Fiction: En vrac ~

De courts textes, reflétant mon humeur du moment au travers de divers points de vue, de personnages différents et tout le pataquès. Histoires U.A, écrites sous l'impulsion du moment. Genre : Psychologie, Drame, Romance, Humour, ect. ...
Classé: -12D | Général / Drame / Humour | Mots: 3240 | Comments: 9 | Favs: 6
Version imprimable
Aller au
Absconse (Féminin), le 24/01/2012
Ici, j'aimerais parler d'un TCA (Trouble Comportemental Alimentaire) qui me tient particulièrement à coeur, car je suis victime de cette maladie appelée Hyperphagie. Cette maladie touche bien plus de gens, anorexiques et boulimiques réunis. Pourtant, personne n'en parle. Je ne souhaite pas avoir de commentaires compatissants, en fait, je ne veux même pas de commentaire. Mais vous êtes libre de vos actions. Merci.



Chapitre 2: Je vois, j'écoute, j'analyse, je subis et j'agis.



Ce vide, ce vide tellement présent et que l'on arrive pas à oublier. Il nous rappelle à l'ordre, nous signifie sa présence, nous dit qu'il est là, ce vide que l'on souhaiterait ne jamais connaître ni même apprendre son existence. Chaque jour, c'est la même chose. On se fait cette promesse : « Je ne recommencerai plus, non, plus jamais, je me le jure et promets. » Chaque jour que l'on croit différent est au final identique aux autres : « J'ai encore recommencé... Mais c'était la dernière fois ! »

Karin, elle, s'est déjà promis d'arrêter. Karin n'est pas bien différente des autres, puisqu'elle aussi a rompu sa promesse un nombre incalculable de fois. Un trop grand stress, un sentiment considéré comme néfaste, une contrariété et c'est repartit. On se moque d'elle, de son visage rond, de son bel embonpoint qui pourtant lui donne pourtant un certain charme d'après les dires de sa mère. Mais ces phrases qu'elle entend trop souvent lui ont fait perdre courage et toute volonté de se battre : « Je me trouve grosse. » Mais non Sakura, tu n'es pas grosse. « J'ai beaucoup de graisse ici, tu ne trouves pas ? » Non Ino, tu es parfaite comme tu es. « J'ai pris du poids. » Temari, Karin aussi, mais elle a tellement honte de le dire.

Le soir, elle rentre chez elle. Elle tremble. Sa respiration se fait courte, sa notion du temps disparaît subitement, sa gorge se noue, son estomac hurle famine. L'angoisse est de retour, la peur de la crise approche. Elle se dit qu'elle arrivera à se contrôler. Son corps en décide autrement. Ses pensées tentent d'être positives, de reprendre le contrôle sur sa petite personne. Trop tard, elle est face au frigo.

Karin ouvre le frigo. Ses yeux parcourent rapidement les étagères réfrigérées. Tiens, voilà quelques yaourts. Oh, et des restes de volailles. Et du fromage aussi. Mais c'est parfait, voilà aussi des légumes pour accompagner la viande. Merveilleux, de la terrine qu'elle peut entamer. Et tant qu'à faire, autant faire un tour dans les placards, où elle trouve une multitude de gâteaux salés et sucrés. Elle mange un nouveau repas. C'était bien au moins le troisième, et deux autres restaient à venir au vu de l'état de confusion dans lequel elle se trouve.

Une fois le rite fini, elle fait la vaisselle et pleure. Elle a honte. Elle qui pensait être assez forte pour ne pas craquer à nouveau, elle se trompait sur toute la ligne, comme tout le temps en fait... Le temps reprend son cours normal : 17h45. Seulement vingt minutes lui ont suffit pour cette nouvelle crise. Elle part s'assoir devant la télé sur le canapé, elle ramène ses jambes contre sa poitrine, cache son visage entre ses genoux, se balance d'avant en arrière, et pleure à chaudes larmes.

Elle est repue, mais l'angoisse lui dit que non. « Tu as besoin de manger, n'entends-tu pas ton estomac qui te demande de manger ? Tu te fais du mal pour rien. Vas donc manger. » L'anxiété l'effraie, elle se sait vulnérable, elle se sait dénuée de toute volonté, elle se sait faible. Elle a soudainement un haut de cœur. Les aliments font une partie du chemin le long de son œsophage, le tout retombe dans le fond de son estomac. Ca serait trop facile sinon. « Karin, cesse de penser à cela, aux filles minces et sveltes, à tes amies qui se plaignent sans cesse. Cesse de penser. » se dit-elle dans l'espoir de détourner cette crise d'angoisse.

Ses sentiments se muent en colère. Elle se mord la lèvre inférieure, mais relâche bien vite la pression. Petite nature, elle a mal. Elle plante ses ongles dans les paumes de mains, mais arrête. La douleur est, pour elle, trop significative. Cette frustration, elle sait comment l'évacuer, son esprit, tout son être le sait. Mais elle refuse, elle refuse de s'abaisser à cela une nouvelle fois. Qui a dit qu'elle avait la vie facile et aucun problème ? Qui a dit qu'elle ne devait pas se plaindre ? Qui a dit qu'elle n'avait aucune raison de pleurer ? Qui a dit la connaître ? « Surement pas mes amies en tout cas. » pense-t-elle agressivement.

Elle se haït autant qu'elle haït ses supposées amies qui ne remarquent rien. Pourtant, Karin a changé. Quinze malheureux kilos en moins de deux mois. Et elle ne cesse de voir l'aiguille de la balance monter, se demande même si elle a atteint cette « putain de limite de merde ». Elle rit jaune. Karin pense amèrement à tous ces gens de son entourage qui ne voient rien, ou, qui dans le cas contraire, n'agissent pas.

Sa vie, ou plutôt sa maladie – car elle en est bien consciente ce qui ne fait que la rendre plus dégoûtée d'elle-même, dépassant même la haine et le rejet de soi – elle aimerait s'en débarrasser, la détruire comme elle a su la détruire, lui rendre la monnaie de sa pièce. Un beau rêve illusoire que voilà. Elle pense que tout peut s'arranger, changer et, même avec de la chance, beaucoup de chance, revenir à sa petite vie tranquille d'avant. Elle sait que l'espoir fait vivre, et c'est bien grâce à cet espoir qu'elle survit.

Pauvre petite mortelle. Karin a dix-sept ans, presque dix-huit. Elle pèse quelques soixante dix-huit kilos pour un petit mètre soixante. Elle se trouve grosse, plus que la moyenne en tout cas. Elle idéalise cette femme svelte qui l'envie tant, la jalouse au point qu'elle se rend malade vainement pour tenter de lui ressembler. Elle aimerait dire qu'elle est mal dans sa peau comme ses amies le disent, elle aimerait parler de ce mal-être qui la ronge, mais la honte est trop présente. La honte de dire qu'elle est malade, qu'elle recommence sans cesse ses crises, qu'elle n'arrive pas à arrêter, qu'elle n'arrive pas à mettre les mots dessus, qu'elle n'a pas la volonté qu'elle aimerait avoir pour arrêter, qu'elle a besoin d'aide, tout simplement.


Karin, comme beaucoup d'autres, n'est pas boulimique, Karin est hyperphagique.





Histoire vraie. Merci d'avoir lu.



Chapitres: 1 [ 2 ] 3 Chapitre Suivante »



Veuillez vous identifier ou vous inscrire:
Pseudo: Mot de Passe: