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Seul, il l'avait toujours été. Et sans doute le resterait-il toujours.
C'était son destin, c'était ainsi, et il ne pouvait rien y faire.
Peut-être que s'il n'avait pas porté ce nom, et ce passé, tout serait différent. Mais le fait était là. Il était ce qu'il était, et il ne pouvait réécrire l'histoire.
A présent, il le savait. Quoi qu'il fasse, il resterait seul. C'était inéluctable.
Sëlan (Masculin), le 23/12/2011 Cinquième chapitre si tout va bien, et encore une fois, on reste centrés sur Naruto, sauf un petit écart que je me suis permis, sans grande importance, quoique... Enfin bref, Noël n'est même pas encore passé, que déjà je vous envoie un autre chapitre. C'est Noël avant l'heure, c'est le cas de le dire ! Enfin, toute blague douteuse mise à part, j'espère que la lecture de ces nouvelles lignes pour lesquelles je ne comprends pas votre engouement (faux modeste, et alors ?) vous plaira tout autant.
Chapitre 5: L'éveil de l'assassin
Les épaisses branches s’affaissaient et se soulevaient à une vitesse impressionnante, tandis que les deux ombres, se murant dans de profonds silences aux commencements immémoriaux, soulevaient la puissance des vents par leur simple passage, divinités oubliées, adulées de populations anciennes. La lumière nouvelle filtrait à présent à travers les arbres, d’une vivacité d’autant plus intense que les troncs s’éloignaient progressivement, obligeant les deux compères à plisser les yeux, jusqu’alors habitués aux ténèbres profondes de la forêt dense et silencieuse. D’un commun accord, les deux hommes se stoppèrent, sans une parole, ni même un regard. Ils descendirent rapidement des hauteurs des branches et des feuillages pour rejoindre le sol meuble et frais où se nourrissaient les arbres.
Plus que de simples regards, les deux shinobis avaient échangé des réflexions, de manière purement inconsciente, qui les avaient conduits à tirer une unique conclusion sur la situation et les mesures qui en découlaient. C’était une étrange compréhension que celle qui régnait entre soldats. On était façonné de telle sorte à ce qu’on l’en vienne à raisonner de façon similaire. Et en l’occurrence, d’un point de vue militaire, la situation exigeait des mesures. Si la forêt se faisait moins dense, les deux hommes approchaient de la frontière. Et forcément, ils n’auraient pas la même liberté de mouvement que celle dont ils avaient pu disposer jusqu’à présent. Bientôt, d’immenses dunes de sable s’offriraient à leur regard, aussi lointain qu’il puisse alors se faire. Il leur fallait donc se concerter. A l’image d’une équipe qui cherche la meilleure stratégie afin de vaincre l’ennemi, eux déterminaient la leur afin de passer sous son regard. Ils ne tardèrent cependant pas à reprendre la route, une vivacité nouvelle animant soudainement leurs jambes, comme si, lasses de leur immobilité, elles s’étaient empressées de s’élancer en avant, déjà impatientes de fouler de leurs pas ces gigantesques amas de pierres minuscules.
……………
La vieille femme aux cheveux dorés contemplait sa seconde disciple avec un air qui mélangeait un amusement certain et une consternation horripilante, le regard fiché dans les yeux verts de la jeune femme aux traits si proches de la perfection que c’en était une offense au genre humain, et à la couleur de cheveux si peu naturels qu’elle eût pu être directement sortie d’un conte de jeune fille. Et ses traits étaient encore sublimés par le mélange de colère et d’exaspération qui animaient son visage, tandis qu’elle s’agitait frénétiquement devant la vieille femme, qui pour une fois fut heureuse qu’il se trouvât entre elle et la furie un bureau de bois, mince protection face à la crise naissante de sa disciple. Et adossé au mur, tel un observateur muet, l’homme aux trois-quarts du visage recouverts d’un masque, comme s’il eut honte de ce qui pût s’y trouver par delà, demeurait parfaitement immobile et silencieux, les seuls détails empêchant son assimilation à un élément décoratif constituait sa poitrine qui se soulevait au rythme de sa respiration ainsi que les mouvements frénétiques de ses yeux qui parcourraient un livre aux couleurs vives. Son regard ne put néanmoins s’empêcher de contempler les deux jeunes femmes, l’espace d’une seconde, alors que la plus jeune des deux haussait légèrement la voix.
- Et vous ne savez toujours pas où pourrait se trouver Naruto ? demanda-t-elle, une mince lueur d’espoir présente dans les émeraudes imprégnées au sein des deux perles.
- Pas le moins du monde.
- Et vous ne souhaitez toujours pas me faire part des paroles que vous avez échangées lorsqu’il est venu vous rencontrer, n’est-ce pas ?
- Comme tu l’as si bien fait remarquer, ces paroles, ce sont nous deux qui les avons échangées. Dès lors, je ne vois pas en quoi cela peut-il te concerner.
- Il peut y avoir une chose qui l’aurait poussé à partir, dans cette conversation ! s’écria alors la jeune femme, excédée.
- Tu devrais savoir que Naruto ne se laisse pas influencer par les propos qu’on peut lui tenir, répliqua calmement la blonde. Il est au contraire affreusement borné.
La vieille femme eut alors face à elle les signes d’une tempête imminente. Il y avait, dans le comportement de sa disciple, certains gestes, et certaines manies, qui, si elles étaient savamment étudiées, pouvaient être révélatrices des sentiments les plus profonds qui animaient la jeune femme. En l’occurrence, c’était la colère.
- Vous pensez que je ne connais pas Naruto ? Vous pensez que j’ignore la personnalité d’un de mes meilleurs amis ? Il nous est apparu totalement différent. La mort de son parrain l’aura de toute évidence profondément traumatisé !
- Oh, en ce qui le concerne, je pense qu’il a depuis longtemps dépassé le simple stade du traumatisme.
- Alors quoi ? Où en-est-il, puisqu’il semble que je ne sache rien de la personne que j’ai côtoyée pendant des années entières ?
- A la réflexion, et je peux t’assurer que c’est autrement plus douloureux. Cela peut durer des années. Et c’est cela qui est parvenu à changer le Naruto que tu connaissais en cet homme froid que tu as vu dans la forêt.
La jeune femme s’apprêtait à répliquer, la bouche légèrement entrouverte, prenant son inspiration pour mieux déverser son flot de colère et révéler ainsi son profond désir d’exprimer toutes les terribles injustices qui l’accablaient. Mais au moment où les poumons étaient prêts à relâcher un air depuis trop longtemps contenu, le bruit sec d’un livre qui se ferme claqua avec force dans la pièce.
- Ça suffit, Sakura.
Sans conteste que cet ordre était pour la jeune femme irrémédiablement absolu, car dès que ces mots furent prononcés, la dénommée Sakura se contenta d’expirer son surplus d’air, au lieu de le déverser par saccades et avec véhémence contre la vieille femme tranquillement assise derrière son bureau. Le bourreau de la jeune femme, jusqu’alors immobile, se décida enfin à entrer en mouvement. Il se tourna lentement vers sa supérieure, et avec une expression d’interrogation polie sur le visage, demanda :
- Pouvons-nous disposer, Hokage-sama ?
- Oui, oui, vous pouvez disposer, répondit la vieille femme avec un bref soupir. J’apprécierais tout de même que tu te remémores ce qu’il te faudra faire, Kakashi.
- N’ayez crainte, Hokage-sama. Vos ordres seront exécutés.
- Bien, allez-y.
Sans plus un mot, le ninja aux cheveux gris clair se retourna et fit un bref signe vers sa comparse, lui signifiant ainsi qu’elle devait obéir docilement aux ordres et suivre sa personne. Une fois sortis, la porte claqua avec douceur. L’Hokage se leva avec aisance et se tourna vers l’unique fenêtre de son bureau, le regard dirigé vers les intenses profondeurs de la forêt qui les abritaient, les entourant de leurs feuillages protecteurs, le regard perdu par-delà les plus haut arbres des horizons les plus lointains. Ils devraient être proches de leur destination, à présent. Dans quelques heures à peine, elle recevrait la confirmation, l’authentique preuve que celui qu’elle avait juré de protéger aurait tout le loisir de se confronter aux plus grands risques, et aux plus grands honneurs, flirtant tant avec la mort hostile qui vous accable des pire terreurs, qu’avec la gloire intense qui vous plonge dans les extases les plus pures et les plus folles.
Les immenses murailles se dessinaient déjà au loin, tandis que les deux hommes avaient opté, en vue du village invisible, pour une marche tranquille, au lieu de leur course effrénée, qui n’avait rien de très courtois. Dire que le voyage avait été facile aurait été un euphémisme ainsi qu’une terrible insulte envers leurs pauvres jambes, qui hurleraient de douleur si elles n’avaient été habituées à ce traitement depuis leur plus jeune âge. Pas une seule fois dans la journée on ne leur avait permis un arrêt qui leur aurait pourtant été salutaire, et l’unique halte qui leur fut gracieusement accordée furent les quelques heures de sommeil que les hommes prirent à contrecœur durant la nuit qui avait précédé, forcés de s’économiser afin de mieux pouvoir accomplir la besogne qui les attendrait à leur arrivée.
Rapidement, les quelques dunes qui les séparait de leur ultime destination furent franchies, et c’est avec une apparente tranquillité qu’ils se dirigèrent vers l’homme qui se trouvait être de garde face à l’étroite fissure qui scindait l’immense paroi de pierre. Les trois hommes s’observèrent quelques instants, plus dans un souci d’identification que de description au sens strict du terme. Une fois assuré que les deux personnes face à lui ne consistaient pas de menace imminente pour sa survie et celle de son village, l’homme au crâne recouvert par un tissu sombre sembla penser qu’il était de son devoir de s’adresser à eux.
- Noms, et motif de la visite.
- Nous sommes des ninjas de Konoha, et nous venons nous entretenir avec le Kazekage, répondit aimablement Yamato.
Le soldat s’empressa de commencer une observation attentive des deux hommes qui se tenaient sobrement face à lui, comme s’il tentait de chercher une quelconque tromperie dans l’apparence des deux voyageurs. Lentement, son regard se tourna vers celui le plus en retrait – un homme de haute taille aux cheveux blonds -, et commença à détailler son visage avec un intérêt mal contenu. Le jeune homme lui rendit son regard, inondant ses pupilles de son intense regard bleuté, tandis que celui qui l’accompagnait observait cet échange avec une inquiétude visible. Et tandis que la main de l’homme aux cheveux châtains glissait subrepticement vers la petite poche où étaient contenues la plupart de ses armes, le soldat de garde afficha à nouveau son habituel regard terne, et s’écarta lentement.
- Très bien. Allez-y.
Les deux hommes passèrent sans plus de cérémonies, pressant le pas sous cette menace oppressante. Bientôt, ils purent retrouver une marche plus tranquille, et moins emplie de toutes formalités inutiles et superflues, pour se rapprocher peu à peu du bout de cette interminable allée, où il serait enfin permis de voir ce pour quoi ils avaient traversé ensemble les sables infinis et les forêts aux arbres démesurés.
Très vite, les lointains bâtiments aux teintes jaunâtres leur apparurent peu à peu, les emplissant d’une chaleur qui ne tenait rien de l’ambiant environnant. Il ne leur fallut guère de temps pour rejoindre les premiers, descendant les quelques marches qui, une fois franchies, les feraient définitivement entrer au village de Suna.
A mesure qu’ils avançaient, des têtes se tournaient vers eux, des murmures se faisaient à leur passage, se stoppant aussitôt que les deux étranger devenaient trop proches des conspirateurs. Puis les têtes se baissaient, et on retournait à son activité habituelle comme si de rien était. Mais dès qu’ils s’étaient suffisamment éloignés, les murmures recommençaient, et les curiosités démesurément mal placées reprenaient leur place au sein des villageois, qui les observaient avec une intensité à la mesure de leur naïveté qui leur affirmait que les deux hommes ne se doutaient alors qu’ils étaient observés, occultant à l’esprit leur démarche raide et leurs nombreux regards de côtés, quelques fois accompagnés de brefs mouvements de tête, ainsi que de silencieuses descentes vers les poches arrières de leurs pantalons.
Les deux hommes avançaient, pressant le pas à un point tel qu’ils semblaient à présent à deux doigts de partir dans une course effrénée. Yamato vira brusquement à droite, empruntant une ruelle beaucoup moins peuplée que la route principale du village, qui présentait cependant l’avantage d’aller tout-droit vers le bâtiment où trônait le Kazekage. Ils se retrouvèrent cependant bien vite face au bâtiment qui faisait l’actuel objet de leurs convoitises, ayant slalomé entre les ruelles à des vitesses extrêmes. Ils franchirent prestement les portes, et auraient gravit les marches quatre à quatre si une certaine courtoisie exigée au sein du bâtiment ne les en avait empêchés. Et une fois encore, ils durent affronter les regards suspicieux, bien que personne ne semblât oser leur adresser la parole, scellés d’une étrange interdiction.
Ils arrivèrent rapidement devant les deux larges portes de fer, et toquèrent sans plus de cérémonie. Presque aussitôt, on les invita à entrer, et ils s’exécutèrent avec une prestance digne des plus grands politiciens, entrant dans le bureau avec leur habituelle démarche militaire qui, à force de les caractériser, avait finit par les dénaturer. L’homme face à eux avait une magnifique chevelure rouge sombre, qui saillait parfaitement avec sa tenue. Il les observait tous deux d’un regard impassible, son regard particulièrement concentré sur le jeune homme blond. Apparemment, il semblait les avoir attendus. Une fois les deux hommes confortablement installés face à lui, le Kazekage du vent, Sabaku no Gaara, s’éclaircit la gorge.
- Naruto Uzumaki, mon vieil ami, et l’homme dont la tête vaut plus que tous les membres de l’Akatsuki réunis. Et vous êtes… ? demanda-t-il en tournant son regard ver le plus vieux.
- Yamato, anbu de Konoha, et accessoirement formateur de ce jeune homme ici présent, détailla le châtain.
- Il se trouve que j’ai reçu un message de votre Hokage dans la matinée, qui m’expliquait agréablement que la délégation qu’on m’avait envoyée contenait un membre légèrement spécial.
- C’est tout à fait son genre, répliqua le blond.
- Nous aimerions savoir où se trouve la cible, demanda Yamato. Nous ne voulons surtout pas abuser de votre hospitalité.
- Voyons, ce serait faire preuve d’un terrible manque de courtoise que de s’en aller comme des voleurs, rétorqua Gaara. Lorsque j’ai appris que Naruto venait pour exécuter une cible, je me suis empressé de trouver un moyen de l’amener ici. Elle devrait être là dans la soirée. Le mieux serait de l’abattre durant son sommeil, histoire d’éviter le grabuge.
- Serais-tu en train de faire preuve de caractère, Gaara ? plaisanta le blond.
- L’absence du tien commençait à m’effrayer, répliqua le rouquin avec un sourire. Mais je vois qu’il y encore un peu de l’ancien Naruto en la personne qui se trouve face à moi.
Les deux hommes s’observèrent un instant, un léger sourire aux lèvres. Puis le rouquin se leva, et tandis qu’il se dirigeait vers la porte pour l’ouvrir, il invita se deux hôtes à le suivre.
- Venez, dit-il. Je vais vous montrer vos appartements, pour la journée. Ce n’est pas très loin, vous avez dû remarquer que l’on n’apprécie pas trop votre présence au village. Mais j’ai été clair, alors vous ne risquez rien.
Les deux étrangers s’empressèrent de se lever de leurs confortables fauteuils et entreprirent de suivre le Kazekage à travers les nombreux couloirs du palais, respirant la somptuosité partout où l’on pouvait poser le regard. Naruto se rapprocha alors de son ami, et Yamato, pour une étrange raison, se trouva subitement intéressé par les tableaux accrochés aux murs.
- Gaara, j’ai appris pour… ce qu’il t’est arrivé, commença le jeune homme, légèrement inquiet.
- Oh, ne t’inquiètes pas, je me porte très bien, répondit le rouquin avec un sourire aux lèvres. Une équipe de Konoha a été envoyée, et j’ai eu la chance de pouvoir m’en sortir vivant, même si cela a malheureusement coûté la vie à un de nos anciens, et puis, je crois que je n’aurais pas eu la même chance si Sakura Haruno ne comptait pas dans l’équipe. Une de tes amies, je crois…
- Oui, enfin… Je pense. Nos retrouvailles ne se sont pas vraiment déroulées dans les meilleures conditions qui soient, répondit tristement le blond.
- J’ai perdu mon démon, ajouta sobrement le Kazekage. Mais… ce n’est peut être pas si mal, finalement… Et quant à toi, demanda-t-il en se tournant soudainement vers le blond. Que t’est-il arrivé ? Je ne sens plus la présence de…
- Oh, ca, c’est une longue histoire, répondit le blond. Mais il n’a pas disparu comme tu le crois. Enfin, je le dois à… à mon maître.
Le rouquin observa le blond quelques instants. Il vit ce regard, celui-là même qu’il avait pu observer de si nombreuses fois lorsqu’il se trouvait confronté à un miroir. Presque par instinct, le même voile vint couvrir le sien.
- Je suis désolé, pour Jiraya.
Le blond vint planter son regard dans le sien. Il fut surpris d’y retrouver le même que celui qu’il se devinait en cet instant. Un sourire vint rapidement orner son visage. Un sourie forcé, qui se voulait gai et rassurant, mais qui ne parvenait qu’à faire triste figure, ressemblant davantage à une étrange grimace tordue qu’à un sourire.
- Crois-moi ou non, mais je sais ce que ça fait.
- Je sais, répondit le blond. J’ai simplement du mal à me faire à l’idée que je ne pourrai plus jamais le voir m’adresser un de ses sourires emplis de confiance, ou bien voir son regard rieur.
- C’est sans doute le plus terrible, compatit le rouquin avec douceur, de se dire qu’on ne les verra plus jamais nous sourire…
Tous deux observèrent un léger silence, tandis qu’ils avançaient tranquillement à travers les couloirs étouffants de l’étrange tour. Se sentir exister, ailleurs qu’au sein de son esprit, c’était sans doute cela que recherchaient ceux qui avaient été abandonnés par leurs proches. Le silence se faisant de plus en plus oppressant, le jeune ninja exilé tourna à nouveau le regard vers son interlocuteur. En un instant, celui-ci vira au rouge.
Les innombrables teintes écarlates qui peuplaient à présent la pupille fendue ne pouvaient se dénombrer, passant de l’écarlate au carmin et du sombre au clair avec une diversité si intense qu’elle en venait à irriter l’œil de quiconque se donnait la peine d’observer cette explosion de teintes multiples. Mais, au-delà des simples pupilles, c’était toute l’aura du jeune homme qui avait muté. Malgré que son visage fusse aussi impassible qui l’avait demeuré jusque là, on ne pouvait à présent le contempler sans en ressentir un horrible sentiment d’oppression, qui vous enserrait le crâne au point que cela en devenait douloureux. Vos poumons s’emplissaient à présent d’un air si dense, si compact, que vos bronches, opprimées, demeuraient incapables d’en trier l’oxygène salvateur à vos organes. Votre corps tout entier demeurait immobile, piégé au sein même de l’atmosphère, qui l’enserrait dès que vous croisiez ce regard.
Tous trois s’étaient soudainement figés. Yamato observait la scène avec un intérêt non dissimulé. Ses yeux sombres parcouraient le visage du jeune homme à une vitesse impossible, sautant du front au menton et du menton au front sans que l’on pût voir trace de leur passage. Tous ces longs mois, tout ce temps qu’il avait passé avec le jeune blond, jamais il n’avait pu voir ne serait-ce que l’ombre du monstre qui résidait dans le jeune homme. Combien de fois n’avait-il pas tenté de le pousser à bout, pour tenter de révéler ne serait-ce que les prémices de sa nature démoniaque, en vain ? Le jeune homme, à chaque situation à laquelle il l’avait confronté, trouvait au dernier moment une échappatoire, une astuce lui permettant de s’en sortir sans pour autant dévoiler ce qui l’éloignait des autres humains, ce qui tenait, pour chacune de ces occasions, d’un phénomène relevant bien plus que du simple miracle.
Gaara contempla son ami qui lui souriait d’un air confiant. Alors qu’il observait ce regard, il lui vint une étrange pensée. Il lui semblait que même ces yeux là avaient changé. C’était peut être dû aux profondes impressions qui émanaient à présent du visage du jeune homme mais, à présent, il semblait autrement plus effrayant. C’était comme-ci le démon qui sommeillait en lui avait évolué en même temps que ne l’avait fait son hôte. Alors que le rouquin s’apprêtait à détourner le regard, un petit objet de métal passa devant lui, si vite qu’il pût à peine le distinguer. Le rouquin se vit réagir avant même qu’il n’ait pu penser à exécuter quelque action que ce soit.
D’innombrables grains de sable étaient venus former une carapace autour du kunaï, immobilisant celui-ci dans sa lancée, qui retomba au sol avec un tintement métallique. Le sable lévita alors gracieusement pour retourner au sein de la jarre que portait son maître, tandis que le jeune ninja blond avait retrouvé le bleu profond habituel à ses iris, et observait le nouveau venu avec une intensité qui pourrait très bien être vue comme une grossièreté de sa part.
- Gaara-sama, est-ce que vous allez…
- Je vais très bien, Temari, merci.
La femme aux quatre couettes lança un regard féroce au jeune blond, qui la contemplait toujours de son œil impassible, et désamarra lentement l’immense éventail qui trônait sur son dos.
- Je peux te demander ce que tu fais, Temari ? demanda le rouquin d’une voix claironnante.
La jeune femme tenait déjà l’éventail au sol, et s’apprêtait à le déployer. Elle fixait le blond avec une étrange intensité, venant s’entremêler dans son regard la colère et la crainte avec une fréquence inhabituelle.
- Oh, je crois que je figure dans les archives en tant que ninja déserteur de rang S, répondit Naruto sans laisser le temps à la femme de répondre.
- Exactement, ajouta la jeune femme, c’est pourquoi nous devons le ramener à Konoha.
- Je serais tout à fait d’accord avec toi, répondit aimablement son frère, si ces deux personnes ici présentes étaient des ennemis. Or, pour l’instant, je les considère comme mes invités. Je te demanderai donc d’être aimable avec eux, Temari.
- Mais…
- Depuis quand es-tu rentrée ? la coupa son frère.
- Je viens à l’instant, répondit-elle, légèrement déconcertée.
Le jeune rouquin l’observa quelques instants, puis son regard se fit légèrement plus lointain.
- Ta réaction est donc tout à fait compréhensible, souffla-t-il.
- Gaara-sama, j’espère que vous comprenez que cet homme, ainsi que quelque camarade qui puisse se tenir à ses côtés, sont nos ennemis.
- C’est ce que j’avais cru, répliqua le rouquin, jusqu’à ce que l’Hokage m’envoie une missive m’annonçant sa venue, ainsi que celle d’un membre de l’anbu, avec un point d’honneur à ne pas révéler ces informations.
Sans prendre la peine d’entendre la réponse de sa jeune sœur, il lui lança un parchemin enroulé, d’une couleur rouge vive, et qui portait le symbole du village caché qui se trouvait au sein du pays du feu. La jeune femme parcourut le parchemin, ses yeux s’agrandissant progressivement à mesure que sa lecture avançait. Tout y était… Et pourtant, cela semblait totalement dénué de sens.
- Je crois qu’il est grand temps de vous indiquer vos appartements, déclara le rouquin.
- Et pour ce qui est de notre cible ? demanda Yamato avec une grande courtoisie.
- Vous serez avertis dès son arrivée. Et… je vous laisserai régler cette affaire.
- Bien. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Une fois assuré que ses hôtes disposaient de tout le confort et de toute la tranquillité dont il s’était fait l’obligation de leur offrir durant la courte période qu’ils passeraient au sein de son village, il laissa les deux hommes, préférant les laisser s’entretenir de leurs propres tâches, tandis que lui devait retourner aux siennes. La jeune femme aux quatre couettes blondes s’était murée dans un silence profond, bien que ses yeux, sans doute indépendamment de sa volonté, lançaient des éclairs dans toutes les directions, qui finissaient généralement par converger vers le blond. Le jeune Kazekage s’éloigna à grands pas des quartiers offerts à cet ami qu’il pensait ne plus revoir sitôt, suivi de près par son aînée, l’attitude sur-protectrice qu’elle vouait à l’égard de son jeune frère devenant à ses yeux légèrement étouffante.
Les deux hommes se retrouvèrent alors seuls. Aucune parole ne fut échangée, ce fut à peine si leurs regards se croisèrent, tandis qu’ils s’affairaient dans la pièce, chacun vaquant à ses propres priorités. Puis, lorsque le calme revint, tous deux s’assirent, face à face sur les deux lits dont ils disposaient.
- Je crois me souvenir que c’est Sakura qui a vaincu Sasori, lança le jeune blond.
- Exact, répondit le châtain. Avec l’aide de Chiyo Basama, l’ancienne qui s’est sacrifiée pour le Kazekage.
Tous deux se fixèrent à nouveau, replongeant dans le silence qui les avait occupés jusqu’à présent.
- Tu ne m’as jamais rien dit au sujet de Kyûbi, même après que je t’aie posé de nombreuses fois la question. Pourquoi lui avoir tout de suite répondu ? lança à son tour Yamato.
- Peut-être parce que je sais qu’il n’ira pas aussitôt tout répéter à Tsunade, répliqua le blond.
- Mais moi, j’irai, rétorqua le châtain avec calme.
- Vous commenciez à devenir très anxieux, sans grandes raisons valables, je me suis dit qu’il fallait peut-être que je vous rassure.
A nouveau, ils se contemplèrent, sans un bruit.
- J’imagine que nous devrions nous entretenir au sujet de la mission ?
- Que veux-tu savoir ? demanda Yamato. Tu sais qui est ta cible. Tu sais quand elle viendra, tu sais à quel moment tu devras frapper. Il n’y a rien de plus à dire.
- Vous ne me demandez pas si je suis prêt ? questionna le blond.
- Naruto, si j’avais pensé, ne serait-ce qu’un seul instant, que lorsque ce jour-là arriverait, tu ne serais pas prêt, je ne me serais pas donné la peine de te former.
- Eh bien le fait est que je ne sais pas, si je suis prêt ou non.
Le blond planta son regard azuré sur le visage de son maître, qui demeurait, à son habitude, d’un calme tout autant déconcertant qu’il était énigmatique. A la surprise du jeune homme, le trentenaire émit un soupir, laissant, pour la première fois depuis longtemps, transparaître une émotion sur ce masque de glace qu’était le visage de son maître.
- Tu le sauras bien assez tôt.
- C’est tout ?
Nouveau soupir de la part de Yamato, qui attira une nouvelle fois l’attention du jeune homme.
- Tu te demandes si ce que tu comptes faire est juste ? S’il y a une raison valable à prendre la vie de cet homme ? Et si, même si c’était le cas, cela te permettait de lui prendre la vie.
- Entre autres choses, souffla le blond.
- Cet homme est un criminel. Le fait qu’il ait pris des vies humaines exige qu’il soit châtié en conséquence.
- Et prendre la sienne fait de nous des criminels.
- C’est là tout le malheur que subit chaque bourreau. Mais, généralement, on finit par abandonner sa conscience.
Alors que le blond s’apprêtait à répliquer, on toqua à la porte, stoppant le jeune homme dans son élan. Sans prendre la peine d’attendre qu’on lui ait fournit la moindre réponse quand à son autorisation ou non de pénétrer dans la pièce, une belle jeune femme aux cheveux blonds dressés en quatre couettes s’immisça dans l’espace des deux hommes, et, avant qu’aucun des deux n’ait pu manifester sa surprise ou son mécontentement, s’adressa à eux avec une courtoisie dont le soin et l’application donnait un aspect irréel à la marque de respect.
Priant les deux hommes de la suivre, la jeune femme quitta rapidement la pièce, bientôt suivie des deux comparses qui, sachant déjà ce qui les attendait, s’étaient préparés en conséquence. Alors qu’ils déambulaient dans les couloirs, ils furent rapidement rejoints par l’homme vêtu de rouge, et attinrent rapidement la sortie, franchissant les deux larges portes qui les privaient de l’air dense et frais de la nuit.
Au loin, le soleil venait s’affaisser sur les lointaines dunes, brillant de son éclat orangé, tandis que la lune apparaissait peu à peu, invisible à leurs yeux tant que la lumière venait la dissimuler. D’un geste nonchalant, le Kazekage indiqua une direction de la main, demeurant toujours immobile.
- Temari vous accompagnera jusque là-bas, dit-il avec calme.
- Je vous remercie d’avoir été aussi coopératif avec nous, argua le châtain avec un sourire bienveillant.
- Je me dois d’aider mes camarades, lança le rouquin. Konoha et Suna sont alliés.
- Nous partirons tout de suite après avoir accompli notre tâche, lança le châtain. Vous comprendrez que nous emmènerons le corps avec nous, comme preuve.
- Je vois, fut l’unique réaction du Kazekage.
Puis, il se tourna vers son ami, avec lenteur, qui l’observait de son naturel regard bleuté.
- J’espère que nous pourrons bientôt nous revoir, lança le rouquin.
- Bientôt, je serais à Konoha, répliqua le blond. Tu n’auras qu’à passer me voir entre deux réunions avec Tsunade.
- Alors je te trouverai là-bas. D’ici là, tâche de survivre.
- Ne t’inquiètes pas pour moi, j’ai tenu jusque là, alors…
Le blond, tandis qu’il se retournait pour suivre son maître, qui s’immisçait déjà dans la ville de sable, jeta un dernier regard derrière lui. Un dernier regard fut échangé, avec celui qui à présent lui paraissait plus proche encore de sa personne, si c’était encore possible. Il ne savait quand il pourrait le revoir, il ne savait quand il lui serait à nouveau permis d’entretenir avec lui une discussion tranquille. Il savait simplement que cela ne tarderait pas, qu’un jour, qu’importe que ce soit dans une semaine ou dans un mois, il s’entretiendrait à nouveau avec lui, lorsque tout serait redevenu infiniment plus simple. Mais pour l’instant, il avait encore à faire.
Les deux hommes et la femme aux quatre couettes blondes traversèrent rapidement l’immense cité du sable, sans qu’un mot ne soit même soufflé, tous trois trop perdus dans leurs raisonnements pour pouvoir s’exprimer entre eux. Tandis qu’ils suivaient la jeune femme, les deux hommes s’immobilisèrent, presque aussitôt après qu’elle se fut arrêtée. La jeune femme se tourna alors vers eux, affichant sur son visage cette expression formelle dont la franchise laissait à désirer, ses sentiments envers le blond transparaissant à travers le masque trop peu solide pour les contenir qu’elle s’était formé.
- C’est là-bas, dit-elle avec calme en pointant derrière elle le bâtiment sombre qui supplantait les autres, la fenêtre légèrement entrouverte, vous ne devriez pas avoir de mal à reconnaître.
- Merci à toi de nous avoir amenés jusqu’ici, répondit Yamato.
Puis les deux hommes se retournèrent, et entamèrent leur course à travers les bâtiments de la ville du sable. Tandis qu’il avançait, le jeune homme aux cheveux d’or tourna brièvement la tête vers la jeune femme, qui s’était elle aussi retournée, prête à repartir auprès du Kazekage.
- Au fait, Temari. Je te serais reconnaissant que Shikamaru n’aie pas vent que je suis venu ici.
Puis il se retourna, laissant une jeune femme légèrement désemparée. Il disparut alors avec son maître derrière un des nombreux bâtiments qui peuplaient la ville. Bientôt, lui et Yamato se retrouvèrent au plus haut de la cité, la nuit qui approchait leur conférant une nouvelle cache, qui leur permettait de se fondre dans les ténèbres comme deux ombres qui n’apparaitraient plus alors qu’aux yeux de leur cible. Et rapidement, les deux hommes s’immobilisèrent, tandis que face à eux, en contrebas, se trouvait une fenêtre, qui, étrangement, était légèrement entrouverte, suffisamment pour que l’on puisse l’ouvrir de l’extérieur. Les deux se regardèrent du coin de l’œil, avant que le maître ne prenne la parole.
- Je n’ai pas le droit d’intervenir, dit-il. A aucun moment, je ne pourrai entrer.
- Vous doutez de moi ?
- Pas un seul instant.
Puis, comme pour appuyer ses paroles, Yamato lança au jeune homme un petit rouleau retenu par un nœud. Le jeune homme l’attrapa au vol avec une grande dextérité, puis le rangea minutieusement dans une de ses poches. Sans qu’aucun bruit ne se fasse, le jeune homme sauta, et atterrit sur le rebord avec la souplesse d’un chat, si bien que le félin qu’il était en cet instant ne se fit entendre de personne, pas même de son maître qui l’observait placidement. La vitre glissa avec silence, permettant à l’homme de s’infiltrer par l’ouverture.
A présent, il y était. Il voyait l’homme qu’il devait abattre. Il dormait tranquillement, d’un sommeil lourd que rien ne semblait pouvoir venir troubler, sans se douter un seul instant que son sommeil allait brusquement s’alourdir, d’une minute à l’autre, de manière à ce que rien au monde ne puisse alors le réveiller. Naruto s’approcha, tranquillement, vers sa cible qui ne se doutait toujours de rien. La lame qu’il leva brilla quelques instants à l’éclat de la lune nouvelle, qui venait frapper la fenêtre de sa lumière troublante. Le jeune homme se figea quelques instant, au moment d’accomplir le geste qui le ferait irrémédiablement passer au rang d’assassin.
L’espace de quelques secondes, son esprit s’encombra d’images fugaces, qui s’enchaînaient à une vitesse telle qu’il ne parvenait à toutes les mémoriser. Des personnes, des lieux qui lui ramenaient d’agréables sentiments, des souffrances qu’il pensait avoir enterrées, ressurgissaient les unes après les autres sans qu’il puisse en exercer le moindre contrôle. Il donnait la mort, mais pourtant il se sentait mourir. Tuer n’était pas aussi facile que le pensait l’innocent qu’il était. Mais le degré de difficulté de la tâche importait peu, cela ne changeait pas le fait qu’il devait l’accomplir. Alors, le jeune homme se résigna, et la lame, qui brillait de mille feux, inondée par les éclats de la lune, s’abattit.
Le sang gicla, les yeux se révulsèrent, et le corps devint inerte. Naruto essuya le sang qui venait tâcher sa joue, et contempla quelques instants la vie de l’homme qui s’échappait peu à peu de son être. L’âme du jeune homme semblait s’y être attachée, et fuyait à présent vers des lieux occultes qu’il ne désirait pas rejoindre, irrécupérable. La froideur de son visage s’accentua encore. Le sang de la victime inondait la pièce, à présent accompagné d’autres substances non moins ragoûtantes. Une pensée traversa l’esprit du jeune homme, brève, froide, et dure. D’un geste las, il tira le rouleau de sa poche, et, effectuant quelques signes de ses mains, y emprisonna le corps, avant qu’il ne reste plus rien à emprisonner, la moitié de ses fluides corporels inondant déjà la pièce. Le jeune homme se retourna, et quitta la chambre. Il ne désirait plus être ici. Il avait l’impression que s’il restait trop longtemps, il finirait par vomir ses boyaux, à l’image de l’homme qu’il venait de tuer.
Dehors, il échangea un bref regard avec son maître, et tous deux s’élancèrent à travers la ville, rejoignant les larges portes avec rapidité. Au loin, Naruto crut apercevoir le Kazekage, qui semblait alors l’observer depuis le sommet de ses bâtiments. Le jeune homme se ré-concentra rapidement sur sa destination. Son maître semblait vouloir qu’ils rejoignent Konoha au plus vite. Tandis que tous deux franchissaient l’immense fissure, Une nouvelle pensée, moins barbare, traversa avec agilité les nombreuses connexions neuronales qui peuplaient sa cervelle. Jiraya, comme son père avant le Sanin, semblait avoir fondé en lui de trop grands espoirs.
Et voilà, c'était assez long n'est-ce pas ? Comment ça, pas assez ? Je ne suis pas un robot, vous savez ? Bref, je ne sais pas quand je re-posterai, je ne sais pas quand vous aurez le plaisir (ou le malheur) de lire ça, mais une fois encore (ça devient chiant, à la longue, hein ?) je vous prie, que dis-je, je vous supplie de critiquer, de commenter, de dénaturer, d’idolâtrer ou même d'encenser ce chapitre au travers de vos commentaires. Et je vous souhaite un joyeux noël en retard, et alors ?