Fiction: Le théâtre du mal

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Le Théâtre, se dressant dans le ciel nocturne restait toujours imposant. Pas de doute, Sasori avait vu grand, pour un simple refuge sur terre. Itachi regardait les hauteurs du domaine, en fumant, appuyé dos à la rambarde d’un balcon immense qui faisait le tour de la « demeure ». Ainsi, il pouvait se rendre d’une pièce à l’autre sur cet étage sans retourner dans les couloirs ni ouvrir il ne savait combien de portes. De l’autre côté de la fenêtre dont l’intérieur était masqué par d’épais rideaux pourpres, il entendait le rouquin farcir (c’était le mot) la tête de la petite blonde d’innombrables mensonges, de périples inventés et de buts fantaisistes et hypocrites. Tout cela lui allait bien, et Itachi ne disait rien, jamais rien. Puisque dans tous les cas, il finirait par obtenir ce qu’il voulait.
Cette pensée lui arracha un sourire sans bonheur. Juste un étirement de ses lèvres froides. Puis, il repensa à cette histoire de capture des démons et à cette pseudo-malédiction. Quel beau mensonge ! Et cette histoire de mauvais-œil transmis par un ancêtre qui jamais n’avait existé. Sasori avait trop d’imagination.

Pourtant, il fut coupé dans ses réflexions. De toute façon, il passait ses nuits à penser. Sasuke se pointa devant lui, en boudant. Itachi ne releva pas. Il n’en avait pas envie mais il savait d’avance qu’il ne gagnerait pas contre son « petit-frère ».

-Tu devrais t’occuper un peu de Kaori ! » Gronda Sasuke.

L’aîné tourna la tête vers le garçon sans rien répondre. Le voila qui commençait à lui faire la morale.

-Dis, tu m’écoutes ? C’est pas toi qui lui a fait le serment de ne plus la laisser seule ? Ses cauchemars recommencent… » Insista le cadet, essayant d’arracher une réaction à l’iceberg qui lui servait de modèle.

-J’irais tout à l’heure. »

A ce même moment, Sasori en avait fini avec la petite. Il venait d’ouvrir la porte fenêtre pour rejoindre les deux hommes, puis referma derrière lui.

-Je vais devoir aller chez Chiyo. » Lâcha-t-il simplement.

-Pour quoi faire ? » Demanda Sasuke.

-Répéter mes menaces. Et laissez l’humaine dormir. »

-Alors comme ça tu l’as foutue dans ton lit ! » S’exclama Sasuke.

Itachi sentant la colère du gamin monter se plaça entre lui et le marionnettiste. Sasuke, croisant le regard de l’aîné se calma immédiatement, mais il n’avait pas dit son dernier mot.

-C’est l’une de mes amies ! »

-Et alors ? » Riposta Sasori, comme s’il ne voyait pas le problème.

-Bon, ça suffit, Sasuke. Vas t’occuper de Kaori, avant que je ne vienne. Et assures toi cette fois-ci qu’elle ne fasse rien brûler. »

Il n’eut pas le choix et préféra obéir. Itachi se ralluma une cigarette et le roux s’esquiva.

22 h 30, il savait qu’elle ne dormirait pas. Se retrouvant devant la porte de l’appartement, il savait qu’il n’avait qu’à tourner la poignée pour entrer, même si cette dernière était verrouillée. Il entra donc, parcouru le salon qui était toujours aussi petit et démodé à son goût pour l’attendre exactement au même endroit où Chiyo l’avait découvert il y a deux jours. Sur la véranda décorée de fleurs dont il ne cherchait même pas le nom. Quant allait-elle s’apercevoir de sa présence ? Non, elle l’avait déjà senti mais refusait de bouger. Pourquoi ? Il déteste attendre et elle le sait alors qu’elle vienne !

-Tu as décidé d’ignorer mon intrusion en ton logis ? » Lança le démon sans cacher son agacement.

Il entendit des bruits de pas. Il tourna la tête pour la voir apparaître dans la nuit. La grand-mère était vêtue d’une robe de chambre. La même qu’il lui avait offerte il y a si longtemps. Voyant qu’elle peinait à se frayer un chemin jusqu’à lui, il soupira. Les humains ne voient pas dans le noir, mais la dernière fois, il lui avait interdit d’appuyer sur l’interrupteur.

-Tu as encore cette loque ? » Ricana Sasori, désignant la robe.

-C’est ton grand-père qui me la offerte ! Sasori, je ne t’ai pas élevé à être aussi désagréable. » Fit-elle sèchement.

-Ce n’est pas mon grand-père qui te la offerte. »

Elle ne comprit pas.

-C’est moi. »

Nouvelle incompréhension. Mais il n’en fit pas grand cas.

-Tu m’as posé une question la dernière fois, te souviens-tu ? Ce que je trafiquais dans ce théâtre si ma mémoire est bonne ? »

-Comptes-tu répondre ? »

-Partiellement. »

Il se déplaça dans le salon lentement. Chiyo constata qu’il glissait sur le sol. Comment faisait-il ça ? Elle était loin d’imaginer ce qu’il avait à lui dire…
L’homme observait le fameux cadre, comme la dernière fois. Des êtres heureux. Sa grand-mère et un homme qui lui ressemblait. Une époque de mensonges, des secrets qu’il avait si bien gardé. Et tout révéler ferait souffrir la vieille femme, une souffrance qu’il pourrait observer. Et peut-être même que ça provoquerait en lui un orgasme.
Il eut un rictus.

-Chiyo, dis-moi quant est mort ton homme ? » Questionna Sasori.

La mamie fut surprise. Pourquoi cette question ?

- Le jour où ton père est né. »

-Et quand Père est-il mort ? »

-Le…le jour de ta naissance. »

Sasori lui adressa un sourire narquois.

-Tous les deux, morts de quoi ? »

-Je ne l’ai jamais su…Suicide… enfin, on ne les a jamais retrouvés… » La vieille se tut, regardant Sasori.
Qu’avait-il dit à propos de sa robe de chambre ? Il prétendait la lui avoir offerte ? Il divaguait, il était fou !

Le sourire du démon s’élargit. Mais c’était encore insuffisant pour qu’elle découvre l’effrayante vérité. Il allait garder le plaisir et lui faire comprendre sans trop en dire. Faire une démonstration de ses pouvoirs car, oui, il n’a jamais été humain. Et il ne le sera jamais. Il glissa à nouveau sur le sol, allant toiser sa grand-mère, sa mère, et à la fois son amante d’autrefois. Lentement il passa une main dans ses cheveux, essayant de se rappeler. Ado, Chiyo était magnifique. Il avait joué jusqu’à ce qu’elle vieillisse.
Puis, ses pensées se dirigèrent vers Lucy. Oui, elle, il ne la ferait pas grandir davantage, il voulait garder sa poupée, belle et soumise, dans un monde utopique, de mensonges crées pour elle. Rien que pour elle.
Sasori en avait bientôt fini avec Chiyo, et il aurait sa Lucy pour toujours.

Il se recula. Finalement, il ne dirait pas qui il est. Juste une partie de son but.

-Ce que je fais au théâtre, c’est créer des poupées, les plus parfaites, pour tromper mon ennui. Et je leur construis une maison de poupée géante et douce pour qu’elles ne veuillent jamais retourner dans le monde extérieur. Et ces jouets seront les seules à avoir le droit de m’approcher, elles seules auront le droit de m’aimer, je serai leur dieu. »

La grand-mère ne s’attendait certainement pas à une telle réponse. Elle le regardait, éberluée, sans comprendre ses mots. En fait, qui était-il vraiment ? Il avait toujours été étrange…de même que son père…et son grand-père… Mais le sous-entendu ne la fit pas tiquer.

-Mon Dieu ! Tu enlèves des adolescents pour recréer la secte c’est ça ? Et tu te prends pour un gourou satanique ! Tu es devenu complètement fou mon garçon ! » S’écria enfin la mamie.

-Tu passes ta vie à attendre un miracle qui jamais ne se produira. Tu reposes ton soi-disant destin entre les mains d’un Dieu incompétent qui n’est pas assez réel pour répondre à ta supplique. Tu vénères un type mort sur une croix, sacrifié à un peuple ingrat. Et tu repousses tes désirs sois disant blasphématoires car on leur donne pour nom Satan. Cesse de dire Mon Dieu, à chaque fois que tu es outrée ! Car moi, mon Dieu, me permets d’être égoïste, sans prendre en compte le bien ou le mal car je suis mon propre Dieu ! » Siffla le démon.
Il en avait déjà assez. Dans son dos, se déployèrent deux grandes ailes aux plumes noires. Il allait partir, sa visite n’aura servi à rien. Il reviendrait lui balancer la vérité dans la gueule et la regarderait chialer. Ouais, il ferait ça. Et il aurait un orgasme rien que pour ça.

Chiyo regarda Sasori de plus en plus effarée, avec ses grandes ailes noires qui lui donnaient une expression macabre. Et sur son visage, elle décelait la folie comme on ne la voyait jamais.

-Je suis lassé, tu aurais pu apprendre et comprendre si tu avais su te taire un minimum. » Conclu le roux.

Il se dirigea à la fenêtre, l’ouvrit et sans chercher à se cacher, il sauta, s’envolant dans le ciel étoilé. Le démon survola la ville puis se posa sur le toit du théâtre. Comme il était en colère, ses ongles fins et aiguisés se plantaient dans la chair artificielle. Il resta ainsi à regarder la lune, attendant de décolérer. Finalement, il fut rejoint par la seule personne qu’il ne pouvait pas contrôler.

-Tu n’auras rien dit au final, Belial. »

-Non. Et toi, ta Kaori va mieux ? » S’enquit-il.

L’individu haussa les épaules.

-Elle contrôle de mieux en mieux son don. »

-Ah, la pyrokinésie n’est pas un pouvoir facile à contrôler pour un humain. Déclencher un feu comme une colère ou même un doute est un jeu d’enfant. Par contre, l’éteindre… Et on dirait que Sa Majesté s’est prit d’affection pour elle»

La remarque de Sasori fit rire Itachi. Un rire sans bonheur, juste un souffle qui s’échappe.

-Oui, mais parce qu’elle n’est pas comme les autres…Pas vraiment humaine. »





Réactions ? Comme toujours je vous réponds par commentaires.
Qu'avais vous compris dans ce chapitre ? Qui est vraiment Sasori ? Quel est le secret qui le lie à Itachi ou encore Chiyo ?
Et cette "Kaori" dont on a entendu parler qui peut-elle bien être selon vous ? J'ai hâte de lire vos sugestions !
Ah, et si vous avez envie d'insulter Sasori vous pouvez (ce qu'il met du temps à se dévoiler celui-là !) !

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