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Fiction: Pour l'amour de Konoha

Seul, il l'avait toujours été. Et sans doute le resterait-il toujours. C'était son destin, c'était ainsi, et il ne pouvait rien y faire. Peut-être que s'il n'avait pas porté ce nom, et ce passé, tout serait différent. Mais le fait était là. Il était ce qu'il était, et il ne pouvait réécrire l'histoire. A présent, il le savait. Quoi qu'il fasse, il resterait seul. C'était inéluctable.
Classé: -16D | Spoil | Action/Aventure / Romance | Mots: 67439 | Comments: 22 | Favs: 48
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Sëlan (Masculin), le 24/04/2012
Mesdames, messieurs, bonsoir. Le sixième est là, et je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Alors, on se retrouve en bas.



Chapitre 7: L'éveil du démon, acte premier : percussions spirituelles.



Yamato s’immobilisa subitement. Cette sensation… Non, il n’aimait pas ça. En définitive, il n’aimait vraiment pas ce qui l’assaillait en cet instant. Ses sens de soldat s’éveillèrent avant qu’il n’ait pu trouver le temps de s’égarer encore sur la question. Une copie de sa personne partit rapidement rejoindre le bureau de l’Hokage. Il fallait faire vite, il devait à tous prix éviter cela. Le soldat se dirigea à toute vitesse vers la source de ce qu’il avait perçu, vers cette menace imminente qu’il pensait ne plus jamais avoir à affronter.

Les masses d’énergie rougeâtre s’échappaient de son corps à une vitesse fulgurante. Il ne parvenait plus à se maîtriser, il ne contrôlait plus rien. Ses canines s’étaient dangereusement allongées, ses ongles n’étaient à présent plus que griffes aiguisées, prêtes à déchirer les corps qui se présenteraient face à elles. Il devait faire vite. Des personnes avaient déjà dû le sentir, et elles ne tarderaient pas à arriver. Trouver un endroit sûr, au sein du village, et maîtriser le renard, avant qu’il ne prenne définitivement le contrôle. Mais le renard était déjà en passe de contrôler le Jinchuuriki. Ses yeux, qui variaient du bleu au rouge à une telle vitesse qu’ils en devenaient presque violets, se tournèrent alors vers les falaises, là où trônaient les cinq immenses visages de pierre, là où trônait encore son paternel. Le jeune homme se précipita. Il sentait déjà derrière lui plusieurs personnes.
…………….

Ses yeux, d’un blanc qui occultait leurs pupilles, s’ouvrirent brusquement, alors que le jeune homme se relevait aussitôt. Même plongé dans le sommeil, ses sens avaient réagi. Neji s’habilla prestement, et se saisit de ses armes avec tout autant de rapidité. Ses réflexes de L’Anbu lui revenaient, comme les réflexes d’un sportif qui se prépare à entrer sur le terrain. Tout ce qui lui était important lui revint, les réflexes, les consignes, et surtout le but à atteindre. Mais ce qu’il ressentait ne parvenait à lui quitter l’esprit, repoussant presque son masque neutre qu’il avait appris à ne jamais quitter, même lorsque celui de cire ne lui recouvrait pas le visage. Déjà l’inquiétude et l’angoisse se frayaient un chemin en rongeant ce masque réputé imparable, tels deux rayons qui perçaient à travers l’obscurité. Jamais il n’avait ressenti une horreur pareille, jamais un pressentiment ne l’avait autant saisi que celui-là. Mais on lui avait raconté, il y avait bien longtemps déjà, ce que les soldats avaient ressenti, lorsque le terrifiant démon avait détruit la quasi-totalité du village, emportant avec lui de nombreux de leurs frères, avant d’être à son tour emporté, avec le défunt quatrième. L’horreur ne pouvait alors que le saisir encore plus, lorsque ses impressions se faisaient de plus en plus similaires à celles contées d’autrefois.

Sa fenêtre s’ouvrit rapidement. La porte d’entrée se trouvait trop loin, et le temps qu’il l’atteigne, les horreurs qu’il espérait empêcher pourraient s’être produites. Tandis qu’il posait un pied sur le rebord, Neji aperçut, loin au-dessus de lui, une ombre passer, à une vitesse plus qu’incroyable. Rapidement, les veines entourant ses yeux ressortirent, lui donnant une étrange allure. Mais il ne put rien distinguer. C’était comme ci le soldat qu’il s’évertuait à tenter d’identifier se masquait sciemment à sa vue, comme s’il avait deviné qu’on tenterait de le démasquer. Bien qu’il ne puisse le voir, Neji eut alors la certitude qu’il s’agissait d’un de ses confrères, eux seuls pouvant se masquer à leurs yeux, immunisés face à leur propre pouvoir. Il ne put cependant s’attarder bien longtemps sur la question de son identité, ses yeux rapidement attirés par le bureau de l’Hokage, où quelqu’un semblait déjà s’entretenir avec elle. Une chose de moins à accomplir, il pouvait dès à présent se diriger vers la menace. Et il savait, à présent, qu’il ne serait pas seul à l’affronter. Un tremblement au loin attira soudainement son regard. Neji savait à présent où se diriger.
……………

« Naruto a…
- Perdu le contrôle, je le crains. »

Tsunade et la copie de Yamato se trouvaient dans le bureau de l’actuelle dirigeante de Konoha. Leurs yeux étaient ternes, leur air grave, et l’atmosphère environnante semblait lourde, reflétant leurs émois.

« L’as-tu localisé ?
- Il se trouve actuellement dans les falaises, je me dirige vers lui en ce moment. Je devrais l’avoir atteint dans moins d’une minute.
- Alors il est parvenu à se cacher, souffla la blonde. Cela nous évitera au moins les villageois. Mais pas les autres, certains ont déjà dû sentir sa présence. Je veux que tu tiennes les autres Anbu à l’écart, je ne pense pas qu’ils nous soient d’une quelconque utilité.
- Très bien, Hokage-sama, déclara promptement le soldat. Que dois-je faire concernant les éventuels rangs inférieurs qui l’auraient perçu ?
- Quelqu’un ne devrait pas tarder, je l’enverrai, répondit aussitôt la dirigeante. Enfin… J’espère que cette fois-ci, il ne sera pas en retard… »
…………….

Les cinq visages tremblaient avec une telle intensité qu’ils semblaient sur le point de s’effondrer. De leurs yeux, ouvertures sur les antres derrière leur imposante façade, une lueur rougeoyante, inquiétante, brillait partout où l’on pouvait regarder. Les tremblements s’enchaînaient, avec plus d’intensité à chaque nouveau coup que subissaient les parois rocheuses, menaçant de céder à tout instant.

Naruto ne contrôlait plus rien. Ses coups partaient sans qu’il ne parvienne même à les freiner. Le démon était resté trop longtemps silencieux. Il était parvenu à le garder muselé jusque là, mais à présent, il se déchaînait. Et bientôt les falaises s’effondreraient, emportant avec elles la moitié du village. Non, il devait faire vite, il devait empêcher cela. Il ne parviendrait plus à rien de l’extérieur, il devrait traiter le problème à la source, tant qu’il lui restait un tant soit peu de conscience au sein de son corps. Retenant son souffle, il plongea, s’immisçant au plus profond de lui-même, dans les noirceurs de son esprit.

L’eau à présent lui arrivait à la mi-cuisse. Elle le ralentissait, comme si elle ne désirait pas qu’il avance plus loin, comme si elle redoutait qu’il soit affecté par ce qu’il découvrirait alors. Les murs, eux, semblaient plus délabrés que dans ses souvenirs. Pas un seul n’était lisse, et partout les fissures perçaient, comme si on s’était évertué à tenter de les fracasser, de les abattre. Mais ce qui le saisit le plus, lorsqu’il observa les alentours, ce fut les ténèbres qui l’emplissaient, son incapacité justement à observer et détailler clairement ce qui l’entourait. Il devait se rapprocher au plus près des murs pour pouvoir les détailler, il devait avancer tout en redoutant que quelque obstacle ne le bloque soudainement ou ne le fasse trébucher lamentablement. Il ne pouvait avancer calmement, il devait se concentrer sur son chemin, avec une telle intensité qu’il en oublierait presque l’immense renard, si celui-ci ne s’était donné corps et âme pour tenter de fracasser les barrières qui le retenaient. L’inquiétude de Naruto ne cessait d’augmenter, à chaque fois qu’il entendait les lourds raisonnements du métal contre lequel on frappe, guettant le moindre bruit, le moindre signe qui indiquerait une faiblesse de la part des barrières. Il tenta de presser le pas, en vain.

Les couloirs s’enchaînaient, accompagnés à intervalles réguliers par les échos du métal, qui semblaient se perpétuer à travers tout son esprit, retentissant jusque dans son crâne, qui commençait à lui être douloureux. Mais les résonances lui étaient salutaires, autant qu’elles pouvaient être oppressantes, jouant de leur sinistre mélodie, qui venait lui fracasser les tympans autant que son crâne. A défaut de voir, Naruto choisit d’entendre, et, à travers les sons qui retentissaient, il pouvait savoir s’il était ou non proche de sa cible. Avec prudence, il avançait au sein de l’eau qui tentait tant bien que mal de le retenir, contournant quelques fois des gravats de murs qui s’étaient lamentablement effondrés au sol, trébuchant parfois sur quelque pierres, se rattrapant aux murs du mieux qu’il le pouvait, ou bien s’échouant dans les marées, sa tête maintenue au sec uniquement grâce à la précieuse aide de ses bras, qui la préservaient. Et bientôt, lorsque les ondes sonores firent vibrer son crâne avec une telle intensité qu’il eut l’impression que l’os craquerait d’un instant à l’autre sous la pression, il sut qu’il était finalement arrivé, après un parcours semé d’obstacles. Il l’avait enfin atteint, le Kyûbi, démon renard à neuf queues, grand roi parmi les démons, à la fois sa victime et son bourreau.

« Je me doutais bien que tu viendrais, lança le renard en apercevant le jeune homme pénétrer dans sa prison.
- C’est pour ça que tu tentes de fracasser les barreaux ? demanda le blond avec une courtoise curiosité.
- Exactement, j’espérais pouvoir te dévorer avant que tu ne repartes.
- Et… Tu obtiens du résultat ? demanda à nouveau le jeune homme, avec le même ton.
- Non, malheureusement, ton imbécile de paternel a bien construit les barreaux.
- C’est qu’il ne doit pas être aussi stupide que tu le dis, rétorqua le blond. »

Pour la première fois depuis qu’il avait pénétré la prison, le ton du jeune homme changea. Il était las, à présent, il avait fini de jouer la comédie. Il était venu pour récupérer son corps, il ne repartirait pas sans l’avoir repris. Mais la partie n’était pas gagnée pour autant.

« Tu as assez joué, lança-t-il, avec toute la froideur dont il était capable.
- Au contraire, je commence à peine.
- Il me semblait pourtant avoir été clair, la dernière fois.
- Ton stupide maître n’est plus là, je ne crains plus les Uchiwa qui pourraient venir me contrôler, et le Yondaime est mort. Tu es la seule barrière qui me retient encore à toi.
- Et bien sûr, tu as pensé que tu pourrais la briser.
- J’ai dépassé le simple stade du projet, répliqua le renard. J’ai attaqué lorsque tu étais faible, alors que tu pensais à ta stupide humaine, et regarde, le sceau qui nous lie va bientôt être anéanti.
- Généralement, c’est le moment où tu lances un de tes rires stupides, lança le blond.
- Je le réserve pour quand je serai dehors.
- Alors il risque d’attendre. »

Tous deux s’observèrent, cherchant la victoire à travers cette joute silencieuse, cherchant à faire plier l’autre en premier. Le bleu profond affronta le rouge terrifiant, et les minutes s’éternisèrent. Le sceau était en effet à moitié détruit. Il ne tiendrait plus longtemps. Il devait faire vite ; bientôt, ils seraient nombreux à l’atteindre, au dehors. Et si Yamato n’arrivait pas en premier ? S’il ne parvenait pas à être suffisamment rapide pour le contenir avant que les autres n’arrivent ? Combien paieraient pour sa faiblesse ? Combien d’amis et de connaissances connaîtraient alors frayeur et souffrance ? Non, il ne pouvait se le permettre, il devait trouver un moyen de museler son animal de compagnie une nouvelle fois, et cette-fois ci, s’assurer qu’il soit tenu à l’écart pendant une période bien plus longue. Il se remémora alors de la dernière fois, le dernier carnage qu’il avait causé, avant que son maître ne parvienne à l’enfermer.

Le maître l’observait. Son regard, se voulant compatissant, ne pouvait cependant cacher une certaine dureté, ainsi que, dans une moindre mesure, un certain relent de frayeur. Le jeune disciple avait détourné le regard, la tête baissée, honteux. Ses cheveux n’étaient pas encore aussi longs qu’ils le deviendraient plus tard, et son regard avait encore, en ses profondeurs, cet éclat, celui-là même qui le caractérisait aux yeux de tous. Mais il avait dès lors perdu de sa superbe, et déjà d’autres lueurs venaient l’obscurcir. Jiraya, quant à lui, ne semblait pas avoir changé depuis son départ, si ce n’est que quelques rides supplémentaires étaient venues s’incruster à jamais au coin des yeux du vieil ermite. Pourtant, en cet instant, il semblait loin du Jiraya jovial et rieur qu’il était la plupart du temps. Pour quelqu’un qui ne le connaissait qu’en surface, c’était un tout autre homme.

« Sensei, je… Je suis désolé, je ne voulais pas…
- Ce n’est pas ta faute, Naruto, répliqua aussitôt le maître en levant la main, pour faire taire son disciple. Je suis bien plus responsable que toi, j’aurais dû savoir, j’aurais dû appréhender… »

Le blond releva aussitôt le regard, observant alors son maître avec un air interrogateur, qui venait de plus en plus souvent marquer ses traits. Jiraya observa son disciple quelques instants, avant qu’un léger sourire ne vienne courber ses lèvres. Il souhaitait sincèrement que cet imbécile face à lui reste à jamais ce qu’il était.

« Kyûbi grandit avec toi, Naruto, commença-t-il patiemment, si tu deviens plus fort, alors il le deviendra aussi. Enfin, disons plutôt qu’il se verra moins limité. Je t’ai poussé à l’amener, et j’aurais dû prendre infiniment plus de précautions.
- Maître, votre blessure…est-ce que ca va ? »

A sa remarque, Jiraya baissa aussitôt le regard vers son ventre. Un épais bandage en recouvrait la quasi-totalité. A l’origine, le tissu avait été d’une blancheur dont la pureté approchait la perfection, mais à présent, il s’était considérable assombri, teinté du rouge étonnamment sombre de son liquide vital. La blessure était guérie, mais le moindre choc pourrait la rouvrir, et il ne souhaitait pour rien au monde ressentir à nouveau la douleur qu’il avait subie, lorsque le renard, sous le corps de son élève, lui avait arraché une partie de ses tripes, en plantant profondément ses griffes dans sa chair. Il aurait pu s’en délecter, si jamais le vieil ermite ne l’avait alors assommé, saisissant sa chance tant qu’il était encore conscient, et sauvant son disciple d’horribles frayeurs, liées au terrible souvenir que le démon lui aurait alors infligé. Il ne savait combien de temps, mais il se doutait que le rétablissement serait d’une longueur effroyable, d’autant plus s’il continuait à bouger, et il ne pouvait se permettre de rester alité, pas maintenant, en tout cas.

« Bien, ne t’inquiètes pas pour ca, je m’en remettrai. Crois-moi, j’ai connu pire.
- Et… pour la jeune femme, demanda le blond avec une voix déchirée, est-ce qu’elle… Est-ce que…
- Elle va s’en sortir, je t’ai arrêté à temps.
- Mais… elle sera traumatisée, n’est-ce pas ?
- Je pense en effet qu’il ne vaut mieux pas qu’elle te revoie à nouveau, cela ne serait bien pour aucun de vous deux. »

Naruto baissa légèrement la tête. Que n’aurait-il pas donné, en cet instant, pour être capable d’inverser l’ordre des choses, pour revenir en arrière, et tout effacer, revenir même jusqu’à sa naissance, et empêcher cette femme de le rencontrer ?Sa conscience le tourmentait, mais ce n’était rien, en comparaison du renard, qui ne cessait de lui susurrer ses remarques brutales à l’oreille. Il était encore réveillé, il lui indiquait, avec une précision effroyable, ce qu’il ferait, la prochaine fois qu’il pourrait à nouveau sortir, peut-être même pour ne plus jamais retourner au sein de sa cage. Non, il ne pouvait pas… Il devait l’empêcher, qu’importe comment, qu’importe ce qu’il lui en coûterait, il devait à tout prix faire quelque chose.

« Sensei, c’est… C’est elle ? Celle qui vous a soigné ?
- En effet, il se trouvait qu’elle n’était pas tout à fait une civile, rétorqua le vieil homme. Une chance, vraiment.
- Sensei, je voudrais… N’y-a-t-il pas un moyen de… De l’empêcher de…De sortir, et de me parler… ? »

Il avait prononcé ces paroles d’une voix hésitante. Sans mal, Jiraya avait pu percevoir dans sa voix l’espoir, et l’inquiétude, l’angoisse, et l’aspiration à un calme nouveau. Il prit la peine d’observer son disciple. Il n’avait, depuis qu’il était entré en contact avec Naruto, jamais songé à ce qu’il pouvait ressentir, à ce que le démon pouvait lui faire endurer. C’était comme si une deuxième conscience se tenait constamment sur votre épaule, comme si le diable y avait élu logement, ne cessant de vous murmurer les pires horreurs, ne cessant de s’inspirer de vos craintes les plus profondes pour mieux vous tourmenter, pour mieux pouvoir en tirer profit. Compassion et pitié n’étaient plus suffisantes pour exprimer les sentiments du maître à son égard. Il se rendit compte, au même moment, à quel point il avait pu être cruel, à quel point chacun de ceux qui l’avaient connu avaient pu être cruels. Lui-même ne savait pas s’il pourrait le supporter, s’il ne serait pas devenu fou, alors que le jeune homme se tenait là, face à lui, triste, désespéré, mais bien conscient de lui-même, luttant toujours contre les forces qui l’opprimaient, cherchant la lumière, malgré les ténèbres. On n’aurait pu, avec tout le génie dont les humains sont capables, inventer quelque expression, pour alors décrire ce que ce jeune homme ressentait, ce qui l’opprimait lui et ses semblables. Comment avaient-ils pu être aussi cruels ? Aussi odieux, pour infliger cela à un bébé ? Et pourtant, il l’avait surmonté. Dans sa cruauté, Yamato avait vu juste, il avait été capable de le surmonter. Peut-être avait-il choisi le seul sacrifiable, le seul qui avait une chance. Mais cela le rendait sans doute encore plus cruel. Le seul qui aurait continué à souffrir, sans choisir la Mort, pourtant salutaire. L’instinct de survie, voilà la qualité indispensable commune à tous les Jinchuuriki.

« Il te parle, n’est-ce pas ? demanda-t-il avec compassion.
- Maintenant, après, avant, même dans mon sommeil, il est là.
- Naruto, je suis désolé, de ne pas l’avoir compris plus tôt…
- Ce n’est pas grave, ce n’est pas votre faute. Vous ne pouviez pas deviner.
- C’était mon devoir, pourtant. Et à présent, je souhaiterais t’aider. »

A nouveau, l’air du jeune homme changea. L’espoir, qu’il avait entraperçu quelques instants plus tôt, était à présent bien plus clair et visible qu’il ne l’avait jamais été. Il observait son maître, droit dans les yeux, cherchant une quelconque lueur, qui aurait pu lui confirmer, ou lui infirmer…

« Je connais quelqu’un, une vieille connaissance…, commença le vieil homme. Elle était... tout autant douée que ton père, en ce qui concerne les sceaux. C’est d’ailleurs elle qui lui a inculqué tout ce qu’il y avait à savoir, à ma demande.
- Et vous pensez que… Qu’elle peut m’aider, vraiment m’aider ?
- Oui, mais ce ne sera pas sans risques, sinon, ton père s’en serait chargé lui-même. C’est pourquoi je pense que, comme avec ton père, je vais étayer ta culture sur le sujet, comme ca, tu pourras palier aux dangers, qui, crois-moi, surviendront. »

Le bonheur qu’affichait à présent son disciple vint étirer un nouveau sourire sur les lèvres du vieil ermite, beaucoup plus convaincant que le précédent. Aujourd’hui, il allait faire ce que lui et tous les autres auraient dû faire, il y avait déjà bien longtemps. L’aider, véritablement, plus qu’il ne l’avait jamais fait. Lui faire connaître ce que tout être humain avait droit à entrevoir : le calme de la solitude, la solitude véritable, celui qui fait d’elle une circonstance parfois recherchée, et qui permet alors de se laisser aller librement à ses songes, sans être perturbé. Son sourire se raidit un peu, cependant, lorsqu’il repensa à sa comparse, si brillante dans le domaine des sceaux, dans lequel il demeurait, comparé à elle, un novice tristement naïf.

« Enfin, espérons qu’elle ne soit pas trop rancunière… souffla-t-il. »

Naruto observait le renard, avec une étrange lueur. Depuis les longs instants où il s’était remémoré cette longue conversation, il n’avait pas quitté le renard des yeux. Celui-ci le lui avait rendu, avec la même intensité, bien qu’il eût ajouté une brutalité qui aurait terrorisé le plus grand des héros. Le fixant toujours, ses babines s’entrouvrirent, laissant apercevoir d’immenses et terrifiants crocs, qui semblaient être capables de broyer des os avec une facilité déconcertante.

« Tu n’y parviendras pas, souffla-t-il.
- C’est ce que nous verrons. »
……………

Le Hyûga avançait rapidement, sautant de bâtiments en bâtiments à une vitesse fulgurante. Il distinguait bien mieux les falaises ; à présent, il pouvait détailler les visages, et voir le moindre de leur défauts. Mais les visages ne l’intéressaient pas. Le jeune homme était autrement plus intéressé par ce qui s’y cachait derrière, les fameux abris, prévus en cas d’invasion du village pour sauver et protéger les citoyens. Il se concentra, son regard se fit plus fin, et plus perçant, au point qu’il en parvint à transpercer jusqu’aux épaisses parois de roches, et fut alors capable d’observer les vastes cavités qui s’y trouvaient derrière. Mais comme il l’avait pressenti, elles n’étaient pas inoccupées. Quelqu’un s’y trouvait, quelqu’un qui se comportait d’une étrange manière. Tantôt il fracassait les parois de roche, faisant trembler jusqu’aux visages, tantôt, il tombait à genoux, se tenant la tête entre les mains. Et, au-delà de la chevelure blonde, les trois cicatrices, les trois moustaches n’échappèrent pas au regard de Neji Hyuga, dont les yeux s’écarquillèrent aussitôt, lorsqu’il reconnut le visage de son ancien ami, le visage du déserteur, Naruto Uzumaki.

« Naruto…
- Tu l’as vu, n’est-ce pas ? »

Aussitôt, le jeune homme se retourna. Dans son intense concentration, il en avait oublié de surveiller ses arrières. Et face à lui se tenait à présent Hatake Kakashi. Officiellement ancien anbu de Konoha, officieusement, l’homme qui l’avait formé pour qu’il puisse enfin rejoindre l’élite. Un détail le marqua, un détail, qui, pour toute autre personne, et en d’autres circonstances, aurait pu paraître sensiblement anodin. L’épouvantail ne tenait aucun livre à la main, il le fixait, tranquillement, son regard terne venant percuter celui du jeune homme. Autrement dit, il était sérieux.

« Qu’est-ce que Naruto fait ici ? Et pourquoi personne ne tente-t-il de l’arrêter ?
- Tu as dû mal regarder, quelqu’un est déjà en route. »

Neji se concentra à nouveau. Et en effet, quelques secondes plus tard, il aperçut un ninja, aux portes des cavités, fonçant à toute vitesse vers le Jinchuuriki. Il le reconnut pour l’avoir quelques fois remarqué au sein de leurs comparses. Mais il ne savait rien de son identité. Il put cependant constater une inquiétude flagrante sur son visage, à travers son masque.

« Nous devons tout de suite le rejoindre ! s’exclama Neji, qui ne comprenait plus l’épouvantail.
- J’hésite encore, rétorqua le trentenaire. Que comptes-tu faire, une fois là-bas ?
- Le neutraliser, bien sûr ! Et l’amener en face de Tsunade !
- C’est ce que je craignais. De toi à moi, je pense que nous serions de trop, Yamato est capable de le neutraliser seul.
- Mais il s’agit de Kyûbi ! Il va le…
- Yamato est tout à fait capable de gérer ca tout seul, le coupa Kakashi. En fait, je crois qu’il n’y a que lui. »

Neji observa son maître comme s’il le voyait réellement pour la première fois, comme s’il venait d’abaisser son masque de tissu, et qu’il n’y découvre une horreur, une chose qu’il n’aurait jamais songé se trouvant là, derrière le masque sombre.

« Si vous ne me laissez pas passer, Kakashi-sensei, je crains de devoir…
- Oh, rassure-toi, nous allons y aller, tous les deux. Mais avant ça, tu dois me jurer, sur ton bandeau, qu’une fois là-bas, tu ne tenteras rien. Comme je te l’ai dit, tu ne serais qu’une gêne. »
Le jeune Hyûga le fixa quelques instants. Puis, vaincu, il soupira. Une bataille contre l’épouvantail, même s’il la remportait, le laisserait dans un trop mauvais état pour qu’il puisse seulement espérer contenir Kyûbi.
« Vous ne voulez pas l’arrêter ?
- Ce ne sont pas les ordres que j’ai reçus. »

Deux alternatives, deux routes qui bifurquaient de celle qu’il avait empruntée jusque là. Il ne voulait pas le combat, sa raison et son bon sens ne lui présentaient cette option que comme une terrible erreur qui le rendrait alors totalement inutile, et risquerait de contribuer à sa perte. Il devait coopérer, ou fuir. Pour une fois, le Hyûga renonça à sa fierté. Ou plutôt, c’était ce de quoi il tentait vainement de se convaincre…

« Alors, je n’ai pas vraiment le choix.
- Qu’est-ce que tu… »
Avant même qu’il n’ait pu formuler son interrogation, son disciple s’éclipsa, disparaissant presque à son regard, avant que celui-ci ne vire au rouge, et ne repère sa cible avec une étonnante facilité. Il se dirigeait à toute vitesse vers les falaises, où le trentenaire percevait d’inquiétantes lueurs rougeâtres. Kakashi se lança à sa poursuite, il devait l’arrêter avant qu’il n’arrive à destination. Ses clones s’occuperaient du reste.
…………….

« Si tu ouvres cette porte, gamin, tu ne pourras plus jamais la refermer !
- Ou bien tu ne pourras plus jamais la rouvrir, rétorqua le blond. C’est un pari intéressant. »

Naruto s’avança à pas feutrés vers son compagnon qu’il avait accueilli dès sa naissance, à contrecœur. Le renard l’observait, les babines retroussées, les immenses crocs se soulevant au rythme de l’air qui pénétrait dans son immense gueule. Dans sa main se tenait déjà le parchemin, teinté d’encre, aux symboles quasi-millimétrés. Il n’avait pas le droit à l’erreur, les risques encourus étaient bien trop grands. Il avait trop attendu, trop retardé ce qu’il savait pourtant inévitable. Il avait eu peur, il avait redouté un probable échec de sa part. Il avait craint les maux infligés par sa conscience si jamais il venait à échouer, bien qu’un échec de sa part eût irrémédiablement entrainé le déclin de tout son conscient, qui serait tombé avec le reste de son être. Et à présent, l’échéance finale était tombée, il ne pouvait maintenant plus reculer, il ne pouvait plus se préparer, il n’avait désormais plus le loisir d’aseptiser ses craintes, de les réduire à l’état d’angoisses, mais devait les affronter, alors qu’elles étaient en ce moment même à leur paroxysme. Jamais il n’aurait pu songer à pire endroit pour se défaire de ce fardeau.

Ses doigts s’approchèrent avec lenteur de la cage, tandis que déjà le souffle du renard venait se répercuter sur eux. Le jeune homme trembla légèrement. Malgré l’assurance qu’il montrait au démon, il était loin d’être sûr de ses capacités. Mais il n’avait plus le temps de douter. Rapidement, ses doigts attinrent le papier, rapidement, ils s’y collèrent, et ce fut sans plus tarder qu’il en saisit le bord, solidement attaché au mur, comme si une force l’y attirait inévitablement. Dès qu’il commença à tirer, le jeune homme ressentit un étrange malaise. Sans doute était-ce là l’ultime barrière de son paternel pour protéger son fils, ou bien peut-être l’ultime assaut de sa raison pour tenter de le protéger à son tour ? Il n’eut pas le temps de se décider, car la seconde qui suivit, le sceau était retiré, et la barrière s’ouvrit violemment, laissant apparaître un démon qui montrait déjà tous ses crocs.
…………….

Yamato déboucha enfin sur la source de tous les vacarmes, de tous les tremblements. Là, il la vit, l’horreur. Elle semblait se débattre, ayant pris l’apparence de son disciple, allant et venant à travers la caverne, fracassant les murs comme s’il s’agissait de plâtre, et non de pierre. La tâche ne serait certainement pas aisée, mais il devait l’accomplir. Tout d’abord, s’informer de l’état de la situation. Effroyablement grave. Six queues apparaissaient derrière le jeune homme, si queues de chakra, rouges, aussi ternes que le sang lui-même. Mais quelque chose clochait. A ce stade, le jeune homme aurait déjà du revêtir le manteau de son démon. Et pourtant, il était bien là face à lui, les traits étonnamment dénaturés, mais toujours les traits d’un homme, dans leur majorité. Un léger détail attira le regard du maître du bois. Et ce détail, justement, c’était le regard même du jeune homme. Il n’était pas rouge, il variait, sans cesse, du rouge au bleu, du naturel au surnaturel, et de l’humain au démon. Toute la gestuelle du jeune homme semblait indiquer un conflit interne. De toute évidence, Naruto luttait. Il devait l’aider. Premièrement, l’immobiliser, ensuite, l’enfermer dans la cage, et le contenir. Dans un saut, le maître se lança.

Neji avait presque atteint les cavités. Ce n’était plus qu’une question de minutes. De secondes, si seulement son très courtois formateur n’avait pas décidé de l’empêcher d’atteindre son objectif. Des shurikens volèrent dans sa direction, mais il les para aisément. Ce fut alors qu’un énorme chien se jeta sur lui, le prenant par surprise, de côté. Cependant, un tourbillon divin lancé au moment propice parvint à l’éjecter, tandis que le jeune homme était toujours en mouvement. Il était plus rapide, plus agile, et plus vif, c’était indéniable. Contrairement à son maître, lui disposait des avantages de sa jeunesse, encore à son apogée. Et puis, il n’aurait atteint le titre honorifique de génie, s’il n’avait été capable de tenir tête à Hatake Kakashi. Bientôt, il fut capable d’entendre les cris du démon, et des noms presque hurlés, venant d’une autre personne. On l’arrêta cependant avant qu’il n’ait pu atteindre l’entrée, et Neji fut projeté au loin.

« Tu n’iras pas plus loin, lança l’épouvantail tandis qu’il s’arrêtait.
- Ah, vous croyez ? »

Le génie de Konoha avait encore le sourire aux lèvres, alors qu’une seconde plus tard, il disparaissait dans un épais nuage de fumée blanche. Le soldat à l’immense réputation se retourna aussitôt, et aperçut avec une légère grimace une ombre se faufiler à travers l’entrée, une ombre qu’il pensait avoir arrêtée, quelques instants plus tôt. Etrangement, il se sentait ridicule. Le fils de croc blanc s’engagea à son tour dans les cavités profondes de la falaise, trésors cachés de l’ancien village.
…………….

Il ne pourrait pas, il aurait sans dont énormément de difficultés à accomplir ce qu’il avait à faire, ce dont il devait s’acquitter. Il n’y avait, en lui, aucun don, aucune force suffisamment puissante pour le pousser à mener sa tâche à bien. Mais avait il seulement eu le choix, l’espace d’un instant ? Pouvait-il seulement risquer les nombreuses vies endormies au dehors ? Non, il ne pouvait pas, et pourtant la gueule de l’immense créature au pelage orange pointait déjà au dehors de la cage, observant la pièce et le jeune homme avec une avidité nouvelle. Il y avait, dans cette gueule terrifiante, une expression, sorte de jubilation poussée à son paroxysme, que le jeune homme, bien que l’ayant côtoyé depuis sa naissance, n’avait encore jamais vue. Il détestait voir ca, ce triomphe réjoui, qui ne cessait de lui rappeler la menace imminente d’un cuisant échec de sa part, échec qui entraînerait bien plus qu’un simple coup à sa fierté. Les masses de chakra terne s’étaient échappées par imposants flots dès la libération, se voulant provisoire, du terrible renard. Et pourtant, Naruto ne cessait de reculer, tandis que, face à lui, le démon avançait, les babines tirées jusqu’à ses immenses oreille pointues, et empourprées de son épais pelage.
…………….

Au dehors, le génie était finalement parvenu à la caverne ensanglantée, mélangeant sang humain et sang démoniaque avec une abondance terrifiante. Ses yeux nacrés parcoururent lentement l’horreur qui courait d’un bout à l’autre de la pièce de manière désordonnée, tantôt pourchassée par d’immenses formes de bois, tantôt attaquant un homme aux cheveux bruns, quelques mètres plus loin. Son visage se révulsa lentement, traversant le stress, l’angoisse et l’inquiétude pour irrémédiablement atteindre l’horreur, et le jeune homme s’élança, ses cheveux se balançant gaiment au gré du vent qu’il venait tout juste de créer, poussé par son élan. Il se rua sur le renard, et malgré ses immenses talents, malgré ses réflexes incroyables, son expérience remarquable, et son instinct infaillible, Neji Hyûga fut projeté au loin, avec une facilité terriblement déconcertante, par le démon Kyûbi, le visage empli de joie à la trouvaille d’une nouvelle victime à étriper. Le sharigan rattrapa le Hyûga à temps, avant qu’il n’aille s’écraser lamentablement contre la paroi de la caverne, se causant des blessures inutiles.

Le rouge à présent prédominait, les quelques relents bleus du regard du monstre se faisant de plus en plus occasionnels. Son humanité, à présent, l’avait presque complètement quitté. Il ne manquait plus qu’il prenne l’apparence d’un gigantesque renard, et Kyûbi serait à nouveau complet, prêt à dépeupler des villages entiers, comme il aima si bien le faire autrefois. Les trois hommes face à lui s’étaient subitement immobilisés. Il apparaissait clairement que, tout expérimentés qu’ils l’étaient, ils redoutaient la suite. Ses lèvres s’étirèrent encore. Lui, il allait l’adorer, la suite.




Voila, j'espère que la lecture n'a pas trop déplu. Ce n'est sans doute pas un de mes meilleurs chapitres, on en conviendra. Que dire de plus, si ce n'est, à la prochaine !



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