino, Naruto, Hinata, Shikamaru et Kiba. Ils m'ont tous plu, par leur intelligence, leur joie de vivre ou leur sympathie.


Quelques marginaux ont déjà orné de guirlandes les couloir blanchissimes de l'hôpital ; on sent déjà planer, en ce 22 décembre, une odeur de fête, qui n'est pas pour me faire plaisir. Noël c'est la fête, la beauté et le plaisir, c'est les cadeaux et les amis ; je n'ai rien de tout ça. Et enfin, pire du pire, pas de cadeaux pour Ino.

C'est son truc, à Ino, les fêtes : elle peut inviter tout le monde, s'éclater un maximum, recevoir tout les cadeaux, qu'elle veut, génial : ce n'est qu'un exemple pour creuse l'immense fossé qui me sépare encore d'elle. On n'est pas du même monde.

En tout cas, je suis déjà allé trouver quelques cadeaux avec le maigre argent que mes parent m'avaient laissé ; une griffe en collier pour Kiba, un bol de ramens XXL pour Naruto, des lunettes noires pour Neji... et bien sûr, une barrette noire et blanche magnifique pour Hinata. Chaque fois que je la croise dans les couloirs, je me sens troublé, j'ai le coeur qui bat... et alors je croise Ino, souriante au possible, qui m'emmène vers le groupe...

23 décembre. J'ai fait quinze fois toutes les boutiques du quartier sans tomber sur quelque chose qui me ferait vraiment plaisir ; je me suis creusée la tête à la recherche d'une parole qui pourrait m'aider...
Et soudain, c'est l'éclair. Je sais ce qui lui faut, ce qui lui ferait le plus plaisir. En un instant, je me retrouve à courir de toutes mes forces vers le magasin, chacune de mes chaussures écrasant bruyamment le pavé.


- JOYEUX NOËL, KIM !
Ino, qui a enfilé pour l'occasion un bonnet de père noël clignotant, me réveille le sourire aux lèvres. Dans son dos, un petit paquet rouge... Elle a... ?

- Tiens, c'est pour toi.
Je l'attrape, sans vraiment réaliser, et entreprend de le déballer. Sous mes doigts, je sens une surface moyenne, dure... un... livre ?
- Les Fleurs du Mal...
Comment a-t-elle deviné ? Comment a-t-elle deviné que j'avais perdu mon édition de ce recueil à qui je tenais plus que tout ? Que je l'avais perdu peu de temps avant mon hospitalisation ? Comment a-t-elle deviné que j'aurais les larmes aux yeux en voyant le titre ?

- Ça te plaît ?
Je voudrais lui répondre que oui, mais je ne peux pas, la gorge bloquée par les larmes ; je les ravale à grand peine.
- Me...merci. Je... j'ai quelque chose... pour... pour toi.
- Oh, c'est vrai ?
- Tiens.
- Petit paquet jaune... carré... C'est...
Le papier cadeau vole en éclats, sous ses mains fébriles. Lorsqu'elle voit l'image de couverture, ses yeux s'illuminent...

- MERCI KIMIMARO !
Et elle se jette dans mes bras. C'est surprenant, mais agréable. J'adore son odeur, on dirait du citron...
Elle quitte mon étreinte, toute à la contemplation de son présent : une pochette du best-of d'Oasis, dédicacée par Liam Gallagher, ornée en travers d'une somptueuse rose jaune achetée hier pour plus de fraîcheur.

- Comme elle sent bon...
Elle ne peut pas savoir à quel point je suis heureux que ça lui fasse plaisir. Le bonheur lui va si bien...
- Allez, viens, l'invité-je, on va aller manger.
Je n'ose plus la quitter, de peur qu'un instant son sourire se fane. Il est comme une petite pile qui m'aide à me sentir mieux... Je crois que je suis...




- Et joyeux noël à tous !
Shizune lève son verre, et nous l'imitons, levant nous aussi notre verre à l'appel de la docteure. Le repas se passe dans une ambiance de fête, rires et bon repas à l'appui. Salades, dinde, bûche, nous oublions un instant notre maladie pour juste être heureux, je ne vois plus de tristesse sur les visages, juste une joie immense.
Chacun a revêtu sa tenue de fête : Ino en chemise et jean bleu, Hinata en robe noire, Sakura en t-shirt rouge, Naruto dans une étrange combinaison orange, Kiba en costard noir... Il y a dans l'air plus qu'un air de fête, un véritable bonheur qui se répand partout. Je suis... heureux ?

- Eh, j'ai une idée ! s'écrie Sasuke. Si on faisait une petite chanson ?
Tout le monde approuve cette très bonne idée. Petit problème : qui va chanter ?
- Moi, je sais jouer de la guitare, propose Naruto. Quelqu'un avec moi ?
Ino semble hésiter un instant, puis se hisse sur l'estrade, après être allée chercher son instrument. Elle tapote le micro et prend la parole :
- Bonjour et bonsoir, patients de l'hôpital ! Aujourd'hui, pour cette grande occasion qu'est Noël, je vais vous interpréter quelques chansons de mon répertoire.
Elle se retourne, échange quelques mots avec Naruto qui hoche la tête, puis se ré-adresse au public :
- J'appelle sur la scène notre grand chanteur : Kimimaro !

Les applaudissements résonnent dans la petite assemblée. Moi ? Mais je...
Avant d'avoir le temps de répliquer, on me pousse sur la scène où je me relève, carrément intimidé.

- Euh... Eh bien... Nous allons commencer par...

La première qui me vient à l'esprit ? Une chanson puissante, énergique, une chanson qui me nettoierait les tympans... C'est parti !

This ain't a song for the broken-hearted..
Toute la salle sursaute. Faut dire que j'ai presque hurlé les paroles dans le micro. Mais, une fois rétablis de leur surprise, ils semblent plutôt satisfaits de la musique...

It's my life ! It's now or never !

Ma voix rebondit sur les notes des instruments. Je me sens bien, à chanter, au milieu de la scène, je me sens bien, dans mon élément...

Enfin, je termine la chanson sur une longue note, sous les applaudissements du public. C'est comme... une révélation. Quand je chante, je suis dans un autre monde, guidé par ma voix, et je suis juste... bien.

Les chansons s'enchaînent, en japonais, en anglais, en français, dont bien entendu Wonderwall, que je chante les yeux fermés, les mains serrés sur mon micro. Chacun son tour, nous interprétons nos chansons préférés, cadeau général à l'hôpital tout entier.

Enfin, au bout d'une éternité, un coup d'oeil à l'horloge m'indique que nous sommes le 25. Quatre heures du matin. C'est le moment de la dernière chanson. J'appelle Naruto et Ino et nous faisons une rapide réunion.

- Ok, les guitaristes, on va faire une dernière chanson. Quelqu'un a des idées ? chuchoté-je.
Silence. Nous avons tous les trois usés à fond notre répertoire. Plus d'idées. Ino et moi nous grattons la tête...
- Moi je sais ! s'écrie soudain Naruto ! Et il se penche à notre oreille pour nous murmurer son idée.
- Oui, c'est bien ! Parfait, c'est bon, on y va ! et vous donnez le maximum !
Je prends mon inspiration. Je dois à tout prix tout donner. C'est le moment de tout donner !

Je m'avance, dans un silence de mort. Je prends le micro à deux mains et commence :
- Made a meal and threw it up on sunday, yeah
I've got a lot of things to learn
Said I would and I'll be leaving one day
Before my heart starts to burn

C'est magique. Les mots sortent de ma bouche sans effort. Je suis dans ma bulle. Seulement la musique et moi.

So what's the matter with you
Sing me something new
Don't you know, the cold and wind and rain don't know
They only seem to come and go away

Devant mes yeux, tout le public est médusé. Leurs yeux sont fixés sur mes lèvres ou sur les doigts des guitaristes. Une boule au creux de mon ventre. J'ai peur. Peur de me tromper, peur d'hésiter, peur de briser le bonheur si fragile de la chanson. De l'immense pouvoir de la musique.

Times are hard when things have got no meaning, yeah
I've found a key upon the floor
Maybe you and I will not believe in
The things we find behind the door

Je suis prêt à tout. Prêt à m'envoler, à porter n'importe quoi, je me sens surpuissant et euphorique, comme sous l'effet d'une drogue, je serre le micro dans mes mains jusqu'à sentir mes jointures blanchir, jusqu'à avoir mal. Les notes parfaites qui sortent des instruments de mes deux coéquipiers me poussent en avant et m'encouragent à faire encore mieux, à pousser mon souffle dans ses derniers retranchements.

Stand by me, nobody knows,
Stand by me, nobody knows...
The way it's gonna beeee...

La guitare...

Sing me something new
Don't you know the cold and wind and rain don't know
They only seem to come and go away

Les paroles...

Stand by me, nobody knows,
Stand by me, nobody knows...
The way it's gonna beeee...

Ce frisson qui parcourt tout mon corps, qu'est-ce que c'est ? Est-ce que c'est comme les larmes qui coulent lentement le long de mes joues ? Les plus belles larmes du monde... des larmes de joie...

So what's the matter with you
Sing me something new
Yeeaah, God only knows the way it's gonna be...


C'est fini. C'est la fin.
Un instant, un silence de mort emplit la salle. Et d'un coup, elle explose en applaudissements, en bravos et en hourras. Je m'effondre à genoux, à bout de souffle, les yeux remplis de larmes. Ino et Naruto viennent me taper dans le dos et me féliciter. Soudain, je réalise ce qui se passe et je murmure :
- On l'a fait....

Mais il me reste quelque chose à faire. Quelque chose de plus important que les félicitations, les poignées de mains et les "Joyeux noël". Je m'échappe tant bien que mal à la masse humaine pour remonter les escaliers déserts et entrer dans ma chambre. Silence de mort. Seul Gaara n'est pas en bas à faire la fête, il dort en respirant tout doucement, comme un enfant. Je m'assieds sur le lit et attrape la lettre.

Je frissonne de partout ; je ne sais pas où j'ai trouvé la force de l'ouvrir, dans un bruit glacé de papier qu'on déchire. Dedans un bout de papier. Un bout de papier, écrit recto-verso. Écriture de ma mère. C'est elle. Je ne dois pas lire, je ne dois pas lire... Mais mes yeux se posent sur le papier sans que je puisse les retenir.

Mon fils,
J'écris cette lettre en mon nom et celui de ton père. Quand tu liras ces mots, je ne serai plus là pour t'expliquer ce que tu n'auras pas compris, alors lis bien.
Tout d'abord, nous sommes désolés. Tellement désolés. Désolés de ne pas t'avoir dit pour ta maladie. Quand nous l'avons appris, nous ne pouvions plus rien faire, juste souffrir devant notre impuissance à te sauver... partager notre douleur avec toi, si heureux, c'était au-dessus de nos forces. Sache pour notre défense que nous ne l'avons pas appris beaucoup plus tôt que toi. Quelques jours seulement. Pourtant nous aurions plus le deviner. Car arrive le deuxième motif d'excuse : notre mort.
Cela peut paraître étrange de parler de sa mort, mais ton père et moi le savions. Depuis longtemps. Nous avons eu le temps de l'accepter. C'est le moment, je crois, de te dire ce que nous n'avons jamais osé t'avouer : nous sommes condamnés depuis longtemps. Nous sommes tous deux atteints d'une maladie incurable et génétique, une maladie transmissible. Sachant cela, nous t'avons quand même fait, et par la même occasion transmis notre maladie. Oui, Kimimaro. Nous sommes morts de maladie. En tout cas, c'est imminent. Plus qu'imminent. Inéluctable.
Peut-tu t'imaginer, toi, en train de lire ces mots, la mine appliquée de tes parents qui essayent tant bien que mal de trouver des justifications suffisantes ? Non, je ne pense pas. Tu dois nous haïr, et tu as raison. Parfaitement. Cependant, s'il te plaît, ne nous haït pas trop. Haïr un mort n'a jamais porté bonheur, imagine pour deux !
Tu dois trouver nos excuses bien piètres, toi, à l'intelligence si développée ! Nous sommes fiers de toi, tu sais. Très fiers.
Mais le but principal de cette lettre n'est pas de nous trouver des excuses. C'est surtout de te demander de promettre une chose. Kimimaro, tu dois promettre de vivre. Vivre par tous les moyens. Tant que ton coeur battra, nous vivrons à travers toi, dans ton esprit. Et n'oublie jamais ceci : nous sommes fiers de toi. A travers la vie et la mort. Jusqu'à l'éternité, et encore après. Pour toujours. Tu es sûrement le meilleur fils que nous aurions pu avoir. Alors, Kimimaro,
Tu dois vivre,
Tes parents.

Je ne vois plus rien. Juste un rideau de larmes devant mes yeux. Je pleure toutes les larmes de mon corps. Je pleure tellement que j'ai mal. Que je suis agité de tremblements incontrôlables. Oh, bon dieu, bon dieu, bon dieu !!


Quel Noël de merde.



Snif, snif, snif ! C'est trop triste ! bouhhhh ! ah, ne vous inquiétez pas, ça va s'arranger ! Ouiiiinnnnn !


P.S : la maladie de Sasuke existe ! et ses symptômes aussi ! Non mais ! Alors shut up ! J'ai déjà bien souffert pour lui trouver un truc qui concorde !

La playlist : It's my life de Bon Jovi, Wonderwall d'Oasis et Stand by me d'Oasis.




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