Attention, cette fanfiction de Naruto est catégoriée spoil, c'est à dire qu'elle peut évoquer des passages du manga qui ont été publié au Japon mais pas encore en France. Sa lecture est donc susceptible de vous gacher le plaisir proccuré par le manga. Pour enlever ce message et voir toutes sections Spoil du site, rendez vous dans vos options membres.
Seul, il l'avait toujours été. Et sans doute le resterait-il toujours.
C'était son destin, c'était ainsi, et il ne pouvait rien y faire.
Peut-être que s'il n'avait pas porté ce nom, et ce passé, tout serait différent. Mais le fait était là. Il était ce qu'il était, et il ne pouvait réécrire l'histoire.
A présent, il le savait. Quoi qu'il fasse, il resterait seul. C'était inéluctable.
Sëlan (Masculin), le 22/07/2012 Bonsoir tout le monde ! Déjà neuf chapitres, et au regard de la tournure que prennent les choses, ça risque pas de s'arrêter de si tôt ! Bon, avant toute chose, laissez-moi vous dire que je me suis un peu permis quelques folies sur ce coup. Donc si vous trouvez à un moment que ça devient légèrement n'importe quoi, rassurez-vous, tout est parfaitement normal ! Le plus important, je pense, lorsque l'on lit cette histoire, c'est de garder à l'esprit que je suis le premier à n'y rien comprendre.
Chapitre 9: De la chrysalide au papillon
Complément de commentaire
Eh oui, je vous racontais tranquillement ma vie, quand tout à coup, on a eu l'indécence de me bloquer, donc je continue. Tout ce que j'ai rédigé jusqu'ici, je l'ai fait au feeling. J'en sais à peu près autant que vous sur la suite. Ce que vous lisez, c'est quasiment du premier jet (sauf quand je juge ça trop mauvais ou délirant pour avoir le courage de le poster, et bien sûr, je m'efforce un peu de me corriger). La raison en est simple, quand j'ai commencé à écrire cette histoire, je l'ai fait pour me détendre, et je l'ai surtout fait sur un coup de tête, sans plus chercher à élaborer quoique ce soit avant de me lancer. Peut-être qu'un jour je pondrai quelque chose de travaillé et de sensé ici, mais je suis pour l'instant trop occupé ailleurs pour pouvoir me consacrer à ça. Ne vous inquiétez en revanche surtout pas, cette histoire aura bien une fin décente, j'en fais un point d'honneur. Ce sera peut-être brutal et inattendu, mais quand j'aurai décidé d'y mettre un terme, on aura pas un chapitre en plan qui laisse clairement deviner une suite. Bref, venons-en au deuxième point (allez, courage, encore un petit effort).
Avec ce chapitre, on va amorcer quelque chose que je maîtrise encore bien mal et que j'aurais bien besoin de perfectionner. Eh oui ! Je suis une daube pour tout ce qui concerne les sentiments autres que mon pessimisme permanent me permet de connaître ! Enfin, disons que le vieux loup solitaire que je suis n'en est pas moins qu'un jeune louveteau (voilà, ça y est, maintenant vous avez pitié de moi, et au passage, vive les Stark ! ) Les débuts risquent donc d'être assez difficiles, mais j'ai bon espoir quant à mon amélioration prochaine (un peu de naïveté ne peut pas faire de mal). Une autre petite chose encore, j'ai laissé dans ce chapitre quelques références qui peuvent parfois être dures à comprendre, tout simplement parce que vous ne connaissez pas le domaine auquel elles appartiennent. Donc si jamais vous tombez sur quelque chose d'incompréhensible, demandez, je me ferai un plaisir de vous éclairer dès que je le pourrai. Bon, puisque je sens déjà vos regards de suppliciés en proie à la famine, je ne vous dirai plus que Bonne lecture !
Il sentait sa présence. Elle était proche, bien trop proche. Il voulait la voir, il désirait plus que tout la voir. Mais là, dans l’état actuel des choses, c’était à peine s’il pouvait se payer le luxe de la pensée. Il baignait encore dans les eaux sombres qui environnaient la cage désormais ouverte. Le démon n’était plus là. Mais il le sentait non loin. Il n’était pas encore parvenu à se défaire des enchevêtrements complexes et désordonnés de couloirs que constituait cette partie de son esprit. Il devait l’arrêter, tant qu’il lui restait cette chance minime de l’atteindre ; et pourtant, il ne parvenait pas à se relever. L’espoir l’avait quitté, abattu par ses propres faiblesses. Il s’était cru capable d’en venir à bout, il s’était cru en mesure de remettre ses démons à leur place. Il avait échoué. Pourrait-il seulement en venir à bout ? En était-il même capable ? Il avait cru… Il avait cru que comme son père avant lui, il tiendrait face au renard, que comme lui il vaincrait le démon redouté par tous ses congénères. Il avait même poussé sa folie à songer que peut-être il le surpasserait, que peut-être il en sortirait indemne. N’était-il pas devenu intelligent ? N’était-il pas plus sensé qu’il ne l’avait jamais été, suffisamment sensé pour comprendre et entrevoir ses propres limites ? Yamato l’avait pourtant prévenu. Il lui avait dit, il l’avait avisé des dangers auxquels il s’exposait en agissant comme il l’avait fait jusqu’alors. Yamato avait essayé de le protéger, mais pourquoi n’avait-il même pas pris la peine de l’écouter ? Le renard avait attaqué au pire moment, mais il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Il ne pouvait s’en prendre qu’à ses peurs qu’il maintenait naïvement dans un coin de sa tête sans jamais plus oser les affronter. Jiraya aussi lui en avait parlé ; il l’avait prévenu de ce qui finirait par arriver. Mais lui, il n’avait plus vu qu’Hinata. Hinata, qui se trouvait quelque part, dehors ; qui l’attendait. Mais bientôt ce serait le renard qu’elle trouverait, pas lui. Lui, Naruto, il restait ici, étendu au milieu des eaux sombres. C’était lui qui était en cage, à présent.
A l’instant où le renard viendrait au bout des couloirs, il ne serait plus jamais en mesure de revoir un de ces magnifiques sourires timides qu’elle avait l’habitude de faire. Jamais plus il ne l’entendrait, jamais plus il ne jouirait de ces moments tout particuliers dont la seule magie tenait en sa présence. Et jamais plus son souffle ne se répercuterait sur sa peau, à ce rythme saccadé et soutenu qui le rendait extatique, exalté et empli de cette intense émotion qui lui réchauffait le cœur. L’espoir s’était à présent éteint, abattu. Mais quelque chose d’autre se ravivait en lui, une chose étrange, presque effrayante, mais redoutablement puissante. Et sa puissance l’envahissait, elle s’insufflait dans chacun de ses pores, faisait redoubler le rythme de son cœur, ravivait ses muscles endoloris, et ranimait son esprit de sa volonté. Les yeux intensément bleus de Naruto Uzumaki s’ouvrirent à nouveau, perdus au milieu d’un sombre labyrinthe fait de pierre, de métal et de ténèbres.
***
Le liquide carmin s’envola perler à travers l’atmosphère de la caverne. La brune aux reflets bleutés n’esquissa pas le moindre mouvement pour tenter de contrer les griffes tranchantes comme une lame affutée à son paroxysme. Son corps fut néanmoins pris de tremblements, bien qu’aucun son ne parvienne à s’extirper de ses lèvres, ni qu’aucune expression ne vienne trahir la sérénité de son visage. Il sembla même que son sourire s’était encore accentué. Le démon face à elle semblait pour sa part aux prises avec une lutte intérieure. Une force invisible semblait encore retenir ses griffes, et malgré sa volonté transparente de vouloir anéantir la jeune femme en abaissant son coup jusqu’à son cœur, il n’y parvenait pas. Et le renard ne le supportait pas. Lui, d’antan tout puissant, ne parvenait même plus à abattre une simple humaine. Ses griffes s’abattaient incessamment, mais, à chaque coup qu’il portait, la trajectoire était déviée, chaque fois au moment critique, de telle sorte que cette sotte effrontée lui faisait toujours face. Et ce n’était dû qu’à elle et à elle seule, le renard en avait bien conscience. Malgré toute sa volonté, il ne parvenait à la tuer ; c’était ce corps, ces griffes, ces jambes, qui chaque fois lui opposaient une résistance insupportable.
Pourquoi ne pouvait-il tuer cette femme ? Quelle force mystique venait inlassablement importuner ses envies de meurtre et de massacre. C’était à n’y rien comprendre. Le monde ne pouvait encore lui occulter des secrets, lui qui avait vécu plus que tout autre, lui qui avait vu plus qu’aucun ne pourrait jamais voir. Elle était comme invincible, indestructible, insensible à chacun de ses coups. Elle souriait. Et à chaque fois qu’il la meurtrissait un peu plus, son sourire s’accentuait. C’était comme si elle le narguait, comme si elle se moquait de son impuissance à l’achever. Elle le prenait de haut, avec son visage serein, le silence absolu qu’elle maintenait envers et contre toutes ses tentatives, et ce regard, ce regard ! Elle l’observait- lui ! – comme jamais aucun humain n’avait osé l’observer. Aucun, mis à part cet Uzumaki, du temps où il était encore jeune. Les temps anciens où le jeune garçon, rejeté de tous, pensait encore pouvoir trouver en lui un allié fidèle, où il pensait encore pouvoir le changer lui, comme il en avait changé tant d’autres. Ce regard bleuté empli d’espoir, ce regard même qui l’avait insupporté, il le retrouvait ici. Il ne manquait plus que le bleu, et tout serait exactement pareil. Mais le renard n’était pas dupe, il savait pertinemment que ce n’était pas lui qu’elle regardait. La jeune femme cherchait un autre dans ce regard. C’était pourquoi il devait à tout prix l’éliminer. Elle serait la dernière barrière, le dernier rempart qui se dresserait contre sa liberté.
Le sang s’écoulait encore de l’épaule meurtrie de la jeune femme, mais cette dernière semblait s’en inquiéter avec tout l’intérêt qu’aurait pu porter la cinquième à une bouteille de saké vide. Non, elle gardait son regard fixé sur les deux pupilles rouges de la créature face à elle. Imperceptiblement, ses lèvres remuèrent, laissant alors s’échapper une douce mélodie, presque murmurée.
« Reviens, Naruto. »
***
Une mélodie lointaine lui parvint aux oreilles. Ses yeux, déjà ouverts, s’exorbitèrent alors, au point qu’il en devienne effrayant. Espoir et désespoir étaient devenus alliés, et tous deux se couplaient de la manière des plus incongrues qui soient. Dès lors, il pouvait se relever ; dès lors, il pouvait continuer la bataille. Lui qui s’était cru perdu, lui qui avait déjà tout abandonné, et s’était préparé à la mort, se rendait compte à présent de sa naïveté, de sa stupidité. Rien ne pouvait jamais être perdu tant qu’un souffle nous parcourait, l’espoir demeurait tant que le plus infime des battements de cœur demeurait encore. Et son cœur battait comme jamais il n’avait encore battu auparavant. Naruto se releva. Il avait un démon à remettre en cage.
Les couloirs se suivaient et se ressemblaient tous. Il se surprit à penser que son esprit était d’un ennui terriblement profond. Et là, c’était surtout un obstacle. Mais comme lorsqu’il était arrivé jusqu’à la cage, il suivait le chemin à l’aide des ondes sonores qui se frayaient jusqu’à ses oreilles. On frappait, avec une force démesurée, contre ce qui semblait être une paroi, qui, si elle tenait encore debout, devait être faite de la plus pure de toutes les sortes d’adamantium que l’on pût concevoir sur la planète entière. Le renard se rapprochait. Naruto accéléra instinctivement le pas, qui se changea presque aussitôt en une course effrénée. Il savait où était le renard, mais il savait aussi qu’il n’y resterait pas bien longtemps. Le tout était d’arriver avant que lui ne décampe.
L’immense bête au pelage de feu, les neuf gigantesques queues battant le vent avec une somptuosité divine et une majestueuse fluidité, se déchaînait contre deux immenses et larges portes, qui simplement de leur taille méritaient de se trouver face à la divine figure démoniaque. Et les portes se maintenaient, toujours intactes, narguant le monstre terrifiant simplement de leur immuabilité. Naruto se gratifia intérieurement d’avoir un esprit si solide. Ainsi il avait pu arriver à temps.
« Foutues portes !
- Tu ne peux pas l’ouvrir, pas de cette manière. »
Ces simples mots, si bas fussent-ils prononcés, eurent le don d’immobiliser l’immense bête de chair et de pelage orangé. Le démon abaissa alors son immense patte avec lenteur, déjà prête à porter une nouvelle attaque face aux murailles qui le narguaient, et atteignit le sol, aussi silencieusement que lui permettait sa taille. Sa tête se retourna, et ce fut sans surprise aucune que ses pupilles rougeoyantes croisèrent celles intensément bleutées de celui qui l’avait tenu enchaîné pendant ces longues années, qui furent pour lui siècles et millénaires.
« Je pensais qu’il n’y avait que la cage, prononça le renard, dans un murmure à peine audible qui se répercutait sur les parois de pierre sombre. Je pensais qu’une fois celle-ci franchie, je serais à nouveau libre…
- Ta bêtise te perdra. J’avais cru que ton immense sagesse acquise au cours des millénaires que tu as traversés t’aurait permis de saisir ne serait-ce qu’un peu de la complexité de l’âme humaine, mais apparemment, c’était me mettre à ton niveau que de croire une telle absurdité.
- Je pourrais te tailler en pièces, simplement d’un unique coup de griffe.
- Oui, tu pourrais, ça t’avancerait même de beaucoup. La cage, c’était la barrière laissée par mon père pour te retenir ici. Tu te doutes bien qu’en plus de quinze ans de vie commune, j’aurais pu songer à en ériger une moi-même.
- Non, je t’ai toujours cru beaucoup trop stupide pour penser à des choses pareilles.
- Foutu renard sarcastique… murmura le blond avec un sourire. Ces portes, que tu vois ici, isolent cette partie de mon esprit, reprit-il à voix haute. Ainsi, tu es toujours enfermé, et tu ne peux pas souiller le reste de mon esprit avec tes ondes nébuleuses.
- Donc je n’ai qu’à t’anéantir, et le passage s’ouvrira, répliqua le renard, les crocs bien en vue. »
Le renard n’avait pas terminé de formuler ses sombres projets que déjà le jeune homme éclatait de rire. Un rire moqueur, tandis qu’il gardait le regard fixé sur l’animal, avec cette expression de condescendance haineuse fixée sur le visage. Il semblait qu’il n’existât qu’entre eux qu’une unique solution, qu’un unique dénouement à chacune de leurs rencontres. Il régnait entre les deux compères cette terrible atmosphère, faite d’affronts éternels entre l’esclave et le maître, le tortionnaire et sa victime, le démon et l’humain. Il semblait régner entre leur regard une terrible attirance, si puissante qu’aucun des deux ne pouvait se résoudre à quitter l’autre des yeux, ne serait-ce qu’un bref instant. La rage intense qui saturait l’atmosphère était venue s’accrocher aux atomes d’air, ajoutant à leur masse sa lourde pesanteur, jusqu’à les faire chuter tristement au sol où l’impressionnante quantité d’eau des couloirs loin derrière était ici réduite à quelques flaques sombres isolées, et ne laissait plus que du vide, un néant total de particules qui venait mettre en péril tout l’équilibre de l’univers. On put alors entendre jusqu’aux gouttes qui perlaient des anfractuosités des parois, jusqu’au soulèvement des poitrines de ceux qui se tenaient face à face, et même jusqu’aux masses silencieuses qui s’y infiltraient sournoisement. Et vint alors le soupir.
« Je n’en ai pas la moindre idée, lança le blond, sur un ton ennuyé.
- Nous n’avons qu’un seul moyen de nous en assurer, répliqua l’immense démon aux traits bestiaux. »
Le vent se leva d’un coup, dans l’antichambre parfaitement silencieuse, tandis qu’une ombre immense venait brusquement assombrir les traits du jeune humain. Le renard, ce regard haineux qui lui était familier dirigé sur les pupilles sereines, tenait cet immense enchevêtrement de chair, d’os, et de poils orangés à plusieurs mètres au-dessus du sol. Ses crocs se dévoilaient tout entier, donnant à penser qu’une fois le corps évacué de toute vie, changé en une carcasse sanglante et désordonnée, ils s’y jetteraient prestement, et se délecteraient de cette douce chair présente en abondance, jusqu’à le rendre méconnaissable. La scène s’était immobilisée. Il semblait même que la poussière soulevée par l’énorme patte demeurait en suspension, retenait son souffle, et attendait, tout autant qu’elle la redoutait, la suite des évènements. Durant un bref instant, le silence avait repris le trône qui lui revenait en ces recoins sombres, et l’espace s’était figé, changé en quelque matière bien trop épaisse pour permettre un quelconque mouvement à quiconque se trouverait figé en son sein. Une bourrasque nouvelle se souleva alors. Le temps et l’espace reprenaient leurs droits, tandis que, dans l’antichambre emplie d’obscurité, les griffes s’abattirent en un défilement d’images floues sur le jeune homme qui semblait toujours figé. Rien de plus ne se produisit, et la patte s’abattit lourdement au sol.
La terre trembla sous le poids affalant de cette énorme masse. Et ce qui était jusqu’alors exempt de la moindre trace, vierge de tout signe de passage, commença à se craqueler. La bête furieuse releva sa gueule, pour finalement apercevoir, non loin des premiers longs couloirs tortueux à l’apparence sans fin et à l’exiguïté incompréhensible, le jeune homme, celui-là même qui le narguait depuis que les rayons lumineux qui emplissaient l’espace avaient percuté ses deux prunelles intensément bleutées.
« Raté. »
Le garçon recula de quelques pas, observant fixement la gueule du renard aux crocs visibles, et se dirigea avec agilité vers les fonds ténébreux des couloirs qui enchevêtraient son esprit de la manière des plus désordonnées qui soient.
« Attrape-moi, si tu le peux. »
Le renard de feu détala alors comme un vulgaire lapin, alors que face à lui, Naruto disparaissait, dans cette habituelle traînée de lumière jaune qu’il laissait derrière lui à chacun de ses départs. Et les immenses portes, faites d’on ne savait quelle matière indestructible, face aux attaques puériles d’un des plus terribles démons que ce monde n’ait jamais porté se tenaient fièrement à leur place et n’avaient pas bougé d’un unique centimètre, fidèles à leur tâche qu’était de celle de prévenir une fuite prématurée du renard fou.
***
Les premiers rayons de l’aube transperçaient les yeux éternellement ouverts des immenses figures avec une férocité étonnante, traversant leur centre, et baignant la caverne d’une étrange lumière orangée qui venait combattre l’obscurité jusqu’alors omniprésente. Il semblait, sous les éclats fugaces, qu’une terrible tempête s’était abattue, au sein même de cette caverne pourtant isolée de tout climat. En son centre, là où des marques profondes venaient marquer la roche, régnait un être, une figure aux allures étrangement malsaines qui n’avait rien ou presque qu’elle aurait pu partager avec un être humain. Le souffle haletant, l’étrange créature à la peau rougeâtre teintée de noir semblait en proie à des crises étranges, sortes de délires passagers dont les douleurs transparaissaient, et s’entendaient dans toute la caverne. Non loin de la triste figure qui régnait au centre de la caverne, la jeune femme, sa longue chevelure brune statique trônant sur son dos, fixait la bête avec une mélancolie perceptible dans le regard. Son sang dégoulinait toujours de son corps, s’échappant par coulées profondes, dans une teinte qui mélangeait admirablement un carmin des plus rougeoyants aux rouges les plus ternes. Le sol en accueillait encore docilement une quantité non négligeable, qui se répandait progressivement sur le sol rocheux de l’espace mi-clos, et pénétrait dans la terre avec une vitesse inespérée, venant nourrir quelques plantes inexistantes qui eurent l’honorable chance de se trouver en cet endroit distinct, aspirant avec avidité un met digne des dieux les plus vils et exécrables qui soient.
Le lion à l’épaisse crinière rousse observait alternativement la bête et la jeune femme, l’avatar et la déesse, sans que le moindre soupçon d’initiative ne lui traversât l’esprit. Bientôt, cependant, ses vieux instincts reprirent le trône de ses sens, et un sens moral durement forgé au cours de son existence militaire lui indiqua qu’il se devait d’aller aider la jeune femme, qui semblait aussi soucieuse de son état que de la menace imminente d’une destruction dignement apocalyptique de la planète. Ce fut donc sans plus tarder que le vieux jeune homme se dirigea vers cette comparse inconnue, jusqu’alors absente des moindres recoins de son existence, et qui parvenait pourtant à susciter chez lui plus d’intérêt qu’il n’en avait jamais connu. Ses pas le portèrent jusqu’à elle, plus vite qu’il n’en fallait pour le voir se mouvoir, et c’est sans plus tarder qu’il supporta la jeune femme, qui, affaiblie de ses trop grandes pertes de sang, n’avait plus eu la force suffisante pour se maintenir en équilibre des seules et moindres force de ses faibles jambes. Elle fut rattrapée par le vieux lion rouge, juste avant que son crâne de porcelaine ne vienne fatalement heurter la pierre de la caverne. Ses yeux croisèrent ceux du lion, du vieux Nohansen, qui l’observait avec autant de compassion qu’il avait d’inquiétudes au sujet de son état en cet instant précis.
« Vous n’auriez pas dû… vous confronter à lui, seule… commença la figure rouge de sa voix grave, solennelle, qui se changeait presque en murmure.
- Il le fallait bien, pourtant. »
Sa voix ne portait pas le quart du double de l’intensité qui avait porté les paroles précédentes de son interlocuteur. Cet effort, immensément démesuré, face à ses faibles relents de vivacité, lui valut de violent toussotements, qui s’accompagnèrent, pour quelques-uns, de projetées de gerbes d’un sang déjà en défaut. Son expression, cette aura qui émanait naturellement de son visage, et, par extension, de toute sa personne, plongea le vieux lion écarlate dans un étonnement profond, mais silencieux, assourdissant, mais mesuré, et contenu avec tout le formidable génie dont il était apte à fournir en de telles situations. Son cerveau, actif jusque dans ses neurones les plus habitués au délaissement total ou partiel de leur matière grise, établissait liens et logiques étranges avec une rapidité défiant la chronique. Ses yeux se posèrent alternativement sur la jeune femme, puis sur le monstre, à quelques mètres, toujours occupé à ses propres besognes, tant et si bien qu’il se désintéressait totalement de ceux qui l’avait jusqu’alors intensément passionné. A nouveau, ses pupilles habituellement vides d’expression revinrent scruter les traits amplement fins de la faible créature qui reposait toujours entre ses bras. Il remarqua alors le léger sourire qui ornait ses lèvres, sourire qu’il ne parvint résolument pas à s’expliquer, de la part d’une personne qui se trouvait suspendue entre les portes ouvertes des deux mondes, sur un fil dont le diamètre et la solidité ne cessaient de drastiquement décroître. Pourtant, son sourire restait fixement attaché à ses lèvres, durant l’éternité que dura cette seconde qui fut celle du croisement de leur regard.
« Il arrive », souffla-t-elle dans un murmure fugace et solennel, d’une cérémonie faite sans perdre la moindre seconde.
***
Là-bas, plongé dans Dieu seul savait quelles profondeurs spirituelles, le jeune homme aux cheveux d’orge et de blé filait à toute vitesse à travers couloirs et enchevêtrements, si abondamment confondus qu’on ne pouvait plus à présent distinguer l’un de l’autre. Derrière lui, un vacarme assourdissant, dont l’intensité ne cessait de s’intensifier, encore et encore, sans cesse, à mesure que l’on attendait sa venue. Bientôt, il tourna à l’angle d’un couloir, et disparut à nouveau, dans une obscurité elle aussi grandissante, pour on ne savait une fois encore quelle raison. Naruto le suivait toujours, cet éternel tintement, qui, à défaut de se répercuter dans ses tympans, résonnait toujours dans son esprit, bien qu’il doutât fortement que, dans son cas actuel, l’un et l’autre pouvaient difficilement se distinguer. Les ondes se propageaient encore : elles venaient perturber les surfaces noirs des masses aqueuses environnantes, qu’elles viennent de devant ou de derrière, du passé ou du présent. Et elles n’échappaient pas au jeune homme, qui les distinguait avec autant plus de clarté à présent, à présent qu’un but s’était profondément ancré dans sa personne, un objectif inébranlable, une ancienne promesse, énoncée dans le silence, qu’il ne désirerait rompre pour rien au monde, dusse-t-il perdre sa vie dans la bataille.
Le tintement dans sa tête redoublait d’intensité, il lui transperçait les tympans, lui fracassait le crâne avec une cruauté sans bornes, au point qu’il dût se mordre vigoureusement les lèvres pour que la douleur qui l’assaillait constamment ne lui arrache pas un cri aigu. Il se rapprochait, de plus en plus. Chaque nouveau coup porté à son crâne n’était qu’un nouveau signe de son arrivée imminente à la destination qu’il s’était préétablie. Et ce fut sans plus tarder, alors que le jeune homme traversait un nouveau couloir, que les immenses barreaux de fer rougis par la rouille, déformés par les accès de rage d’une menace bien trop persistante pour être éternellement contenue, s’imposèrent à sa vue. Il s’immobilisa sans plus tarder, tandis que les vagues aquatiques se propageaient rapidement tout autour de sa personne, jusqu’à percuter murs et barreaux avec toute la discrétion des eaux endormies. Les portes de fer semblaient intactes, bien que grandes ouvertes. Sur un des panneaux métalliques, un parchemin, à moitié arraché, à moitié détruit, tenait encore collé sur le fer, par le plus irréalisable des miracles que l’on puisse concevoir. Lentement, Naruto tourna la tête, pour finalement être à même de jeter un coup d’œil par-dessus son épaule. Quelque part, perdus dans ces couloirs aux plans impossibles, les cris se faisaient entendre, de plus en plus sonores, de plus en plus proche. La bête approchait.
L’arène. Voici donc le lieu chargé d’une quantité incroyable de significations pour une quantité non moins incroyable de personnes. L’eau ici s’élevait jusqu’à atteindre les genoux du jeune homme, qui demeurait, immobile, au centre de la vaste pièce. Seule une poignée d’élus avaient eu l’immense honneur de fouler cette pierre de leurs pas, de patauger dans cette eau sacrée, imprégnée du mirifique démon aux traits bestiaux, de contempler ces barreaux à l’apparence si simple et pourtant si extraordinaires, tant de par leur nature que de par l’exceptionnelle personnalité qu’elles avaient chaleureusement accueillie et finalement contenue bien malgré elle, durant des temps qui ne semblaient plus vouloir en finir. Lui, Naruto Uzumaki, en faisait partie. Il était même l’unique démesurément privilégié, le seul qui, aux retours d’une contrepartie plus que méritante, avait reçu l’insigne honneur, l’incroyable attribution que fut celle d’être le maître de ces lieux, et par conséquent le seul à pouvoir s’y plonger presque aussi souvent que sa volonté le lui intimait. Mais le destin voulut que, en cette triste soirée, on tente de lui retirer ce qui pourtant lui revenait de droit, que cet invité de toutes les sympathies voulut s’extrader comme un malheureux anglais. Mais Naruto ne permettrait pas qu’on lui inflige une honte de la sorte. Il s’était aussitôt empressé de rejoindre les fameux quartiers et avait alors mis tout son génie en pratique pour ramener cet incongru misérable qui tentait vainement d’abattre deux simples portes, proies apparemment bien trop imposantes pour seulement prétendre être à sa portée. Ici se jouerait l’acte final de cette piètre représentation ; ici la bête retrouverait enfin son foyer ; ici, il ramènerait cette situation de crise imminente à un état bien moins prompt à la dégénérescence. Naruto retira le sceau encore collé à la porte. Par on ne savait quel procédé alchimique, celui-ci, une fois dans la main du jeune homme, sembla se reconstituer de lui-même, et résorber ses imperfections, jusqu’à ce qu’il semble qu’il eut été baignant dans la perfection. Toujours avec la même rapidité, Naruto y inscrivit signes et marques complexes, jusqu’à ce qu’il arrête enfin tout mouvement. Il était finalement prêt.
Le renard filait à toute vitesse parmi les couloirs emplis d’obscurité. Il ne voyait rien, ou presque, des chemins qu’il empruntait, et des finalités des couloirs dans lesquels il s’enfonçait. Lui n’avait jamais connu de cet esprit que la pièce aux barreaux de fer. Du reste, il n’en savait rien, un rien si total qu’il en serait à même de faire pâlir le néant de jalousie. L’eau alourdissait ses pattes déjà bien pesantes, même si le poids nouveau apporté par les quantités aqueuses imprégnées à ses poils ne gênait guère le puissant renard et ne ralentissait pas sa cadence d’une unique mesure. Et bientôt, l’odeur qui lui avait été si familière, depuis la quinzaine d’années qui précédait leur rencontre, cette odeur même qu’il avait méprisé, exécré à outrance, s’affinait encore dans ses narines, et se répercutait dans tout son corps.
La bête empourprée d’orange s’avança avec lenteur à travers les ténèbres environnantes, guidée par ses narines seules, et remarqua l’immobilité soudaine de l’eau, qui était aussi naturelle que lui-même pouvait l’être. Son regard percuta bientôt les pupilles étincelantes de l’éternel bleu surnaturel de leur possesseur, avant que son visage ne s’affine, baigné dans la lumière qui prenait ses sources on ne savait où, et que le renard distingue son sourire énigmatique, que sa mémoire de démon ne parvenait à restituer où que ce soit dans sa chronologie temporelle. Les deux s’observèrent encore quelques instants, parfaitement fixes, au point que l’eau les accompagna, jusqu’à ce que Naruto ne fût plus à même de soutenir le regard de son prisonnier en pleine évasion.
« A te voir, on dirait que tu vas me sauter dessus d’une minute à l’autre, commença le blond.
- J’hésite encore, devrais-je commencer par t’arracher la tête, ou bien de déchiqueter les jambes pour te faire souffrir un peu plus longtemps ?
- Oh, les jambes, bien sûr. Ce serait dommage de ne pas t’amuser.
- C’est bien ce que je pensais. »
***
Hinata et le lion rougeoyant observaient la bête aux allures de renard qui s’agitait au centre de la caverne. Au dehors, le ciel s’emplissait déjà de ses premières teintes orangées : la nuit ne durerait plus très longtemps, et bientôt, le village cesserait son état de quiétude somnolente pour quinze nouvelles heures d’agitation effrénée. Hinata ne saignait plus, aidée par le lion qui avait pansé ses blessures de sorte que son hémoglobine, désormais prisonnière des tissus, avait dû se résigner à s’affairer aux soins de sa maîtresse, et refermait déjà quelque peu les plaies. La fatigue de cette nouvelle nuit blanche qui s’achevait, accumulée aux blessures tout de même présentes, la plongeait dans un état de fatigue avancé, et la jeune femme peinait à tenir sur ses jambes. Le lion, pour sa part, ne semblait souffrir d’aucun trouble d’ordre physique. Quelques égratignures parsemaient çà et là sa peau presque invisible, mais cela ne consistait en rien de suffisamment pesant pour provoquer chez lui une quelconque gêne, et on l’avait déjà habitué aux manques incessants et répétés d’un quelconque repos qui approchât un tant soit peu la décence la plus banale. Ses inquiétudes ne relevaient que de ce qu’il pouvait observer, et de ce questionnement qui lui entravait l’esprit depuis déjà plusieurs heures. Aucune menace pour l’instant, aucune raison d’en finir.
Le renard démoniaque aux allures d’humain se débattait toujours contre des ennemis invisibles. Il semblait plus atteint par les rayons timides qui parvenaient miraculeusement à s’immiscer dans la caverne que les deux autres. Ce corps, tourmenté et agité au milieu du somptueux autel qui pourrait tant être celui de sa chute que son apogée, était lui-même le théâtre d’une lutte, pour le pouvoir, pour la domination, et, par-dessus-tout, pour le prestige d’avoir terrassé l’adversaire.
Il sembla alors aux deux spectateurs de l’étrange scène que la rage qui sévissait au sein du corps s’était amoindrie, avec une stupéfiante soudaineté. Le renard s’était brusquement immobilisé, et avait le regard vide, perdu on ne savait trop où. Puis, avec soudaineté prompte à effrayer les plus naïfs, sa tête se tourna vers ses deux comparses, seuls encore debout en sa présence. Ses longues canines leurs apparurent, tandis que ses pupilles, déjà bien assez effrayantes, s’étriquaient jusqu’à devenir deux petites fentes desquelles s’échappaient une lueur malsaine. En moins de temps qu’il n’en fallait, le renard bondit en avant.
La réaction du légendaire lion rouge de Konoha fut tout autant prompte à s’exécuter : ce dernier s’était élancé avant même que la jeune femme n’ait pu le voir esquisser un unique mouvement, voir ne serait-ce qu’un seul de ses muscles frémir sous une quelconque décharge neuronale. Et rapidement, les deux se rejoignirent, dans une première joute terrible, qui fit trembler la caverne toute entière. Il n’y avait plus d’humanité en aucun des combattants, l’affrontement qui avait lieu ici était un affrontement de bêtes, la sauvagerie transparaissaient dans chacun de leurs coups, chacune de leurs nouvelles tentatives d’assassinat qui se répétaient inlassablement. Le renard se battait à coup de crocs et de griffes, le lion usait de chacun de ses membres pour bloquer, blesser ou éjecter le renard du mieux qu’il le pouvait. Aucune technique, aucun chakra quelconque ne fut usé par aucun des deux monstres. User de telles parjures eut été pour eux un terrible affront à leur honneur, et à la finalité de ce combat, qui ne pourrait alors qu’être faussé. Il y avait, dans la brutalité qui se déversait par flots entiers de cette bataille, une sorte d’accord, de pacte signé dans le silence, durant les quelques secondes précédant leur premier contact. Il n’y avait pas de réel intérêt pour aucun des deux opposants : le lion et le renard s’affrontaient dans l’unique but de marquer sur l’autre sa dominance, dans l’unique but de savoir qui des deux était le plus apte à régner sur des contrées inexistantes. Et le lion tomba, vaincu.
Le renard aux allures humaines venait d’éjecter son adversaire dans un magistral coup de griffe, qui l’avait alors envoyé s’échouer sur une paroi environnante. Sa domination ainsi marquée sur un adversaire pour l’instant trop affaibli pour pouvoir perpétrer une quelconque riposte, le renard humainement démoniaque posa son regard sur la jeune femme, qui, ayant assisté à l’affrontement dans sa totalité, observait la bête de son éternel et énigmatique regard où la sérénité suintait par tous les pores, quels qu’ils fussent. Fort de sa victoire, il songea qu’il pouvait bien, non, qu’il lui était même dû qu’une récompense, de quelque nature que ce soit, lui soit remise. La jeune humaine ferait parfaitement l'affaire. Il commencerait la destruction de ce village par le sacrifice de celle qui était si étroitement lié à son défunt colocataire, désormais banni à jamais. C’est pourquoi, sans plus attendre, il s’élança.
Hinata contemplait le démon rougeâtre s’avancer vers elle à toute vitesse. Il n’y avait dans ce regard plus aucune trace de celui qu’elle savait pourtant présent. L’espoir qui l’avait jusqu’à présent animée filait doucement, s’extirpait lentement de son corps tandis qu’elle contemplait, le détaillant avec autant de précision qu’elle le pouvait, celui qui s’annonçait d’ores et déjà comme son bourreau. Oh, elle pourrait s’enfuir, bien sûr, s’esquiver de cette caverne et fuir pour le reste de ses jours. Elle pouvait aussi l’affronter, ce qui serait sans doute plus digne de sa condition de soldat, et sauver du mieux qu’elle le pouvait les personnes encore présentes dans les galeries par-delà les visages de pierre, et, accessoirement, tout le reste du village. Cependant, elle ne trouvait d’attrait dans aucune de ces deux perspectives.
Fuir, déjà fallait-il qu’elle y parvienne, et si jamais, par un étonnant miracle, elle y parvenait, si elle s’extirpait de la caverne, s’extirpait du village lui-même qui retournerait alors bientôt aux poussières de ses débuts, elle savait qu’elle ne pourrait jamais se soustraire à sa conscience, qui changerait bien vite son bourreau en bienveillant exécutant. Cette dernière ne se priverait en rien de torturer son âme jusqu’à la réduire à quelque cocon, quelque enveloppe vide et exempte de toute volonté. Quant à se battre, cette simple pensée provoquait en elle un rire moqueur envers sa propre personne, si l’instant dans lequel elle était actuellement prise ne fut autant retentissant et oppressant pour sa pauvre boite crânienne. Combien de minutes, non, combien de secondes tiendrait elle face à un tel monstre de frayeur et de puissance, qui avait seul réduit au silence quelques-uns des meilleurs éléments de son village ? Elle, une simple juunin, de qui rien de bien exceptionnel ne ressortait, ne pourrait décemment pas réussir là où les meilleurs l’avaient précédée et était lamentablement tombés au sol, dépassés par une puissance bien trop grande pour qu’ils puissent seulement imaginer pouvoir la contenir.
Il n’y avait donc, au bout de chacune des options qui lui étaient proposées, qu’un seul et unique chemin. Alors, quitte à mourir, autant que ce soit fait prestement et avec autant de précision qu’elle pouvait espérer recevoir. Et justement, elle ne doutait pas un seul instant que le renard ne fut à même de lui offrir tout cela. Alors qu’elle s’apprêtait à fermer les yeux, la jeune femme remarqua un détail, qui les révulsa aussitôt. Huit, seulement huit queues. L’espoir n’était pas tout à fait abattu.
Naruto ouvrit les yeux, la première fois depuis une éternité. Ce qu’il vit l’absorba aussitôt, et il ne regretta pas de s’être donné tant de mal pour pouvoir les rouvrir. Il y avait dans cette blancheur une pureté dont il ne pouvait comprendre la logique et la cohérence, dans un monde déjà empli d’obscénités qui tenaient la pureté aussi éloignée qu’elles le pouvaient. Il ne douta pas alors que c’était la perfection qui se trouvait devant lui. Qu’est-ce qui de toute façon pouvait égaler cela ? Et, comme pour répondre à sa question muette, la jeune femme ouvrit les yeux. Les perles de nacres se plongèrent aussitôt dans les saphirs intenses, sans qu’aucun des deux n’esquisse le moindre mouvement, qu’aucune parole, même murmurée, ne franchisse leurs lèvres. Ce ne fut qu’au bout de plusieurs secondes que Naruto remarqua enfin les légers tremblements qui animaient la jeune femme. Il baissa les yeux, et ce qu’il vit l’horrifia. Aussitôt, les larmes lui vinrent, tandis qu’il relevait lentement les yeux vers son visage.
« Je suis désolé, Hinata… tellement désolé… »
Ces quelques murmures, rapidement soufflés, furent les seuls qu’il prononça, avant de sombrer à nouveaux dans l’inconscience, tombant dans les bras de la jeune femme. Celle-ci observa son visage. Ses moustaches étaient encore profondément marquées sur ses joues. A l’aide de son index, elle sécha les larmes encore persistantes qui roulaient paresseusement sur les joues du jeune homme. Sous son poids, ses blessures se faisaient à nouveau douloureuses, mais elle n’y prêtait guère attention. Peu importe combien de sang elle perdrait encore, elle n’était de toute façon plus au litre près. Elle en aurait volontiers encore donné le peu qu’il lui restait, s’il avait fallu cela pour qu’il revienne enfin, mais, heureusement pour elle, un tel sacrifice s’était trouvé inutile. Les souvenirs, bien qu’ils ne dataient alors que de quelques minutes, se faisaient déjà troubles dans sa pauvre mémoire, qui apparemment partait déjà en miettes. Le renard s’était trouvé à quelques mètres seulement de sa personne et, alors qu’elle fermait les yeux, peu envieuse d’observer avec précision les crocs s’enfoncer profondément dans sa chair, voilà que la bête mettait affreusement de temps à s’acquitter de sa besogne. Rouvrir les yeux lui permit d’observer une totale impossibilité matérielle et logique. En quelques secondes seulement, le renard s’était changé en une chose totalement différente, et était parvenu, bien trop rapidement, à altérer ses sentiments vis-à-vis de sa personne, les faisant passer d’une répugnance totale à une attirance bien trop poussée pour qu’elle puisse paraître saine. Bien sûr, les deux n’étaient pas les mêmes, mais le corps lui, demeurait parfaitement unique. On ne saisira jamais assez tout le mystique qui se dégage d’une banale chrysalide se transformant subitement en un magnifique papillon.
Et c'est sur cette chute brutale de tension que nous en finissons avec le passage de notre renard préféré ! La suite va aller fouiner du côté d'un autre de nos animaux favoris, mais je ne vous en dirai pas plus. Bon, ben on est quelque part en juillet à l'heure où je poste ça (on perd vite la notion du temps quand on arrête de dormir) et quelque soit le moment où vous lisez, je serai absent tout le mois d'août. Je vous souhaite donc de bonnes vacances, en espérant que ça ait comblé vos attentes.