Fiction: Pûreté Intolérable

On dit souvent que toutes nos actions se répercutent tôt ou tard sur notre existence... Naruto le sait bien... Trop bien même... Il s'était attendu à cette réaction... mais, il ignorait sûrement la tournure que prendrait les évènements...
Classé: -16D | Action/Aventure / Suspens | Mots: 42443 | Comments: 21 | Favs: 14
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Akuray (Féminin), le 18/07/2011
Bonne lecture ^_^



Chapitre 1: Pâle Réalité



Voici le premier chapitre. J'espère qu'il sera à la hauteur... Je me suis essayé à un nouveau style, où d'après ce que j'en fais, les dialogues tiennent - pour le moment - une faible place.

Je vous retrouve à la fin ^^





Chapitre 1;: Pâle Réalité


Le soleil d'or se reflétait gracieusement dans le miroir azuré et parfaitement lisse qu'était ce lac paisible qu'il venait de découvrir au détour d'un arbre. Venant d'échapper à un étau bien trop oppressant, il avait trouvé refuge dans ce petit coin de paradis. Soudain, l'air se fraya à nouveau un chemin jusqu'à ses poumons, permettant ainsi l'oxygénation de son sang. Il devait le reconnaître, l'oxygène lui manquait et plus les jours défilaient, plus cet élément vital se faisait rare... Ce n'était que très rarement qu'il pouvait recommencer à inspirer et expirer sereinement. L'herbe grasse, qu'il frôlait de ses pieds mis à nus, dansait au rythme de la brise qui avait élu domicile autour de ce point d'eau. D'ailleurs, l'étendue aqueuse l'appelait, et c'est avec un sourire de satisfaction qu'il se débarrassa de sa prison tissulaire avant de franchir délicatement ce miroir, essayant presque de fusionner avec lui pour ne pas le briser. Combien de fois ne s'était-il pas plongé dans la contemplation de cette surface réfléchissante, sondant avec dextérité son visage, le reflet du ciel mélangé harmonieusement avec la vie sous-marine, créant un ballet où aucunes frontières ne semblaient exister entre ces deux mondes, où les êtres pouvaient se côtoyer en paix, malgré leurs différences significatives. La douce morsure de l'eau fraîche sur sa peau réchauffée par l'effort, le fit frissonner. A cet instant, il se sentait en vie, et non reléguer à l'état de pantin souriant...



Cela faisait un mois déjà... Trente interminables journées où il avait du faire profiter au monde entier son sourire... Faux. Oui, son sourire était ce qu'il existait de plus faux sur cette terre, et il ne s'en formalisait pas... Du moins pas totalement. Quel ravissement cela avait été quand - les premiers jours - il avait continué à afficher cette joie de vivre qui le caractérisait, alors que les insultes fusaient bien trop fréquemment sur son passage, observant les mines déconfites devant cette insolence irréelle. Pauvres fous qui ne réaliseraient jamais - ou alors bien trop tard - le pouvoir qu'il exerçait sur eux. Cette supériorité en était tellement exaltante qu'il avait cru pouvoir l'aimer, la chérir et continuer à la cultiver... Mais le retour à la réalité avait laissé un incroyable goût amer dans son cœur et âme. Plus les jours s'étaient écoulés, plus il avait compris, douloureusement, qu'il réussissait à berner tout le monde... Les ignares, les intellectuels, les commerçants, les ninjas... Et surtout eux... Ceux qu'il considérait, il n'y a pas un mois, comme sa famille. Il les connaissait tous sur le bout de doigts, devinant à n'importe quel moment de la journée quelles seraient les occupations d'un tel ou d'un autre. Il avait cru à cette amitié réciproque. Il avait fini par comprendre que cela n'avait jamais cette chose qui relie des personnes entre elles sans franchir certaines limites... Non, ce qu'il avait, jusqu'ici, ressenti pour eux tenait plus de la dépendance... Oui, il était dépendant de leur reconnaissance ! Le constat avait été douloureux, et encore maintenant, il avait du mal à tenir ses convictions... Le fait qu'il arrive si honteusement à les duper lui avait fait mal, beaucoup trop d'ailleurs, et il s'était résigner à passer au-dessus. Cela avait été difficile, étant chaque jour en contact avec eux, mais à force d'entraînements solitaires dès qu'il avait un moment de libre, de conversations intimes avec son neuf queues attitré, il s'était fait une raison... Personne dans ce village ne l'avait jamais reconnu à sa juste valeur... Ni celle qu'il aimait depuis qu'il était môme, ni celle qu'il avait considérée comme une grand-mère, ni ceux qu'il pensait être sa famille...



Il ne savait pas depuis combien de temps il était là, à laisser l'eau lui caresser sa peau hâlée, à autoriser le soleil à jouer de ses axones dans sa chevelure... Non, il avait depuis bien longtemps perdu la notion du temps, sa vie se résumant à une routine dont l'acteur principal était ce faux sourire. Missions... Entraînements... Sourires... Plaisanteries... Semblant de sommeil... Entraînements... Missions... Ce train-train quotidien les agaçaient lui et son hôte... Un soupir franchit la barrière close de ses lèvres, tandis qu'il relevait les paupières, espérant naïvement être dans une nouvelle dimension... Il en viendrait presque à espérer une rencontre avec l'aîné Uchiwa, histoire de faire un petit tour dans une illusion qui lui changerait les idées... Cette pensée saugrenue le fit glousser un instant, avant qu'il ne se tende. Une odeur fruitée était en train de lui parvenir, et se concentrant, il parvint à entendre les crissements de l'herbe sous les pas de sa coéquipière. Les années étaient passées, elle avait évolué, mais pas assez. A cet instant - il en était certain - elle pensait arriver par surprise, le faisant sursauter... Ce qui allait bien entendu arriver... A croire qu'il aurait du devenir acteur, et non ninja... Ne bougeant pas, il l'attendit, et quand elle fut là, réitéra le petit manège qui durait depuis bien trop longtemps à son goût... Affichant un air penaud devant les représailles de la rosée, il se gratta la nuque dans un geste qu'il se voulait reflétant sa soi-disant gène... Il l'informa sur sa nudité, et elle se détourna, une légère rougeur au niveau des joues, attendant qu'il remette ses habits. Lui, il prit son temps, il ne voulait pas déjà y retourner. Porter ce masque devenait de plus en plus difficile, et malgré les encouragements du renard, il avait peur de le voir se fissurer subitement. D'ailleurs, il pouvait bénir son entraînement intensif puisque maintenant il pouvait déceler n'importe quelle présence à plus de cents mètres... Il n'avait donc pas à avoir peur qu'on le trouve dénudé de son sourire. Pendant qu'il remettait sa prison de tissu, il observa la jeune femme qui lui tournait le dos.



Elle avait grandi avec le temps, devenant une très belle jeune femme, conservant sa taille fine et ses yeux émeraude. Ses formes s'étaient développées, et laissaient entrevoir une réelle féminité, mise à mal par les entraînements de la Cinquième dont le caractère violent avait déteint sur la rose. Sa musculature s'était développée, lui conférant une aura confiante, mais qui ne faisait en rien disparaître son charme naturel. Elle était belle, elle le savait, et en jouait... Parfois... Il avait tout de suite été sous le charme quand ils s'étaient retrouvés. Hélas cet amour à sens unique avait fait place à un autre sentiment, dont il se refusait encore à qualifier, malgré les souffles joyeux de Kyuubi. Au plus profond de lui, il savait que le renard avait raison, d'ailleurs n'avait-il pas préférer la fuite à l'argumentation quand l'animal lui avait gentiment fait remarquer qu'il n'y avait qu'un pas entre l'amour et la haine... Une fois habillé, il dépassa la jeune femme, et entreprit de retourner s'enfermer de lui-même dans sa geôle.



- Tu viens ?


Son habituel sourire angélique avait retrouvé sa place sur son visage bronzé par les soins de l'astre solaire. Il avait senti son malaise, et y avait remédié. Cependant, il comprit bien vite le terme d'ascenseur émotionnel quand il la vit lui faire une œillade aguicheuse en retour, comme-ci la vie continuait... Cette vision lui avait tout d'abord brisé le restant de cœur qu'il avait, lui faisant encore plus comprendre qu'il pouvait même la tromper... Et dans le quart de seconde qui avait suivi, il l'avait haït pour cela, pour ne pas être capable de discerner le désespoir dans ses prunelles céruléennes. Personne n'avait l'air de remarquer le manque d'émotion dans ses perles azurées... Le calme avant la tempête...


Beaucoup de choses s'étaient dévoilées ces dernières années, et sans qu'il ne comprenne comment, il s'était presque retrouvé à envier la voie choisie par son ancien coéquipier. Celui-là même auquel il refusait de penser ne serait-ce que quelques secondes. D'ailleurs les personnes les plus proches de lui, et qu'il ne qualifierait plus d'amis, savaient pertinemment que ce prénom était désormais tabou. Ceux qui s'étaient tentés à le prononcer devant lui, lui faisant miroiter son échec, finissaient le plus souvent avec un séjour gratuit à l'hôpital du village. Combien de fois, Tsunade n'avait-elle pas dû lui faire faire quelques tours au cachot, sous les menaces du conseil, soutenu par les habitants;? Personne n'avait tiqué. Tout le monde mettant ces excès de colère sur le compte de l'échec de n'avoir réussi cette mission qu'il s'était personnellement attribué quand il avait treize ans... L'envie de leur révéler le pourquoi du comment le démangeait de temps en temps, et il se contentait alors d'imaginer leurs têtes à tous s'il leurs avouait qu’en fin de compte il le détestait pour ne pas l'avoir tué cette nuit-là, pour ne pas avoir su briser ce lien qui les reliaient l'un à l'autre... Cette simple pensée le fit serrer les poings alors qu'il arrivait au campement, suivi par la rosée...

Le seul avantage qu'il pouvait trouver au fait d'être constamment emprisonné était qu'il devait se contenir, et donc se vider l'esprit de toutes ses pensées malsaines qui le hantaient depuis que c'était arrivé... Jamais il ne se le pardonnerait, rejetant la faute sur celui qu'il haïssait le plus pour ne pas avoir pu le supprimer... Les quelques bribes de paroles qui lui parvenaient s'interrompirent brusquement, et relevant la tête, il croisa trois regard inquisiteurs sur son humble personne...



_ Quelque chose ne va pas, Naruto ?


Le ton était inquiet, comme le serait celui d'un professeur envers son élève. Kakashi ne changerait jamais, il demandait cela pour la forme, le blond le savait parfaitement, et ne ferait donc pas la même erreur que la rose, c'est-à-dire partir se confier dans les jupons du ninja copieur. En un mois, il s'en était passé des choses, et celle de ne plus considérer l'ancien ANBU uniquement qu'en tant que chef d'équipe avait été sûrement la plus simple. Il n'avait jamais été très proche de ce dernier, n'ignorant pas qu'il se revoyait en lui, et qu'il n'avait donc d'yeux que pour cet élève qui lui avait échappé... Alors le Jinchuuriki afficha un sourire désolé, et se passa à nouveau une main derrière la nuque...



_ Nan, tout vas bien Kakashi-senseï...



Passer pour un idiot. Exercice de plus en plus difficile. Il connaissait ses capacités, et pouvait mettre à terre le fils du Croc-Blanc en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire... mais discrétion oblige sur son passé, il se contentait de progresser au même niveau que les autres, gardant perpétuellement ce masque de l'idiot qui agit sans réfléchir... Il fallait dire qu'il avait eu le temps de se perfectionner pendant ses années d'errance dans le monde ninja... Il ne serait sûrement arrivé à ce niveau s'il était resté dans ce village. A cette pensée, un rictus malsain se profila furtivement sur ses lèvres, songeant que l'autre lui avait permis de devenir ainsi en l`épargnant. Ce n'était pas plus mal en y réfléchissant plus en profondeur, il était sûrement un des ninjas les plus puissants, tout comme lui... Il pourrait donc partir de ce monde de sa main, et le laisser avoir tout le mérite d'avoir éliminé l'enfant-démon... Subitement pris d'un gloussement presque hystérique, il se mordit violemment la lèvre inférieure, essayant de faire passer cela pour une quinte de toux... Dieu, il devrait réellement penser à devenir acteur, personne n'avait bronché... Cela en devenait même ennuyeux...



Imitant ses coéquipiers, Naruto commença à ranger ses quelques affaires, fourrant le tout dans un sac-à-dos, qu'il positionna sur son dos, patientant quelques secondes afin que les autres soient prêts. Il utilisa ses quelques instants pour les détailler silencieusement. Kakashi n'avait pas changé, toujours cet air totalement je-m'en-foutiste de gravé sur la partie de visage que l'on distinguait, et ce bouquin dans les mains. Ce bouquin... Un souvenir refit surface qu'il chassa d'un violent mouvement de tête. Puis son regard passa sur le dernier de l'équipe 7 nouvelle version. Saï... Ce type était bizarre, dénoué de sentiments car formaté comme un pantin. Mais, étrangement, avec ses nouvelles convictions, il restait celui dont il se sentait le plus proche, sûrement à cause de son manque apparent d'émotivité. Leurs débuts avaient été laborieux, le jeune brun ne connaissant pas les règles de bonnes conduites, et les joutes verbales avaient alors été nombreuses. Mais le temps aidant, et les missions aussi, il avait appris à apprécier à sa juste valeur l'homme qu'était l'ANBU de la Racine.



Ils partirent en direction de leur village quelques minutes plus tard, après avoir vérifié une nouvelle fois que tout était en place, et qu'ils pouvaient rentrer après menés à bien leur mission. Il restait encore deux journées de voyage, et Naruto sentait ses limites se profiler. Il avait besoin de se retrouver dans le calme de son appartement, dans celui dans son ancien terrain d'entraînement où plus personne ne mettait les pieds... Il voulait se retrouver seul avec lui-même afin de mettre certaines choses aux claires. Il avait mis des noms sur beaucoup d'émotions qu'il avait ressenties ces derniers temps. Ne les acceptant pas toutes. La haine qu'il commençait à ressentir envers ce village, haine qu'il avait pourtant réussi à enfouir... Dégoût envers ces gens qui se croyaient supérieurs à lui de part leurs statuts et le sien... Colère car il avait appris la vérité sur sa filiation par hasard, alors que tous les hauts dirigeants du village étaient au courant... Envie envers ses camarades qui menaient leurs vies normalement... Honte... Tant de sentiments, et pourtant il savait qu'il n'avait pas encore cerné tout ce qu'il ressentait depuis quelques temps. Une fois que cela serait réglé, il pourrait penser à ce qu'il ferait dans un avenir proche, car contrairement à ce qu'il montrait, il avait abandonné le rêve de devenir Hokage depuis belle lurette, et ne pensait même plus avoir un avenir prolongé dans ce monde... Il n'y avait pas sa place. Le monde voulait le lui faire comprendre... Mais, ce n'était pas eux qui l’avaient fait réaliser... Il ne leurs ferait pas cette joie...


Le retour se déroula tranquillement. Sakura n'avait cessé de babiller, lui cassant les oreilles, mais n'en laissant rien paraître, il fit même mine de s'intéresser à ce qu'elle racontait. Kakashi avait écouté d'une oreille discrète, tandis que Saï avait tenté de comprendre les liens qu'unissaient les personnes de cette équipe. Quelles que soient les conclusions qu'il en tirerait, elles seraient toutes erronées par la comédie du blond... Quoique celui-ci avait quelques fois certains doute quant à la place de son masque face au brun. Enfin, il ne s'en formalisait pas, et continuait de faire comme-ci il ne voyait rien... Après tout, n'était-ce pas ce qu'on attendait de lui : un parfait idiot ?! Cependant, quelque chose qu'il n'avait su identifier avait troublé ces deux jours. Aucuns de ses coéquipiers ne l'avaient senti, mais un frisson lui avait parcouru l'échine signe que quelque chose se tramait. Kyuubi avait même confirmé qu'il sentait la même chose sans parvenir à la nommer... Mais, cela n'avait duré qu'une dizaine de secondes, et il aurait pu même l'avoir rêvée, et la rangea soigneusement au fond de sa mémoire. Il saurait s'en souvenir en temps voulu. Le retour à Konoha fut monotone, et il eut l'impression de jouer une nouvelle fois un film qui avait perdu tout son attrait depuis longtemps. Il se retrouva donc très vite au calme, dans son chez-soi, après un banal entretien post-mission avec l'Hokage.



A peine eut-il fini d'enlever ses sacoches et son sac-à-dos qu'il s'affalait sur son lit, observant le plafond immaculé. Il fixait un point au hasard, se raccrochant à un semblant de réalité qui l'empêcherait de se faire surprendre, pendant qu'il vagabonderait dans les méandres de son esprit. Le visage fermé et grave, ses pensées dérivèrent vers une seule personne. Il avait beau gueuler qu'il le haïssait, essayer de se convaincre qu'il avait brisé ce lien, envoyé à l'hôpital ceux qui le cherchait à son propos... Une fois seul, il ne pouvait plus nier... L'Uchiwa l'obsédait toujours autant... Qu'était-il devenu ? Il avait sûrement acquis en puissance, et l'on racontait qu'il avait défait le Sannin aux serpents... Au moins cela leurs faisaient un point en commun... Où était-il ? Avait-il trouvé une nouvelle équipe ? Que faisait-il tout simplement... Un soupir se fit entendre dans le silence religieux alors qu'une nouée de souvenirs refaisaient surface... Les regards échangés quand ils étaient gosses près du ponton... Ce baiser malheureux quand ils étaient devenus genins... Le combat contre Shukaku... Le combat à la Vallée de la Fin... Leur relation était spéciale, il n'en doutait plus. C'était un petit remake du "suis-moi, je te fuis... fuis-moi, je te suis" mais à leur sauce. La vue du plafond commençant à l'irriter, il se tourna sur le côté, adoptant une position fœtale, tandis que ses pensées prenaient une nouvelle vague, lui faisant entrevoir celui qu'il avait considéré comme un père...


Le monde ninja était calme, trop même pourrait penser certains. Les jours se ressemblaient, et glissaient sur son corps sans jamais l'atteindre. Il ne tirait plus aucun plaisir à jouer cette comédie, il voulait juste tenir assez longtemps pour achever ce pour quoi il était destiné. Mais, il commençait franchement à douter de sa volonté... Cette dernière l'abandonnait chaque jour un peu plus, créant un gouffre sans fond au sein de son âme. Les seuls moments où il pouvait revivre en tant soit peu se trouvaient être ses entraînements intensifs qui le conduisaient le plus souvent à l'évanouissement. Il n'avait trouvé que cet unique moyen afin de se sentir vivant. Même, son petit appartement ne lui convenait plus. L'espace exiguë le renvoyait à ce vide qui prenait place en son sein, et à moins de se faire mal consciemment, il se sentait périr en ce lieu. Il ignorait comment le petit bonhomme qu'il était, heureux et prêt à tout pour être reconnu, était devenu cette coquille vide qui n'avait qu'une envie : faire ce qu'il avait à faire et ne pas s'attarder dans ce monde où il n'avait pas sa place... Enfin, si, il savait comment tout cela était arrivé, et pourquoi. Mais, une nouvelle fois, il se voilait la face ne voulant pas admettre qu'il connaissait parfaitement l`élément déclencheur. Il préférait rester aveugle plutôt que de faire face à l'origine de sa chute.



Aujourd'hui était un jour d'été comme les autres. Le soleil, à son zénith, semblait le narguer en pointant de ses axones brûlants la joie incontestable qui animait les habitants de ce village. Aujourd'hui était jour de fête, et il savait par avance qu'il y serait. Son rôle de comédien l'y obligeait. L'ancien lui adorait ces représentations excessives d'une admiration envers des divinités dont personne savait si elles avaient réellement existé. Aujourd'hui cela ne représentait plus rien à par un amas particulièrement bruyant de gens qui se voilaient le regard face à la répugnance de ce monde, et de ce qu'il était en train de devenir par leur faute. Il les entendit venir plus qu'il ne les vit. Un froncement de sourcils plus tard, et il estima la distance qui leur restait à parcourir avant de lui tomber dessus. Dieu qu'il commençait à en avoir marre, à ce stade ce n'était plus une vie, mais une douce torture que tous semblaient vouloir lui procurer. Quelques minutes plus tard, cinq personnes se détachèrent du paysage, accourant ou marchant pour d'autres, vers lui. Un sourire heureux et une interrogation silencieuse furent ses seuls saluts, avant qu'il ne leur emboîte le pas en direction du bureau de la Cinquième... Finalement, il n'allait peut-être pas assister à cette mascarade...


L'entretien ne dura qu'une dizaine de minutes, mais celles-ci furent amplement suffisantes pour que tous saisissent l'importance de la mission qui leur était confié. Leur équipe était anormalement nombreuse. S'il se comptait lui-même, ils étaient six... Le Nara était là - bien évidemment - comment entrevoir une mission d'infiltration sans le plus fin stratège du village ? Neji et le maître-chien faisaient aussi face à la dirigeante, cette dernière leur expliquant qu'ils seraient utiles pour prévenir une quelconque attaque. Sakura était présente, à prêt tout il fallait bien pouvoir prévenir quelques blessures, et - il devait le reconnaître- la jeune femme était devenue une experte en soins médicaux. Puis Ino qui était présente afin de pouvoir investir l'esprit de ceux à qui ils allaient rendre visite. Et enfin lui ! Il n'avait pas tout de suite compris son rôle dans cette histoire, mais bien vite la lumière s'était faîte : il était là pour protéger ses camarades. Il avait tout d'abord pensé refuser purement et simplement cette mission... Il avait autre chose à faire que de les protéger... mais, son masque l'obligeait - une nouvelle fois - à le faire. C'est donc avec un sourire - tellement forcé qu'il cru que le monde entier l'avait grillé - qu'il accepta. Le petit groupe s'élança en direction du Pays des Vagues environ une heure plus tard.



Le voyage allait durer plusieurs jours, il le savait, mais instinctivement, il avait augmenté la cadence signe qu'il voulait en finir le plus rapidement possible. Se retrouver face à eux était un terrible retour à la réalité. Réalité où le réceptacle du renard était une simple arme servant à la défense du village. Réalité où la famille qu'il s'était créée n'existait plus et n'avait jamais existé d'ailleurs. Pourquoi diable Tsunade avait-elle voulu que ce soit lui qui veille à la sécurité de leur équipe d'espionnage, il y avait tellement de ninjas compétents que ce choix lui paraissait totalement absurde et indigne de la femme qui dirigeait Konoha. Même elle, il ne pouvait plus l'affronter. Elle qui prétendait l'aimer comme son propre fils n'avait jamais réussi à déceler la souffrance qui l'habitait, et pour cela il la détestait... Une large main sur son épaule le fit quitter ses songes, puis un simple regard suffit. Il allait trop vite, les autres ne suivaient pas... D'ailleurs, il pouvait lire leurs questionnements quant à cet excès de vitesse soudain. Il haussa simplement les épaules, se calquant sur la cadence du stratège dont le silence l'apaisait. Puis, après plusieurs heures de routes, ils firent une halte près d'un cours d'eau.



L'eau fraîche coula le long de ses mèches dorées, effleurant son cuir chevelu, puis dévalant ses tempes ainsi que sa nuque, partant se nicher sous son tee-shirt sombre. Il sentait son regard sur son dos, cela faisait maintenant un petit moment qu'il avait percé à jour ce petit secret de polichinelle, dont même lui ne devrait pas être au courant. Il se détourna brusquement, plantant des pupilles surprises dans celles émeraude qui étaient en train de redessiner les courbes masculines de son dos tendu alors qu'il se penchait au-dessus de l'étendue bleutée. Une légère coloration rouge prit possession des pommettes de la jeune femme, qui détourna bien trop rapidement le regard. Mais l'intérêt soudain qu'elle lui portait ne l'atteignait pas, il glissait sur lui comme les jours défilants. Avant il aurait sûrement sauté au plafond de joie, et c'était peut-être ce qu'il aurait dû faire afin de parfaire son jeu d'acteur, cependant, il ne se sentait pas capable de pousser la mascarade jusqu'à cela. Alors il faisait comme s'il était bien plus qu'aveugle...



Alors qu'ils allaient repartir, il se stoppa. A nouveau, ce frisson qui lui parcourait la colonne vertébrale, tel un avertissement corporel. Un regard autour de lui confirma ses soupçons, personne - encore une fois - ne l'avait senti... Ce changement d'air, la brise initialement douce et fraîche, s'était soudainement alourdie comme si le taux en oxygène avait faibli remplacé par une quantité non négligeable d'azote. Même le chant des oiseaux autour d'eux était monté d'une note, atteignant une mélodie imperceptiblement plus aiguë, comme muée par l'approche d'un danger futur. Encore une fois, cela ne dura qu'une ou deux secondes, mais contrairement à la fois précédente, il sentait que le danger approchait un grand pas... Les yeux perdus dans l'étendue boisée qu'offrait la forêt, observant les rayons de l'astre jouer docilement avec le feuillage, il se réveilla lorsque son prénom fut prononcé distinctement. Il croisa le regard nacré du Hyuuga, acquiesçant silencieusement puis se remit en route, fermant le cortège.



Les quelques heures qui le séparaient de la tombée de la nuit furent occupées à essayer de comprendre d'où venait cette menace dont il ne savait rien, et ce simple fait l'énervait. Au fil des années, le besoin de contrôler chaque situation était devenu pressant, et aujourd'hui ne pas savoir ce qui l'attendait lui mettait les nerfs en boule. Il avait toujours eu l'impression que sa vie lui échappait, et c'était une réalité, il n’avait jamais rien contrôlé : son père lui avait tracé un destin au moment où il avait pris la décision de sceller le Neuf Queues dans son enfant à peine né. Dès lors, il n'avait plus été que le Jinchuuriki du plus puissant de tous les démons, celui dont la soif de sang n'était jamais étanchée, celui qui avait attaqué Konoha il y a de cela maintenant dix-neuf longues années... Dix-neuf ans... Dire qu'il pensait avoir vécu plusieurs vies... Peut-être était-ce le fait de partager son corps avec Kyuubi qui lui donnait cette impression, mais quoi qu'il en soit, il savait son esprit plus vieux que son corps...

Une fois le campement monté pour la nuit, le repas sommaire préparé et rapidement avalé, vint le moment de distribuer les tours de garde. Ils n'avaient pas encore quitté la forêt du Pays du Feu, et ne le ferait que dans la journée suivante, cependant comme le disait un dicton : il vaut mieux prévenir que guérir... Et c'était un des premiers enseignements qu'ils recevaient à l'académie. Toujours être prudent, ne jamais croire que tout était gagné d'avance... Il fut décidé que Neji prendrait le premier, suivi par Sakura, puis Naruto, Ino, Shikamaru et afin Kiba. Loin d'être fatigué, le blond étendit tout de même son couchage, et y prit place, positionnant ses bras sous sa nuque, s'en servant comme d'un oreiller. Il avait choisi un endroit où la vue était dégagée, et il pouvait donc discerner le plafond étoilé qui les surpassait. Ses yeux azurs s'y perdirent, contemplant l'étendue d'un sombre bleue, virant sur le noir, parsemé de ses milliards de diamants dont on n'arrivait même à, ne serait-ce, envisager le nombre exact. Il les trouvait fascinantes... Tellement proches et tellement lointaines en même temps. Il aurait pu croire les toucher rien qu'en tendant une main, mais il savait que ce n'était qu'une illusion... Une métaphore peu surprenante lui emplit l'esprit : il était la main tendue et Sasuke était l'étoile qui laissait l'illusion de pouvoir être frôlée alors qu'elle était à des années lumières de cette main tendue, quémandeuse...

Un nouveau soupir brisa le silence paisible de la nuit, et un mouvement se fit sentir à sa droite. Son regard se perdit dans cette direction et il rencontra une nouvelle fois le regard béryl dans sa coéquipière. Elle non plus ne dormait pas. Il lui adressa un sourire chaleureux, lui intimant silencieusement de dormir, puisque son tour de garde arriverait très vite. Elle lui adressa la même réponse, et s'apprêtait à lui adresser la parole quand il se retourna face à l'étendue étoilée, coupant court à cette discussion muette. Elle en fut peinée, mais ne le montra pas, comme on lui avait appris, et se retourna, lui tournant le dos et faisant face à l'Inuzuka qui regardait le blond, les sourcils froncés. Il n'y avait apparemment pas qu'elle qui trouvait que Naruto avait un comportement étrange depuis quelques jours...


Cette courte entrevue lui avait fait reprendre contact avec la réalité, et il prit conscience qu'il venait inconsciemment de baisser faiblement son masque, et il avait senti plus que vu, le regard perplexe du maître-chien, mais il ne s'en formalisa pas, songeant qu'il ferait passer cela sur un excès de mélancolie provoqué par la nuit. Il baissa les paupières, privant le monde de son regard lapis-lazuli préoccupé. Un sommeil paradoxal prit entièrement possession de son être, l'envoyant dans des songes que l'on pourrait qualifier d'énigme, tellement les messages envoyés sont dissous dans une solution aqueuse diffuse et sans aucun intérêt que de faire fonctionner son imagination. Cependant, une partie de lui était toujours en éveil. Le Bijuu s'agitait, plus que d'habitude. Lui si paisible quand son réceptacle dormait mais pourtant tellement attentif à l'environnement, était - ce soir-là - agité. Et encore le mot était faible, à dire vrai il tournait en rond dans sa cage psychique, sentant encore cette menace non-identifiée. Il savait que le calme qui régnait sur le monde ninja n'était qu'éphémère et que les menaces qui pesaient sur lui et le gamin s'étaient éteintes pour mieux réapparaître. Le calme avant la tempête... Puis, l'état psychologique de Naruto commençait à le préoccuper. Il avait toujours désiré qu'il tende la main à cette haine qui l'habitait, et qu'il avait occultée pendant toutes ces années, et aujourd'hui il parvenait enfin à son but. Mais, le reste l`inquiétait. Certes, avec le temps il s'était attaché au gamin - mais ne lui avouerait jamais - et il n'essayait déjà plus depuis longtemps de prendre le contrôle de ce corps, mais les pensées morbides voir suicidaires qui emplissaient l'esprit du blond commençaient à le préoccuper. Il faudrait qu'il règle ce problème... Le gamin n'était qu'un idiot, il réfléchissait toujours en occultant un élément clé. Idiot et aveugle... Des qualités dont le renard ne vantait pas le mérite... Loin de là...


Lorsque le tour de Sakura arriva, il la sentit se lever, mais garda les yeux clos, même lorsque le regard de la jeune femme se posa furtivement sur sa personne. Puis, il retomba dans le sommeil, laissant au renard le soin de veiller. Le sommeil était son conteste l'unique moment de la journée où il arrivait à tout oublier, malgré ses songes sous forme de messages subliminaux. Ces derniers ne le dérangeaient pas outre mesure, à vrai dire, il avait réussi à refouler le vrai sens de ses rêves, se laissant le plaisir de se délecter des fruits de son imagination débordante et créative. Puis vînt le moment de prendre son tour, il se leva sous le rappel de son démon intérieur. Rejoignant la rose sur sa branche, elle ne le sentit pas approcher, et il signifia sa présence par une main sur l'épaule frêle. Cette dernière tressauta sur la surprise, et se retourna sur la défensive, prête à attaquer, même s'il aurait été trop tard s'il avait voulu la tuer. Il lui signifia par un regard sombre et sérieux, et elle afficha une moue penaude en retour. Sans plus s'attarder sur la jeune femme, il prit sa place avant de murmurer faiblement, ayant trop peur de briser la tranquillité apparente de la nuit.



_ Va te recoucher Sakura... Je prends mon tour...



Il n'attendit pas de réponse, et sauta agilement sur une branche plus haute... Peut-être dans l'espoir de se rapprocher de la voûte céleste, il n'en savait rien, mais il voulait s'éloigner de ceux qui ne le comprenaient pas, qui ne le connaissaient pas, qui jouaient la comédie pour faciliter le travail en équipe qu'ils devaient accomplir, car il le savait... S'il n'avait pas eu ce fichu travail d'équipe, aucun de ses compagnons n'auraient daigné lui adresser la moindre parole, et tout serait resté comme auparavant... Lui, le paria... Mais, cela avait changé avec l'épreuve que leur avait apposée l'Hatake. Son esprit s'illumina un instant... C'était encore de par sa faute que son existence avait plongé... Il l'avait entraîné vers le haut avec cette acceptation... Puis, il l'avait fait plonger lors de sa fuite. Il devait bien admettre que le renard n'avait pas tort... Son existence semblait liée à celle du corbeau. Mais, il ne l'acceptait pas, il ne l'accepterait jamais, et c'est pourquoi il détruirait définitivement le lien qui les unissait une fois qu'il aurait fini ce qu'il devait faire... C'est pourquoi il mettrait fin à sa vie, une fois son objectif atteint. Mourir... Il ne savait pas encore comment il s'y prendrait, mais il ne mourrait pas par un suicide ordinaire, non cela serait un meurtre... Oui, il se laisserait abattre...

Un grognement se fit entendre dans son esprit, et un sourire narquois apparut sur ses lèvres fines. Il savait le renard récalcitrant face à cela, c'est pour cela qu'il le contenterait avant d'en finir avec sa triste personne. Il lui devait bien cela... Cependant, il fut rapidement tiré de ses pensées par la nouvelle apparition de ce frisson le long de son corps. Cela commençait à devenir une habitude de le ressentir, bien qu'à chaque nouvelle fois, le sentiment de danger était de plus en plus fort, de plus en plus présent... Puis il la sentit... Étrangement, il n'en fut pas surpris comme s'il avait attendu sa présence. Il se concentra quelques secondes, et se dirigea vers l'aura qu'il percevait... Il ne la reconnaissait pas... Elle était froide... Non glaciale, et emplie de haine... Cette description l`amena à une seule et unique personne, mais il secoua rapidement la tête, réfléchissant. Non, une seule personne correspondait parfaitement à ce chakra, et fait étrange, il n'avait jamais réussi à le percevoir ni à le reconnaître, comme s'il avait le pouvoir de changer l'odeur de son chakra. Un sourire franc, et vrai pour une fois, vint éclairer son visage étirant ses lèvres roses. Ce voyage lui offrait enfin un peu de répit...



***



Elle l'avait vu partir faire sa ronde, et l'avait trouvé étrangement distant. A vrai dire, cela faisait depuis qu'ils avaient quitté le village qu'elle sentait cette distance, pesante. Regagnant sa couche, tête baissée, ses quelques mèches roses lui couvrant le regard, elle était en train de se demander pourquoi elle avait l'impression de ne plus le reconnaître. Non, en fait elle le savait, et elle savait même pourquoi il s'éloignait d'eux. Cependant, ils étaient tous aveuglés par le sourire radieux qu'il affichait chaque jour que Dieu faisait. Elle ne l'avait jamais vu comme elle l'avait aperçu quand ils étaient tous deux couchés, il y avait quelques heures. Le regard qu'elle avait croisé n'était pas simplement bleu comme le ciel, empli d'une joie de vivre qui le représentait... Enfin, le croyait-elle... Ce soir, cette conviction avait volé en éclat quand elle s'était plongée dans ses azurs. Elle n'avait pas su retrouver ce bonheur de vivre qui le caractérisait, et qui lui avait permis de surmonter toutes les épreuves de sa vie. Ce soir, elle n'avait su lire que du vide, de la solitude, de la mélancolie... Et plus étrange pour elle... De la haine... Et elle l'avait pris directement pour elle... Comme-ci elle était l'objet d'un tel sentiment, mais cela allait à l'encontre de ce qu'était Naruto... Il était le soleil qui les éclairait, le soleil qui était capable d`annihiler toutes les ombres de ce monde par son simple sourire. Elle ne pouvait croire ce qu'elle avait vu... Elle avait dû se tromper... Elle s'était trompée, sûrement troublée par la fatigue qui l'habitait.



Pourtant quelque chose clochait, elle le savait intimement mais ne voulait pas y croire. Cela reviendrait à s'avouer que l'équipe 7 n'était vouée qu'à une seule chose : ne pas être. Sasuke et sa haine incommensurable envers son frère l'avaient déjà brisée une première fois. Et elle n'osait imaginer ce qu'il se passerait si le blond prenait une nouvelle voie, brisant ainsi son rêve de revoir cette équipe au complet. C'était une pensée égoïste, tristement égoïste. Elle n'était déjà plus que l'ombre d'elle-même depuis que le brun avait rejoint le serpent. Elle avait réussi à se reprendre, se reposant de toutes ses forces sur la promesse que le blond lui avait faite quand ils avaient treize ans... mais, elle avait à nouveau défailli quand le blond avait suivi l'Ermite aux Crapauds, se reprenant bien vite car elle savait qu'il faisait ça pour elle. Cependant, tout avait été brisé quand la nouvelle était tombée... Elle avait vu les regards des villageois s'emplir de cette haine qu'ils avaient toujours éprouvée face au blond, même si elle s'était calmée durant l'année où l'équipe Kakashi était complète... Quand Naruto était revenu après toutes ces années, elle l'avait reconnu de suite, son sourire éclatant dévoilant ses dents blanches et parfaitement alignées. Ce sourire l'avait poignardé et elle avait eu l'impression qu'il jouait un rôle... mais qui était capable de tenir un jeu d'acteur aussi complet tellement longtemps ? Personne. Fatalement, un jour ou l'autre, le masque se fissurait face à une parole, un regard... Et pourtant, jamais Naruto n'avait failli... C'est pourquoi elle tira la conclusion que ses doutes n'étaient pas fondés, mettant cela sur le compte de la fatigue... Non, Naruto n'avait pas pu changer... Il était son pilier... Son support... Et d'ailleurs, elle ne savait plus comment voir le blond... Un frère... Un très bon ami... Plus que cela... Elle ne savait pas, et ne trouverait pas de réponse ce soir... Et c'est sur ces pensées compliquées qu'elle plongea dans un sommeil sans rêves...



***






Les branches n'avaient pas le temps d'imprimer les empreintes de ses semelles tellement le contact entre eux était rapide, comme imaginé. Même les feuilles ne bruissaient pas sur son passage, ne s'agitaient pas, comme-ci elles étaient invisibles face à cette irruption. Il avançait gracieusement, confiant et ses sens alertes. Plus il se rapprochait, plus il avait la certitude que c'était lui. Seulement une question subsistait, que faisait-il là, si proche de l'équipe de ninja. Certes personne n'avait dû sentir sa présence, mais il savait que s'il s'éloignait trop longtemps, le prochain à prendre le tour de garde partirait à sa poursuite, réveillant ainsi ses camarades. Mais, il savait aussi qu'il ne s'aventurerait pas jusqu'à là s'il n'avait pas de très bonnes raisons. L'autre devait savoir qu'il arrivait, à près tout il avait eu, et avait toujours, un rôle dans ce qu'il était devenu. Après tout ne l'avait-il pas entraîné les rares fois où ils s'étaient vus... Grâce à lui, il avait atteint un niveau non négligeable, et avait paré à une de ses plus grandes faiblesses au combat. Au souvenir de leurs rencontres précédentes, un nouveau sourire étira ses lèvres, cette fois plus séducteur et prédateur. L'autre ne l'avait pas uniquement entraîné à l'art ninja, mais aussi aux plaisirs de la vie... Quelques bribes de souvenirs lui revinrent... Des gémissements... Deux corps entremêlés... Le plaisir... Instinctivement, il accéléra la cadence...


Il fut sur place quelques minutes plus tard, et découvrit un paysage magnifique qui le subjugua quelques instants. L'herbe grasse était d'un vert tendant vers le noir, parsemée de quelques reflets béryls, conséquence du jeu des rayons de l'astre lunaire. L'eau du ruisseau dévalait gracieusement le long de la berge, divisant la petite étendue herbeuse en deux parts non égales. Même d'où il était, il arrivait à déceler le reflet de la lune dans le miroir aqueux. Le temps semblait comme figé, et après ce petit tour d'horizon, ses pupilles céruléennes se posèrent sur la silhouette sombre qui se tenait immobile, lui tournant le dos, fixant - de ce qu'il en déduisait- la surface du ruisseau. Atterrissant silencieusement au sol, il sut que l'autre avait senti sa présence au simple raidissement de son dos. Ce mouvement était imperceptible, mais il le connaissait bien... Trop bien d'ailleurs... Il fit quelques pas, écrasant les axones verts qui dansaient au gré de la brise, puis se stoppa à quelques mètres de lui... Le silence s'installa pendant quelques secondes, et il en profita pour détailler le dos sombre qui lui faisait face. La carrure était fine, presque féminine, gracieuse et sensuelle, mais il savait que derrière cette vision presque faible, se cachait un schéma musculeux des plus développés, auxquels il s'était déjà confronté, et dont il n'avait jamais réussi à défaire les rouages. Les cheveux bruns se mariaient délicatement avec l'obscurité environnante, et virevoltaient avec le souffle d'air qui le fit frissonner, lui faisait se rappeler qu'il ne portait qu'un simple tee-shirt, et son pantalon sombre. Puis, tandis que son regard azuré se perdait dans les dédales de ce dos connu, l'autre se retourna plantant ses pupilles obscures dans leurs opposées... Ce simple contact à distance suffit pour rendre un semblant de vie dans les prunelles bleutées...




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