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Fiction: Pour cent ryos

J’étais… obsessionnel compulsif, un peu paranoïaque, acrophobe, angoissé, maniaque, orgueilleux, têtu, narcissique, routinier, puceau, vieux, complètement névrosé, rancunier, agoraphobe, arrogant, hautain, radin, despotique et surtout un très grand crétin. Peut-être étais-je né sous une mauvaise étoile ? Ou qu’une vilaine sorcière déguisée en petite fée scintillante m’avait murmuré une malédiction à l’oreille, penchée sur mon berceau ? En tout cas, ils m’avaient bien eu !
Classé: -16D | Spoil | Humour / Romance | Mots: 17156 | Comments: 27 | Favs: 27
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starmornielna (Féminin), le 19/06/2011




Chapitre 2: Ou comment j’aurais trop aimé être une petite jupe blanche plutôt qu'un pauvre type aveuglément con



D’aussi loin que je me souvienne, je n’avais jamais été en retard, quel que soit l’endroit où j’allais. J’étais toujours très ponctuel, pile à l’heure. Même lorsque j’étais malade où que le chemin menant au lycée était impraticable. J’essayais de faire ce qui me semblait important. Ma mère m’avait élevé selon des valeurs que je me faisais un devoir de perpétuer. Je détestais la manie de certains d’arriver toujours en retard. Mon frère en était le parfait exemple, il aimait à penser qu’il fallait se faire désirer pour attirer l’attention. Je trouvais ça particulièrement malpoli et lorsqu’il le faisait, je devais faire preuve de toute la retenue dont j’étais capable pour ne pas lui en mettre une pour ce que je considérai comme un manque cruel de respect. Alors je n’allais pas faire ce que je condamnais chez les autres. Cette habitude que j’avais d’arriver pile à l’heure partout où j’allais m’avait valu de nombreuses moqueries de la part de mes camarades de classe, surtout lorsque j’étais plus jeune, et bien-sûr de mon frère. Mais je n’y faisais jamais attention car le sentiment de plénitude que je ressentais à chaque fois que j’arrivais quelque part pile à l’heure était incroyable.

Là devant mon miroir, je me rendais bien compte que j’étais bizarre, et que quelque part ce n’était pas tellement normal d’éprouver ce genre de sentiment pour quelque chose d’aussi insignifiant. Mais d’un autre côté je pouvais me rassurer en me disant que je ne faisais rien de mal. Je ne blessais personne par mon comportement, on pouvait me qualifier de chiant, mais rien de plus. Ou plutôt, la seule personne à qui je faisais du mal, tout en pensant lui faire que du bien, c’était uniquement moi-même.
Enfin, s’il y avait bien quelque chose que je n’avais jamais manqué depuis trois ans, qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il fasse cinquante degrés à l’ombre, c’était mon footing matinal. Même pendant les vacances. Et aujourd’hui, je l’avais loupé. Je ne m’étais pas réveillé. J’avais eu la surprise de me faire réveiller par ma mère, qui m’avait trouvé encore au lit alors qu’elle passait m’apporter des vêtements propres.

Il était huit heures moins le quart, soit un quart d’heure avant le départ de la maison et trois quarts d’heure avant le début de mon premier cours.

Je ne comprenais pas. La veille, je m’étais pourtant couché à dix heures, comme d’habitude. Et je n’avais éprouvé aucune difficulté à m’endormir. Je scrutai mon visage dans le miroir. Je n’étais pas différent de la veille et pourtant je ne pouvais que remarquer les légers cernes sous mes yeux encore gorgés de sommeil. Ni les quelques petites tâches rougeâtres sur mes pommettes habituellement pâles. Quelque chose m’arrivait, et je ne savais pas quoi, ce qui me rendait particulièrement anxieux. Une autre personne en aurait eu sans aucun doute rien à foutre ou n’aurait rien vu du tout, mais j’étais tellement dans la maitrise de moi-même et de ce qui m’entourait que lorsque je n’y arrivais pas ça me donnait l’impression étouffante de perdre le contrôle. Et la dose d’angoisse avec. Je dus prendre de grandes respirations pour calmer mon cœur affolé. Heureusement que mon esprit préférait se focaliser sur la cause de mon absence de réveil plutôt que du reste parce que sinon j’aurais fait une crise d’angoisse.

Préférant me détendre, je me passai de l’eau bien froide sur le visage, histoire de faire dégonfler mes yeux. La douche me fit aussi un bien incroyable, l’eau chaude détendait mes muscles et soulageait mon dos.

Si je devais être totalement honnête avec moi-même, quelque chose me préoccupait bien ces trois derniers jours. Ce foutu pari. En vérité, j’en voulais à mes amis pour m’avoir piégé si facilement, surtout que, depuis, ils étaient abominablement insupportables. Ils me poursuivaient tout le temps pour connaitre mon avancée avec la fille aux cheveux roses, que j’avais nommée « Mademoiselle Rose ». Si j’avais été un grand paranoïaque à la limite de la schizophrénie, j’aurais dit qu’ils en savaient plus qu’ils ne le prétendaient, voire même qu’ils connaissaient la fille en question.Ca me paraissait quand même bizarre qu’ils l’aient choisie elle en particulier. Mais ils n’étaient pas si futés pour ça, c’était tout bonnement impossible. Je connaissais les personnes qui m’entouraient quand même, je n’étais pas si ingrat que ça !

Quand bien même, cela n’avait aucune importance, il fallait que je me reprenne, définitivement. Hors de question que je perde ce pari ! Après tout, ça n’avait pas l’air bien compliqué de sortir avec une fille, tous les gars de la terre l’avaient fait. Alors pourquoi pas moi ? Je sortis de la douche et me mis en face du miroir. Le reflet qu’il me renvoyait me laissait… dubitatif. C’était d’ailleurs la première fois que je doutais de quelque chose me concernant. Habituellement, j’étais tellement sûr de tout ! J’enlevai ma serviette et observai mon corps avec plus de précision. Ma peau était pâle, avec très peu de poils, alors que mon frère en avait une vraie toison sur le torse qu’il se faisait un devoir d’épiler toutes les deux semaines. Je bougeai mes bras pour observer mes muscles rouler sous ma peau. J’étais plutôt fin, et musclé, mais c’était modéré. Petit, j’avais pas mal de rondeur, puis lorsque je m’étais mis au sport tout était redevenu normal. C’était principalement pour ça que je me forçais à courir tous les matins. Malgré ma forme, c’était assez discret. Je ne possédais pas de muscles imposants à limite de faire craquer le tee-shirt, ni des énormes abdominaux. Et j’aimais ça. Mon visage, quant à lui, n’était pas très viril selon les dires de mon frère. A l’image du reste de mon corps, j’avais un visage fin, un peu anguleux. Mes yeux étaient noirs charbon, classique quoi, rien d’exceptionnel. Mon physique ne m’avait jamais dérangé, au contraire je me trouvais plutôt pas mal. Un Uchiwa brille dans tous les domaines, donc obligé je suis beau ! Toutes mes grands-tantes me le disaient, et j’étais l’amoureux de toutes les petites filles du clan en âge de comprendre. Seulement là, maintenant, cette certitude fondait comme neige au soleil. Mes cheveux par exemple me semblaient bien laids ce matin. Je remarquai que certaines mèches d’un côté n’étaient pas posées symétriquement par rapport à l’autre côté, et l’humidité de la douche en avait enlevé tout le volume. Je repris mon gel pour arranger ça. Seulement, ça ne donnait jamais ce que je voulais. Les mèches de mes cheveux ne rendaient pas l’ensemble harmonique, et c’était toujours aussi plat. J’enclenchai le sèche-cheveux de ma mère, peut-être que ça donnerait mieux une fois sec. Mais non, c’était encore plus affreux. J’étouffai un juron avant de remettre rageusement du gel pour arranger le tout. Je façonnai mes mèches avec un maximum de concentration, les yeux rivés sur le miroir, avant de me repasser un coup de sèche-cheveux dessus. J’aurais dû m’abstenir. En mettre par-dessus du gel sec n’était pas très brillant. Ça me donnait l’impression carrément improbable d’avoir les cheveux en carton et gras à la fois. J’étais maudit. Entre ça, et le réveil raté de ce matin, tout partait en live aujourd’hui.

« Sasuke ! Hurla ma mère depuis le couloir, si tu ne pars pas maintenant tu vas être en retard ! »

Putain ! Pensai-je alors que je sortais en urgence de la salle de bain, comment j’avais pu rater l’heure ! Pour la première fois de ma vie j’allais être en retard, il ne fallait pas du tout que ça m’arrive. Je sentis la sensation habituelle de l’angoisse me parcourir les veines alors que mon cœur commençait une danse endiablée et que ma respiration se saccadait. Non ! Tout n’était pas encore perdu, je ne devais pas me laisser aller. Je bondis dans ma chambre, mis en vitesse mes vêtements que j’avais judicieusement préparés la veille avant de courir comme un fou dans le couloir. J’atterris dans un parfait dérapage de chaussettes devant ma mère qui me tendait mon sac dans une main, un croissant dans l’autre en souriant, mes Converse à ses pieds. Ah ma maman, la meilleure de toute !

Je me sentais l’âme d’un grand ninja investi d’une mission ultra secrète, à courir comme un débile sur le trottoir, évitant les rares passants. Et j’’étais pathétique.

J’arrivai miraculeusement à l’heure au lycée, complètement essoufflé. Je ne savais pas trop ce qu’il m’arrivait en ce moment, mais j’avais l’impression que depuis lundi tout était chamboulé. Je soufflai, si je continuais à trop réfléchir j’allai finir en psychiatrie. En attendant, personne ne devait savoir que j’avais failli arriver en retard, mais juste failli, ce qui me soulagea. La tension que je ressentais avant de partir s’évanouit d’un coup, calmant les pulsations de mon cœur. Je respirai un grand coup, prenant un air neutre et avançai nonchalamment vers mes amis que je venais de repérer. J’étais un putain de génie.

« Oh merde, jura Naruto lorsqu’il me vit.

-Bah merci, m’indignai-je, bonjour à toi aussi.

-Euh… Sasuke, il t’est arrivé quoi ce matin ? Me questionna Kiba. »

Non… Ils avaient remarqué que j’étais en retard ! Comment j’allais faire ? Tous ces efforts pour rien ! L’orgueil dont je faisais preuve à peine deux secondes avant que l’autre crétin n’ouvre sa bouche m’éclata en pleine figure. Et la panique recommença à monter en moi, pour la troisième fois depuis mon réveil. Et comble de l’horreur, je sentis mes joues chauffer. Je rougissais. Moi, Sasuke bordel d’Uchiwa, j’avais des putains de rougissements ridicules sur mes putains de joues. Et avec ma putain de peau blanche cadavre, ça devait se voir encore plus ! Je passai ma main dans mes cheveux d’accablement, jurant tout bas. Et là, je sentis ce qui n’allait pas. Que je pouvais être stupide parfois ! Bien-sûr, ils n’avaient pas du tout remarqué mon retard, vu que j’étais arrivé à l’heure au lycée, ils ne pouvaient pas du tout le deviner à moins de vivre avec moi ou d’avoir des pouvoirs magiques. Mais j’aurais peut-être préféré qu’ils sachent que j’étais en retard, plutôt que ça. Le rire de Naruto résonna dans la cours, les élèves autour de nous se retournèrent, curieux.

« T’as fait quoi à tes cheveux ? Me demanda, ou plutôt me hurla Naruto. Tous les regards se vrillèrent sur ma pauvre chevelure que j’avais oubliée de laver.

-Un crash-test capillaire ? Tentai-je. J’étais de plus en plus pathétique. »

J’avais une furieuse envie de m’enfuir les bras en l’air en hurlant comme un possédé, direction les toilettes, pour arranger ce massacre. Mais la sonnerie de début de cours se déclencha à ce moment-là et je savais que j’allais devoir au moins passer la mâtinée avec mes cheveux carton-gras. Super.


En cours, je n’écoutais rien. Pas à cause de mes cheveux, je les avais complètement oubliés à ce moment-là. J’étais juste pétrifié par ce que je venais de découvrir. A deux rangs de moi, se tenait ce qui était devenu mon cauchemar personnel depuis lundi, à savoir Mlle Rose avec qui je devais sortir. Elle était juste là, dans un ridicule tee-shirt gris large représentant la fée Clochette, ses cheveux roses étaient retenus en queue de cheval par une pince argentée. Nous étions en avril, et elle était dans ma classe depuis au moins septembre, donc huit mois. Et je ne l’avais jamais vue. Pourtant ce n’était pas dur de la remarquer. Elle était la seule de la classe à avoir les cheveux de cette couleur. Elle détonnait. Etais-je si centré sur moi-même que j’occultais toutes les personnes n’ayant aucun intérêt pour moi ? Je jetai un regard circulaire à ma classe. Je remarquai aussi la blonde que j’avais vue déjeunant avec l’inconnue lundi dernier. Mon cœur tambourina douloureusement dans ma poitrine alors que mes yeux me piquaient. Que m’arrivait-il ? Etais-je vraiment ce genre d’individu ? Ce gros enfoiré qui en avait rien à foutre des gens à par lui ? En regardant la fille, j’eux confirmation : c’était bien ce que j’étais devenu. Moi qui haïssais moi frère pour son arrogance, son orgueil et sa façon de mépriser les autres, je me rendis douloureusement compte que je n’étais pas du tout différent. Bien au contraire. Au fond j’étais comme lui. Cette vérité m’explosa en pleine figure et j’haletai.

Perdu, je tournai la tête vers mon voisin de table Naruto. Nos yeux se croisèrent. Il arborait une expression qui me retourna le ventre. Je ne l’avais jamais vu être autre chose qu’un gamin stupide et chiant, attachant aussi. Sa bonne humeur m’inspirait le respect et c’était essentiellement pour ça que je continuais de le côtoyer. J’étais une personne horrible. Sa bouche s’étirait en un sourire presque tendre, et ses yeux brillaient de compréhension et de douceur. Il savait que je l’avais vue, ça devait bien arriver. D’un coup, mes soupçons comme quoi Kiba et lui en savaient plus qu’ils ne le laissaient paraitre me parut plus qu’évidente. Ils avaient tout monté ensemble, toute cette merde n’avait rien d’un hasard, ou d’un délire soudain comme je le croyais. C’était prémédité. Pour plusieurs raisons qui m’échappaient. A moins que… à moins qu’ils en aient eu marre de voir quel gros connard j’étais, et qu’ils voulaient m’ouvrir les yeux. Mais ils auraient très bien pu me le dire clairement, sans monter autant de stratagèmes, et de monter un plan aussi tordu. Et puis, pourquoi impliquer cette fille ? Ça ne pouvait pas être pour l’argent, ils savaient très bien que j’allais tout faire pour réussir. Et même si je ne sortais pas avec elle, je savais que l’argent n’était pas leur motivation, c’était bien trop simple. Tout revenait donc à elle. Qu’avait-elle donc de si spécial ?

« Monsieur Uchiwa, je ne pense pas que les réponses de l’exercice soient écrites sur le visage de votre voisin ! »

Je sursautai, remarquant que toute la classe avait les yeux rivés sur moi, tous sauf elle. Pourquoi ne me regardait-elle pas comme les autres ? Me détestait-elle, ou en avait-elle rien à faire ? Moi-même, je ne faisais pas du tout attention quand ce genre de situation arrivait à quelqu’un d’autre, peut-être en allait-il de même pour elle… Toutes ces questions et ces incertitudes allaient me rendre complètement fou !

« Sasuke, au tableau immédiatement ! »

Merde, je l’avais complètement oublié, lui. Mettre un vent à un professeur n’était pas très intelligent. En allant au tableau, je relevai le regard choqué de presque toute la classe. Il est vrai que de toute ma scolarité, jamais je n’avais été rappelé à l’ordre, ni envoyé au tableau. J’accumulai vraiment aujourd’hui.

« Bien, alors Sasuke, résolvez donc la première équation. »

Alors que je réfléchissais, je me tournai vers la salle et mes yeux croisèrent les siens, ceux de Mlle Rose. De là où je me trouvais, je pouvais voir leur couleur, comme au self. Sa peau blanche ne l’était pas autant que la mienne. La sienne était un peu plus colorée et dorée. Ses yeux étaient petits, un peu bridés, légèrement soulignés de noir, du maquillage. Sa bouche était rose, fine, elle mordillait un stylo de façon… sensuelle, alors que des fossettes creusaient joliment ses joues. Ses cheveux tirés en arrière par sa queue de cheval dévoilaient son front légèrement bombé, assez grand comparé au reste de son visage. Mais elle était jolie. Je remarquai que ses ongles étaient accordés à son tee-shirt, elle les avait peint en gris-argenté. J’allais continuer ma découverte quand le prof, énervé par mon comportement, se mit en colère.

« Qu’est-ce que vous avez aujourd’hui Sasuke, je ne vous reconnais plus ! Si vous continuez dans cette voie-là, vos parents en seront informés. Ça passe pour cette fois, parce que c’est la première fois que ça vous arrive, mais je vous préviens, me menaça-t-il en postillonnant de partout, si ça se reproduit je n’hésiterai pas à sanctionner ! »

Je préférai me taire et partir à ma place. En chemin je croisais encore le regard de la fille, elle riait. Ou plutôt, elle se foutait de moi. Ça commençait bien. Dire que je devais sortir avec elle, c’était vraiment pas gagné.


A dix heures et demie, en sortant de cours, je la remarquai de suite seule, contre un mur près de la porte. Elle avait son téléphone dans sa main et semblait concentré sur ce qu’elle écrivait. Ses sourcils étaient froncés, et elle mordait sa lèvre furieusement. Mon regard parcourut son corps, chose que je n’avais pu faire en cours vu qu’elle était assise. Elle avait enfilé une gabardine noire par-dessus son tee-shirt. La tête de la fée Clochette qu’elle avait dans le dos était aussi imprimée devant. Je remarquai sa jupe blanche plissée, couvrant ses jambes recouverte d’un collant anthracite. Chacun de ses mouvements faisait bouger le tissu du vêtement, comme un appel à regarder dessous. Ses pieds étaient chaussés de ballerines noires toute simples, je me rappelais que ma mère en avait une paire identique à la maison. L’ensemble parfaitement coordonné rendait bien, les couleurs douces et discrètes lui donnaient une personnalité calme, tendre. Seuls ses cheveux détonnaient par rapport au reste, comme si ça n’avait aucun rapport. Bien-sûr en grand curieux que je suis, je ne pus m’empêcher de me questionner sur ce qui avait bien pu la pousser à se teindre les cheveux en roses. Elle n’avait pas de racines visibles donc c’était quelque chose qu’elle entretenait obligatoirement. J’en déduis que c’était un choix volontaire de sa part, mon esprit bouillait d’en connaître la raison. Si je l’abordais en lui posant la question, je doutais d’obtenir une réponse, et ça allait encore plus réduire mes chances de gagner ce foutu pari.

Mais pour résoudre le « mystère de la fille en rose », je devais lui parler, elle était seule, le moment était idéal. Chez moi, la curiosité l’avait toujours emporté sur toutes mes autres réticences, et je n’étais pas patient. C’est ce qui se passa. Avant que je ne comprenne ce qui m’arrivait, j’étais juste devant elle. Elle leva les yeux vers moi et son visage se crispa imperceptiblement. Me voir ne la rendait pas heureuse. De près, je pouvais mieux l’examiner. Le vert de ses yeux était parsemé de bleu, avec quelques petites touches de doré. La lumière qui s’y reflétait les faisait briller de manière irréelle. Je n’avais jamais vu des yeux comme ça. Même si ça m’en coûtait, je devais bien avouer que cette fille en avait de plus beaux que moi.

« Mon dieu, souffla-t-elle en rangeant son portable dans la poche de sa gabardine. »

J’avais une furieuse envie de lui répondre « oui c’est moi, mais tu peux m’appeler Sasuke, je suis quelqu’un d’humble tu vois». Mais je ne le fis pas. C’était pas le moment de faire de l’humour foireux, et j’avais assez fait de connerie comme ça. Puis je ne faisais rarement d’humour, j’étais plus dans le sarcasme. Un enfoiré en somme. Pourtant ça aurait pu être marrant, Naruto devait déteindre sur moi. A la place je lui murmurai un faible « salut » qu’elle ne me rendit pas. Elle me jaugea du regard et je me sentais passer sous des rayons X. Mon assurance inexistante ne devait surtout pas être visible. Je n’étais pas doué du tout question sentiment, mais vu qu’elle s’était foutue de moi en cours, ma vulnérabilité la ferait rire. Je restais alors impassible.

« Très bien, déclara-t-elle après un instant, je sais pourquoi t’es là, et c’est non.

-Pardon ? M’étonnai-je, abasourdi, de quoi tu me parles ? J’ai encore rien dit !

-Laisse-moi deviner, t’as parié que tu arriverais à sortir avec moi d’ici un mois maxi, pas vrai ? »

Je me pétrifiai, sous le choc. Comment savait-elle ?

-« Tes amis ne sont pas très discrets. Surtout Naruto tu sais, surtout après quelques verres de téquila.

-Tu lis dans mes pensées ? »

Cette question était sortie toute seule. Mais je l’oubliai instantanément en prenant conscience de ce qu’elle venait de me dire. Naruto buvait ? Mieux, Naruto avait bu avec elle ? Mais quand, où comment, qu’est-ce qui se passait bordel ! Avais-je été enlevé par des lapins géants hypnotiseurs dans la nuit ? Ou je rêvais, et j’allais me réveiller, et tout redeviendrait normal.

« Non, j’ai deviné en voyant ton petit air perdu et affolé, répondit-elle en souriant, pauvre choute. »

Je me rembrunis. Des coups de pieds au cul se perdaient là… Mais je ne pouvais pas faire ça, sinon elle allait avoir des traces de mes pieds sur sa jupe blanche, et elle était si joliment habillée que je ne pouvais le gâcher.

« Arrête de bouder.

-Je ne boude pas, ne pus-je m’empêcher de répondre.

-Mais oui… Bref…

-Sasuke Uchiwa, la coupai-je. Et toi ?

-Je sais qui t’es. On est dans la même classe depuis le début de l’année, tous les dimanches je te croise au parc près du lycée quand je fais mon footing. Ta mère s’appelle Mikoto, ton père Fugaku. Tu as aussi un grand frère à l’université. Tu souhaites intégrer une école d’informatique après ton bac pour devenir ingénieur par la suite et travailler en lien avec la police. Tu n’as jamais eu une seule mauvaise note depuis que tu es scolarisé, tu es très méticuleux, tout ce que tu fais est toujours réfléchi, de la coiffure de tes cheveux à tes choix d’avenir…. Sauf aujourd’hui.

-Ouais je sais, répondis-je nerveusement en passant la main dans ma tignasse carton-gras.

-On s’en fout de tes cheveux Sasuke, s’énerva-t-elle, je sais jusqu’au nom de ta famille et toi tu sais même pas comment je m’appelle ! Comment tu le prendrais si ça devait t’arriver ?

-Euh…

-C’est bien ce que je pensais, alors si tu veux réussir ton pari, fit-elle en se penchant vers moi, arrête d’être un pur connard. Pourquoi je sortirais avec toi, qui ne connaît même pas mon prénom bien qu’on se voie presque tous les jours depuis septembre, alors que je pourrais trouver mieux ? »

Malgré mon attitude impassible, j’étais complètement largué. Cette fille avait une façon de me mettre au pied du mur et de m’embarrasser qui me donnait envie de hurler. Que pouvais-je bien lui répondre ? J’étais qu’un enfoiré, ça il n’y avait plus de doutes possibles. Sans attendre de réponse de ma part, elle me dépassa et partit. Le parfum de ses cheveux me parvint, c’était une odeur florale, comme les petites fleurs blanches que je ramassais, petit, des clochettes. Avec quelque chose de plus aussi, qui émanait d’elle. Je la suivis du regard alors qu’elle s’approchait de la blonde qui était son amie. Elle avait la démarche souple, ses hanches se balançaient doucement à chacun de ses pas, mouvant sa jupe qui claquait légèrement contre ses cuisses. Je pouvais voir, sous son collant, les muscles de ses mollets se contracter légèrement, me donnant l’envie déroutante de les toucher. Cette fille m’intriguait, elle était tellement bizarre. Elle se retourna brusquement et me sourit étrangement.

« À toi de trouver une réponse, me cria-t-elle, viens me voir quand ce sera fait. »

Je souris franchement alors que je la regardais partir en bavardant avec son amie blonde qui me lançait des coups d’œil pas du tout discrets.

C’était un défi ça non ?



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