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Fiction: Pour l'amour de Konoha

Seul, il l'avait toujours été. Et sans doute le resterait-il toujours. C'était son destin, c'était ainsi, et il ne pouvait rien y faire. Peut-être que s'il n'avait pas porté ce nom, et ce passé, tout serait différent. Mais le fait était là. Il était ce qu'il était, et il ne pouvait réécrire l'histoire. A présent, il le savait. Quoi qu'il fasse, il resterait seul. C'était inéluctable.
Classé: -16D | Spoil | Action/Aventure / Romance | Mots: 67439 | Comments: 22 | Favs: 48
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Sëlan (Masculin), le 18/12/2011
Bonsoir chers lecteurs. Je n'ai aucune idée de quand, où, ni comment vous aurez l'insigne honneur de poser vos petits yeux avides sur toutes les conneries que je peux avoir l'amabilité de laisser ici, mais j'espère avec vous que cela ne tarde pas trop. Pour moi, c'est noël, enfin presque, on est tout du moins le 18, et mes vacances commencent à peine ! Sur ce, bonne lecture !



Chapitre 4: Le guerrier de l’ombre



La vieille femme, qui pourtant avait l’apparence d’une belle jeune femme entrant à peine dans l’âge de la sagesse, demeurait assise face à son bureau de bois, concentrée, comme toujours, sur des dossiers à l’apparence complexe. Cependant, son air semblait cette fois-ci bien différent. La jeune femme semblait plus convaincue, plus sûre d’elle, cela étant peut-être dû aux rayons lumineux qui filtraient à travers la fenêtre, ou peut-être également à la bouteille de saké toujours pleine présente sur le bureau, à portée de main. C’est alors que des coups répétés se firent entendre. Sa tête se releva soudainement, et ce fut d’une voix assurée que la jeune, ou bien vieille femme, s’exprima.

- Entrez.

La porte pivota alors, comme si elle avait été en mesure de saisir les paroles de la vieille femme, et laissa pénétrer un homme d’âge mûr et à l’apparence sérieuse dans le somptueux bureau, quoique légèrement désordonné.

- Yamato ! s’exclama la vieille femme d’une voix enjouée. Ferme la porte s’il te plaît.
L’homme s’exécuta aussitôt, sans qu’un unique frémissement ne parcoure son visage de marbre.
- Alors, comment se porte notre protégé ?
- Il est remarquable. Sa capacité d’assimilation est exceptionnellement avancée, aux limites de ce qui est sensé être humainement possible. Il maîtrise déjà la plupart de nos techniques. Il est sans conteste destiné aux plus hauts grades.
- Mais… ?
- Vous a-t-il semblé que quelque chose me perturbait ? demanda l’instructeur.
- Pas vraiment, mais je suis suffisamment expérimentée pour savoir qu’il y a toujours un mais.

Le châtain s’accorda quelques secondes de réflexion, cherchant ses mots, ou cherchant peut-être une quelconque tournure qui serait à même de résumer, avec une grande concision, tous les manques et les lacunes de son disciple. La vieille femme put constater l’aboutissement de ses recherches spirituelles au moment où son inférieur prit une courte inspiration, tout en rehaussant légèrement la tête.

- Eh bien, il est beaucoup trop sûr de lui. Pour l’instant, cela ne lui est pas vraiment préjudiciable, cependant… il arrivera forcément un moment où il devra payer ses excès d’assurance.
- Naruto, dans le fond, restera toujours Naruto, soupira la vieille femme, plus pour elle-même que pour l’interlocuteur qui se trouvait face à elle. Et concernant son démon ?
- Pour l’instant, je n’ai encore pu constater aucun signe de la présence de Kyuubi, répondit calmement le ninja. Pas même dans ses yeux…

Les deux marquèrent un léger temps de pause. Il fallait bien sûr un certain temps pour être en mesure d’assimiler la portée on ne pouvait plus conséquente de ces informations. Puis la vieille femme redirigea son regard vers son inférieur.

- Pense tu qu’il serait… ?
- Impossible, Hokage-sama. Le garçon vit toujours, alors le démon se trouve forcément en lui.
- Lui as-tu déjà demandé si…
- Il refuse de dire quoi que ce soit au sujet de son démon, répondit aussitôt le guerrier.
- Très bien. Tu peux disposer. Retourne là-bas, et dis-lui qu’il sera bientôt temps…

L’homme au visage impassible s’exécuta aussitôt, se retirant aussi solennellement que possible. Bientôt, la jeune femme se retrouva à nouveau seule dans son bureau, qui avait soudainement perdu toute sa gaieté. La vieille femme soupira. Avait-elle fait le bon choix ? Pour le village, sans doute, mais pour le garçon, cela ne contribuait qu’à détériorer encore son image. Naruto, quoi qu’il fasse, resterait à jamais l’outil du village. Minato avait toujours été beaucoup trop optimiste, ou peut-être avait-il pensé que son fils pourrait endurer toutes les épreuves qui se dresseraient face à lui ? Enfin, de toute façon, cela revenait au même.

La vieille femme se pencha à nouveau sur le dossier qui lui avait occupé l’esprit durant la dernière demi-heure. Face à elle se trouvait, inscrit à l’encre noire, le nom de chaque candidat potentiel à l’admission à l’Anbu. Et un des noms retenait son attention. C’était un nom qu’elle n’aurait jamais cru voir un jour couché sur ce papier-là. Oh, elle s’était doutée qu’on lui soumettrait un jour un Hyuuga aux admissions à l’Anbu, mais elle n’aurait pu un seul instant concevoir qu’elle compterait parmi sa garde deux membres de ce clan fondateur et respecté. Pourtant, elle avait beau les fixer indéfiniment, les kanjis qui formaient le nom du noble clan s’obstinaient à demeurer éternellement fixes sous son regard. Mais ils étaient peu de chose, face à ceux qui les précédaient.
La vieille femme releva lentement la tête, quittant des yeux l’intrigante feuille aux étranges teintes beiges, et, après une inspiration quasi-imperceptible, elle hurla le nom de celle qui l’avait toujours accompagnée, depuis leur première rencontre.

- Shizune !

Elle n’eut pas le temps de vider ses poumons que déjà la jeune femme était entrée, s’engouffrant à une si grande vitesse dans son bureau que l’on aurait pu croire qu’elle y avait toujours été présente, telle une sorte de caméléon qui se serait toujours fondu dans les murs, attendant l’appel de son maître pour reprendre ses couleurs habituelles.

- Trouve-moi toutes les informations concernant cette personne, je veux tout savoir, jusqu’au nombre de fois où elle est allée aux toilettes par jour. Remonte jusqu’aux six derniers mois.

Comme pour accompagner ses dires, la vieille femme lança un léger paquet de feuilles agrafées vers sa subordonnée, que cette dernière attrapa tant bien que mal au vol, le papier se balançant joyeusement au gré du vent. La femme aux cheveux sombres baissa le regard sur les nouvelles données qu’elle venait de recevoir, avant de relever la tête vers sa supérieure, un léger air d’incompréhension présent sur le visage.

- Si je puis me permettre, pourquoi elle ?
- Je veux juste vérifier une théorie, répondit la vieille, le regard posé, accoudée au bureau. Et maintenant va, tu me fais perdre mon temps, j’ai encore du travail.
- Bien, Hokage-sama.

La jeune femme aux cheveux sombres sortit aussi prestement que possible, dans une posture digne de la militaire qu’elle était, refermant soigneusement la porte derrière elle, dans un léger claquement à peine audible. La vieille femme blonde, une fois seule, s’empara de la bouteille de saké encore pleine et se s’empressa de se servir une coupe du liquide qu’elle adorait tant. Une fois la coupe vidée d’un trait, elle tourna à nouveau son regard vers les dossiers qui se trouvaient sur son bureau. Son regard fut inéluctablement attiré vers celui encore ouvert, le seul qu’elle pouvait lire. Elle n’avait eu guère le temps d’examiner les autres candidats. Son regard se tourna vers le pendule. Dix heures trente, et une nouvelle nuit blanche qui s’annonçait pour elle. La vieille femme soupira. Heureusement, il lui restait suffisamment de saké pour tenir la nuit. Enfin, une partie, tout du moins…

……………

Le vent se souleva, avec une brusquerie soudaine, qui tira le jeune homme aux cheveux dorés de son sommeil momentané. Il leva l’œil, juste à temps pour voir un homme portant un étrange objet métallique qui lui encadrait le visage et avec des cheveux châtains qui tiraient sur le brun refermer la porte derrière lui. Ses yeux se rouvrirent, avec une lenteur significative, et bientôt il se leva et resta adossé au mur, dans une position nonchalante qui frôlait la provocation.

- Ne devrais-tu pas être en train de t’entraîner ? demanda Yamato en s’avançant tranquillement.
- Vos clones sont morts il y a plus d’une demi-heure, répliqua le blond. Vous avez dû vous en rendre compte, non ?
- J’avais pensé que tu aurais continué avec les tiens.
- Dehors, répondit simplement le blond avec un mouvement de tête en direction de la fenêtre.

Yamato s’approcha de la fenêtre et, une fois suffisamment proche, scruta les alentours. Après quelques secondes d’intense concentration, le front plissé, et les yeux réduits à de petites fentes, desquelles se distinguaient à peine les deux pupilles sombres de l’homme, ce dernier put apercevoir un léger mouvement parmi les arbres qui les entouraient. C’était à peine visible. Un fin sourire se dessina rapidement sur ses lèvres. Il faudrait qu’il pense à remercier Kakashi pour cette idée, c’était vraiment un don du ciel qu’avait reçu ce jeune garçon. Il ignorait s’il envisageait même ce que cela représentait.

- Ils se traquent ? demanda-t-il, bien que connaissant déjà la réponse.
- Exact.
- Ils semblent bien se débrouiller.
- Ils privilégient la vitesse à la discrétion, répliqua le blond. Le problème, c’est que les autres les remarquent, et, ayant la même vitesse, ils parviennent à s’échapper. Jusqu’à présent, très peu sont morts.
- Combien ?
- Quatre. Sur une trentaine, ce n’est pas assez.

Yamato observa encore quelques instants les arbres aux alentours, dans l’espoir d’apercevoir un des clones supposés se trouver dans les environs. Cependant, et comme il l’attendait, il n’en aperçut aucun. Ce garçon dépassait toutes ses attentes.

- J’imagine que les autres sont plus loin.
- J’ai pensé que s’ils se battaient par ici, ils risquaient de nous déranger.

Le maître toisa son élève quelques instants, avant de se tourner pour se diriger vers l’escalier qui menait au premier étage.

- Tu sais, Naruto, je pense que tu en attends un peu trop de tes clones, n’oublie pas qu’ils ont leurs propres limites.
- Ce sont mes clones, comme vous l’avez fait remarquer, répliqua le blond. Par conséquent, ils se doivent d’être exceptionnels, et de repousser leurs limites.
- Exceptionnels, ils le sont déjà…

Yamato garda le regard fixé vers les bois, recherchant encore quelques traces, quelques signes d’un passage quelconque, qui aurait pu alors lui indiquer que des clones se trouvaient là. Naruto ferma à nouveau les yeux, l’espace de quelques instants, et soupira.

- Qu’a-t-elle dit ? demanda le blond en tournant légèrement la tête vers son maître, qui s’était immobilisé.
- En somme, pas grand-chose, répondit Yamato. Mais elle veut que tu sois prêt dans les plus brefs délais.
- Cela signifie-t-il que l’on va enfin me confier une mission ?
- Peut-être, peut-être pas, répliqua Yamato. Je t’ai ramené quelque chose, ajouta-t-il en désignant un paquet présent sur une commode proche de l’entrée. Tu seras gentil de ne pas me déranger.

Yamato se rendit rapidement à l’étage. Le jeune homme demeura immobile quelques instants, les yeux toujours clos, avant de se décider à bouger, se levant rapidement pour s’approcher de la commode de bois proche de l’entrée. Ses yeux parcoururent rapidement le meuble, puis le jeune homme sourit et ouvrit prestement la porte, s’engouffrant par l’entrebâillement. Le repas attendrait.

La branche s’affaissa dangereusement sous le poids du jeune homme, qui venait tout juste de l’atteindre. Cependant, il la quitta avant qu’elle n’ait pu craquer et l’entraîner dans sa chute, progressant rapidement à travers la forêt. Le jeune ninja aperçut au loin un groupement d’oiseaux qui volaient au loin, bien au-dessus des arbres. L’un d’entre eux s’était détaché du groupe, et amorçait une descente vertigineuse vers la cime des nombreux arbres qui peuplaient la vaste forêt du pays. Le jeune ninja accéléra encore ses mouvements, redirigeant son regard vers sa destination, qu’il devinait, bien qu’il ne puisse la voir, dissimulée par les arbres. Rapidement, d’étranges bruits lui parvinrent aux oreilles, une multitude de sons qui ne correspondaient en rien à ceux qui peuplaient habituellement les bois. Le blond arrêta sa course avec brusquerie, s’immobilisant soudain sur une épaisse branche. Il baissa rapidement le regard, et il lui fut alors donné d’observer une vaste clairière, au centre de laquelle se trouvait un petit étang, peuplée en cet instant d’une multitude de jeunes hommes qui avaient avec lui une ressemblance frappante, et qui semblaient être la cause des étranges sons qui peuplaient actuellement la forêt.

Une multitude de traces de combats criblaient l’aire que les nombreux combattants avaient établie pour leur affrontement. La clairière ressemblait plus à présent à un vaste champ de bataille qu’à toute autre chose. La centaine de jeunes hommes qui se trouvait actuellement dans la clairière semblaient éprouver l’irrépressible envie de s’entre-tuer et de combattre jusqu’à ce qu’un seul d’entre eux ne demeure encore debout, multipliant les tactiques de combats, et ne cessant de provoquer d’étranges phénomènes dans l’unique but d’éliminer le plus d’adversaires qu’il leur fut donné d’atteindre. Mais en définitive, peu d’entre eux disparaissaient à mesure que les secondes, puis les minutes, s’écoulaient.

Le jeune homme blond observait la scène avec une étrange quiétude, à la manière d’un homme absorbé par quelque étrange spectacle. Il demeurait immobile, adossé à l’épais tronc de l’arbre sur lequel il se trouvait, le regard baissé vers ses copies. Après quelques secondes d’une parfaite tranquillité, le jeune baissa lentement son bras droit, jusqu’à ce qu’il se saisisse d’un kunai présent dans la poche de son pantalon. Avec la même lenteur, le jeune homme porta l’arme à hauteur de son visage. Rapidement, un sourire carnassier vint prendre place sur ses lèvres, et son regard s’agrandit légèrement. L’inquiétante expression qui émanait à présent de son visage lui aurait suffit à éviter tout combat, même face au plus courageux des hommes. Car en cet instant, il n’avait plus rien d’humain. Le démon qu’il portait aurait pu avoir pris possession de son âme, le résultat en eut été le même. Cependant, il demeurait seul, et ses clones, si occupés qu’ils fussent sur leur besogne, ne l’avaient toujours pas remarqué. Ils demeuraient trop de temps, et il commençait à avoir faim. Avec la même rapidité déconcertante, il sauta au bas de l’arbre, et atterrit avec douceur au sol, malgré l’impressionnante hauteur à laquelle il se trouvait seulement quelques secondes plus tôt. L’air de son visage s’était encore accentué. Une seconde plus tard, les bruits sourds commencèrent à retentir.

Naruto planta sa lame dans la gorge de son double, et ce dernier explosa, dans un nuage d’une fumée blanche qui se dispersa rapidement, sans que la moindre goutte de sang n’émane de sa plaie, comme s’il en était totalement dépourvu. Il se retrouvait à nouveau seul dans la clairière, qui tout d’un coup devenait bien trop vaste pour son unique présence. Un léger sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme, tandis qu’il se redressait, prenant une position plus nonchalante.

- Yamato-senpai, je croyais que vous aviez à faire.
- Et c’est fait, répondit le trentenaire. J’étais venu voir où tu en étais, mais apparemment, j’arrive trop tard.
- Et le message que vous avez reçu.
- Eh bien, c’est aussi pour ça que je suis venu.
- Où, et quand ?
- Dans trois jours, à Suna.
- Qu’allons-nous faire ?
- Faire de toi un membre officiel.

Le regard des deux hommes se croisa, l’espace de quelques secondes. Puis le jeune homme blond remit son arme en place avec lenteur, et commença à avancer vers son maître, un sourire naissant sur le visage.

- Depuis le temps que j’attendais ça… souffla-t-il, plus pour lui-même que pour son interlocuteur.

……………

Un souffle, puissant, qui se répercuta jusqu’aux murs de la vaste demeure. Une feuille, tombée d’un arbre, qui se balançait légèrement au gré du vent. Un mouvement, rapide, qui entraîna une nouvelle bourrasque, dans la direction opposée. Et un coup, unique, qui s’asséna dans un bruit sourd, enchaîné aussitôt par un nouveau, beaucoup plus puissant que son prédécesseur. Au centre de l’étrange arène, baignée par les généreux rayons de l’astre, un des combattants venait de tomber lourdement au sol, marquant ainsi sa défaite face à cet adversaire aux facultés démesurément loin des siennes. La jeune femme tendit le bras vers la personne qui se trouvait désormais assise sur le sol, une expression légèrement rancunière sur le visage, qui se trouvait également être en sueur. Au bout de quelques secondes, le combattant consentit tout de même à se saisir de la main de son adversaire.

- Je crois qu’on ne va pas continuer plus longtemps aujourd’hui, le soleil est sur le point de se coucher.
- Non… Il faut…
- Allons, Hanabi, c’est à peine si tu tiens sur tes jambes…

Et, comme pour appuyer ses dires, la jeune femme défaillit, rapidement rattrapée, avant qu’elle n’ait eu le temps de s’échouer lamentablement au sol. Alors, avec lenteur, elle fut hissée sur le dos de son adversaire, qui entreprit de se diriger à pas feutrés vers la double porte encore ouverte par laquelle toutes deux s’étaient engouffrées, alors que le soleil n’avait pas encore atteint son point culminant, les baignant de sa lumière taciturne. Sur son dos, la jeune adolescente remua un peu.

- Comment… Hinata ? Comment as-tu pu changer en…si peu de temps ?

La dénommée Hinata ne répondit pas. De toute façon, elle ne savait vraiment quoi répondre. Quelle était la chose suffisamment puissante et redoutable pour conduire un shinobi à d’extraordinaires prouesses personnelles ? En définitive, le nombre de réponses possibles devenait rapidement ingérable pour un malheureux esprit humain.

Depuis toute jeune, elle avait pensé que, à l’instar de celui qu’elle idolâtrait secrètement, elle pourrait devenir remarquable simplement en pratiquant un entraînement acharné. Mais elle n’y était parvenue, et, de par sa nature, elle avait commencé à se désintéresser peu à peu de cette idée, ses uniques regains d’intérêt coïncidant approximativement avec les prouesses du blond. Et à mesure que la jeune femme se désintéressait de ses objectifs, on se désintéressait d’elle en sa qualité de combattante, estimant peut-être qu’elle avait plus hérité des ses gènes maternels que de ceux du fier chef du clan Hyuuga, qui avait alors préféré s’intéresser aux deux autres jeunes membres du clan, bien plus prometteurs.

Mais, malgré tout, la jeune femme n’avait jamais pu se désintéresser du blond. Durant toutes ces années, le jeune homme l’avait obsédée, et ce totalement à son insu. C’était devenu presque mécanique. Les rêves des premières heures qu’elle concevait de son propre chef furent vite remplacés par ceux de son subconscient, qui avaient l’avantage de sembler bien plus réels. Dans ses rares moments de lucidité, elle avait eu le loisir de s’interroger sur ses motivations, sur ce qui aurait pu la pousser à s’exalter d’un homme dont elle ne connaissait en définitive que le nom. Sans doute avait-elle tout d’abord admiré ce jeune homme qui, d’après ses propres constatations, se trouvait être l’exact opposé de sa propre personne. Peut-être représentait-il tout ce qu’elle avait toujours voulu être, peut-être possédait-il toutes les qualités qu’elle aurait rêvées d’avoir ?

Extraverti, assuré, franc, honnête, loyal, amical, et… incroyablement attirant. Elle avait commencé par admirer ce jeune homme qu’elle connaissait à peine, qui luttait contre les autres, malgré qu’il restât seul, sans jamais se décourager. Et, peu à peu, son admiration s’était accrue, pour finalement s’élever vers un sentiment plus fort. Elle, la fille timide, discrète, et souffrant d’un terrible manque de confiance en soi, s’était éprise de ce qui s’était alors présenté pour elle comme la perfection, le but qu’elle souhaiterait atteindre, en étant cependant consciente que ce but demeurerait à jamais une utopie pour sa pauvre personne.

Et finalement, après toute cette attente, après tous ces rêves surréalistes, auxquels sa passion, embrumant les méandres de son esprit, ajoutait l’espoir qu’un jour ils se concrétisent, et après justement tous ces vains espoirs, toutes ces nuits de doutes, tous ces moments de détresse, les dieux, dans une extraordinaire clémence passagère depuis longtemps inespérée par la jeune femme, avaient écouté ses requêtes, et, frappés d’une malédiction aux effets étranges, y avaient accédé. Elle l’avait vu, dans une scène digne de figurer dans le début d’un de ses nombreux délires solitaires, apparaître devant elle, alors qu’elle n’espérait plus son retour, et sauter à son balcon, dans un magnifique remaniement d’une des plus belles scènes d’un fameux auteur du XVIe siècle. Elle se souvenait encore, sa voix, son odeur, sa tristesse, tout cela l’avait percutée au point de s’être gravé dans sa mémoire, sans doute à jamais. Cette nuit-là, elle n’avait pas dormi. A quoi bon essayer, elle n’aurait de toute façon pas pu, emportée par l’euphorie comme elle l’avait été.

Une fois arrivée dans la chambre de sa jeune sœur, Hinata prit soin de l’installer au sein de son lit, pour qu’elle puisse trouver le repos que son corps réclamait depuis déjà quelques heures, malgré la volonté de fer de la jeune femme, sans doute blessée dans son orgueil par ces affronts répétés. Puis elle la quitta, alors que l’adolescente avait déjà rabaissé sur ses deux pupilles scintillantes le voile impénétrable de ses paupières, barrières insondables garantes de son sommeil.

……………

- Bien, fais-moi part de tes découvertes, Shizune, ordonna de son habituelle voix plate la dirigeante de la feuille.
- Oui, Hokage-sama, répondit aussitôt la brune, dans un geste quasi-mécanique, tandis qu’elle donnait à la vieille femme un lourd dossier. La jeune Hyuuga avait pris une plus grande importance au sein de ses missions. Il semblait également que son niveau global se soit grandement amélioré au cours des six derniers mois.
- Et qu’en est-il des missions ?
- Aucune ne s’est soldée par un échec, je me souviens vous avoir proposé de leur confier des missions d’un rang plus élevé dans les dernières semaines.
- L’ai-je fait ?
- Oui. Quatre missions depuis.
- Cesse donc d’être aussi formelle, tu vas finir par m’agacer, soupira la vieille femme en posant un regard consterné sur sa subordonnée.

La jeune femme parut désemparée. A travers de nombreux balbutiements, on put tout de même distinguer quelques morceaux de phrases.

- Mais… Tsunade-sa…
- Oh, tu contestes un ordre direct de ta supérieure ? s’amusa la vieille femme, un sourire narquois sur le visage, je vais devoir consigner ça dans ton rapport.
- Très…Très bien, je vais être mois formelle, Tsunade-sa…
- Commence par cesser toutes ces formules de politesse, la coupa la blonde. Que penses-tu de cette histoire ?

La jeune femme se tut quelques instants, le regard perdu au loin, les traits du visage tendus par une certaine concentration. Puis, alors que la moindre gêne de sa part avait été annihilée, son regard se leva légèrement vers sa supérieure, bien que semblant tout de même encore un peu absente.

- C’est assez étrange, je trouve… commença la brune. Il y a sans doute une cause qui aurait pu provoquer ce… relent d’enthousiasme…
- Oh, la cause, Shizune, je crois que n’importe qui au sein de ce village pourrait la trouver sans trop de mal, répondit la vieille femme. Maintenant, il est nettement plus intéressant de savoir comment…
- Vous pensez que…
- Exact, la coupa la blonde, et maintenant, tu peux disposer, Shizune, il y a encore quelques affaires dont je dois m’occuper avant de décemment pouvoir jouir d’un repos largement mérité.

Sans un mot, la jeune brune se retourna et se congédia du pâle bureau qui n’était plus qu’éclairé par la lumière tremblotante d’une faible lampe solidement attachée au plafond. Une fois la porte refermée sur elle, la vieille femme fixa le mur aux teintes rougeâtres qui se tenait fièrement face à elle, son regard s’éloignant peu à peu, à l’image de sa disciple.

……………

Bien loin des pensées brumeuses qui assaillaient l’esprit de ce qui devait sûrement être la femme la plus redoutable se trouvant actuellement à Konoha, les deux hommes, élève et maître, se dirigeaient d’un pas quasi-militaire vers la porte d’entrée de ce qui avait été jusqu’alors leur refuge, la demeure que le jeune homme avait pu assimiler à un « chez lui », tenant compte du nombre d’heures considérables qu’il y avait logé. Une fois cette ultime barrière les séparant de la magnifique nature qui régnait au dehors franchie, les deux hommes s’observèrent, avant de s’élancer d’un commun accord, passé sous un silence religieux, uniquement perturbé par les quelques bruits qui parcouraient la vaste forêt en cette tranquille matinée. Au loin, les rayons du soleil émergeaient à peine des immenses arbres aux cimes verdoyantes, transperçant les cieux de leur éclat millénaire. Le jeune homme, filant alors à toute vitesse derrière son maître, se frayant un mince chemin à travers les nombreux arbres étroitement rapprochés en cette partie de la forêt, avait l’esprit entièrement dirigé sur les paroles qui lui avaient été proférées, seulement quelques heures plus tôt.

- Je pense qu’il est grand temps de te mettre au courant des détails de la tâche que tu auras à accomplir, avait alors dit son maître, tranquillement assis sur une des nombreuses chaises de bois qui peuplaient l’habitation.
- En effet, ce serait nettement plus judicieux.
- Il y a eu au cours des dernières semaines des rumeurs selon lesquelles un de nos déserteurs aurait élu domicile non loin du village de Suna.
- Et on compte sur nous pour nous assurer de sa présence ? interrogea le blond, perplexe.
- Non, on nous l’a confirmée il y à peine quelques jours, par des informateurs du village.
- Et donc nous devons le ramener ?

A ces mots, Yamato eut un léger rire silencieux, tandis que ses lèvres s’étiraient en un petit sourire tordu, sorte de petit rictus qui n’avait rien de gai ni de naturel.

- Pour devenir Anbu, Naruto, il y a certaines formalités à accomplir. Tu en as brûlées quelques unes, mais… je crains que tu ne puisses échapper à celle-ci.

Le jeune homme observa son maître d’un air grave. Ainsi donc, c’était de cette manière que l’on passait dans l’ombre. Sans doute un excellent moyen de se tourner un peu plus en une arme, symbolique du parfait shinobi. Le jeune homme détourna le regard, bien que l’expression de son visage n’en demeure pas moins neutre, comme elle l’avait été depuis le début de cette conversation.

- Est-il fort ? demanda-t-il simplement.
- Sans doute, mais il n’arrive pas à notre niveau, répondit placidement le châtain.
- Ce ne sera donc, comme vous l’avez dit, qu’une simple formalité.
- En effet.
- Et après ça, je serai aussitôt membre ?
- Oh non, comme les autres, tu auras droit à ta cérémonie.
- Parfait, vraiment, c’est parfait…murmura le blond.

Un homme à abattre de sang froid, et il n’était sans doute que le premier d’une longue liste de noms. Le jeune homme savait à quoi il s’était exposé en acceptant ce plan. Sans doute était-ce plus dur de l’entendre de vive voix, d’être exposé à son destin, en étant conscient que ce dernier se rapprochait inexorablement et qu’il ne tarderait plus à le frapper de plein fouet. Dans quelques jours, il allait définitivement anéantir ce qu’il restait de sa pauvre conscience déjà à moitié arrachée et calcinée par toutes les visions d’horreur qu’il avait été contraint d’observer d’un œil placide, sans le moindre pouvoir d’action dessus, devant garder le rôle d’observateur impuissant, malgré que ses instincts de jeunesse ne le poussent à agir, défiant toutes les indications que lui prodiguaient sa raison et son bon sens. Cela avait été son choix, et il avait toujours été conscient des conséquences que cela entraînerait. Alors il encaisserait, de toute façon, à présent, il n’avait plus vraiment la possibilité de faire marche arrière. Le jeune homme serra légèrement le poing, tandis qu’il progressait rapidement, suivant à toute vitesse le chemin tracé par celui qui le précédait, annihilant les quelques traces qui restaient de son humanité. Oui, le seul moyen de s’affirmer en tant que ninja, en tant que guerrier de l’ombre véritable et accompli, ce n’était ni plus ni moins que d’arracher la vie à un homme, car ce n’était qu’ainsi que l’on pouvait s’arracher son âme.




Et donc voilà, c'est sur ce manque flagrant de teasing que s'achève ce chapitre, vous m'en voyez navré. Enfin, vous vous doutez bien de qui entrera au prochain chapitre (non ? ça me semble pourtant évident. Allez, un indice, c'est un rouquin !) Mais ne vous attendez pas à retrouver une copie conforme de celui du manga, j'ai toujours eu du mal à suivre des personnalités. J'espère en tout cas que, quel que soit le moment auquel vous lisez cela, ça vous ait plu ! En espérant vous revoir assez vite.



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