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Fiction: Pour l'amour de Konoha

Seul, il l'avait toujours été. Et sans doute le resterait-il toujours. C'était son destin, c'était ainsi, et il ne pouvait rien y faire. Peut-être que s'il n'avait pas porté ce nom, et ce passé, tout serait différent. Mais le fait était là. Il était ce qu'il était, et il ne pouvait réécrire l'histoire. A présent, il le savait. Quoi qu'il fasse, il resterait seul. C'était inéluctable.
Classé: -16D | Spoil | Action/Aventure / Romance | Mots: 67439 | Comments: 22 | Favs: 48
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Sëlan (Masculin), le 28/02/2012
Me revoilà, encore, pour vous servir. Nous sommes le 28 février à l'heure où j'écris cela, et j'espère, encore, que vous apprécierez. Il y a dans ce chapitre un passage qui me plait moyennement, enfin, disons que je trouve plus médiocre que le reste. Je vous laisse aimablement deviner lequel. J'ai aussi incorporé quelques clins d’œil dans ces lignes, et, une fois encore, je ne vais pas me priver de vous laisser deviner, ou pas, après tout, c'est vous qui voyez. Sur ce, bonne lecture !



Chapitre 6: Nomination et contrevenances



Une porte s’ouvrit, dans un sinistre grincement. Aussitôt, l’unique personne présente dans la pièce se retourna, pour observer deux hommes s’engouffrer par l’ouverture. L’un était mince, avait un regard bleu profond et des cheveux qui semblaient illuminer la pièce sombre de leur couleur dorée, tandis que l’autre était carré, les yeux marqués de légers cernes, et les cheveux d’un châtain morne qui tirait sur le brun, si bien que l’on distinguait difficilement leur couleur véritable. La vieille femme les contempla quelques instants, les laissant se planter devant elle, avant de prendre la parole.

- Personne ne vous a vus ? demanda-t-elle, la mine légèrement inquiète.
- Pas même un chat, répondit le jeune homme.

Sans attendre la suite, l’homme aux cheveux châtains tendit vers la vieille femme un petit rouleau solidement attaché, que cette dernière s’empressa de prendre, pour le ranger dans l’une des nombreuses poches intérieures qui composaient sa veste.

- Mission accomplie, se contenta de dire le châtain.
- Bien, très bien. Yamato, tu peux disposer. Rejoins la salle et assures-toi que tout y est. Il devrait déjà y être, mais avec lui, on ne sait jamais.

Sans plus un mot, l’homme se retourna et quitta rapidement la salle, prenant bien soin de refermer la porte derrière lui, laissant ainsi le jeune homme et la vieille femme seuls, à l’abri des oreilles indiscrètes. Les deux se contemplèrent, observant, l’espace de quelques instants, un calme admirable
.
- Tu es bien sûr de toi, Naruto ?
- Non, mais lui l’était.
- Ce qui t’attend, si tu suis cette voie, ne sera pas du tout plaisant.
- Je sais. Mais je pense que nous sommes tous les deux conscients que c’est ce qu’il y a de mieux à faire.
- Ce n’était qu’une hypothèse ! lança la vieille femme, excédée. Jiraya n’aurait jamais voulu ça pour toi !
- Non, mais il savait que c’était malgré tout un sacrifice qui devait se faire.
- Et puis ce n’est pas infaillible, tu ne ferais que retarder ce qui est inévitable. Tu ne gagnerais qu’encore plus de haine de la part des villageois.
- C’est ce qui fait le génie de cette hypothèse. J’étais le seul à pouvoir supporter cela. Ce ne serait alors pour moi qu’un rajout, là où pour toute autre personne, cela consisterait à s’incomber d’un fardeau terriblement pesant.
- Tu n’y es pas obligé, il est encore temps de revenir en arrière, Naruto.
- Et malgré tout, c’est ce que je souhaite, répliqua le blond, en plantant son regard d’azur dans les prunelles de la vieille femme.

Le jeune homme se détourna quelque peu, le visage légèrement baissé. Il n’aimait pas parler de Jiraya. Cela amenait chez lui des souvenirs bien trop douloureux pour qu’ils puissent être supportables. Néanmoins, la compassion qu’il éprouvait en ce moment envers la vieille femme qui, il le savait, devait ressentir quelque chose de proche à ce que lui-même subissait, le poussait à résister à son instinct qui lui intimait de quitter cette salle au plus vite. Mais il n’avait à présent plus rien à faire avec elle, il pouvait de ce fait laisser libre cours à ses désirs de fuite.

- Je peux m’en aller ? demanda-t-il, avec autant de politesse et de courtoisie qu’il était capable d’en fournir à cet instant.
- Non.

Le jeune homme se retourna vers elle, stupéfait, plantant à nouveau son regard dans le sien, sans pour autant parvenir à en saisir toutes les subtilités.

- J’aimerais d’abord que tu répondes à quelques unes de mes questions concernant Hinata Hyûga.

Si cela était encore possible, les yeux de Naruto s’exorbitèrent avec plus d’intensité, accentuant admirablement l’air d’incompréhension qui flottait sur le visage du jeune homme. Ses instincts le poussaient à présent plus que jamais à fuir cette salle, qui commençait à ressembler de plus en plus à une sinistre prison. La vieille femme, à sa vue, soupira.

- Tu te doutais bien que, compte tenu de mon intelligence, j’aurais compris pourquoi une de mes jeunes ninjas à peine devenue jounin était promue au grade d’Anbu, sans qu’on ne m’en ait jamais informée de quelque manière que ce soit, n’est-ce pas ?
- J’avais espéré que non, mais apparemment, je n’ai pas dû être très chanceux, répliqua le blond, avec un air blasé.
- Je ne me permettrai pas de te demander ce qui a bien pu se passer, commença la vielle femme, j’aimerais simplement savoir pourquoi tu tiens tant à ce qu’elle devienne Anbu.

Oui, pourquoi ? Pourquoi, déjà, avait-il voulu qu’on la fasse entrer dans l’élite des soldats, composée de tueurs sans âme et sans remords ? Pourquoi avait-il voulu qu’elle perde ce qui chez elle était si touchant, si pur ? Fusant avec une vitesse inouïe à travers l’enchevêtrement de pensées et de raisonnements qui s’entremêlaient dans son esprit, les raisons parvinrent jusqu’à la surface, brillant de leur éclat au sein de sa mémoire. Il y en avait un si grand nombre qu’il ne savait laquelle donner, laquelle serait la plus adaptée parmi toutes les piètres raisons qu’il s’était trouvé pour se convaincre. Et, miraculeusement, elle lui vint.

- Je l’ai mise en danger, dit-il simplement.
- Pourquoi ?
- Parce que je l’aime.

A ces mots, la vieille femme émit un petit rire, qui sonnait fatalement comme un rire moqueur. Il émanait de ce rire une forme révoltante de froideur. Le jeune homme la contempla, interloqué.

- De toutes les raisons que tu aurais pu me donner, Naruto, je crois que celle-là est la pire.
- Alors pourquoi, dites-moi ? lança le jeune homme, qui, visiblement agacé par le comportement de la vieille femme, commençait à perdre ses moyens.
- Parce que tu es égoïste. Parce que tu ne pouvais te résigner à rester seul, que même dans ta résolution, une partie de toi – sans doute la plus sensée – savait que tu ne pourrais le supporter. Et, plus que tout, parce que tu as trouvé quelqu’un qui pourrait t’aider à supporter ce que tu endures quotidiennement.

La vieille femme souriait, d’un léger sourire énigmatique, que le jeune homme ne pouvait résolument comprendre. Il lui faudrait des années, peut-être même des décennies pour cela.

- Mais ce que tu veux faire est terriblement égoïste, Naruto. Tu comptes lui demander de quitter ses proches, sa famille, uniquement pour te retrouver, peut-être même de sacrifier ce qu’il y a de meilleur en elle, pour être à tes côtés.
- Jamais je ne l’obligerai à…
- Cesse donc ce jeu avec moi. Toi et moi savons très bien qu’elle te suivra sans hésiter, mais je ne sais pas si elle pourra le supporter.
- Dois-je considérer cela comme un refus ? Questionna le blond.
- Je pense qu’en définitive, elle y gagnerait…

Les deux s’observèrent à nouveau. Naruto vit clairement son regard, et l’air qui avait pris place sur son visage sublime. Il le connaissait, pour l’avoir de nombreuses fois remarqué, la plupart en compagnie de son défunt maître. A présent, il le savait ; il avait gagné.

- Me laisserez-vous le plaisir de lui annoncer ?
- Je suis désolée, il faut que ça soit officiel. Et puis, je ne voudrais pas que vous fêtiez ça trop vite.

Le jeune homme tourna rapidement les talons et quitta la pièce, un léger sourire sur le visage, que la vieille femme devinait, même de dos. Une fois parti, et la porte refermée, la vieille femme se retrouva seule dans la vaste pièce qui était étrangement vide, et ressemblait à présent davantage à une cave sinistre qu’à une quelconque autre pièce, tant l’obscurité était ici omniprésente. A nouveau, Tsunade soupira.

- Je me fais vieille. Je deviens une Grand-Mère trop permissive…

Les trois hommes se trouvaient au centre de la pièce, rassemblés autour d’une petite table ronde, sur laquelle étaient posés plusieurs petits objets, dont un masque, à l’apparence étrange. La porte qui se trouvait au fond de la salle s’ouvrit alors brusquement, faisant place à une silhouette de haute taille, les cheveux en désordre, afin qu’elle puisse pénétrer dans la pièce et rejoindre les trois autres.

Le réceptacle de Kyubi s’avança dignement vers ceux qui seraient à partir de ce jour ses camarades, avec une démarche quasi-militaire, qui contrastait avec son allure, bien trop dépareillée. Il se trouva rapidement à la hauteur des trois autres, et put distinguer avec bien plus de précision ce qui ne lui avait jusqu’alors paru qu’ombres et silhouettes indistinctes. Il y avait, parmi les trois hommes, celui qui avait été son maître parmi les rangs de l’élite de Konoha, comme il s’y était attendu. Les deux comparses s’échangèrent un bref regard, dont la banalité rivalisait avec tous ceux qu’ils avaient pu échanger durant leur périple. L’hôte se désintéressa cependant rapidement de son maître, et observa plus attentivement les deux autres hommes qui se trouvaient là.

Le jeune homme fut hautement surpris de croiser le regard du célèbre ninja copieur de Konoha, dont la légende avait depuis longtemps dépassé les frontières de son village. Le trentenaire fatigué lui rendit son regard étonné avec ce soupçon de malice et d’intelligence que le jeune avait côtoyé durant toute son enfance, et qui dotait ce maître d’un charisme terriblement attirant et glorificateur. Le ninja, durant les mois où Naruto ne l’avait pas côtoyé, semblait avoir encore vieilli. Des fines rides se faisaient à présent apparentes sur son visage jusqu’alors parfaitement lisse. Le jeune homme fut toutefois surpris de voir l’homme être à un rendez-vous avant que lui-même n’arrive. Aussi loin qu’il pouvait s’en souvenir, c’était bien la première fois qu’il n’avait pas eu à attendre son maître. L’absence de surprise dans la réaction du trentenaire lui indiqua également que sa venue avait dû lui être informée, ainsi que, peut-être, une grande partie des détails concernant les derniers mois de son existence. Les deux hommes s’observèrent longuement avant que le troisième n’émit un bref bruit de gorge, qui rappela à Naruto sa présence parmi eux, bien plus curieuse que celle des deux autres, qui lui étaient déjà liés. Ce fut donc tout naturellement que son regard se tourna vers cet inconnu étrange et inquiétant.

L’homme le fixait d’un air serein, aucunement gêné ou impressionné qu’un être considéré comme un déserteur par la plupart des villages militaires qui composaient leur pays se trouvât devant lui en ce moment même. La crinière rousse profonde qui descendait jusqu’à ses omoplates lui donnait, selon Naruto, l’air d’un vieux lion dépareillé. Cependant, l’homme semblait plutôt jeune, bien qu’il fut sans aucun doute l’aîné de Naruto, et ce, de plusieurs années. A en juger par son visage, Naruto détermina qu’il devait avoisiner l’âge des deux hommes présents en sa compagnie. Ses yeux était d’un marron obscur si intense qu’ils semblaient noirs à l’obscurité, bien que la pâle lumière qui régnait permit au jeune homme de faire la distinction, son nez ne semblait pas avoir vécu une vie indemne, et les quelques marques qui peuplaient ça et là son visage témoignaient de ses nombreuses batailles. A nouveau, les deux hommes se contemplèrent silencieusement, avant que l’aîné ne fasse un sourire qui se voulait rassurant.

- Prends ces affaires, déclara-t-il en montrant une pile de vêtements à l’apparence neuve. Change-toi derrière, l’Hokage ne devrait plus tarder, maintenant.

Le jeune homme s’exécuta sans un mot. Il émanait de ce soldat une prestance, une impression étrange qui mêlait respect et terreur si habilement qu’elle en rendait ses ordres impossibles à contredire, même ceux qui semblaient moindres et insignifiants. Une fois paré pour la cérémonie, Naruto revint aux hommes, dans la somptueuse et discrète tenue qui serait dorénavant la sienne lorsqu’il agirait sous la bannière des Anbus. Il était clair, lorsque l’on observait cette tenue, qu’il était pour eux primordial de disparaître, et que la dissimulation jouait un rôle premier dans l’accomplissement de leurs fonctions. Et au sein de cette obscurité quasi-totale, le résultat était presque atteint. Rapidement, alors qu’il avançait vers eux, les trois hommes s’écartèrent pour qu’il puisse s’aligner face à l’entrée. Pas un mot ne semblait s’être échangé en son absence, et tous trois demeuraient étonnamment silencieux. Naruto prit place, et attendit.

Comme répondant à leurs appels muets, la porte s’ouvrit à nouveau, laissant ainsi une vieille femme aux apparences trompeuses pénétrer dans la vaste pièce sombre. Aussitôt son entrée faite, les lumières vinrent, et on put alors clairement distinguer la scène. La vieille femme s’avança vers la table devant laquelle se tenait le jeune homme, tandis que les trois soldats présents derrière demeuraient fixés dans leur silence. Pas un autre bruit que les pas de la vieille femme ne se fit entendre. Elle vint rapidement à sa hauteur, et les deux s’observèrent, bien qu’ils s’étaient quittés seulement quelques dizaines de minutes auparavant.

Avec lenteur, la vieille femme avança sa main vers la table, pour se diriger vers l’un des objets, qu’elle saisit. Il s’agissait d’un simple kunai qui avait cependant la particularité d’avoir une forme qui sortait des convenances habituelles en matière de kunai. Le jeune homme, lorsqu’il le détailla, le reconnut aussitôt. Alors qu’elle lui tendait, il le saisit, contemplant tour à tour l’arme et la vieille femme.

- Ceci est ton symbole, commença la vieille femme, c’est ce qui te caractérise parmi l’élite.

Puis, elle fit rapidement signe à l’homme aux cheveux d’un roux profond de s’avancer. Celui-ci, tandis qu’il approchait, leva légèrement les bras, dans une légère crispation. Il fit signe au jeune homme de retrousser le haut de sa tenue militaire, qui fit mine de s’exécuter aussitôt. Alors, et avec lenteur, le rouquin fit quelques signes de ses mains, et, tandis qu’il émettait un léger grognement de douleur, une marque, semblant être tracée à l’encre, apparut sur le biceps gauche de Naruto.

- De ce signe, nous te marquons comme l’un des nôtres, émit solennellement le rouquin.

Puis, alors qu’il rabaissait sa tenue, Naruto dirigea son regard vers la vieille femme, qui lui tendait à présent un masque immaculé. Il en profita pour le détailler, maintenant que le masque lui apparaissait plus clairement, sous la lumière. Il n’eut toutefois aucun mal à reconnaître l’animal qui y était représenté.

L’espace d’un millième de seconde, la vieille femme crut voir, dans les reflets bleutés du regard face à elle, une lueur rougeâtre, comme les ultimes signes d’un monstre qui se reconnaissait dans les traits immaculés. Et lorsque ses yeux redevinrent normaux, un léger rictus se dessina sur les lèvres du réceptacle, sorte de sourire mal réprimé. Il tendit lentement la main, et se saisit du masque parfaitement blanc. Puis, avec tout autant de lenteur, le réceptacle de Kyubi plaça le masque au sein de son visage, ne faisant à présent plus qu’un avec le démon qui l’habitait. Oui, il aimait cette idée, comme il aimait cette apparence... Un nouveau sourire fit place sur les lèvres de l’Hôte, bien que cette fois-ci, personne ne put l’apercevoir…

- Avec ce masque sur ton visage, tu n’es plus Naruto Uzumaki, tu deviens Akuma, membre de l’élite de Konoha.

Sans un mot, le jeune homme s’inclina légèrement face à la vieille femme, aucune émotion ne transparaissant à travers le filtre de son visage. Ses yeux se levèrent avec lenteur pour aller croiser le regard terne de son Hokage. Rien n’aurait pu révéler, en cet instant précis, les tensions survenues entre le chef et le soldat moins d’une heure plus tôt. Ce fut d’une voix morne et plate, dénuée de sentiments, que Naruto s’exprima, tandis que son regard se baissa à nouveau, fixant le sol avec obéissance.

- Je suis à vos ordres.
- acceptes-tu de te soumettre à chacun des ordres que tu recevras ?
- Je l’accepte.
- Te portes-tu garant de chacune des vies qui te seront confiées.
- Je m’en porte.
- Jures-tu de donner ta vie pour le village, si cela est nécessaire ?
- Je le jure.
- Bien, de ce fait, je te déclare officiellement Akuma, Anbu de Konoha.

Naruto se redressa, et devint aussitôt parfaitement immobile. « Akuma ». Ce nom l’obligea à réprimer un sourire, qui serait forcément mal vu dans les circonstances dans lesquelles il se trouvait actuellement. Elle ne manquait certainement pas d’ironie, pour l’affubler d’un tel nom. Mais, étrangement, il n’en éprouvait aucun ressentiment, il trouvait même à cela un certain comique. Il y avait en effet un une très certaine drôlerie à ce qu’il tue et détruise sous le nom qu’il avait justement tenté de réfuter durant toute son enfance, alors qu’il n’avait fait aucun des maux qu’on lui reprochait. C’était un peu comme s’il devenait justement ce de quoi on l’avait accusé d’être à tort. Il devenait ce démon que le village l’accusait d’être, pour soutenir ce propre village
.
C’était magnifique, pensa-t-il, comme s’il avait toujours été erroné durant toutes ces années, comme s’il n’avait jamais compris, jamais entrevu, que le village tout entier, jusqu’alors, n’avait fait que lui montrer la voie, tacitement et sans doute inconsciemment, mais irrémédiablement montrée. Ce dernier lui avait depuis toujours donné la marche à suivre, poussé dans le sens qu’il fallait qu’il prenne, s’il espérait un jour recevoir la reconnaissance dont il n’avait cessé de rêver depuis son plus jeune âge, comprendre que pour devenir un héros, pour espérer un jour voir graver sa figure sur la roche éternelle, et entrer dans la légende du village pour la fin des temps, il fallait accepter, et s’enfoncer dans l’unique chemin qui permettait cela. Il fallait, pour être acclamé et reconnu, à Konoha, s’immiscer aussi profondément qu’on le pouvait dans les obscurités martiales, trouver une place dans le panthéon de la confrérie noire, de ceux qui prirent jadis le blanc et l’aigle comme symboles, et passer maître dans les arts subtilement machiavéliques que ceux de la guerre et de l’assassinat.

S’il n’était passé maître dans l’art de maîtriser et de réfuter au plus profond de lui-même ses émotions, Naruto aurait aussitôt éclaté de rire, et les larmes de joie lui en seraient immédiatement venues. Il lui fallait donc, pour poursuivre son but de jeunesse, faire exactement ce qu’on exigeait de lui, devenir un démon, devenir Akuma. Cette bonne vieille femme était exceptionnellement remarquable.

Jusqu’alors figés, les trois hommes qui s’étaient presque fondus dans le décor à force d’immobilité s’avancèrent prestement. Le rouquin tendit un rouleau, qu’il ouvrit rapidement, pour ensuite l’étendre sur la petite table. On donna au nouvel Anbu une plume emplie d’encre et les quatre lui indiquèrent où déposer sa marque. Le jeune homme s’exécuta sans trop prendre la peine de réfléchir. Son nom fut rapidement inscrit, et rejoint celui des hommes qui avaient juré de défendre le village au péril même de leur existence.

Ce n’était pas de la fierté qu’il éprouvait, même s’il avait pensé, des mois auparavant, lorsqu’il s’imaginait cette scène, que cela aurait été la première chose à lui traverser l’esprit. La fierté de rentrer dans l’élite, l’orgueil d’avoir enfin accompli ce que son maître avait souhaité, cet étrange sentiment, que celui d’avoir accompli son héritage, d’être devenu ce qu’il voulait qu’il soit. Mais les paroles de Tsunade étaient encore trop présentes. Elles lui transperçaient l’âme et le corps de par en par au point qu’il aurait presque pu hurler, s’il n’avait appris, durant ces longs mois, à accepter et contenir la douleur, même morale. Il était à présent passé de lumière à ombres, de clarté à ténèbres. Il avait fait son choix, et à présent, il avait présentement atteint ce qui s’apparentait comme le point de non-retour. Il devrait donc aller jusqu’au bout, quoi que cela lui en coûte.

Rapidement, la vieille femme tourna les talons, et avant qu’elle ne se dirige vers la porte close qui dissimulait la lumière, elle s’adressa aux quatre hommes, silencieux.

- La cérémonie est levée, vous pouvez disposer.

Tous les cinq se mirent en mouvement, sans échanger plus un mot, et se dirigèrent vers la porte, qui s’ouvrit rapidement, et qui apporta une lumière nouvelle à la pièce atrocement sombre, emplie de ténèbres et de formes inquiétantes.
……………

- Si je t’ai fait venir ici, Yamato, c’est que j’aimerais te poser quelques questions, au sujet de la jounin que tu as proposé au poste d’Anbu, commença la vieille femme.

L’homme aux cheveux châtains l’observait avec une sérénité et un calme remarquable, parfaitement immobile, jusqu’à ses pupilles que ne bougeaient que de rares fois, et ses paupières figées, si bien que l’on se demandait comme l’homme parvenait à maintenir son liquide lacrymal au sein de ses prunelles, sans que celui-ci ne s’en échappe.

- Que souhaitez-vous savoir, Hokage-sama ? demanda-t-il avec un sérieux effroyable.
- Tout d’abord, je voudrais que tu me dises pourquoi tu l’as proposée comme Anbu.
- C’est une kunoichi compétente, elle dispose de toutes les qualités requises pour entrer à l’Anbu.
- Je conçois bien qu’elle possède quelques qualités appréciées chez les Anbus, cependant, il y a un obstacle majeur à son admission. Cette jeune femme possède des liens émotionnels beaucoup trop importants. J’imagine que tu t’en es aperçu, Yamato.
- En effet.
- Et pourtant, tu as accepté la requête de Naruto lorsqu’il t’a demandé de la faire admettre.

Pour la première fois depuis qu’il était entré dans la pièce, le soldat figé baissa les yeux, quittant abruptement le regard direct que lui lançait sa supérieure, tandis qu’au sein de son esprit se bousculaient pensées et questionnements avec un désordre admirable. Au bout de quelques secondes, son regard retrouva celui de la vieille femme.

- J’ai pensé que cela faisait partie de ma tâche.
- Tu as donc estimé que répondre aux caprices de ton élève faisait partie de ton devoir, si je comprends bien ?

La vieille femme s’était exprimée avec étonnamment de calme et de courtoisie, là où, pour toute autre personne, l’insulte et la menace auraient suinté à travers chaque mot.

- Vous m’avez demandé, Hokage-sama, de former le soldat le plus complet, le plus abouti, en essayant de refouler les moindres défauts qui auraient pu percer à travers le combattant qu’il est. J’ai donc usé du mieux de mes talents pour veiller à annihiler chacune des inepties qui auraient pu l’atteindre. Il se trouve cependant que, malgré mes efforts, une d’entre elles s’est faite persistante. Naruto a néanmoins eu la gentillesse de m’en apporter la solution, au moment même où je désespérais de trouver un quelconque remède pour y pallier.
- Hinata serait, selon toi, la solution aux excès de confiance de Naruto ?
- J’ai pensé qu’elle serait à même de lui faire prendre en considération la valeur de la vie humaine, et avant tout de sa propre vie. Mais si vous jugez ma logique erronée, je vous prierais de bien vouloir excuser mes trop grandes initiatives, Hokage-sama.
- J’aimerais simplement qu’à l’avenir, tu m’avertisses de tes raisonnements, avant de prendre des initiatives, Yamato, le réprimanda la vieille femme, néanmoins avec une certaine douceur.

L’expression de la vieille femme changea, considérablement, sans pour autant aller au radical. Elle quitta prestement le siège confortable de son bureau, et se mit à faire les cent pas, allant d’un bout à l’autre du meuble de bois qui la séparait de son subordonné. Au bout de quelques secondes, elle s’immobilisa.

- Je suis d’avis de faire d’elle son élève. Hinata a montré d’incroyables capacités ces derniers mois, ce qui lui a permis de passer au grade de jounin, et d’atteindre les plus hauts du rang. Il ne fait aucun doute que de le rejoindre directement nourrirait de grandes chances de faire d’elle un soldat remarquable qui serait alors à même d’avoir un poids au sein du village.
- Mais… ? demanda le soldat.
- Mais je crains qu’il y ait une part de risques non-négligeable. Tout d’abord, Naruto demeure encore un déserteur pour Konoha, et je crains que la jeune fille ne subisse de trop gros chocs émotionnels face à ce qui s’imposerait alors à elle.
- Vous craignez donc qu’elle ne soit trop faible ?
- Entre autres choses. Je n’ose même pas imaginer, par exemple, les conséquences impliquées si l’un des deux venait à perdre la vie. Mais celui qui m’inquiètera toujours le plus, c’est sans nul doute Naruto…
……………

L’énergumène en question se promenait au sein du village, passant avec vitesse et agilité de toit en toit, et de ruelle en ruelle. Les premiers rayons du soleil filtraient déjà à travers l’horizon, et leur intensité percutait son regard avec force lorsqu’elle parvenait à se frayer un chemin entre deux bâtiments. Rapidement, le jiinchuriki se trouva face à une des rues principales du village, large, imposante, élégamment dessinée. Son regard se promena un peu plus loin, par-delà les commerces et les murs, jusqu’à atteindre l’immense bâtisse qui surplombait cette partie de la cité. Il s’immobilisa bientôt, se fichant au sommet d’une des installations présentes sur les bâtiments. Et tandis qu’il demeurait parfaitement immobile, son esprit se mit à entrevoir ce que ses yeux ne pouvaient distinguer.

Durant ces quelques minutes, l’incroyable pouvoir et les innombrables avantages du byakugan saisirent Naruto d’une manière plus intense encore que ce qu’ils n’avaient pu faire jusqu’à présent. Que n’aurait-il pas donné, en cet instant, pour pouvoir lui aussi voir à travers la demeure, pour pouvoir s’immiscer à travers les parois, jusqu’à atteindre la sublime beauté de la jeune femme qu’il désirait, et pour peut-être même parvenir à sonder son esprit, son âme, et entrevoir l’espoir qui le tenait en vie depuis ces longs mois d’absence et de séparation ?

Les secondes passèrent, se changèrent en minutes, qui elles, à défaut de passer, ne purent cependant atteindre l’heure. Naruto se détourna, il n’avait plus rien à faire ici, et il ne pourrait la voir, du moins pour l’instant. Tsunade, bien qu’implicitement, le lui avait formellement interdit. Il l’avait lu dans son regard comme dans un livre ouvert, un passage surligné qu’il n’aurait pu manquer qu’en fermant les yeux. Pourtant, l’espace d’une seconde, ses jambes se crispèrent, amorçant presque un mouvement pour se retourner, avant que son esprit ne reprenne définitivement le contrôle sur ses pulsions et son inconscient. Il ne pouvait pas, il ne devait pas. Il devait avant tout réfléchir, à ce qu’il ferait, à ce qu’il ne ferait pas. Les paroles de Tsunade l’avaient, en définitive, profondément atteint, même si, comme tout autre homme dans son cas, il n’avait pas vraiment apprécié de les entendre. Se poser, réfléchir calmement, voilà à présent ce qui incombait. Et tandis que le jeune homme se dirigeait prestement vers le lieu que l’Hokage lui avait aimablement confié pour la nuit, bien qu’il soupçonnât, à juste titre, que cela ne lui soit pas totalement bénéfique, son regard, qui, depuis bien longtemps, n’avait plus échappé à son contrôle, ce même regard d’un bleu profond qui vous saisissait les sens, vira au rouge, en une fraction de seconde, un rouge terne et vif à la fois, qui jetait aussitôt un froid terrible à quiconque se risquait à l’observer.

- Gamin, ça faisait bien longtemps déjà, ravi de pouvoir à nouveau te parler.

Le jeune homme plaqua aussitôt sa main droite contre l’œil qui s’en trouvait le plus proche. Le rouge de l’œil gauche, encore visible, se troubla quelques instants, mais il n’en sortit qu’un rouge plus intense encore que celui qui avait précédé, tandis que les trois cicatrices du jiinchuriki s’accentuaient et s’étiraient, arrachant encore le peu d’humanité qu’il lui restait.

*Pas maintenant, pas ici !*




J'espère que ça vous a plu, et que ça ne vous fera pas fuir. Vous pouvez raisonnablement supposer ce qui va se passer ensuite, et je me rattrape niveau teasing. Enfin, j'espère. Pour ce qui est des quelques clins d’œil, je ne vous indiquerai que sur un seul : si vous me parlez d'un lion rouge, je vais très sûrement penser à... mais non, pas au roi lion, il n'y a aucun lien avec un quelconque Moustafa ici. Non, moi, je songerais aussitôt à un bateau. Si vous trouvez, indiquez, ça me fera plaisir.



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