Fiction: Tu n'es pas des nôtres

Je suis nulle. Je suis faible. Je suis exclue. Je suis perdue. Je suis Hinata Hyûga.
Général | Mots: 3809 | Comments: 2 | Favs: 6
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Nejeri (Féminin), le 03/10/2011
C'est ma première fanfiction. Dans le manga, Hinata est surtout décrite comme une timide passive (bon, un peu moins dans Shippuden) et on ne pense pas souvent à la souffrance qu'on peut éprouver lorsqu'on est rejetée. Il y a quelques différences entre ma fic et le manga, ce ne sont pas des erreurs et les changement sont minimes.
Bonne lecture !




Chapitre 1: Vie quotidienne



Le froid de la nuit me réveille. Je me relève doucement, la pâle lumière de la lune entrouvrant mes yeux endormis. Je tourne la tête. Le noir est complet, sauf un léger rayon blanc qui éclaire l'arbre en face de la maison. Je me relève difficilement, mon corps transi par le froid de l'herbe où j'ai dormi ; mes pieds douloureux se mettent en marche, vers une destination aussi connue que redoutée. Je tremble, habitée par la peur et le froid, le rythme lent de mon cœur comme seule musique, et je marche. Peu de temps s'écoule entre le départ et l'arrivée, mais malgré tout, j'ai l'impression d'avoir marché des heures. Devant moi, les trois poteaux menaçants du terrain d'exercice se dressent comme des spectres. J'inspire avec force, avant d'expirer en un petit nuage de vapeur. Je me place devant le poteau du milieu.

Relâche tes muscles. Ferme les yeux. Vide tes poumons. Concentre-toi sur une seule chose : tes poings. Tes poings. Tes poings.

Je les serre de toutes mes forces. J'aspire une énorme bouffée d'air frais et je lance l'attaque.

J'halète, je souffle, je soupire, la sueur dégouline le long de tout mon corps.

Cou ! Ventre ! Épaule ! Bras ! Genou ! Pied ! Nuque ! Dos ! Front ! Cœur !

Je m'effondre, puis relève la tête vers le poteau. Vide de toute marque de combat, il reste entier. Ni cicatrice, ni trace ne laisse de marque de mon attaque nocturne. Je m'effondre, tête baissée. Ma vue se brouille, mais j'efface les larmes d'un revers de main. Je me relève avec lenteur. Armée de mon kunai, je taille dans le bois un visage bien connu ; un visage noir et barré, aux longs cheveux lisses et ébènes, aux yeux blancs comme les miens. L'habituel petit sourire de Neji plane sur le visage de la statue à son effigie. Je recommence l'exercice, mes poings gonflés de haine et d'humiliations, mon cœur rongé par la souffrance et je frappe, je frappe aux tenketsu avec une violence inouïe. Essoufflée, je m'effondre, la poitrine en feu. Je relève avec lenteur la tête ; le visage est encore intact, et je vois la bouche de bois s'ouvrir et m'insulter encore, et je vois mon père l'approuver, je vois Hanabi si douée et si puissante et je baisse la tête. Je sens une boule enfler, enfler dans ma gorge, mes larmes briller sous le soleil levant. Je me relève avec douleur, toutes mes articulations ankylosées et je commence à grimper à l'arbre qui surplombe le terrain. Je m'assieds doucement sur la branche la plus dure et je regarde l'astre d'or se lever à travers la mer de sang qui inonde le ciel. Je ferme les yeux. J'entends un craquement, et je tombe. La branche vient de se briser. Je tente de retrouver mon sang-froid le plus rapidement possible et je concentre mon chakra dans mes pieds. "Go !" pensai-je ! Mais mes efforts sont inutiles. Je m'écrase au sol en hurlant, recroquevillée sur moi-même, tout mon corps douloureux. Je lève les yeux avec courage. La branche est tombée sur les troncs du terrain d'exercice, et, ironie du sort, sur le tronc tailladé. Il est désormais marqué d'une large balafre, trace de la chute de la branche et marque des blessures que toute ma puissance et ma fureur n'ont pas réussi à infliger. Je me remets en chemin.

- HINATA !

La chaleur de mon lit a surpassé ma promesse de ne pas m'endormir. Je me suis assoupie, mon corps épuisé n'ayant pas résisté à plus de souffrance. Les dommages de mon entraînement m’empêchent de me lever. Mon père hurle une deuxième fois, et soudain je me rappelle : j'avais oublié mon entraînement ! Je me relève d'un bond et cours à la cuisine, où j'engloutis un rapide petit-déjeuner, endosse une tenue décente et déboule à toute vitesse dans le jardin. Hiashi Hyûga, les mains sur les hanches, me regarde en me fusillant du regard. Neji et Hanabi sont déjà en train de s’entraîner. Non, en fait, on ne dirait pas qu'ils s'entraînent. Ils dansent. Leurs corps aussi souple que leurs poings, ils tournoient comme des papillons autour de leur adversaire. Le visage de mon cousin est dépourvu de toute haine : il n'exprime qu'une intense concentration. Lorsque je regarde avec plus de précision, je vois qu'il a les yeux fermés. La danse du combat continue : ni Hanabi ni Neji n'ont réussi à infliger de dégâts à l'autre, mais leur motivation semble au-dessus de tout ça. Ce n'est plus un combat, ce n'est plus une danse, c'est l'union de deux âmes qui cherchent à vibrer ensemble. Une violente douleur à l'épaule me rappelle à la réalité : mon père vient d’agripper avec force mon épaule et me secoue comme un prunier. Je m'échauffe rapidement et je me mets en position de combat.

- Avance tes mains ! Plie tes jambes ! Relève la tête ! Tends tes poings ! ATTAQUE !

Je me lance. Je tourbillonne, encore et encore, glissant mes mains abîmées dans tous les points sans défense. Sans résultat surtout. Mon père pare tous les coups sans aucune difficulté. Il n'a pas bougé depuis le début du combat. Au bout d'une énième tentative échouée. Il glisse sa main sous mon coude et me jette au sol d'un coup. Les blessures de l'entraînement ressortent sous le choc, moins violentes tout de même que mon cœur qui explose dans ma poitrine, que mes larmes qui me brûlent les joues. La douleur physique ne me ferait pas autant pleurer.

- ASSEZ !

La voix de mon père me vrille les tympans. Il hurle des insultes plus dures que celles de Neji, il me crache dessus, il me dit que le clan Hyûga n'a que faire d'une ratée. Un frisson parcourt mon corps transi en entendant cette phrase aussi connue que redoutée ; il continue à hurler, désigne Hanabi, puis Neji, il me dit que je ne vaux rien. Puis j'arrête d'écouter et je me laisse envahir par la tristesse, la tristesse d'une fille et d'un enfant. Enfin, Hiashi s'arrête. Je me relève difficilement et je reviens à la maison où je m'écroule sur mon lit en pleurant. J'ai du mal à respirer, du mal à sentir l'air pénétrer mes poumons mais je m'en fiche. Je lève alors un de mes yeux blancs et je sursaute. Je saute de mon lit et je me rue sur mon bureau. Bien en vue, l'affiche de promotion de l'académie des Genins m'éclate aux yeux. Et la date qui attire mes pupilles comme un aimant : 23 juin. Demain. Avec toute cette souffrance, j'avais oublié !

Je prépare rapidement un sac contenant un kunai, quelques shuriken, un déjeuner, mes notes... au milieu du bazar tombe une photo de ma mère.

Ce n'est pas la photo d'une mère souriante, qui vous tient dans ses bras, sur laquelle on peut pleurer décemment. J'ignore pourquoi j'ai pris cette photo. J'ignore pourquoi je l'ai fait développer. J'ignore pourquoi je n'ai pas d'autre photo. J'ignore pourquoi je la regarde alors que la vue du papier glacé me plante une lame dans le cœur. Peut-être que je suis sadique ?

La photo représente un cadavre mutilé, le cœur à vif, les membres massacrés, la tête arrachée. Baignant dans le sang et les organes, on arrive à distinguer des cheveux noirs, une veste blanche et un pantalon noir orné d'une ceinture frappée à l'emblème de Konoha, et cousue sur la veste, l'emblème sacré des Hyûga. Je sens une pointe glacée entrer dans mon cœur et y laisser ses œufs. Je sens la douleur qui pénètre mon cœur et qui se répand dans chaque partie de mon corps. Je sens la douleur revenir de ce jour, où on m'a annoncé que Sashana Hyûga, soldat de métier, était morte au champ d'honneur. Il a fallu que je cherche partout pour trouver la véritable raison de sa mort : refusant de massacrer un camp de civils endormis, elle s'était fait agresser par son officier fou, qui l'avait massacrée, sourd à ses cris, pour lui apprendre la désobéissance. Sur la tombe noire de ma mère, on y voit inscrit : morte au champ d'honneur. Je ne vois pas ce qu'il y a d'honorable là-dedans.

Le lendemain, le soleil vient à peine de surgir derrière les arbres lorsque la sonnerie aigüe de mon réveil me sort de ma torpeur. Je n'ai pas très bien dormi, mais je me relève, j'attrape mon sac et je cours à l'académie après deux tartines et demie. Le chemin est rapide mais escarpé, et malgré tout je cours sur le chemin. Je tombe un peu, mais je me relève immédiatement pour ne pas m'arrêter. Il n'y a personne devant l'académie lorsque j'arrive, essoufflée, quelques minutes plus tard. Je m'installe tranquillement sur les marches et je regarde le soleil se lever ; et malgré les souvenirs récents que cette scène se rappelle, je verse quelques larmes de joie devant la beauté de l'astre.

Le gros du peloton arrive une demi-heure plus tard environ, suivie d'une seconde fournée vers six heures du matin et les derniers arrivants à sept heures. Les jounins et Iruka-sensei sont là à sept heures trente tapantes, et ils nous ouvrent les portes avec un air mal réveillé. Nous nous installons à notre table, où notre maître nous explique les qualités premières d'un genin. J'ai du mal à ne pas dodeliner de la tête pendant l'exposé qui dure, dure, dure... Enfin, à huit heures, iI nous fait aligner et nous demande d'effectuer trois clones. Cet exercice est l'un des rares que je réussisse, et malgré tout, je parviens à produire quatre clones. L'un des quatre n'a pas le symbole des Hyûga sur sa manche mais personne ne s'en aperçoit. C'est avec une fierté mal cachée que je m'avance pour recevoir mon bandeau de ninja. Je suis une genin !

Lorsque tout le monde est passé, nous nous rasseyons. Je jette un regard en coin à Kiba, qui est toujours aussi séduisant sous le soleil maintenant haut dans le ciel. Pourvu que je sois avec lui...

- L'équipe 1 sera composée de Keri Anerasu, Dajo Mere et Satoni Katan. L'équipe 2...

Je n'écoute déjà plus. Je me réveille quelques minutes plus tard :

-...ipe 7 : Naruto Uzumaki, Sasuke Uchiwa et Sakura Haruno. L'équipe 8 : Hinata Hyûga...

Je me relève entièrement en levant la main. Notre chef coche une case sur son bloc-notes et continue :
-...Rock Lee...

Allez, allez, allez !

-...Kiba Inuzuka !

YESSS ! J’ai failli hurler de joie mais je me retiens au dernier moment. Je jette un regard à Rock Lee qui est tout sourire et Kiba qui paraît plutôt content. Je souris moi aussi pour exprimer ma joie.
A la fin de la répartition, notre sensei, Gaï Maïto, nous donne rendez-vous le lendemain au terrain d'exercice. Il n'est pas trop loin de la demeure des Hyûga, c'est pourquoi je ne suis pas trop triste lorsque il fixe le rendez-vous à cinq heures du matin. Rock Lee non plus n'est pas déçu : il saute partout dans les airs en hurlant : "Yahou ! Yahou ! Yahoooo !" pour une raison inconnue.

Je décide de ramener Kiba chez lui. Il habite à l'autre bout de Konoha, mais nous faisons connaissance sur le trajet. Akamaru est vraiment mignon, et je lui passe distraitement la main dans le sens du poil. Puis je raccompagne Lee, toujours aussi souriant, qui habite à la lisière de la forêt. Je lui dis au revoir et je reprends le chemin de ma maison, serrant dans ma main quelques poils d'Akamaru. Un sourire illumine mon visage.




Voilà pour le premier chapitre. J'espère que ça vous a plu et que vous continuerez !



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