Fiction: La lumière d'Uzumaki Naruto (terminée)

Il l'a tué, enfin. Son ami, son frère de coeur est devant lui, achevé. Mais pourquoi, alors, son cadavre est-il encore brûlant, tandis que le meurtrier sent le froid le tuer ? Et pourquoi la lumière d'Uzumaki Naruto, l'éclat pour lequel il a sombré dans la folie, n'est-elle pas à lui ? Personnages : Sasuke, Naruto
Classé: -16D | Drame / Horreur / Tragédie | Mots: 1173 | Comments: 7 | Favs: 10
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Ari05 (Masculin), le 14/06/2011
N'épargnez pas vos critiques, j'y suis complètement ouverte.
OS expérimental sur Sasuke et son instabilité mentale. Ce personnage est le fou parfait.




Chapitre 1: La lumière d'Uzumaki Naruto



Le sang coulait sur ses mains, étrangement sirupeux. Sa teinte vive évoquait immanquablement le sirop de grenadine qu'Iraku-sensei leur apportait parfois après les leçons de taijutsu. Comme c'était étrange de voir les grosses gouttes couler le long de ses doigts ! Il avait envie de porter ces perles, rendues scintillantes par la lumière d'un soleil déclinant, jusqu'aux lèvres pâles et amincies. Après tout, sous ses dehors froids de gamin grandi trop vite, il avait toujours adoré ce fruit rouge et sucré...



Une sphère liquide alla s'écraser sur le cadavre à ses genoux.

Ce n'était pas du sirop. La vérité le frappa en pleine face dans son atroce pureté - il y avait un mort devant lui dont le fluide vital tâchait sa peau d'albâtre. Il y avait un corps recouvert de l'ombre que lui-même, agenouillé, projetait. Il y avait un être dont il avait arraché la lumière, espérant en remplir son coeur assombri par des années de désespoir et d'errance.

Échec, encore et toujours, ridicule Uchiha ! Il n'y a plus rien aujourd'hui, plus de rires, plus de lumière - sa lueur s'est éteinte avec lui ! Il l'a prise, emmenée, volée ! Et si tu la veux, pauvre idiot, il te faudra aller la chercher sur les chemins de l'éternité, il te faudra la disputer à ton ennemi, ton ami, ton frère, sous l'oeil narquois de la Faucheuse dont tu t'es fait l'émissaire !



Les phalanges blanchies, le meurtrier observait son œuvre. Seules ses paupières écarquillées, frémissantes, révélaient la folie qui vivait en lui et les phrases tournoyant dans son esprit dérangé. Sa poitrine s'abaissait par saccades brutales, opposée à la parfaite immobilité de tous ses membres.

Son aura se déformait, se tordait, perdant des lambeaux qui partaient dans l'air glacial - le plus loin possible de cet être inhumain. On eut dit que son âme elle-même cherchait à fuir, comme si elle savait ce qui allait advenir.

Lui-même ne tentait pas de la retenir. Il ne voyait pas ce qu'il pouvait faire d'une âme, à présent - il ne voulait rien d'autre que la lumière étincelante d'Uzumaki Naruto. C'était à lui, après tout ; dans leur monde infâme, les biens du vaincu appartenaient au vainqueur. Il avait terrassé le blond, arrachant violemment par tous les points vitaux l'intégralité du chakra, déversant des éclairs rougeâtres sur ce qui avait été une forêt, et qui n'était plus désormais qu'une plaine de cendres. Il avait obtenu selon leur loi ce qu'il désirait jusqu'à la folie : pourquoi, alors, ce lâche l'avait-il gardé ? Où était son gain ? Le cadavre laissait s'écouler si peu de sang, maigres ruisselets qui n'auraient même pas pu arracher la vie du ninja sans les techniques secrètes de l'Uchiha - pourquoi donc la lumière n'était-elle plus ?!

« Naruto ! »

Le hurlement déchira le silence.

Le corps le moins mort des deux s'anima soudain. De longues mains bleutées agrippèrent le col orange, le tirèrent brusquement, le cadavre remonta jusqu'à sa cause puis, écrasant celle-ci sous son poids, les envoya rouler tous deux sur le sol alors que les dents aiguisées du meurtrier sciaient douloureusement sa lèvre inférieure - toute cette violence en lui, cette rage destructrice désormais sans but, tout cela envahissait chaque cellule de son enveloppe corporelle transie par le froid, dominant ce qui lui restait de raison : il plaqua brusquement la poupée de chair contre la terre rougie. La haine luisait dans ses yeux, semblait décupler ses maigres forces. Pourquoi la barrière de sa peau blafarde était-elle incapable d'empêcher la température négative de l'envahir ? Pourquoi le sang dans ses veines semblait-il se durcir un peu plus à chaque instant, alors que son cœur ne faisait que battre plus fort encore ?

Et surtout, surtout, pourquoi le cadavre irradiait-il encore cette chaleur qui brûlait sans réchauffer ? Pourquoi son sang, soumis à la morsure de l'air gelé, gardait-il sa consistance sirupeuse ? Il était mort, mort ! Quelle divinité infâme avait-elle décidé de changer les lois de la nature et d'imposer au vivant la rigidité cadavérique, alors que le mort semblait pouvoir se réveiller à tout instant et bander tranquillement ses plaies ?

Les grands yeux noirs, hagards, glissaient sur le teint bronzé du défunt - il lâcha le col orange pour aller poser ses doigts sur la peau bouillante. Le contraste entre la blancheur de papier et le doré ensoleillé l'aurait frappé, si une étincelle n'avait pas envahi ses prunelles d'encre.

Il avait froid, tellement froid. Méduse lui avait jeté une œillade et il se changeait lentement en pierre, impuissant, alors que sa victime semblait si irréellement vivante - n'était-ce pas injuste, stupide ? Il avait vaincu le porteur du Kyûbi, il avait vaincu son ami d'enfance, son frère de cœur ! Il avait battu le seul qui pouvait lui tenir tête – et après cette victoire finale, c'était le froid qui le tuait peu à peu ! Et malgré ce triomphe, la lumière qui l'avait rendu fou de désir n'était pas à lui, n'était plus à personne !

« Voleur ! »

L'Uchiha avait cogné son front à celui du cadavre, lui hurlait en plein visage sa haine, sa rage : c’était à lui, la vie, la chaleur, la lumière !

Alors, dans un mouvement désespéré, entendant presque la gangue de glace autour de ses doigts se briser, il saisit un kunai à l’acier luisant et trancha le ventre du cadavre.

Une fumée rougeâtre se répandit dans l’air gelé, enveloppa un instant l’assassin de son odeur métallique – la traînée bordeaux avait éclaboussé un avant-bras dénudé.

Ses lèvres se tordirent en un sourire dément. La délicatesse de ses traits ajoutait à l’horreur du portrait ; un bonheur fou avait élu domicile sous la fine peau bleutée de son visage. Tremblant presque, il lâcha l’arme qui alla s’écraser dans les entrailles fumantes de l’éternel frère – ses mains à présent presque noires s’approchèrent lentement.

C’était une extase. Il sentait intimement la chaleur bouillonnant entre les intestins fumants du cadavre, faisait durer le supplice dans l’espoir d’intensifier l’extase à venir : son approche se faisait au ralenti.

Puis enfin – enfin ! – il atteint le summum, l’inatteignable sommet du plaisir : ses mains glacées pénétrèrent les entrailles rouges, se glissèrent comme des serpents dans le ventre ouvert de Naruto.

Oh, comme c’était bon ! Comme c’était chaud ! Il allait vivre, vivre, sans plus sortir jamais ses mains du lieu immonde où elles se complaisaient ! Sa face avait viré au bleu nuit, les veines saillaient avec une ardeur inhumaine ; il vivrait ! Et ses yeux fous, grand ouverts sur l’atroce spectacle, voyaient un voile laiteux se jeter sur leur surface d’encre .

« Tu le sens, Naruto ? Je vis… Je t’ai battu et je vis… Grâce à toi… Je vis ! »

La voix rauque du meurtrier s’élevait avec peine. Il souriait, souriait encore – son corps aussi noirci qu’un morceau de charbon, ses mains plongées dans le bain sanglant.

« Je vis… »



La mort le prendrait bien assez tôt.





Quelques conseils pour la vieille auteur en pleine reprise ?



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