Fiction: Ab Imo Pectore

La vie est belle, le ciel est bleu et les oiseaux chantent. Ou pas.
Classé: -16D | Général / Drame / Romance | Mots: 989 | Comments: 6 | Favs: 3
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Nidaime-sama (Masculin), le 06/07/2011
C'est écrit sur un coup de tête. Cette fiction ne veut strictement rien dire. è_è



Chapitre 1: Parcere Subjectis Et Debellare Superbos



Elle appliqua une dernière couche de gloss avant de quitter la salle de bain, laissant en désordre son maquillage et les quelques sous-vêtements qui pendouillaient lamentablement sur le lavabo. La lumière grésillait et elle oublia même de l'étreindre, trop pressée par le temps qui s'écoulait à une vitesse folle. Elle s'était assoupie, comme après chaque soirée, mais cette fois n'avait pas entendu le réveil et sa sonnerie stridente. C'est donc en toute hâte qu'elle s'était habillée et avait tenté de démêler ses longs cheveux roux, narguée par les minutes qui s'égrenaient sans qu'elle n'arrive à quoi que ce soit de potable. Elle décida finalement de les attacher et se maudit intérieurement de ne pas y avoir pensé plus tôt. « Allez ma fille, murmura t-elle, tu vas finir par vraiment te mettre en retard si tu ne t'actives pas un peu plus. Il va s'impatienter, partir, et tu n'auras plus que les yeux pour pleurer... » Cherchant sa deuxième paire de chaussure dans les 20m² qu'étaient son appartement, elle effectuait aller-retour sur aller-retour, soulevant coussins, jupes, jeans, en vain. Ce n'est qu'après avoir tapé du pied et lâché l'un de ses habituels juron qu'elle aperçut l'escarpin qu'elle cherchait depuis dix bonnes minutes, posé sagement sur le frigo. « Mais qu'est-ce que tu fous là, toi ? » dit-elle tout en se précipitant dessus.

Un en temps trois mouvements elle dévalait déjà les marches de la cage d'escalier, fin prête pour aller à sa rencontre. Sa longue chevelure rousse voletait derrière elle, attachée tout de même par un ruban doré qu'elle avait récupéré sur un lapin en chocolat. Ses talons claquaient bruyamment sur le carrelage glacé, jouant une mélodie interrompue sans cesse par sa respiration saccadée. Son coeur battait la chamade, elle avait le bout des doigts qui lui picotaient. Elle crevait d'excitation, tout son être le criait.

Dehors la nuit était tombée depuis bien longtemps. Les douze coups de minuit allaient bientôt sonner et une fine bruine flottait dans l'air, accompagnée par un vent frais qui faisait rougir ses joues. Son visage était tantôt animé par une grimace, tantôt par un sourire béat ; elle allait arriver en retard, forcément. Mais elle allait le voir, aussi. L'attendrait-il sous cette presque-pluie ? Ou s'en irait-il, un peu plus loin, à la recherche d'une autre ? Un long frisson lui parcourut l'échine et elle secoua la tête, comme pour éloigner ces idées néfastes. Il l'attendrait. Il devait l'attendre. Parce que sinon elle se sentirait mal, parce que sinon elle en serait malade toute la nuit.
Une longue bouffée d'air frais plus tard et elle descendait enfin de la rame du tramway. La boite était encore à une petite centaine de mètres et elle courut, parapluie en main, protégeant son maquillage pour ne pas qu'il ne coule. Sa respiration était confuse, l'air accédait difficilement à ses poumons. De légers frissons effleuraient étrangement sa peau alors qu'elle le cherchait désespérément des yeux. Elle parcourait de long en large la grande avenue seulement éclairée par l'enseigne de la boite de nuit, attendait qu'il l'appelle.
" Kushina ! " Les minutes s'écoulaient doucement. À chacun de ses pas elle semblait entendre son prénom murmuré par la voix suave de celui qu'elle attendait impatiemment, mais dès qu'elle se retournait elle ne voyait que du vide. Rien, personne. Dans la pénombre à laquelle ses yeux ne s'étaient pas encore habitués elle croyait voir sa silhouette imposante, la chaleur de son sourire et l'éclat plein de vie qui animait toujours son regard. Elle ferma les yeux, comme nostalgique d'une époque qui ne remontait qu'à hier seulement. Alors comme à son habitude son coeur se mit à battre furieusement contre sa poitrine, jusqu'à lui en faire mal. Son aversion pour la femme de son bien-aimé réapparut et elle la maudit, animée par une colère qui grandissait de jour en jour. « Elle me le vole, gémit-elle. Il est à moi, à moi... »
Elle se laissa glisser le long du mur, la tête entre ses bras, perdue dans ses pensées.
Jusqu'à ce que, finalement, des phares s'allument, suivis par un klaxon qui lui était inconnu.

- Asuma ? souffla-t'elle, pleine d'espoir.

Aurait-il par hasard changé de voiture ? Eut un problème avec sa femme, mais qui ne l'aurait pas empêché de venir tout de même ? Elle se releva, un petit sourire se dessinant sur son visage angélique. Enfin ! Il était là. Elle trottina jusqu'à la vitre du conducteur, tout sourires. Les vitres teintées de noir s'abaissèrent lentement. Et, au ralentis, comme dans un mauvais film d'horreur où la suite de l'histoire est sue d'avance, elle perdit son sourire lorsqu'elle comprit que l'homme devant elle n'était pas celui qu'elle attendait. Il était jeune. Beaucoup plus jeune qu'Asuma. Une vingtaine d'années, tout au plus. Avec ses cheveux blonds mal coiffés, le bleu azur de ses yeux et son étrange peau pâle, il était en fait l'exact opposé de l'homme pour qui son coeur battait. Un désagréable sourire étirait le coin de ses lèvres et elle leva un sourcil, un air interrogateur peint sur le visage.

Un ange passa.

L'homme perdit son sourire. Il se mordilla la lèvre inférieure avant de demander : " Vous montez ? ".

Kushina resta interdite un long moment, perplexe, perdue.

" Mademoiselle ? "

Elle se ressaisit.

" Bon sang, oui je monte ! dit-elle en prenant sa voix la plus assurée. "

Elle fit le tour, ouvrit la portière et entra. Ses mains tremblaient doucement et son coeur lui faisait mal. En réalité, tout son être lui faisait mal. Elle avait bien essayé de pleurer mais les larmes avaient refusé de se montrer. Non. Elle ne voulait pas pleurer le fait d'entrer dans la voiture du premier inconnu qu'elle croisait. Elle voulait pleurer l'absence de celui qu'elle aimait.

La voiture démarra. Elle posa sa tête contre la vitre et ferma les yeux, fatiguée et guère motivée.
La soirée ne faisait pourtant que commencer.



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