Fiction: La mort te va si bien. (terminée)

Sasuke a toujours été froid, insensible... Calculateur, même. Mais un jour, il agit de manière totalement désintéressée. Pour elle. Et c'est à ce moment-là que sa vie va basculer.
Drame / Romance | Mots: 1359 | Comments: 10 | Favs: 17
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Hanabi-chan63 (Féminin), le 17/04/2011
Salut les enfants !
Ce OS est, à ce jour, le dernier en date de mes créations farfelues.
Il est... plutôt sombre.

Et je vous souhaite une bonne lecture ! 8D




Chapitre 1: La mort te va si bien.



"La mort. Quel concept stupide. Ou plutôt, on en a fait un concept stupide. La mort, ce n'est jamais qu'un corps qui cesse de se mouvoir, qu'un cœur qui cesse de battre. Et un cadavre qui décompose, un amas de chair et d'os qui pourrit pendant de longues années. Quant à l'âme... l'âme... je ne voulais pas y croire, et j'en suis venu à espérer me tromper. Mais tout est si compliqué, si embrouillé dans ma tête..."


C'était ce que pensait Sasuke Uchiwa, dernier héritier de son clan. Il ne s'était jamais vraiment remis en question, se contentant de réagir à des situations données en faisant au mieux de ses intérêts. Par exemple, lorsqu'il était devenu ANBU, c'était uniquement dans le but de toucher un salaire plus important afin de faire avancer les travaux qu'il avait entrepris dans la demeure des Uchiwa. Dans un souci de productivité. Sasuke Uchiwa avait appris bien longtemps auparavant que les sentiments concernaient ceux qui avaient des espoirs. Ce qui n'était pas son cas, il fallait être réaliste. Oui, il en "était venu à espérer". Il ne le niait pas. Mais il avait changé, chose quasi-impossible pour lui.
Comment expliquer ? Il avait toujours été quelqu'un de décidé, de doué, de réfléchi. De rationnel. Depuis qu'il avait huit ans, il avait toujours agi par intérêt, et non par éthique ou sentiment. La majorité des émotions lui était étrangères. Ce n'était pas qu'il les repoussait, non... il ignorait seulement comment les ressentir.
De la même manière, il n'avait jamais plaint quelqu'un. Jamais. La pitié lui était aussi étrangère que la joie. Il était sombre, indifférent, et sa beauté n'aurait attiré personne si l'aura de danger qui émanait de lui n'avait été si forte. Les faibles, eux, n'existaient pas à ses yeux.
Pourtant, un jour, il avait ouvert les yeux pour découvrir une jeune femme frigorifiée, presque morte sous une couche de neige que les flocons blancs qui tombaient encore épaississaient petit à petit. Sans savoir pourquoi, il s'était agenouillé dans la neige, et avait dégagé la pellicule blanche du visage de la jeune femme. Sous ses doigts la peau de la jeune femme était une surface glacée et bleuie par le froid. Les doigts de Sasuke se posèrent sur les lèvres entrouvertes de la jeune femme. Elle ne respirait presque plus. D'ici quelques minutes, elle ne serait qu'un simple cadavre.
"Le plus beau des cadavres" ne put-il s'empêcher de remarquer. C'était vrai. Les longs cils noirs de la jeune femme au bout desquels perlaient de minuscules flocons en accord avec sa pâleur mortuaire jetaient une ombre sur son visage qu'il devinait déjà d'une blancheur immaculés d'origine. Ses lèvres bleues à peine entrouvertes donnaient un éclat particulier à son visage. Elle était vraiment belle, ainsi.
La mort allait si bien à Hinata Hyuuga.
Sasuke resta là, à l'admirer, ce doux ange de cristal. Puis lui vint à l'esprit qu'elle allait mourir, pourrir. Cesser d'exister. Une telle beauté gâchée, une telle douceur... Sasuke décida de l'emmener chez lui. Doucement, il prit contre lui un corps faible et glacé. Il la soigna pendant des heures, fit venir des médecins, la sauva de la mort.
Il ne pouvait pas détacher ses yeux de ce visage, à tel point qu'il fut la première chose qu'elle vit en ouvrant les yeux.
D'abord, elle ne comprit pas ce qui lui arrivait. Son regard se floua, puis se précisa, et elle reconnut Sasuke Uchiwa. Sans qu'il ait besoin de le lui dire, son esprit embrumé devina instinctivement ce qui s'était passé. Elle ne prononça qu'un mort.
« Merci. »
Pour la première fois, quelqu'un s'était soucié d'elle, ne l'avait pas laissée partir.
Comme Sasuke l'avait compris, la raison pour laquelle il l'avait retrouvée dans la neige aux trois-quarts morte, c'est qu'elle avait tenté de se suicider. Désespérée, elle s'était laissé aller dans un élément aussi froid que sa vie. Dans l'espoir d'un peu de paix, lassée de se battre, elle avait succombé à la cruauté glaciale des Hyuuga.
Ce qu'ils connaissaient tous les deux sans se concerter bouleversa profondément Sasuke. Il lisait en elle comme dans un livre ouvert, il avait appris dans les yeux de la frêle Hinata ce qu'était la douleur de vivre, et pour la première fois de sa vie, il avait voulu faire quelque chose qui ne lui était pas utile. Il avait voulu la guérir.

Pendant des mois, ils étaient restés ensemble, isolés du monde comme ils l'avaient toujours été et pourtant unis.
Sasuke avait veillé sur elle, avait souffert à chacune des larmes qu'elle tentait si fort et si vainement de dissimuler. Il l'avait tenue dans ses bras, bordée, embrassée. Pendant des mois, il avait vécu pour elle, pour qu'elle puisse vivre à son tour. Il avait même appris à rire, à sourire, à aimer pour elle. Il avait mesuré dans les yeux enneigés toute l'intensité de la douleur qui pouvait affliger un être humain.
Sasuke avait essayé, vraiment essayé de la détourner de ses angoisses, de ses complexes, et de tous ses autres démons. Mais Hinata ne pouvait empêcher son cœur de saigner, pas plus qu'elle ne pouvait changer le sang qui coulait dans ses veines, ce sang honni qui la reliait à ses pires souffrances.
Hinata aimait Sasuke. Hinata voulait vraiment vivre, ne serait-ce que pour lui, ne serait-ce que pour pouvoir le couvrir de tendresse, ne serait-ce que pour qu'il cesse de souffrir pour elle.
Mais Hinata n'avait pas réussi. Sans un mot, une nuit, elle était partie. Sans un mot, comme deux ans auparavant, elle avait laissée la neige, froide, cruelle et immensément belle la recouvrir.
Cette fois, elle avait pris la précaution de s'éloigner suffisamment pour que les recherches durent longtemps. Pourtant, il l'avait retrouvée seulement deux heures après. Elle n'avait encore pas eu le temps de succomber. Sasuke, en lisant le mot qu'elle avait écrit au rouge à lèvres sur le miroir, avait tout de suite su où la trouver, parce qu'encore une fois, il avait suivi d'instinct le cheminement de sa pensée.
« Pardon. »
C'était ce qu'avait découvert Sasuke, en se réveillant. Alors, la peur au ventre, il s'était aventuré dehors. Il l'avait retrouvée.
Et comme la dernière fois, l'avait admirée. Vraiment, la mort la parait d'une beauté presque angélique. Irréelle.
La différence, c'est que cette fois, il n'avait pas tenté de la sauver. Il était resté là, longtemps. Il lui avait tenu la main, caressé le visage. Il avait été présent, jusqu'à la fin. Lorsque la beauté de la jeune femme avait atteint son paroxysme, il avait compris.
Elle était belle, et bien morte.


"Oui, la mort est un concept stupide. Le jour de son enterrement, tout le monde a posé une rose blanche sur sa tombe. Tout le monde, même ceux qui ne lui avait jamais adressé la parole. A les voir, on aurait dit qu'ils avaient perdu la femme de leur vie. Alors qu'ils ne la connaissaient ni ne l'aimaient. Moi, je l'ai aimée. Un être si faible, si... inutile. Je l'ai aimée de toutes mes forces, et elle n'a pas su vivre. Aujourd'hui, je sais qu'elle n'en était pas capable. Elle avait trop souffert, trop intensément. Elle avait trop pleuré en trop peu de temps. On dit qu'une femme devient belle lorsqu'elle s'épanouit. Hinata s'épanouissait dans la mort, se sublimait à chaque seconde. Pourtant, je n'ai pas su accepter. Je n'ai pas jeté de fleur sur sa tombe. Je ne voulais pas qu'elle parte."


Il l'avait gardée près de lui pendant dix ans. Sasuke Uchiwa, si pragmatique, était devenue une âme blessée, incapable de bonheur, presque comme l'avait été Hinata une décennie plus tôt.
Aujourd'hui, il se tenait droit, devant une pierre tombale immaculée. Dans sa main, une rose rouge dont les épines lui rentraient dans la peau. Sans se soucier du sang qui goutait sur le sol, il serra plus fort la fleur.
Et dans un effort surhumain, il l'envoya se poser devant la pierre. C'était fini, il avait accepté, il avait compris.

Il laissait, si elle existait, l'âme de Hinata partir. Avec une pensée qui persistait, une interrogation qui n'aurait jamais de réponse.
Si personne ne l'avait retenue, peut-être ne serait-elle jamais partie.




Vous en pensez quoi, les enfants ?



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