Fiction: Repos forcé (terminée)

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Le vacarme de la pluie résonnait dans ses oreilles. Il avait froid. Toute cette eau avait au moins le mérite de laver le sang présent sur son visage et sur sa tenue déchirée. Il frissonna. Un orage éclata au loin, ce qui le fit sursauter. Il n'en pouvait plus, il était à bout. Trois semaines passées dans un pays froid et relativement hostile. Génial. Il avait finalement réussit à récupérer les documents que Tsunade lui avaient demandé, mission accomplie. Plusieurs mèches de cheveux lui tombèrent sur les yeux, son bandeau frontal n'étant plus là pour les retenir. Il ne prit pas même la peine de sortir sa main de la poche de son pantalon noir pour les écarter de son visage. De toute façon il était arrivé au village, et de là, il pourrait refaire le chemin les yeux bandés sans difficultés.

Les ruées étaient désertes à cette heure-ci de la nuit. Tout le monde dormait dans un bon lit bien chaud.

Tout le monde, ou presque.

A la lumière d'une bougie, deux personnes discutaient dans le bureau de l'Hokage.

« A mon avis, tout va bien, tu le connais, si ça se trouve, il est douillettement allongé dans son lit ou en train de lire mes fabuleux romans pendant que tu te ronges les ongles.

-Je ne me ronge pas les ongles !

-Que tu dis.

-Rhhhaaa….! »

Tsunade se leva et se mit à arpenter nerveusement la pièce de long en large.

« Je devrais peut-être envoyer une équipe….juste pour vérifier, au cas où...

-Ce ne sera pas la peine, Tsunade-sama.

-Kakashi ! »

Ce-dernier se trouvait sur le seuil de la porte. Une multitude de gouttes d'eau tombait de ses cheveux et de ses vêtements en mauvais état. Il offrit un sourire désolé à l'Hokage et à ''l'Ermite pas net''.

« Désolé du retard, une petite complication, mais j'ai les documents.»

Il sortit deux rouleaux de parchemin d'une des poches de sa veste, qui étonnement, n'était pas encore tombée en lambeaux. Il s'avança afin de la tendre à Tsunade, mais à peine avait-il fait un pas qu'il se sentit vaciller. Ses jambes ne soutenaient plus son corps et il chuta en avant. Il serait tombé si Jiraya, en un mouvement rapide, ne l'avait retenu. Il le déposa doucement à terre, conscient que si Kakashi s'effondrait ainsi devant eux, il ne devait pas être en grande forme. Les quelques fois où il était rentré dans le bureau de l'Hokage avec des blessures qui nécessitaient des soins, il essayait le plus possible de ne pas montrer qu'il avait mal. Mais cette-dernière s'en rendait toujours compte et l'envoyait à l'hôpital à grand coups de pied s'il avait la stupidité de refuser de s'y rendre.

Elle accourut auprès du Jounin allongé et se mit à genoux à ses côtés. La première chose qu'elle remarqua fut les frissons du ninja, elle posa le revers de sa main sur son front.

«Il est brûlant de fièvre, constata-t-elle.

-Vu le temps qu'il fait dehors, ce n'est pas étonnant, et ça fait un bon moment qu'il pleut comme ça.»

Elle acquiesça d'un signe de tête et continua son examen. Il était couvert de blessures en tout genre, mais rien de très grave. Ils décidèrent de le ramener ensemble chez lui et de s'occuper de son état là-bas. Par habitude, Jiraya savait que le ninja copieur avait une garnison de médicaments, d'onguents et de bandages.

Il hissa Kakashi sur son dos avec mille précautions et, suivit de Tsunade, s'élança par la fenêtre pour rejoindre son appartement. Ils arrivèrent, trois minutes plus tard, devant sa porte. L'Hokage ne chercha pas à savoir si celle-ci était fermée à clef ou non, et d'un violent coup de poing, la brisa en deux, elle dégagea les débris de son passage, se dirigea vers la chambre où le Sanin vint délicatement déposer le ninja.

Celui-ci poussa un petit gémissement au contact du matelas, et ouvrit doucement son seul œil normal.

« Qu'est ce que… » Il voulut continuer, mais fut pris par une assez violente crise de toux.

Jiraya passa un bras sous le dos du ninja plus jeune, et le redressa légèrement afin de l'aider à faire passer cette toux plus vite. Tsunade arriva rapidement avec un verre d'eau et lui tendit.

«Tiens, bois, ça te fera du bien.»

Il hésita. Boire l'eau maintenant signifiait enlever son masque, et il n'en avait pas la moindre envie. Mais voir la boisson si fraiche, si proche…c'est si tentant!

«Ooohh…. Pour l'amour du ciel, Kakashi, ne fais pas comme si nous n'avions jamais vu ton visage, et même si c'était le cas, je peux t'assurer que cette eau aurait de toute façon terminée dans ta gorge. De gré ou de force. Alors, que choisis-tu ? Tu le fais seul, ou je t'aide, et ce sera douloureux.»

Malgré ces menaces, Kakashi et que Jiraya savaient bien qu'elle ne le frapperait pas dans son état actuel. Cependant, pour éliminer tous risques de représailles, il fit glisser son masque le long de son visage avec une main parfois agitée de quelques tremblements.

Le visage du Jounin étonna énormément le Sanin, qui n'avait pas vu son celui-ci depuis de très nombreuses années. Il avait bien évolué depuis, et Jiraya s'empêcha de sourire pour ne pas le mettre encore plus mal à l'aise.

Il avala le liquide, tendit le verre vide à l'Hokage avec un remerciement, puis se rallongea, non sans une légère grimace de douleur.

«Qu'est ce qu'il s'est passé ?, le questionna Jiraya.

-Oh, et bien…Ils étaient un peu plus nombreux que prévu et… ça a dégénéré, voilà tout, répondit-il avec un petit sourire. Les documents que vous m'aviez demandé de récupérer, Tsunade-sama, étaient très bien gardés et j'ai dû utiliser mon Sharingan plusieurs fois d'affilée.

-Moui…Bon, trêve de bavardages inutiles, où as-tu mal ?

-Partout, fit-il avant de tousser une nouvelle fois. J'ai juste besoin d'un peu de repos, pas de quoi s'inquiéter.

-Un peu de repos ? Tu es bien optimiste, Kakashi ! Tu as une haute fièvre et vu la façon dont tu tousses, tu as dû attraper froid pendant ton voyage de retour. Ce n'est sans compter toutes ses blessures qui n'ont pas été soignées ! Si aucune d'entre elles ne s'infecte pas, tu auras bien de la chance!»

Et elle partit d'un pas furieux dans la salle de bain pour aller chercher le nécessaire aux soins de l'homme. Jiraya se rapprocha et lui chuchota:

«Ne t'en fais pas, l'môme, elle dit ça surtout parce qu'elle est super inquiète à ton propos, si tu avais vu dans quel état elle était ses derniers jours en voyant que tu ne donnais aucun signe de vie ! Elle ne laisse rien paraître, hein, mais si tu t'avises de lui donner une bonne raison, elle te confinerait jusqu'à la fin de tes jours dans un hôpital pour être sûre qu'il ne t'arrive rien.»

Kakashi déglutit difficilement en entendant ces phrases, mais ne dit rien. Il ferma sa paupière ouverte et en un instant, sans s'en rendre vraiment compte, sombra dans un profond sommeil réparateur.


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Jiraya regardait Kakashi dormir. Il se trouvait seul au chevet de l'homme malade et encore blessé. Tsunade avait dû retourner à son bureau pour y régler plusieurs affaires et ne serait sûrement pas de retour avant la soirée.

Le Sanin n'avait pas dormi de la nuit. Il ne voulait pas l'admettre, mais voir le visage de Kakashi de nouveau avait refoulé de nombreux souvenirs dont il aurait préféré se passer. Il avait bien connu le père du Jounin et leur ressemblance était si…frappante ! Il avait évidemment hérité de la chevelure de son père, mais aussi de sa loyauté, de son cœur, de cette façon si similaire de combattre et bien sûr de son grand génie. Mais en le regardant un peu plus intensément, on voyait que les traits de son visage étaient identiques à ceux de sa mère, une très belle femme, dont le principal souvenir que l'homme avait d'elle était son sens de l'humour. Elle était très joyeuse, et son sourire qui ne quittait presque jamais ses lèvres…son fils arborait exactement le même. Même lors de sa mort, elle souriait. Elle souriait car elle venait juste de donner la vie, et l'on voyait bien qu'elle en était fière. Quel dommage qu'elle n'ai pas vu ce que son seul enfant est devenu!

Un petit gémissement le tira de sa rêverie. Kakashi ne s'était pas encore réveillé, mais il s'agitait de plus en plus dans ses couvertures que Jiraya avait correctement remises en place quelques minutes plus tôt.

«Non…Pas ça…Obito…je…»

Ah. C'était donc ça. Il se demanda si Kakashi rêvait souvent de cet évènement qui avait bouleversé sa vie, ou si c'était juste l'effet de la fièvre qui amplifiait les hallucinations.

Il lui secoua doucement l'épaule pour essayer de le sortir de ce cauchemar.

«Kakashi…Kakashi ! Réveille-toi, bon sang ! Ce n'est qu'un cauchemar!»

Ce-dernier se battait désormais contre ses couvertures, les sourcils froncé, la sueur perlant sur son front, et une expression de douleur et de tristesse sur son visage découvert. Malheureusement, les couvertures semblaient gagner, si bien qu'il était maintenant à moitié à l'intérieur et à l'extérieur de ses draps.

Au bout de plusieurs tentatives et de paroles rassurantes, Jiraya parvint à calmer le ninja plus jeune. Celui-ci, après avoir reprit une respiration normale, ouvrit lentement son œil.

«Jiraya… Qu'est ce que…tu fais là?

-J'te surveille le gosse, tu n'es sûrement pas en état de rester seul. Et Tsunade réagirait de façon assez violente si elle savait que je t'avais quitté, ne serait-ce que quelques instants.

-Bah…Je ne suis pas si faible que ça, ce n'est pas la peine de…»

Il fut stoppé par une crise de toux, encore plus violente que la veille, à lui décrocher les poumons. Jiraya le releva et lui tendit à boire, avec une pilule que Tsunade lui avait prescrite.

«Hum…Merci

-Y a pas de quoi, le gosse.

-Ah oui, si tu pouvais éviter de m'appeler de cette façon, de même que '' môme'' ou ''enfant'', ça m'arrangerait.

-Je t'appelais déjà comme ça quand t'étais pas plus haut que trois pommes !

-Raison de plus pour arrêter, j'ai grandi depuis.

-Bah, on ne perd pas aussi facilement des habitudes aussi vieilles, l'gamin.»

Jiraya s'attendait à une autre réplique de la part de Kakashi, mais à la place, il reçut un coussin en pleine figure. Essayant de cacher son amusement face à la réaction du Jounin aux cheveux gris, il se leva et le toisa avec un sourire sadique. Il allait frapper sa cible, qui, ne pouvant se défendre, avait empoigné un second oreiller et comptait s'en servir comme bouclier. Il n'était alors maintenant dans une position mi-assise mi-allongée que par un seul.

«Oh oh! Je vois que la flamme de la jeunesse éternelle brille en vous deux! Mais….Peut être que je vous dérange?

-Gai!

-Oh non, pas lui…

-Kakashi, j'ai appris de source sûre que tu es en convalescence, alors je me suis dit, pourquoi ne pas rendre visite à mon rival de toujours ?»

C'est sûrement une idée de Tsunade, se dit le Sanin, c'est vrai que rester cloitrer plusieurs jours sans rien faire n'est pas génial, surtout pour Kakashi.

Le ninja-tortue vert passa tout l'après-midi chez Kakashi, permettant ainsi à Jiraya d'aller se reposer un peu. Il complimenta les progrès de son équipe pendant près d'une heure, et ressassa et encore ses plus belles victoires. Puis, il fit même une démonstration de «je marche avec mes mains sur les murs et le plafond, t'veux voir ?».

Lorsque Jiraya rentra, vers 18h, il remarqua d'emblée que Kakashi s'était endormi, épuisé par les bavardages intempestifs un de ses livres à la main, et que Gai récitait un poème de sa création sur «Les méandres de la jeunesse et de l'amour éternels.» Il s'avança et s'éclaircit la gorge, de façon à signaler sa présence. Le Jounin vert se retourna et salua Jiraya.

«Vous tombez à pic, Jiraya-sama! Je montrais justement à Kakashi l'importance de la vivacité des anciens sur le champ de bataille, la flamme de la jeunesse éternelle! N'est-ce pas mon cher rival ? …. Kakashi ? Tu m'entends ? Kakashi ? Yoouuhoouuu ?

-A mon avis, il s'est endormi depuis un bout de temps déjà.

-Nooooooooooon…...! Comment as-tu osé me faire ça, Kakashi ! Quel homme cruel tu es !»

Kakashi ne broncha pas aux gémissements de Gai, qui avait maintenant les larmes aux yeux.

Environ une heure plus tard, lorsque Tsunade arriva à son tour dans la chambre, la fièvre de Kakashi n'avait pas baissée, et, au contraire avait quelques peu augmenté. Une serviette humide était maintenant posée sur son front pour tenter de la faire diminuer. Parfois, il lui arrivait de remuer pendant son sommeil, qui occupait largement les trois quarts de la journée. Malheureusement ce sommeil était loin d'être tranquille. Kakashi gémissait et/ou se débattait avec ses couvertures jusqu'à l'arrivée de Jiraya ou Tsunade, qui s'empressaient alors de le calmer. Ce calvaire dura trois jours.

Le quatrième jour, sa fièvre commença lentement à baisser, ses blessures étaient pour la plupart guéries grâce à la rapidité de l'Hokage. Son état général s'améliorait. Il se tenait maintenant assis sans problèmes sur son lit, mais il avait encore du mal à se lever et marcher seul. Pour l'occuper, Jiraya lui avait apporté tous ses livres du ''Paradis du batifolage '' et même les débuts de son prochain roman que Kakashi avait littéralement dévoré.

Malgré tout ça, le Jounin s'ennuyait à en mourir. Il avait déjà relu chaque livre plus d'une dizaine de fois et rêvait de sortir enfin de chez lui. Tout d'abord il voulait se rendre devant la pierre commémorative, voir Obito, Rin et Minato-sensei. Ensuite, il souhaitait aller manger un bon bol de ramens chez Ichiraku, Naruto finissant par déteindre sur lui et son régime alimentaire. Et finalement, il se rendrait à un terrain d'entrainement afin de se défouler un peu.

Kakashi se mit à sourire sous son masque qu'il avait remis depuis peu. Son programme de demain était tout prêt. Jiraya était parti collecter des informations pour son roman dans les bains publics des filles depuis la veille et n'allait pas revenir avant deux jours. Tsunade, quant à elle, serait retenue à son bureau par Shizune, qui avait prévu de rattraper tous les papiers en retard; elle en aurait donc pour la journée, si ce n'est plus.

Le lendemain, après avoir prit le bon petit-déjeuné que Tsunade avait posé la veille au soir sur sa table de chevet, il fit passer ses jambes sur le côté de son lit et s'appuya sur ses bras. Il n'avait pas encore essayé de se lever seul depuis qu'il était revenu. Il inspira un bon coup et, posant ses pieds à terre, prit appui sur ses jambes, et, d'un bond, se leva.

Zut, il n'aurait pas dû le faire aussi brusquement, se dit-il, tandis qu'un fort vertige manque de peu de le faire tomber. Il attendit quelques secondes et se tint de nouveau droit, ses muscles supportant mieux son poids qu'il l'avait prédit.

Quelques minutes plus tard, il sortait de chez lui, complètement habillé, et alla rendre hommage à Obito. Il se déplaçait aussi rapidement que possible, sachant qu'il allait encore passer beaucoup de temps à se remémorer ses erreurs passées, qui avaient coûté, selon lui, de nombreuses vies.

A 19 heures il se trouvait devant la porte de son appartement, complètement épuisé, lessivé. Il sortit sa clef et s'apprêtait à l'insérer dans la serrure lorsqu'il fut violemment projeté en arrière, par une énorme force. Quand il reprit ses esprit, il remarqua que sa pauvre porte en bois ses retrouvait à nouveau en mille morceaux. Mais ce qui le terrifia le plus était la personne qui se trouvait au centre des débris.

« Kakashi Hatake ! Tu as intérêt à avoir un bonne, même très bonne excuse...

-Ah, ah...Tsunade-sama... Je ne pensais pas que...Enfin, voyez-vous... Argh !»

Tsunade avait fermement empoigné le derrière du col de sa veste de Jounin et le trainait sans ménagement derrière elle, devant les regards hilares des passants. Elle prit cependant par plusieurs raccourcis afin d'arriver le plus rapidement possible à son bureau.

Ils passèrent devant une Shizune à l'air médusé et il dit bonjour avec un petit signe de la main avant de disparaître derrière les portes.

«Bon Kakashi, comme punition, je ne vois qu'une seule chose..., elle lui tendit un seau d'eau et une éponge, tu vas pouvoir nettoyer les portraits des Hokages taillés dans la pierre.

-QUOI ? Mais, euh...C'est un peu trop, enfin, bon, voilà quoi...

-C'est ça, ou tu vas avec Gai fai-

-D'accord, d'accord !»

Il lui prit avec empressement les deux ustensiles des mains et se dirigea vers la sortie de la pièce.

«Surtout frotte bien dans mes narines, il y a souvent des saletés, lui cria-t-elle avait qu'il ne sorte ! »

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