Après la mort d'Asuma, Shikamaru souffre comme un damné. Temari reçoit alors une mission de moins aisées, lui rendre le sourire, y arrivera-t-elle ? Et puis, pourquoi elle d'abord ?
Fiction romantique
Sombre mais fin heureuse
Tsunade observa attentivement le visage de la toute jeune femme qui lui faisait face. La robe bleu saphir qu'elle portait était chiffonnée et quelques brindilles y étaient encore accrochées, sa peau était pâle sous le hâle, elle triturait nerveusement ses mains couvertes d'éraflures et d'égratignures et les quatre couettes généralement soigneusement attachées étaient inégales comme faites à la va vite et là encore des brins d'herbe et des brindilles les parsemaient. Son visage n'était pas en reste, la terre qui s'y était déposée avait disparu à certains endroits comme si les larmes qui avaient coulées de ses yeux rouges et gonflés l'avait nettoyée.
Il était évident que cette petite avait passé la nuit dans la forêt et à en croire les cernes sous ses yeux, elle n'avait sans doute pas beaucoup dormi.
-Alors tu es sûre, tu ne crains pas de regretter ta décision ?
-Non, c'est décidé, je ne peux rien faire pour lui, je préfère rentrer à Suna et accomplir des missions pour aider mon pays là-bas. Encore une fois je vous présente toute mes excuses.
Tsunade avait failli lui demander la raison de cette décision. La veille elle avait croisé Sakura qui lui avait avoué avoir vu Shikamaru qui semblait aller beaucoup moins mal. Mais devant ce tableau la réponse s'imposait d'elle-même et la décision de Temari était sans doute la meilleure et de très loin. Elle n'était pas arrivée depuis deux jours et semblait déjà éprouver des sentiments assez forts pour le jeune Nara. Inutile qu'elle reste pour finir aussi brisée que le garçon.
-Très bien, en ce cas transmets mes salutations au Kazekage et rappelle-lui que les habitants de Suna seront toujours les bienvenus à Konoha.
-Ce sera fait. Je vous remercie de votre compréhension, Hokage-sama.
Puis la jeune fille tourna les talons et sortit, laissant son aînée seule avec sa paperasse.
Temari se méprisait d'avoir eu cette réaction. La veille, après la dispute, elle avait couru en direction de la forêt et, encore sous l'emprise de l'alcool, y avait passé ses nerfs sur un jeune arbre non loin l'attaquant violemment, à coup de kunai tout d'abord puis juste avec ses mains, ce qui expliquait les blessures.
La douleur qu'elle avait ressentie tout d'abord n'avait pas faiblie mais peu à peu une intense colère dirigée vers elle-même l'avait rejointe. Se laissant gagner par l'ambiance de Konoha la kunoichi s'était laissée aller et avait abandonné sa façade dure et insensible, elle avait cessé de faire attention au moindre de ses gestes et avait fini par poser sa tête sur l'épaule de Shikamaru, la pire des âneries. C'était un acte qu'on avait entre amis proches ou entre amants et ils n'étaient ni l'un ni l'autre juste deux ninjas obligés de passer la journée ensemble. Alors elle avait pris une décision : plus jamais elle ne se laisserait aller, n'abandonnerait cette façade, pouce que ça lui apportait.
Quand enfin, épuisée, la jeune fille s'était laissé tomber au sol, le regard chargé de mépris et de haine était venu la hanter, l'empêchant de s'endormir. Au réveil elle avait tenté d'analyser ses sentiments, la veille elle était bourrée et ce qui s'était passé ne signifiait rien et certainement pas que la jeune fille éprouvait des sentiments romantiques à l'égard de Shikamaru. De son côté le garçon lui avait fait comprendre que cette mission était perdue. On ne réconforte pas quelqu'un qui vous méprise. Décidée, Temari avait pris la direction du bureau du Hokage pour lui demander de mettre un terme à cette mission ridicule.
Mais le plus dur restait à faire. Son sac contenant le matériel nécessaire à sa traversée du désert et ses vêtements de combat était resté dans la chambre où elle aurait dû dormir et voilà qu'il fallait aller le chercher, affrontant sa peur qu'il lui claque la porte au nez, accentuant son affront. Affrontant aussi son embarras concernant son geste de la veille.
-Tiens, Temari.
-Ah, Ino, fit celle-ci.
-Eh bien qu'est-ce que c'est cette tête ? Et où vas-tu de si bon matin ?
-Je rentre à Suna. Mais avant je vais récupérer quelque chose.
-Ah alors tu rentres. Aujourd'hui vraiment ?
-Oui je ne vois pas de raison d'attendre, Suna a besoin de moi.
Une fois dans son village la kunoichi forcerait Gaara à lui confier une mission de rang A ou B qui l'entraînerait très loin du pays du feu et ne lui laisserait pas une seconde de répit ainsi le visage triste du garçon finirait bien par s'effacer de sa mémoire.
-Ca tombe mal, lâcha Ino, la tirant de ses pensées. Aujourd'hui... ça fait deux mois.
-Deux mois ?
-Oui, deux mois qu'Asuma-sensei est mort. Nul doute que ça ne sera pas une journée facile pour personne et sûrement pas pour lui.
Tentant en vain de faire taire la petite part d'elle qui lui hurlait qu'elle abandonnait un peu vite, la jeune femme reprit sa route. Elle finit par arriver devant la façade de pierre grise. Elle ouvrit la barrière, traversa l'allée et frappa trois coups énergiques à la porte, recommençant en voyant que personne ne venait lui ouvrir.
Comprenant que Shikamaru ne se déplacerait pas, la kunoichi contourna la maison et, repérant la fenêtre ouverte de la chambre, commença son escalade en s'aidant de l'inégalité de la pierre. Arriver jusque sur le balcon fut un jeu d'enfant mais une fois là elle s'immobilisa, des gémissements provenaient de l'intérieur de la pièce. Sans réfléchir elle se précipita vers la forme recroquevillée dans le lit. Les épaules de Shikamaru tremblaient et ses larmes avaient formé une tache mouillée sur le drap.
Temari le prit par les épaules pour le forcer à lui faire face et, en apercevant son visage, elle retint une exclamation. Comment pouvait-on avoir sur le visage un tel air de détresse ? Comment pouvait-on vivre avec tant de douleur enfermée en soi ? La peine du garçon faisait mal à la jeune fille, elle voulait retrouver son air blasé et si charmant, retrouver son sourire satisfait quand il avait réussi à éviter une corvée difficile par un stratagème ingénieux. Ça n'avait rien à voir avec la mission et pourtant que n'aurait-elle pas donné pour être exaucée ?
Shikamaru, les paupières closes, sentit deux bras fins le prendre par les épaules et un regard doux se poser sur lui. Oubliant complètement ses résolutions de la veille il se laissa aller contre le torse de la belle habitante de Suna. Qu'importe de toute façon, qu'importait ce qu'il pouvait faire ou dire aujourd'hui ? En cet instant la seule chose qui comptait était le besoin d'être réconforté, aidé qui pulsait dans ses veines.
-Pardon...Pardon... c'est ma faute... Pardon Asuma-sensei.
-Ce n'était pas ta faute, ne t'en fais pas, calme-toi. Allez, calme-toi Shikamaru.
L'une des mains douces de la jeune femme lui caressait les cheveux tandis que l'autre le serrait étroitement contre son torse. Mais même ça ne pouvait le sauver perdu comme il l'était dans son monde de douleur et de culpabilité.
Pendant d'interminables minutes, la voix de Temari prononça des paroles de réconfort au jeune homme, et peu à peu il se calma. Non parce que sa peine diminuait mais parce que le ton de la belle trahissait la tristesse qu'elle ressentait. Et ça c'était hors de question. Shikamaru cacherait de nouveau sa blessure s'il le fallait mais il était hors de question qu'elle souffre par sa faute.
Quand ses sanglots se furent calmés et qu'il eut cessé de renifler le shinobi céda. L'espace de quelques secondes ses bras entourèrent le torse étroit de celle avec qui, sans la mort de son maître, il aurait désiré passer sa vie, ou tout au moins une partie. Il posa la tête de la jeune femme, trop stupéfaite pour réagir, contre sa gorge et laissa une de ses mains caresser ses joues du bout des doigts. Leur corps étaient collés l'un à l'autre et il sentait la chaleur que dégageait celui de la jeune fille, les battements du cœur de sa belle contre sa propre poitrine, ses muscles qui se relâchaient peu à peu.
Shikamaru la relâcha avec l'impression horrible qu'on venait de l'amputer d'une partie de lui. Le jeune homme se leva et prit la direction de la salle de bain. Il se passa de l'eau sur le visage et se changea. Puis il descendit à la cuisine où il attrapa un bout de pain, son repas pour la journée. Dans l'escalier les légers bruits de pas que faisait la fille de Suna lui annoncèrent qu'elle venait vers lui. Elle s'arrêta à environ deux mètres, devant la table, dans son dos.
- Shikamaru, parle-moi.
Ces intonations si douces, si chaudes, le génie les écouta avec une attention sans borne, les grava dans sa mémoire afin qu'ils ne la quittent jamais, qu'il lui reste toujours quelque chose de cette femme qui lui importait d'avantage de seconde en seconde. Et dire que deux jours plus-tôt elle lui était pratiquement inconnu.
Il remit son masque d'impassibilité, bien décidé à briser le lien qui se tissait si vite entre eux, et se retourna vers son interlocutrice les yeux chargés d'un mépris qui ne lui était pas destiné. Il parla, sans pitié, priant pour que sa voix ne se brise pas. Chacun de ses mots élargissant un peu la blessure en lui.
-As-tu songé un instant que je n'en avais pas envie ? Je ne suis pas une mission, contrairement à ce qu'ont dû te dire Ino et la vieille; ni une œuvre de charité. Te parler ? Mais pour te dire quoi ? On parle avec les gens qu'on aime pas avec les semi-inconnus qu'on considère comme des boulets. Sors de cette maison, je ne veux pas d'une fille pathétique comme toi ici. Allez dégage.
Pendant quelques secondes, Temari fut trop subjuguée pour réagir ou ressentir quoi que ce soit. Puis les traits de son visage s'affaissèrent, témoins de la douleur, la honte, la détresse immense qu'elle ressentait. Shikamaru continuait de la fixer de ce regard qui ne lui appartenait pas, et quand enfin la belle tourna les talons et sortit, son sac sur l'épaule, sans un mot, il comprit qu'il venait de laisser partir la seule personne au monde qui aurait pu lui rendre son bonheur.
Ce qu'il ressentait était aussi intense que lorsqu'il avait vu la lance d'Hidan s'enfoncer dans son propre corps condamnant ainsi son professeur, que quand il s'était effondré dans la forêt après l'enterrement; presque pire car cette fois personne ne viendrait le réconforter, aucune formidable jeune femme ne tenterait de l'aider à s'en sortir.
En mourant, Asuma-sensei avait détruit le cœur de son jeune élève.
En partant, Temari venait de réduire les morceaux en cendre et de les disperser aux quatre vents.