Fiction: Gaiden

Roman assez violent entre le manga et une dur réalité.
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Croow (Masculin), le 02/08/2011
Que dire a part bonne lecture :)



Chapitre 1: Entrainement champêtre



Le ciel était blanc, d'un blanc parfait, et l'odeur de la pluie imprégnait l'air. L'odeur des haies et des jeunes plantes était douce. On était au cœur du printemps, ce que d'aucuns appelaient la Nouvelle Terre.

Sur le bras d'Obito était posé Hebi, petit moteur de destruction aux yeux vifs et dorés qui rayonnaient sur le néant. La sangle de cuir brut attachée à ses pattes formait une boucle lâche autour du bras du jeune garçon.

Minato se tenait près des deux garçons, silhouette silencieuse en pantalon de ninja rapiécé et veste de coton vert, sanglée haut par sa vieille et large ceinture de Jounin. Le vert de sa veste se fondait dans celui des haies et des pentes gazonnées des champs de Konoha.

"Tiens-toi prêt, murmura Kakashi à Obito."

"On est prêts, lui répondit-il avec assurance. Pas vrai Hebi ?!"

Ils utilisaient un langage courant, celui à la fois des citoyens et des ninjas bassement gradés ; le jour où ils seraient autorisés à employer leur propre langue en présence d'étrangers n'était pas arrivé.

"C'est la journée parfaite pour ça. Tu sens la pluie ? C'est..."

Leur maître leva brusquement le piège dans ses mains et fit tomber la trappe latérale. La colombe sortit en flèche et s'envola vers le ciel en battant frénétiquement des ailes. Obito tira sur la sangle mais il fut trop lent. Le rapace était déjà parti, décollant avec maladresse. Il se rétablit d'un brusque coup d'aile. Il monta en prenant appui sur l'air, gagnant de l'altitude, dépassa la colombe à la vitesse d'une balle.

Minato rejoignit les garçons d'un air désinvolte, et balança son poing énorme et tordu dans l’oreille d'Obito. Le descendant Uchiwa bascula par terre dans un mot, mais ses lèvres se retroussèrent et lui découvrirent les gencives. Un filet de sang s'écoula lentement de son oreille sur l'herbe verte et grasse.

"Beaucoup trop lent, fit-il." Obito tenta de se remettre debout.

"J'implore votre pardon, Senseï. C'est juste que je..." Minato frappa de nouveau et l’apprenti ninja retomba à terre. Le sang se mit à couler plus vite.

"Utilise le Haut Parler, dit-il doucement." Sa voix était monocorde, avec une légère lenteur dû à la fatigue.

"Énonce ton acte de contrition dans le langage de la civilisation pour laquelle sont morts des ninja bien plus valeureux que toi."

Obito se relevait de nouveau. Les larmes brillaient vivement dans ses yeux, mais serrait les lèvres en une mince ligne de haine qui ne vacillait pas.

"Je suis en peine, dit-il d'une voix où l'essoufflement était parfaitement maîtrisé. J'ai oublié le visage de mon père, dont j'espère un jour porter les armes."

"Bien dit, répliqua Minato. tu vas réfléchir à ton erreur, et la faim aiguisera ta réflexion."

"Regardez ! cria Kakashi en tendant le doigt vers le ciel."

Le faucon avait dépassé la colombe en plein essor. Il plana un court instant , ses ailes courtaudes déployées et totalement immobiles dans l'air printanier, blanc et suspendu. Puis il replia les ailes et tomba comme une pierre. Les deux corps se mélangèrent, et, l'espace d'une seconde, Kakashi crut voir du sang voler. Le rapace poussa un bref cri de triomphe. La colombe virevolta, se tordit et plongea au sol, et Kakashi se précipita vers l'oiseau, laissant derrière lui son Sensei et son équipier assagi.

Le faucon s’était posé à côté de sa proie, dont il déchirait d’un air suffisant le poitrail blanc et rebondi. Quelques plumes descendaient lentement en se balançant dans l’air.

« Hebi ! cria le garçon en lançant au faucon un morceau de chair de lapin sorti de son sac. »

L’oiseau l’attrapa au vol, l’avala entier avec une torsion du dos et de la gorge et Kakashi entreprit de le remettre à l’entrave. 
Le rapace tournoya, presque distraitement, et vint dessiner une estafilade sur le bras de Kakashi dans son gantelet de cuir. Il donna à l’oiseau un autre morceau de viande, puis l’enchaperonna. Docilement, Hebi grimpa sur son poing.
Il se releva fièrement, le faucon au bras.

« C’est quoi, ça, tu peux me le dire ? demanda Minato en désignant l’avant-bras de Kakashi et l’entaille qui gouttait."

Le garçon se positionna pour recevoir le coup, verrouillant sa gorge pour éviter de crier, mais aucun coup ne tomba.

« Il m’a attaqué, dit-il. »

« C’est toi qui l’a cherché, repris son Sensei. Le faucon ne te craint pas, et jamais il ne te craindra. Ce faucon est le guerrier de Dieu."

L’enfant se contenta de regarder son maître. Ce n’était pas un garçon très imaginatif, aussi, si Minato avait glissé une morale dans sa remarque, elle lui avait échappé. Il alla même jusqu’à croire que c’était là une des quelques maximes stupides qu’il avait déjà entendu Minato énoncer. Obito les rejoignit par derrière et tira la langue à Minato, en veillant à ne pas être vu. Kakashi ne sourit pas, mais lui adressa un signe de tête.

« Rentre, maintenant, fit Minato en reprenant le rapace. » Il se retourna et pointa le doigt vers Obito.

« Mais souviens-toi que tu dois réfléchir. Et jeûner, aussi. Ce soir et demain matin. »

« Oui, répondit Obito, d’un ton guindé. Merci pour cette journée instructive."

« Tu sais apprendre, lança Minato, mais ta langue a la mauvaise habitude de pendre de ta bouche stupide quand ton instructeur a le dos tourné. Peut-être le jour viendra-t-il où toi et ta langue apprendrez à tenir vos places respectives. »

Il frappa Obito de nouveau, cette fois-ci droit entre les yeux, un coup vigoureux, au point que Kakashi entendit un bruit sourd - le bruit que ferait le maillet d’une fille de cuisine en perçant un tonnelet de bière. Obito tomba en arrière sur l’herbe, les yeux embrumés. Puis ils redevinrent clairs et lancèrent à Minato un regard brûlant par en-dessous ; oublié l’habituel sourire paisible, ne perçait que la haine à l’état pur, au cœur de chaque œil, une pointe d’épingle aussi vive que le sang de la colombe. Il hocha la tête et entrouvrit les lèvres, en un rictus semblable à une scarification, un rictus que Kakashi ne lui avait jamais vu.

« Alors il y a de l’espoir pour toi, dit Minato. Quand tu penseras être prêt, viens me chercher. »

« Comment avez vous su ? Demanda Obito entre ses dents. »

Le futur Hokage se tourna vers Kakashi avec une telle rapidité que ce dernier bascula presque en arrière - et ils se seraient retrouvés à deux sur le gazon, à décorer la verdure de leur sang.

« J’ai vu le reflet dans ses yeux d’apprenti. Rappelles-toi, Obito Uchiwa. La leçon est finie pour aujourd’hui. »

Obito hocha la tête de nouveau la tête, le même rictus inquiétant sur les lèvres.

« Je suis en peine. J’ai oublié le visage… »

« Arrête-moi ces conneries, lança l’instructeur, lassé. » Il se tourna vers Kakashi.

« Filez, maintenant. Tous les deux. Si j’ai vos deux faces sous les yeux plus longtemps, je vais gerber tripes et boyaux et gâcher un bon dîner. »

« Viens, fit Roland »

Obito secoua la tête pour s’éclaircir les idées et se remit sur pied. Minato descendait déjà la colline de sa démarche rapide, les jambes arquées, ce qui donnait un air puissant et quelque peu humoristique.

« Je le tuerai, ce fils de pute, dit Obito en souriant toujours. »

Un gros œuf, violacé et noueux, lui poussait sur le front dans un élan presque magique.

« Ni toi, ni moi, fit Kakashi, donnant brusquement lui aussi dans le large sourire. Tu n’as qu’à venir dîner dans les cuisines de l’aile ouest avec moi. Le cuisinier nous donnera quelque chose. »

« Il le dira à Minato. »

« Il n’est pas ami avec Minato, dit Kakashi ; puis, haussant les épaules : et puis même ? »

Obito lui rendit son sourire.

« Ouais, tu as raison. J’ai toujours eu envie de savoir à quoi ressemblait le monde, avec la tête dévissée."

Et ils partirent tous deux sur les pelouses verdoyantes, dessinant des ombres dans la splendide lumière blanche et printanière.



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