Fiction: Trop c'est juste assez (terminée)

Un bar enfumé.... De vieux amis qui s'ignorent.... Un ou deux verres de trop....
Classé: -12D | Romance | Mots: 926 | Comments: 4 | Favs: 8
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-Amy--chan- (Féminin), le 11/08/2011
One shot.



Chapitre 1: Trop c'est juste assez.



L’alcool nous fait tourner la tête.
Je le sais. Il le sait.

La fumé des cigarettes noie la salle dans un brouillard sale. Les effluves de boissons saturent l’air confiné. Les paroles s’envolent, s'emmêlent, se perdent. Mes tympans bourdonnent. La musique me vrille les oreilles, je n’entends même plus Ten Ten et Temari qui massacrent l’air entraînant en battant la mesure. Ino doit hurler pour se faire entendre par la timide Hinata.
De l’autre coté de la salle ils font comme si ils ne nous avaient pas vu. Ils rient fort, faux. Mais ils lorgnent notre table avec leur légendaire discrétion. Des yeux océans glissent sur nous, sur elle. Sur ses cheveux bleus, cherchant à capter l’attention de ses pupilles de nacre. De furtifs regards or et sombre s’attardent vers nos deux blondes. Sur leurs sourires, leurs yeux pétillants. Neji ne détourne même plus les siens, s’abreuvant de loin, des douces formes de mon amie, de ses soyeux cheveux châtains et de son regard noisette.

Comme chaque soir depuis toujours nous venons ici. Dans ce bar qui nous a vu grandir. Ensemble.
Comme chaque soir depuis deux mois nous venons ici. Dans ce bar où nous ne nous voyons plus. Séparés.

Je ne sais plus comment tout a commencé. Je sais juste que rien n’a jamais fini. Ce gouffre entre nos tables représente celui de nos coeurs. Franchit par des regards frivoles, brouillé par l’abus, le temps d’un soir par jour. On rêve tous du premier pas, beaucoup mais pas assez.

Je suis comme elles. J’essaie de ne pas y penser, de faire semblant de ne pas voir, de ne pas me consumer d’envie. Alors je nous noie, moi et mes remords, moi et mes espoirs dans les verres qui défilent. Toujours plus nombreux.

Nous n’aurions pas du autant boire.
Je le sais. Il le sait.

Il est le seul à ne pas nous regarder. Son dos me nargue. Mais il ne peut se retourner, nous le savons tous les deux. Je ne dois pas croiser son regard, ni lui le mien. Cela nous ferait craquer.

Tout à coup la musique change. Un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale. La voie langoureuse s'insinue par mes oreilles. Les notes de piano résonnent dans ma tête et chaque accord de violon me fait vibrer de l'intérieur. Ce souvenir qui envahit mon esprit me fait craquer. Notre premier baiser. Je dois me faire violence pour ne pas me précipiter vers lui alors que déferle en moi tout ce que j’avais cru cadenassé à double tour derrière un mur de glace. Mais agissant de concert avec moi, il se tourne.
Arrêtes...
Comment ne pas se laisser engloutir par l’ombre de ses yeux, rendre les armes en s'immergeant dans l’abysse de mystère de ses pupilles. Alors que mon regard vrillé au sien est paralysé, ses lèvres fines s'entrouvrent, formant dans le bruit trois mots silencieux.

D’un bond qui envoie valser ma chaise je me lève terrorisée. Effrayée par ces vagues d’envies qui inondent le peu de raison qu’il me reste. Je sens son regard dans mon dos qui me suit alors que je me précipite vers l’escalier de service sans même un regard pour la gérante Tsunade qui suit notre petit manège avec attention, un sourire accroché aux lèvres. Les marches défilent sous mes pieds, à demi-comateuse je pousse la première porte qui s’offre à moi. Durant l’année des étudiants aux modestes revenus louent pour presque rien les petites chambres du premier étage, désert pendant les vacances d’été.

Essoufflée et pantelante je m'effondre dos à la porte de bois. Même la fenêtre grande ouverte ne parvient pas à me rafraîchir. D’en bas les notes de piano envahissent encore l’espace. Je fuis, encore. Je l’ai fuit.

Nous ne contrôlons plus nos actes.
Je le sais. Il le sait.

Pourtant il vient quand même. Je sais que c’est lui derrière cette porte. Prêt à faire le premier pas. Elle s’ouvre. Je recule. J’ai déjà eu trop mal.
Il s'avance vers moi. Tellement près. Je vois chaque détail de son visage, comme si je le découvrais pour la première fois. La courbe de ses sourcils, le profond de ses yeux, les lignes de ses lèvres. Ses cheveux ébènes qui encadrent négligemment son visage. Son habituelle chemise noire, juste assez ouverte pour distinguer le haut de son torse, juste trop peu pour qu’on ait loisir à l’imaginer.
La porte se ferme. À clef.
Sa main se tend. Trois mots.
Je te veux...
Comment résister ? Mon corps tout entier se détend, se propulse vers lui, dans ses bras. Il me soulève telle une plume. Mes jambes encerclent sa taille dans un geste trop familier. Nos visages sont proches, entamant la danse perdue qui animait nos vies. Nos souffles se mélangent. Nos bouche se cherchent, se jaugent, pour enfin se trouver. Violemment. Amoureusement.

Nous basculons ensemble sur le lit. Au fin fond de ma tête, la raison a rendu les armes. Plus tard les regrets, demain les regrets.
Ses main volatiles papillonnent sur mon corps, le redécouvrant sous toutes ses coutures. Jouant de moi comme d’un instrument, me tirant des accords harmonieux. Je me perds entre ses doigts, ses yeux, ses lèvres. Le monde n’existe plus. Il n’y a plus que lui, que moi.
Que nous.
Au son des violons, au rythme de la voix qui monte je réapprends à aimer. À l’aimer.

Dans un souffle, au creux de mon oreille. Ses cheveux chatouillant ma joue il brise la glace. Construit un pont au-dessus du vide.

- Je t’aime... Trop.

Trop c’est juste assez.





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