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Fiction: Pour cent ryos

J’étais… obsessionnel compulsif, un peu paranoïaque, acrophobe, angoissé, maniaque, orgueilleux, têtu, narcissique, routinier, puceau, vieux, complètement névrosé, rancunier, agoraphobe, arrogant, hautain, radin, despotique et surtout un très grand crétin. Peut-être étais-je né sous une mauvaise étoile ? Ou qu’une vilaine sorcière déguisée en petite fée scintillante m’avait murmuré une malédiction à l’oreille, penchée sur mon berceau ? En tout cas, ils m’avaient bien eu !
Classé: -16D | Spoil | Humour / Romance | Mots: 17156 | Comments: 27 | Favs: 27
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starmornielna (Féminin), le 14/10/2013
Bonjour les gens !!

Heureuse de vous retrouver ! Et oui je suis de retour après deux ans d'absence... Je n'ai aucune excuse, j'ai juste eu quelques soucis et j'ai préféré, surtout, me concentrer sur mes études. Cette année je n'ai plus que huit heures de cours, du coup j'ai plus de temps pour écrire. Ce chapitre avait été en partie écrit avant ma "pause", je l'ai repris récemment. Je remercie Stalianha pour m'avoir rappelé qu'écrire c'était cool ;)

Sur ce, bonne lecture ! :D




Chapitre 4: Ou comment je me suicide socialement avec un verre de jus d'orange.



Samedi, quinze heures.

La sociabilité n’avait jamais été mon fort. Cela n’étonnera personne. Les gens m’ennuyaient. En quoi passer une soirée à parler de futilités pourrait bien m’être utile ? A rien du tout. Alors que si je restais chez moi, je pourrais consacrer ce temps à des choses beaucoup plus utiles, comme terminer la dernière saison de la série que j’aurais dû finir depuis si longtemps, ou encore passer la nuit à jouer à n’importe quel jeu-vidéo. Ou bien dormir, tout simplement.

Cependant, si je faisais cela, mes chances de remporter le pari deviendraient nulles. Déjà qu’elles n’étaient pas très élevées.

J’imaginais déjà la tête de Naruto s’il devait gagner. Il exulterait de joie de manière complètement incontrôlée, clamant le plus bruyamment possible à quel point il était fort pour avoir réussi à battre quelqu’un comme moi. L’humiliation que je ressentirais pour avoir perdu serait décuplée face à tous les regards moqueurs qui ne feraient que me scruter en permanence. Le comble serait que mon frère l’apprenne… Puis restait un problème, mes parents avaient beau être aisés, ce n’était pas mon cas. J’avais réellement pris de très gros risques car en cas d’échec, je ne pourrais pas les payer. Je devais absolument gagner, coûte que coûte. Perdre n’était pas envisageable.

La première épreuve avait été d’envoyer ce foutu mail à Sakura. Effectivement, me rendre à une soirée sans en connaître l’adresse était assez problématique. Je m’étais consacré une soirée pour ça, soit cinq heures. C’était tout juste. J’avais dû rédiger cinquante brouillons au moins. Mon premier problème, dont sa résolution avait dû me prendre au moins quarante-cinq minutes, était le commencement. Cette petite phrase qui sert d’intitulé au message. Enfin phrase, j’exagère. Ces quelques mots. Une torture ! J’hésitais entre « Salut », « Sakura », « Salut Sakura », « Chère Sakura », « Bonjour », « Bonjour Sakura » ou bien « Bonjour chère Sakura ».

« Chère Sakura » était bien trop pète-cul à mon goût. Je devais être familier, mais pas trop. Du coup, après avoir cogité, deux choix me restaient. « Salut Sakura » et « Bonjour Sakura ». Le « Salut » indiquait un niveau de familiarité assez élevé, alors que le « Bonjour » mettait plus de distance sans être trop froid. J’étais respectueux et neutre. C’est pourquoi je choisis cette formulation. Ensuite, il fallut écrire le texte. Demander une adresse était plus complexe qu’il n’y paraissait. Devais-je lui demander comment elle allait ? Elle ne répondrait sans doute pas. Mais si je ne le mettais pas, ça montrait peut-être que je m’en foutais d’elle ! Ou que je faisais fi des convenances épistolaires… Par ailleurs, devrais-je lui demander de but en blanc l’adresse ou lui raconter quelque chose de ma vie puis demander l’adresse ? Et enfin, quelle signature fallait-il que j’écrive ? « Cordialement », « Respectueusement » ? Ma mère finissait toujours ses lettres par « Je vous prie d’agréer l’expression de mes salutations les plus respectueuses ». Mais je doutais que ce soit pertinent dans mon cas…

Après quelques recherches sur internet, j’obtins la forme suivante :

Bonjour Sakura,

Comment vas-tu ?

Je me permets de t’écrire, comme tu me l’as demandé, afin que tu me transmettes l’adresse d’Ino pour la fête de ce weekend.

Passe une bonne soirée,

Sasuke.

J’étais très fier de moi.

Allongé sur mon lit, je soupirai. Il fallait vraiment que je me remotive, et que j’arrête la fuite. J’avais la chance de pouvoir passer du temps avec cette fille, je ne devais pas le gaspiller. Même si je ne savais pas du tout ce qui m’attendait, chose qui me nouait les entrailles. Je devais voir ça comme une quête, dont la réussite de chaque étape me mènerait vers la victoire. En plus, j’avais la chance qu’elle soit au courant pour le pari, ce qui éloignait de moi toute culpabilité. Je préférai ne pas imaginer la situation si ça n’avait pas été le cas.

Quelques coups contre ma porte me sortirent de mes pensées.

« Je peux entrer Sasuke ?

-Oui maman, fis-je en me redressant. »

Fermant la porte derrière elle, ma mère vient s’assoir à côté de moi. Je restai silencieux, fixant mes pieds nus s’enfoncer dans la moquette. J’étais tout de même intrigué, ma mère venait rarement dans ma chambre, souvent c’était pour des sujets sérieux. La dernière fois, elle était venue me parler de sexe et de contraception. Je grimaçai, je ne voulais surtout pas me rappeler de ce moment particulièrement embarrassant.

« Fais pas cette tête ! Je ne viens pas pour t’annoncer un décès, rigola-t-elle, me faisant sourire. C’est à quelle heure que tu dois y aller ce soir ?

-Euh, vingt heures.

-D’accord, j’ai préparé des gâteaux, tu les prendras, et je t’ai mis une bouteille de vin blanc et du jus de fruit au frigo.

- Oh ! Il fallait pas te donner autant de mal, m’exclamai-je surpris, merci beaucoup maman !

-C’est normal voyons. C’est la première fois que tu es invité quelque part, je suis contente ! J’avais peur que tu finisses comme tous ces jeunes qu’on voit à la télé…

-Maman, la coupai-je rapidement, arrête. Je suis pas comme ça, tu regardes trop de conneries.»

Elle sourit et me caressa la joue.

« Je sais bien, et surveille ton langage mon fils. Bref, j’ai repassé quelques chemises que tu trouveras dans ton dressing.

-Ok.

-Pas trop stressé ?

-Si, fis-je en posant ma tête sur son épaule. Je n’ai pas très envie d’y aller tu sais.

-Je me doute, mais tu n’as pas à avoir peur, tout va bien se passer. »

Je soupirai alors qu’elle m’enveloppait de ses bras. Sa chaleur me réconforta, j’aurais bien voulu rester toute la soirée comme ça. Son seul défaut c’est d’être la mère de mon frère.

Dix-sept heures.

Camouflé quelque part au milieu d’une forêt dense, mon adversaire me guettait. Je savais qu’à chacun de mes mouvements, j’étais repérable. Malgré son âge très avancé, sa vision était parfaite. Et grâce à ses capacités exceptionnelles, il pouvait ne faire qu’un avec la nature. Alors, tout ce qui m’entourait, de l’écureuil caché dans un arbre au moindre brin d’herbe, était mon ennemi. Il était clair qu’il connaissait ma position exacte et que de sa cachette il attendait un seul faux pas de ma part pour me loger une balle entre les deux yeux. Mais je n’étais pas démuni. J’avais ces splendides lunettes thermiques qui, grâce à la chaleur que l’on dégageait, me rendait visible tout être vivant caché. Mon plan était simple : l’avoir par derrière. Me cachant derrière les arbres, je me faufilai habilement parmi la végétation… J’allais enfin l’avoir ! Depuis le temps que j’attendais ça ! Il allait comprendre que face à un Uchiwa, il n’était rien. Un rire extrêmement démoniaque se prépara à sortir de mes lèvres.

Mais le téléphone sonna.

La suite fut facile. De surprise, j’appuyai sur les mauvaises touches, me mettant à découvert. Et avant même que je comprenne ce qui se passait, un beau Game-Over me faisait face. Le téléphone sonnait toujours.

« Quoi ? Hurlai-je presque en décrochant.

-Bonjour petit-frère. Moi aussi ça me fait plaisir de te parler. »

Itachi ! Encore lui ! Alors que j’étais à deux doigts de réussir ! Je raccrochai immédiatement. Peu importait qu’il le prenne mal. Dès son retour, j’allais le pourrir. Mais ce n’était pas encore d’actualité. Un coup d’œil à ma montrer me ramena sur terre. Tant pis pour mon jeu, ce sera pour une autre fois. Je devais me préparer pour la soirée. Et même si j’avais plus envie de danser la rumba avec un ornithorynque schizophrène plutôt que d’y aller, je devais néanmoins être parfait. Au moins ça, je maitrisais.

Dix-huit heures, devant mon dressing.

Que portait-on dans ce genre de soirée ? Je n’avais jamais été à une fête avant cela. J’avais été invité, parfois, mais je ne voyais pas l’intérêt de ce genre de loisir alors je n’y allais jamais. Je haïssais les première fois, j’étais toujours dans un flou total, ne sachant jamais comment me comporter ni ce qu’on attendait de moi. Plus que tout, je ne pouvais rien contrôler. Putain, mais pourquoi j’avais accepté ! Obtenir deux cents ryos me paraissait soudainement beaucoup plus aisé que de participer à cette fête pourrie !

L’angoisse, sinueuse, emplissait de plus en plus mes veines.

Dix-huit heures quinze, toujours devant mon dressing.

Un jean et un tee-shirt serait suffisant ? Non, trop simple. Il fallait quand même être un peu plus habillé. Mon costume Armani, un cadeau de mes grands-parents ? Non, j’allais le pourrir. Si un imbécile renversait un truc sur moi (du fromage, de la sauce tomate, de la bière…), il serait foutu. Et puis j’allais faire guindé surtout. Il fallait que je sois classe et décontracté. Merde.

Dix-huit heures trente, au milieu d’un océan de vêtement.

J’allais pleurer. Vraiment. D’une part ranger mes vêtement allait me prendre au moins trois heures, sans parler de tout le repassage que j’allais devoir refaire, je n’étais toujours pas habillé. Et le mieux de tout, j’étais sensé y être dans une heure et demi.

« Oh mon dieu ! S’exclama ma mère effrayée en voyant son pauvre fils au bord du suicide en caleçon au milieu d’un champ de vêtements, qu’est-ce qui se passe mon chéri, me demanda-t-elle en s’avançant vers moi. Tu sais que tu dois bientôt te préparer sinon tu seras être en retard.

-Oui…

-Et bien habille-toi !

-C’est ce que j’essaie de faire depuis un certain temps déjà. »

Elle me souffla un « courage » avant de repartir. Elle aurait pu au moins m’aider !

Dix-neuf heures trente.

Après un délicieux bain exfoliant et relaxant aux huiles essentielles de citron, quelques essayages laborieux, une préparation plus que soignée, j’étais enfin prêt à partir. J’avais opté pour mon jean noir et une chemise blanche que ma mère, dans son extrême bonté, m’avait repassée. A la place de mon blaser, je portais la veste de mon costume Armani. Un bon compromis. Et franchement, j’étais magnifique. Je me tournai devant le miroir pour voir l’effet que je ferai dans n’importe quel angle de vue. Les vêtements tombaient impeccablement sur moi, j’avais l’impression d’être plus âgé, et de pouvoir tout réussir. Mon visage semblait d’ailleurs plus assuré, et surtout plus net grâce au soin à l’argile que je m’étais consciencieusement appliqué. Mes cheveux, pour une fois depuis longtemps, avait la forme exacte que je souhaitais. Et je n’avais pas de pellicules sur les épaules.

J’étais superbe, j’étais génial, mieux, j’étais Dieu. Rien ne pourra m’atteindre.

Dix-neuf heures cinquante-huit et quarante-trois secondes.

Devant la porte d’Ino, je sonnai. J’avais un peu plus d’une minute d’avance selon ma montre, mais c’était négligeable. Parce qu’au vu de la musique et des rires qui me parvenaient, ça avait déjà commencé.

Etrangement, je ne me sentais plus du tout inatteignable. Je transpirais dans ma veste de costume, je sentais mon visage devenir moite, ainsi que mes mains. Je ne savais pas trop comment me positionner, en appui sur une jambe, tendu sur les deux, adossé au mur… J’avais l’air d’un imbécile.

Lorsque la porte s’ouvrit, mon cœur arrêta de battre pendant quelques secondes et mes entrailles se nouèrent brutalement.

Vingt-deux heures vingt-six.

« Non merci, répondis-je las.

-Tu es sûr ? Mais t’as rien bu !

-Si, rétorquai-je en montrant mon verre, du jus d’orange. »

Que j’avais moi-même amené, mais j’évitai de le préciser. Kiba souffla et partit, me laissant seul sur ma chaise dans un coin sombre du salon. Entouré d’un bol de cacahouètes, un paquet de chips et du jus d’orange bien-sûr. Deux heures que j’étais arrivé, et que j’étais là, à cette fête qui battait son plein. Je devais reconnaître qu’Ino était un sacrée organisatrice. Elle avait transformé son salon en piste de danse improvisée, elle avait poussé tous les meubles et enlevé tous les objets fragiles qu’elle avait sans doute mis dans une des chambre. Les tables et les chaises étaient contre le mur, pour ne pas gêner, rempli de nourriture et d’alcool. On avait tous un verre avec notre nom dessus pour le reconnaitre. Il devait y avoir une vingtaine de personnes qui riait, dansait, discutait et mangeait. Personne n’avait l’air de s’ennuyer. Mais bon, vu que c’était la première fois que j’allais à ce genre de soirée, ça n’avait peut-être rien d’exceptionnel. Les gens se balançaient au rythme de la musique qu’une sono crachait, c’était fort, vibrant et sensuel. L’alcool coulait à flot bien-sûr. Et j’étais le seul à ne pas en boire.

Pour me justifier, j’avais dit à Kiba et Naruto qui n’avaient pas arrêté de me faire chier pour que je boive, que mon régime alimentaire m’interdisait la consommation d’alcool. Avec le recul, je me rendais bien compte que ce que j’avais dit sonnait comme profondément féminin. Mais je préférais ça plutôt que de leur dire que j’avais vraiment peur de l’effet que ça allait me faire. J’avais lu des brochures sur l’état dans lequel on était, cette levée d’inhibition qui nous enhardissait, repoussant nos limites, voire les abolissant, m’avait persuadé de ne jamais y toucher. Sans parler des pertes de mémoire associées et du probable vomi. A choisir je préférais la moquerie et rester maître de moi-même.

Je n’avais, par contre, pas pensé que cela m’exclurait de la fête. En même temps, je ne savais pas trop comment me comporter. Lorsque tout le monde était dans son état normal, j’étais quelqu’un de plutôt chiant, taciturne. Je penchais plus pour l’écoute et l’observation que pour la parole. Donc là, alors qu’ils étaient tous si exubérants, je devais vraiment être de très mauvaise compagnie.

C’était triste quelque part. Car si j’étais totalement honnête avec moi-même… je les enviais.

Et qu’est-ce que je me faisais chier !

Du coup pour tromper l’ennui, je dévorais les cacahuètes. Ou bien je les lançais sur des gens sans qu’ils s’en aperçoivent. Kiba était une cible de choix. Il était bien trop saoul pour capter ce que je faisais. T’es qu’un abruti Sasuke, pensai-je, t’es aussi intéressant que l‘espèce de bouquet de fleur vert sur la tapisserie du salon d’Ino. Quelle idée de venir ici ! Je pouvais tout de même me consoler en me disant que je n’étais pas tout à fait là pour rien. La raison de la plupart de mes troubles était pile dans mon champ de vison. Elle discutait allègrement avec un gars que je ne connaissais pas. Elle avait les joues roses et elle gloussait fort. Etait-elle ivre ? Malgré la musique je devinais le carillon de son rire. Pourquoi était-elle si exubérante ? Elle touchait régulièrement le bras de ce type de façon trop familière à mon goût.

Je sentais la rage monter, la jalousie me dévorer. Arrêter de la regarder, se concentrer sur ce magnifique bol de cacahuète.

J’étais jaloux. Jaloux de ce type qui arrivait à être normal, qui pouvait parler avec autant d’aisance, qui provoquait un sentiment autre que de l’exaspération ou l’énervement à la fille qui… que je… à Sakura.

Je soupirai, le mieux serait que je parte, je n’avais rien à faire ici.

Quelqu’un tomba lourdement sur la chaise à côté de moi avec un grand soupir. Je sus que c’était elle avant même de la regarder. Je dus avoir l’air bien bête à la fixer sans rien dire. Mais elle ne s’en moqua pas. J’eus droit à un sourire timide, ses yeux me fixaient étrangement. J’étais… envouté ? Ouais, pas très viril comme sentiment. J’avais la subite impression que la musique s’était coupée, que les gens étaient partis, nous laissant juste seuls, simplement elle. Et moi.

J’étais peut-être bien ignorant sur beaucoup de sujet, mais je n’étais pas si naïf. Tout ce que je ressentais, l’effet qu’elle me faisait, toutes ces choses ne m’en montraient qu’une seule : elle me plaisait. Elle était tellement différente de moi. Je croyais arriver à tout contrôler dans ma vie, avec elle tout était nouveau. Chaque fois que je pensais maitriser, elle me déstabilisait encore et encore, me bouleversant. Bien que je me sente perpétuellement nul, elle avait attisé toute ma curiosité. J’avais envie de la connaître, réellement. De comprendre ses pensées, de tout savoir d’elle, de son gâteau préféré à ses plus grands rêves. D’un autre côté, je me révoltais contre ça, je n’arrivais pas à concevoir qu’une seule personne arrive à me faire cet effet, et je refusais que qui que ce soit m’atteigne, surtout aussi facilement. J’étais en très colère contre moi-même d’être si faible. Tous ces sentiments rendaient la situation particulièrement complexe. J’étais vraiment dans la merde.

Et là, juste son sourire, ses yeux brillants, la légère coloration rose de ses joues, me chamboulaient. Je tentai de lui rendre son sourire, que je devais être bien maladroit !

« Tu ne t’ennuies pas trop ? me demanda-t-elle soudainement, brisant la glace.

-Oh, eh bien, hésitai-je, je…

-Tu peux le dire tu sais, ça se voit tellement !

-Ah… me renfrognai-je, j’avais vraiment l’impression d’être un livre ouvert avec elle et je détestais ça. »

Elle rit, puis passa une main dans ses cheveux, soudain lasse.

« Je m’ennuie aussi, je viens de passer la dernière heure à repousser un type de façon polie. Mais il n’avait vraiment pas l’air de comprendre. Je t’assure que c’est épuisant, rajouta-t-elle en levant les yeux au ciel. »

La jalousie que je ressentais tout à l’heure se transforma en soulagement. Ce qui m’énerva.

« C’est bien que tu sois venu, je pensais pas sérieux.

-Pourquoi ça ? M’étonnai-je.

-Bah, on ne te voit jamais aux soirées, quand je t’ai proposé ça, je pensais que tu allais obligatoirement te défiler.

-Tu t’es trompée. »

La vérité, c’est que s’il n’y avait pas eu le pari, je me serais forcément défilé. J’y avais d’ailleurs pensé à de très nombreuses reprises, jusqu’à la dernière minute pour être honnête.

« En effet, sourit-elle en me piquant mes cacahuètes. T’es venu à cause du pari ou parce que tu en avais envie ? M’assena-t-elle tel un bourreau coupeur de tête. »

Je ne pus m’empêcher de rougir, cette fille lisait sans mes pensées.

« Je vois, rajouta-t-elle avant que je puisse répondre. »

Mal à l’aise, je n’osais plus faire le moindre mouvement. Sa décontraction et sa bonne humeur avaient complètement disparu. Maintenant elle me fixait sans ciller pendant un temps qui me parut interminable. J’avais l’impression d’être à poil couvert de pustules suintantes au milieu d’une rue animée.

« Je ne te force en rien du tout, finit-elle par m’assener très froidement, tu es libre de partir.

-Ecoute, je… tentai-je, je n’ai pas de mauvaises intentions…

-Oh excusez-moi monsieur Parfait ! »

Je soufflai. J’étais très très mal barré et je n’avais aucune idée de comment m’en sortir. D’ailleurs je n’avais aussi aucune idée de comment je m’étais mis dans ce pétrin. Malheureusement, tout jouait en ma défaveur. Je sentais l’angoisse monter de plus en plus. J’avais du mal à trouver mon souffle, je sentais mon cœur battre de plus en plus fort et je transpirais. Un bruit sourd résonnait dans mes tympans. Je connaissais les symptômes, une crise d’angoisse.

« Tout cela est complètement ridicule, continua Sakura, inconsciente du mal qui montait en moi. Je leur avais bien dit que ça ne marcherait pas. Mais ils sont têtus ! Et puis, sérieux Sasuke, si tout ça te fait tellement chier, t’avais qu’à refuser ce pari dès le début !

-Je… Désolé Sakura, haletai-je, je… désolé. »

Je me levai d’un coup, envoyant valser des chips au sol. Mais peu m’importait. Il fallait que je sorte de là, à tout prix. M’éloignant du brouhaha, j’avançai à tâtons dans un couloir sombre, à la recherche d’une porte, une pièce vide, n’importe quoi où je pourrais être seul et laisser passer la crise. Tout tanguait autour de moi à mesure que j’étouffais. Une porte. Il y avait une porte, là, devant moi. Quelques pas et je l’atteindrai ! Je me sentis avancer plus rapidement d’un coup, la porte s’ouvrit comme par magie mais je n’y prêtai aucune attention. Dans la pièce, je m’écroulai au sol. Il fallait que je me calme, que je me concentre. « Calme-toi, calme-toi, calme-toi, calme-toi » me répétai-je mentalement. Petit à petit, je sentis l’anxiété diminuer. Mes oreilles arrêtèrent de tinter, j’entendis alors ma respiration bruyante. Doucement, je parvins à la contrôler, inspirant et expirant à fond. Quelque chose de froid sur mon froid me fit un bien fou.

Enfin, je pus me redresser et ouvrir les yeux. J’étais dans une salle de bain au carrelage blanc éclatant. Alors que je croyais avoir su gérer cette merde tout seul, je me rendis compte que j’avais un spectateur.

« Ino ! M’exclamai-je douloureusement, qu’est-ce que…

-Je t’ai trouvé dans le couloir, me coupa-t-elle en me tendant un verre d’eau, alors je t’ai aidé. Il t’es arrivé quoi ? T’as trop bu ?

-Non… non, c’est pas ça. J’ai rien bu du tout alors… c’est juste… laisse tomber d’accord. C’est sympa de m’avoir aidé, tu peux me laisser maintenant ? »

Haussant les épaules, elle me tourna le dos et partit. Putain, ça craint… Personne ne savait que j’étais sujet aux crises d’angoisse. On me trouvait déjà bizarre, si ça se savait, j’allais avoir des problèmes. Pourvu qu’Ino ne comprenne pas ce qu’elle avait vu. Je préférais qu’elle pense que je ne tenais pas l’alcool plutôt qu’elle sache pour mes crises.

Je me relevai. L’eau sur mon visage me fit un bien fou. Je regardai l’heure, vingt-trois heures. J’avais tenu trois heures. Quel exploit, pensais-je ironiquement.

Alors que j’allais partir en douce, je jetais un dernier coup d’œil au salon. Tous s’amusaient, dansant à fond sur des chansons rétros, un verre à la main. Je n’avais rien à voir avec eux, il y avait un univers entier entre nous. J’aurais dû rester chez moi putain ! Avec mon chien, mon peignoir, un sandwich et ma console. L’idéal !

« Sasuke ! Entendis-je derrière moi alors que je descendais les marches du perron d’Ino, attends !

- Oui ?

-Tu… tu vas bien ? »

Elle était toute frissonnante dans sa fine robe en soie. Son maquillage avait coulé sous ses yeux, son chignon était défait et elle devait sentir l’alcool et la sueur. Malgré tout ça, malgré ses rejets, malgré ses moqueries, je la trouvais magnifique. J’avais envie de la toucher, de la froisser, de la sentir. De tout lui prendre.

« Sasuke, je t’ai posé une question, me ramena-t-elle à la réalité.

-Oui, je vais bien.

-Tu t’en vas ? »

Etait-ce de la déception que je lisais dans son regard ? N’importe quoi, valait mieux que je rentre me coucher…

« Euh… ouais…

-Je comprends. Bonne nuit alors.

-Bonne nuit.

-Et Sasuke, me lança-t-elle alors que j’allais partir, ça m’a fait vraiment plaisir que tu viennes. »

Abasourdi, je la regardai me tourner le dos et rejoindre la fête.

Dans mon lit, je me repassai la soirée en revue. Bien-sûr, j’avais été pathétique dès le début. Ne parlons pas de la crise, valait mieux oublier. Depuis le début de ce pari à la con, j’entachais de plus en plus l’honneur des Uchiwa. Bientôt j’allais être plus proche du labrador que de l’être humain. Peut-être aurait-il fallu que je boive ? Après tout, j’étais le seul sobre, et le seul relégué en mode tapisserie. C’est d’ailleurs ce que j’aurais dû faire, vu que même sans une goutte d’alcool j’avais réussi à me saper. Pathétique, je sais. L’espérance d’une vie sociale digne de ce nom avait volé en éclat.

Soudain, quelque chose me revint. « Je leur avais bien dit que ça marcherait pas ». C’est ce qu’elle avait dit, Sakura, quand ma crise montait. Elle parlait du pari ! Mais… qu’est-ce qui ne devrait pas marcher. Que j’accepte le pari ? Ou que je réussisse ? Non, ça ne pouvait pas être ça, c’était pas logique.

Mais plus important que tout, ce truc qui devait « marcher » avait un rapport avec le pari. Et elle avait prononcé « bien dit », du coup j’en déduisis que Naruto et Kiba avait dit quelque chose à Sakura qui leur avait déconseillé de le faire. Mais ils l’avaient fait quand même. Rien d’étonnant de leur part. Etait-ce le pari lui-même qu’elle leur avait déconseillé, ou autre chose en rapport avec le pari ? Si je suivais mon raisonnement, et que je choisissais la première option, cela voulait dire que Sakura aurait été au courant du pari avant moi. Qu’elle leur avait déconseillé mais qu’elle les avait laissé faire…

Je me redressai d’un coup, sous le coup de mes conclusions. Pour quelle raison Naruto et Kiba avaient-ils parlé du pari à Sakura avant moi ?



Voilà, c'est le temps pour vous de me lyncher ! J'espère tout de même que ça vous a plu...

La suite ne mettra pas deux ans à arriver, c'est certain, j'ai d'ailleurs commencé à l'écrire ^^

A bientôt <3




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