Fiction: Gaiden

Roman assez violent entre le manga et une dur réalité.
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Croow (Masculin), le 05/08/2011
Que dire a part bonne lecture :)



Chapitre 3: Descendance en Peine



Le père de Kakashi venait juste de rentrer des hautes terres, et il paraissait déplacé, au milieu des tentures et des fanfreluches en mousseline du grand hall de réception dans lequel le jeune garçon n’avait était que récemment admis, comme signe de son état d’apprenti.
Sakumo Hatake était vêtu d’un pantalon de ninja, malgré le fait qu’il ne soit pas en service. Sa grande veste, poussiéreuse et zébrée de crasse, déchirée à la doublure dans un coin, était jetée négligemment sur l’épaule, sans aucune considération pour le contraste qu’elle et son propriétaire marquaient avec l’élégance de la pièce. Il était d’une maigreur désespérante et ses yeux cernés semblaient alourdir encore son visage lorsqu’il le baissa vers son fils. Les kunais lui ceignaient les hanches en un angle idéalement pensé pour ses mains, et les crosses paraissaient mornes et amorphes sous cette lumière d’intérieur languissante.

« Le chef cuisinier, dit son père doucement. Ça alors ! Le bétail mort à Suna. Et peut-être même… Ça alors ! Incroyable ! » Il posa sur son fils un regard plus attentif.

« Tu es en proie à la tourmente. »

« Une proie, comme pour le faucon, répondit Kakashi. »

Il rit, non pas devant la légèreté de la situation, mais devant l’incongruité flagrante de cette image. Son père sourit.

« Oui, fit Kakashi. J’imagine que je suis en proie à la tourmente. »

« Obito était avec toi, reprit son père. À l’heure qu’il est, il doit en avoir parlé à son père. »

« Oui. »

« Il vous a donné à mangé à tous les deux quand Minato… »

« Oui. »

« Et Obito, tu penses qu’il est en proie à la tourmente, lui aussi ? »

« Je ne sais pas . »

Il s’en moquait. Peu importait les comparaisons entre ses sentiments et ceux des autres.

« Cela te tourmente car tu as l’impression d’avoir causé la mort d’un homme ? »

Kakashi haussa malgré lui les épaules, peu satisfait de cette introspection forcée.

« Pourtant tu as parlé. Pourquoi ? »

Les yeux du garçon s’écarquillèrent.

« Comment aurais-je pu faire autrement ? La trahison est… »

Son père le fit taire d’un geste brusque de la main.

« Si tu l’as fait dans le souci bien bas de suivre ton manuel, dans ce cas tu as agi indignement. J’aimerais mieux voir tout Konoha empoisonné. »

« Ce n’est pas ce que j’ai fait ! »

Les mots jaillissaient violemment de sa bouche.

« Je voulais le tuer…les tuer tous les deux ! Menteurs ! Serpents ! Ils… »

« Continue. »

« Ils m’ont fait mal, poursuivit-il d’un air de défi. Ils ont changé quelque chose, et ça fait mal. C’est pour cette raison que je voulais les tuer. Les tuer là, sur-le-champ. »

Son père hocha la tête.

« Voilà qui est grossier, Kakashi, mais pas indigne. Ni moral, d’ailleurs, mais la morale n’a rien à faire ici. En fait… » Il scruta le visage de son fils.

« La morale te dépassera sans doute toujours. Tu n’es pas assez rapide, comme Obito. Mais c’est bien comme cela. Tu n’en seras que plus redoutable. »

Le garçon se sentit à la fois content et troublé par ces paroles.

« On va le… »

« Le pendre, oui. »

Le garçon acquiesça.

« Je veux y assister. »

L’aîné des Hatake balança la tête en arrière et partit d’un grand éclat de rire.

« Pas aussi redoutable que je le pensais…ou peut-être seulement stupide. »

Il referma brusquement la bouche. Un bras jaillit et vint saisir celui du garçon avec violence. Kakashi grimaça mais ne recula pas. Son père l’observa attentivement ; le fils lui rendit son regard, bien que cela fut plus difficile que d’enchaperonner le faucon.

« Très bien, dit-il, tu le pourras. »

Il fit volte-face pour s’en aller.

« Père ? »

« Oui ? »

« Savez-vous de qui ils parlaient ? Savez-vous qu’est-ce que la Racine ? »

Le père se retourna et lui lança un regard inquisiteur.

« Oui, je le crois. »

« Si vous l’attrapiez, hasarda Kakashi d’un ton appliqué et presque lourdaud, on n’aurait plus à faire sauter le cou du cuisinier, ni de personne d’autre. »

Son père eut un petit sourire.

« Pour un temps, peut-être pas. Mais il faut toujours que quelqu’un finisse par se faire sauter le cou, comme tu l’as dit de manière si pittoresque. C’est le peuple qui l’exige. Tôt ou tard, si l’on ne trouve pas de renégat, le peuple s’en crée un. »

« Oui, répondit Kakashi, saisissant immédiatement le concept - un de ceux qu’il n’oublia jamais, par la suite, mais si on attrapait Danzô… »

« Non, fit son père sur un ton catégorique. »

« Pourquoi ? Pourquoi ça ne mettrait pas fin à tout ça ? »

Pendant un instant, son père sembla sur le point de lui révéler pourquoi, puis il secoua la tête.

« Nous avons assez parlé pour le moment, il me semble. Retires-toi. »

Il aurait voulu rappeler à son père de ne pas oublier sa promesse quand viendrait l’heure pour Ichiraku de passer à la trappe, mais il était sensible aux sautes d’humeurs de son père. Il porta le poing à son front, croisa les pieds et s’inclina devant lui. Puis il sortit en fermant rapidement la porte. Il soupçonnait son père d’avoir surtout envie de baiser, pour le moment. Il avait conscience que son père et sa mère le faisaient, et il était raisonnablement informé sur la façon dont cela se pratiquait, mais l’image mentale qui accompagnait toujours cette pensée lui laissait un impression de malaise et, bizarrement, de culpabilité. Quelques années plus tard, Lin devait lui raconter l’histoire d’Œdipe, qu’il allait assimiler en silence, en pensant avec gravité à cet étrange triangle maudit formé par son père, sa mère et lui.




Si ce chapitre est un peu plat, attendez les prochains ;)



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