Fiction: Stay with me

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Temari tomba des nues en arrivant au QG nord.
Elle qui s'attendait à un endroit teinté de vert et de kaki, elle put constater que les lieux étaient propres, très bien entretenus et simples, sans basculer dans le délabrement ou la pauvreté.
La chambre qu'on lui assigna lui procura un sentiment de grand vide, bien qu'elle était parfaitement correcte et avait même un côté cosy.
Une odeur vanillée régnait à l'intérieur.
Elle posa sa valise sur la chaise rembourrée qui se trouvait près d'une table en bois vernie. Un lit en bois l'attendait. Elle avait une salle de bain à elle seule. Encore heureux.
Elle se dirigea vers la fenêtre.
Le panorama était celui des jardins.
Elle soupira.
On cogna alors.

-Entrez.

Une femme brune aux cheveux courts et foncés pénétra dans la pièce. Elle était grande et svelte, un tatouage ornait son cou.
-Madness ?
-C'est moi, confirma-t-elle curieuse.
-Je suis Janet Medium. Dorénavant, vous devrez m'obéir au doigt et à l’œil, que ça vous plaise ou non. Les ordres avant tout ! Est-ce clair ?
-Euh...
-Je n'ai pas bien entendu ! Ou alors vous devez être sourde ! On se place au garde à vous et on répond "A vos ordres" !
-Mais vous devez faire erreur ! Je ne suis pas ici pour être...
-Je vois ! Vous êtes bornée ma parole !
-Mais non ! Mais non, s'empressa de répondre Temari. A vos ordres !
-Bien ! Pour commencer, vous allez déclarer votre arrivée à l'accueil ! Comme un bon fantassin !
-A vos ordres !

Temari se dépêcha de sortir et courut vers l'accueil.
Mais ce ne fut pas pour déclarer sa venue, ou du moins ce n'était pas sa priorité.

-VOUS !

Elle s'arrêta derechef après avoir ouvert une porte sans cogner.
Shikamaru était torse nu, face à sa fenêtre.
Elle eut juste le temps d'apercevoir un dragon tatoué sur son épaule et des ailes d'anges sur son dos.
Quand il la découvrit, son visage se teinta d'une expression incompréhensible avant qu'il ne se renfrogne.

-Toutes mes excuses, cria-t-elle en claquant la porte sur elle.
« Quelle abrutie ! »

Elle sentit ses joues se teinter d'un rouge pivoine tant ça lui brûlait et sa vue se brouilla légèrement. Mais son cœur avait des ratés.
Dieu qu'il était sexy !
Comme elle souriait bêtement dans le vide, la porte se rouvrit sur un Shikamaru, en chemise à moitié fermée.
A la vue du sourire, il secoua la tête et claqua la porte sur elle.

-Eh, gémit-elle.
-COGNE, vociféra la voix à l'intérieur.

Elle cogna pleine de rage.
Le silence lui répondit. Elle comprit donc et recommença avec plus de délicatesse.

-Entrez !
Elle ouvrit la porte avec timidité, soudainement sensible.
-Quoi ?
-Vous n'avez jamais dit que je deviendrai militaire !

Il sourit.

-Oups. J'aurais oublié de le mentionner ?

Elle lui lança un regard mauvais.

-Je refuse !
-Vous refusez quoi ? D'être logée, nourrie et protégée ? A votre guise. Bon retour.
-Eh ! J'ai pas dit...
-Et tu t'attendais à quoi ? Personne n'a eu la vie facile ici. Notre place, nous l'avons tous mérité. Tu croyais que tu aurais tout ça sans rien devoir en échange ?
-Mais...
-Pour vivre il faut lutter. Tu ne sais pas te défendre. Je ne peux pas t'entretenir à ne rien à faire. Il va falloir faire un effort...
-Je ne peux pas !

Des larmes involontaires s'écoulèrent de ses yeux.
-Je ne veux pas ! C'est un monde trop violent pour moi !
Shikamaru l'observa sans rien dire avant de se retourner vers sa porte fenêtre.
-Tu commenceras comme un simple fantassin. Ne t’inquiète pas. Tu monteras très vite les échelons.

Elle sortit en claquant la porte.

Qui a dit que la vie est un long fleuve tranquille ?
Temari se tourna sur son lit, épuisée.
Protéger des civils, classer de la paperasse, la musculation, les cours d'auto-défense, partir en mission...
Elle se gratta la tête, enfouie dans son peignoir couleur pêche, pour se rappeler qu'elle les avait coupés.
Ses longues mèches blondes qui lui arrivaient auparavant au niveau des hanches, ne s'arrêtaient plus qu'au niveau de ses épaules.
C'était plus simple pour elle que d'avoir à les enrouler chaque matin pour les protéger.
Ses pensées se tournèrent aussitôt vers Melody. Comment faisait-elle avec ses cheveux ?
Aussitôt, elle ne put s'empêcher de penser à Shikamaru. Non, au lieutenant, Shikamaru.
Elle ignorait qu'il comptait autant d'admiratrices ici ! Beaucoup la regardaient avec jalousie, car c’était lui qui s'occupait de son cas.
Quand aux hommes, ils étaient tous sympas, surtout Chôji et Lee. Tous deux étaient cools et ouverts. Ils l'aidaient chaque fois qu’ils pouvaient.

Le premier était brun, l'autre roux.
Elle finit par se lever et commença à s’habiller.
Elle sortit ensuite pour aller manger.

Au réfectoire, Hinata et Sakura lui firent signe de venir prendre place à leurs côtés.
-Bien dormi ? S'enquit Sakura, une blonde aux yeux bleus.
-Bof.

Elle se laissa tomber sur le banc en bois verni.
Hinata ouvrit sa boîte de lait ainsi que sa boîte de céréales.

-Merci les filles ! Vous m'encouragez à vivre !

Hinata secoua ses frisettes brunes.

-La vie vaut la peine d'être vécue ma belle. Regarde-moi, je sors avec un abruti de première, j'ai eu une fausse couche avec mon premier homme mais malgré cela, je suis heureuse d’avoir ce privilège de vivre !
Temari lui lança un regard en enfournant son croissant chaud.
« Ou pas », pensa-t-elle.
Comme elle terminait son repas, on la héla.

-Un appel d'en haut pour toi, annonça Shino, un brun aux lunettes.
-Je prends, s'écria-t-elle.

Elle se leva en trombe, manquant de trébucher.

-Et après c'est elle qui dit que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue, entendit-elle Sakura marmonner.
Une fois dans la cabine, elle décrocha précipitamment.
-Madness ?

Le sourire de Temari s'évanouit.

-Melody, répondit-elle peu enjouée.
-Vous semblez folle de joie, piaffa-t-elle.
-Ha Ha Ha. Vous auriez dû faire dans l'humour.
-N'est-ce pas ? Mais faut croire que ce n'était pas ma destinée !
-J'adore le sarcasme. Surtout le vôtre. Vous m'appelez pour m'en faire part ?
-Non j'ai d'autres chats à fouetter. C'était juste pour savoir comment vous vous portiez.
-Comme un charme, merci, bougonna Temari.
-Le colonel Roy en est ravi.
-Pardon ?
-Que dis-je, je suis ravie. Bonne journée !

Sur ce, elle raccrocha.
Temari s'apprêtait à raccrocher lorsqu'une main se posa sur son épaule.

-Lee !
-Comment va ?

Elle raccrocha.

-Tu as l'air contrariée.
-T'occupe.
-Euh… Au fait, il faut qu'on s'occupe de classer la paperasse et les rapports.
-Pétards !

Elle soupira avant de se diriger vers la salle de travail encore vide.
Elle s'assit, morose, et ouvrit un dossier.
Alors qu'elle triait ce qu'il fallait, elle se mit à rédiger son rapport.
Une fois terminé, elle s'étira brièvement, tandis que la salle commençait à se remplir, répondant aux saluts d'un mouvement de la main et ouvrit un autre dossier.
Cette fois, elle lâcha un hoquet de surprise.
Elle passa aussitôt la main sur la photo.
Maman...
Elle dévora aussitôt les écrits des yeux. Pourquoi diable y avait-il un dossier sur sa mère ?
Malheureusement, elle n'en sortit que quelques informations frugales. On ramenait tous ses faits et sorties avec une précision digne.

Mais de quoi ?
Elle n'en sut rien de plus.
Ce fut comme si depuis toujours, elle avait su que quelque chose clochait chez elle. Trop de secrets régnaient dans leur famille. D'ailleurs le nom de la femme ne correspondait pas à celui qu'elle connaissait.
Kurenaï Sarutobi ?
Elle croisa les bras sur sa poitrine pour se protéger. Sa mère était Konan Madness, mais il était vrai que son nom de jeune fille était Sarutobi. Qu'est-ce que ça cachait ?
Son enfance noire et difficile se rouvrit à elle ; un père alcoolique et violent, elle battue, sa mère désabusée et dépressive...
Il était peut-être temps d'aller chercher dans le passé ce qui l'empêchait d'être complètement heureuse... Et rabibocher les liens entre elle et son père... Même si ça ne signifiait pas oublier et pardonner...

Elle se leva d'un coup et alla à l'accueil.
Une jeune brune en uniforme lui sourit.

-Salut la novice !
-Salut Anko. Tu me branches s'il te plaît ?
-Pour ?
-Le colonel Roy.

L'autre sembla surprise, mais elle se mit rapidement à la tâche.

-Vas-y, lui intima-t-elle.
-Merci bien.

Alors qu'elle ramenait le combiné à son oreille, la voix grave de Shikamaru résonna, comme ténue.

-Qu'y a-t-il ?

Il semblait vanné.
-Bonjour mon colonel, salua-t-elle en tortillant le fil du téléphone. Excusez le dérangement, mais, en ce moment je classe des dossiers.
-Excellent, commenta-t-il comme pour se moquer.
-Je suis tombée sur un dossier un peu... Etrange.
-Comment ça ?
-Il s'agit d'une Kurenaï Saru...
-Votre boulot est de classer les dossiers. Les secrets qu'ils renferment ne sont pas de votre grade, l'interrompit-il d'une voix atone.
Temari se retint de l'envoyer au diable.
-Oui colonel. Excusez mon insolence, colonel, récita-t-elle sans en penser un traitre mot.
Elle l'entendit renifler, consciente qu'il savait qu'elle se foutait pas mal de lui manquer de respect.
-Je vous souhaite une bonne journée.

Sur ce, Shikamaru coupa la communication.
Il se frotta longuement les yeux, puis il s'étira en bâillant. Cette Temari...
Il sourit brièvement avant de reprendre son sérieux.
Tout d'un coup, il n'était plus sûr de rien. La conversation de la veille lui revint en mémoire.
Le lieutenant colonel Tsunade et sa chère généreuse poitrine, le généralissime Orochimaru, ainsi que les colonels Kushina, Jiraiya, Kabuto et Minato.
Le généralissime avait pris la parole, les mains croisées sous sa tête :

-Je pense qu'il est plus que temps d'envoyer des troupes. Porto est une ville rebelle à présent et nous n'avons encore rien fait...
-Que mon généralissime ne s'inquiète de rien, tiqua aussitôt Kabuto. J'ai pris la décision d'envoyer les bataillons 10 et 13 sur place pour régler la situation.

Shikamaru avait aussitôt senti son cœur bondir au-dedans de lui.
Le bataillon 13. Temari en faisait partie.
Bon sang ! Elle n'était pas prête pour ça !

-Généralissime, accordez-moi le bénéfice du doute. Le bataillon 13 est constitué de toutes les nouvelles recrues...
-Justement, il est grand temps pour eux de découvrir ce qu'est l'armée, siffla Kabuto en tapotant légèrement la cicatrice qui barrait son œil droit, descendant jusqu'à ses lèvres, le figeant dans un rictus mauvais à jamais.
Shikamaru le toisa avant de reposer un regard serein sur le généralissime qui semblait plongé dans ses réflexions.
-Je suis d'accord avec le colonel Kabuto. Il est grand temps que nos recrues cessent de jouer et passent dans la cour des grands.

Et merde...
Non.
Il ne pouvait vraiment pas les laisser faire. Elle n'était pas prête.
Il abattit alors sa dernière carte.

-Les envoyer sur un terrain de mines malgré leur incompétence, c'est aussi mettre en danger l'armée. Comment réussiront-ils à gérer une émeute, ou une foule en furie ?

Tsunade tiqua.

-Ca se terminera dans un bain de sang, comme il y a 7 mois.
Kabuto siffla tandis que Shikamaru détournait les yeux.
Naruto.
Le généralissime finit par se racler la gorge.
-Eh bien, je dois admettre que vous marquez un poing, colonel Roy. Je ne peux, en plus de cela, douter de vous, vu votre expérience sur le champ de bataille.

Kabuto sourit, d'un air machiavélique, alors que Minato fit signe à Shikamaru de ne pas se laisser intimider. Tous avaient compris qu'il se référait à la précédente guérilla qui avait tourné au désastre par son manque d’initiative. Ils y avaient laissé une foule de combattants.
C'est un reproche.

-Puisque mon très cher collègue se préoccupe autant, je suggère qu'il s'y rende lui-même afin de diriger les opérations, fit Kabuto.
-Je vous trouve bavard aujourd'hui, lui asséna Jiraiya, prenant la parole pour la première fois.
Kabuto resta de marbre, bien que son agacement se devinait.
Le généralissime fit craquer les jointures de son poignet.
-Colonel Roy, je vous ordonne de commander l'opération Porto.
-A vos ordres !
-Généralissime, permettez-moi de le seconder, intervint d'un coup Kushina.
Tous restèrent sur leur faim.
-Vous avez mon accord colonel Uzumaki.
-A vos ordres mon général !

Shikamaru jura.
Ainsi dans peu de temps, elle rentrerait dans le monde de la guerre.
Il se prit la tête entre les mains…
Elle avait eu raison sur toute la ligne.
Elle n'avait rien à faire ici. Elle était bien trop faible. Il avait fait l'imbécile et joué à l'égoïste pour la garder à ses côtés.
Pourquoi ?
Parce qu’elle ne le laissait pas indifférent.

-Et merde. Manquait plus que ça.


Melody leva la tête de sa paperasse et jeta un coup d'œil à sa montre.
Il était temps.
Elle se leva et se dirigea vers la cafétéria. Une fois qu'elle eut garni le plateau qu'elle avait pris, elle sortit du bâtiment principal et se dirigea vers l'aile ouest. Elle cogna à la première porte, une fois sa réponse obtenue, elle pénétra dans le bureau.

-Vous ne me rendez pas la tâche facile, mon colonel.

Elle déposa avec soin le plateau en face de Shikamaru, tout en le berçant de son regard si tendre mais à la fois sévère.
Ce dernier sourit.

-Vous me gâtez trop à me porter mon repas chaque jour.
-Il faut bien que vous mangiez, haussa-t-elle les épaules.

Intérieurement, elle rayonnait.

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