Fiction: Chokotsuki Tales !

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Cela allait faire deux jours que Iguru Eagle avait quitté le repaire de Chokotsuki. Elle avait franchi la frontière séparant le Pays de l'Eau de celui du Feu, et approchait de son but : le village caché de Konoha. En réalité, il lui restait encore pas mal de distance à parcourir, mais avoir signé un pacte avec des Aigles avait ses avantages : à califourchon sur le dos de Jahellu, son rapace favori, les pieds calés derrière les articulations de ses ailes pour ne pas le gêner, elle savourait le sifflement du vent dans ses cheveux. Si celui-ci continuait à être porteur, elle arriverait peut-être même à Konoha avant le crépuscule.

-Rappelle-moi qui tu dois recruter ? demanda Jahellu.

Iguru sortit de sa sacoche le rouleau contenant la liste des recrues potentielles de Chokotsuki et y trouva le nom de sa cible.

-Un certain Komura Shinzo, lut-elle. De Konoha.

-Evidemment, sinon je me demande bien pourquoi nous volons depuis hier vers le Village de la Feuille !

Soudain, un sifflement aigu alerta Iguru, provenant d'en-dessous d'elle. Jahellu l'avait entendu également, et fit un brusque écart sur le côté, désarçonnant presque sa cavalière. Bien lui en avait pris : une flèche passa entre les plumes de l'Aigle en crépitant. Iguru sentit un frémissement parcourir le côté droit du corps de Jahellu.

-Iguru ! prévint l'Aigle. Je ne sens plus mon aile droite !

Iguru comprit alors que la flèche avait été chargée avec du chakra Raiton, et que c'était la décharge qui était en train de tétaniser l'aile de Jahellu.

-Cramponne-toi ! fit l'Aigle. Je vais essayer de me poser en catastrophe !

Paniquée, Iguru s'agrippa du mieux qu'elle put aux plumes de Jahellu pendant que celui-ci tentait tant bien que mal de planer. Les arbres en-dessous se rapprochaient dangereusement vite, et dans un bruit de branches brisées et de feuilles qui claquent contre la figure, la kunoichi et son Aigle s'enfoncèrent dans la forêt. Le choc à l'atterrissage ne fut guère agréable ! Iguru crut entendre un craquement dans son dos quand elle heurta le sol. Pendant quelques instants, elle resta allongée par terre, sonnée, et se demandant si elle ne s'était pas cassé quelque chose. Puis elle se souvint que rester ainsi étendue alors qu'elle venait d'être attaquée n'était pas la meilleure attitude à adopter : son agresseur était sûrement en train de la chercher pour l'achever !

"Qu'il essaye !" songea-t-elle en se relevant avec précaution.

Aucun membre ne resta par terre : elle était entière, et n'avait a priori rien de cassé. Tant mieux !

-Jahellu ? appela-t-elle ensuite, inquiète.

-Je suis ici ! lui répondit l'Aigle.

Iguru se dirigea vers l'endroit d'où provenait sa voix. Elle finit par la trouver au pied d'un arbre.

-Jahellu ! s'exclama-t-elle en s'agenouillant près d'elle. Tu n'as rien ?

-Non, je n'ai pas été assez bête pour déployer mes ailes alors que je tombais : je m'en serais pété une contre une branche, ça ne t'aurait pas trop arrangée. En revanche, j'ai moins aimé le plat contre le sol.

-Tu peux disparaître, si tu te sens trop faible, lui dit Iguru, soucieuse de la santé de l'Aigle.

-Et te laisser affronter seule celui qui nous a attaquées ? Pas question !

-Mais ton aile ?

-Elle va un peu mieux : je pense que l'engourdissement va finir par disparaître. Occupe-toi plutôt de chercher notre adversaire, je suis sûre qu'il se planque pas loin.

-Yep, approuva Iguru. Mais c'est un adepte du combat à distance, puisqu'il utilise un arc...

-Pas forcément, j'ai connu un ninja qui se servait de ses flèches pour se battre au corps à corps !

-Pour le moment, je m'en fous ! répondit Iguru en scrutant les environs de sa vue perçante. Je vais avoir du mal à l'approcher. Et ces arbres ! J'y vois rien dans cette jungle !

Elle malaxa une bonne dose de chakra, la concentra dans ses mains, et s'exclama :

-Futon ! L'Onde Tronçonnante !

Elle déploya d'un coup les bras à l'horizontale, et une lame de chakra jaillit dans leur sillage, large de plusieurs mètres. Elle fonça à travers la forêt, abattant les arbres à mesure qu'elle les traversait.

-Et voilà, on y voit plus clair, d'un coup ! commenta-t-elle, satisfaite, en contemplant l'autoroute qu'elle venait de tracer au milieu du bois.

-Euh, dis-moi, Iguru...

-Ouais ?

-Je crois que la flèche venait de l'autre côté, en fait.

-Tu pouvais pas me le dire plus tôt ?! s'emporta Iguru. Je viens de raser un quart des arbres de la zone, et tu ne me dis que maintenant que c'était de l'autre côté ?

-Tu ne m'as rien demandé ! se défendit Jahellu.

Une flèche vint se planter en sifflant dans l'arbre le plus proche, mettant un terme à la dispute. Iguru se tourna aussitôt, prête à se battre.

-MONTRE-TOI, ESPECE DE LÂCHE ! hurla-t-elle en constatant que leur mystérieux agresseur se cachait toujours.

-Il ne doit pas être loin, vu comment les arbres sont serrés, estima Jahellu. Il ne pourrait pas tirer depuis une grande distance sans heurter un arbre...

Comme pour contredire l'Aigle, un craquement retentit, et une nouvelle flèche leur fonça dessus après avoir carrément traversé un tronc d'arbre. Iguru fit un écart pour l'éviter, et la flèche traversa l'arbre à côté d'elle.

-Notre gars utilise le Vent, constata-t-elle. Tu disais quoi déjà, à propos de la distance ?

-Rien du tout, grogna Jahellu (en admettant qu'un aigle puisse grogner).

-Bon, je vais pas rester cent sept ans ici à attendre qu'il me transforme en passoire, décida Iguru. Reste là, je vais le chercher !

Elle se mit à marcher dans la direction d'où provenaient les flèches.

-Petit petit petit ! chantonna-t-elle en regardant dans tous les coins. Si tu t'imagines que tu as une chance de nous avoir en restant planqué pour nous tirer dessus, tu te fourres le doigt dans l'oeil jusqu'à l'épaule !

Un sifflement retentit encore une fois, et Iguru s'était préparée. Elle vit la flèche foncer droit sur elle, fit un pas sur le côté et, concentrant son chakra dans sa main, exécuta un ample mouvement au moment où la flèche passait à côté d'elle : le projectile fut tranché net, et les deux débris tombèrent au sol.

-Tu es donc là, dit-elle. Futon ! Onde Tronçonnante !

Elle lança une nouvelle lame de chakra et abattit les arbres devant elle avec autant d'efficacité qu'un rayon laser. Une fois que la poussière se fut dissipée et le vacarme atténué, elle scruta la forêt dévastée. Avait-elle eu leur agresseur ? Comme pour répondre à cette question, des branchages frémirent à une cinquantaine de mètres d'elle, et quelqu'un s'en extirpa en époussetant ses vêtements. Il était vêtu d'une cape identique à celles que portaient les ninjas de Konoha, à ceci près qu'elle était noire. Ouverte, elle laissait voir une veste blanche, ainsi qu'un T-shirt blanc lui aussi. Il portait un pantalong large, et des chaussures noires pourvues de ce qui ressemblait à des guêtres. Dans sa main gauche mitainée (quoi, on dit bien "gantée", non ?), dont l'index et le majeur étaient enveloppés par des bandages, il tenait un arc aux dimensions assez impressionnantes.

-C'est donc toi qui t'amuses à nous tirer dessus depuis tout à l'heure ? dit Iguru. J'peux savoir ce que tu nous veux ?

-C'est moi qui devrais te poser la question ! rétorqua l'autre en passant la main dans ses cheveux châtain pour les débarrasser des feuilles qui s'y étaient accrochées.

-Hein ? Ce qu'on te veut ? fit Iguru, interloquée. Hé, abruti ! Si tu n'avais pas essayé de nous descendre en plein vol on n'aurait même pas su que t'étais là !

-C'est ce qu'on dit... marmonna l'inconnu.

-Mais je dis la vérité ! On en a rien à fiche de toi !

Elle marqua une pause, se mit à réfléchir, puis demanda :

-C'est quoi ton nom ?

-Je ne sais pas.

-Euh ? Tu ne sais pas comment tu t'appelles ?

-Non, avoua l'autre.

Iguru l'observa avec méfiance : jouait-il la comédie pour mieux l'attaquer par surprise ?

-Genre, t'as pas de nom, lâcha-t-elle, interdite. Tu viens d'où ?

-Je ne sais pas.

-Môssieur est amnésique ? comprit Iguru.

-Si c'est ainsi qu'on appelle quelqu'un qui ne se souvient de rien, alors oui, c'est ça, répondit l'autre.

-J'hallucine ! fit Iguru. Le mec nous attaque alors qu'on ne lui a rien fait, et ensuite, il me sort qu'il est amnésique ! Oh, tête de pioche ! Quand j'ai un trou de mémoire je cherche pas à tirer sur tout ce qui bouge !

L'amnésique posa alors son arc par terre, et leva les mains.

-Je me rends.

Iguru haussa les sourcils. Elle nageait en plein délire, là !

-Non mais t'es complètement frappé, mon pauvre !

-Je m'excuse de t'avoir attaquée, fit le garçon. fait plusieurs jours que j'erre dans ces bois, et j'ai été attaqué deux fois par des bandits. Du coup j'ai cru que tu m'en voulais aussi et je me suis défendu.

-Je te répète qu'on en avait rien à fiche de toi ! s'impatienta Iguru. Mais j'accepte tes excuses, t'as l'air à peu près sincère. Juste un conseil, ajouta-t-elle en tournant les talons, la prochaine fois, attends au moins d'être sûr qu'on te veut du mal !

Elle allait retourner auprès de Jahellu, mais une main l'attrapa par l'épaule. Ne faisant ni une, ni deux, elle s'en saisit et, exécutant un retournement rapide, étala par terre son propriétaire. C'était l'amnésique (qui d'autre ?).

-Bordel, ça va pas ? fit Iguru.

-Mais je voulais juste demander quelque chose ! se plaignit le garçon, à terre.

-Désolée, bougonna Iguru. Mais bon, quand quelqu'un vient d'essayer de te tuer, tu ne t'attends pas à ce qu'il te prenne l'épaule pour "demander quelque chose" ensuite. Qu'est-ce que tu veux ?

L'autre se releva tant bien que mal et plongea ses yeux noirs et humides dans ceux d'Iguru.

-Arrête, tu me fais peur ! se défendit Iguru, mal à l'aise.

-Emmène-moi avec toi ! demanda le garçon d'une voix suppliante.

-QUOI ?! s'exclama Iguru, stupéfaite.

Elle s'était attendue à tout sauf à ça !

-Pourquoi je devrais t'emmener ? demanda-t-elle.

-Je veux retrouver la mémoire, mais je n'y arriverai pas tout seul ! Aide-moi !

Iguru soutint le regard implorant du garçon. Bon sang, si seulement elle pouvait demander conseil à Jahellu ! Mais non, l'Aigle était toujours au pied de son arbre à se plaindre de son plat forcé ! Que devait-elle faire ? Le laisser là ? Quelque chose lui disait qu'il n'apprécierait pas, et même qu'il se mettrait à chialer. Le tuer ? Après tout, il avait essayé de les tuer ! Mais il semblait à présent si vulnérable, les lèvres tremblantes ! Quant à l'emmener... Il ne connaissait pas son propre nom, mais si cela se trouvait, il figurait sur la liste des recrues pour Chokotsuki ! Et quand bien même il ne s'y trouvait pas, il semblait plutôt doué au combat...

-Dis-moi, ça t'intéresse de rejoindre une organisation secrète ? demanda-t-elle.

-Une organisation secrète ? répéta le garçon.

-Non, une illumination d'aigrettes ! ton avis ?!

-Je sais pas, elle consiste en quoi ?

-Heuuu... hésita Iguru.

Fallait-t-il tout lui expliquer maintenant, ou attendre de rencontrer Aogami et Lynn ?

"Boârf, se dit-elle, si jamais il fait pas l'affaire, on aura qu'à le zigouiller vite fait bien fait !"

-Tu aimes le chocolat ? demanda-t-elle ensuite.

-Pourquoi cette question ?

-Comment dire... notre organisation tournera essentiellement autour du chocolat, alors si tu n'aimes pas ça, dis-le tout de suite, et je me barre !

-J'adore le chocolat ! répondit aussitôt le garçon. C'est quoi, une corporation secrète de pâtissiers ? Des adorateurs de Willy Wonka ?

-Gné ? C'est quoi, ça ?

-Un mec dont j'ai entendu parler... mais je ne sais plus où ni quand. J'suis amnésique, je te le rappelle.

-Va, va ! Bon, tu peux venir avec moi si tu veux. Mais je te préviens, au moindre problje te jette comme une vieille chaussette !

-YOUPI ! s'écria le garçon avec enthousiasme.

Iguru se renfrogna. Le voyage promettait d'être bien agaçant ! Elle retourna auprès de Jahellu, l'amnésique sur ses talons.

-C'est qui, lui ? demanda l'Aigle en fixant celui-ci.

-Notre agresseur, répondit Iguru d'une voix lasse.

-Qu'est-ce qu'il fout là ? Pourquoi tu lui as pas réglé son compte ?

-C'est un peu long à expliquer, avoua Iguru. Je te dirai tout ça sur le chemin.

-Sur le chemin ? T'as pas oublié que j'étais pas trop en état de voler ?

-Bah va te remettre, alors, on continuera à pied ! conseilla Iguru.

-Fais quand même gaffe à ce mec, hein, dit Jahellu en jetant un regard méfiant à l'amnésique. Je te fais confiance, mais pas à lui.

-devrait aller, t'inqui, assura Iguru.

-Si tu le dis...

Et dans un "POOF" et un nuage de fumée vite dissipé, Jahellu disparut de cette dimension.

-Bon, on se met en route ? demanda Iguru à l'amnésique.

-D'accord !

Les deux shinobis se mirent donc en chemin, et Iguru se demanda ce qu'allait bien pouvoir dire à Lynn et Aogami sur le drôle de compagnon qu'elle avait ramassé !



Dans le prochain chapitre, vous découvrirez comment Lynn Arriesty s'y prend pour chercher des recrues ! *rire diabolique et tonnerre grondant sur musique d'orgue bien lugubre*

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