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Fiction: Pour l'amour de Konoha

Seul, il l'avait toujours été. Et sans doute le resterait-il toujours. C'était son destin, c'était ainsi, et il ne pouvait rien y faire. Peut-être que s'il n'avait pas porté ce nom, et ce passé, tout serait différent. Mais le fait était là. Il était ce qu'il était, et il ne pouvait réécrire l'histoire. A présent, il le savait. Quoi qu'il fasse, il resterait seul. C'était inéluctable.
Classé: -16D | Spoil | Action/Aventure / Romance | Mots: 67439 | Comments: 22 | Favs: 48
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Sëlan (Masculin), le 28/04/2012
Bonsoir. Deuxième partie de ce chapitre que j'avais jugé trop long pour vous le fournir en un seul morceau. C'est bien le huitième celui-ci, pour le coup, enfin, je crois... j'ai un peu perdu le compte, ces temps-ci. J'espère que vous apprécierez, pour ma part je le juge un peu supérieur au précédent, mais, bien sûr, cela n'engage que moi, et vous pouvez le trouver détestable, si ça vous chante. Enfin, lisez, vous verrez-bien.



Chapitre 8: L’éveil du démon – Second acte : La louve, le lion et le renard.



Les trois hommes et le monstre se contemplèrent, parfaitement immobiles au sein de la profonde caverne silencieuse. Le vent siffla entre les murs, lorsque les quatre s’élancèrent, dans un unique mouvement, dans un unique souffle. Et le reste ne demeura plus que visions floues au sein de la caverne, poussés comme ils l’étaient par le vent inexistant qui soufflait avec une rare violence entre les parois caverneuses. D’énormes morceaux de bois volaient, tirés on ne savait d’où ; des coups se faisaient entendre, bien qu’on ne pût jamais les apercevoir ; et des cris de rage retentissaient au sein de la caverne, tantôt brefs, tantôt retentis, tandis qu’apparaissait, l’espace d’une seule seconde, la figure décomposée d’un homme qui n’en était plus vraiment un.

A nouveau, les murs artificiels tremblèrent, accueillant parfois de profondes fissures qui venait entailler la roche, la scindant presque en deux parties distinctes, tandis que les masses colorées disparaissaient plus loin. Des éclairs, les oiseaux qui retentissent, un nouveau cri, un second, accompagné d’un coup sourd, et un grognement douloureux, avant qu’une nouvelle flopée d’écorces ne vienne s’acharner sur qui que ce fut. Et alors qu’un nouveau tremblement retentissait, ce qui était inévitable vint s’affaler sur les multiples opposants. D’immenses blocs de roches, arrachés à leur mère, vinrent s’écraser sur le sol inégal qui composait leur terrain d’affrontement, l’effritant encore, redoublant ses disparités. La cohésion les avait quittés, la logique avait été rapidement remplacée par les instincts, bien plus prompts à réagir face à l’immédiat. Et au sein du monstre, la raison et l’humanité ne cessaient d’être repoussées, éloignées de plus en plus de leur réceptacle initial, envoyées dans un néant inexistant, tandis qu’elles lutaient, acharnées, pour conserver le peu d’espace qui leur restait au sein de leur habitat originel.
…………………………………

Les quelques queues qui demeuraient encore dans la cage béante ne cessaient de s’en extirper, avec une facilité grandissante, tandis que, face à l’immense gueule souriante, la pauvre raison continuait ses efforts, qui n’aboutissaient qu’à une perte encore plus poussée, sans l’ombre de résultats positifs, qui auraient alors pu l’intimer à redoubler ses efforts. Toute science, toute logique, ou tout autre concept basé sur le concret et le possible n’aurait alors pas crédité une unique chance au jeune homme qui se débattait contre démesurément plus imposant et puissant que lui. La folie venait de vaincre, le mal, une fois encore, avait marqué au fer son humiliante victoire sur une bonté décomposée et fragilisée par son combat. La raison, la morale, le sens commun, et toutes les autres stupidités inventées pour contenir des populations trop avides de puissance et de gloire avaient été réduites à néant, renvoyées à la poussière, et conduites à ce qui demeurerait pour elles un cachot éternel. L’animal, tout autant celui métaphorique que l’animal réel dont les yeux rougeoyants irradiaient, venait de prendre le pas sur l’homme. Le monstre avait vaincu son geôlier, et s’affairait à présent à en détruire les dernières traces, les derniers soupçons qui auraient pu conduire à penser qu’il avait, lui si puissant, et tant redouté, été un jour réduit à l’état humiliant d’animal de compagnie. Avec un dernier claquement, l’homme tomba, et dans un de ces nouveaux bruits sinistres produit par les barreaux métallique, la cage se referma, vide, tandis que tout le monstre en était à présent sorti. Son immense sourire s’étira encore, tandis qu’il laissait derrière lui cette masse incongrue qui flottait au sein des eaux sinistres, ne se souciant aucunement de connaître les détails de son état de santé.

« Je t’avais dit comment cela finirait, Naruto. »
…………………………..

« Vous m’avez demandé, Hokage-sama ?
- Si ce n’avait pas été le cas, tu ne te serais pas retrouvé ici, répliqua une vieille femme.
- Je peux vous apporter une aide de quelque nature que ce soit ?
- Du moins, je l’espère. »

Les deux se contemplèrent. Il ne voyait pas où elle voulait en venir, il ne comprenait pas pourquoi elle s’obstinait dans son mystère et ses manières étranges, pourquoi elle ne lui avait toujours pas divulgué quelque détail que ce soit concernant ce qu’elle lui avait réservé. Il se doutait bien que le temps leur manquait, il se doutait bien, quoi que pourrait être sa mission, qu’elle aurait beaucoup en rapport avec les évènements actuels au sein du village.

« Tu es au courant, n’est-ce pas ?
- Bien sûr. J’attendais vos ordres.
- J’aurais espéré ne pas avoir à faire appel à toi, commença Tsunade, en observant le blanc du regard de son interlocuteur, mais plus les minutes s’éternisent, plus il m’apparaît évident que je ne peux laisser les choses telles qu’elles sont.
- En quoi cela me concerne-t-il ?
- J’y viens. Tu dois, grâce à ton brillant génie, connaître une quantité de détails non négligeables concernant les évènements qui ont lieu en ce moment même dans les espaces d’évacuation ?
- Je sais que cela concerne Kyuubi.
- Parfait. Je veux que tu t’y rendes. »

A nouveau, les deux interlocuteurs, supérieur et vassal, observèrent un de ces silences courtois et profonds qui ne semblaient viser qu’à une perte profondément inutile d’un temps qui leur semblait pourtant si précieux. Le jeune homme dût s’en rendre compte, car il entrouvrit sans tarder ses lèvres, et inspira une rapide bouffée d’air.

« Vous voulez que je prenne part au combat ? demanda-t-il, avec une courtoisie polie qui peinait à dissimuler l’étonnement qui découlait de sa voix.
- Non, je veux que tu restes dissimulé, et que tu observes tranquillement les faits.
- Vous voulez donc un témoin fiable de ce qui s’y déroule ?
- Je veux surtout une assurance. Si jamais il te semble qu’ils échouent, si jamais tu penses distinguer que le démon est définitivement sorti, je veux que tu l’élimines.
- Lui, et le jeune homme ?
- C’est une perte que je suis prête à encourir.
- Si c’est ce que vous souhaitez. »

Le vassal disparut sans plus attendre, laissant la vieille femme à nouveau seule dans son bureau, comme elle en avait pris l’habitude. S’en aller vers sa fenêtre ? A quoi bon, d’ici, elle ne pourrait rien voir. Elle ne pouvait que deviner, que redouter. Elle ne pouvait que méditer sur ses choix, mais elle n’avait désormais plus le loisir de les altérer. Et elle en venait à redouter leurs possibles conséquences. Que se passerait-il, s’il fallait le tuer ? Que se passerait-il si Naruto mourrait, derrière le visage de son père, au sein même de son village natal, qui l’avait si longtemps repoussé ? Pourrait-elle seulement le supporter ? Naruto lui rappelait irrémédiablement Jiraya, même si la vieille femme ne cessait de vouloir se convaincre du contraire. C’était indéniable, il avait pris du vieux pervers bien plus que de simples facultés. Elle remerciait le ciel de ne pas encore avoir vu en lui quelque trace de cette perversité poussée qui caractérisait si bien le vieil ermite, dépassant celle des hommes avec un écart plus que considérable. Ne redoutait-elle pas, en ce moment même, de revoir en la perte du jeune homme celle de son défunt camarade ? Si, bien sûr, et mille tentatives de sa raison faussement parée ne pourrait la convaincre du contraire.
…………….

L’homme aux cheveux rougeoyants filait à travers le village, fonçant à la manière d’un oiseau de proie qui fondait sur sa cible. Il passait bâtiments, commerces et autres places sans leur prêter plus d’attention qu’il n’en aurait eue pour un bouquin, en sa qualité de soldat aux compétences défiant la chronique. Victime d’une précédente guerre sans beaucoup d’importance, il avait été fait orphelin par des soldats trop peu soucieux des conséquences de leurs actes, les mêmes qui avaient répondu « suivre les ordres » après leurs précédentes défaites. Pris sous la tutelle de celui qui deviendrait son maître, il rejoignit rapidement un nouveau village, se sentit rapidement appartenir à une nouvelle nation, tandis qu’au même moment, on reconnaissait en lui des qualités indéniables qui font de tout bon soldat un soldat excellent. Ce fut donc tout logiquement qu’on l’attribua aux forces spéciales de sa nouvelle nation, alors qu’il atteignait à peine la quintessence de la jeunesse. C’était dire combien les villages militaires s’intéressent à la santé et au bien-être de leurs citoyens. Même parmi l’élite, parmi l’excellence entre l’excellence, il fut remarqué, reconnu, puis admiré, par des hommes et des femmes qui ne connurent jamais de lui que le masque blanc qu’on lui avait attribué.

Peu soucieux de sa notoriété nouvelle, il se contenta d’avancer, sans penser au futur, sans penser à ses possibilités. C’était là un des rares avantages de la vie de ninja : les problèmes consciencieux des jeunes en passe de devenir adultes quant à leurs potentiels choix de vie n’étaient plus à faire, on leur avait déjà expliqué durant leur plus tendre enfance qu’ils n’avaient qu’à patiemment obéir aux ordres tout en attendant que la mort daigne leur ôter leur dernier fardeau. Il avait agi en conséquence, il avait appris, au cours du temps, à embrumer son esprit, à le rendre presque secondaire, pour qu’il ne lui dicte des décisions que lorsque l’alternative n’était plus envisageable. Il s’était révélé au cours de sa carrière un excellent soldat au sens strict du terme : il était finalement parvenu à taire complètement son esprit, il avait réalisé le souhait de tout bon soldat qui connait ses priorités, et satisfait chacun de ses dirigeants qui étaient avides de gloire et de puissance : il était devenu la parfaite arme, un corps sans âme ni directives, qui se contentait de suivre les indications que l’on daignait bien lui donner, et qui n’estimait pas plus de valeur à sa vie qu’il n’en aurait estimé à un vieux livre dépareillé.

Tout s’était alors accéléré. La mort de celui qui en son temps lui eût appris tout ce qu’il y avait à savoir pour qui souhaitait, si l’on pouvait encore s’exprimer ainsi, se diriger vers la direction qu’il avait opté, le poussa à éclaircir les ténèbres qui avaient depuis longtemps élu place dans son esprit. Les réflexions avaient percé en lui comme des éclairs à travers le ciel. Penser à nouveau n’avait cependant pas été pour lui chose plaisante. Son esprit, depuis si longtemps plongé dans un sommeil profond qui le reposait, n’était plus habitué aux incessantes traversées-éclairs de pensées et de songes en tous genres, qui ne demeuraient pas plus de quelques secondes, et laissaient rapidement place à de nouveaux non-sens communément banals. Mais la banalité n’effleuraient pas le moins du monde les pensées qui l’avaient alors traversé. Elles avaient au contraire été imprégnées d’un affreux sérieux, les rendant d’autant plus éprouvantes, et horriblement difficiles à supporter. Il se souvenait avoir vu dans ce regard bleu le même que celui dont le sien s’était paré, autrefois. Il en avait vite éprouvé de la compassion pour le jeune homme, sans se douter qu’il aurait à l’abattre moins de vingt-quatre heures plus tard.
……………

Un corps, éjecté au loin, alla s’écraser avec force contre la paroi faite de roc, pour ensuite retomber mollement sur le sol. Moins de trente secondes plus tard, un autre partit le rejoindre, inconscient, perdu dans les abysses profonds des ténèbres du rêve. Le monstre observa son dernier opposant encore debout, le même large sourire étirant toujours ses babines. Cet homme irait bientôt rejoindre les siens ; bientôt, son sang irait accompagner celui des deux autres, sur les murs de la caverne. Et lui pourrait finalement accomplir ce qu’il n’avait pu achever bien des années auparavant. Taire ces pulsions incessantes qu’on lui avait inculquées de force à son esprit. Il savait, il était persuadé qu’une fois ce village détruit, il pourrait partir en paix, et retourner aux occupations auxquelles il vaquait encore, lorsqu’on ne l’avait pas inséré de force au sein d’esprits humains. Face à lui, l’étrange homme s’avança. Lui aussi semblait prêt, il était temps que tous deux finissent cet affrontement qui s’éternisait depuis bien trop de temps déjà. Bientôt, très bientôt, il serait complètement libre.

Yamato jeta un bref coup d’œil à ses deux compagnons affalés sur le sol, inconscients. Kakashi aurait pourtant dû le savoir, ni lui ni Neji ne pourraient lutter bien longtemps face au démon du village. Cette tâche lui incombait à lui seul. Cette tâche, il était sans doute le seul à pouvoir l’accomplir. Ou plutôt, il était le plus proche d’un éventuel accomplissement, bien que sa réussite fût bien loin d’être assurée. Le démon face à lui montrait déjà ses larges crocs : de toute évidence, il était impatient. Le collier autour de son cou s’était déjà brisé. Il trainait quelques mètres plus loin, fracassé, fragmenté, et irrécupérable. Il ne pouvait donc plus s’en aider, il devait le contenir à l’aide de ses seuls talents. Et ceux-là lui paraissaient bien faibles, en comparaison de l’adversaire pour le moins redoutable qui se tenait immobile, presque au centre de la cavité taillée au sein même de la falaise. Yamato s’élança, et son opposant fit de même, un air plein d’empressement sur le visage, les crocs bien aiguisés, prêts à déchirer son corps.

Son regard blanc se découvrit, sous le mince rideau de chair qui l’avait dissimulé jusque là, tandis que son esprit émergeait peu à peu de son inconscience, dans laquelle il avait été profondément plongé. Les souvenirs ne tardèrent pas non plus à refaire surface, et avec eux la douleur, qui se réveillait à son tour. Son regard se baissa rapidement sur son ventre, marqué d’une profonde taillade, dont le sang continuait encore de s’échapper à moindre mesure, rejoignant celui déjà sec qui assombrissait le sol. Neji peina à se redresser, et il dut finalement rouler sur le côté, l’effort de son ventre meurtri se contractant étant bien trop difficile à supporter. Il aperçut un peu plus loin le corps de l’épouvantail, qui remuait légèrement, tout autant en piteux état que lui-même pouvait l’être.

Neji fut rapidement attiré par les deux seuls êtres encore debout dans l’immense caverne sombre, éclairée seulement par quelques minces rayons provenant de la lune, qui parvenaient à filtrer à travers des pupilles de roches vides ou des fissures qui ne s’étaient pas trouvées là quelques heures auparavant. La première chose qui le frappa, à présent qu’il n’était plus inquiété par la menace constante de se faire déchiqueter, puisque déjà considéré comme mort, était le vacarme qui retentissait dans toute la caverne. Comment était-il possible qu’ils demeurent encore seuls, qu’il n’y ait pas un seul ninja dans ce village pitoyable qui n’ait pu sentir la menace d’une mort imminente peser sur ses épaules ? Non, ils n’étaient pas tous si faibles. Quelqu’un avait dû les devancer, et devait les maintenir à distance, peut-être même les tenir en dehors de toute cette histoire, maintenant un calme provisoire. Neji se souvint de Kakashi, qui avait tenté de l’empêcher de s’immiscer jusqu’à cette caverne. Maintenait, il saisissait pourquoi. Mais Kakashi était presque inconscient, et donc bien trop faible pour maintenir une quelconque technique. L’Hokage avait donc envoyé quelqu’un d’autre, quelqu’un qui parvenait, il ne savait comment, à maintenir tout le monde dans un profond sommeil. Mais lui en avait réchappé, peut-être parce que lui s’était éveillé à temps. Il y avait donc de nombreuses personnes encore éveillées en cette nuit. Et pourtant, ils demeuraient seuls. Une crinière rousse, qui n’avait rien avoir avec le renard, percuta alors ses pupilles blanches.

Neji observa le masque avec toute l’intensité dont il était capable en cette condition de faiblesse qu’il portait à contrecœur. Il lui sembla, l’espace d’une seconde, que le regard de l’homme masqué se dirigeait vers lui. Neji voulut crier, mais il douta qu’il fut capable d’une telle prouesse, et attirer sur lui l’attention d’un démon qui semblait plus affamé que jamais ne lui semblait pas être une initiative des plus ingénieuses qu’il eut pu trouver. Alors il se contenta de ce regard silencieux, où tous deux se fixaient l’un l’autre, immobiles. Neji connaissait cette crinière flamboyante, pas personnellement, mais simplement par l’écho de sa réputation. Il était là, l’homme dont la légende avait fini par trahir sa discrétion en tant qu’Anbu. Il ne connaissait pas son nom, et il doutait que beaucoup de ses camarades en sachent plus que lui, mais ce masque, cette chevelure, suffisaient à eux seuls à lui conférer toute une identité. On n’avait pas même daigné à lui confier son pseudonyme ; il semblait que même ce privilège nécessitait un honneur et un mérite sans pareille, qu’il pensait pourtant détenir, lui connu parmi ceux qui ne portaient pas de masque comme le plus grand, lui qui avait compris, lorsqu’on lui avait confié un masque, qu’il n’était rien, que son existence, face à cet homme, pouvait aisément se comparer au néant. Neji soupira de soulagement, un léger et difficile sourire parvenant à se glisser jusqu’à ses lèvres. Avec lui, ils étaient saufs ; avec lui, ils ne risquaient plus rien. Bientôt, Kyuubi ne serait définitivement plus.

Il contempla le jeune homme aux yeux de nacre, tandis que celui-ci lui rendait son regard, plein d’espoir, alors que quelques secondes auparavant, il semblait désespéré. Ce regard l’agaça. Même lui, qu’il ne se rappelait pourtant jamais avoir croisé de toute son existence, semblait le connaître. Pire encore, il semblait l’admirer. Il détourna rapidement le regard. Il ne voulait plus être confronté à cela. Une fois encore, et comme toujours dans ces moments là, son masque le conforta. Il remercia tous les êtres ingénieux qui les avaient précédés d’avoir songé à masquer l’identité des forces spéciales avec des masques et des pseudonymes. Il détestait sa propre notoriété. Il avait même songé, plus d’une fois, à demander à changer de masque, mais cela exigeait également qu’il modifia l’apparence de sa chevelure. Et bien qu’il y opposait jusqu’à présent une certaine réticence, ce regard empli d’admiration lui prouva une fois encore que c’était un sacrifice bien négligeable, face à ce qu’il pourrait en tirer. Il était bien sûr évident que ses soulagements ne seraient pas permanents. La notoriété reviendrait très vite le traquer, et le hanter, qu’importe le nombre de masques et d’apparences dont il pourrait user pour lui échapper.

Sans plus tarder, il s’intéressa aux deux encore debout, aux deux seuls adversaires restants dans cette caverne, sa propre personne mise à part, qui luttaient sans relâche, source des troubles qui perturbaient inlassablement le calme admirable qui aurait pourtant pu régner au sein de cette demeure initialement vide. Seul l’un deux semblait serein. Et, en un sens, cela pouvait être rassurant. Un démon empli de rage n’est jamais un bon signe. Mais son assurance ne parvenait définitivement pas à le rassurer. Au contraire, l’inquiétude ne cessait de le saisir avec autant plus d’intensité que de secondes qui s’écoulaient. Il avait vu le visage qui se cachait derrière les traits monstrueux, il avait espéré ne pas avoir à le détruire. Cependant, la défaite progressive et de plus en plus assurée de son homologue ne pouvait que l’amener à cette unique conclusion : le démon ne serait plus un danger qu’une fois qu’il serait arrivé à son terme. Si celui qu’il connaissait en tant que Yamato ne parvenait pas à l’arrêter, alors plus personne ne le pourrait. Il devenait pour lui impératif d’accomplir l’unique option qui demeurait face à eux. Il devait obéir, une fois de plus, à ces ordres terribles qu’il avait reçu. Il avait trop réfléchi, il en venait à se demander si ce qu’il faisait était juste. Ce n’était pas bon pour lui. Les relents de sa conscience dissipée et fragmentée ne devaient plus l’atteindre. Fermant son esprit, il se lança, à son tour, vers un combat incertain.

Rapidement, il rejoignit l’autre homme. Celui-ci l’observa quelques instants, puis il se tint prêt, l’acceptant comme un nouvel allié qui l’accompagnerait sans doute vers une mort certaine. Cependant, il l’arrêta aussitôt.

« Vous avez bien combattu jusqu’à présent, mais… dans votre état actuel, vous ne seriez qu’une gêne.
- Vous n’aurez pas la moindre chance de le vaincre seul, répliqua aussitôt Yamato, outragé qu’on lui accorda si peu de crédit.
- Vous ne comprenez pas, réagit calmement le rouquin. On m’a envoyé ici, pour exécuter cette tâche, et je ne pourrai que l’accomplir seul.
- Non, vous ne saisissez apparemment pas l’importance de l’ennemi face à nous ! Il s’agit de Kyuubi, et si même le Yondaime n’est parvenu à le terrasser sans y perdre la vie, je doute qu’un homme seul puisse… »

Avant qu’il n’ait pu achever ses réprimandes, le corps du soldat trentenaire s’effondra en avant, délicatement rattrapé par le rouquin avant qu’il n’atteigne le sol. Derrière lui, un clone, parfaite réplique de l’homme face à lui, se tenait immobile, tout autant silencieux que l’était son original. Ce dernier soupira, tandis qu’il posait le corps du soldat au sol.

« J’avais espéré ne pas avoir à en arriver là… »

Le clone s’élança brusquement, contre un ennemi non loin de planter ses crocs sur les deux comparses. L’étrange figure masquée se releva aussitôt. Il n’avait plus de temps à perdre, il devait en finir au plus vite. Sans plus tarder, il rejoignit son clone, qui ne tarda pas à disparaître, face à une si grande menace. Contre toute attente, il se surprit à ressentir une certaine forme d’amusement au cours de son combat. Trop souvent, on l’avait contraint à affronter des ennemis bien en dessous de ses capacités, et dont il se défaisait sans le moindre mal. Mais aujourd’hui, il se trouvait bien loin de ces affrontements dénués de tout intérêt. Le démon se révélait être un adversaire redoutable. Il parait beaucoup de ses coups, esquivait la plupart des autres, et ripostait avec une rage qu’il doutait pouvoir un jour contempler chez un humain. Il se sentait vivre, au cours de ce combat, bien plus qu’il ne s’était jamais sentit vivant tout au long de sa vie. Il avait été élevé comme un guerrier, et cet ennemi faisait honneur à son âme aux prises d’une soif inextinguible, ivre de batailles titanesques et d’affrontements sanglants.

Le démon semblait dans un tout autre état d’esprit. Cet adversaire se révélait bien plus coriace que ceux qui l’avaient précédé. Lui parvenait à parer, à esquiver ses coups, et le contraignait même à assurer une défense non négligeable. Ses griffes fendirent l’air, mais elles ne fendirent rien de plus. La crinière rousse était passée au-dessous avec une facilité déconcertante. Le renard s’élança, et, du haut de sa lévitation, dégagea une masse d’énergie impressionnante. Mais l’homme avait déjà disparu. Pris d’un soudain instinct animal, les queues du renard, sous son ordre, fendirent brusquement l’air de toutes parts. Une masse fut projetée au loin. Le démon étira ses lèvres en un large sourire : il l’avait finalement touché. Mais la frustration ne tarda pas. Il s’était rapidement rattrapé, et était déjà prêt à relancer contre lui un nouvel assaut. Cela ne pouvait plus durer. Il devait faire appel à d’autres moyens, cet humain-là semblant d’un tout autre niveau.

Les immenses poumons du renard s’emplirent, avec une brusquerie soudaine, et une rapidité extraordinairement déconcertante face à la quantité d’air que ces deux énormes organes semblaient pourtant requérir pour être emplis. L’homme à la crinière rousse observa la scène avec une inquiétude non dissimulée. Le pelage de l’animal attira son regard quelques instants, et ses jambes s’animèrent avec plus de vivacité que jamais. Rapidement, il partit en arrière. Les poumons se déversèrent alors de tout leur contenu, tandis que le renard tournait sa gueule vers son opposant. Et l’air, à peine sorti de l’immense bouche animale, se changea en flammes, qui vinrent embraser tout l’ambiant de la caverne. Bientôt, elles atteignirent jusqu’aux parois rocheuses, emplissant peu à peu tout l’espace de l’immense cavité, brunissant la face occultée des immenses visages bienveillants.

Le regard du soldat s’était tourné vers les trois hommes encore au sol, et ses jambes avaient vite suivi. Doté d’une vitesse plus que considérable, il s’était empressé de les rejoindre. Il ne s’interrogea même pas sur le fait que les deux inconscient qui gisaient quelques mètres plus loin, contre les parois, avaient subitement disparu, et se dirigea vers celui qui courait les plus gros risques : Yamato. Rapidement, il se saisit du corps, et se dirigea vers l’extérieur, tandis que les flammes enivrantes venaient lui lécher les jambes avec une sensualité insoupçonnée de leur part, presque perverse, marque de leur empressement à le dévorer, à l’instar de leur maître. Les pupilles du Shodaime constituèrent pour lui un espace suffisant, qui leur permit, lui et son fardeau, de s’extirper des chaleurs opprimantes de la caverne, pour rejoindre l’air frais de la nuit, pur, salvateur. Dans la caverne étouffante, les roches rougeoyaient déjà, et menaçaient de se faire laves et magmas. Il s’empressa de rejoindre le toit le plus proche, et s’apprêta à y déposer la victime, lorsqu’il s’arrêta dans son geste, frappé par un détail qui n’avait pourtant rien de futile.

Ils étaient là, les deux dont il avait remarqué l’étrange absence quelques secondes auparavant. Inertes, totalement coupés de la réalité, ils semblaient le narguer, se moquer de son incapacité à saisir les raisons obscures de leur présence ici, à plusieurs dizaines de mètres de leur localisation originelle. Non, l’un d’eux remuait légèrement. Il s’agissait du plus jeune. Ses paupières ne cessaient de s’agiter, signe de sa présence parmi les vivants et les éveillés. Le jeune émit un léger grognement, un balbutiement indescriptible qu’il ne parvint pas à déchiffrer. Le soldat se rapprocha de son visage, inclinant la tête, tendant l’oreille, se rapprochant au maximum de ses lèvres. Ce fut alors qu’il l’entendit à nouveau, le grognement. Mais cette fois-ci, ce dernier était accompagné d’une distinction qui le rendait parfaitement compréhensible. Cela n’en eut pas moins pour effet de le plonger dans le doute le plus total, très vite suivi par l’angoisse et l’inquiétude.

« Hinata… »

Sans plus tarder, l’homme se jeta en avant, propulsé sans la moindre conscience de sa trajectoire. Il n’avait plus qu’un but, plus qu’une finalité : atteindre la caverne, avant que l’irréparable ne se produise. Une personne était passée au travers du filtre, il était de son devoir de la protéger du démon. Très vite, il rejoignit l’une des deux fentes de l’illustre fondateur du village en contrebas.

Il la vit. Elle était là, sereine, calme, faisant face à un démon déchaîné. Il ne la comprenait pas, et cette incompréhension le tétanisait. Malgré tous ses efforts, il ne parvenait pas à bouger un muscle. Il était subjugué, transcendé par l’admiration et le doute que lui inspirait cette jeune femme, debout, seule, souriante. Même le monstre s’était arrêté pour elle. Il l’observait, presque immobile, contemplant cette étrange curiosité avec beaucoup d’intérêt. Puis, avec lenteur, il leva ce qui lui tenait de patte, la gauche, au-dessus de sa tête, trônant telle une épée de Damoclès entre eux deux. Sans un souffle, sans même qu’aucun bruit n’en vint conséquent à l’action, la griffe s’abattit, vers la jeune femme toujours sereine.




Alors ? Génial ? Incroyable ? Moyen ? Chiant ? Risible ? Vous vous demandez pourquoi est-ce que je n'en finis jamais avec ce combat qui s'étire en longueur et qui vous saoule depuis les premiers instants ? Vous trouvez que j'en fais trop et que je ne vais pas à l'essentiel ? Vous n'avez même pas été surpris de la fin car vous aviez tout découvert au départ, et vous trouvez que je gère très mal mes effets de surprise ? Vous attendez impatiemment la suite ? Dites-moi tout !



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